La Grande Purge

1er jour de la 1ère ennéade de Favrius

Depuis son entrevue avec la Baronne, Amaury tournait en rond comme un lion en cage. Elle l'avait mit hors de lui et il avait eut beaucoup de mal pour se contenir et ne pas exploser. Toutefois, le feu qui brulait en lui était toujours présent. Il avait beaucoup réfléchit et il était temps de passer à l'action. Il avait déjà commencé en faisant épier les moindres gestes de la Baronne. Il devait aussi prendre le large pour ne pas faire de bêtises, aussi il avait décidé que ce serait lui qui partirait pour le voyage imposé par la Baronne. Il avait une parfaite confiance dans son jumeau pour se faire passer pour lui et prendre les décisions et il serait tenu au courant de ce qu'il se passait. Ce soir la il se trouvait dans un salon avec pour seule compagnie, Rafaël

"Il est frustrant de constater qu'elle a raison, même si nous disposons de nombreux soutiens, ce ne sont pas forcément ceux qu'il nous faut. La noblesse terrienne nous regarde avec mépris comme des arrivistes."

"Mais la noblesse terrienne n'est pas forcément la plus fortunée, nos soutiens ont beaucoup d'argent si nous en arrivions à des extrêmes"

"Il n'est pas question d'en arriver la, tu le sais Rafaël. J'ai prêté serment et je ne compte pas revenir dessus, toutefois, il faut nous préparer au cas ou elle ne tiendrait pas le sien"

En effet, le serment était dans les deux sens et autant il devait conseil et soutien en cas d'agression sur la baronnie, autant la Baronne lui devait protection. Elle n'avait pourtant pas eut l'ombre d'une hésitation pour le menacer sur ses possessions

"Pas de notre fait, c'est certain mais nous ne savons pas si elle ne décidera pas de marcher contre nous"

"Elle n'oserait pas, diviser la baronnie ne serait pas une bonne chose, elle le sait. Et même si elle ne semble pas si rusée que tu me l'avais dis, je ne pense pas qu'elle irait jusque la"

"Elle ne recule devant rien pour redorer le blason de sa famille et le Vicomté en faisait parti avant que Maciste ne le cède à notre oncle"

"Nous devons déjà être certain que si trahison il y a, cela ne vienne pas de l'intérieur"

Amaury avait longtemps réfléchit et pesé le pour et le contre avant de prendre la terrible décision qu'il s'apprenait à faire.

"Rafaël, nous ne pouvons pas douter de nos vassaux, le soutien doit être total"

"Je le sais mais comment y parvenir, certains ne nous ont pas suivis tant que tu n'avais pas prêté serment à la Baronne et ils se sont ralliés par dépit"

"Alors il faut faire ce qu'il faut"

Le silence qui suivit était des plus pesant alors que le cadet comprenait toute l'étendue de ce que son frère venait de dire

"Nous devons nous assurer que nos vassaux seront loyaux et indéfectibles et dans le cas contraire, les neutraliser par tous les moyens. Dans le même temps, nous devons maintenir nos accords avec nos soutiens. Enfin, il faut courtiser cette noblesse terrienne et les rallier, quoi qu'il en coute"

Rafaël serait celui qui allait devoir s'occuper de cela vu l'absence de son frère et ce n'était pas ce qu'il appréciait le plus comme tâche

"Es tu certain de ton choix, si nous sommes découvert..."

"Alors fais en sorte que nous ne le soyons pas, fais appel à qui tu sais, rien ne dois nous rattacher à ce qu'il va se passer et il est d'une loyauté sans faille."

"Il est aussi sans pitié"

"Et c'est exactement ce qu'il nous faut dans la situation précaire ou nous sommes."

"Je vois que ta décision est prise et que rien ne te détournera de ton choix. Alors soit, lançons les dés et prions Tyra qu'elle nous soit favorable"

L'homme de main qu'ils allaient appeler était un expert dans bien des domaines, sa famille servait les Di Castelli depuis plusieurs générations et ils s'entendaient à merveille bien que personne ne doute de cette entente.

1er jour de la 1ère ennéade de Barkios

Rafaël, se faisant passer pour son frère et assumant la tâche de Vicomte avait le yeux rivés sur un parchemin qui trainait sur le bureau. Dessus, on l'avisait du décès d'un vassal. Pourtant, nul tristesse dans son coeur, ni haine. Rafaël se rappelait la discussion qu'il avait eut avec son ainé puis celle qu'il avait eut ensuite. Il se trouvait alors dans ce même bureau lorsqu'un pan de mur s'ouvrit pour laisser passer un homme à la mine patibulaire mais presque. Lorenzo, celui qui vivait dans l'ombre et s'occupait des basses besognes pour la famille Di Castelli. Il était entré secrètement en utilisant des passages connus de trois personnes, les deux frères et lui même. Personne d'autre que les jumeaux ne connaissait son véritable nom et il ne se montrait jamais lorsqu'ils n'étaient pas seul. Rafaël lui avait expliqué la situation, donné une liste de nom, verbalement bien entendu et laissé carte blanche tout en reprécisant (on est jamais assez prudent) que rien ne devait rattacher les faits qui s'ensuivraient aux Di Castelli. Lorenzo s'était incliné et il était repartit avec un petit sourire terrifiant sur les lèvres.

Le cadet avait convié ensuite plusieurs nobles attachés à sa famille, offrant de bons repas et de bonnes parties de chasses, parlant argent et loyauté. Les jours passèrent alors qu'il raffermissait les liens avec les familles loyales. Il organisa aussi quelques rencontres avec les nobles les plus proches, trouvant des prétextes afin d'inviter ou d'aller à la rencontre de cette noblesse terrienne et ancienne. Tout se passa pour le mieux, en façade du moins, mais il se rendait bien compte d'un certain mépris à son égard, surement considéré comme un arriviste ou un opportuniste. Toutefois, c'était maintenant sa famille qui détenait le Vicomté et elle comptait bien ne pas le perdre. Et puis, quelques jours plus tard, il reçu alors le premier parchemin. Dessus, on lui expliquait que toute la famille Di Castello était décédée des suites de l'incendie de leur demeure et que personne n'y avait survécu. L'homme avait été l'un des derniers à se rallier aux Di Castelli et de mauvaise grâce suite au serment du Vicomte à la Baronne. Voila une terre qu'il faudrait redistribuer et qui de mieux que de loyaux amis pour cela. Une semaine plus tard, ce fut le tour de Paolo Di Perrugini, un homme d'âge mur sans descendance, du moins de reconnu car il devait bien avoir quelques bâtards éparpillés vu sa vie dissolue. Celui-ci avait été tué d'un coup de couteau dans le dos alors qu'il sortait d'une taverne dans un quartier peu fréquentable. Il avait été détroussé et l'on avait mis cela sur le compte de la pègre local car tout le monde savait qu'il avait des dettes. Le parchemin qu'il avait devant lui concernait la famille Dalmazzio. Il avait péri écrasé par une caisse qui s'était détaché sur les docks, un tragique accident qui laissait sa veuve avec un enfant en bas âge qui aurait le temps d'être éduqué. de la façon qu'il convenait. Rafaël avait répondu à toutes ses lettres par de touchantes condoléances et il s'était même déplacé pour le dernier, assurant l'épouse éploré que tout serait fait pour lui venir en aide.

La purge était en marche, les opposants aux Di Castelli devaient fondre au soleil afin d'assoir leur maitrise sur le Vicomté. Heureusement les plus virulents étaient peu nombreux.

Rafaël avait eu une frayeurs lorsque la Baronne avait convoqué tous les nobles avec un héritier, il n'était pas très dupe de la démarche et cela aurait pu embraser les choses. Heureusement pour lui, elle était tombé malade, ce qui avait annulé sa demande, du moins pour le moment. Il voulait profiter de ce contretemps pour continuer ce qui était en cours. Quelques temps après, de nouveau dans son bureau, il marchait en rond alors qu'il attendait celui qu'il savait être revenu, Rafaël ne fut pas surprit de voir le pan du fameux mur s'ouvrir pour laisser entrer Lorenzo

"Bon retour, j'ai reçu des missives qui m'ont indiqué le chemin que vous avez parcouru avant de revenir jusque nous, encore une fois, nous ne pouvons qu'être admiratif devant votre travail, félicitation"

Lorenzo murmurait presque lorsqu'il répondit, habitué au secret. A noter que même lui pensait avoir Amaury en face de lui et non son jumeau

"Je n'ai fais que mon devoir, monseigneur, rien de plus"

"Le résultat est tout ce qui compte, nous n'avons pratiquement plus d'opposant ou de personnes récalcitrant à mon encontre, et pour cela je vous en remercie"

"Merci, monseigneur"

Il y avait eu pas mal de morts le mois dernier, certains sans héritier et laissant la place à de nouvelles nominations pour des nobles plus enclins à soutenir le Vicomte. D'autres avaient succombé au profit d'un cousin ou d'un fils trop jeune et influençable au profit d'Amaury. La Baronne pouvait toujours le menacer d'une guerre, les nobles du Vicomté soutiendraient leur Vicomte dans une très large majorité. Tous n'avaient pas pu être purgé bien entendu, mais le danger était maintenant minime, du moins au sein du Vicomté. Avec Aquila en plus, les Di Castelli étaient maintenant à l'abri d'une guerre civile, leur force n'étant pas à prendre à la légère. La manière de procéder de Victoria était navrante, ils devraient oeuvrer de concert et pas s'opposer, Rafaël ne comprenait pas pourquoi elle avait tant de griefs à l'égard de sa famille. Il n'avait pas encore fait le lien avec la visite à la famille Anoszia, ce qui aurait pourtant du être évident.

"Voyez vous d'autres opportunités que s'ouvrent à nous dans votre domaine de prédilection?"

"Pas pour le moment, monseigneur, j'ai pris sur moi de tisser mon réseau d'espionnage du côté de la Baronne et des derniers réfractaires"

"Fort bien, tenez moi au courant du moindre mouvement"

Nul besoin de lui signifier que la discussion était terminé, Lorenzo s'inclina bien bas avant de repartir par le passage secret.