Recueillement [Méliane]

Jérôme avait quitté Diantra juste après le mariage de Cécilie et du Baron de Nelen et après l'élévation de la haute Prêtresse, il n'avait pas le temps de faire la fête vu la surcharge phénoménale de travail qu'il avait. Avant de retourner chez lui et de préparer son mariage avec Aline, il prit la route de Langehack. Un émissaire avait été envoyé au Duchés afin d'excuser l'absence du baron aux funérailles et en indiquant qu'il passerait par la suite. La troupe s'était séparée à la sortie de la capitale, Aline remontant avec le gros et lui même partant donc pour l'est avec son cheval et une garde minimale pour aller plus vite. Ils remonteraient ensuite par bateau jusqu'à Etherna avant de reprendre sa route pour Oësgard. Un coursier était partit en avant afin d'annoncer la date d'arrivée de Jérôme au château de Langehack. Le baron portait sur lui les deux dernières lettres qu'il avait reçu, la première d'Oschide, la seconde de Méliane.

La route se déroula sans incident, la troupe armée tenant à distance les éventuels bandits de grands chemins. L'on veilla aussi à faire halte dans les auberges parsemés sur la route. Ils voyagèrent tranquillement mais à un bon rythme et c'est donc cinq jours plus tard qu'ils arrivèrent à Langehack. Ils traversèrent la ville sous le regard des bonnes gens qui voyaient un inconnu arriver avec une escorte plus importante qu'un voyageur ou un bourgeois. Profitant du spectacle de la cité en pleine activité par cette fin de matinée, Jérôme ne se pressa pas, curieux et se rappelant l'ancienne duchesse, la dame de Serphren, femme qui avait eu toute son attention lors d'un de ses séjours à Odélian. Il se rappelait avoir défait l'un de ses gardes personnels dans un combat singulier aux fins de démonstration.

Une fois devant le château, on annonça le baron d'Etherna et régent d'Oësgard. On le fit entrer et il demanda une audience auprès de la Duchesse. Il fit un brin de toilette et se changea afin de retirer la poussière du voyage et de ne pas se présenter devant la dame sans être apprêté. pour les circonstances, il avait endossé une chemise de soie noire et un pantalon de la même couleur. Le tout faisait naturellement ressortir la blondeur de ses cheveux et le bleu de ses yeux. Lorsqu'il fut devant Méliane, il s'inclina avec beaucoup de respect

"Je vous salue, madame la Duchesse. J'espère que ma présence ne vous importune pas après ce que vous avez subis"

Il avait apprit qu'elle avait perdu ses deux enfants après son accouchement, ajoutant un poids au décès de son époux. Nul doute qu'elle devait être bien éploré et que la politique devait être le cadet de ses soucis. Il ne doutait pas non plus que son statut ne lui permettait pas de s'épancher sur son malheur, que ses conseillers continuaient de la harceler pour qu'elle prenne les décisions qu'il fallait.

Voila quelques jours deja que le corps du duc de Langehack reposait dans la crypte auprès des corps, aussi sans vie, de ses enfants. Les imminents invités, des plus éplorés aux simples commères avaient finis pour la plupart par quitter la cours pour s'en retourner chez eux. La cité, bien que toujours parée de deuil, se faisait plus calme. Des paysans aux petits nobles et jusqu'aux grands noms, bientôt l'on oublierait les malheurs multiples venant de frapper les terres Langecinnes, la seule qui n'oubliait pas, c'était la duchesse. Pourtant chaque matin on la trouvait a l'aube a sa table de travail, chaque après midi fière et droite en salle du trône et chaque soir, concentrée, inébranlable et juste en salle du conseil. C'est a peine si elle s'était autorisée a verser une larme le jour ou le corps, de son cher Oschide, lui fut ramené. Sa peine elle la réservait au silence de ses appartements, seul ce grand lit vide, ancien théâtre de leur amour, avait le droit d’être témoin de la douleur qui lui broyait le cœur et l’âme.

Elle n'avait rien de la veuve éplorée mais, a qui savait voir, les signes étaient la. Les épaules légèrement voûtées sous le menton fier, les cernes noires sur le teint pale, l'éclat triste dans ce regard qui se veut neutre. La journée était bien avancée quand elle avait apprit l'arrivée du baron d'Etherna au château. Par chance le conseil ne visait pas s'éterniser ce jour, si bien qu'elle n'aurait pas a le faire attendre plus qu'il n'avait deja eut a le faire. Si il eut été arriver la veille, probable qu'au matin elle l'aurait reçue en salle du trône ou ils auraient échangés des banalités protocolaires avant de se dérober pour une discutions plus privé. Mais point ne s'en ferait besoin en ce début de soirée. Elle fit dont mandé a ce qu'il la rejoigne dans son petit salon privé. La duchesse l'attendait installée sur un canapé, dégustant du bout des lèvres une tasse de thé. Ses cheveux étaient enserrés en un chignon stricte, son corps vêtus de soieries noires et sa mine, bien que lasse, était amicale a l'image du sourire qu'elle eut quand l'intendant fit pénétré Jerome dans la pièce.

Elle se leva en un geste gracile et maîtrisé, se rendant devant lui dans un murmure de tissus. Elle lui tendis la main tant pour l'inciter a se redresser que pour lui donner la permission de la baiser, si tel était son bon vouloir. " Une présence amicale ne saurait jamais être malvenue quelque soient les circonstances. " Elle s'écarte pour lui indiquer le canapé et la table basse ou les attends une légère collation. " Prenez place voulez vous, vous devez être éreinté après votre voyage. Sachez que je ne vous aurais point tenue rigueur de prendre une nuit de repos avant de paraître devant moi. " L'ombre d'un sourire pour ponctuer la véracité de ses mots. Elle se tourne vers la porte ou attends encore l'intendant. " Votre altesse désire t'elle autre chose ? Qu'une dame vienne faire le service peut être ? " Elle secoue la tête. " Rien ne saura nécessaire, veuillez nous laisser je vous pris. " Il acquiesce en se penchant bien bas, puis se retire en silence.

Méliane s'en va dont rejoindre son invité sur le canapé ou elle prend place a distance respectable, légèrement inclinée sur le coté pour qu'ils pussent se faire face. " J'espère que mon intendant a veiller a ce que vous et vos gens soyez parfaitement installés et que les appartements mis a votre dispositions vous satisferont. " Elle avance une tasse de thé vers son invité, ainsi qu'une assiette emplie de diverses gourmandises, afin qu'il pusse se restaurer a son envie. " Vous me pardonnerez de ne point avoir été la pour vous accueillir, mes obligations me retenaient alors ailleurs. " Elle ne doutait pas qu'il comprendrait cela en sa qualité de baron et de régent. D'un ton un peu plus familier, elle ajouta en rivant son regard au sien: " Je suis heureuse de vous accueillir sur mes terres Jerome. Bien que les circonstances ne soient pas celles espérées, il y'a bien longtemps que je souhaitais que mes pas pussent croisés les vôtres. " Une envie qui datait de la première missive de l'homme. La guerre faisait alors rage dans le nord et elle était nouvellement duchesse. Il s'était passé tant de choses depuis, des plus grands bonheurs aux pires malheurs, voila pourquoi elle se refusa a laisser ses pensées s'y égarer, de crainte de voir se reflétait en son regard plus de douleur qu'elle ne voulait en laisser paraître.

Jérôme baisa Méliane comme il se devait avant de se relever et de se diriger vers le canapé qu'elle lui indiquait. La Duchesse est des plus amicale en ce lieu plus intime que la salle du trône et où il sera plus aisé de parler sans que l'étiquette prenne le dessus. Il n'oubliait toutefois pas le titre de la dame qui le recevait et les égards qui lui étaient dues

"Le voyage n'était pas très long, encore moins après toutes les chevauchées que j'ai entreprise ces derniers temps. Je m'en veux de ne pas avoir été présent lors des funérailles, la fatigue attendra bien encore un peu pour me rattraper, si elle y parvient. Vous me voyez ravis d'entendre que vous considérez ma présence comme amicale, c'est réciproque et si je peux faire quoi que ce soit, dites le sans détour."

Jérôme souriait à l'encontre de Méliane qui donna congés à son serviteur, les deux nobles étant dorénavant seuls dans la pièce. Elle vint s'assoir sur le même canapé qu'elle avait désigné à Jérôme qui s'assit juste après elle. Il aurait pensé qu'elle prendrait un fauteuil en face mais au moins nul besoin de parler fort, l'instant étant plus chaleureux malgré les circonstances

"Tout est parfait votre altesse, votre intendant a été des plus prévenants, il ne manque rien à notre confort"

En fait, seul Jérôme avait une chambre au château, le reste de ses hommes étant des soldats même s'il s'agissait de sa garde, on les avait aménagé dans un autre endroit pour la soldatesque, ce qui était normal. Jérôme prit la tasse par égard pour la dame et il but d'un geste lent

"Votre honneur, il n'y a nul excuse a demander ou à accorder. Je sais parfaitement les obligations qui sont les vôtres et je ne m'attendais pas à ce que vous m'accueillez en personne vu l'heure de notre arrivée."

Jérôme se demanda si c'était protocolaire ou si les mots de la Duchesse étaient véridique lorsqu'elle expliqua que cela faisait longtemps qu'elle voulait le rencontrer. il se souvenait parfaitement de la correspondance qu'ils avaient échangés. Il faisait une copie de tout ce qu'il envoyait lui même afin de se remémorer ce qu'il écrivait et les engagements qu'il prenait et il avait relu tout, même s'il n'y avait que peu de lettre, ce qu'il avait reçu et écrit de la part de la Duchesse et du Duc

"En effet, les circonstances sont malheureusement dramatique, j'aurais espéré que notre première rencontre se passe également dans de meilleurs conditions"

Jérôme se rappela les lettres et ce qu'il y avait dit

"Votre altesse, je ne sais que dire mais tout d'abord, je voudrais que vous me pardonniez. En effet, j'avais promis de prier pour vous et votre famille. Malheureusement, les évènements que vous connaissez dans le nord m'ont empêché de le faire. Il semble que les Dieux ne vous aient pas beaucoup favorisé, vous m'en voyez navré"

Il devait être étonnant d'entendre un homme parler des Dieux et de s'excuser de ne pas avoir assez prié pour quelqu'un qu'il ne connaissait que par courriers. Jérôme avait rencontré la Haute Prêtresse et il avait beaucoup de choses sur le cœur. L'avait elle guérit ou juste soignée, avait elle réussie à répondre aux interrogations du Baron, il était trop tôt pour le dire.

"J'entends que vous souhaitiez depuis longtemps que nos pas se croisent, voila chose faite. Qu'attendiez vous de cette rencontre ? y a t il quelque chose qui pourrait la rendre plus agréable ?"

Jérôme était venu pour se recueillir sur la tombe d'Oschide mais il n'oubliait pas sa veuve et ce qu'elle devait subir. Tout comme les gens sincères ne devaient pas accourir à ses côtés.

Bien que l'attitude du baron soit des plus amicales, il semblait quelque peu sur la réserve. Méliane ne pouvait guère lui en vouloir, malgré leur correspondance, ils restaient des étrangers l'un pour l'autre. Bien qu'elle ait l'avantage d'avoir l'impression de le connaitre, par tout ce que lui avait raconté Oschide. " Nulles excuses ne sont nécessaires, je crois savoir que vous étiez a Diantra pour l'élévation de la nouvelle grande prêtresse. Irys fait la fierté du Langecin, je ne saurais vous tenir rigueur d'avoir été la pour elle quand moi même je ne le pouvais pas. " Il lui était un regret d'avoir manquer l'événement, mais elle espérait que bientôt les pas de la dame d'Arosque la ramènerait a Langehack. " J'ai aussi ouï-dire que l'on célébrera bientôt votre mariage. " Une lueur douloureuse s'allume en son regard, pourtant elle se force a continuer de sourire. " Je vous souhaite tout mes vœux de bonheur quand a votre union et a l'avenir. Je suis certaine que mon époux se serait réjouit de ses nouvelles. "

Elle porte sa tasse a ses lèvres, juste le temps de veiller a ce que les émotions qui l'agitent a la mention d'Oschide ne soient pas perceptibles dans les intonations de sa voix. " Sachez qu'il vous tenait en grande estime, depuis qu'il avait eut l'honneur de guerroyer a vos cotés. " Une moue triste étire ses traits, puis un sourire discret. " Un homme intègre, juste, fiable et de confiance. Voila l'image qu'il avait de vous. "  Elle soupire puis d'une voix contrite elle ajoute. " Croyez bien que tout comme moi, il fut fort désolé de devoir vous retirer l'aide du Langecin quand Sainte Berthilde nous devint une menace. " Une brève lueur de colère s'agite en son regard, comme a chaque fois qu'elle pense au Berthildois et a tout ce que ses désirs belliqueux lui ont coûtés, mais elle se reprend bien vite. La lueur disparaissant aussi vite qu'elle était apparue. " Je crains que les dieux ne se soient désintéressés des petits malheurs de l'humanité et comment leur en vouloir alors que des êtres sans foi ni loi détruisent chaque jour les vies dont ils nous ont fait cadeau, que ce soit par gout du pouvoir ou de la fortune. "

Elle hoche la tete en résultat de ses propres paroles, le regard grave. " Les dieux ne sont pas responsables de nos malheurs. Les douleurs et les pertes, sont le résultat de nos choix ou de ceux d'autrui. " Dans son cas c'était d'autant plus vrai. Oschide avait choisi lui même de mettre un terme a sa vie,mais elle ignorait si Jerome était au courant de ce fait, elle le taisait au plus grand nombres, même si les rumeurs du nord commençaient a leur parvenir. " Quand a notre rencontre, rien ne saurait me la rendre plus agréable qu'elle n'est deja si ce n'est peut être que vous m’appeliez par mon prénom. " Un sourire entendu.  " L'on me donne du " Votre altesse " de l'aurore jusqu'a la tombée de la nuit et au delà encore. Alors quand vient l'heure d'un peu de quiétude, comme maintenant dans ce salon, il me plait de n’être a nouveau que Méliane. " Si la duchesse passait en tout temps avant la femme et que cela lui était salutaire en ces instants douloureux de deuils, il était bon parfois de pouvoir être une femme ordinaire, sans les faux semblants que l'on accordait a son rang et dont on ne l'abreuvait que trop dernièrement.

Accrochant son regard dans celui de l'homme, que son époux avait considéré comme un ami, elle reprit d'une voix moins légère. " Je vous suis gré d’être ici ce jour Jerome. Rien ne vous y obligeait et au vu de la situation quelque peu ambiguë de Langehack envers la couronne, je ne vous aurais pas tenue rigueur de vous tenir loin de mes terres. Permettez dont que je vous remercie pour cela en vous retournant votre demande, si le Langecin peut vous aider en quoi que ce soit n'hésitez pas a me le faire savoir. Qu'importe la neutralité actuelle du duché, j'espère pouvoir conserver votre amitié et nos alliances passées. " Un faible sourire. " Je me rappelle que lors de nos premiers échanges, ma plume s'était portée en des souhaits de voir une péninsule unifiée et en paix. Ces rêves semblent bien lointain aujourd'hui, pourtant je crois toujours que cela pusse être possible, c'est dans l'unité que se construit un avenir meilleur. Des serments ou des opinions politiques divergentes ne devraient jamais être un frein a une alliance ou a une amitié. N’êtes vous pas d'accord ? " Si de par certains aspects, il lui semble qu'elle le connait de par les mots de son époux, elle n'en oublie pas qu'elle sait bien peu de choses du baron. Il est dont temps de s'en faire une vision juste avant de voir ou pourrait les porter cette entrevue.

La conversation commençait à s'engager plus que quelques banalités d'ouverture. La Duchesse était aimable et son chagrin, bien que contenu était visible, ne serait ce que par les cernes ou la tristesse que l'on devinait. Jérôme se relâchait petit à petit, moins sur ses gardes, gagné par l'ambiance sympathique, bien que chargée d'émotions. Bien qu'étant la première fois qu'ils se voyaient, quelque chose semblait passer entre les deux nobles qui se jaugeaient et parlaient d'un ami et d'un époux commun

"Je me trouvais effectivement à Diantra pour l'élévation de la nouvelle Haute Prêtresse. Je pense qu'elle sera très bien dans sa fonction et qu'elle mettra sa marque au sein du culte."

Méliane et Jérôme se regardaient ouvertement droit dans les yeux l'un de l'autre. Le baron baissa un bref instant le sien lorsqu'elle fit allusion à son mariage futur

"En effet, je vais me marier à Aline de Montévlin, la soeur du châtelain. J'ai la chance la de faire un mariage d'amour et il n'y a pas un jour ou je ne remercie pas le damedieu pour. D'ailleurs, je sais que c'est déplacé mais vous êtes naturellement invité." Jérôme ne laissa pas le temps à la Duchesse de répondre "Nous comprendrons naturellement que vous ne souhaitiez pas venir et il n'y a aura aucune insulte à votre absence."

Mimant Méliane, Jérôme monta sa tasse à ses lèvres dans un même mouvement, laissant un silence s'installer. Il se grandit lorsqu'elle lança les mots élogieux qu'Oschide avait dit à son égard et il surprit les diverses émotions qui submergeaient la Duchesse au fil de son discours

"Lorsque je l'ai connu, il était capitaine royal, j'ai l'impression que cela remonte à tellement longtemps que nous nous sommes toujours connu. Et pourtant, c'est plutôt récent. Il m'avait confié des choses ahurissante et j'ai eu du mal à le croire au début avant de constater que tout ce qu'il m'avait dit se vérifiait."

Le regard de Jérôme se perdit dans le lointain l'espace d'un instant

"Enfin tout cela est du passé, j'ai eu la chance de m'en sortir indemne"

Même sans en avoir entendu clairement parlé, tout le monde savait que la régente l'avait amené à trahir Odélian avant de se retourner contre lui

"Les mots que vous me dites me touchent plus que vous ne le pensez. Je ne vous tiens aucune rancune d'avoir rappeler vos gens alors que votre Duchés était sous la menace d'une guerre. C'était tout à fait normal et je ne vous remercierais jamais assez pour tout ce que vous avez apporté à Etherna. Grâce à votre aide, personne n'aura faim, les récoltes ont été bonnes. Ce sont les silos qui avaient besoin d'être remplis et même si les stocks ne sont plus ce qu'ils étaient, il n'y aura pas de pénurie."

Jérôme se tût ensuite, il fut très silencieux alors qu'il écoutait la Duchesse et que le poids de ses propres choix et responsabilités lui revenaient sur ses épaules. C'était d'ailleurs le sujet qu'il avait abordé avec la Haute Prêtresse. Il écouta religieusement tout en étant mal à l'aise, elle n'ignorait certainement pas la réputation que le Baron s'était taillé sur les champs de batailles qu'il avait multiplié ces dernières années. Stratège hors pair et fin tacticien, guerrier accompli, de beaux mots qui avaient un revers. Il se fit violence pour reprendre la parole après qu'elle lui eut demandé de l'appeler par son prénom

"Vous savez...Méliane...je crains de faire parti de cette engeance dont vous parlez.J'ai moi même mené mes hommes à la bataille et à la guerre plus qu'il n'était nécessaire. D'abord Contre Sainte-Berthilde et Olyssea sur l'appel de mon suzerain, puis Serramire, Alonna et enfin Oësgard avant d'être accaparé par la menace des sombres. Bien des familles ont perdu un père ou un frère à cause de mes décisions."

Il souffla, vraiment oppressé par ce qu'il venait de dire. A aucun moment il ne baissa le regard cette fois, conscient qu'il devait assumer. Un voile de tristesse et de lassitude passa devant ses yeux bleus

"Je ne sais pas si Néera me pardonnera un jour cela, je prie chaque jour pour mon salut, mais je trouve aussi cela égoïste. Non que je n'assume pas mes actes mais le remord est présent et je me questionne sur les idées que je trouvais indispensables à l'époque, me demandant si c'était vraiment le cas ou s'il n'y avait pas d'autres façons de procéder."

L'unification de la péninsule avait amené Jérôme à faire des sacrifices, des gros. Pourtant le résultat n'était pas à son gout. Depuis il avait perdu la foi dans cette idée qu'il avait remisé tout au fond de lui. Il désirait maintenant se consacrer à sa famille, ses amis et les peuples qui dépendaient de lui.

"La situation de la couronne et de Langehack à son égard ne m'intéresse nullement. Je ne suis pas venu pour honorer un Duc ou pour défier une autorité quelconque. Non, je suis venu saluer une dernière fois quelqu'un que j'ai compté parmi mes amis, aussi bref que cela fut."

Cette fois, la passion et la détermination se voyait dans son regard alors qu'il avait clamé ces mots auquel il croyait fort. Son ton s'adoucit

"Je me souviens de votre première lettre, vous appeliez à l'apaisement et à la paix. De beaux mots. Je suis surpris que vous vous y accrochiez encore, vous montrez une force que peu d'hommes peuvent se vanter d'avoir. Je suis totalement d'accord avec vous, des désaccords ne devraient pas freiner des alliances. Toutefois, il y a les suzerains et les vus politiques qui sont les leurs. Vous êtes Duchesse et aujourd'hui, vous êtes libre de choisir. J'ai Odélian et Serramire qui, bien que me laissant manœuvrer à ma guise, attendent de moi que je suive la ligne de conduite qui est la leur. Tout cela est bien compliqué et la vilénie est tellement présente autour de nous que c'en est triste. Je ne sais pas si l'unité dont vous parlez reverra le jour, et si c'est le cas, si cela se fera entre gens intelligents cherchant des compromis ou dans le sang et par la main d'un conquérant."

Dans tous les cas, si conquérant il y aura, ce ne serait pas lui, il avait déjà donné. Othar essayait toujours de le séduire à l'instant présent et les flammes du combat étaient vivace à son esprit. Il n'oubliait pas non plus qu'il était sénéchal de Serramire et que le marquis avait clairement indiqué avoir des vus sur Odélian. Jérôme espérait que la finesse politique d'Aymeric ne l'amènerait jamais à choisir les armes, si ce n'était pour se défendre

"Les temps sont plus que jamais incertains et beaucoup de pions sont en mouvements. Certains sont en position de force, d'autres d'attente. Je me demande qui sera celui qui bougera le prochain. Nous avons vu que toutes les familles, même les plus puissantes, ne sont pas à l’abri"

Il faisait allusion au Anoszia bien entendu. Toute la fratrie s'était vue frappé de plein fouet et elle ne s'en relèverait pas alors qu'il y a peu, suite au conflit contre le comte Alastein, l'on se demandait ce qui pourrait les abattre. Jérôme était en train de se perdre en spéculation, ayant oublié le pourquoi de sa visite. il fallait espérer que la dame de lui en tiendrait pas rigueur

Un mariage d'amour. Elle aussi avait eut un mariage d'amour, mais elle n'en était plus a louer les dieux pour cela. Elle était désormais trop empêtré dans des questionnements sur le fait d'avoir aimé et perdu et sur si cela était préférable a ne jamais avoir aimer. " Un mariage d'amour ne saura que vous apporter de grands bonheurs. Mais veuillez prendre grand soin l'un de l'autre, car quand l’être aimé n'est plus, une union basée sur les sentiments et non la politique vous devient vite un fardeau. " Elle sourit, comme pour atténuer l’honnêteté de ses paroles. Elle ne cherche point a gâcher son bonheur, mais la vie et l'amour sont deux choses fragiles que le destin a trop tot fait de vous dérober. " Votre invitation me touche Jerome et croyez bien quand d'autres circonstances je l'aurais volontiers acceptée. Malheureusement mon deuil et les circonstances font qu'il ne serait guère opportun pour moi de quitter mes terres. " Elle sait qu'il est a meme de comprendre cela et qu'il ne lui en tiendra pas rigueur, néanmoins elle ajoute quelques mots de plus, réellement navrée de lui faire faux bon a lui et a la future épousée. " Si cela vous convenait ainsi qu'a la future dame de Clairssac, ma fille Linaelle serait fort heureuse de me représenter en cette occasion. " Bien que ses traits n'en témoignent pas, un curieux mélange d'émotion vint l'étreindre.

Il en était toujours ainsi quand elle pensait a sa fille, elle qui représentait a la fois le seul bonheur qu'il lui restait encore mais aussi ce qu'elle avait perdue. S'interdisant de s'égarer ainsi de sombres pensées, elle accorda toutes son attention tant aux mots qu'elle prononçait qu'a ceux du baron. Quand il parla des souvenirs qu'il avait de son époux, son cœur se serra mais pourtant c'est un sourire qui ourlait ses lèvres. Dans la cruauté de son deuil, pouvoir parler d'Oschide lui était tant une douleur qu'un bonheur. " Le temps est une chose curieuse. L'on se prend a parler du passé et l'on pourrait juré que cela était presque dans une autre vie. Pourtant ses souvenirs que vous me contez, remonte seulement a un peu plus d'une année. Nous sommes si peu de choses face a la boucle de la vie. " Se rendant compte que ses paroles sonnent sans doute un brin trop mélancolique, du a l'absence de protocole en ces lieux et a la liberté des propos échangés, elle s'empresse de rebondir sur un autre sujet. " Vos paroles me sont d'un grand réconfort. C'est un soulagement de savoir que l'aide apportée par les miens aura aidée votre peuple a ne point souffrir de la famine ou d'un mauvais hiver. C'est de par ce genre d'action que l'on se sent fier de porter titres et couronnes, cela y donne un sens. " Certains y trouver sens dans la conquête ou le pouvoir, elle dans le bien qu'elle pouvait apportée a autrui.

D'ailleurs ils en vinrent, sans qu'elle n'ait cherchée a porter la discutions sur le sujet, a parler du genre d'homme qu'était le baron. Elle le laissa parlé sans l'interrompre, prenant conscience du poids qu'il semblait porté ou plutôt traîné. Néanmoins il se fourvoyer. Elle posa très brièvement sa main sur son bras, un geste de réconfort et d'apaisement, sans équivoques, afin qu'il prenne pleine mesure de la sincérité des mots qu'elle allait prononcée. " Le pouvoir ne vient jamais sans un coût. Le pouvoir amène a des choix, a des situations que le commun des mortels, qu'ils rendent grâce aux dieux pour cela, n'ont pas a affronter. Nous sommes tous amenés a prendre de mauvaises décisions. " Un sourire. " Mais ce qui fait qu'un homme est bon ou mauvais, c'est la mesure de ses regrets et de son repentir. Les choix passés semblent vous ronger, je le vois bien. Mais je voix surtout vos profonds et sincères regrets quand a certaines de vos actions. Je vois un homme soucieux d'obtenir le pardon. Un homme qui a pleine mesure de ce qu'il a fait. Vous ne cherchez pas a fuir vos choix de jadis, pas plus que vous ne les renier en vous cachant derrières des excuses. " Elle accroche fermement son regard au sien. " Les dieux dans leur miséricorde vous pardonneront quel qu'aient étés vos actes, mais le plus important réside en le fait de vous pardonner vous même. Il n'y'a qu'avec ce pardon que vous serez capable d'avancer pour devenir le genre d'homme que vous souhaitez être. "

Elle détourne son regard, ne voulant pas qu'il aperçoive la douleur dont son regard témoignera dans ses prochaines paroles. " Si tenter qu'un souffle de vie réside encore en vous alors il n'est jamais trop tard. Ne vivez pas dans le regret d'hier Jerome, vivez pour l'espoir de demain. Il ne tient qu'a vous d’être ce a quoi vous aspirez.  " Un sourire entendu, bien que triste. " Nous en revenons toujours a cette question de choix. Il suffit de faire le bon et c'est en ce monde l'une des choses les plus difficiles qui soient. Alors ne vous blâmez pas, car des erreurs il y'en aura d'autres au futur, mais le crime n'est point d'en commettre, c'est de ne rien apprendre d'elles et de ce que je vois de vous ce jour, vous n’êtes pas a homme a ne pas tirer les leçons qui s'imposent. " Ses yeux se tournent a nouveau vers lui, elle le contemple un instant puis hoche doucement la tete. " J'ai fréquentée dans ma vie bien des hommes, des pires aux meilleurs et ce que je vois en vous, c'est l'étincelle d'un homme capable de se dépasser pour accomplir de grandes choses. De cela, n'en soyez jamais coupable. C'est une force que nulle ne pourra vous enlever si tenter que vous continuiez de croire en vous. " Elle secoue la tête, une trop brève lueur amusée éclairant ses traits. " Vous allez me prendre pour une sentimentale si nous continuons ainsi. Revenons en a des choses plus terre a terre avant que vous n'en veniez a craindre que Langehack ne soit dirigé par une faible dame. "

Elle porta a nouveau sa tasse a ses lèvres, appréciant la douceur sucré du breuvage, avant de rebondir sur la partie plus politique de leur discutions. " J’apprécie l’honnêteté de vos paroles baron, mais croyez bien que toute duchesse que je suis, je ne commets jamais l'erreur de me croire libre. J'ai bien sur le plein pouvoir sur mes choix, mais ce sont ses mêmes choix qui déterminent non pas seulement mon avenir, mais celui de mes terres et de mes gens. Seul le fou se croit libre de jouer avec tant de vie sans un jour avoir a en payer le prix. Néanmoins je vous rejoins sur ce qui est de l'avenir de la péninsule, trop d’êtres belliqueux entrent encore dans l'équation. Il faudra de l'intelligence, de la diplomatie et des sacrifices avant que cela ne soit possible et peut être ne le verrons nous jamais de notre vivant. Mais j'y crois et j'y croirais jusqu'a mon dernier souffle, car si ce n'est pour un monde meilleur, pour un futur prospère alors pourquoi porter titre et couronnes. Autant se fondre dans la masse des anonymes et profiter d'une brève mais possiblement satisfaisante existence. J'envie parfois les gens capables de cela, mais j'aspire a plus, non pas pour moi mais pour mes terres et mes gens et c'est en cela que j'ai besoin du pouvoir que me donne mes titres. Si tel n'était point la mes aspiration, alors être duchesse n'aurait pas lieu d’être. " Elle soupire, levant légèrement une main en l'air. " Après la sensiblerie, voila que je vous abreuve de mes discours optimistes. Je ne vous en voudrais pas de vous endormir séance tenante. " Se moque t'elle d'elle même.

Le ton plus grave et le visage plus fermé qu'elle ne voudrait, elle ajoute. " Pour autant je suis comme vous dans l'attente du prochain mouvement, du prochain pion se jetant dans l’échiquier pour le meilleur ou pour le pire. Nous ne sommes rien fasse aux tribulations du destin et comme vous l'avez dit, même les plus grands noms du royaume ne sont point a l'abri de la déchéance, il suffit d'un simple mauvais choix et le jeu entier s'en trouve changer. " Ne l'avait t'elle pas dit précédemment, tout se résumer toujours a une question de choix. Présentement elle parlait bien entendu de ce qui était arrivé a la famille de son époux, d'ailleurs elle en était certaine, c'est de cela aussi que Jerome avait voulu parlé de par ses mots, une insinuation subtile mais claire. Était il d'ailleurs au courant de la présence de bon nombres d'Anoszia sur ses terres ? Voila qu'il serait intéressant de découvrir, mais elle ne jugea pas opportun de poser la question pour l'heure. Elle ramena donc, une dernière fois, sa tasse a ses lèvres avant de la reposer sur la table en un petit tintement de porcelaine. Le baron lui était d'agréable compagnie, et depuis quelques Enneades, il lui était un luxe rare que de pouvoir conversait ainsi, sans faux semblant et sans que son deuil ne l'accapare toute entière.

Venu pour donner un dernier hommage à Oschide, voila que la première rencontre entre son épouse et le baron s'intensifiait, déviant de l'origine du voyage. Alors qu'ils ne se connaissaient pas, voila qu'ils en arrivaient à parler naturellement de tout autre chose

"L'amour est la, et pourtant Aline et moi même avons déjà passé des épreuves importantes même si cela ne se sait pas. Je comprends ce que vous dites, la perdre me procurerait une peine indescriptible. Egoïstement, j'ose espérer que je serais le premier à disparaitre, de part mon âge supérieur et aussi mon style de vie"

Etre un guerrier et aller de champ de bataille en champ de bataille n'aidait pas à rester indemne, surtout lorsqu'on montait en première ligne, chose de plus étrange vu son statut. Les cicatrices de sa dernière lubie étaient bien présentes sur son corps malgré les nombreux soins, naturels ou magiques, qu'il avait reçu. Nul doute que la Duchesse savait cela vu les chansons qui parcouraient les tavernes, alimentées par les troubadours et autre. Protégé de Néera, invincible, fils d'Othar, grand guerrier, fléau des sombres, ogre, des termes qui circulaient sur le Baron depuis maintenant un certain temps et qu'il n'avait rien fait pour les faire taire

"Je comprends tout à fait que vous ne veniez pas et si vous désirez garder votre fille auprès de vous, je le comprendrais aussi. Il n'y aurait nul affront à votre absence ou celle d'un de vos représentant, encore moins après cette conversation que nous avons."

Après tout, son époux s'était fait "enlevé" par son ennemi contre tous les codes d'honneur existant et Sainte-Berthilde était voisin d'Etherna. Alors certes, elle viendrait sans doute en bateau par Seram mais Jérôme pouvait comprendre que la Duchesse s'inquiète qu'on lui prenne aussi sa fille par une autre ruse tout aussi mesquine. Bien que Méliane dise que les mots de Jérôme la réconfortait, il se doutait bien que c'était purement par respect qu'elle disait cela et que le chagrin ne devait pas la lâcher, même si elle se montrait d'un courage extraordinaire afin de tenir son rang et ses responsabilités. Jérôme la laissa parler, curieusement silencieux quand elle avait posé sa main sur son bras dans un geste d'apaisement. Etrangement, la politique avait fait son retour sans qu'aucun des deux ne l'ait vraiment voulu, à croire que c'était un sujet incontournable dans la noblesse. Ramenant cela aux derniers mots du Baron, elle donna une analyse de ses expériences pour relativiser les actes de Jérôme. Ils ne se lâchaient pas du regard, affrontant ce qu'ils disaient avec détermination. Etait elle soucieuse de son bien être ? le jugeait elle avec bonté afin de l'amadouer ? il ne le savait pas mais elle avait touché l'endroit sensible et tout comme il s'était confié à la Haute Prêtresse, Méliane semblait l'inviter à en faire de même, même si c'était inconscient. Le choix revenait encore sur le tapis, celui que Néera avait laissé aux hommes

"Me pardonner moi même, sans doute que ce serait facile si je le souhaitais. Balayer ce que j'ai fais sous couvert de mes responsabilités. Mais les familles qui ont perdu des êtres chers ou qui ne survivront pas faute du labeur perdu lorsque leur époux, leur père ou leur frère est mort, me pardonneront elles, elles ?"

Une fois de plus son regard, bien qu'ancré dans celui de la dame, se fit lointain, comme s'il était revenu sur le champ de bataille. Il continua de parler mais c'était comme s'il était absent

"Je préfère garder ce poids, qu'il soit un rappel de mes choix et de ce qu'ils ont apporté à mes gens. Je ne doute pas un instant que certains de mes choix étaient inévitables mais d'autres auraient pu l'être. Un jour peut être que je m'en débarrasserais mais c'est trop proche et je me dois de veiller sur ceux qui comptent sur moi. Vous avez raison, je ne me cache pas derrière mes erreurs et je ne fuis pas, j'assume totalement mes actes et si je dois en payer le prix, alors je le ferais. Si c'est ce que vous pensez de moi alors je vous remercie, c'est plutôt élogieux, j'espère que mes choix à venir seront à la hauteur de votre vision à mon égard."

Il n'était plus loin, il était revenu bien présent dans la salle, en face de Méliane alors qu'il terminait sa diatribe envers lui même. Il salua de la tête afin de remercier gestuellement les propos de la Duchesse

"Je tâcherais de m'améliorer chaque jour, de veiller sur le bien être de toutes les personnes qui sont sous ma charge. Nous avons des responsabilités et nous nous devons de les endosser comme il se doit. Profiter de nos droits sans faire notre devoir est un hérésie à mes yeux et même si j'ai faillis, je ferais amende honorable."

Jérôme avait aussi œuvré pour la paix, ne s'accrochant pas aux promesses de la couronne qui l'avait fait Comte d'Oësgard. Il avait abandonné son titre e quête d'apaisement avec le marquis de Serramire et ça avait payé, les deux hommes étant réconciliés et travaillant ensemble au redressement des terres sous leur coupe. La politique était maintenant omniprésente dans leur conversation, la Duchesse montant bien qu'elle n'était pas toute puissante non plus et qu'elle devait concilier bien des choses.

"Vos dires ne donne pas envie de dormir..Méliane. J'admire votre abnégation et vos foi débordante en l'avenir et ce que nous pouvons en faire"

Il avait parfaitement compris qu'elle faisais elle aussi allusion aux Anoszia, il n'oubliait pas non plus qu'Oschide en était un membre et il savait qu'elle avait fait allégeance à la couronne avant d'être rejeté par le chancelier, cet être étonnant qui se disait protecteur du Roy sans faire parti du royaume et qui veillait sur l'enfant tout en donnant ses titres à d'autres, le privant de son héritage. Jérôme avait envie de répondre à Méliane qu'au lieu d'être spectateur, ils pouvaient être ceux qui faisaient le prochain mouvement mais il avait aussi apprit à ses dépends ce qu'il pouvait en compter. Aujourd'hui il préférait être spectateur même si cela l'agaçait mais de toute façon, il n'avait pas les moyens de contrer une offensive pour l'instant et vu ses voisins belliqueux (doux euphémisme en regardant ses derniers actes), il préférait redresser ses terres avant de se retrouver comme une proie. Pour autant, il pouvait aussi essayer de faire avancer les choses d'une autre manière

"J'ai appris que Langehack avait fait serment à la couronne mais que celui-ci avait été rejeté. Qu'en est il du duchés, Méliane, serez vous le prochain pion à bouger ?"

Ils se connaissaient à peine et il se doutait que la Duchesse n'allait surement pas lui confier ces choses mais vu la conversation en cours, pourquoi pas. Et peut être que la discussion prendrait un autre tournant dorénavant.

Elle acquiesce silencieusement a ses paroles concernant l'amour et son souhait de ne pas avoir a subir la perte de l’être aimé. Finalement elle laisse échappée quelques mots qui revêtent d'une tristesse plus palpable qu'elle ne se le permet d'ordinaire. " Pour être celle qui reste Jerome, je ne souhaite cela a personne. " Elle avait perdue Oschide, elle avait perdue ses enfants, et le plus dure en cela résidait d'en le fait qu'elle même soit encore bien vivante. " Je vous suis gré de ne pas tenir rigueur de mon absence a votre mariage. Quand a ma fille, quand bien même je désirerais la garder auprès de moi, enfermée pour toujours dans l'enceinte protectrice d'une forteresse, je doute que cela soit a son gout. " Une lueur tendre s'en vient éclairée ses traits. " Puis ce serait la un souhait bien égoïste, l'on ne protège pas les gens que l'on aime en les empêchant de vivre. Le malheur quand on veut qu'il ne leur arrive rien, c'est que justement il ne leur arrive rien .. Le mauvais comme le bon. " Depuis les deuils qui l'avaient frappés, elle devait se faire violence, plus que jamais, pour laisser sa fille échappée a son regard, mais elle avait elle même un domaine a gérer et une vie a vivre. " Bien que mon amour pour elle me pousse a vouloir la protéger envers et contre tout, c'est ce même amour qui me rappel qu'elle doit faire ses propres erreurs, ses propres choix, il n'y'a qu'ainsi qu'elle apprendra et qu'elle trouvera le chemin de son propre bonheur, qu'il fusse loin de moi ou non. " Contre toute attente, être mère s’avérait souvent une tache bien plus ardue que celle d’être duchesse.

La discutions prenait décidément des tournures bien plus personnelles qu'elle ne l'aurait crue possible ou meme que tout deux auraient pus s'y attendre. Après tout, hormis quelques missives échangées, n'étaient ils pas de parfaits étrangers l'un pour l'autre ? Malgré cela, il semblait pourtant simple de converser avec le baron d'Etherna. Un homme complexe visiblement, profond et qui ne rechignait pas a assumé ses erreurs en en tirant les leçons s'imposant, elle appréciait cette qualité qui forçait le respect. " Se pardonner a soit même est plus dure qu'on ne pourrait le croire et ce qu'il y'ait eu raisons valables ou non a nos actes, veuillez en croire mon expérience. " Elle portait encore, sur son cœur, le poids de la mort de son premier époux. Tout monstre qu'il ait été, elle ne s'était jamais pardonnée d'avoir pris sa vie. Elle voyait d'ailleurs en la mort d'Oschide et de ses enfants une punition divine, mais cela elle le taisait tous. " Quand aux familles de ses victimes que vous imputez a vos actes, elles n'ont pas a vous pardonner. Elles le feront si cela est nécessaire a leur bonheur, mais vous vous pouvez vous pardonner en veillant a ce que cela ne se reproduise plus et en vous assurant que d'autres familles n'auront pas a payer le prix de vos choix. " Elle cherche a accrocher son regard pour ne pas qu'il ne se perde a nouveau en des souvenirs douloureux, c'était la un piège tentant auquel elle même succomber dans chaque moment de solitude.

Etant certaine d'avoir toute son attention, elle ajouta d'une voix douce. " L'important ne réside pas dans le fait de savoir si vous méritait ou non ce pardon. L'important est que la culpabilité est une émotion traîtresse, qui s'y vous n'y prenez pas garde pourrait bien vous rendre aigri et changer la nature meme de ce que vous êtes. " C'est la une crainte qu'elle avait elle meme, alors elle ne maîtrisait que trop bien ce sujet. " Vous pardonner ne vous fera pas oublier. Vous pardonner ne vous empêchera pas d’être meilleur a l'avenir. En revanche cela vous permettra d’être un homme plus léger, a même de faire les bons choix et de prendre les bonnes décisions, pour ce qu'elles doivent êtres et non en pénitence des crimes que vous pensez vôtres. " Un léger sourire pour ponctuer ses paroles, guère aussi lumineux qu'elle ne le voudrait, mais cela serait un peu trop lui demander en ces temps difficiles. Elle avait eu beau perdre Oschide voila plus de 2 Enneades et ses enfants en voila 4, la douleur restait a vif. La taire était une chose, simuler le bonheur était plus ardue. " Je vous souhaite de faire la paix avec vous même Jerome, peut être l'amour partageait avec votre future épouse vous aidera t'il en cela. A deux tout semble plus facile. " Si tenter bien entendue que l'on partage ses sombres secrets avec l’être aimé, ce dont elle même s'était bien garder, a tort probablement. Aujourd'hui il était trop tard pour les regrets.

La discutions s'en revint vers un ton plus politique mais après tout, sous le couvert de quelques amabilités et de pensées communes, pouvait il en être autrement entre grands noms du royaume ? " Je pense que Langehack, au vue de la situation péninsulaire actuelle, n'est point destiné a être un pion mais une pièce maîtresse. Tant de choses dépendent de mes choix futurs. Si je m'en retourne vers la couronne alors probable que la league dira adieu a ce a quoi elle aspire. Si en revanche, je trouve soutien auprès d'elle alors la couronne se trouvera dans une situation bien plus précaire. " Elle hoche la tete. " Une fois de plus tout est question de choix. " Je ne peux promettre de faire le bon, mais comme toujours il visera a une seule chose, la protection de mes terres et de mes gens. " Elle lui parle avec honnêteté, sans faux semblants, tel a un ami ou un allié. " Ma décision n'est point encore prise, tout ce que je peux vous dire a l'heure d'aujourd'hui, c'est qu'il me semble chose bien délicate que rejoindre une couronne qui me méprise ou qui tout du moins m'a méprisée jadis et a renouvelait son affront envers mon époux. " La colère embrase son regard. " Qu'importe que l'on m'est renvoyé mon serment au visage et on peut bien se dire que tout sera pardonné car aujourd'hui Oschide est mort, mais je n'oublie pas que 2 Enneades avant sa mort on l'a banni du royaume du Soltaar, lui le duc de Langehack. En ces conditions et alors même que j'offre asile a ce qu'il reste de sa famille, comment pourrais je faire un pas vers Cleophas et cette justice que l'on bafoue sous le couvert qu'elle serait la volonté d'un bambin encore incapable de parler. "

Elle inspire profondément. " Pardonnez moi pour cet éclat Jerome, autant fut un temps et ce malgré qu'il m'ait fait défaut, j'admirais les valeurs de l'Angleroy, autant aujourd'hui je peine a ne pas éprouver quelques rancunes contre l'homme qui se targue d’être désormais l'ami de l'homme a qui je dois tant de malheurs. Le berthildois a enlevé mon époux, allant contre tout les codes de l'honneur, il a brûlé ma pauvre belle sœur, nous empêchant ainsi de lui accorder un enterrement décent et la possibilité de faire notre deuil correctement. Et que reçoit il ? L'amitié de la couronne et son bon droit de porter le titre de marquis. " Elle inspire une dernière fois, se calmant cette fois totalement. " Nous en revoilà a cette histoire de pardon, mais en l'état des choses, bien que mon choix ne soit pas encore fait, car je me refuse a être l'étincelle qui embrasera la péninsule, il me semble chose difficile que de courber l''échine et de m'en retourner vers un royaume dont les clés sont bien ailleurs que dans les mains de l'enfant roi. "   Peut être le baron prendrait il ombrage de ses paroles, jetant ainsi un froid sur leurs discutions mais sur aussi une possible relation future, pour autant le duchesse ne regrettait pas ses mots. Ils étaient sincères et parfait reflet de ses tourments actuels. Elle détestait les opinions de façades ou les faux semblant, si bien qu'elle ne rechignait jamais a se montrer telle qu'elle pensait et ce quelque soit son interlocuteur.

Annoncer qu'il voulait être celui qui partirait avant était une erreur, il s'était oublié sur ce que subissait la Duchesse en cet instant même si ce n'était pas voulu

"Veillez me pardonner, ce n'est pas exactement ce que je voulais dire"

Un peu douché par sa franchise, il se retint de continuer, écoutant ce que Méliane avait à lui dire. La tournure plus personnelle que prenait la conversation était étonnante mais sans savoir pourquoi, les mots sortaient tout seul

"Votre sagesse est grande et vos mots emplis de vérité, mais comme vous le dites, ce n'est pas facile à faire. Je tâcherais d'y penser. Je ne vous promet rien mais sans doute que j’essaierais"

Nombre de nobles ne se seraient même pas posés ce genre de question, certain de leur bon droit, et surtout celui de diriger la populace comme bon leur semble. Jérôme n'était pas dans un moment propice pour chercher à se pardonner lui même, mais cela ne l'empêcherait aucunement de prendre des décisions, voir même de repartir au combat s'il n'avait pas le choix. Le poids des responsabilités étaient ainsi faites qu'on n'avait pas loisir de faire comme on le souhaiterait. Aucun sourire n'était venu répondre à ceux de la Duchesse, non pas qu'il ne la respectait pas ou qu'il ne voyait pas les efforts qu'elle fournissait, mais juste il n'y parvenait pas en revoyant les corps sur le champ de bataille à la fin de la journée. Par contre, cette fois, il avait relégué ses visions au fond de lui et il ne s'était pas perdu. Il inclinait en signe de compréhension et d’acquiescement de manière régulière tout en restant droit et fermé. Il finit par s'en rendre compte

"Veillez me pardonner, je dois faire un piètre compagnon en ce moment avec ce sujet qui me tient à cœur. J'ai pris bonne note de tout ce que vous m'avez dit, je les méditerais à tête reposée."

En effet, c'était la Duchesse qui était en plein deuil, de son époux et de ses enfants morts nés et c'était elle qui cherchait à le réconforter. Le retour de la politique encore et toujours, et voila qu'elle expliquait des choses au Baron qui n'en croyait pas ses oreilles. il n'aurait jamais cru qu'elle se confierait ainsi, même si elle ne dévoilait rien non plus de secret

"Vous désirez être un pièce maitresse, voila qui est intéressant et surprenant. Je n'aurais pas cru, après ce que vous avez subit, que vous voudriez vous porter sur le devant de la scène."

Il déchiffra les sentiments de la dame au fur et à mesure qu'elle parlait. il comprenait fort bien sa colère après ce qu'elle avait subit et cela ne la dévalorisait aucunement à ses yeux, même au contraire

"J'ai tenté d'être au premier plan et j'ai pris beaucoup de coup, être spectateur me convient pour le moment. Je suis étonné mais je comprends parfaitement votre point de vue. Personnellement, je n'aurais de cesse que de chercher vengeance. Vous êtes une femme remarquable et digne, cherchant le consensus et la paix. J'espère que Néera comprendra ce que vous êtes et qu'enfin elle vous favorisera, vous le méritez bien plus que nombres de nobles."

Jérôme était on ne peut plus sincère même si parler de faveur de la Damedieu était difficile vu ce que la Duchesse venait de traverser, il ne pouvait pas ne pas le dire face à cette femme qui, envers et contre tout, cherchait la voie la plus pacifique

"Le Baron de Merval est un homme surprenant, il quitte la royaume mais il se proclame protecteur du Roy. Il clame protéger la couronne tout en donnant les titres légitimes du Roy à d'autres. Il y aura bien un jour ou il devra à son tour rendre des comptes sur ses actes. Je pense que si un royaume se reconstruit avec l'entièreté des territoires d'autrefois, des questions seront posées."

Les derniers actes de Godfroy n'avaient pas non plus plaidés pour lui. Trahir toutes les traditions et protocole, avoir deux nobles qui décèdent et aucun égard pour eux, cela aura forcément un impact. La victoire à tout prix n'est pas toujours la meilleure des solutions. Jérôme avait d'ailleurs déjà demandé à son frère de renforcer la surveillance de la frontière avec Sainte-Berthilde et Olyssea.

"Vouloir être une pièce maitresse sans vouloir embraser la péninsule, ni pardonner, excusez moi mais je pense que ce sera difficile. Comme vous le dites, des choix devront être fait."

Jérôme laissa un petit silence avant de reprendre

"Peut être qu'une autre voie peut s'ouvrir à vous Méliane. En effet, Odélian est aujourd'hui aussi isolé que vous ne l'êtes et devant le renforcement de Sainte-Berthilde avec la couronne et la menace que Serramire dispose à l'encontre d'un ancien vassal de juré, peut être qu'un rapprochement entre Langehack et Odélian amènerait un bloc assez important pour peser. Isgaard est une épine dans le pied mais tous les protagonistes ont disparu, peut être qu'il serait temps de renouer le dialogue et d'enterrer les griefs. Attention ne voyez pas la un engagement de ma part, je ne sais pas si le marquis d'Odélian partage ce que je viens de vous dire, peut être même qu'il va plutôt se rapprocher de la couronne ou de la ligue, mais songez y. A moins que vous ne préfériez vous rapprocher de Serramire qui a magnifiquement œuvré pour récupérer deux terres vassales sans effusion de sang. Des choix il y en a comme vous l'avez souligner mais garder votre esprit ouvert, ne vous enfermez pas sur ceux qui semblent les plus logiques car ce ne sont peut être pas les meilleurs. Dans tous les cas, une fois encore, si vous voulez être une pièce maitresse, je pense que vous devriez agir avant les autres, ce qui vous mettrez sur la défensive ou à devoir les contrer plutôt que de faire la donne vous même."

Jérôme était un piètre politicien, il excellait sur un champ de bataille et encore plus en duel, mais il était Baron et même s'il voulait rester en retrait, il faisait parti du jeu, quoi qu'il en pense. Il pensait avoir donné un avis neutre et détaché.

Quand il demanda pardon pour ses mots, elle agita doucement la main pour lui signifier que point n'en était besoin. " Ne vous excusez pas d'avoir porter ce souhait a voix haute, je pense que c'est la un désir égoïste que nous avons tous. Partir avant l’être aimé pour ne point connaitre la douleur de sa perte. Veuillez ne pas croire devoir me materner par ce que je suis en deuil, croyez bien qu'autour de moi on ne le fait que trop déjà. " Voila pourquoi cette discutions lui était aussi rafraîchissante, chaque journée était une nouvelle vague de gens bien attentionnés. Tous plein de compassion et qui se soucier du fait que la douleur puisse être lui intolérable au point de la faire ployer alors qu'elle même s’efforcer de la mettre suffisamment de coté pour ne pas sombrer. Parfois les plus gentilles attentions n'étaient pas les meilleures. Elle n'était pas de porcelaine, elle n'allait pas se briser au moindre choc supplémentaire et c'était peut être bien ça le plus douloureux, être capable de faire face et d'avancer alors qu'on lui avait arraché des êtres aimés.

" Je crains de ne pas être aussi sage que ce que mes mots laissent entendre, j'ai fais des erreurs comme tout a chacun mais j'aime a croire que j'ai appris d'elles comme vous même l'avez fait des vôtres. " Elle ajouta quelques mots encore sur ces sujets personnels pour le rassurer quand a sa compagnie. " Tranquillisez vous, vous ne m’êtes point un mauvais interlocuteur, bien au contraire. Vous m’êtes une distraction fort bienvenue en ces temps difficiles et je vous suis fort reconnaissante des instants que vous m'accordez alors même qu'avec un mariage a l'horizon votre temps doit être précieux. " La discutions pouvaient a présent s'en retourner vers des tournures plus politiques, elle écouta avec soin ce qu'il avait dire, prenant le temps d’assimiler chacune de ses paroles avant que ne vienne a nouveau son tour de parler. " En politique, comme dans bien des aspects de la vie, il importe souvent bien peu de ce que l'on désir, ce qui prime étant selon dont on a besoin. Je n'avais pas pour envie de devenir la pièce maîtresse d'un jeu corrompu de par bien trop d'aspects, mais puis je ignorée que je suis a la fois la voisine des terres de la league et de celles de la couronne ? " Elle secoue la tête.

Un petit moment de silence se fait, comme si elle réfléchissait puis finalement elle se lève pour faire quelques pas avant de lui faire a nouveau face. Restée inactive n'avait jamais était son fort. " Il ne serait guère prudent de ma part d'oublier que le Berthildois peut toujours m’être une menace et que mon duché est pour l'heure bien isolé. Et je prends pour devoir que de protéger ce qu'il reste de la famille de mon époux, il n'est plus la pour le faire, c'est donc a moi qu'il en incombe. En mesure de tout cela, il serait chose peu aisée que d'attendre sans rien faire, en espérant que le prochain coup du destin ne me terrasse pas moi et les miens. " Elle soupire puis elle accroche ses yeux aux siens, ils sont éclairés d'une profonde conviction. "Humblement, je vous le dis, je ne suis pas une femme en soif de pouvoirs ou de bien, je suis montée sur le trône du Langecin par la même motivation que celle qui me poussera bientôt a faire des choix difficiles. La réunification et la paix et non le désir de porter couronne. Seul les ignorants du coût du pouvoir peuvent le désirer aveuglement. Les dieux nous sont témoins que les dissensions de la péninsule nous ont trop coûtés a tous. Trop de sang a coulé, trop de larmes ont étés verser. Les derniers événements ayant entachés nos terres, de par des conflits belliqueux, m'ont pris beaucoup pourtant mon cœur n'ait point chargé de rancune ou de vengeance. J'ai le recul de voir les erreurs de chacun et le souhait sincère que nul autre n'est a subir les pertes qui furent miennes. Si l'on me demander de déposer mon titre ce jour, en gage d'une paix nous unissant tous, je le ferais sans regrets. Pour la paix, pour la vie, pour le bien de mes terres et de mes gens, je suis prête a sacrifier beaucoup .. J'ai déjà sacrifiée beaucoup. " Une douleur palpable perce dans ses mots.

Elle poursuit néanmoins, un triste sourire venant éclairé ses traits. " Malheureusement nous savons vous et moi que ce ne sont pas les idéaux de tout les nobles et que déposer ma couronne ne ferait que voir émerger une nouveau duc ou une nouvelle duchesse qui aurait peut bien moins a cœur la paix que moi. Je ne nierais pas que je suis en colère, que j'ai des griefs. Mais je ne souhaite pas vengeance, je ne souhaite pas la guerre. Pour autant si il faut en passer par la pour protéger ce en quoi je crois alors je ne fuirais pas face a ce choix. " Elle s'approche a nouveau du canapé sans pour autant s'y rasseoir. " Je vous remercie pour vos mots et conseils Jerome, quand viendra l'heure de choisir je ne les oublierais pas. Odelian est en effet une hypothèse a considérer, bien que je craigne que l'entente entre le marquis et mon époux n'ait pas été de la meilleure augure pour l'avenir. " Malheureusement il était un doux euphémisme de dire que son époux n'avait pas susciter bon nombres de mauvais sentiments chez les nobles de tout horizons et c'était a elle de faire désormais avec. " Toujours est il que vous avez raison, je ne saurais attendre que l'on nous frappe a nouveau, des décisions seront bientôt a prendre. Ce que j'ai repoussée par respect envers mon deuil ne le sera pas éternellement. J'ai encore la foi de pouvoir en passer par la diplomatie et régler les choses par la paix, mais si il devait en être autrement alors que les dieux nous protègent. " Mais les dieux étaient sans doute bien trop lasse des conflits stériles et sans fin de l'humanité pour s'en soucier encore. Si en cette période douloureuse, faire passer la femme avant la duchesse lui était un bien salvateur, il n'en restait pas moins que certains jours la tache était plus ardue que ce que pouvait s'imaginer le commun des mortels. De ses prochaines décisions dépendraient tant de choses et pourtant elle n'ignorait pas que bon nombres de regards se portaient vers ses terres pour savoir ce qu'il en serait de l'avenir et cela la pressait a faire des choix, puissent ils êtres les bons.

Venu pour se recueillir, voila qu'il se retrouvait en pleine conversation politique avec la Duchesse, et sans savoir comment ça en été arrivé la

"Si je vous distraits, alors j'en suis heureux. Quand à mon temps, je dois vous avouer que les journée sont bien courtes et que j'aimerais souvent qu'elles s'allongent afin de pouvoir faire la moitié de ce que je voudrais. Mais vous devez aussi connaitre ce sentiment. Toutefois, il ne m'était pas concevable de ne pas venir à Langehack me recueillir."

Jérôme écouta religieusement la Duchesse, surpris qu'elle lui réponde et encore plus étonné de ce qu'il entendait. Quelle lucidité elle avait sur la situation malgré tout ce qui lui arrivait, il savait pourquoi il la sentait forte. De même que sa forte volonté de paix alors que lui aurait cherché vengeance par tous les moyens

"Vous avez raison, beaucoup de nobles ont oublié qu'ils avaient des devoirs et pas uniquement des droits, tout comme il faut savoir faire des concessions plutôt que de toujours vouloir ce qu'ils désirent, allant jusqu'au pire."

Elle avait toute son attention, fini ses errances mentales lors de ses souvenirs, Il fixait la duchesse, yeux dans les yeux, s'attardant étonnamment sur ses lèvres sans savoir pourquoi. Il s'était naturellement levé quand elle en avait fait de même, par respect mais il restait la ou il était, sans bouger, scrutant les sentiments qui parcouraient Méliane

"Je me trompe peut être, mais j'ai comme l'impression que les choix que vous allez devoir faire, vous les connaissez déjà et que vous savez ce que vous ferez. Dans ce cas, excusez moi d'avoir tenté d'interférer, je n'avais pas l'intention de vous dire ce que vous devez faire."

Jérôme ne connaissait pas la Duchesse avant ce moment mais il avait comprit qu'elle n'était pas faible, ni frêle comme certains pourraient le penser. C'était une femme de conviction, qui souhaitait la paix mais qui était prête à toutes les éventualité. Langehack semblait avoir une Duchesse de poids, encore faudrait il voir si les actes suivraient les pensées mais il pensait que c'était le cas

"J'ai la malchance d'être un piètre politicien, ce qui est un tare vu mon statut, mais si jamais vous avez envie de discuter avec un néophyte qui a un regard de novice, ce sera toujours une joie que de converser avec vous. Mais je me doute que vous avez suffisamment de conseillers...je m'égare en fait."

Méliane s'étant rapprochée du canapé, ils étaient tout proche. Elle n'était pas petite mais Jérôme la dominait par la taille mais pas par le charisme à cet instant présent

"Vous semblez déterminé à agir la première, c'est un bon choix, j'ai hâte de voir la ou le chemin que vous allez emprunter vous mènera et si la péninsule le suivra. Vous pouvez être certaine que je guetterais avec attention les prochains mouvement de Langehack. en tout cas, ne rendez pas votre couronne, le Duchés à de la chance de vous avoir"

Ce n'était pas la des menaces, ni un avertissement, il était sincère et sa curiosité avec été piquée à vif.

Elle ne comprenait que trop bien les allusions du baron quand au manquement de temps, dont les gens de leur position pouvaient connaitre les affres. " Le temps est une chose curieuse, a la fois trop court et trop long. Filant quand nous ne le désirons pas et s'éternisant quand nous voudrions le contraire. " Ses journée étaient trop courtes pour tout ce qu'elle désirait faire, mais ses nuits bien trop longues pour qu'elle ne réussisse a se soustraire a sa douleur. Cette petite allusion aux mystères du temps fut la dernière note d'une conversation un peu plus légère avant que la politique ne prenne toute la place. Jerome était un interlocuteur attentif, visiblement curieux du devenir de Langehack, probablement comme beaucoup d'autres en ces temps troubles. C'est avec honnêteté qu'elle avait parlée, ne cherchant rien d'autre en lui qu'un possible allié ou plus vraisemblablement un ami.

Ils se faisaient face, tout deux debout. Ce qui n'était peut etre guère agréable pour l'homme qui avait fait un long voyage, mais elle ne passait deja que trop de temps assise a sa table de travail, a celle du conseil ou sur son trône, elle avait besoin de mouvement pour rester alerte, pour se sentir vivante et non prompte a sombrer dans la mélancolie qui n'attendait que de fondre sur elle. " Le malheur avec le pouvoir, c'est qu'il n'appartient pas toujours a ceux qui le méritent. Il est souvent l'objet d'un héritage que l'on se transmet par le sang et non de par les vertus qui font un bon leader. " Elle même ne tenait pas son trône de cela, mais de par ses convictions et l’appui de la noblesse Langecinne. " Néanmoins, les grands noms du royaume ne sont pas dénués de bon sens ou de bons sentiments .. Du moins pour certains. Peut être ont ils besoin d'un rappel, mais j'ai la conviction que nous pouvons tous œuvrer pour un futur meilleur. " Elle fait claquée distraitement sa langue. " Si tenter bien entendue que nous le voulions et que certains ne se laissent pas pervertir par les voix de la facilité ou par de bas instincts. "

Ses lèvres s'étirent légèrement quand il sous entend qu'elle a déjà fait son choix. " Mes choix sont au reflets de la situation Jerome, en constante évolution. Ce qui est sure c'est que je ne suis pas femme a faire de mes choix une réalité sur un simple coup de tête. Quand viendra l'heure pour Langehack de se positionner alors ce sera le résultat d'une décision mûrement réfléchie. " Ses lèvres s'étirent un peu plus en un faible sourire, marque de gratitude quand aux mots du baron, bien que ce n'est la qu'une pale copie de ce qu'il devrait recevoir. " En ce sens, je ne vous en veux nullement de vos mots. J'aime croire que j'ai l'esprit ouvert et que je sais entendre conseils quand besoin s'en fait. L'obstination et la fermeture d'esprit ne sont guère une qualité quand l'on porte couronne. Je vous suis dont gré de vos conseils et sachez que je saurais en faire bon usage. " Certes les paroles de l'homme n'influeraient peut être pas sur ses choix, mais il n'en était pas moins vrai qu'elle les considérait avec valeur et saurait ne pas les oublier.

" Baron, je crains qu'aucun d'entre nous ne soit en vérité un bon politicien. Nous faisons tous du mieux que nous pouvons avec les moyens que nous avons. Qui pourrait se targuer de prendre les meilleurs décisions ou de prodiguer les meilleurs conseils sans faire preuve de vanité ? " Elle s’efforça de rendre son sourire un peu plus lumineux, malgré la douleur qui en tout temps continuait d'assombrir son regard. " Ce serait également un plaisir pour moi de converser avec vous sur les sujets qu'il vous plaira. A mon sens l'on n'a jamais trop de conseillers ou trop d'opinions. Parfois il suffit d'une regard neuf ou d'une nouvelle idée pour que la situation paraisse sous un autre jour et meilleure solution trouvée. " Ses mots étaient sincères, les éloges qu'Oschide lui avaient faites de l'homme étaient méritées, si bien qu'elle regrettait qu'il lui soit un voisin si lointain. Elle aurait sans doute beaucoup appréciée pouvoir converser plus régulièrement avec lui et espérait que le sentiment soit partagé, malgré les grands discours dont elle l'avait assommée et tout cela pour une première rencontre. Il était chose étrange que les liens qui parfois se créer, certains prenaient du temps et d'autres vous apparaissez naturel sans qu'efforts ne soient nécessaires.  

Elle s’apprêtait a répondre a ses derniers mots, le remerciant par la même pour le compliment qu'il avait portée a sa personne, quand un coup discret fut frappé a la porte. " Entrez. " Une jeune servante fit son apparition, s'inclinant bien bas devant la duchesse puis devant le baron. " Que votre altesse me pardonne, je viens quérir votre plateau si vous en avez finis et m'assurer que vous n'avez besoin de rien. " Méliane avisa que la tasse de Jerome a l'image de la sienne était vide, si bien qu'elle acquiesça. " Nous en avons terminés, merci. Rien d'autre ne me sera nécessaire pour ce soir, vous pouvez disposée. " Voyant que la servante ne bougeait pas, Méliane s'en étonna mais elle eu tôt fait de comprendre. La jeune fille ne semblait avoir d'yeux que pour le baron. " Hum hum. " Laissa t'elle échappée plus amusée que réprobatrice en levant les yeux au ciel. La damoiselle devint rougissante, se hâte de débarrasser puis s'éclipsa, le plateau tremblotant de par son agitation. Une fois qu'ils furent a nouveau seuls, la dame de Lancrais porta un regard taquin sur Jerome. " Je ne sais si votre présence en mon palais est bonne pour mon personnel, il semble bien que vous fassiez tourné la tête de mes servantes. M'est avis que votre future épousée devrait prendre garde a l'intention que vous accorde ces dames. "

Pour la première fois depuis le début de leur entrevue, son regard se faisait plus serein, moins emprunt de douleur. Cela était bref mais appréciable. Et pour cause, la situation lui provoquait une vague de souvenirs agréables. Oschide avait lui aussi eut l'art de tourner la tête des servantes. Elle était dans un de ces moments ou elle oubliait la façon dont il l'avait quitté, les peines qu'il lui avait causé, le fait de l'avoir perdue. Ne restait que les souvenirs heureux et le bonheur de l'avoir aimer. C'est dans ce sentiment de quiétude passagère qu'elle proposa: " Puis je demandée que vous partagiez encore ma compagnie, le temps de faire une ballade dans les jardins ? Si tenter que vous ne soyez pas frileux, le spectacle nocturne en vaut la peine. " Peut être aussi n'avait t'elle pas envie de s'en retourner tout de suite a sa peine et a sa solitude, consentait t'elle a s'avouer.

L'on aurait dit que les deux nobles se connaissaient depuis toujours tellement la conversation était fluide entre eux. Jérôme avait beaucoup, beaucoup, beaucoup voyagé ces derniers temps, et avec les entrainements aux armes intensifs qu'il s'était octroyé, il avait une condition physique parfaite. Aussi la fatigue musculaire n'était pas présente. Il dormait très peu et son entourage proche pouvait avoir des craintes de le voir tomber malade mais sa nouvelle régence d'Oësgard en plus de ses déplacements dévoraient littéralement le temps dont il disposait. Cette entretien avec la Duchesse était presque reposante si on oubliait le côté dramatique et la douleur qui était la sienne. De son côté Jérôme était tout au contraire, en effet après une décente aux enfers lors de sa dernière entrevue avec Arsinoé de Sainte-Berthilde, l'ancienne régente, il était allé de problèmes en problème, mais depuis la fin de la guerre contre les sombres, tout lui souriait. Une aube nouvelle avait fait jour aux ténèbres, il s'était réconcilié avec ses deux suzerains qu'étaient Aymeric de Serramire et Gaston d'Odélian, il avait gagné la régence de la baronnie et le sénéchalat de Serramire. Aline avait accepté sa demande en mariage et la Haute-Prêtresse allait même l'officier. Les liens avec son amie Maélyne allait se raffermir avec l'union de son frère. Tout allait pour le mieux si ce n'était le poids de la culpabilité, ses interrogations sur la religion et le climat politique actuel. Mais bon, par rapport à la Duchesse, il se portait à merveille et cette fatigue ne l'atteignait pas

"Vous avez une vision des choses très intéressante Méliane. Si tout le monde pouvait avoir la même,la péninsule ne s'en porterait que mieux. Je renouvelle mon compliment, je suis heureux d'être venu et vous avoir rencontré, cela me redonne de l'espoir en l'avenir"

Elle avait quelques tics avec ses lèvres qui ne dérangeaient en rien le Baron. Il avait l'impression que sa tristesse s'amenuisait au fil de la conversation

"C'est un plaisir que de converser avec vous en tout cas, ça change radicalement les derniers entretiens que j'ai eu avec au sein de la noblesse. Tous parlaient de paix mais tous se renfermaient et préparaient la guerre, moi le premier, je l'avoue honteusement. J'avais mis de côté une sortie pacifique de tout ce qui sépare la péninsule aujourd'hui, je suis surpris...agréablement...de voir que tous ne sont pas pareil."

Converser de tout et n'importe quoi, c'était tentant mais Jérôme n'avait plus parler d'autre chose que de politique ou de guerre si ce n'était à Aline et Irys, il aurait donc bien du mal

"Ce sera une joie que de parler de tout ce que vous désirez, Méliane, la politique n'est pas mon sujet préféré même si c'est malheureusement celui qui revient le plus souvent"

Soudain, l'on frappa à la porte, ce qui interrompit la conversation. Jérôme se tourna naturellement vers la nouvelle arrivante, laissant la Duchesse lui répondre puisqu'il n'était pas chez lui. Il ne s'attarda pas sur la servante, ni qu'il les méprisait, bien au contraire, juste ce n'était pas sa préoccupation à l'instant présent. Ce fut le "hum hum" de Méliane qui le ramena sur la jeune femme alors qu'un silence s'installait. En homme amoureux et n'ayant plus ce sujet en tête, il ne remarqua même pas que c'était lui la cause de cela. Il vit bien qu'elle rougit avant de partir tremblante mais à aucun moment, il ne pensa que c'était de sa faute qu'elle s'était faites rabroué, très gentiment d'ailleurs. Revenant sur la Duchesse maintenant que la servante n'était plus la, il vit une lueur d'amusement dans ses yeux, ce qui le surprit. Lorsqu'elle reprit la parole, il comprit soudainement ce qui venait de se passer. Ce fut alors lui qui rougit

"Quoi ? qu'est ce ? heuuu...Je suis navré"

Il bafouilla, indigne de son titre puis lorsqu'il avisa l'ironie, il sourit pleinement pour la première fois. Nul doute que le noir rehaussait sa couleur de cheveux et de ses yeux et ses entrainements répétés l'avait doté d'une musculature fine et sculptée. heureusement, ses vêtements ne permettaient pas de voir tout cela bien que ce soit subjectif. Ajoutant sa réputation, si elle était parvenue jusque Langehack, il pouvait faire de l'effet à ces dames sans le vouloir. L'amusement l'avait gagné maintenant qu'il avait reprit constance

"Je suis de nature fidèle, ma promise ne devrait rien avoir à craindre mais vous pouvez lui en glisser deux mots, cela pourrait s'avérer drôle."

Jérôme tendit son bras à la Duchesse lorsqu'elle demanda à faire une ballade

"Votre charmante compagnie m'est agréable, si je peux me permettre d'en abuser, c'est avec joie. Et pour la fraicheur, les nuits passées dehors lors des chevauchés et des campagnes forge un homme, je suis loin d'être frileux, même au contraire."

Il fallait croire que Jérôme avait le sang chaud, il souffrait rarement du froid, tant qu'il était couvert tout de même, il restait un homme. Méliane était une très belle femme aussi mais il aurait été malvenue de la complimenter après son deuil et la perte de ses enfants. L'amusement avait ses limites et Jérôme sut se retenir. Ils sortirent alors, bras dessus, bras dessous

"Je connais peu Langehack, à part ce que m'en ont dit mes conseillers et les livres. Et pourtant, chaque fois que j'ai rencontré quelqu'un du Duchés, c'était toujours une personne sympathique et charismatique"

En fait, il avait rencontré peu de gens de Langehack, il se souvenait surtout de l'ancienne Duchesse, Jeanne de Sephren, une femme qui l'avait captivé en une seule rencontre, tout comme Méliane. Mais bon tout compliment est bon à prendre et à faire, même si c'est un peu exagéré.

"Avez vous une préférence pour apprécier le spectacle ? un endroit ou la vue est imprenable ?"

Jusque dans sa gêne, le baron avait une façon curieuse de lui rappelait son époux. Oschide lui même était peu conscient de l'effet qu'il produisait sur la gente féminine et quand il s'en rendait compte, il devenait maladroit. Elle se refusa a se laisser se distraire de cela, de crainte que la chagrin ne la submerge a nouveau. " J'espère avoir un jour le privilège de rencontrer la dame qui a ravie votre cœur. Mais il m'est avis qu'elle aura probablement déjà remarquée l’intérêt que vous suscitez chez les dames, sans que je n'ai pour cela le besoin de l'en informer. " Ce n'était pas de la flatterie, ni même un compliment, en ces temps sombres elle était fermée a ce genre de choses. C'était la un fait, Jerome était un fort bel homme, si bien que ses mots furent prononcés sans embarras aucun.

Elle hocha la tête en s'emparant du bras qu'il lui tendait. Bien entendu, il était autre chose qu'un noble habitué a la vie de château. Une fois de plus a l'image du regretté duc de Langehack, lui aussi avait côtoyé la dureté d'un champ de bataille. " Il m'est heureux d'apprendre que seuls de bons souvenirs vous lient a mes terres. Mais je crains voyez vous que nous aussi, nous ayons nos mauvaises graines, mais que cela reste entre nous voulez vous. " Plusieurs gardes s'inclinèrent sur leurs passages tandis qu'ils arpentaient les couloirs. " Il y'a un endroit en effet que j'aime beaucoup, l'une des terrasses attenantes aux jardins intérieurs. La vue y est superbe. " C'est dont en cette direction qu'elle le guida, consciente que Jerome risquait bien d'y avoir une surprise de taille. Rester a espérer qu'il aime les animaux et non qu'il les craigne.

Leurs pas les amenèrent bientôt en dehors du palais, la lune était pleine et une brise légère venait les caresser. L'air était frais mais pas encore trop mordant. Des torches étaient accrochés ici et la, éclairant de leurs halos la splendeur des lieux. " Votre fiancée doit vous manquée, était elle avec vous a Diantra ? " Inclinant légèrement la tête vers lui, elle ajouta sur un ton d'excuses. " Vous m'excuserez quelques marques de curiosité, mais je pense que nous nous sommes assez assommés de politique pour la soirée. N’êtes vous pas d'accord ? " Méliane les fit passer une barrière de fer forgé. En y regardant de prés, l'on pouvait s'apercevoir que cette partie du jardin ressemblait a un enclos. Devant eux, a l'ombre d'un massif de rosiers, ils purent bientot apercevoir une forme avachie sur un banc de pierre. Une forme qui se dressa bientôt sur ses pattes, en avisant qu'elle avait de la compagnie, étirant ses longs membres. Dos bombé, babines retroussées, dents en avant, un feulement agressif sortant de sa gorge avant qu'elle ne bondisse sur le sol.

Elle s'approcha lentement d'eux, presque paresseusement, mais sans pour autant quitter l'objet de son mécontentement des yeux. Jerome. Elle semblait le jauger du regard, feulant de plus belle a mesure qu'elle l'approchait. Un claquement de doigts de Méliane et la Lyngre abaissa les oreilles pour se laisser glisser ventre a terre. La duchesse quitta alors le bras du baron en secouant la tête avant de se diriger vers l'imposante boule de poile. " En voila des manières Grinewina. Jerome est un ami et il ne me veut pas le moindre mal. " Ayant détournée son attention de celui qui avait faillie servir de repas, la dame de Lancrais glissa une main entre les oreilles du prédateur, le caressant avec affection. Grinewina lui avait été offerte par la marchande Milynéa Lythandas, voila une année déjà. Elle n'était alors qu'un bébé inoffensif.

Désormais sous ses airs d'adorable chat, la Lyngre pouvait s'avérait redoutable. La duchesse se redressa, le félin se prélassant désormais entre ses jambes quémandant quelques affections et n'ayant plus l'air nullement dangereuse, pour poser a nouveau ses yeux sur son compagnon de ballade. " Pardonnez la, elle est très protectrice et peut être un brin possessive, j'espère qu'elle ne vous a pas causée trop grande frayeur. " Oschide avait eut quelques difficultés a se faire accepter de l'animal qui tout de suite, sans doute même avant eux, avait détecté l’intérêt qu'il avait pour sa maîtresse. Encore des souvenirs, toujours plus de souvenirs, a la fois merveilleux et douloureux. Elle s’efforce de ne pas perdre son sourire, son amie poilue sembla sentir sa détresse puisqu'elle se frotta de plus belle contre elle. Reconnaissante, Méliane lui caressa la tête avant de déclarer d'un ton taquin a l'adresse du baron. " Vous pouvez vous approcher, elle ne va pas vous manger  ... A moins que je ne le lui ordonne bien sur. "

 

Voila que la Duchesse était taquine, cette conversation était décidément pleine de surprises. Jérôme souriait naturellement maintenant

"Ce sera un plaisir que de vous présenter Aline, je ne doute pas un instant qu'elle sera ravis de pouvoir s'entretenir avec vous. Vous pourrez alors la mettre en garde sur mon pouvoir de séduction"

Il rit afin de marquer son trait d'humour. Il ne savait pas si Aline avait déjà remarqué l'effet qu'il procurait à la gente féminine. Lui même ne faisait plus trop attention, étant habitué et SURTOUT, n'ayant plus d'yeux que pour une seule, même s'il savait s'avouer quand une dame était belle. Méliane l'était d'ailleurs, l'idée lui vint de savoir si elle retrouverait un époux lorsque son deuil serait terminée. bon ça risquait d'être long mais son statut n'aidait pas à vouloir rester seule, il se doutait que les conseillers la presserait. Encore plus s'il y avait un partit arrangeant pour sceller un pacte, ce qui n'avait pas été trop le cas avec Oschide. La discussion prenait une tournure plus légère, ce qui n'était pas un mal non plus

"Qui n'a pas ses brebis galeuses ? je n'en parlerais à personne, n'ayez crainte"

Il dit cela avec un ton ironique de confidence secrète, pour l'amuser. Depuis la fin des hostilités à Oësgard et ses fiançailles avec Aline, Jérôme avait retrouvé une certaine joie de vivre, du moins extérieur. Son côté enjoué qu'il avait avant de subir trop de pressions et qui avait disparu depuis plusieurs années était revenu. Toutefois, il se voilait un peu la face, étant meurtrit profondément par sa trahison et celle qu'il avait subit, ainsi que par le poids des guerres qu'il conservait sur ses épaule. Il était aussi devenu un brin paranoïaque depuis. Les deux nobles marchèrent donc jusqu'à se retrouver dehors, c'était la pleine lune, un spectacle que le Baron adorait bien que les torche gène à la contemplation des étoiles et de l'astre lunaire

"Vous êtes toute pardonnée et une fois de plus vous avez raison, assez de politique. Aline me manque énormément, c'est un fait. J'ai beaucoup voyagé, et plus que d'habitude encore ces derniers temps alors que j'aspire à être à ses côtés à chaque instant. Effectivement elle était à Diantra avec moi, c'était agréable"

Jérôme ne dit pas qu'elle avait fait une crise d'angoisse le jour de la cérémonie. D'abord parce que cela n'aiderait pas à garder le ton léger de la conversation, ensuite parce qu'il pensait qu'Aline n'apprécierait pas qu'il en parle. Soudain, Jérôme avisa une forme dans l'enclos ou ils se trouvaient. Instinctivement il se positionna en avant par rapport à la Duchesse pour la protéger si besoin. Galant et guerrier en plus d'être un homme, il ne pouvait dignement pas laisser une dame se faire attaquer. Il comprit instantanément que c'était un animal et vu le son qu'il entendit sortir de sa gueule, il pensait à une sorte de tigre. Que pouvait faire ce genre d'animal ici ? tous les sens en alerte, le Baron était prêt à se battre avec même s'il savait qu'il aurait peu de chance d'en ressorti indemne, voir vivant. Il était en train d'observer l'animal, cherchant ses points faibles comme les yeux ou tout ce qui lui ferait mal. Le Lyngre, puisqu'il reconnut l'espèce pour l'avoir déjà vu dans plusieurs livres, n'avait d'yeux que pour le Baron. Déjà il s'en prendrait d'abord à lui, ce qui laisserait le temps à la Duchesse de fuir. Voyant qu'il avançait doucement vers eux, Jérôme se demandait s'il devait attendre ou agir le premier. Il était tendu à l'extrême, prêt à bondir vers son adversaire.
puis soudain, Méliane s'élança vers la créature et Jérôme comprit qu'il s'agissait d'un animal de compagnie. Le Baron changea immédiatement de posture, comprenant qu'il devait oublier ses intentions belliqueuses pour ne pas envenimer la situation. C'était maintenant la curiosité qui l'emportait alors qu'il regardait le Lyngre se frottait à la Duchesse, quémandant de l'attention. Il souriait devant ce spectacle attendrissant d'un animal si dangereux qui était fidèle

"Il n'y a pas d'offense, mais effectivement, j'ai crains pour votre vie...et aussi un peu pour la mienne, j'avoue"

Il rit en finissant sa phrase

"J'espère que ma compagnie vous est suffisamment agréable pour que vous ne lui donniez pas un tel ordre"

Jérôme commença à s'approcher doucement, afin de ne pas effrayer l'animal

"C'est une bête magnifique, j'aime beaucoup les animaux, tant qu'ils ne sont pas dangereux pour ma vie ou celles des gens que j'aime"

Un nouveau rire mais plus discret alors qu'il s'agenouillait pour venir caresser le Lyngre entre ses oreilles

"Comment se fait il que vous possédiez un tel animal de compagnie ? Est ce facile de l'apprivoiser ?"

Tout en parlant, Jérôme n'avait d'yeux que pour l'animal, il était fasciné par sa grâce et la force qu'il dégageait.

Sous ses airs bravaches et le coté chevaleresque évident dont il avait preuve, se mettant au devant d'elle dés l'apparition de l'animal, le baron ne semblait éprouvé pas la moindre gêne a faire part de la peur qu'il avait momentanément ressenti. Un trait de caractère que Méliane apprécia grandement chez lui. " Savez vous Jerome qu'il est fort agréable que de voir un homme avouer sans ombrages qu'il a eut peur. La plupart aurait joué les fanfarons, se targuant de leur habilité a ne point éprouvé ce genre de sentiments. " Elle leva les yeux au ciel, signifiant bien ce qu'elle pensait de ce genre d'individu. La Lyngre émit des ronronnements sonores sous les caresses. " Certes en l'instant elle a l'air bien inoffensif, mais seul un fou ne craindrait pas Grinewina, moi même malgré sa loyauté, je n’oublie pas qu'elle reste un prédateur dangereux. "

La Lyngre, bien que continuant de se prélasser contre sa maîtresse, avait retournée toute son attention sur l'intrus bien consciente qu'il s'avançait vers elle. Néanmoins son comportement n'était plus agressif, la main de la duchesse flattant sa fourrure lui rappelant qu'il n'était pas une menace. " Rassurez vous, je n'ai encore jamais ordonnée qu'elle mange qui que ce soit. " Elle posa brièvement sa tête sur celle du félin. " Puis Grigri est suffisamment bien nourrie pour ne pas dévorer le premier homme qui passe, pas vraie ma belle ? " Elle s'écarta un peu, une lueur de pure affection réchauffant son regard, puis elle laissa Jerome s'approchait pleinement. " Si vous promettez d’être bien gentil avec moi, elle ne vous fera pas le moindre mal. "  

Un sourire, un véritable cette fois. Un comme il n'y'en a plus eu de puis longtemps, si bien que tout son visage s'en trouve illuminé. Souvenirs heureux qui remontent a la surface. " Quoi que je dois vous avouée qu'elle eut bien faillie dévorer Oschide a une ou deux reprises. " Il était un peu tard pour dire cela au vu du fait que son compagnon était déjà en train de caresser l'imposante boule de poile. La duchesse secoua la tête, encore un brin taquine. " Mais n'ayez crainte, il suffit de lui dire que vous êtes fiancé et Grigri oubliera que vous êtes un homme. " Certains hommes trouveraient peut être cela un brin insultant, ne goûtant pas a la plaisanterie, mais elle gageait que le baron n'était pas de ceux la. De plus au vu de sa carrure et de sa prestance, il y'avait peu de chance qu'il doute de sa virilité. Appréciant ce petit moment de plaisanterie, la compagnie de l'homme mais également le réconfort que lui procurait toujours la présence de sa Lyngre, un fin sourire étirait toujours ses traits.

Elle était agréablement surprise par le fait que Jerome connaisse visiblement la race de l'animal, vu qu'il ne l'avait pas questionné sur ce fait, mais aussi de par le fait qu'il se montre curieux a son égare. Pour Méliane, Grinewina était bien plus qu'un animal de compagnie, elle lui était une amie, la seule lui ayant apportée quelques réconforts pendant les nombreuses Enneades de deuils qu'elle avait eut a traverser. " J'ai toujours eu une passion pour les félins. Il semble que cet attrait ait été compter jusqu'a Thaar. C'est la princesse marchande Milynéa Lythandas qui me l'a offert voila une année lors d'un de ses passages en péninsule. " La duchesse s'approche a nouveau, s'agenouillant en face du baron pour a son tour procurait quelques tendresses a l'animal. En chacun de ses mots, l'affection qu'elle avait pour la Lyngre était palpable.

Cette dernière ne semblait plus craindre leur invité, du moins pour l'heure, puisqu'elle se laissa tomber sur le coté afin que l'on daigne gratifier son ventre de nouvelles caresses. " Je suis sure qu'elle vous impressionne moins ainsi n'est ce pas ... Vous l'auriez vu a son arrivée, une petite boule de poile, a peine plus grosse qu'un chaton. C'est tout jeune qu'il faut les dresser et j’eus la chance que Milynèa joint a son cadeau un dresseur adéquate. Bien qu'aujourd'hui elle m'obéisse pleinement, il continue de passer plusieurs heures par jour avec elle. " Un regard entendu et une moue qui en dit tout autant. " Plus pour tranquilliser mes conseillers que par la crainte qu'elle pusse me faire du mal, il me faut bien l'avouer. " Elle accroche son regard a celui du baron. " Contrairement au reflet que donne tristement l'humanité, les Lyngres sont une espèce extrêmement loyale, attachez vous leur fidélité et ils ne vous feront jamais défaut. " Cette dernière mention lui fait perdre son sourire. Oui Grinewina ne lui ferait pas défaut, au contraire d'Oschide qui l'avait abandonné, la laissant en proie a la pire des douleurs.

Ayant crainte qu'une tristesse trop palpable ne se reflète en son regard, elle se détourne puis se redresse, désignant d'un geste de la main le banc de pierre ou la Lyngre prenait repos un peu plus tôt. " Voulez vous que nous nous asseyons un moment ou souhaitez vous allé admirer la vue depuis la terrasse ? " L'animal, oreilles dressées, bondi sur ses pattes pour rejoindre la duchesse, visiblement ou qu'ils aillent, elle ne compter pas se voir écarter si vite des attentions de sa maîtresse. Le félin était semble t'il aussi joueur que la dame, puisque fièrement dressée sur ses membres, elle jaugeait Jerome du regard, le défiant visiblement de s'approcher de Méliane. 

"Un homme qui dit ne jamais avoir eu peur est un menteur. C'est grâce à la peur qu'existe le courage, et je peux vous assurer que sur un champ de bataille, vous la ressentez la peur et vous vous battez contre elle à chaque instant. Je n'ai aucune honte à annoncer que j'ai eu peur tant que j'aurais le courage de les affronter"

Voila une tirade qui pouvait passer pour un macho mais ce n'était nullement l'intention du Baron. Il voyait beaucoup de bravoure dans le peuple qui montait au combat contrairement aux nobles qui étaient bien plus armurés et entrainés. De plus qu'ils espéraient être rançonnés en cas de capture contrairement au gueux qui tait tout simplement occis. Il était étrange que Jérôme en revienne toujours au champ de bataille et à la guerre. Othar lui faisait décidément bien de l’œil.
La Duchesse continuait de plaisanter et c'était rafraichissant, son visage s'épanouissait alors qu'elle retrouvait le sourire, rehaussant sa beauté naturelle alors que Jérôme la regardait de nouveau en discutant tout en caressant le félin

"Je suis content de savoir qu'elle est bien nourrie, ça me rassure. Et pas d'inquiétude, je serais TRES gentil avec vous, je ferais tout ce que vous me demandez."

C'était donc une femelle. Voir cet animal en chair et en os était une chance rare et il appréciait le moment et il comptait bien en profiter le plus possible.

"Je n'aurais jamais cru voir ce genre d'animal de mes propres yeux, je vous remercie. Une personne étrange est venue à Etherna et il y a un commerce qui a débuté avec des fauves mais je n'ai pas encore eu le temps de voir ce que c'était exactement. Il est toutefois plus agréable de les voir comme la vôtre qu'en cage. J'aimerais beaucoup avoir ce genre de lien avec un animal. Mon père m'avait apporté un livre lorsque j'étais enfant et depuis j'ai beaucoup lu sur ces animaux qui nous n'avons pas en péninsule"

La Duchesse continua de chamailler le Baron en lui disant que tout allait bien avant de dire que le Lyngre avait failli dévorer Oschide. Jérôme rit de ces boutades, maintenant qu'il avait réussit à la toucher et à la caresser, il continuait de passer ses doigts dans son pelage, doucement toutefois, gardant une crainte au fond de lui, ça restait un animal sauvage à la base

"Oui oui je suis fiancé" dit il à l'encontre de l'animal "tu n'as rien à craindre de moi"

La Duchesse s'agenouilla prêt du Baron, amenant une proximité entre les deux qui aurait pu déranger l'animal mais celle-ci se mit sur le côté pour profiter des caresses de sa maitresse

"hum je ne dirais pas qu'elle est moins impressionnante mais moins effrayent c'est certain. Cela devait être attendrissant lorsqu'elle était bébé"

Jérôme avait un sourire entendu sur les lèvres, prouvant qu'il profitait pleinement du moment actuel. Lorsque la duchesse raccrocha son regard, il ne tourna pas le sien

"La Loyauté est une denrée rare ces derniers temps, le soucis étant de savoir si c'est à cause des personnes qui ne sont pas digne de foi ou de ceux qui ne méritent pas qu'on les suive"

Jérôme n'oubliait pas qu'il avait trahit son serment à Odélian et il savait que la Duchesse le savait aussi. Personne ne semblait vouloir comprendre, par contre, pourquoi il l'avait fait. Toutefois, même si ses raisons lui semblaient bonnes, cela restait une trahison. Tout était rentré dans l'ordre mais il était passé à deux doigts de la catastrophe

"Le banc sera parfait"

Jérôme aurait préféré rester debout sur la terrasse mais par égard pour une dame et Duchesse en plus, il choisit le solution assise. Méliane s'était relevée et Jérôme en fit de même, tout comme le félin qui bondit sur ses pattes, regardant le Baron des plus attentivement

"Vous me pardonnerez de ne pas vous proposer mon bras"

Il souriait en disant cela, regardant le Lyngre à son tour, sachant que Méliane avait comprit la raison. Il s'assit sur le banc après la Duchesse comme il se devait. Il la regarda dans le halo lumineux mais la lumière des torches était toujours présente. Relevant la tête, les étoiles n'étaient pas aussi belle que dans le noir total. Il usa alors de sa magie, en essayant de le dissimuler. Un courant d'air soudain éteignit toutes les torches avant de s'atténuer et de disparaitre, laissant la légère brise de tout à l'heure

"Quel magnifique spectacle, vous ne trouvez pas ?"

En ce moment, il repensait à Aline et au couché et levé de soleil qu'ils avaient partagé. Sa fiancé adorait les levés de soleil, surtout dans sa montagne adorée. Jérôme appréciait énormément ce spectacle mais il avait une préférence pour l'astre lunaire, surtout lorsqu'elle était pleine

Qui ne connait pas la peur ne peut connaitre le courage, voila une doctrine en laquelle elle meme croyait. " Il y'a fort a parier que les plus grands fanfarons de la noblesse n'ont jamais eut a affronter de véritables dangers. En ces conditions n'est il pas facile de se targuer de ne pas avoir peur ? " Il devait trouvé outrageant qu'elle dise cela, après tout n'était elle pas une duchesse, une noble dame, bien a l’abri dans ce palais. Pourtant la mort elle l'avait côtoyée de prés et intimement nuit a près nuit. Il y'avait de nombreuses années de cela maintenant, mais les souvenirs restaient vivaces et point n'était besoin des cicatrices qui zébraient ses cuisses et son ventre pour en garder souvenir. " Admettre ses peurs est une déjà une forme de courage, bien que je ne doute pas que vous n'en manquiez pas au vu des exploits que l'on conte sur vous. " Elle n'avait point besoin de se rendre dans le nord ou dans une taverne, pour connaitre la réputation du baron, Oschide lui en ayant fait l'éloge.

Le fait qu'il goûte a son humour et y réponde lui même par quelques phrases de dérision lui mirent du beaume au cœur et aidèrent a la détendre, lui faisant momentanément oublier sa peine. " Tout ce que je demande, méfiez vous Jerome je pourrais bien vous prendre aux mots et vous obligeais ensuite a tenir parole avec l'aide de Grinewina. " Le ton était clairement a la plaisanterie, néanmoins la conversation se fit a nouveau un peu plus sérieuse quand ils parlèrent des origines de la Lyngre et de la curiosité du baron envers ses animaux. " Je ne saurais me résoudre a la voir en cage. " Elle désigna les lieux d'un geste de la main. " Certes ici elle n'est pas tout a fait libre, je me dois de rassurer, une fois de plus, mes conseillers et mes gens, mais avouons que c'est une fort jolie cage ou elle jouit d'une grande liberté. " L'enclos du félin était pareil au château, une cage dorée. Fort confortable, vous protégeant des dangers extérieurs, mais bel et bien une entrave, pareil également a la couronne sur sa tête et au pouvoir que vous conférait un titre. Il y'avait des prisons plus agréables que d'autres, c'était la la différence.

Elle remua la tête de manière presque imperceptible quand ils parlèrent de loyauté. Leurs regards s'accrochaient. Elle avait saisie l'allusion et s'en voulait d'avoir prononcer ses mots, ils n'étaient pas destinés a son compagnon de ballade, mais au vu de son histoire personnelle, il n'avait pu que faire le lien. " Le malheur c'est que même avec de bonnes raisons, une trahison reste une trahison aux yeux de la personne trahie. Néanmoins certaines raisons font que la trahison est parfois inévitable. Il est alors a nous de juger ce qui peut justifier pareil acte et cela n'est pas toujours chose aisée. " Probable qu'avoir tuer son premier époux était parmi la pire forme de trahison qui soit, néanmoins les motifs étaient la. Était ce suffisant a se justifier ? Les dieux en jugeraient. Après s’être écartée, elle lui proposa ensuite qu'ils aillent s'asseoir ensembles, ce qu'il accepta.

Elle lui porta un regard étonné quand il fit mention du fait qu'il ne lui propose pas son bras, puis en suivant le chemin de ses yeux elle compris, avisant que la Lyngre ne le quittait pas des yeux, entourant jalousement sa maîtresse de son corps. Méliane leva les yeux aux ciel, glissant une main sur ses lèvres et ayant presque l'envie de rire. Elle caressa affectueusement l'animal. " Vilaine jalouse va. " Elle alla ensuite prendre place sur le banc, Grinewina sur ses talons. Alors que Jerome s'installait a ses cotés, la Lyngre prit place entre eux de façon fort imposante. Le message était clair. En l'instant la duchesse se rendit compte que la boule de poile saurait lui être bien utile quand ses conseillers commenceraient a faire peser sur elle le besoin de prendre nouvel époux. Elle chassa pour l'heure cette idée désagréable, se refusant a penser a des choses susceptibles d’alourdir a nouveau son cœur.  

Elle haussa un sourcil étonnée quand une brise plus intense que celle qui les entourait sembla se soulevait pour venir éteindre toutes les torches. Le félin grogna légèrement, dressant ses oreilles et humant le baron en sortant les dents. Méliane l'apaisa d'une caresse entre les oreilles. " La .. Tout va bien, ce n'est que le vent Grigri. " Un vent qui curieusement s'était calmé aussi vite qu'il s'était levé. " C'est magnifique en effet. " Reprit t'elle pour répondre aux mots du baron. " Sachez que c'est dans ses jardins, a quelques pas de la ou nous nous trouvons qu'Oschide a demandé ma main pour la première fois. " C'était la aussi qu'elle l'avait éconduit de telle sorte que son ego en avait été sévèrement meurtri. Un sourire mélancolique étire ses traits, ses yeux se font brillant. Elle déglutie, inspire profondément puis se reprend. " La prochaine fois que vous me rendrez visite .. " Elle tourne son visage vers lui.  " Car oui, je compte bien a ce que vous me fassiez a nouveau le plaisir de votre compagnie. Il vous faudra amené Aline, rien de mieux que profiter de nos jardins et d'un ciel étoilé en compagnie de l’être aimé. " Un bonheur qu'elle même n'aurait plus jamais la chance de connaitre. Elle se sentie soudainement bien seule. Ses yeux perdus dans le vague. La Lyngre dut percevoir son changement d'humeur et vint se blottir d'avantage contre elle, glissant sa tête sous son bras pour quémander quelques attentions. Elle lui adressa un pauvre sourire, mais se plia a l'exercice avec tendresse.   

La peur, le vrai courage, l’hypocrisie, beaucoup de mots possible pour une caste comme la noblesse

"Certains nobles ne se déplacent pas à la guerre ou profite tellement de leurs droits qu'ils ne doivent sans doute pas connaitre la peur. Et il est indéniable que ceux qui en parlent le plus en ont fait le moins. Mais je ne pense me vanter en disant que j'ai du surpasser bien des peurs."

Jérôme avait tout connu à la guerre, en tant qu'écuyer à suivre Grégoire, puis en tant que Baron ou on l'empêchait de monter au combat, ce qui n'était pas une mauvaise chose pour une lisibilité de ce qu'il se passe et une prise de décision rapide. Et dernièrement, la première ligne avec la troupaille. Personne ne pouvait lui reprocher de se cacher et personne ne pouvait lui reprocher d'être un couard, il avait plus que fait ses preuves avec les résultats qu'on lui connaissait, que des victoires et aucune défaite à ce jour. Beaucoup de rumeurs et de chants circulaient dans les tavernes, les troubadours sauté sur l'aubaine d'une telle histoire. Il avait aussi connu la solitude ces derniers temps malgré l'entourage constant qui gravitait autour de lui. Heureusement que sa famille avait été la. Il en état maintenant le patriarche et il voulait la garder unie avec lui même s'ils ne pouvaient se voir autant qu'il le souhaiterait.

"Tout ce que vous voudrez, dans la limite des mes moyens bien entendu. Il faut dire que vous avez un atout de choix"

Jérôme riait, le Lyngre était une force de persuasion très forte et un peu de jeu dans la discussion n'était pas un mal. il comprit parfaitement l'allusion à la cage dorée de la Duchesse. Les hauts nobles ne disposaient pas de la liberté qu'ils souhaiteraient avoir

"Le lieu est plaisant et vos attention prouve vos égards. Je ne pense pas qu'elle soit mieux dans un autre endroit, si ce n'est son habitat naturel. si on vous l'a offerte, c'est qu'elle avait été capturé ou qu'elle était née en captivité, elle est mieux avec vous que dans une vrai cage."

Lorsque le félin se mit entre les deux, Jérôme ne put s'empêcher de pouffer tellement c'était drôle

"Pensez que mon charme puisse agir aussi sur Grinewina ?"

Cela n'étonna pas Jérôme que l'animal perçoive son utilisation de la magie. Il ne savait pas si elle pouvait ressentir cette utilisation ou si c'était juste l'instinct mais ce soudain courant d'air qui s'éteignait tout de suite et la réaction du Lyngre pouvait aiguiller la Duchesse sur ce qu'il venait de se passer. Il était assez difficile d'éteindre toutes les torches en même temps pour juste un courant d'air. Jérôme regardait la lune lorsque Méliane expliqua que c'était l'endroit ou Oschide l'avait demandé en mariage. C'était horrible quand tout vous ramenez aux souvenirs, surtout lorsqu'ils étaient douloureux

"Si j'en ai le temps, ce sera avec beaucoup de joie que je reviendrais à Langehack pour vous voir. Et je ne doute pas qu'Aline serait ravis aussi de voir le Duchés et de faire votre connaissance, peut être même que nous aurons plus de temps afin de visiter. Je ne compte pas la lâcher une fois que nous serons unis et si cela se pouvait, je l'emmènerais absolument partout avec moi"

La différence entre un mariage arrangé et un mariage d'amour était énorme, encore plus au tout début. Jérôme savait qu'il ne pourrait l'emmener avec lui à chaque fois mais l'envie était la dans tous les cas

"Toutefois, Méliane, si la situation le permet enfin et que la péninsule se calme, ce serait un réel plaisir que vous veniez jusque nous. Cela vous changera les idées et je vous promet un accueil chaleureux"

Puis se tournant vers La Lyngre

"Et elle est la bienvenue aussi si vous pensez qu'elle supportera le voyage"

La conversation avait au moins le mérite de la tenir éloignée de la mélancolie, c'est ce qu'il y'avait de bien avec le fait d'avoir de la compagnie. Prendre sur elle, tenir bon, taire ses émotions .. Tant de jeux auxquels elle de devait de jouer, mais cela était préférable aux ténèbres qui l'entouraient quand solitude se faisait sentir. " Mon cher baron si vous avez quelques succès sur la gente féminine, je crains bien que Grinewina soit parfaitement imberbe a vos charmes. Ce n'est pas ainsi que vous vous attirerez son affection. Mais ne désespérez pas, elle est avide de caresses. C'est par cela que vous la pousserez a vous aimer. " Curieusement c'était d'une façon similaire qu'Oschide avait gagné le cœur de la duchesse. Point par son physique, mais avec ses attentions répétées.

L'amour de Jerome pour sa future épousée était palpable en chacun de ses mots. Elle lui souhaitait, non elle leur souhaitait a tout deux, de pouvoir profitait longuement de cet amour. Si un mariage de convenances avait ses désavantages, il en était malheureusement de même pour un mariage d'amour. Ces deux la auraient a l'apprendre tôt ou tard. " Il est toujours chose difficile que de se séparer de l’être aimé. Quand Oschide dut partir pour Diantra, nous séparant ainsi pour de longues Enneades de par mon état qui m’empêchait de me déplacer, il me manqua plus qu'il ne m'était permis de le montrer. " Le ton se voulait neutre, mais la peine perçait de façon audible dans sa voix.

"Son état." Elle était enceinte alors. Involontairement elle glissa une main sur son ventre désespérément plat depuis 4 longues Enneades déjà. Oui, la période ou son époux avait été contraint de rester a Diantra avait été difficile, mais au moins s'écrivaient ils .. Le pire vint après... Avec sa captivité, puis sa mort. Dans cela, même prendre la plume lui était désormais impossible, ou tout du moins n'aurait t'elle plus jamais le bonheur de lire une de ses réponses. Ne voulant guère faire étalage de la douleur qui formait un étau familier autour de son cœur, elle s’efforça de reprendre cours a la discutions. " Il me plairait beaucoup de voir vos terres Jerome. Voila bien longtemps que mes pieds n'ont plus foulés les terres du nord. " Cela ne lui était plus arrivé depuis son adolescence a dire la vérité. Une fois mariée, il n'avait plus était question de voyage, puis son veuvage était arrivée, sa fille, ses responsabilités, puis le duché ...  

Elle tourna son regard vers lui, sans doute son deuil y paraissait t'il d'avantage que précédemment, mais son attitude donnait le change. " Ce sera donc avec plaisir que j'accepterais votre invitation dés que cela me sera possible. Quand a Grigri ma foi, elle a déjà voyagé en bateau depuis Thaar, mais je ne voudrais pas qu'elle terrorise vos gens. " Un faible sourire. " Si je me présente devant votre château avec une fière Lyngre, ne va t'on pas croire que je viens pour vous faire mettre a genoux devant moi. " S’essaya t'elle a plaisanter pour faire taire les tristes pensées qui l'agitaient. Le nord. C'est depuis la bas qu'Oschide lui avait écrit pour la toute première fois et il ne serait même pas a ses cotés le jour elle se rendrait dans les contrées ayant données naissance aux prémices de leur amour. La vie n'aurait t'elle dont jamais de cesse de lui rappeler ce qu'elle avait perdue ?  

"Elle serait donc plus difficile que la ente féminine, voila qui est ennuyeux, mais j'y parviendrais bien. Je ne suis pas quelqu'un qui abandonne facilement, loin de la."

Joignant le geste à la parole, il avança doucement sa main afin de caresser la lyngre qui se trouvait à ses côtés. Jérôme était en effet quelqu'un de têtu, nombre de personnes l'avaient supplié d'abandonner son projet de conquête d'Alonna et d'Oësgard mais il avait tenu. Encore une fois la discussion revint sur Oschide, celui qui était au centre de la présence du Baron

"La noblesse oblige bien des déplacements. L'on ne ferait pas grand chose en restant enfermé chez soit"

Ce n'était pas tout à fait vrai, nombre de seigneurs ne bougeaient pas de chez eux et gouvernaient par courrier. Jérôme n'était pas de ceux la, il appréciait d'aller voir en personne ses vassaux et de les inviter. C'était plus facile pour converser et plus difficile de refuser quelque chose. Il voyageait donc beaucoup même si ce n'était que sur ses terres, bien que ces derniers temps, il ait parcouru nombre de lieux.

"N'hésitez pas un instant si vous voulez venir nous voir, la joie ne sera pas feinte de vous recevoir. Par contre, vous savez qu'il sera plus facile de venir à Oësgard pour me voir, hors vu l'état de la baronnie Etherna sera mieux et plus agréable."

Voila qui parlait déjà au pluriel, incluant Aline dans ses conversations pour le futur. Il releva ensuite la plaisanterie

"Quand à votre Lyngre, je me moque de ce que les gens pourront dire. Et puis vous aurez fort à faire avec Aline si vous voulez me faire plier"

Pus redevenant sérieux l'espace d'un instant

"J'espère juste que nous nous reverrons rapidement"

C'était la une allusion à la situation politique actuelle. Personne ne savait ce qu'il allait maintenant se passer. Il y avait tellement de partis différents que les possibilités étaient nombreuses sur les évènements à venir. Jérôme se pencha en arrière, appuyant ses deux mains sur le banc dans son dos, se courbant tout en relevant la tête vers la lune. Un silence s'installa entre les deux avant que Jérôme ne le rompe

"J'espère que vous espoirs de paix seront couronnées de succès, une nouvelle guerre m'inquièterait particulièrement"

En effet, après s'être marié, partir à la guerre n'était pas ce que l'on souhaitait. La crainte que son épouse soit touché par la guerre pour commencer. Jérôme pensait aussi à l'appel qu'Othar stimulait en lui, le chef de guerre qui avait tellement apprécié ses moments simple de la campagne plutôt que l'hypocrisie de la politique.

La duchesse avait elle meme l'espoir qu'ils pussent se revoir rapidement et en de meilleures circonstances. Il semblait que malgré eux, la conversation visait a se tourner a nouveau vers des sujets plus politiques. Au vu de la situation péninsulaire actuelle, l'on ne pouvait guère les en blâmer, le sujet était sur toutes les lèvres, quand bien meme l'on voudrait l'oublier. " Croyez bien que je vais m'employer a maintenir la paix Jerome. Puisse la DameDieu m'aidait en cela. Malheureusement la décision ne dépendra pas que de ma seule volonté mais de celles de bons nombres d'autres. " Elle soupira, grattouillant distraitement la Lyngre. " Mes efforts ne porteront leurs fruits que si nous unissions tous nos efforts dans une meme direction, sans quoi je crains que nous en revenions a une situation que nous ne connaissons que trop bien. " Une guerre, bien qu'elle meme se refusa a porter le mot a voix haute au contraire du baron, de crainte de briser la quiétude de l'instant, l’allusion était évidente.

Se courbant un peu plus sur le banc, elle laissa son regard s'égarait dans l'immensité du ciel étoilé. Un rappel magnifique au fait qu'ils étaient bien peu de choses en ce monde et pourtant il pouvait découlé tant de malheurs de leurs choix. " J'imagine que vous ne vous attarderez pas longuement a Langehack, probable que vous êtes attendu au mariage du baron de Nelen avant que vous ne vous en retourniez a vos terres pour votre propre mariage. " Elle était bien entendue elle aussi invitée a l'union d'Enrico a Cecilie de Laval, mais au vu des circonstances, c'est sa fille Linaelle qui la représenterait. Elle s'en voulait de faire ainsi défaut a son vassal et grand ami de son défunt époux, mais assister a ses noces était un peu trop lui demander en cette période douloureuse. Elle tourna légérement son visage vers Jerome. " Vous m’êtes venu comme un ancien allié venant honoré la mémoire de mon époux, mais j'espère que vous repartirez en me considérant telle une amie, c'est ainsi qu'il me sera un honneur de vous appeler pour ma part. "

Les mots étaient emprunts de sincérité et sonnaient justes. Bien des sujets avaient étés aborder pour une première rencontre et pourtant nulle gêne n'avait subsisté, ils avaient parlés de tout avec naturel, un lien de sympathie s'instaurant entre eux au fil de leurs échanges. Elle espérait que l'avenir ne viendrait pas a entaché cela ou qu'ils ne se retrouveraient pas etre ennemis de par des choix qui ne seraient pas les leurs. " Sachez qu'a l'avenir je n'oublierais pas les mots échangés ce jour. J'aurais des pensées pour vous et pour Aline. Tout mes vœux vous accompagneront le jour de votre union. Puisse t'elle etre longue et heureuse. " Telle elle aurait voulue que le soit la sienne. Elle avait été heureuse sans conteste, tout du moins avant que ne viennent les jours sombres, mais elle avait été courte bien trop courte. Le temps a pleurer Oschide serait bien plus long que celui passé en sa compagnie, n'était ce pas une constatation cruelle que celle la ? La tristesse la berçait de plus en plus a mesure que les minutes passées, il était sans doute temps de prendre congé, a regrets, de son compagnon avant que sa douleur ne devienne trop perceptible et qu'elle peine a ne la lui cacher.

Elle se leva donc, sans hâte aucune, Grinewina suivant immédiatement son mouvement pour se dresser a son tour sur ses pattes avant de bondir a ses pieds pour l'entourer de sa bienveillante protection. " Au vu du peu de repos que vous saurez prendre avant de reprendre la route, je vais vous laisser vous en retourner a vos appartements. Je vous suis reconnaissante d'avoir porter vos pas jusqu'a mes terres, Oschide aurait apprécié le respect que vous êtes venu lui témoigner. Sentez vous libre de revenir dans le Langecin a votre envie, vous comme les vôtres. " C'était la une aimable façon de lui faire savoir qu'elle désirait maintenant profiter d'un moment de solitude avant d'aller a son tour s'enfermer dans ses appartements ou nul ne l'attendait plus. Elle espérait qu'il n'en prendrait pas ombrages. " Si mes obligations me le permettent, je serais heureuse de converser a nouveau avec vous avant votre départ ou ne serait ce qu’être la pour vous faire mes au-revoir. " La deuxième hypothèse était la plus probable, du fait qu'il était attendu a Diantra, probable qu'il quitterait le palais dés le lendemain. Curieusement elle en concevait une certaine tristesse, il avait été plaisant de converser avec lui et il avait même réussie a la faire sourire.

La Duchesse était de bonne compagnie malgré tout ce qu'elle avait traversé. Alliant l'humour à la politique tout en conversant naturellement, Jérôme en étant venu à apprécier la dame, pour sa bravoure, pour ses vœux de joies à l'encontre du Baron ou encore pour son sourire alors qu'elle devait être emplie de chagrin

"Je vous crois Méliane et je prierais pour que Néera vous aide à parvenir à vos fins. Que mes doutes disparaissent et que a bonté humaine existe bien dans le cœur de chacun."

Ses derniers mots était hésitant, encore plus après ce que Godfroy avait fait au corps de la pauvre Azénor après son suicide. Le Baron savait que certains hommes étaient foncièrement mauvais, non qu'il place son voisin dans cette case, il ne le connaissait pas suffisamment pour le cataloguer définitivement et il avait lui même eut de bonnes relations avec lui

"Vous avez malheureusement raison, bien que votre compagnie me soit agréable, je repartirais dès demain. Il y a trop de choses à faire et le temps est une chose que l'on ne peut malheureusement pas suspendre."

Jérôme avait détaché son regard de la voute céleste pour s'attarder sur Méliane alors qu'elle lui expliquait le voir comme un ami

"Ami, voila un mot bien complexe. Je me souviens avoir été amis avec le Comte D'Aretria, Anseric de la Rochepont et deux ennéades plus tard, je marchais contre lui sur ordre de mon suzerain. Je l'ai fais et pourtant, je n'ai jamais eu rancune envers lui, je lui avais même mandé de se rendre à mes troupes pour garantir sa sécurité en cas de défaite de sa part."

Parler ainsi était étonnant alors que la Duchesse disait le considérer comme un ami. Jérôme parlait naturellement de la guerre sans toujours se rendre compte qu'il ne s'adressait pas aux personnes qu'il fallait. Il restait à espérer qu'il ne l'avait pas froissé, ni apeuré avec ses propos. Il y avait plus que cela aussi qui pesait sur les épaules de Jérôme

"La trahison est monnaie courante et les amis sont précieux. Je vous suis reconnaissant de me considérer ainsi après cette seule discussion. J'espère que l'avenir verra se consolider votre avis et que quoi qu'il se passe, nous serons assez franc et intelligent pour surmonter les difficultés."

Au vu de la politique actuelle en péninsule, Langehack et Etherna pouvaient rapidement se retrouver face à face selon les choix qu'ils feraient, ou leurs suzerains à leur place. Jérôme espérait bien que le marquis verrait qu'un rapprochement entre deux terres isolés serait une bonne chose pour les renforcer. Il pensait donc bien qu'une alliance entre Langehack et Odélian était faisable et même profitable. Il se leva immédiatement après la Duchesse

"Il est naturel de venir honorer un ami. Je manquerais à tous mes devoirs si je n'avais pas trouvé le temps de venir"

Il s'inclina devant la Duchesse

"Je ne vous remercierais jamais assez pour votre accueil. Ce sera une joie de vous revoir demain lors de mon recueillement si vous en trouvez le temps. Dans le cas contraire, sachez que je comprends parfaitement que vous êtes fort prise."

Il partit ensuite dans sa chambre, laissant Méliane seule comme elle semblait le vouloir.

Elle écoute silencieusement ses mots sur l'amitié. Elle n'en prend point ombrage, elle apprécie qu'il se sente ainsi libre de partager son opinion avec elle, faisant fit du fait qu'elle soit duchesse. " A mon sens Jerome, l'amitié ne se mesure point au temps que les gens passent en votre compagnie mais de par leurs actes. " Un regard entendu allié a un faible sourire. " Votre présence ici a Langehack pour honorer Oschide, le temps que vous m'avez accorder, vos conseils .. Tout cela sont des actes que rien ne vous commandait d'avoir, pourtant vous êtes la et je le prends comme une marque d'amitié. " Elle se penche un peu pour caresser la Lyngre qui ronronne a ses pieds. " Mais il ne faut point mélanger la politique et l'amitié. Nous savons vous et moi que notre amitié ne nous empêchera pas de nous opposer bon gré mal gré si les prochaines tribulations de la péninsule venaient a nous y obliger. Et ce que ça retirerait a votre geste ? A votre présence de ce jour. Par pour moi, pas a mes yeux. "

Elle se redresse, Grinewina en feule de mécontentement, elle l'apaise en lui tapotant la tête, puis elle glisse ses yeux dans ceux du baron. " Les amis ne sont pas toujours d’accord, ils n'ont pas toujours les mêmes idéaux et parfois la vie leur donnent a faire des choix que l'autre n’approuvera pas .. Mais la vérité c'est qu'il n'a pas a le faire. Le malheur dans la sphère ou nous évoluons c'est que trop souvent les gens se complaisent a prendre des amis pour des alliés et des alliés pour des amis, mais l'un et l'autre ne vont pas forcément de paire et il n'en n'ont pas besoin. Un allié se trouve par les besoins d'une situation particulière, il vous épaulera tant que votre chemin sera le même que le sien, un ami est celui qui vous accordera son affection qu'importe que vous ne regardiez pas dans la même direction. "  Oui, elle le considérait donc bel et bien comme un ami, car ce jour il l'avait écouté et réconforter. Il n'avait pas juste été une présence gravitant autour d'elle de par un intérêt quelconque. Son geste avait été désintéresse et c'est pour cela qu'elle l'estimait autant.

" Si un jour la vie venait a nous placer en opposition, par des choix que nous aurions aimés éviter, je gage ou plutôt j'espère que nous aurons l'intelligence suffisante pour ne pas oublier ce jour. Pour ma part, la chose certaine a retenir est que je n'oublierais jamais la voix de la diplomatie, la voix des mots .. Elle sera toujours mon choix premier, plutôt que celle des armes. Alors si on s'en vient avec des intentions hostiles vers moi, l'on ne pourra pas clamer qu'il n'y'en avait point d'autres, car je serais toujours ouverte au dialogue. Veuillez vous en souvenir Jerome et n'hésitez pas a transmettre mes paroles. " Le baron lui était peut être un ami mais elle n'oubliait pas qu'un beau matin, il pourrait se présenter en tant qu'ennemi, mais ce serait un choix que pour sa part elle n'aurait pas provoquée. Elle se fit un devoir de ne pas faillir quand il manda a ce qu'elle l'accompagne dans son recueillement le lendemain. Elle évitait de se rendre au tombeau d'Oschide, c'était la aussi que reposait leurs enfants et ça lui était a chaque fois une épreuve des plus douloureuses. Néanmoins, il n'était pas question de montrer le moindre signe de faiblesse. Encore moins devant le représentant d'une autre terre, tout ami qu'il soit.

Elle inspire, le regard est triste, infiniment triste mais la voix est claire, les mains ne tremblent pas. " Si tel est votre désir de vous recueillir en ma compagnie alors soyez assuré que j'en trouverais le temps. C'est la le minimum que je pusse faire en reconnaissance de votre présence en ces temps douloureux. " Elle incline légèrement la tête, se force a lui offrir l'ombre d'un sourire puis elle conclut: " Nous nous verrons dont demain, la nuit puisse t'elle vous être agréable. " Elle le suivit ensuite du regard pendant qu'il prenait congé, puis la Lyngre sur ses talons, elle alla reprendre place sur le petit banc de pierre, son regard perdue dans l’immensité de la nuit étoilée tandis qu'elle inspiraient profondément et que ses épaules s’affaissaient. Une larme discrète glissa sur sa joue, le masque s'en était aller et était venu le moment de faire face a sa douleur, comme cela était le cas dans chaque moment de solitude. Un autre soupire, ses yeux se ferment. La duchesse avant la femme. A chaque jour sa peine. Des litanies qu'elle se murmure encore et encore tel un rituel lassant mais salvateur. Quand la douleur se calme, elle se relève, tête haute, démarche assurée puis après des au-revoir affectueux avec le félin, elle s'en retourne vers ses appartements en parfaite maîtrise de ce qu'elle est, la duchesse de Langehack.