[Palais] Graines de discorde

RP non conforme au BG actuel

Ce Rp a été écrit à une époque ou le contexte de Miradelphia n'était pas le même qu'aujourd'hui. Il décrit des éléments d'univers, des personnages et/ou des évènements qui sont susceptibles d'avoir été modifiés par les refontes successives.
Nous le laissons à la disposition des lecteurs curieux. Vous pouvez y trouver de l'inspiration et quelques éléments à remanier selon votre bon plaisir, mais les BG actuels et le jeu récent priment sur son contenu.

En cas de doute, avant de réutiliser un élément ou un personnage, contactez le Staff.

Date estimée : Karfias 997:X

Quelques jours. C'est tout le temps que Velvet avait passé au Puy durant sa très longue vie. Il était arrivé la semaine précédente, dans cette cité drow qui aurait du le voir grandir, mais dont il avait été extirpé par la force.
Il lui avait fallu 200 ans pour y remettre les pieds, et il l'avait fait sans baisser la tête. Il était entré en conquérant parmis les siens, s'y sentant à sa place comme s'il y avait passé sa vie.

Et il n'avait pas perdu de temps. Fidèle à lui même, artisan de son destin et de ses croyances, il n'avait pas attendu pour semer peu à peu, dans son sillon, les graines de ses convictions. Imperturbable, il avait ponctué sa découverte de la ville de discussions avec les siens, plus ou moins houleuse. Il était allé au devant de beaucoup, souvent pour l'insignifiante raison de demander son chemin ou quelques informations, et les discussions banales avaient rapidement abouti à d'autres, plus chères à ce qu'il restait de son coeur. Les Cinq.

Bien sûr, il avait rencontré parmis les siens hostilité, septicisme dans le meilleur cas, aggressivité dans le pire... Mais parfois, certains l'avaient écouté. Car Velvet savait parler. Il savait diaboliquement bien parler, et semer le doute, ou pousser à la superstition.

Quelques jours. C'était tout ce qu'il avait fallut à Velvet pour que son nom remonte aux oreilles des plus hautes autorités de la ville, et que la reine Aetherya soit mise au courant qu'un drow fanatique semait la corruption des Cinq dans sa chère cité.

Il fut intercepté, brutalement mais sans violence, et on lui fit comprendre qu'il était attendu, et que cela ne souffrait aucun retard. Il se laissa guider sans réticence, suivant une fois de plus la route que le destin lui offrait, et désireux de voir ce qu'il trouverait au bout.

C'est ainsi que Velvet se retrouva au niveau supérieur du Puy, devant la lourde salle du conseil. On le somma de déposer son étrange arme - un lourde faux - et de passer la porte. Il s'exécuta.

Alors qu'il pénétrait dans cet endroit qui lui était encore inconnu, il n'affichait aucune hésitation, laissant son oeil unique se promener sur le décors. Un oeil perçant en enflammé, qui animait son visage d'une flamme vivante et presque animale.

On avait annoncé la venue d'un prêcheur, et il n'y ressemblait en rien. Avec son corps massif dont se dégageait une impression de force brute et implacable, sa démarche assurée, son port altier, et son air d'une assurance sournoise parfaitement irritante... Il aurait pu être un fier guerrier, peut être même un chef de guerre...
Il n'en était rien, et son nom était étranger à tous. Quel chemin avait il suivi pour se retrouver à ce point éloigné des critères de pensée de sa race, sans pour autant déserter la cité drow ?

C'est cet étrange personnage qui arriva, plein d'une assurance inquiétante, face à Aetherya... Lorsqu'il la capta du regard, il se contenta de s'approcher d'elle, à distance cependant raisonnable, et de lui décocher un fin sourire en coin aussi ravageur qu'exaspérant, restant silencieux devant elle.

Voilà plusieurs jours déjà que des rumeurs remontaient aux fines oreilles de la sorcière, rumeurs qui annonçaient l'arrivée en ville d'un prêcheur, un homme qui tentait de convertir les non croyants au culte des Cinq. d'abord amusée, la Reine n'en avait eu cure, jusqu'au moment où ce fut ses propres demoiselles de compagnies, ainsi que certains gardes, qui se mirent à parler des Cinq divinités principales, oubliant leur propre panthéon. Là, elle avait décidé de prendre les choses en main.

Avec son calme habituel, elle avait fait mander l'importun sur l'heure et l'avait alors attendu dans la salle du Conseil. Pour l'occasion, elle avait choisi de porter une courte robe de cuir humain de la plus belle facture, ainsi que ses bottes fétiches faites dans la même matière. Ses cheveux étaient habilement relevés en une coiffure sophistiquée et impressionnante qui les emprisonnait en un carcan de métal dont quelques mèches de neige s'échappaient. Elle était majestueuse, assise sur son trône de bois et d'ossements, alors que l'homme pénétrait dans la salle. A la surprise de la sorcière, il n'était pas du tout comme elle se l'était imaginé. Cela dit, c'était une surprise assez agréable. Elle aimait le fait que l'apparence de cet homme soit aussi étrange, mystérieuse, presque inquiétante. Oh, il en fallait bien plus pour la déstabiliser, et elle était impatiente d'entendre ce qu'il allait bien pouvoir lui dire...

Alors qu'il approchait d'elle, un léger sourire flottant sur ses lèvres, elle le détailla en silence. Ce ne fut qu'une fois l'étranger face à elle que sa voix résonna dans la grande salle, grave et envoûtante.

"Ainsi c'est toi, celui qui cause tant de problèmes au clergé... Dis moi, quel est ton nom, Prêcheur ?"

[HJ : Désolée, c'est pas bien long...]

Alors c'était elle, la tête de la fourmilière, la reine drow. L'entité suprème de ce peuple, et de cette cité, qui avait tour à tour exilé, puis accueilli de nouveau le prêcheur.

Il l'observa de son oeil unique sans pudeur ni retenue. Elle était impressionnante, comme ces statues de divinités qui trônent au coeur des temples et terrorisent certains croyants. Une figure à la hauteur de sa cité. Superbe et dangereuse. Le drow songea qu'une femme était un choix des plus judicieux pour diriger un peuple aussi violent et sournois. Lorsque le regard est absorbé par les courbes, l'esprit est plus maléable.

Il fit quelques pas jusqu'au trône, la tête haute. Il s'arrêta peut être un peu trop près d'elle. Mais pas suffisemment pour trouver à y redire. Il maîtrisait l'art subtil de la nuance dérangeante.

"Ainsi c'est toi, celui qui cause tant de problèmes au clergé... Dis moi, quel est ton nom, Prêcheur ?"

Un pas était franchit, il était face à elle, libre de ses mouvements, et vivant, malgré son affront au panthéon... Du moins, pour le moment.

Il esquissa un léger salut. Peut être pas assez appuyé, mais une fois de plus, que lui dire ? Lorsqu'il se redressa, sa masse de cheveux noués en de nombreuses dreadlocks accompagna son mouvement, semblable à une crinière immaculée.

Il planta son oeil unique dans le regard de la reine, et lui répondit d'une voix posée, précise, à la gravité toute masculine, et aux accents subtils de ceux qui cachent une fougue animale derrière une tranquilité apparente:
"Si j'avais sû que mes paroles m'auraient mené face à un tel plaisir des yeux, ma dame, j'aurais enflammé le puy tout entier au nom des Cinq pour arriver plus vite face à vous."

Un accent de sincérité malsaine laissait presque entendre qu'il en était capable... Et le ton du compliment n'était pas dénué d'une perversité non dissimulée et d'un cynisme déroutant:
"Je me nomme Velvet. Mes pas m'ont mené dans cette cité, et mes paroles n'ont fait que planter des graines dans mon sillon. Etait ce une erreur ? N'est ce pas un excellent moyen pour vous de voir lesquels de vos sujets ont suffisemment de convictions pour ne pas écouter celles des autres?"

Son fin sourire s'étira un peu plus. Que d'arrogance... Mais de prestance malgré tout:
"M'avez vous fait mander pour me punir personnellement de cet affront au visage de votre peuple ? A moins que vous ne désiriez entendre de mes propres lèvres les chemins tortueux que les Cinq tracent pour nous?"

Il marqua une légère pause, appuyant ses paroles, avant de reprendre avec déférence :
"Dans tous les cas, je brûle de répondre à vos désirs, s'il y a quoique ce soit que je puisse faire..."

Pas de rébellion ni de grands mots outrés à l'idée que l'on ne suive pas sa ligne de pensée. Ce prêcheur était peut être croyant, mais il savait peser ses mots, ce n'était pas un illuminé.

Il pencha légèrement la tête sur le côté, contemplatif. Comment détacher les yeux d'Aetherya ? La femme, la reine, les deux dans un même personnage. C'était ce genre de créature que le destin forgeait à grand coup de burin et à qui il imposait de changer la face de la ligne du temps. Contempler les êtres de pouvoir, c'était comme observer un tronc dont les ramifications ne demandaient qu'à s'étendre. Et Velvet était un fin observateur.

Il fit un pas vers elle, un simple pas qui réduisit la distance entre eux d'un seul coup. Les gardes postés derrière le trône esquissèrent un pas, mais d'un geste la Reine les arrêta. Elle n'avait pas besoin d'eux. Non, elle souriait de l'audace de celui qui déclara se nommer Velvet.

"Mes pas m'ont mené
dans cette cité, et mes paroles n'ont fait que planter des graines dans
mon sillon. Était ce une erreur ? N'est ce pas un excellent moyen pour
vous de voir lesquels de vos sujets ont suffisamment de convictions
pour ne pas écouter celles des autres?""

Il n'avait pas tort, c'était certain. Cependant, ses méthodes étaient-elles les meilleures pour juger de la fidélité de ses sujets ? Elle n'en était pas certaine. Elle ne lui répondit pas tout de suite, voulant tout d'abord en savoir plus sur lui. Son sourire arrogant s'élargit alors qu'il lui demanda les raisons de cette convocation. Aetherya resta un moment silencieuse avant de lui répondre, amusée par le comportement de l'homme.

"Je voulais rencontrer celui qui fait tant de ravages dans l'esprit des miens. Tu parles bien, mais même tes belles paroles ne sauraient me détourner de mes dieux."

La sorcière se leva et franchit la distance qui la séparait du Drow aussi rapidement qu'un courant d'air, et bientôt elle murmurait à son oreille :

"Si tu œuvrais pour ceux que je vénère, je pourrais t'offrir une vie de rêve..."

Un sourire s'étira sur ses lèvres alors qu'elle était très proche à présent du Prêcheur, son corps collé à celui du mâle. Espérait-elle le charmer, le faire changer de camp ? Qui sait ? Tout était possible, avec la belle sorcière...
Elle posa une main sur le torse de Velvet, une main délicate et sensuelle, avant de venir à nouveau lui murmurer à l'oreille :

"Sache que mes désirs sont difficiles à satisfaire, dans quelque domaine que ce soit. Mais mon désir le plus cher à cet instant serait de te voir renoncer à tes dieux et prêcher pour les miens..."

Elle recula ensuite d'un pas, restant assez proche de lui. Un mot, un geste qui déplairait à la Reine et le Prêcheur se retrouverait avec une flopée de gardes pour l'encercler...

La sorcière, diablesse impie aux mots de velours, rompit la distance entre eux en un instant. Un murmure. Il pouvait sentir son souffle plus que ses mots.

"Si tu œuvrais pour ceux que je vénère, je pourrais t'offrir une vie de rêve..."

Elle se pressa contre lui dans un sourire. Il sentit sa chaleur, et tressaillit. Etait ce un début de torture ? Sans aucun doute, il fallait être d'une cruauté infernale pour lui imposer ce contact sans le laisser prendre possession de tant de chair et de chaleur offertes...
Sous ses doigts, elle put sentir ses muscles dessinés se tendre. Effort sur lui même pour ne pas s'emparer d'elle comme il s'était emparé d'autres. Ils n'étaient pas seuls. Il la laissa donc faire, la toisant malgré tout de sa taille imposante, la regardant d'un œil plus brûlant que celui de tous les dieux réunis, son impassibilité apparente laissant place à une allure plus sauvage.

"Sache
que mes désirs sont difficiles à satisfaire, dans quelque domaine que
ce soit. Mais mon désir le plus cher à cet instant serait de te voir
renoncer à tes dieux et prêcher pour les miens..."

Elle se sépara de lui, lui arrachant sa chaleur et son contact. Alors qu'elle s'évadait, il lui effleura la hanche du bout des doigts. Geste imperceptible, qu'elle pouvait même douter avoir ressentit... Impudence discrète. Contact presque imperceptible, troublant.

Il lui rendit son sourire, croisant les bras devant lui. Toujours cette indécente assurance:
"Ma reine, c'est un honneur d'occuper vos pensées ainsi, même l'espace d'un instant. Mais si je renonçais, en cette seconde, à mes dieux, pour me rallier aux votres, quel genre de prêcheur serais je ? Un menteur, capable de changer de direction pour les mots délicieux sussurés par les lèvres d'une femme ? Un lâche aux convictions ébranlées par la peur des représailles d'une reine ?"

Il n'avait pas tort... Ceux que l'on retourne avec trop de facilité sont à même de se retourner à nouveau face à un plus grand profit... Etait il en train de refuser quelque chose à sa reine, tout et notant qu'il s'agissait de la plus grand des preuves de respect ?

"Mais je peux écouter, apprendre... Mon peuple ne m'a donné qu'une apparence, le reste, je l'ai forgé à la force de mes convictions. Peut être n'ais je pas eu de professeur suffisemment... éloquent, pour m'intéresser à ces croyances qui n'ont pas su s'ancrer en moi?"

Il fixa la reine avec un applomb frisant l'indécense. Expressif, perçant comme un démon venu vous arrachez le coeur, cet homme avait de quoi faire basculer toutes les convictions, et assez de puissance pour effectuer de force ce que sa langue acérée ne parvenait pas à réaliser :
"Me laisserez vous une chance d'apprendre à connaître ces coutumes et croyances dont mes errances m'ont éloignées, et de définir sans mensonge ni faux semblant si j'estime judicieux de cesser de prêcher autre chose ? "
Sa main effectua un étrange mouvement dans les airs, se levant vers Aetherya, comme s'il la carressait à distance... Sensation presque palpable :
"Alors, ma dame, ma reine, ma drow... Faudrait il que je vous mente ou que je vous craigne, pour vous plaire ? Est ce vraiment la solution à notre différent ?"

Lorsqu'elle était contre lui, elle sentit les muscles du Drow se tendre, comme mus par un effort sur lui-même pour ne pas profiter de la situation. Son sourire s'élargit alors qu'elle s'écartait de lui. Les paroles qu'il eut plurent à la Reine. Voilà un homme qui savait ce qu'il voulait, et qui ne changeait pas de convictions comme de chemise. C'était louable, très certainement. Mais elle aurait tôt fait de le faire changer d'avis et de le convaincre de travailler pour elle. En tout cas le croyait-elle...

"Tu n'es pas un être volage, c'est certain. Pas au sens spirituel du terme, en tout cas. C'est tout à ton honneur, mon cher."

Elle retourna s'asseoir sur son trône et croisa les jambes. Ainsi, il était tout de même prêt à apprendre les coutumes et la religion de son peuple de naissance... Voilà qui était fort bien, il faudrait qu'elle le présente à Illiv'aere, maintenant chef des Religieux. Lui aussi avait le verbe habile et savait convaincre les moins croyants du bien fondé de la religion drow.

"Puisque tu es prêt à en apprendre plus sur notre culture, et bien soit. Mais j'ai bien peur de ne pas être le meilleur professeur pour cela. Cela dit, je peux faire confiance à notre Gardien de Calymentar pour ça. Je te le présenterai en temps voulu."

Elle claqua des doigts et un garde vint installer une chaise face au trône, à distance correcte, avant de retourner à sa place derrière le trône. Là, Aetherya montra la chaise de sa main, indiquant à Velvet qu'il pouvait s'y asseoir.

"Gardes, laissez-nous seuls."

Était-ce bien prudent, de laisser ainsi un étranger seul avec elle ? Les gardes ne le pensaient pas, mais avaient-ils le choix ? Ne pouvant décemment pas désobéir à leur souveraine, ils se retirèrent, la laissant seule avec le Prêcheur. Le silence se fit, et Aetherya attendit quelques secondes avant de reprendre.

"Bien, maintenant que nous sommes seuls..."

Elle se leva et s'approcha de lui, doucement et en silence, pour venir se placer dans le dos du Drow. Là, elle posa ses mains sur les épaules de Velvet avant de venir lui murmurer de nouveau :

"Que désires-tu savoir sur nos dieux ? Je ne suis pas la mieux placée pour te répondre, mais j'en connais assez pour t'expliquer les bases..."

Ses mains ne quittant pas les épaules du Prêcheur, elle attendit qu'il lui dise ce qu'il voulait d'elle...

Ses paroles avaient tracé un sillon efficace jusqu'à la reine. Elle avait compris qu'il était un homme fiable, ancré à ses convictions, et qu'il était difficile de le détourner de sa voie.

"Tu n'es pas un être volage, c'est certain. Pas au sens spirituel du terme, en tout cas. C'est tout à ton honneur, mon cher."

Il se contenta de la regarder en coin, un sourire accroché aux lèvres, alors qu'elle retournait à son trône, le délaissant pour un moment. Son oeil se promena sur les courbes de la reine lorsque ses jambes se croisèrent. Spectacle intéressant. Sourire intéressé.

On lui fit apporter une chaise, et les mots suivants d'Aetherya glissèrent comme du velours aux oreilles de Velvet.

"Gardes, laissez-nous seuls."

Il s'assit, prenant une posture nonchalante, presque trop décontractée, un coude sur l'accoudoir de la chaise, le bout de ses doigts posés sur sa tempe comme pour signifier une réflexion paisible. Le tout sans lâcher la reine du regard.

Les gardes disparurent enfin. Il était seul avec sa reine. Chose encore inimaginable pour lui voilà encore quelques jours. Et pourtant, ce n'était pas un sentiment patriotique pour les peaux sombres qui l'envahissait. Non, c'était cette excitation primaire qui le pressait à voir avant tout qu'il était seul avec une femme.

"Bien, maintenant que nous sommes seuls..."

Elle se leva, pour venir jusqu'à lui. Il la suivit du regard jusqu'à ce qu'elle le dépasse, pour passer dans son dos. Il se tendit à son contact sur ses épaules. Réflexe conjugué d'animal traqué et d'homme émoustillé. Il y avait tellement de bestialité contrôlée dans ce drow à l'allure altière et assurée.

"Que désires-tu savoir sur nos dieux ? Je ne suis pas la mieux placée pour
te répondre, mais j'en connais assez pour t'expliquer les bases..."
Il resta immobile et silencieux un instant. Rassemblant contrôle et esprits dans un souffle. Il commença à parler sans se retourner, les yeux fixés sur le trône de la reine, la tête haute:
"Ce que je désire savoir ? Ma reine, si je devais répondre honnêtement, je dirais que je désire tout..."

Son ton était trop cynique pour être totalement dénué de tout sous entendu. Il continua cependant:
"De mon peuple et de ses croyances, je ne sais presque rien. Rien d'autre qu'un œil extérieur. Je suis ici pour celà. Pour tout découvrir de ceux qui sont mes frères de sang aux yeux des Cinq. Et qui sait, peut être pour découvrir et comprendre cette étrange sensation d'unité capable d'étendre ses racines sur un peuple pour l'unifier en un semblant d'entité, malgré la violence et l'aveuglement de certains de ses fruits..."

Qui était il, ce prêcheur si étranger à sa propre race ? Comme un drow de cette trempe, de cette allure, avait il pu être ignoré de son peuple alors qu'il aurait pu être une fidèle recrue ? Où avait il pu vivre, il ne présentait aucun des symptomes de ces drows réprouvés dont le coeur était ouvert aux sentiments d'amour, de pitié, d'amitié... Non, il semblait aussi parfaitement dur et insaisissable que les plus grands des siens. Et pourtant... Il le disait lui même à mi mots, il ne savait rien de son propre peuple... Laissant volontairement planer le doute sur le pourquoi. Ce diable savait ne pas se dévoiler.

Il se retourna légèrement vers Aetherya. Regard en coin et sourire ravageur:
"Beaucoup de questions fort difficiles à poser à une femme que l'on doit voir comme une reine, je dois l'admettre. Quelle difficulté que d'occulter l'enveloppe pour se concentrer sur la fonction, lorsque je découvre la quintessence de mon peuple en un regard sur une seule drow..."

Etait ce un compliment ? Une moquerie ? Au diable ce prophète dont les mots doucereux semblaient cacher les plus acérés des poignards !
Il acheva de se retourner, posant un pied au sol, puis l'autre, pour, tel un serpent qui aurait coulé en toute discrétion hors de son antre, échapper à la main de la reine, et se retrouver debout à côté de son siège. Il était grand, et semblait innébranlable. Une âme de prophète dans un corps de combattant. Il fit un pas en avant, pour combler la distance entre lui et Aetherya. Sur la peau tannée du drow, on pouvait distinguer, de si près, une multitude de petites cicatrices. Il avait vécu, et les années ne l'avaient pas épargne, lui donnant une allure de survivant de guerre et renforçant son aura.

Face à elle, il la dévisageait avec un air d'une arrogance insupportable. On aurait pu lire tout le défi du monde dans son oeil, si il n'était pas masqué par un cynisme au moins égal dans son sourire.

"Votre panthéon... Quel est il...? Vers qui se tourner pour se relever sous le poids de notre monde en guerre ? A qui demander conseils pour se laisser envahir d'assez d'énergie pour abattre un bras vengeur sur ses ennemis ? Les dieux drows sont nombreux, me semble t'il... Ne le sont ils pas trop, ne perdent ils pas leurs fidèles en s'éparpillant ?"

Il se pencha légèrement vers Aetherya, lui soufflant d'une voix rauque:
"Lorsque les branches se multiplient, elles deviennent fines, et cassantes... Vos dieux sont ils suffisamment solides pour se raccrocher à eux, lorsque l'on est sur le point de laisser notre sang nous pousser à franchir le pas qui nous sépare de l'erreur...?"

L'erreur. L'erreur serait de laisser son sang d'homme prendre le pas sur les convenances. Il se contenait. Mais ses mots pouvaient paraître plus déplacés encore que des gestes !

Il avait levé une main, presque à la hauteur du visage de la reine, mais il ne la toucha pas, ne l'effleura même pas, même si à travers ce geste elle pouvait presque sentir sa peau sombre contre sa joue.

Il se recula légèrement, sa crinière blanche accrochant les reflets des braseros éclairant la pièce.

"Ma reine, dites moi. Est ce l'assurance en votre propre force, ou le courage que vous puisez dans votre foi, qui vous donne l'audace de vous retrouver seule avec l'un des représentants de notre si instable peuple... ? Ou peut être avez vous une grande confiance en la capacité des mâles à respecter la hiérarchie au détriment de leurs bouillonnements ?"

Une question à peine dissimulée... En quoi croyait elle le plus ? En elle même, en ses dieux, ou en son peuple ? Le simple résumé de la vie de chacun, pour Velvet. Le choix de sa direction, pour soi, pour les dieux, ou pour les autres.

Il la regardait intensément, seul son souffle court trahissait le contrôle qu'il effectuait sur lui même.

"Ce que je désire savoir ? Ma reine, si je devais répondre honnêtement, je dirais que je désire tout..."

Cette réponse fit sourire la sorcière. Elle n'était pas stupide et savait pertinemment l'effet qu'elle faisait au Drow. La tension sexuelle entre eux était presque palpable, pourtant aucun des deux n'avait franchi le pas. C'était aussi bien... Pour le moment. Les paroles du sombre, lourdes de sous-entendus, laissaient à penser qu'il avait envie d'elle tout autant que de son savoir. C'était une situation amusante pour Aetherya, qui aimait par-dessus tout être désirée. Son égo n'en ressortait que plus fort.
Il lui déclara vouloir en savoir plus sur la religion de son peuple, souhaitant connaître le panthéon Drow afin de le comparer aux Cinq.
Elle le laissa parler sans l'interrompre alors qu'il se retournait vers elle, finissant par se lever pour venir se placer face à elle. La quintessence de son peuple ? Etait-ce un compliment ou une moquerie déguisée ? Elle préféra le prendre comme un compliment, et c'était d'ailleurs préférable pour lui que ce soit le cas. Enfin, elle se décida à lui répondre.

"Nos dieux sont en partie semblables à ceux que tu pries. seuls leurs noms diffèrent légèrement. Et ils ont beau être plus nombreux que les tiens, nous les aimons avec la même ferveur que s'ils n'étaient que deux ou trois. Ce qui fait leur force, c'est justement que lorsque nous avons un besoin spécifique, une requête particulière, nous savons exactement vers qui nous tourner. Et la divinité que nous prions à cet instant entend notre appel, bien plus que ces Cinq dont tu prêches les bienfaits."

"Lorsque les branches se multiplient, elles deviennent fines, et cassantes... Vos dieux sont ils suffisamment solides pour se raccrocher à eux, lorsque l'on est sur le point de laisser notre sang nous pousser à franchir le pas qui nous sépare de l'erreur...?"

Là, elle laissa échapper un léger rire, qui résonna dans la pièce.

"Les dieux ne nous laissent pas faire d'erreur. Et lorsque nous en faisons quand même, ils savent nous punir comme il faut. Peut-être est-ce la crainte qui nous pousse à agir ainsi, la peur de leurs représailles, mais cela nous empêche de faire la moindre erreur. Par exemple, je sais exactement ce que je fais en restant seule avec toi..."

Elle s'approcha de lui de nouveau, venant encore une fois se coller à lui avec sensualité. Du bout des doigts, elle effleura la joue de Velvet avant de s'attarder sur le bandeau qui masquait son oeil.

"Sache que je n'ai aucune confiance en la capacité d'un mâle à se tenir. Et ce ne sont pas mes dieux qui me donnent cet audace. J'ai confiance en moi, et en moi seule..."

Elle restait serrée contre lui, hâtisant le désir de cet homme comme elle seule savait le faire, rien que par le regard elle lui montrait ce qu'elle voulait de lui à ce moment-là...
Elle vint lui murmurer à l'oreille :

"Que te disent tes dieux, à cet instant ?"

Sans attendre la réponse, elle vint déposer un baiser voluptueux dans le cou du Drow, promesse de bien plus de choses s'il la suivait dans sa volonté. Etait-ce ainsi que l'on accueillait les gens, ici ? Non, seulement les personnes qu'elle jugeait dignes d'intérêt...

Velvet écoutait Aetherya avec une attention quasi religieuse, l'oeil brillant. Il découvrait à la fois son peuple,sa plus haute ententé, l'allure altière d'une femme drow de haut rang, et la religion par les lèvres de ladite femme... Sensation troublante, d'être un drow, un homme, et un prêcheur, en un seul instant.

Des divinités précises, et impitoyables. Voilà de quoi elle lui parlait, ce qu'elle évoquait sous l'oeil perçant de Velvet.

Il ne perdait pas une miette de ses révélation, de cette religion qui aurait pu être sienne, dans une autre vie, si un autre ne lui avait pas ouvert les yeux.

Elle vint se coller contre lui, laissant courir ses doigts sur sa peau, sa joue... Son oeil mort... Elle le sentit tressaillir à ce contact. Pas de douleur, pas de la pitoyable répulsion de ceux qui n'ont pas fait le deuil d'un membre. Non, elle touchait ce qui était mort en lui, un manque impie dans un homme de foi. Un contact qui le plongeait dans les instincts primaires de son passé.

Il referma ses mains sur les hanches de sa reine, comme un piège brusquement actionné, sans douceur. Il la garda ainsi pressée contre lui sans ménagement :
"Des dieux impitoyables se faisant respecter par la peur inspirée ? Voilà un intéressant moyen de juguler un peuple aussi incontrôlable que le votre, Aetherya. Un exemple pour reigner. Un appui non négligeable. Je commence à comprendre comment il est possible d'avoir une forme d'autorité sur une meute dont l'animalité n'est plus à démontrer. En faisant comprendre que le droit à l'erreur n'est pas une possibilité."

Il la toisait de son oeil brûlant, du haut de sa taille impressionnante. Elle sentit les doigts du prêcheur se crisper contre le cuir sombre de sa robe, sous l'irritation provoquée par le rempart que provocait le vêtement.

"Sache que je n'ai
aucune confiance en la capacité d'un mâle à se tenir. Et ce ne sont pas
mes dieux qui me donnent cet audace. J'ai confiance en moi, et en moi
seule..."

Il eut un sourire carnassier. Un léger rire le fit vibrer contre elle. Visiblement, l'idée lui plaisait:
"Une idée des plus sages. Ou des moins risquées, à défaut de sagesse..."
Il laissa remonter l'une de ses mains le long du corps d'Aetherya, jusqu'à la gorge de la reine. Mouvement sous forme de caresse sensuel, mais trop appuyé pour ne pas être plein de sous entendus assassins:
"Combien de corps effarouchés ont hurlé à l'aide au nom de leurs dieux avant d'être déchirés sans pitié ? Les dieux ne sont pas là pour rattraper nos erreurs, mais pour nous montrer la voix à suivre. Ceux qui trébuchent ne méritent pas leur regard. Ceux qui n'ont pas su les écouter ne sont pas dignes de leur pardon. Ils nous montrent comment diriger : impitoyablement. Peut être votre panthéon est il digne d'intérêt, s'il sait montrer la juste voie sans tomber dans une pitié pathétique."

La voix forte et claire du prêcheur sonnait comme les paroles d'un bourreau ayant déjà frappé, puni les hérétiques à ses yeux. Même dans cette situation de proximité troublante, il restait lui même, fidèle à ses convictions. Velvet le prophète, le bras vengeur de sa propre volonté.

Elle vint nicher son visage dans le cou du drow, y déposant un baiser, et l'échaudant sans scrupule :

"Que te disent tes dieux, à cet instant ?"

Velvet caressa un peu plus la gorge d'Aetherya, en effleurant les contours du bout de l'ongle. De son autre bras, il la gardait plaquée contre lui... Elle le sentit se relâcher. L'homme de foi laissait la place à... A quoi, au juste ... ?
"Ils me disent d'assumer la voie que j'emprunterai..."

Voix rauque, d'une perversité malsaine...
Il laissa ses deux mains empoigner brusquement les épaules d'Aetherya, pour la dégager de son cou, et darder sur elle un regard dévorant, sans la décoller trop de lui :
"C'est l'homme que tu veux, Aetherya ?"

Familiarité, dureté dans la façon de dire son prénom. Velvet n'était plus le prophète, il était l'homme, le drow. Sans lâcher les épaules de la reine, il vint lui murmurer à l'oreille dans un souffle brûlant:
"Il est là. Si tu veux faire volte face, ce sera à la femme de se défendre, pas à la reine."

Elle l'avait cherché, elle l'avait éveillé, ce démon qui bouillonnait dans son sang. Combien de femmes l'avaient fait pour le regretter ensuite ? Pour se rendre compte qu'il ne suffisait pas de lui demander poliement, ou avec terreur, de s'interrompre ? On ne joue pas avec le feu. Encore mois avec le feu sacré.

Il recula à nouveau son visage, et appuya fermement sa pression sur les épaules de la reine, d'un geste soudain et assuré, la prenant pas surprise. En quelques secondes à peine elle sentit son dos heurter l'un des murs de la salle du conseil. Il ne l'avait pas ménagée, en la plaquant ainsi.

Il ne la lâchait pas du regard, l'air provocateur, et presque menaçant. Sans se défaire de son satané sourire. Il avait du terrifier plus d'une femme ainsi, avec cette allure de prédateur insatiable. Il semblait défier la reine de le repousser, de s'offusquer, de s'affoler... Ou d'assumer le brasier qu'elle avait allumé.

Il lâcha son épaule droite pour venir attraper le menton d'Aetherya entre deux de ses doigts, fermement:
"Montre moi que tu sais te défendre, Aetherya."

Il avait encore parlé à la femme. Il se pressa contre elle, l'écrasant sans ménagement contre le mur, pour venir saisir les lèvres de la drow entre les siennes, dans un baiser passionné et animal, presque mordant, alors que sa main lâchait le menton fin pour venir se presser contre l'un de ses seins, sans autre forme de procès.

Il n'avait ni crainte, ni déférence. Aetherya pouvait se sentir diablement femme entre ses mains, il ne voyait plus qu'elle, sans le titre, sans la noblesse, sans les barrières de la crainte.

Peut être Velvet était il passionné ? Peut être était il courageux ? Peut être était il simplement fou... Mais il n'adoucirait pas la tempête de ses sens pour une simple histoire de royauté.

"Que te disent tes dieux, à cet instant ?"

Il avait empoigné la gorge d'Aetherya avec ce mélange de douceur et de violence typique aux Drows, geste qui avait arraché un nouveau sourire à la souveraine. Enfin, il commençait à se laisser aller. Ainsi, les Cinq lui disaient d'assumer ses actes ? C'était amusant. Oui, la sorcière était véritablement amusée de la situation, et non effrayée, contrairement à bon nombre de femmes avant elle.

"C'est l'homme que tu veux, Aetherya ? Il est là. Si tu veux faire volte face, ce sera à la femme de se défendre, pas à la reine."

Son sourire s'élargit alors qu'elle lui répondait sur un ton tout aussi provocateur.

"C'est le Drow que je veux... Et enfin il fait surface..."

Il attrapa ensuite le menton de la jeune femme entre deux doigts sans la moindre douceur. Aetherya sembla légèrement surprise, mais pas vraiment effrayée. Il en fallait beaucoup plus pour qu'elle se défende, oh oui. Et puis, la violence était chose courante entre deux Drows de sexe opposé. Elle y était habituée, depuis le temps...

"Montre moi que tu sais te défendre, Aetherya."

Les barrières hiérarchiques étaient tombées. Il parlait à la femme, et non plus à la reine. Et cette dernière préférait que ce soit ainsi, dans ces conditions. Son sourire s'élargit, mais elle n'allait pas rentrer dans son jeu et jouer les effarouchées. Non, elle était bien loin de ça. Lorsqu'il la plaqua contre le mur, elle souriait. Et lorsqu'il vint saisir son sein d'un mouvement brutal, elle souriait toujours. Il l'embrassa avec fougue, et elle répondit à son baiser, n'hésitant pas à lui mordre les lèvres par la même occasion. Le sang était un puissant aphrodisiaque, c'était bien connu, et bientôt le goût métallique de celui de Velvet remplit leurs bouches pleines de désir.

Tandis que leurs langues dansaient l'une contre l'autre, les mains de la sorcière, déjà bien malicieuses, glissaient sur le torse du Drow jusqu'à son bas-ventre, sans toutefois toucher la zone sensible. C'était un jeu entre eux, un jeu de désir, de séduction et de violence comme à chaque fois que deux Drows faisaient l'amour.
Elle finit pourtant par le repousser, se dégageant par la même occasion du mur derrière elle, et sourit à Velvet. Elle savait qu'il était prisonnier de son désir, autant qu'elle l'était elle-même. Reculant de quelques pas, joueuse, elle lança à son visiteur :

"Montre moi que le sang Drow qui bout en toi n'a pas été souillé par les Humains..."

C'était là une invitation des plus explicites à montrer de quoi il était capable. La violence et le sexe allaient de pair chez le peuple sombre, la sorcière le savait, et ça ne rendait l'acte sexuel que meilleur...

Elle le cherchait, elle le provoquait, elle éveillait ses plus bas instincts. Elle jouait. Velvet s'était souvent demandé comment les drows pouvaient survivre. Comment ils pouvaient trouver le temps et l'énergie de lutter pour leur existence, alors qu'ils étaient si accaparés par le travail de longue haleine qu'était le vautrage permanent dans tous les vices possibles et imaginables.

Et avec le temps, il avait compris. Il en avait déduit qu'ils étaient à la limite de l'animalité, et qu'ils n'en étaient que plus effrayants et impitoyables. Qui de plus dangereux que celui qui ne pense pas aux conséquences et aux lendemain ?

Oui, les drows dégoûtaient autant qu'ils fascinaient, et c'était sans doute leur plus grande force.

Quand à la plus grande force de leur plus haute dirigeante... c'était bien de le pousser à bout avec une efficacité meurtrière.

Elle le repoussa, et s'esquiva. Il appuya un bras contre le mur, là où elle se trouvait, sous ses doigts, quelques secondes auparavant, et se retourna à moitié vers elle, prédateur à l'affut.

"Montre moi que le sang Drow qui bout en toi n'a pas été souillé par les Humains..."

Les humains ? Souillé ? Oh, si, les humains l'avaient sans doute souillé, aux yeux des drows. Un humain... qui lui avait appris l'espoir, qui lui avait ouvert les yeux, qui l'avait réchauffé de sa lumière... Avant de tout lui arracher, et de le laisser aussi vide qu'une écorce sèche.

Rictus. Voix grâve, presque un râle:
"Les humains... Les humains ont fait bouillir mon sang plus que de raison, et ont payé le prix de leur blasphème..."

Il se retourna brusquement vers Aetherya, se décollant du mur:
"Veux tu jouer, Aetherya ? Veux tu te sentir vivre?"

Etrange question, lourde de conséquences...

Il se redressa de toute sa prestance, inspirant lourdement. Il lui apparut soudainement comme plus imposant, plus brut. Un drow qui avait échappé à son peuple pour une raison inconnue, et qui était revenu malgré tout vers les siens.

Il avança brusquement vers elle, son oeil à la pupille d'un doré insencé la vrillant. Entre eux, se trouvait toujours la chaise qui avait été amenée pour lui. Il la repoussa d'un geste brutal de la main, pour dégager la route entre lui et sa proie.

Il la rejoignit en un instant, la heurtant presque. Par une main, sans concession aucune, il vint lui saisir les cheveux à l'arrière de la tête, pour la forcer, une fois de plus, à le regarder de près. Il ne retenait pas son geste. Et il avait l'assurance de ceux qui avaient pratiqué les débordements de ce genre plus qu'à leur tour.

"Mon sang sera t'il le seul fluide qui coulera par la force?"

Phrase prononcé avec un soin diaboliquement pervers. Il vint appliquer sa langue sur la joue d'Aetherya, la laissant glisser comme on goût un met, laissant une trainée de sang dans son sillage, le sang de ses lèvres blessées par leur précédent baiser.

Sourire mauvais, sourire glacial. Il la fit pivoter sur elle même, brusquement. Que cherchait il ? Il fit un pas en avant... Un autre... Son regard toujours fixé dans celui de la reine qu'il ne voyait plus que comme une femme.

D'un geste de sa main libre, il vint empoigner le cuir du bas de la robe d'Aetherya, la retroussant brusquement. Etait il donc si pressé ? Sans doute. Et il n'était certainement pas du genre à adoucir ses ébats.

Emporté par son mouvement, il la poussa brutalement en arrière. Quelques pas pour éviter la chute, mais la chaise renversée était sur leur chemin, faisant basculer la reine en arrière, et le prêcheur par dessus elle.

Elle heurta brusquement le sol de la pièce, ses jambes empêtrées dans le bois la meurtrissant douloureusement... Il venait de se servir d'elle sans aucun remord pour amortir sa propre chute.

Il resta ainsi pressé contre elle, ne se souciant pas le moins du monde de lui apporter une position plus confortable. Elle pouvait sentir, dans cette proximité des corps, que le cuir de l'épais pantalon sombre de Velvet avait bien du mal à dissimuler son envie. Elle avait allumé un brasier dans son sang qui s'était empressé de mettre l'intégralité de son corps en action.

Velvet, toujours douloureusement écrasé sur Aetherya, tira d'un geste violent sur la robe retroussée, en faisant sauter quelques précieux fils, son autre main se crispant par réflexe sur les cheveux de sa proie qu'il n'avait toujours pas lâchée.

Son seul égard pour elle ? Il lui avait laissé les mains libre, sans doute la seule différence entre son comportement avec elle, et celui avec des victimes moins consentantes... C'était un égard en soi, de la part de son côté le plus bestial, il fallait bien l'admettre... A moins que ça ne soit une façon malsaine de la pousser à répliquer avec aussi peu de tact que lui...

"Veux tu jouer, Aetherya ? Veux tu te sentir vivre ?"

Etrange question que celle-ci, mais elle n'eut pas le temps de lui répondre, car bientôt la distance entre eux fut de nouveau comblée, la chaise envoyée bouler un peu plus loin avec force. Il agrippa violemment les cheveux de neige de la sorcière pour la forcer à le regarder. Sourire pervers de la part de la femelle.

"Mon sang sera t'il le seul fluide qui coulera par la force ?"

Voilà bien une question lourde de sens. Autrement dit, serait-elle docile ou devait-il la faire sienne par la force. Elle se débattit, tout de même dans une position assez inconfortable, mais ses mouvements tenaient plus du jeu que de la réelle envie de fuir. La langue du Drow sur sa joue la fit frissonner, mais elle n'eut pas le temps de réagir : il la poussa violemment en arrière, sans même la lâcher, et elle trébucha sur la chaise, s'empêtrant dans les barreaux et tombant en arrière sans douceur. Bientôt, il tomba sur elle, se servant de la sorcière comme d'un matelas qui amortit sa chute. La douleur vrilla les jambes d'Aetherya, mais elle souriait. C'était une bonne douleur. Masochiste ? Oui, sans doute, mais quelle femme Drow ne l'était pas un peu ?

Il était affalé sur elle, et elle pouvait sentir à travers le cuir du pantalon de Velvet sa virilité déjà animée d'intentions peu catholiques. Le Drow retroussa un peu plus la robe d'Aetherya, faisant sauter quelques fils au passage, mais la sorcière n'avait pas dit son dernier mot. Elle rassembla ses forces et repoussa violemment Velvet sur le côté, venant maintenant rouler pour passer sur lui. Là, elle s'installa à califourchon sur lui, sentant à travers le pantalon sa virilité durcir encore plus, et lui arracha littéralement la chemise, la réduisant en lambeaux avec ses ongles acérés. Puis elle lui attrapa les poignets, tentant de les bloquer de ses mains alors qu'elle venait l'embrasser avec une brutalité. Elle ondulait sur lui comme un serpent, seul restait le pantalon de Velvet comme dernier rempart à leur passage à l'acte...

Il grogna de mécontentement lorsqu'elle le repoussa. Dominant jusqu'au fond de son oeil mort, il n'appréciait guère les femelles le chevauchant comme des amazones. Que croyaient elles ? Qu'elles étaient là seulement pour leur bon plaisir ?

Il vit sa chemise déchirée, dévoilant sa musculature noueuse. Le temps, les voyages et la lutte pour la survie avaient sculpté son corps comme dernier rempart contre le monde. Un corps brut et dessiné à la serpe.

Sur son torse, une multitude de cicatrices, de toutes tailles. Etrange spectacle, on aurait dit qu'il s'était roulé dans un champ de ronces acérées, et que ça n'avait jamais réellement cicatrisé. Sa peau était gravée dans la douleur du passé.

Elle lui agrippa les poignets pour venir l'embrasser à nouveau, le mettant au supplice. Il remua un peu, cherchant à se dégager de cette embarrassante position dans laquelle le cuir de son pantalon lui paraissait comme son pire ennemi actuel. Il la laissa faire un moment, son dos plaqué contre le sol glacial, il remonta lentement une jambe entre celles d'Aetherya, comme pour marquer son futur territoire...

Mais la patience avait ses limites. Et les limites de Velvet étaient faciles à atteindre. Dans un grognement presque animal, il donna un violent coup de rein, éjectant presque la silhouette fine de la reine drow, pour la faire retomber à côté de lui, se laissant une meilleure marge de manoeuvre.

Brutal et rapide, il vint plaquer une main sur la gorge de la drow, venant appuyer son coude entre ses seins pour la maintenir au sol. A peine quelques secondes. A peine le temps d'écarter quelques pans de cuir au niveau de son bas ventre, sans prendre la peine de se déshabiller plus, laissant juste la place nécessaire pour libérer l'objet de sa torture...

D'un geste de la main, il arracha ce qu'il restait de sous vêtements sous la robe retroussée, laissant dans la foulée la marque de ses ongles dans la cuisse d'Aetherya... Il fut sur elle en un instant, comme un rapace fondant sur sa proie.

Et il prit enfin possession de ce corps. Brutalement. D'un geste sec, violent, sans ménagement. Il força l'intimité de sa reine comme un envahisseur enfoncerait la salle du trône pour la prendre d'assaut.

Il souleva un peu son bras immobilisateur, laissant de l'air à sa reine, et resta immobile un instant, profitant de sa présence sur elle, et en elle. Il lui envoya un sourire d'une intensité malsaine. Il n'y avait pas de tendresse ni de douceur dans ses traits, simplement la satisfaction, la possession, et un relent de folie dans son oeil brillant.

Et sans cesser de la regarder, il reprit son mouvement. Il la heurtait avec une force brute, le dos de la reine venant râcler le sol de la salle du conseil à chacun des gestes presque assassins du prêcheur. Si elle ne s'était pas dégagée de la chaise, la violence du mouvement aurait pu lui briser ses chevilles empêtrées.

Sous le regard du prophète qui la fixait, Aetherya pouvait être certaines d'une chose. Passer entre ses mains sans y être préparée ni conscentante devant être une expérience traumatisante. Il était l'incarnation même de la brutalité drow, mais une autre force l'habitait, sa foi malsaine le transcendait et gravait son fanatisme sur son visage, et se répercutait dans la violence de son corps.

La reine avait voulu un drow. Elle en avait eu la quintessence.

Il eut un grondement de mécontentement alors qu'elle lui échappait, le repoussant par la gorge. Il résista au point d'en souffrir, appuyant sa gorge contre la main qui l'empoignait, mais ne put empêcher sa proie de s'évader, et de le chevaucher à nouveau...

Il lança ses mains en avant, espérant l'agripper, mais la diablesse s'éclipsait déjà vers le bas, ses lèvres suivant un sillon tout tracé sur la peau tachetée de cicatrices du drow...

Il retint une exclamation de plaisir surpris lorsqu'il comprit - ou plutôt sentit - où elle voulait en venir. Il se redressa sur un coude pour la regarder faire, posant une main à l'arrière de la tête de la reine. Situation inhabituelle. Il n'avait pas pour habitude ce genre de pratiques, bien trop proches d'une dangereuse rangée de dents à son goût. Il ne faisait pas confiance aux femmes.

Mais celle ci savait mieux y faire que toutes les catins des enfers, et il resta interdit, l'observant fixement alors que son corps tout entier réagissait aux sollicitations de ces lèvres qui avaient bien fait de changer de zone... C'était peut être l'un des meilleurs moyens d'avoir un répits, finalement.

Répits de courte durée. Velvet n'était pas invincible, et ses doigts se resserrèrent brusquement sur les cheveux d'Aetherya alors qu'il se redressait dans un geste tendu et crispé... Elle avait montré plus de talent que prévu, et il s'était allé soudainement à une extase toute masculine... Sans songer une seconde à ménager la femme qui l'y avait amenée. Il avait osé... La violence n'était donc pas son seul talent, il ne rechignait pas non plus à être humiliant...

Son visage se fendit d'un sourire de satisfaction cruel, alors qu'il tirait la tête d'Aetherya en arrière, soufflant d'une voix grâve et inquiétante:
"Un peu de vie s'écoule, de quoi combler les moins affamés..."

Il l'agrippa violement par l'épaule en se redressant complètement, la poussant dans son geste pour la replaquer au sol, la faisant heurter les dalles:
"...Crois tu apaiser une faim dévorante sans en payer le prix... ?"

Une voix sur le ton de la menace.

Il appuya son genou sur les côtes d'Aetherya et tordit son bras dans son dos, maintenant sa pression sur ses cheveux. Il la força littéralement à se retourner, comme un marionettiste torture son pantin pour l'installer à sa manière. Elle se retrouva plaquée sur le sol à plat ventre.

Elle le sentit contre lui à nouveau... Il reprenait déjà de la vigueur, si tant est qu'il en ait perdu un instant. Allongé sur le dos d'Aetherya, il vint coller ses lèvres à l'oreille de la drow:
"...Sens toi vivante, sent ton corps se tordre et ton esprit se révolter !"

Velvet était dans un état proche d'une transe effrayante. Il relâcha les cheveux de la drow, sans pour autant libérer son bras, pour l'aggripper par la hanche et la forcer à se cambrer. Il lêcha le côté du visage d'Aetherya en l'effleurant en même temps de ses dents:
"Sens ton sang et tes sens bouillir pendant que je plante mes racines, Aetherya. Le plaisir de la rage, de la souffrance, de l'humiliation."

Un rire presque dément le secoua, écrasant un peu plus la reine au sol. Et il l'attaqua à nouveau. Dans une position animal et douloureuse, elle le sentit encore prendre possession d'elle, avec rage. Il la prenait d'assaut par les gestes après l'avoir provoquée par les mots. Velvet était dévastateur. Il n'était pas seulement un prophète. Rien ne pouvait repousser derrière lui.

Il était une arme tranchante et dangereuse, il pouvait briser les hommes et les femmes plus sûrement que tout une armée. Et si une drow, reine de surcroit, était capable d'encaisser sa folie - et certainement d'y prendre un plaisir malsain - elle pouvait mesurer à quel point il était destructeur.

Dans un geste plus violent que les autres, il relâcha le bras de la reine. Peut être conscient que le tenir plus longuement en clef de bras l'aurait brisé ? Peut être simplement pour le plaisir d'aggriper les hanches généreuses à pleine main...

Autour d'eux, il n'y avait plus de salle du trône, plus de cité, plus de royaume.

Juste la fureur d'un moment.

Une frénésie passionnée.

Le moment où nombre de femmes entre les mains assassines du prêcheur avaient laissé leur esprit se briser et avaient succombé à la folie... Et où certaines, plus rares, assez perverses pour le supporter, pouvaient atteindre l'extase la plus malsaine et la plus innoubliable de leur vie...

Et Velvet ne lâcherai pas sa proie avant qu'elle n'atteigne l'un ou l'autre de ces états.

Surprenantes créatures que les drows, dont l'esprit n'avait pas les mêmes barrières que celui des autres races. Surprenantes femmes qui parvenaient à prendre leur plaisir dans la douleur. Quelque part, cela pouvoir frustrer le prêcheur qui aimait se nourir de peur et de douleur... Mais il n'avait pas été poussé ainsi dans les derniers retranchements de sa folie depuis longtemps, faisant éclater les fragiles liens de sa raison.

Elle l'avait provoqué, et il n'avait plus cherché à se retenir. Il l'avait malmenée avec la brutalité d'un animal. Non. D'un monstre. Les animaux se contentaient de se reproduire, pas de brutaliser un partenaire s'il était suffisemment consentant pour ne pas avoir besoin d'être immobilisé.

Il la sentit se crisper, se tordre sous ses mains. Une sensation qui lui était peu familière, l'orgasme n'était pas tout à fait le résultat qu'il obtenait de ses compagnes. Il était plus habitué à d'autres sortes de cris...

Il se tendit à son tour.
Mais même au bout de cette folie, il ne perdait pas totalement l'esprit. Il se retira aussi vite qu'il avait forcé son intimité, et ce fut hors de son accueillante reine qu'il parvint au paroxisme de son propre plaisir.

Velvet considérait sa propre existence comme une hérésie, et limitait tout risque de la voir se multiplier. Il était hors de question d'engrosser des inconnues, reines ou non. Plus d'un, à sa place, auraient trouvé là un moyen de s'ancrer dans la monarchie drow. Peut être un moyen de revendiquer une quelconque place. Velvet n'était pas là pour ça.

La pression retombant, il relâcha les hanches de sa reine, la laissant retomber à plat ventre. Dans un geste brut, il tira sur la robe à moitié déchirée de sa souveraine, lui recouvrant le séant comme on remballe une poupée de chiffon. Dominateur jusqu'au bout, il signifiait qu'il en avait fini, même si Aetherya ressentirait longtemps les effets dévastateurs des coups acharnés du prophète.

Il resta à genoux un instant, haletant, le regard dans le vague. Ses mains trouvèrent machinalement le chemin du cuir de son pantalon, le refermant prestement alors que son désir finissait de décroître.

Son sourire dément retrouva le chemin de son visage, alors qu'il observait sa semblable:
"As tu..." Inspiration saccadée: "...un dieu pour ce genre de chose?"

Il eut un léger rire, appuyant sa main au sol pour se relever:
"Crois tu que les humains soient parvenus à me souiller ? Ou qu'au contraire mon sillage ait planté des graines sombres dans leurs coeurs?"

Maintenant debout, il lança un regard en coin à sa chemise gisant au sol. Il ne pourrait plus rien en fait. Il se retourna un peu pour l'observer, dévoilant son dos un instant. Dos barré de deux larges cicatrices, comme si on lui avait arraché des ailes, ou des lambeaux de peau. Une douleur sûrement insurmontable. Il n'avait pas été épargné, et les marques indélébiles sur sa peau en témoignaient.

Il se tourna à nouveau vers Aetherya. Et il ne semblait pas disposé à faire un geste pour aider la reine à se relever :
"Tes prêtres auront ils me convaincre à leur tour...?"

Cette phrase était d'une perversité et d'une provocation peu communes. Il ne reculait devant aucune allusion. Velvet était l'incarnation vivante de tout ce que haïssaient les races ennemies des drows. Certains Sombres étaient capables de respect, de tendresse parfois, d'amitié, de pitié pour certains. Toujours des faiblesses, mais ancrées au fond des êtres vivants qu'ils étaient.
Velvet, ainsi debout dans la pièce, son torse nu luisant sous la lumière nocturne, semblait implaccable et insaisissable. Monstre destructeur et fanatique, aux paroles pourtant veloutées.
Il était une véritable arme.