Une rencontre avant les voeux | Guillaume de Clairssac (PNJ)

Jour 1
5ème ennéade
Favrius, mois d'Automne
An 9 du 11ème cycle.

Maélyne était enfin à Seram.

« PEUT-ON ME DIRE OU PUIS-JE TROUVER MESSIRE DE CLAIRSSAC ?! » Cria-t-elle en plein milieu d’un couloir alors que cela faisait maintenant une bonne demi-heure qu’on l’avait envoyée aux quatre coins du château pour retrouver Guillaume. S’il y avait bien une chose qu’elle détestait c’était que personne ne sache la renseigner.

« Mais OU est-il ??? »

Elle était arrivée là veille, accueillie par une tierce personne car le régent était déjà introuvable. Énervée, elle continua sa quête. Après tout, la Dame n’avait pas fait le chemin jusqu’à la cité portuaire pour rien. Elle se devait de le voir, elle voulait le voir.

« Guillaume ? » Dit-elle en franchissant une énième porte. Mais toujours rien. « Mais enfin… Par Néerra, où est-il ? »

Exaspérée, la jeune femme décida d’arrêter les recherches. Après tout, si même les servantes, majordomes et gardes ne savaient pas où il se trouvait c’est qu’il ne voulait pas être trouvé.

« Bon, eh bien, si vous avez la CHANCE de croiser mon futur époux, dites-lui que je suis à la plage. »

La mer, après tout, n’était-elle pas là également pour elle ? Et au moins, celle ne se faisait ni attendre et ne disparaissait pas sur un coup de tête. Sortant de la ville, Maélyne s’éloigna un peu de la cité pour rejoindre la côte là où elle offrait de belles plages désertes. Du moins c’est ce qu’elle croyait car elle croisa un corps, allongé sur le sable, endormit. Ce n’était autre que Guillaume.

« Mais enfin, que faites-vous là ? Cela fait plus d’une journée qu’on vous cherche au château ! »

Avec l'arrivée de Jérôme, Guillaume était repartit rapidement à Seram avant de célébrer son futur mariage. Etrangement, il tournait comme un lion en cage dans la demeure qui était officiellement la sienne. Bien qu'occupé par tout le travail qu'il y avait à faire, profitant de sa présence, il trouvait le temps long, surtout la nuit ou le sommeil le fuyait, s'endormant tardivement. Du haut d'une des tours, il montait, soit pour regarder la mer, soit les étoiles, selon le moment du jour ou de la nuit. Le problème avec le temps, c'est que lorsque vous avez trop, vous réfléchissez. Alors cela peut être une bonne chose pour certains projets ou trouver des solutions mais dans certains cas, c'est pesant. Voyant la date de son mariage approcher, Guillaume ne pouvait s'empêcher de se faire tout un tas de scénarios et surtout d'avoir ses sentiments qui le submergeaient. Ce n'était pas une joie débordante qui l'envahissait et il était attristé par ce qu'il ressentait. En effet, l'amertume tenait une grande place dans son cœur en cet instant. Il s'étonnait d'avoir ce sentiments à l'encontre de son frère alors qu'il l'aimait d'un amour fraternel très fort. Lorsqu'il voyait son frère épanouit de par son union d'amour, il le jalousait également, chose qu'il désirait enfouir au plus profond de lui, presque honteux d'avoir ce genre de sensation.

Il avait toujours su qu'il ferait un mariage arrangé vu son statut de noble, bien qu'étant le second, il aurait peut être plus de latitude que son ainé. Et pourtant, c'était le contraire qui allait se dérouler. Par chance, sa rancœur était atténuée par celle qui lui était promise. Il avait apprit à mieux la connaitre, elle était belle, ce qui n'était pas rien, mais en plus elle était intelligente et d'une force surprenante vu les horreurs qu'elle avait traversée. Ce matin la, il ne désirait pas être embêté, il se décida donc pour une promenade sur la plage. Il voulait être seul et il eut beaucoup de mal à réussir à partir sans qu'on lui colle une suite ou des gardes. Enfin débarrassé de tout cela, il fit le trajet jusqu'à une plage qu'il savait déserte, ou du moins, très peu fréquentée. Après avoir passé un long moment le regard vide vers l'horizon, son sommeil en retard le rattrapant, Guillaume s'allongea sans gène sur le sable, les mains derrière la tête et il s'endormit. Il récupérait jusqu'à ce qu'il entende, de manière lointaine, quelqu'un parler.

Habitué à se réveiller rapidement de par les campagnes et batailles menées, tout comme les moments ou on avait quelque chose d'important à lui demander, il se retrouva assit prestement, faisant le point de la situation. Il avisa alors la dame de Lourmel. On lui avait dit qu'elle était arrivée la veille mais Guillaume était partit très tôt, il pensait la rejoindre plus tard. Il se releva alors

"Ma dame, quelle surprise que de vous voir ici. Je pensais vous retrouver plus tard. Le château peut bien attendre, par contre, je suis navré que vous ayez eut à subir cette attente aussi. Comment puis je me faire pardonner ?"

La présence de Maélyne lui rappelait encore plus l'imminence de leur union. Elle faisait ressurgir toutes les interrogations qu'il avait. Et pourtant, au fond de lui, il se entait un peu apaisé, à moins qu'elle ne fasse ressurgir d'autres sentiments qui reléguaient les autres plus profond.

« Vous faire pardonner ? Non, je ne vois pas. »

A part peut-être rompre les fiançailles mais ça, Maélyne ne se voyait pas le lui demander à une semaine des noces. Et puis au fond, il n’était pas si insupportable que cela. Leurs dernière rencontre privée remonte au tournoi, où ils s’étaient retrouvés le temps d’une balade qui avait finalement duré tout une nuit –une nuitée chaste, précisons-le-.

Maélyne n’avait à cette époque pas encore retrouvé la mémoire, par contre elle se souvient avoir passé un excellent moment à ses côtés. Et ce souvenir l’empêchait de le voir comme un simple inconnu, il était plus que cela. Peut-être pas autant que Roderik mais il n’était pas rien non plus.

« Disons que je trouve cela non seulement imprudent de vous promener sans aucun garde mais en plus, ma visite a été annoncée, vous auriez tout de même pu m’accueillir… enfin… c’est ce que j’aurais voulu. »

Le ton de sa voix s’était adouci, comme si elle regrettait vraiment d’avoir trouvé un château vide à son arrivée. Maélyne se tourna alors vers son garde et lui demanda de descendre de son cheval.

« Dîtes-moi Guillaume. Une revanche, cela vous dit-il ? » Sortit-elle aussi naturellement que possible en lui tendant les rennes de la monture. « A moins que vous n’ayez peur de perdre une seconde fois. »

Leurs première course datait de cette fameuse balade mais Maélyne n’était pas dupe, il l’avait laissé gagner. Elle voulait une revanche, et une revanche qui serait disputée loyalement.

Guillaume regardait sa promise et il se disait intérieurement qu'il avait finalement de la chance. On aurait pu lui trouver plus mauvais partit. Il se le rappelait souvent afin de se persuader de cette chance

"Vous ne voyez pas ? pourtant vous dites que vous auriez voulu être accueillie. C'est pour cela que je m'excuse car vous avez raison, j'ai manqué à toutes mes obligations. J'ai pensé que vous auriez voulu récupérer du voyage et être tranquille jusque ce soir. Je me suis fourvoyé et je vous fais mauvaise impression, voila qui est dommageable, il faut que je répare cela."

Il s'approchait de la dame tout en lui parlant, touchant finalement sa jambe gauche de sa main droite et la monture de la gauche afin qu'elle sente sa présence

"Vous savez, l'endroit n'est pas réputé dangereux et je vous assure que je sais parfaitement me défendre si c'est nécessaire."

Alors oui, Guillaume était un bon guerrier, bien qu'inférieur à son ainé, mais en dormant, il s'était clairement exposé. Il comprit où voulait en venir la dame lorsqu'elle demanda à son garde de descendre de sa monture. Il sourit à l'idée

"Une revanche, bien entendu que cela me tente. Et si vous gagnez encore, ce n'est pas grave, je n'en souffrirais pas, ça prouvera juste que vous êtes une cavalière hors pair. Et dans ce cas, je serais un homme chanceux d'avoir une épouse si talentueuse. Cela changera de celles qui ne sortent jamais et nous pourrons faire de belles balades, ponctuées de courses effrénées"

L'automne était très doux à Etherna, le soleil, pas aussi chaud qu'en été mais tout de même présent, se reflétait sur les cheveux blonds du seigneur de Seram. La mer intensifiait le bleu de ses yeux qui étaient posées sur celle qu'il allait épouser dans peu de temps. Il prit les rennes du cheval et monta dessus avec aisance tout en voyant l'hésitation du garde. Il fallait dire qu'après ce qu'elle avait vécu, sur ses propres terres, l'on pouvait le comprendre.

"Ne vous inquiétez, je veillerais sur elle"

Il talonna doucement la monture afin qu'elle se rapproche de celle de Maélyne, puis lorsqu'ils furent cote à cote, il ne manqua pas de regarder Maélyne avec intensité

"Quand vous voulez, je suis prêt mais avant, je tiens à vous avertir. Prenez garde, sur la plage, ce n'est pas pareil qu'en plaine"

Ou en foret, c'était surtout le sol qui était plus moue