[MdO 2017][Lac de cendre] Au crépuscule de la vie, l'aube d'une renaissance

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Ëninríl Il'Dolwen
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MessageSujet: [MdO 2017][Lac de cendre] Au crépuscule de la vie, l'aube d'une renaissance   [MdO 2017][Lac de cendre] Au crépuscule de la vie, l'aube d'une renaissance I_icon_minitimeSam 19 Nov 2016 - 19:09

[MdO 2017][Lac de cendre] Au crépuscule de la vie, l'aube d'une renaissance 957925finlaplusclasseenin


"J’ai parcouru Anaëh. Partout les merveilles se dévoilent à ceux qui ouvrent les yeux sur la Beauté de l’œuvre. Mais de toutes, celle qui me fut donné de plus belle à regarder fut cette étincelle de vie qui semble éteinte mais qui se rallume au printemps."
Ëniníl Il’Dolwen


Une feuille brunie par la saison virevoltait dans le vent qui venait de se lever. Autour d'elle la forêt avait revêtu ses teintes crépusculaires. Elle était première à s'être laissé porter par le souffle d'Elenwë qui enlevait la vie d'Anaëh en cette saison. Les autres suivraient et laisseraient les Frères dépourvus de leur robe de printemps. La belle saison était terminée, Anaëh s'endormait paisiblement pour hiberner. La feuille tournoya encore et encore, entraînée vers sa chute par son propre poids. Il y avait une certaine grâce dans ce mouvement aléatoire au gré des brises. Puis celle qui avait été bourgeon, protectrice du fruit et de l'arbre glissa sur le sol et s'y déposa pour ne jamais plus le quitter.

L'Aigle regarda la petite feuille tomber à ses pieds et épouser le sol mouillé par les premières pluies. Ce n'était pas le premier automne que ses yeux avaient à affronter, mais comme pour chacun il éprouvait une tristesse familière et si particulière à la fois. A chaque automne les Frères mouraient pour toute une saison. La verte canopée abandonnait sa couleur pour laisser entrer pleinement la lumière de l'Astre Solaire sur les branches à nues. Le froid s'emparait des corps et la vie retenait son souffle jusqu'à la saison prochaine.

Mort. C’est ainsi que l’Aigle voyait l’automne. Et celle-ci avait une saveur particulière. Quelques ennéades s’étaient écoulées depuis les ruines du Front. Un clin d’œil dans la vie de l’Elfe. La forêt en feu était une cicatrice sanglante dans sa mémoire. En boucle ses yeux revoyaient les arbres tomber en cendre, ses oreilles entendaient leurs lamentations Symphoniques. Trop de Frères avaient passé les portes du royaume de Tari ce jour là. Et si pour chacun d’entre eux nombre Noires-Peaux avait péri et avait rejoins leur déesse impie, leur mort ne rendait pas la vie à la forêt trépassée.

Il fit un pas, enjambant la feuille orangée. Un second, qui le rapprocha un peu plus de l’endroit où il n’avait pu se résoudre à poser le pied depuis des jours. Son fardeau était lourd dans ses bras, mais il ne pouvait expliquer la lenteur de ses mouvements.

Trois pas.

Au loin une seconde feuille se déposa lentement sur l’humus. Le vent faisait craquer les branches et soufflait sur les frondaisons.

Quatre pas.

Entre ses paumes le corps inerte se faisait de plus en plus encombrant. La fatigue tenait chacun des muscles de l’Aigle, mais il marchait bravement en la combattant. Le doux visage encadré de cheveux bruns reposait, les paupières closes, sur son avant-bras. Les larmes, qu’il avait appris à refouler, lui montèrent aux yeux et troublèrent sa vision.

Cinq pas.

Dans son champ de vision apparu le gris des cendres soulevées par les volutes d’air. Les bourrasques rendait plus sinistre encore le lieu. La Symphonie à ses oreilles semblait elle-même le dissuader d’avancer un pas de plus. Mais il le fit et continua sa marche.

Aux portes de ce qu’avait touché l’incendie, la fatigue prit le dessus et s’abattit sur les épaules de l’Aigle comme un châtiment divin. Ses genoux ployèrent et lâchèrent. Un nuage de poussière se souleva, le faisant disparaître un court instant et couvrant son corps et celui de l’elfe qu’il portait de cendres.

L’Aigle, sur le point de sombrer, rassembla ses dernières forces mais ne parvint à rien. Il était l’Aigle, le Fils de Kÿria, mais en avait oublié jusqu’à son nom. Son bras était recouvert de plumes. A moins que ce ne fut son aile. Anaëh avait reconnu la Bête, elle avait reconnu l’Elfe. Mais ici, où la forêt atteignait ses dernières limites et où Sa force n’était plus qu’une infime énergie à peine perceptible, il n’était plus rien. Il n’avait plus de nom, plus d’identité. Un corps étranger et un esprit vide. Dans un sursaut de lucidité un constat alarmant : la Symphonie n’existait plus. Le Chant des Frères, pareil à un gémissement, semblait s’éteindre. Etait-il l’Aigle ? L’Elfe, le Druide ? Un nom lui revient.

Ëninríl Il’Dolwen

Etait-ce seulement le sien ? Il’Dolwen. L’Aigle de son clan. Qu’était devenu son père ? Sa mère ?

Idril Lisseül

Cette pensée le percuta de plein fouet. Ses prunelles vairon embuées dérivèrent vers le visage de l’elfe à ses genoux. Idril. Sa maîtresse, celle dont il fut l’élève. Un sourire éternellement figé sur ses traits, comme si la dernière chose qu’elle avait faîte l’avait satisfaite. Puis elle était morte. Morte. Son cri résonna longtemps quand il l’eut compris.

Larmes et cendres ruisselaient sur son visage. Il ne voulait plus qu’une chose à présent : rejoindre sa Mère dans le Panthéon où Idril siègeait à présent. Selon son clan les druides les plus vertueux finissaient par devenir des esprits de la Mère. Des Ëalas à la puissance infinie qui gardaient la forêt. Il le savait. Idril en était une. Sa propre vie défila dans sa tête, comme une succession d’échecs où les quelques succès étaient aussi rare que des perles au cœur des troncs.

"– Grande-Mère, soyez témoins de l’échec de Votre fils. Accordez-lui la Mort qu’il mérite."

Il était Ëninríl Il’Dolwen, de la Noss Wen’Döril, l’Aigle, le Gardien de l’Anaëh. Il se mit debout et s’enfonça là où la vie s’était arrêtée. La poussière avait tout recouvert de son Voile. Ici était le Royaume de Tari, les terres des Trépassés. Pourtant, dans chaque mensonge réside une part de vérité. Dans chaque elfe une part de bon. Dans la Mort une part de Vie. Là où la lumière ne frappait plus rien, un petit espoir. Un carré d’un pas épargné par les vents et la cendre. Dans ce carré une petite plante. Un petit chêne en devenir qui ne dépassait pas les un an d’existence. Alors l’Aigle sut ce qu’il devait faire. Ëninríl Il’Dolwen sut.

Idril reposerait à la droite du plant. Là où rien ne l’affecterait. Lui s’allongea à la gauche du petit Frère et entonna.

"– Une aube se leva,
Sur la verte canopée
Des arbres d'Anaëh.
Dans le crépuscule brilla
La clarté de l'Ithil.

Lorsque la nuit tomba,
Un règne sans fin elle installa.
Ainsi fut le Onzième Voile.

La Mère apparut à ses fils,
Aînée de tous les dieux,
Reine parmi les cieux,
Prime Créatrice.

Dans l'obscurité,
Les arbres eurent leur splendeur,
Les plants devinrent fleurs.
Kÿria reprit ses droits en Anaëh.

Pendant trois mois dura,
La dix millième nuit.
Et quand l'aube se leva,
Deux lunes se couchèrent.
"

La magie donnait corps à son Chant, donnait Vie à ses mots. Tandis qu’il chantait – chantait-il seulement vraiment ? – la Lumière reprit le pas sur l’Obscurité. L’Equilibre, la Nature. La Vie. Le corps du druide était entièrement possédé par l’énergie divine. Rien ne pouvait l’arrêter, pas même sa conscience. A travers la Bête sa magie s’exprimait librement. Le Chant prit de l’ampleur et domina le vent lui-même. La lumière étincelait, brillait, éblouissait. Possédé par les arcanes son esprit ne lui répondait plus. S’il n’arrêtait pas, il mourrait. Mais c’est ce qu’il voulait. Offrir sa Vie à l’Anaëh, pour que l’Equilibre triomphe. Son corps, sa vie, sa conscience, il donna tout. La magie dominait les cendres et projetait la mort loin de cet endroit.

Et le Chant se tut.

Là où il y avait eu deux corps et un frère se trouvait un merveilleux chêne d’une hauteur toute à fait respectable. La Cendre recouvrait encore la plaine, mais la Graine d’une nouvelle Vie était semée. La forêt reprendrait ses droits ses cette lande et Kÿria y régnerait encore. Le Druide avait donné son être pour faire éclore un nouveau bourgeon. Le crépuscule de la vie était l’annonce de l’aube de la renaissance. Alors que sa vie s’éteignait, un dernier nom lui vint à l’esprit. Sur cette note il quitta l’Anaëh et devint le Chêne.

Nienna

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MessageSujet: Re: [MdO 2017][Lac de cendre] Au crépuscule de la vie, l'aube d'une renaissance   [MdO 2017][Lac de cendre] Au crépuscule de la vie, l'aube d'une renaissance I_icon_minitimeDim 20 Nov 2016 - 15:33



Aux bordures des terres sacrées, là ou Sa présence n'était qu'une faible et lointaine impression, il ne pouvait ni ne voulait aller plus loin. La tâche était accomplie. Sa Soeur était libre à nouveau. Les ennemis repoussés. Les enfants remis dans le droit chemins.
Tandis que sa Harde s'égaillait autour de lui pour la dernière fois, ses sabots foulaient le Bastion Blanc. Le Gardien Éphémère. Ellyrion comme l'appelaient les Fils et les Filles.

Il était la Victoire. Mais il sentait.

Les combats avaient pris leur dû. Pris le Faible pour renforcer le Tout.

Les flammes et la souffrance.
Le refus et le Don.

La tête tournée vers les étoiles, son Brame fit vibrer l'air et la Symphonie.

Une seule réponse. Une seule voix.

Loups. Cerf. Ours.
Prédateurs et proies.

Les yeux tournés vers les deux lunes. Sous le même ciel

Victoire! Fils. Aigle. Messager.
La Soif tu as refusée. Jamais ne fus guerrier.
Puisse mes sœurs veiller sur ton chemin car à elles tu t'es lié.
Toi qui nous a remis sur la juste voie et sorti du lisier.
C'est maintenant la tienne que tu dois tracer.

Dans un frémissement, il retourna à la torpeur. Anaëh l'accueillit en son sein, laissant la Volonté de l'Esprit redevenir Rêve. Son image s'effaça. La Harde se dispersa.

Nulle feuille ne tombe sans que le monde n'en soit changé.




Aux hurlements de douleurs ont succédé le calme...
Aux hurlements de douleurs ont succédé le silence.


De la tête aux pieds.

Des racines aux cimes.


Il ne reste plus que des corps calcinés, sombres comme la peaux de ceux qui les avaient tués.


Le Lac de Cendre s'étendaient, cotonneux et lumineux au milieux du dense canevas de vie qui le pleurait. La poussière et la cendre flottaient dans l'air avec leur odeur chaude de fumée et de chaire brûlée. La tête de ceux qui avaient sentit les flamme lécher leurs branches étaient penchée sur le l'immense tombe, emplissant l'éther d'une lamentation que seuls les cœurs pouvaient percevoir.

Ils pleuraient leurs amis. Ils pleuraient leur parents. Mais surtout, ils se pleuraient eux-même. Leur propre douleur envahissait le Tout que formait l'Anaëh. Depuis le Voile, depuis l'Eveil, aucune douleur n'avait été plus retentissante. A des lieues de là, l'étonnement avait saisi bon nombre d'êtres sensibles lorsque leurs yeux s'étaient mis à verser ses larmes sans raison.

Puis le temps s'était écoulé.

Les heures s'étaient transformées en jour. Les jours en ennéades. Les ennéades en mois.

Plus de deux mois.

Cent-quatre-vingt-huit jours après que les drows aient quittés les frondaisons exactement. Un souffle dans l'éternité d'Anaëh.

La couche duveteuse et blanchâtre avait finie par être balayée. Les vents et les pluies d'automne s'étaient emparés impitoyablement de la moindre brindille charbonneuse, de la moindre carcasse qui n'avait pas encore été emportée ou dévorée. Il ne restait plus que les piques noires des troncs les plus épais pour marquer ce paysage de mort. La terre, brune et dense ne semblait pas s'être décidé à laisser pousser quoi que ce soit depuis... Cependant un étrange quadrillage hasardeux reprenait ses aises.

Si les racines des arbres et des plantes avaient été réduites en cendre par ces feux magiques et que les graines répandues dans la souffrance ne semblaient vouloir germer, de longues veines de bois glissaient paresseusement dans ces parcelles dénudées. Elles avançaient de façon imperceptible en produisant un murmure sourd oscillant entre les pleures, la rage et l’ébullition d'une vie nouvelle, comme pour s'approprier de nouveau cette terre gorgée de sang. Cachée par la végétation puis par la cendre, elles se révélaient chaque jour un peu plus aux spectateurs attentifs, convergeant vers un cœur qui ne pouvait demeurer solitaire. Certaines  plus épaisses que le tronc d'un chêne centenaire, d'autres fines et souples comme de simples tiges, elles serpentaient à la surface pour mieux disparaitre dans les profondeurs de la terre.


Les Racines de l'Estel.

Le Don de la Mère.

Car Vie et Mort ne sont qu'un cycle.

Car tant qu'il y aura des êtres pour chanter et d'autres pour écouter, l'Œuvre restera éternelle.

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_________________
Ombre fugace
Maître de ton destin

-Crédits de l'avatar: ETERNAL RETURN - Art of pierre / Alain D.
Site de l'artiste: http://www.3mmi.org/v9/
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