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| L'adieu | Guillaume de Clairssac [Terminé] | |
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Maélyne de Lourmel
Ancien
Nombre de messages : 2536 Âge : 33 Date d'inscription : 14/03/2012
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 26 ans / 983 du 10ème cycle. Taille : 1m72 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: L'adieu | Guillaume de Clairssac [Terminé] Mer 30 Nov 2016 - 14:59 | |
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Au 1er jour 9ème ennéade Mois de Favrius, automne An 9 du 11ème cycle A Seram.
Le château de Seram était leur demeure depuis maintenant plus d’une ennéade. Guillaume avait fait le choix de s’y attarder un moment avant de prendre la route pour Lourmel où d’autres festivités en l’honneur du mariage seront organisées présentant ainsi le nouveau seigneur des lieux. Cela faisait maintenant trois ennéades que Maélyne et Guillaume avaient prononcés leurs vœux, trois ennéades qu’il avait gâché cette nuit en buvant comme un trou, depuis, Maélyne lui adressait la parole qu’en stricte nécessité et boudait le lit conjugale ce qui irritait au plus haut point son époux.
En fin d’après-midi, dans sa chambre de substitution, Maélyne était en train d’appliquer les soins nécessaires à Arth.
- Quelqu’un a frappé. - Je ne pense pas, j’ai rien entendu. - Quelqu’un a frappé.
La jeune femme arrêta ses soins puis se leva en direction de la porte qu’elle ouvrit assez rapidement. Guillaume se tenait là, droit comme un i et toujours aussi bien peigné, habillé de ses plus beaux vêtements. Sur le coup, Maélyne se demanda si elle n’avait pas oubliée une quelconque soirée.
« Nous avons à discuter. » « A propos de ? » « A propos de la situation actuelle. » « Laquelle ? » « Celle qui vous empêche de dormir avec moi ! »
Maélyne voulu refermer la porte mais Guillaume l’intercepta puis s’engouffra dans la petite chambre.
« Cette situation est ridicule. Vous êtes mon épouse, vous vous devez d’être à mes côtés. » « Vous avez arrêté de boire ? » demanda-t-elle sur un ton qui ne semblait pas réjouir son époux. « Vous m’en voulez encore ?! Après tout ce temps ?! Vous êtes sérieuse Maélyne? »
La jeune femme haussa les épaules, elle ne mesurait certainement pas le poids de ses actions. La rancune avait fini par l’aveugler complètement. Ou alors était-ce autre chose ? Guillaume s’approcha d’elle, déposant ses mains sur ses épaules.
« Je me suis déjà excusé. Cela ne vous suffit-il pas ? » Elle ne répondit pas, préférant éviter son regard. « Je ne suis pas certain que vous m’en ayez réellement voulu. » « Bien-sûr que si. » « Ah bon ? Vous devriez vous sentir chanceuse, j’aurais aisément pu vous forcer. » « Vous n’auriez pas osé. » « Non je n’aurais pas osé, clairement pas. Cela ne fait pas partie de mes convictions. » Il lui attrapa le bras puis remonta sa manche pour ensuite le lever et ainsi placer son poignet à hauteur de leurs deux visages. « Est-ce que tout cela n’aurait-il pas un rapport avec ceci ? » Demanda-t-il en fixant le bracelet de cuir qui ornait encore à cette place. « Ce n’est qu’un bête bijoux sans valeur. » « Justement, pourquoi le porter ? Vous qui possédez de si belles parures serties des plus belles pierres. » « C’est... c’est qu’un bracelet. » « Effectivement. Le même bracelet que portait le Comte. Vous savez, celui qui n’était pas invité mais qui est quand même venu sans son épouse. » Maélyne ne broncha pas, gardant un calme olympien pour ne pas trahir son secret. « Vous vous faites des idées. » « Ah oui ? Et pourquoi avoir demandé à Clémence de lui apporter une lettre ? Peu après la cérémonie. » « Comment... Suis-je au courant ? C’est une servante d’Etherna, elle n’a pas hésité un seul instant à le révéler à tout le personnel. »
La jeune femme sentit son cœur s’emballer alors que son visage resta tout aussi stoïque. Elle venait de se rendre compte qu’en plus de se mettre elle-même dans un certain embarras, cela porterait également préjudice à Roderik.
« Ce n’est pas ce que vous croyez. » « Et qu’est-ce que je crois ? » Répondit-il sèchement en lui lâchant la main. « Vu qu’il ne s’est pas présenté au château après la cérémonie, je me suis permise de le contacter pour avoir des nouvelles de sa santé. C’est tout. » Guillaume se recula vivement avant d’entamer les cents pas dans la pièce. Il s’était convaincu depuis tout ce temps, lui qui était minutieux et suspicieux qu’il y avait eu quelque chose entre son épouse et cet homme qui l’avait tout de même froidement rabroué à Etherna. « Je ne suis pas certain de pouvoir vous croire. » « Pourtant c’est la vérité. » Mentit-elle.
Il se calma, restant un moment immobile, dos à elle.
« Vous vous souvenez de notre première sortie en tête à tête aux festivités de Serramire? » Cette balade qui finalement avait duré jusqu’au petit matin revint en mémoire de la jeune femme. « Oui, je m’en souviens. » « Vous souvenez-vous seulement de comment vous vous êtes comporté envers moi ? » Cette douceur, ces sourires, ces légères caresses, bien évidemment qu’elle se souvenait de tout cela. « Oui. » « Pourquoi ? » « Pourquoi quoi ? » « Pourquoi est-ce que ce genre de moments n’existent plus ? » Lui demanda-t-il sincèrement en se retournant pour la fixer d’un regard doux. Maélyne quant à elle ne répondit pas et baissa la tête.
« Cette mémoire que vous avez récupéré vous a changé en une personne que je ne connais pas. Je ne vous connais plus Maélyne et cela me rend dingue. »
Il reprit la direction de la porte puis s’immobilisa avant de sortir.
« Vu que le mariage n’a pas encore été consommé. N’hésitez pas à me prévenir si vous souhaitez l’annuler. » La porte se fermât plutôt violemment, laissant une Maélyne en détresse qui ne résista plus longtemps à laisser paraître son désarrois face à la situation.
Dernière édition par Maélyne de Lourmel le Lun 12 Déc 2016 - 17:05, édité 5 fois |
| | | Maélyne de Lourmel
Ancien
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| Sujet: Re: L'adieu | Guillaume de Clairssac [Terminé] Mer 30 Nov 2016 - 17:22 | |
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Dans sa chambre, Guillaume était assez énervé. Il marchait, en longeant les murs, parcourant la pièce de long en large.
« Elle se fou de moi. » Dit-il dans un excès de colère avant de renverser une table.
Un simple bracelet sans valeur… Une lettre pour avoir des nouvelles de sa santé alors qu’elle n’avait pas encore mis les pieds dans les jardins. Comment pouvait-elle savoir qu’il n’y était pas ? Et pourquoi ne pas avoir envoyé de messager officiel ? Pourquoi ne pas l’avoir invité le lendemain ? Non, elle me ment, je le sais.
Pourtant, même persuadé que cela cachait quelque chose, Guillaume n’avait pas assez d’éléments pour prouver cette éventuelle liaison. Surtout que Maélyne ne l’avait jamais quittée depuis la prononciation de ses vœux.
« Je l’empêcherais de le revoir. D’une quelconque façon que ce soit. »
Il rumina encore quelques minutes avant qu’une servante vint le quérir pour le repas du soir. Il s’empressa de se peigner et d’ajuster ses vêtements avant de se rendre dans la salle à manger où une table était dressée. Il attendit avant de prendre place, attendant impatiemment son épouse pour commencer à se sustenter.
Dix minutes passèrent, puis une vingtaine. « Mais où est-elle ?! » s’exclama-t-il, impatient. « Messire… Je crains que votre épouse, la Dame de Lourmel soit… introuvable. » « Quoi ?? » « Nous… soupçonnons qu’elle ait quitté le château. » « Vous soupçonnez ? N’y a-t-il donc pas de gardes aux portes de cette bâtisse !? » « Si mais… » « Retrouvez-là ! immédiatement ! »
Le majordome s’exécuta et transmit immédiatement l’ordre. En réalité, Maélyne n’était pas bien loin. Le soleil se couchait et sa chute finissait dans la mer. Pieds nus, elle marchait sur la plage, admirant se spectacle tout en réfléchissant à sa discussion avec Guillaume. Elle ne pouvait le nier, il était quelqu’un de gentil, de doux et de charmant. Ne pouvait-elle pas rêver mieux ? En réalité si. Mais ce rêve avait décidé de la laisser tomber, œuvrant pour une autre cause qui n’était autre que la gloire et le pouvoir. Qu’avait donc fait Guillaume pour mériter un tel traitement de sa part ? Pas grand-chose voir même rien du tout en réalité. Maélyne avait jeté sur ses épaules tout ce poids qu’elle ne supportait plus.
Son cœur commençait à se déchirer, s’éloignant de cet amour brisé pour ressentir compassion et attirance pour cet homme qui a su être si patient avec elle.
La jeune femme s’arrêta, jouant avec le sable de son pied, les bras croisés, la tête baissée. Puis, elle soupira et se mit face à la mer qui lui envoyait systématiquement de petites vagues couplées à de plus grosses. Ce bruit l’apaisait mais Lourmel lui manquait aussi. Son regard se posa sur son poignet, celui qui abritait ce fameux bracelet. Elle se souvint avoir demandé à Clémence de le nouer, souhaitant ainsi sceller son amour pour Roderik mais ces lacets de cuir n’avaient apporté que rancœur et désespoir, sans compter les soupçons de son époux.
Il faut que cela cesse…
D’un geste Maélyne arracha ce bracelet et le jeta le plus loin possible dans l’eau.
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| | | Maélyne de Lourmel
Ancien
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| Sujet: Re: L'adieu | Guillaume de Clairssac [Terminé] Mer 7 Déc 2016 - 22:17 | |
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Le ciel dégagé et assombrit après la chute du soleil offrait dorénavant un vaste champ d’étoiles. L’absence totale de nuages permettait ainsi aux yeux ébahis d’admirer cet autre spectacle lumineux. Les deux lunes proches l’une de l’autres éclairaient le chemin d’une douce lueur bleuâtre alors que Maélyne rebroussait chemin jusqu’au château. Il était tard et le froid commença à gagner les chaumières.
Les couloirs accueillirent bien vite les pas de la Dame, puis elle ouvrit une porte qui ne menait autre qu’à la chambre conjugale. Guillaume sursauta en se demandant qui pouvait bien pénétrer ainsi dans sa chambre sans s’être annoncé. Prêt à s’emparer de son épée, il se ravisa en s’apercevant du joli minois de sa femme.
« Mais où étiez-vous ?! » Se permit-il de crier.
Un bref regard fut échangé pendant que la jeune femme se dirigea vers la table. Elle prit alors place sur l’une des chaises et se servit allégrement une coupe de vin à laquelle elle but une grande gorgée.
« Allez-vous continuez longtemps à me parler sur ce ton ? »
Guillaume qui s’était légèrement avancé s’arrêta pour détourner son regard. Il se pinça les lèvres de colère mais essaya de se contrôler. Cette journée avait déjà mal commencée et il ne souhaitait pas l’aggraver.
« J’étais… simplement inquiet. Vous ne m’avez pas prévenu de votre départ. » « Je suis simplement allée à la plage. Vous auriez pu aisément le savoir en questionnant Hans. » « Certes. J’ai oublié ce maudit valet. J’y penserais la prochaine fois. Néanmoins, vous auriez tout de même pu me prévenir. Cela m’aurait empêché de m’inquiéter de la sorte. » « Je suis revenue, Guillaume. Et sans aucune égratignure. »
Il soupira de soulagement mais également d’exaspération face à l’indifférence de son épouse. Maélyne quant à elle continua de siroter sa coupe de vin en n’adressant aucun regard à Guillaume.
« Vous ne portez plus votre bracelet. » Finit-il par articuler après un silence pesant. « Et ? Je croyais qu’il vous gênait ? » « Effectivement mais… » « Allez-vous me reprocher de l’avoir enlevé maintenant ? » « Je souhaites juste connaître sa signification. Ainsi que la vérité sur cette lettre. » « Je vous ai déjà tout dit. » « Je ne vous crois pas justement. » « Cela, c’est votre problème Guillaume. »
Il s’avança d’un pas assez rapide pour s’emparer une nouvelle fois du poignet de Maélyne. La Dame avait à nouveau réussit à le sortir de ses gonds.
« Je ne vous demande pas plus que la vérité, Maélyne. Je pense être en droit de le savoir. J’ai une foule de questions qui m’obsèdent de plus en plus et j’en ai perdu le sommeil. Je vous ai épousé, malgré tout ce qui vous est arrivé. J’ai juré devant la Damedieu de vous protéger et de vous rester fidèle. Mais j’ai une forte et désagréable impression que vous bafouez vos propres promesses. »
La jeune femme retira violemment son poignet d’entre les mains de Guillaume puis se leva brusquement, elle aussi dorénavant énervée.
« Vous voulez la vérité Guillaume ? Eh bien la voici : Oui. Oui, oui et oui. J’ai aimé cet homme, bien plus que n’importe quel autre que j’ai connu. Je l’ai tellement aimé que j’ai longuement espérée qu’il demande ma main, longuement espérée qu’il partage mes sentiments. Mais il s’est avéré que ce n’était pas le cas. Je ne suis rien à ces yeux, absolument rien et c’est pour cela que je me suis empressée d’accepter la proposition de votre frère. J’avais besoin de combler ce vide, de réparer ce qu’il avait brisé. » Elle fit une pause. « Le bracelet ? Effectivement, c’est le même que le sien. J’ai remarqué maintes fois qu’il le portait mais j’ignore quelle est sa signification. Il ne s’en séparait jamais. J’ai donc décidé de le copier et de le porter, pour me remémorer à chaque instant que l’homme que j’aimais ne voulait pas de moi mais qu’en échange, je vous ai trouvé vous. »
Son discoure cachait une part de mensonges mais également beaucoup de vérité. Elle ne pouvait pas tout lui dire, ce serait faire défaut à son honneur, à celui de Roderik mais également à celui de Guillaume et elle devait à tout prix éviter cela.
« Quant à la missive… » Elle réfléchissait bien vite à trouver une excuse mais elle n’y parvint pas. « Je lui faisais simplement mes adieux… » D’un geste qu’elle n’avait pas soupçonné, la main de Guillaume vint se loger sur son visage, infligeant une gifle à Maélyne. Il se tourna ensuite pour se rapprocher de la fenêtre, laissant ainsi une Maélyne pantois face à son geste. Mais à défaut d’être en colère, la Dame était relativement soulagée car il avait arrêté de poser de questions, du moins c’est ce qu’elle pensait.
« L’aimez-vous encore ? » « Je m’efforce de l’oublier. »
Il plaça ses mains sur ses hanches, toujours près de la fenêtre dont les volets étaient restés ouverts. Guillaume baissa alors la tête et soupira une nouvelle fois avant de se retourner, gardant toujours cette distance qu’il crut nécessaire de maintenir pour éviter de faire encore plus de mal à son épouse.
« Je ne veux plus que vous preniez contact avec lui. » « Cela va de soi. » « Qui suis-je pour vous, Maélyne ? » « Mon époux. » Répondit-elle en haussant légèrement les épaules. « Que ressentez-vous pour moi ? » « Actuellement ? Une certaine haine. »
Guillaume s’approcha de nouveau et Maélyne ne broncha pas. Cette fois-ci pourtant, ces gestes étaient plus tendres. Il s’empressa de la serrer contre lui alors que la Dame resta inerte face à ce geste.
« Veuillez m’excusez. Je me suis laissé emporter par la colère. Je n’aurais jamais dû lever la main sur vous. »
Maélyne ne répondit pas, laissant son époux l’enlacer alors qu’elle ne lui rendit toujours pas cette tendresse. Ils restèrent encore quelques instants dans cette position avant que la Dame ne décide de le repousser et de quitter la pièce pour rejoindre sa chambre où Arth l’attendait pour ses soins.
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| | | Maélyne de Lourmel
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| Sujet: Re: L'adieu | Guillaume de Clairssac [Terminé] Jeu 8 Déc 2016 - 23:54 | |
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La chambre était éclairée par une simple bougie fortement consumée. La nuit avait fini par passer pour en arriver à la moitié de sa course. Maélyne ne dormait toujours pas, trop préoccupée par sa récente querelle avec son époux. Une foule de questions s’étaient empressées de lui voler son sommeil. Devait-elle en arriver à rompre leurs vœux ? Était-ce seulement ce qu’elle désirait réellement ? Arriverait-il à lui pardonner un jour ou l’autre ? Finira-t-elle par oublier celui pour qui son cœur battait ? Celui qui l’avait lâchement abandonné, préférant le pouvoir et la gloire à l’amour ardent qu’elle lui portait ?
Roderik mérite-t-il seulement toute cette passion que je lui offre sans rien réclamer en retour ?
Un soupire suivit cette pensée puis la jeune femme se leva de sa chaise pour faire quelques pas dans cette chambrée. Le feu de cheminée éclairait cette pièce bien plus que la petite bougie, mais celui-ci s’éteignait petit à petit, indiquant que la nuit suivait son cours et que le soleil allait bientôt reprendre sa place. Son regard se posa ensuite sur le nid qu’elle avait confectionné pour son fidèle compagnon Arth. Elle remarqua que celui-ci était vide et regarda ensuite la fenêtre dont les volets étaient entre-ouverts.
- Arth ? - Oui ? - Où es-tu ? - Je suis dehors. Je survole les toits et les jardins. - Je t’en prie, soit prudent. - Je le serais, je n’irais pas bien loin. - D’accord, mais revient avant le lever du jour.
Depuis que l’animal avait subi des blessures de la part de paysans à Etherna, Maélyne redoutait chacune de ses sorties. Pourtant, elle ne pouvait l’empêcher d’aller gambader dehors, lui qui avait besoin de voler et d’apprendre à évoluer dans ce monde qui lui était inconnu. Le personnel ainsi que les gardes avaient de toute façon pour ordre de ne lui faire aucun mal et pour qu’il soit aisément reconnu, un foulard rouge était accroché autour de son cou.
Une fois sa conversation avec son compagnon terminée, Maélyne regarda son lit en se demandant s’il ne valait pas mieux qu’elle aille se coucher. Un peu de repos ne lui ferait pas de mal au vu du retour vers Lourmel qui l’attendait sous peu. Mais la Dame était toujours éprise de toutes ces interrogations qui ne cessèrent de la bousculer dans tous les sens.
Puis, elle entendit frapper à sa porte. Immobile, son regard se posa vers la source du bruit se demandant si elle avait bien entendu quelqu’un cogner sur ce bois de chêne. Un second coup fut donné puis la porte s’ouvrit d’elle-même. La jeune femme recula légèrement puis s’aperçut que ce n’était autre que Guillaume qui entrait.
« Désolé… je… pensais que vous dormiez. »
Maélyne ne répondit rien. Elle se contenta seulement de le regarder s’avancer lentement pour ensuite s’arrêter prêt de la table où se trouvait la bougie.
« Je n’arrives pas à trouver le sommeil. » « Moi non plus. » « Maélyne… je… » Il s’arrêta, passant sa main sur sa nuque alors que son regard ne fixa que le sol.
« Je ne sais pas si j’arriverais à oublier tout cela… Si j’arriverais à vous pardonner… » Il fit une pause. « Mais à force d’y penser, je me rends compte qu’en réalité, vous n’avez rien fait de mal. Ce mariage… Notre mariage n’était qu’un moyen de rapprocher nos familles. C’était arrangé et je ne peux vous en vouloir de ne point m’aimer. Depuis que vous… que nous avons prononcés nos vœux, nous nous sommes point quittés. Je ne peux donc pas vous soupçonner d’infidélité. Du moins… de corps vu que dorénavant, je vous sais infidèle de cœur. » Il voulait continuer mais il n’en eut pas l’occasion. Maélyne s’était avancée pour se jeter librement dans ses bras. Même s’il semblait accepter le fait qu’elle éprouve des sentiments à l’égard de Roderik, le sentir aussi touché, aussi blessé par cela avait fini par complètement la culpabiliser. Et malgré cette gifle qu’il lui avait affligé et qu’elle estimait complètement mériter, Maélyne n’arrivait pas à lui en vouloir.
« Guillaume… » Commença-t-elle en se reculant légèrement, se retrouvant face à son époux. « Il est vrai que j’ai aimé cet homme. Mais il m’a profondément blessée. Jamais je ne retournerais auprès de lui. Jamais je ne lui rendrais l’occasion de me blesser d’avantage. Je l’ai longuement attendu et il n’a pas daigné saisir cette occasion que je lui offrais. Il ne mérite plus mon amour. » D’une main, elle vint doucement caresser son visage. « Vous n’avez été que douceur, patience et gentillesse avec moi. Je ne vous remercierais jamais assez pour ce geste. » Une nouvelle étreinte lui était offerte avant que Maélyne ne continue de le rassurer. « Notre mariage signifie bien plus qu’un simple arrangement. J’ai demandé à Jérôme de me laisser assez de temps pour vous connaître avant d’accepter sa proposition. Et ce sont vos nombreuses qualités qui m’ont données envie de devenir votre femme et non plus les bénéfices qu’apporterait cette union. »
Guillaume la repoussa légèrement pour plonger son regard dans le sien.
« Pourtant, vous sembliez si distante depuis la cérémonie. » « Et je m’en excuse. J’étais… assez perdue face à tout cela… En colère tout d’abord de le voir s’inviter librement à cette cérémonie… apeurée ensuite au vu des nombreuses personnes de mon entourage qui semblent n’avoir qu’une seule destinée : la mort. Et puis, cela faisait si longtemps que je n’avais point connue ce statut d’épouse. Je me sentais complètement égarée et me raccrochait à la seule chose qui me donnait encore espoir. » Arth vint alors se poser sur le rebord de la fenêtre, comme s’il avait senti que Maélyne était en train de parler de lui. Lorsqu’il aperçut qu’elle n’était point seule, il sonda bien vite les émotions de sa maîtresse. Rassurée de la sentit en sécurité, il s’envola à nouveau vagabonder autour des quelques tours du château. Maélyne et Guillaume avaient brièvement posés leurs regards sur l’animal avant que celui-ci ne reprenne congé.
A nouveau seuls, plus aucun des deux époux n’arriva à exprimer un seul mot. Maélyne s’en voulait de ne pas accorder à Guillaume les sentiments qu’il méritait amplement et lui s’en voulait de ne pas avoir été suffisamment à la hauteur pour la guérir de cette amour qui la faisait tant souffrir.
La bougie s’éteignit et il n’y avait plus que le feu de cheminée mourant pour les éclairer. Cette atmosphère tamisée fit en un instant naître en Guillaume une folle envie de se rapprocher de son épouse. Mais il avait toujours cette conscience qui le poussait à se sentir mal à l’aise à ses côtés, malgré les récentes paroles de Maélyne.
La jeune femme quant à elle, n’hésita pas et vint une nouvelle fois enlacer Guillaume, posant sa tête au creux de son cou, fermant les yeux pour savourer chaque instant tout en se demandant si c’était le dernier. Allait-il vouloir rompre ce mariage ? Il était en droit de le demander… et Maélyne n’aurait pas refusé si tel était son souhait. Elle n’aurait pas refusé de lui rendre cette liberté si cela pouvait lui amener une autre femme dont le cœur n’était pas éprit d’un cuistre de fils de chien. Mais une pointe d’égoïsme s’empara tout de même de son esprit. Son cœur était blessé et elle était persuadée que Guillaume serait celui qui saurait le réparer. Néanmoins, son comportement allait devoir changer et la jeune femme devra s’efforcer d’oublier le Comte.
« Je ne souhaites pas annuler mes vœux. Mais si vous, vous le souhaitez, alors je respecterais votre décision. » Finit-elle par articuler après avoir replongé son regard bleu pâle dans le sien. Dans un premier temps, Guillaume ne réagit pas, puis, éprit d’une soudaine envie qu’il n’arrivait plus à contrôler, il se mit à capturer les lèvres de son épouse offrant un ardent échange si souvent souhaité.
Ses mains se posèrent timidement sur la taille fine de la jeune femme alors que celles de Maélyne vint se poser dans sa nuque, acceptant sans peine de lui rendre cet assaut. La journée avait mal débutée mais la nuit semblait prompte aux réconciliations, si bien que, face à l’assurance de son épouse, Guillaume commença à parcourir librement les hanches de la Dame, cherchant à défaire ces lacets, dernière barrière à l’accomplissement totale de leur union. Il parvint à les trouver et s’attela à la tâche de les dénouer tout en attirant ce corps chaud contre le sien, amplifiant de surcroît ce baiser. Maélyne sentit une douce chaleur s’emparer d’elle et laissa Guillaume la transporter vers une totale nudité. Ces gestes étaient bien différents de cette première nuit qu’ils avaient passés ensemble, ils étaient plus sereins, plus doux et bien plus adroits. La Dame sentit ses doigts glisser le long de son échine et en frissonna de plaisir.
Les flammes dansèrent toujours au sein de cette cheminée lorsque leurs deux corps dénudés se retrouvèrent étendus sur ce lit dont seuls les draps seraient témoins de leurs ébats. La Dame, allongée sur son dos, accueillant son époux, se courbait sous chacun de ses assauts, gémissant à l’instant même où ses lèvres furent libérées des siennes. Le doux son de sa voix vint percer les volets de la fenêtre.
Dehors, Arth gambadait encore librement dans la cour lorsqu’il sentit un drôle de sensation l’envahir. Il se redressa pour s’étirer de ton son long, scruta les alentours puis se mit à courir après une poule.
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