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 Adieu mon aimée [Méliane]

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Oschide d'Anoszia
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MessageSujet: Adieu mon aimée [Méliane]   Adieu mon aimée [Méliane] I_icon_minitimeJeu 3 Nov 2016 - 16:56




A ma tendre épouse, Méliane de Lancrais.

Je me souviens du jour où nous nous sommes rencontrés. Vous vous étiez faite passer pour une courtisane et je m'étais écroulé au sol par manque de force. Dès ce jour, vous vous êtes prise d'affection pour moi et m'avait sauvé. Vous avez sauvé non seulement mon corps, mais aussi mon âme. Vous qui étiez une grande parmi les grands, et moi qui n'étais qu'un capitaine parmi les survivants et les écorchés. Je ne céderais pas au hasard d'une coïncidence. Je pense, au fond de moi, que nous étions voués à nous rencontrer. Je crois aussi que la duchesse que vous étiez était une femme écorchée vive tout comme moi.

Vous m'avez accepté dans votre vie, moi, ma famille et nos ennuis. Nous nous sommes aimés, et nous l'avons juré devant Néera en personne. Ce jour-là résonne encore comme le plus beau moment de ma vie. Celui où j'ai retrouvé la foi, celui où j'ai trouvé bien plus qu'une amie. Si j'étais sensé, en retour, vous apporter tout le réconfort et la sécurité qu'un époux doit à sa femme, je réalise aujourd'hui que je n'ai point été à la hauteur de mes fonctions. Par ma faute, Langehack s'en est allé sur des chemins bien tortueux. A vouloir lui redonner sa grandeur d'antan, je n'ai fait que la précipiter en une fâcheuse posture. Il n'y hélas ni de règles, ni de lois pour assurer la périclité d'une terre. Seule la méfiance peut-être salvatrice, c'est dire à quel point notre royaume souffre.

Mon plus grand forfait et mon plus grand regret resteront de ne pas vous avoir écouté. Vous attendiez nos enfants et souffriez encore, mais j'ai fait passer mes espoirs avant notre amour. Une fois encore, je me suis trompé et vous aviez raison. Il était inutile de vouloir converser avec le berthildois et il était inutile d'espérer de lui qu'il respecte les lois de la guerre. Je laisse alors derrière moi une profonde entaille, qui je le sais, aurait pu être évitée si j'avais respecté vos paroles. Par ma faute, j'ai perdu votre confiance et perdu nos enfants. J'en suis le seul et unique responsable et vous supplie de m'en pardonner.

Je sais que vous ne comprendrez pas mon prochain acte et que vous me maudirez jusqu'au royaume de Tari pour ce que je vais faire. Je sais néanmoins que si vous m'avez aimé un jour, vous saurez atténuer votre hargne et comprendrez que je me trouve désormais avec nos enfants, à veiller sur eux. Nos enfants ont besoin de leur père, je ne puis les laisser seul dans la mort alors que je les ai abandonnés lorsqu'ils ne demandaient qu'à vivre.

La mort n'est qu'une étape et nous vous attendrons à sa porte, nos enfants et moi. N'y voyez nulle lâcheté mon aimée, seulement le désarroi et la tristesse d'un homme hanté par des démons, les remords et la culpabilité.

Dans mes moments de solitude où l'obscurité est ici ma seule amie, je ferme les yeux et nous imagine de nouveau dans les jardins du palais, entouré par des centaines de couleurs différentes et enivré par une douce brise estivale. Nous nous tenons la main et conversons de futilités qui pour nous ne le sont pas. Vous me souriez et ce visage réchauffe mon cœur et réconforte mon âme. Il n'y a pas de plus grande joie que de me tenir à vos côtés, loin de tous les dangers qui nous entourent. Ces moments ne durent jamais longtemps et je me retrouve de nouveau confronté à ma triste réalité et au sort que j'ai mérité. De nouveau seul dans ma prison, je ne puis alors qu'espérer vous revoir un jour et vous serrer de nouveau dans mes bras.

Mais au fil des jours, le courage et l'espoir diminuent. La peur et la tristesse m'envahissent et je ne sais comment lutter. J'ai reçu du mestre de quoi m'éviter de penser, mais depuis ce jour, mon esprit s'est embrouillé jusqu'à ce que la réalité ne soit plus qu'un lointain écho.... Bien plus que mes peurs, ces drogues me tuent à petit feu et rendent mes moments de lucidité bien plus rares qu'auparavant.... J'ignore maintenant quel jour nous sommes, et même si j'ai vraiment écrit toutes ces lettres aux personnes que j'aime.... Des voix et des formes viennent me persécuter dans mes nuits et je sens ma tête sur le point d'exploser... J'entends les cloches sonner. Elles annoncent le mariage de ma sœur au fils du berthildois... Mes mains tremblent en écrivant cette dernière lettre, j'ignore s'il s'agit d'une nouvelle hallucination... Je n'en peux plus, libérez-moi...

Je vous aime Méliane.

Oschide
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Méliane de Lancrais
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MessageSujet: Re: Adieu mon aimée [Méliane]   Adieu mon aimée [Méliane] I_icon_minitimeJeu 3 Nov 2016 - 18:02


Favriüs, Fin de soirée du Jour 9, Enneade 2. 9 ème année du 11ème cycle.

La duchesse de Langehack contemplait, depuis de longues minutes deja, le vélin qu'elle serrait entre ses doigts tremblotants. Les mots attendaient d’être lus depuis plus d'une Enneade et pour cause, ils étaient de son époux. Les derniers que lui écrirait jamais Oschide. Elle avait dont attendue que son corps lui soit rendu et qu'il ait reçu les derniers sacrements avant de se décider a les lire. La journée avait été longue, voir sa dépouille, écouter les discours de chacun, subir leur compassion sincère ou leur faux semblant pendant un banquet interminable, mais elle savait que le plus dure serait de porter ses yeux sur cette lecture qu'elle n'avait que trop retarder. Le contenu la terrifier, allait t'il alourdir d'avantage son cœur, rendre sa peine encore plus intolérable ou faire croître son sentiment de culpabilité ? La mort est dans votre sciage ma dame. Les mots du Berthildois la frappent une fois encore alors qu'elle déroule le vélin. Elle inspire profondément puis laissent ses yeux courir sur la danse laissait par l'encre.

Combien de fois ses yeux se ferment ils ? Combien de fois se mord t'elle les lèvres ? Combien de sanglots retient t'elle ? Et enfin combien de fois plie et déplie t'elle les mots de son aimé, jusqu'a les froisser. Quand les larmes coulent sur ses joues, elle n'a point finie encore de les assimiler. A quoi s'était elle attendue a des reproches peut etre, mais certainement pas a une complainte et des excuses. Son cœur se brise, volant en éclats qui se brisent a leurs tours. C'était le point final, il était parti et ne reviendrait plus. Elle déglutie puis comme en transe, elle se lève. Ses pas sont incertains, hésitants, a plusieurs reprises elle manque de trébucher sur ses propres soieries qui glissent sur le sol en un murmure de tissus. Puis soudainement ses poings se serrent et le vélin se retrouve de l'autre coté de la pièce, envoyer rageusement au sol et elle s'écroule, ses jupes en corolles autour d'elle tandis que ses larmes coulent abondantes et sans fin. Elle martèle le tapis épais de ses pieds. Ses ongles pénètrent la chair de ses mains, mais rien ne saurait lui faire oublier la douleur intolérable qui la gagne, menaçant de la submerger toute entière.

Rageusement, elle se relève et s'en va quérir le vélin, elle le serre avec force et se dirige vers la cheminée mais au moment de le faire sombrer dans les flammes, elle en est bien incapable, alors elle se laisse tombée a nouveau, hypnotisée par la danse des flammes, tandis que les mots d'Oschide résonnent en elle jusqu'a ce qu'elle n'ait plus suffisamment de larmes pour pleurer. Quand ses yeux se font secs, telle une ombre elle va prendre place devant son secrétaire ou elle s'empare de plume, encre et papier. Les mots courent si vite, que de nombreuses tachent d'encre les rendent indéchiffrables par endroit, mais elle en a cure. Nul ne les lira jamais, ils sont destinés a l'au delà. Un monde que nul ne peut atteindre, mais elle veut croire qu'ils iront a lui, elle en a besoin. Il l'a privé de sa présence, de son réconfort, de ses étreintes, de la chaleur de son rire, de la douceur de son regard, il ne la privera pas de cela.

 
  

A mon bien aimé, vous qui plus jamais ne saurait lire mes mots. Vous qui plus jamais ne réchaufferait mes nuit solitaires. Vous dont je ne saurais plus trouvée le moindre réconfort en vos sourires ou dans l'éclat brillant de vos yeux. A vous qui m'avez abandonné alors même que j'avais si cruellement besoin de vous ... Savez vous combien j'aimerais avoir la force de vous détester pour cela et pourtant il n'en est rien. Je vous pleure et j'avoue honteusement aussi vous maudire dans mes instants de faiblesse, mais mon cœur est emplie d'amour comme au premier jour de notre rencontre. Je n'ai rien n'oublier des trop peu nombreux instants passés ensembles et je n'en oublierais jamais rien.

J'implore les dieux pour qu'il me donne la force nécessaire a vous pardonner votre désertion a mes cotés, car a l'encontre de ce que vous semblez avoir cru aux portes de la mort, c'est la le seul grief sincère que j’eus jamais portée contre vous. Si le pouvoir était chose aisée, alors les paysans se presseraient eux même sur le trône pour l'exercer, mais ils en devinent le coût et le pouvoir, bienheureux, en leurs vies simples, qu'ils sont. Vous n'avez point failli en vos devoirs de duc, jamais, mais j'ai faillie en mes devoirs d'épouse. La maladie s'emparant de moi et mon corps alité vous obligeant a prendre des responsabilités qui n'étaient pas vôtres bien trop tôt. Pas une fois je n’eus a douter de la sincérité de vos motivations, je sais que toujours vous avez eu a cœur de protéger nos terres, nos gens, nos intérêts.

Votre fougue et votre impulsivité vous auront parfois conduit sur des chemins peu enviables et bien téméraires, mais que seul celui qui n'a jamais fauté en vienne a vous jeter la première pierre. Je ne l'ai jamais fait, je n'ai jamais reniée aucune de vos actions. Je les ai comprise, acceptée et défendue. Telle se doit une femme de le faire envers l’être aimé a qui elle doit tant. Jusq'au jour ou j'appris votre mort, ou plutôt sa cause, votre choix, jamais vous ne m'aviez déçue. Jamais je ne vous avais reprochée quoi que ce soit. Vous ne saurez jamais combien je me suis sentie blessée que vous ayez choisi de m'abandonner alors que moi même je luttais ardament pour que vous me reveniez sauf. J'étais prête a aller contre mes convictions profondes et a m'engager dans une guerre pour vous ramener auprès de moi.

Vous ne m'avez pas laissé cette chance, vous avez baissé les bras, cesser la lutte. Ou était donc alors cette flamme ardente que j'aimais voir brûler en vous. Ou se cacher l'homme dont j'étais tombée amoureuse dans vos dernièrs instants, celui qui avait juré de ne jamais m'abandonner ? C'est de cela que je ne peux vous pardonner. Qu'importe votre départ, qu'importe votre refus de vouloir m'écouter, qu'importe lequel de nous deux a eu tort ou raison. Vous n’êtes plus désormais et je suis seule, cela m'est intolérable comme votre manque de confiance. A t'il fallut que vous pensiez que j'étais incapable de vous sauver pour que vous renonciez a la vie ? Je peux pardonnée votre peine, votre faiblesse, mais je ne puis oubliée que vous avez choisi de ne pas me revenir, de ne pas partager mes fardeaux.

J'ose croire qu'au jour ou nous nous reverrons, ma vertu me sera revenue. Quel genre de femme suis je dont pour ainsi en vouloir a un mort ? Une femme que vous avez bien mal connu. Si vous aviez tout su de moi alors peut être auriez vous fuit. Je me surprend a le souhaiter parfois, car alors vous seriez encore en vie. Puissiez vous avoir trouvé la paix dans la mort, puisse t'elle vous avoir libérer de vos regrets et de vos tourments, tandis que moi je resterais en ce monde froid, esseulée, pour affronter les miens. Veillez sur nos enfants et chérissez les comme j'aurais aimée que nous puissions tout deux le faire. En attendant de vous rejoindre, je vous retrouverais chaque nuit. Tantôt dans mes rêves, tantôt dans mes cauchemars. Nous les cheveux grisonnants, entourés de nos petits enfants, des perspectives d'avenir que vous m'avez dérobé en vous soustrayant a la vie. Vous sautant d'une tour en hurlant mon nom, me maudissant pour la mort de nos enfants .. Ou simplement la vision de votre personne devenant flou, s'éloignant jusqu’à disparaître sans que je ne pusse rien faire pour vous retenir.

Ah mon aimé, je ne sais si je saurais vous pardonner, point des faits dont vous sembliez vous accuser non, de m'avoir laisser seule a me débattre dans les méandres de votre absence. Mais vous dans la miséricorde des dieux et dans la bienheureuse étreinte de libération que donne la mort, saurez vous trouvé la force de me pardonner de vous maudire parfois pour la douleur que me cause votre perte ? Pour votre défection a mes cotés ? Pour votre choix de me laisser seule ? Aller en paix mon aimé, que mes mots puissent se porter jusqu’à votre âme immortelle pour vous murmurer tout l'amour que j'ai toujours éprouvée pour vous et que j'emporterais avec moi au jour de vous rejoindre. Adieu mon tendre amour, pardonnez vous tout ce que vous vous reprochiez et chérissez nos enfants quand moi même je ne peux le faire. Je veillerais sur les vôtres comme vous avez veillé sur moi, votre famille sera la mienne et jamais je ne vous oublierais. Il est temps pour moi de me détacher de vous, laissant l'étreinte de la mort vous emporter au loin, car c'est la sienne que vous avez choisi plutôt que les miennes.

Vos lettres furent reçus jusqu’à la dernière, si je ne puis vous promettre qu'elles aient apaisés ceux que vous aimiez, au moins tous ont reçus vos dernières paroles, tel un cadeau inestimable a chérir. J'ai espérée en vain sentir a nouveau vos bras autour de moi et vos lèvres sur les miennes, mais puisse mon souhait d'un jour nous retrouver dans l'au delà se réaliser. En attendant je vais vivre Oschide, pour nos enfants qui n'en ont pas eu la chance, pour nos terres, notre peuple et tout ces gens qui comptent sur moi. Je fais ce choix que vous n'avez pas fait. Je me redresse et je me bats, quand bien même vous ne l'avez pas fait, je le ferais pour vous. En votre mémoire, en celle de l'homme que vous étiez ou que vous auriez pu être. Je choisie de vivre même si cela me condamne a une douloureuse solitude et a des années passées sans la douceur de votre présence a mes cotés. Je m’efforcerais de ne point vous reprocher d'avoir choisie la facilité de la mort alors que je choisie la dureté de la vie, en espérant que vous même vous me pardonnerez de vous abandonner dans la mort comme vous m'avez abandonné dans la vie.  


Que les dieux vous accueillent et vous apaisent. Avec tout mon amour.  

Méliane.




Elle ne se relit pas, il n'y'a point de sceau a imposé ou de rouleau a sortir. Elle serre ses mots entre ses doigts puis se dirigent vers la cheminée. Le vélin d'Oschide est abandonné sur son secrétaire, il finira bientôt dans un coffre a l'abris de tout les regards sauf du sien. Elle y puisera réconfort ou pénitence quand la douleur se fera trop dure. Elle fait face aux flamme, agite ses mains au dessus et regarde ses mots s'embrassaient lentement, son regard suivant bientôt la fumée qui s'envole. Vers les cieux, vers Oschide. Puisse t'elle lui amener ses mots. Tandis que le papier se consume, ses doigts tremblent, ses larmes coulent. Ce sont des adieux et a la mesure de leur histoire, ils sont vifs, passionnés, délicats et douloureux. Un a un les souvenirs affluent, du premier jusqu'au dernier. Ce jour ou il arriva, cette dernière dispute déchirante, un premier baiser, une première étreinte, la douleur de la séparation, le bonheur de lui apprendre qu'il serait père, la douleur d'apprendre sa mort .. Tout se chevauche. Tout s’entremêle. Adieu Oschide.
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