[Terminé] Il faut une première fois à tout, même le bateau. (Koda, Jormgard)

'Important à lire avant de participer':

Automne, Kÿrianos, première ennéade de Barkios, an neuf, onzième cycle.

Deux voyageurs, trop grands pour être des autochtones, arpentaient l'Est des plaines du Brissalion, sous la pluie battante qui transformait la terre meuble de la région en une boue désagréable au soulier.
L'une, encapuchonnée, l'autre sans rien pour se protéger ni la tête ni le visage. En revanche iql avaient tous deux à peu de chose près la même couleur de peau, si omettait le fait que pour Abel cela était dû à sa mort remontant à déjà quelques jours.
T'sisra observait l'Océan d'Eris. C'était la toute première fois qu'elle voyait la mer, et elle se demandait ce qui effrayait tant la génération de ses parents. Aujourd'hui, l'Eris ne semblait pas déchaîné, bien au contraire. Il semblait allongé et endormi sous l'épaisse couverture de brouillard qui enveloppait lentement la côte. Le vent s'était tût et la pluie était devenue bruine, comme pour ne pas le réveiller. Comme pour éviter de déchaîner la colère dévastatrice des eaux du Nord.

_ Nous y sommes. Dit-elle en souriant sous sa capuche, alors qu'elle apercevait la cabane de pèche et le ponton. Tu vas rentrer chez toi, Abel Dugris.

Le non-mort qui marchait à ses côtés, ne tourna même pas la tête. Il n'y avait pas d'âme là-dedans. Il n'était qu'un simple cadavre qui transportait son propre cercueil sur le dos.
La nécromancienne poussa un long soupir. Elle était bien heureuse qu'il ne soit qu'un amas de chair pourrissant, et pas une de ces choses contre-nature investies d'une âme. A son sens, l'âme était une chose pure, que la magie ne pouvait pas se permettre altérer, c'était la part du vivant qu'on ne devrait pas corrompre ni malmener. Il faut dire qu'elle avait toujours eu une peur bleue de tout ce qui touchait aux âmes, et rien que d'imaginer son moi intérieur arraché à la mort la faisait frémir.
Son regard se perdit dans les brumes, tandis qu'Abel titubait. Elle apercevait un navire déchirer l'épaisse couche brumeuse, sous un soleil déclinant dont les rayons avaient toutes les peines du monde à percer.
La fin de journée était aussi calme pour le couple singulier qui approchait de la cabane de pêche, qu'horrifiante pour celui qui se trouvait à l'intérieur, et voyait à travers le carreaux un cadavre porter sur son dos la boite dans laquelle il devrait normalement reposer.

Arrivée à l'entrée du cabanon, T'sisra toqua à la porte. Et personne ne répondit.

_ Il y a quelqu'un ? Insista la daedhel en toquant à nouveau.

N'ayant toujours aucune réponse, elle poussa du bout des doigts la porte qui s'ouvrit lentement dans un grincement des gonds. Elle découvrit un vieux nain borgne, vêtu de simples haillons, qui brandissant d'une main tremblotante une épée courte.
Elle commença par retirer a capuche. Ce qui n'aida pas le vieillard à se sentir plus rassuré. Mais il restait dawi dans son sang et son cœur, et un nain évite de montrer sa peur.

_ Un pas de plus et je t’occis foutue sombre !

Elle recula d'un pas en levant les mains, en signe de paix. Là, le vieillard était vraiment surpris.

_ Recule encore ! Quand mes frères viendront ils me vengeront !

_ Je ne vous veux aucun mal, contrebandier.

Le dawi hésitait. Si elle savait ce qu'il était, elle avait forcément dû l'apprendre de quelqu'un qui était dans la combine. Mais les drows ont déjà mauvaise réputation, et elle avait empirée depuis les derniers événements qui son ensanglanté la terre du Zagazorn.

_ Et comme vous pouvez le voir, la ressemblance que je peux avoir avec mes pairs reste sujet à débat. Commanca-t-elle avant de désigner le non-mort qui attendait debout sur le ponton, son cercueil toujours sur le dos. L'homme que vous voyez ici était, au même que moi, un adepte de la magie de la vie. A la différence qu'il l'utilisait à mauvais escient, ce que je ne fais pas. Sa tête est mise à prix en Apreplaine, une région de Péninsule. Je souhaite l'y emmener afin que les autorité locales puissent juger de la véracité des missives que nous avons échangées.

_ Qu'est-ce qui me dit que c'est vrai tout ça ? Demanda-t-il en avançant, l'épée à la main.

T'sisra abaissa lentement la main jusqu'à sa besace, sans aucun geste brusque, car elle avait laissé le nain approcher sa lame assez près.

_ Voici une lettre de l'échevin qui prouvera ce que j'avance, déclara-t-elle en la dépliant pour la lui montrer, et je crois, par ailleurs, que vous, ou une de vos connaissances, est en relation avec un certain Balir ?

_ Mh... Mh... Comment tu sais ça ?

_ C'est lui, et Garrick, un homme, vieux, qui m'ont indiqué cet endroit.

Le contrebandier prit le temps de la réflexion. Sans abaisser sa lame, qu'il tenait d'une main tremblotante, ce qui était sûrement dû à une maladie qu'on appelle "vieillerie".

_ Comment s'appelle son fils ? Au nain.

_ Murtharn, il s'est enfoncé dans le Septentrion il y a plusieurs ennéades de cela, à la poursuite des légendes naines, et ce pour la gloire d'un prophète. Répondit-elle avec un léger sourire.

L'ancêtre rengaina sa lame. Il dévisageait T'sisra sans aucune gêne, les narines retroussées.

_ J'y ai pas cru à son histoire, au début. Et qu'est-ce que tu viens foutre ici noiraude ?

_ Prendre un bateau ?

_ Ah oui, Apreplaine. En voilà un qu'arrive, lâcha-t-il en désignant le bâtiment qu'on distinguait à peine dans l'épais brouillard, vois avec eux, et ne t'éternises pas ici. Je n'aime pas ceux de ta race, et je ne t'aime pas non plus. Conclu-t-il en rentrant dans sa cabane.

Au moins, il avait le mérite d'être franc, ce vieux bougon.

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[Terminé] Il faut une première fois à tout, même le bateau. (Koda, Jormgard) Peuple10

T'sisra en bikini :

« Haaaaaa… »

Les yeux de Patte-Folle se détournèrent du pont supérieur pour regarder le capitaine qui venait d'émerger de sa cabine en poussant un soupire à fendre l'âme. Pourtant elle ne prononça pas le moindre mot. Un salut de la tête, un sourire et elle reporta son attention sur son travail.

« Si le vent ne tombe pas, nous jetterons l'encre d'ici trois ou quatre heures.
- Que les Djinns t'entendent. J'aurais fini les calculs pour Lün je pense. »

D'un pas traînant, Koda s'approcha d'un sceau d'eau salé utilisé pour lessivé le pont, y plongeant ses mains couvertes d'encre, le silence s'étendant sous les cris du vent dans les voile, la bruine qui vous glaçait les os et le ressac de l'océan contre la coque. L'Eris avait cela de beau qu'il restait indomptable même parmi les plus beaux jours de l'année… Et encore plus dans la région côtière du Brisalion, du Lorn et des Wandres dans lesquels peu de navires osaient s'aventurer. Entre les courants traîtres, les hauts fonds, les changements de vents à cause des dépressions et les autochtones qui avaient déjà abordé plus d'un navire qui passait par là, les marchands étaient réellement circonspects et la Thanorite passait presque en haute mer pour éviter le danger… ou plutôt remplacé un danger par un autre quand on savait ce qu'abritait ces eaux profondes.

En attendant, Koda prononça quelques mots en faveur des esprits des voyages, des vents et de l'autre monde histoire de passer un peu de pommade à ceux qui auraient été susceptible de changer ce temps calme. Faire preuve d'un peu de prévoyance ne faisait jamais de mal…

S'installant un moment à côté de Patte-Folle pour prendre les mesure de leur compas, du vent et de leur dérive, Koda redressa la tête de ses notes par hasard pour tomber sur le spectacle de ses hommes s'affairant dans les cordages pour remplacer le hunier actuel par une voile à moindre grain. Dans ce temps frais, humide et brumeux, on avait l'impression de voir gigoter des créature qui n'avaient d’existence que dans un plan étrange, coincé entre la réalité et le rêve. Elle les observait avec un léger sourire sur les lèvres lorsque la voix de Morgan l'obligea à s'ébrouer.

« Alors Capitaine, on rêvasse ?
- Alors Jacasse, on s'ennuie ? » Répondit-elle sans tourner les yeux vers lui. « Y'a justement le bastingage du gaillard avant qui réclame un coup de ponce.
- Pas mon quart.
- Pas mon problème. » répliqua-t-elle, un trémolo joyeux dans la voix.

Le mastard se passa une main sur la nuque, circonspect pendant qu'elle notait sur son carnet les derniers relevés avant de le fermer d'un coup sec.

« Toi et Julo avez vérifier les réserves d'eau ?
- Il n'en manque pas une once. Faut croire que le Vieux avait mal mesuré l'charnier la dernière fois. »

Elle acquiesça, donnant quelques petits de reliure sur son menton.

« Retourne donc à ta partie de dé… ou a ton sauciflard »

Cette fois, toute grande gueule qu'il soit, Morgan ne se fit pas prié, partant d'un bon pas sous le regard distant de la semi-elfe couturée de cicatrice qui tenait la barre et celui plus amusé de la femme noire. En s'éloignant, il échangea cependant un dernier regard avec le visage goguenard de la Capitaine et ricana en se rappelant de la tête du Coq lorsqu'il avait découvert la charcutaille à demie achevée que se tapaient en douce deux des énergumène qu'il s'évertuait à nourrir de la plus raffinée des cuisines…

Cette fois, les Esprits furent avec eux ! Le vent resta doux, incapable de chasser la brume durablement installée en cette fin d'automne ou la bruine qui bouillait le monde en étouffant tous les bruits. Mais au moins, le cap fut gardé sans soucis.

La journée touchait à son terme, le soleil rougissait le brouillard d'une lueur qui invitait l'imagination au voyage. Vision de cauchemars. Théâtre des rêves. Chacun pouvait bien s'y projeter à l'envie. Pour l'heure, Koda n'était pas certaine de son choix et multipliait les idées tout en aidant aux manœuvres d'approches de cette criques assez méconnue du grand publique. L'accès n'y était pas aisé, mais les cargaisons qu'ils avaient à embarquer et débarquer en valait généralement la peine, aussi, alors qu'ils voyageaient dans la région, et en occurrence lorsqu'ils revenaient de Thanor, ils ne manquaient pas une occasion de venir faire escale.

Une fois accroché aux fond, la chaloupe fut descendue. Confiante en son équipage… et en la fidélité de son bâtiment, la Capitaine faisait parti du contingent quittant le bord pour faire affaire sur la rive. En plus des quelques matelots, deux lourdes caisses avaient été posés sur la chaloupe… Ainsi qu'un panier d'osier remuant légèrement et que la plupart des hommes regardaient d'un œil apeuré.

Les derniers rayons du soleils glissaient presque parallèlement à l'eau lorsque la petite troupe de quatre mis pied jeta les amarres sur le ponton… ou plutôt que la chaloupe s'arrêta à quelques mètre des la rives, face à l'étrange bonhomme qui se tenait debout comme une statue de chaire, son cercueil sur le dos. Chacun avant empoigné son arme, même Koda avec son ridicule couteau en os à la lame longue comme sa main. Chacun scrutait les alentours, silencieux et tendu, même Morgan et son habituelle grande gueule…

Automne, Kÿrianos, première ennéade de Barkios, an neuf, onzième cycle.

Abel fixait l’horizon, où c'était tout du moins ce qui semblait, puisqu'en effet, il ne bougeait pas un cil, et ne respirait même pas. En se concentrant dessus, on aurait pu distinguer son manque d'expression, et sa couleur de peau cadavérique. Et les contrebandiers auraient beau s'agiter, le menacer, voire même le blesser, il serait incapable de réagir.
Alors une deuxième forme s'arracha aux brumes, pour se rapprocher du type qui déposait son propre cercueil sur les lattes de bois pourries du ponton, avant de mettre les deux pieds dedans et de se tourner vers la femme qui portait la queue de cheval haute.
T'sisra posa la main sur le front glacé et humide d'Abel. Il s'effondra dans sa boîte, inerte. Il était à nouveau un simple et pourrissant cadavre inanimé, et de retour là où il aurait dû rester.
La daedhel referma ensuite le couvercle, puis porta son attention à la chaloupe hésitante, et à ses matelots sur la défensive. Matelots qui venaient du bâtiment enveloppé dans les brumes. Il étaient là à quelques mètres, l'arme la main et le regard torve. Il va de soit que la puysarde comptait sur leur ouverture d'esprit, après tout, les contrebandiers, comme beaucoup d'individus en mal de légalité et à al morale souple, étaient en général habitués à côtoyer toute sorte de personnalités et d'ethnie.
C'est en s'accrochant fort à cette idée qu'elle avança, d'un pas lent et mesuré, jusqu'au bout de ponton, distinguant de mieux en mieux les nouveaux arrivants. Une chose était déjà certaine, et potentiellement problématique, l'une de ces personnes avait la peau bien trop noire pour ne pas être originaire du désert Zurthan, ou environs. Et quand on connait la cote de popularité des drows dans cette région du monde... Il y a de quoi se faire du mouron.
L'arcaniste ne se laissa pas abattre pour autant et fit quelques pas de plus, sans laisser paraître une once d'hésitation, avant de se fendre d'un léger sourire.

_ Bonsoir. Lança-t-elle à l'équipage, en se demandant ce que ferait Dagobert dans pareille situation. Je suis à la recherche d'un navire qui pourra me transporter, moi et ma cargaison, jusqu'à Syriac en Apreplaine. Et avant toute chose, sachez que l'homme dans ce cercueil, n'étant pas une bonne personne, c'est à la demande de l'échevin d'Apreplaine, la ville, que j'entreprends ce périple.

T'sisra s'encourageait intérieurement, elle avait dû être précise pour ne pas éveiller plus de méfiance que nécessaire. Non qu'ils auraient des raisons de l'être, mais la simple vue de ce qu'elle était suffisait, en général, à partir sur jugement hâtif et solide. Après tout, il lui avait bien fallut des ennéades entières pour que ses compagnons parviennent enfin à lui faire confiance, et c'était compréhensible.

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T'sisra en bikini :

Enveloppé de son manteau laiteux, le ciel s’assombrissait dans les bras du crépuscule. À l’horizon, coincé entre les blocs de brouillard, le soleil laissait couler ses dernières lueurs sanglantes alors que des étoiles, timides, émergeaient pour projeter leur faible clarté. Jormgard était trop préoccupé pour contempler la voûte céleste; plongeant son regard dans l’océan brumeux, il plissait les yeux pour percer le voile cotonneux. Des formes irrégulières semblaient prendre vie; s’agglutinant aux ombres, elles sautillaient, s’enlaçaient et dansaient avec grâce et précision. Une chorégraphie fantomatique qui inquiétait Jormgard plus qu’elle ne le rassurait.

C’était tout en examinant ces spectres mystérieux que Jormgard, les doigts crispés sur les rames, agitait les bras dans un mouvement de va-et-vient. La chaloupe flottait sur les eaux, propulsée par la sueur de quatre bras puissants. L’Eris, réputée pour son impétuosité, se laissait bercer par le souffle d’un vent doux. Seul le bruit des rames fissurant la masse aqueuse venait troubler la quiétude du soir. Étouffés sous le poids de ce silence angoissant, les quatre contrebandiers se regardaient sans rien dire, comme si aucun n’osait troubler ce calme presque surnaturel. Au centre de l’embarcation, deux énormes caissons s’appropriaient la majorité de l’espace, ainsi qu’un troisième, beaucoup plus insolite; un panier d’osier qui, dans d’autres circonstances, aurait passé pour un objet banal; mais Jormgard était convaincu l’avoir vu sursauté, comme si un esprit tourmenté cherchait à s’en échapper. Cette ambiance, touchant plus au rêve qu’à la réalité, se jouait de son imagination. Il se rappelait ces vieilles histoires effrayantes qui, à l’époque, lui avaient semblé exagérées. Pourtant, plonger dans ce brouillard où il sentait mille yeux le dévisager, l’idée d’une horreur se tapissant derrière la brume apparaissait beaucoup plus raisonnable.

Jormgard inspira profondément. Plutôt que de lui libérer l’esprit, il eut l’impression que l’humidité lui brouillait les idées. De fines gouttelettes tombaient sur ses cheveux, glissaient sur son visage, se perdaient dans sa barbe, imbibaient sa cotte de cuir sans manches. Jormgard ne savait pas s’il devait être content à l’idée de poser à nouveau les pieds sur sa terre natale. L’idée de rencontrer l’un des siens le rendait nerveux. Serait-il injurié, menacé ou agressé comme autrefois? Peut-être les trois? Le front brûlant, il ferma les yeux. Même après tout ce temps, la chair meurtrie élançait autant que la première fois, comme s’il revivait chaque jour ce moment où, sur l’échafaud, sa vie s’était arrêtée. Parfois, c’était l’âme qui trépassait avant le corps.

Ruminant ces pensées, Jormgard releva les yeux pour examiner la côte qui, émergeant lentement du brouillard, se matérialisait à l’horizon. Pourtant, les tas de pierres et de vase ne furent pas les seules choses qu’il aperçut sur la berge boueuse. Son cœur manqua un battement lorsqu’il remarqua deux silhouettes qui, côte à côte, semblaient les attendre. L’une d’elles, aussi raide qu’une pique, semblait porter un énorme sac sur les épaules. Non, l’objet était trop gros pour être un sac. Plus la barque se rapprochait et plus l’objet semblait grossir. À un tel point que Jormgard se demandait si ce n’était pas son imagination qui se jouait encore de lui. Il plissa les yeux pour mieux voir. L’homme, même s’il ressemblait plus à un automate par ses mouvements mécaniques et engourdis, portait sur son dos un… cercueil? Hésitant, Jormgard consulta ses compagnons qui lui renvoyèrent le même regard confus. Comme si la scène n’était pas assez étrange, l’homme déposa machinalement son fardeau devant lui et, prenant la décision la plus raisonnable et la plus naturelle, il choisit de s’y allonger lorsque son compagnon lui effleura le front. Naturellement, les contrebandiers dégainèrent leurs armes.

Pourtant, celle-ci (Jormgard s’aperçut qu’il s’agissait d’une femme) ne leur prêta aucune attention, se baissant plutôt pour refermer le cercueil de son couvercle. Elle s’avança ensuite, un sourire aux lèvres, et expliqua qu’elle cherchait un transport, pour elle et sa cargaison. Décidément, la situation prenait une tournure bizarre. Jormgard dévisagea la femme : son teint sombre, ses cheveux plus noirs que le charbon, sa longue lance, terminée d’un acier tranchant, dépassant de son dos.

« J’aime pas ça, » grommela-t-il dans sa barbe.

« Je vais te dire un truc, Brul'Gueule... Moi non plus j'aime pas ça. »

Sa tenue de cuir usée ensevelie sous un amas de lainage informe aux couleurs bariolées des plus improbable et son couteau en os ouvragé à la main, Koda se leva en équilibre à l'avant de la barque. Ses étranges tresses nouées à l'arrière de son crâne et cascadant dans son dos laissaient apparaître des lignes encore plus sombre que sa peau remontant le long de son cou et se perdant d'un côté dans sa crinière et de l'autre sous ses vêtements.

« Et c'est par pur plaisir que tu viens ici au lieu de prendre un convois à Lante si t'es si officielle que ça ? » puis elle se retourna vers ses hommes pour dire a voix plus basse sans pour autant tenter de se cacher « Les gars, donnez de la rame, Kel'tkaoh ! Vu ce qu'elle fait avec le macchabée en boite, elle pourrait tout aussi bien s'en prendre à nous à cette distance. On reste calme et on débarque... Et faites attention à ce fichu panier. Jormgard, avec moi. »

Deux mouvements de bras et ils arrivèrent à hauteur du ponton. Récupérant la corde au fond de la chaloupe, la Capitaine la noua sur l'un des piquets avant de poser pied à terre non sans avoir averti l'étrange … cliente ?

« Tu recules doucement, tu évite les mouvements brusques et on restera copines. »

Le premier pas qu'elle fit sur la rive de bois détrempé fut assez... vacillant. Elle faillit porter une main à son estomac... oulah... ça tanguait quand même... Ce qu'elle pouvait détester ça... Mais faisant contre mauvaise fortune bon cœur, elle se campa sur ses pieds de façon à ce que le nain puisse circuler sans problème sur le ponton et commença a examiner l'étrange apparition des pied à la tête... et de la tête au pied... et encore un petit coup en sens inverse pour être bien sûre.

« T'es quoi ? Un croisement entre un elfe et un cadavre ? C'est sûr que ton histoire de manda par un type de la Péninsule est super crédible... Enfin... T'as de quoi payer je suppose ? »

Dernière édition par T'sisra Do'ath le Mar 7 Mar 2017 - 6:51, édité 1 fois

Automne, Kÿrianos, première ennéade de Barkios, an neuf, onzième cycle.

« Et c'est par pur plaisir que tu viens ici au lieu de prendre un convois à Lante si t'es si officielle que ça ? » puis elle se retourna vers ses hommes pour dire a voix plus basse sans pour autant tenter de se cacher « Les gars, donnez de la rame, Kel'tkaoh ! Vu ce qu'elle fait avec le macchabée en boite, elle pourrait tout aussi bien s'en prendre à nous à cette distance. On reste calme et on débarque... Et faites attention à ce fichu panier. Jormgard, avec moi. »

_ Vu ma couleur de peau, c'est on ne peut moins aisé que vous ne pourriez le croire.Répondit-elle sur un ton des plus plat.

« Tu recules doucement, tu évite les mouvements brusques et on restera copines. »

Prudence est mère de sûreté, c'est une chose qu'elle comprenait. A leur place, elle se traiterait de la même façon après tout. Si elle avait eu le temps de ranger Abel dans on cercueil un peu plus tôt, les choses auraient certainement été moins tendues. Tant pis, il faudrait faire avec. Alors elle recula, sans tourner le dos aux arrivants, et assez loin pour éviter qu'elle ne soit blessée dans un coup de panique, avec son air calme et placide.

« T'es quoi ? Un croisement entre un elfe et un cadavre ? C'est sûr que ton histoire de manda par un type de la Péninsule est super crédible... Enfin... T'as de quoi payer je suppose ? »

La question lui rappela Amalghar, et elle ne répondit pas de suite. Ce qu'elle avait pu le haïr, toutes ses années qu'il avait passer à la torturer dans l'espoir de la transformer en une boule de haine. Mais il restait son père, et elle éprouverait toujours quelque chose pour lui.
A l'heure actuelle, sa tante Chadra, avait certainement dû déjà équarrir son paternel, et décollé le moindre pouce de sa peau, pour s'en faire un manteau. Rien que l'idée la fit frissonner.
Quoiqu'il en soit, elle ne répondait pas à la pique lancée par son interlocutrice, ça n'en valait pas la peine. Dagobert l'aurait fait lui, sans doute. Mais il aurait terminé dans la boite en bois aux côté d'Abel. A moins que ses jambes ne lui permettent de courir sur l'eau, ce qui ne l'étonnerait pas.

_ J'ai de quoi prouver ma bonne foi concernant ce mandat de l'échevin d'Apreplaine. Commença-t-elle en observant les marins qui grimpaient sur le ponton. Et vous êtes femme de réflexion, à en juger par votre attitude. Aussi vous vous doutez bien que vos lames ne sont d'aucune utilité, puisqu'en toute objectivité, j'ai besoin d'un transport pour Apreplaine, et un navire de cette taille, continuait-elle en désignant la caravelle à moitié engloutie par les brumes, n'avance pas avec une seule personne à son bord. Vous me corrigerez si je me trompe, mais je crois bien, en considérant la situation, ne pas être une menace assez sérieuse pour que l'issue de notre conversation ne se mue en une querelle inutile.

T'sisra restait courtoise, elle pensait à Dagobert, et faisait tout le contraire de ce qu'il aurait fait. Il était, sans aucun doute, le meilleur exemple des choses à ne pas faire durant une négociation.

_ Quant à savoir si j'ai de quoi payer, je vous demanderai à combien vous estimez le voyage ? Demanda-t-elle avec léger sourire.

Elle avait joué sa carte diplomatique, et espéraient vraiment que cela fonctionne. En tous les cas, elle fut surprise de temps d'hostilité de la part de contrebandiers. Ses idées reçues et ses préjugés sur ces derniers avaient été balayés comme un fétu de paille.

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T'sisra en bikini :

Quelques coups de rames et la chaloupe rejoignit le ponton en glissant sur l’eau. Saisissant une lanterne, Jormgard enjamba le panier d’osier pour rejoindre sa capitaine sur la plateforme, sa botte suscitant les lamentations des planches moisies; à en juger par l’état de pourriture avancée, peu de gens devaient circuler dans cet endroit. Pour seule habitation, une masure agonisante menaçait de s’effondrer à tout moment. Une faible lueur filtrait par la fenêtre, lumière qui semblait sur le point d’être aspirée par les ténèbres, à moins que la frêle construction ne s’écroulât, ce qui semblait plus probable. Peut-être qu’un jour, lui aussi posséderait sa propre maison. Un endroit où, après une journée de dur labeur, il pourrait se reposer et savourer une bonne bière, le sourire aux lèvres. Jormgard cracha dans la boue. Autant rêver.

Il brandit sa lanterne en levant le bras pour chasser les ombres, serrant de son autre main la poigne de son épée; une belle lame reluisant sous l’éclat orangé. Koda s’approcha de l’étrangère pour discuter de la proposition. Jormgard n’était pas particulièrement excité à l’idée de côtoyer la femme et son dégénéré, mais il préféra taire ses appréhensions. La capitaine n’appréciait pas les remises en question et, après avoir assisté à ses accès de colère, Jormgard préférait ne pas la mettre de mauvaise humeur. Il s’approcha plutôt du cercueil, mesurant chacun de ses pas, prêt à bondir au moindre mouvement du couvercle. Si cette chose s’y était allongée de son plein gré, rien ne l’empêchait de se relever. Et seul Mogar savait de quoi elle serait capable. Jormgard avait entendu ces histoires de revenants, ces cadavres décharnés, ni vraiment morts ou vivants, qui n’éprouvaient ni la faim ni la peur, condamnés à marcher le monde sans exister. On disait qu’ils ne mourraient jamais, que chaque membre sectionné était aussitôt réanimé, que leur seul objectif était l’éradication de toute forme de vie. Examinant son épée d’un œil nerveux, Jormgard ne souhaitait pas en vérifier la véracité.

Il resta ainsi immobile, à respirer les relents putrides qui flottaient dans l’air, tendant l’oreille pour détecter une quelconque respiration. Il remarqua ses muscles crispés et se força à les détendre, s’assurant de garder les yeux fixés sur le cercueil.

« Je ne connais ni vos intentions, ni les limites de vos foutus pouvoirs. Alors tant que je ne serai pas certaine que vous ne pouvez pas commander à assez de morts pour manœuvrer Mon navire seule, je me méfierai de vous comme de la chtouille. »
articula-t-elle avec un improbable accent.
Mais bon...

« Les gars, je vous laisse décharger. Et faites gaffe au panier. »

Le grommellement de Morgan fut audible depuis la position des trois personnes qui avaient déjà débarquées. Doucement, Koda remis son couteau au fourreau, se gardant bien de dire à son nain d'assaut ce qu'il devait faire, et sortit de son son fatras de laine colorée une longue pipe... avant de se rappeler qu'elle n'avait rien pour l'allumer. Après un rapide coup d’œil désabusé, elle la rangea à l’abri de l'humidité.

« Voyons voir. Apreplaine.... Apreplaine... Apreplaine... Syriac... Erac... Lün.... Sud-Sud-Ouest... le Cap des Perliers... le Rostre des Wandres... Et j'ai pas pris ce sale carnet... 3 par 10. 3 par 5. Et 30. A priori le trajet devrait duré 15 bons jours. 2 souverains par jour pour un couchage et la course. 1 de plus si tu veux boire, manger et avoir un peu d'eau propre pour te laver. Et 30 écus pour la place en soute. Ce qui nous fait une estimation à la volée de... 45 et 350. 48 souverains et 50 écus. Je vous arrondit le tout à 50 souverains et on évite de vous balancer au premier chef de port à Lün ou Erac. Ce qui fait donc, 25 maintenant et 25 à l'arrivée si on arrive sous les 15 jours. Si on met plus de temps on vous fera payer que la boustifaille et l'eau soit un souverain de plus par jour. »

Elle recompta une fois de tête et hocha vigoureusement la tête.

« C'est bien ça. 25. 25 et 1 de plus par jour de retard. Première question : est-ce que ça te va ? Deuxième question... » elle se tourna ostensiblement - et de façon un peu bancale – vers l'imposant nain qui l'accompagnait « Qu'est-ce que tu penses d'elle ? »

Il n'était pas vraiment dans les habitude de Koda d'accepter des courses contre l'avis de ses hommes. Même si quelques râleries étaient toujours de bonne guerre, il y avait une sacré différence entre ne pas avoir envie et passer quinze jour à chier dans son froc au moindre regard d'un client...

Pour la majeure partie de son équipage, elle savait que ça grincerait des dents sans plus... mais pour les deux péninsulaire et le nain, là ça pouvait être plus problématique...

Dernière édition par T'sisra Do'ath le Mer 8 Mar 2017 - 17:31, édité 1 fois

Automne, Kÿrianos, première ennéade de Barkios, an neuf, onzième cycle.

« Je ne connais ni vos intentions, ni les limites de vos foutus pouvoirs. Alors tant que je ne serai pas certaine que vous ne pouvez pas commander à assez de morts pour manœuvrer Mon navire seule, je me méfierai de vous comme de la chtouille. »

T'sisra retint un soupir et haussa les épaules. Elle comprenait bien la réticence qu'on pouvait avoir à son égard, bien qu'elle trouvait ça agaçant à la longue. D'autant plus que c'était relativement injustifié, mais ça, impossible de le prouver. Elle répondit donc tout simplement :

_Je comprends votre réticence. Dit-elle en regardant le nain s'approcher du cercueil.

« Les gars, je vous laisse décharger. Et faites gaffe au panier. »

Et les marins obéirent, en grommelant certes, mais ils se mirent à la tâche, entreprenant de décharger la cargaison sur le ponton, dont les lattes de bois humides grinçaient et menaçaient de rompre sous la charge difficilement supportable.

« Voyons voir. Apreplaine.... Apreplaine... Apreplaine... Syriac... Erac... Lün.... Sud-Sud-Ouest... le Cap des Perliers... le Rostre des Wandres... Et j'ai pas pris ce sale carnet... 3 par 10. 3 par 5. Et 30. A priori le trajet devrait duré 15 bons jours. 2 souverains par jour pour un couchage et la course. 1 de plus si tu veux boire, manger et avoir un peu d'eau propre pour te laver. Et 30 écus pour la place en soute. Ce qui nous fait une estimation à la volée de... 45 et 350. 48 souverains et 50 écus. Je vous arrondit le tout à 50 souverains et on évite de vous balancer au premier chef de port à Lün ou Erac. Ce qui fait donc, 25 maintenant et 25 à l'arrivée si on arrive sous les 15 jours. Si on met plus de temps on vous fera payer que la boustifaille et l'eau soit un souverain de plus par jour. »

La daedhel l'écoutait compter, et au fur à mesure, un air circonspect se dessinait sur son visage. Elle pensait au contenu de sa bourse, et se demandait si cela suffirait. Rien n'était moins sûr, mais elle avait toujours un moyen de négocier.

« C'est bien ça. 25. 25 et 1 de plus par jour de retard. Première question : est-ce que ça te va ? »

_ Je vous répondrai que oui, étant donné que je ne suis pas une spécialiste des voyages maritimes. Répondit-elle en se détournant de son interlocutrice pour se pencher vers le nain et le cercueil.

« Qu'est-ce que tu penses d'elle ? » Ajouta la zurthane à l'attention du nain, tandis que T'sisra lui adressait aussi la parole.

Le nain, qui serrait toujours sa lame dans sa main, ne semblait pas très confiant, et le cadavre d'Abel semblait le déranger par sa simple présence, malgré tous ses efforts pour se détendre.

_ Soyez sans crainte, il est bel et bien mort. Ce n'est qu'un amas de chair. Ni plus ni moins, aucune âme là dedans. D'ailleurs, autant que vous le sachiez, les nécrophages relevés par les mages de la vie sont de simples marionnettes qui nécessitent la présence du lanceur de sort. Expliquait-elle en regardant Jormgard droit dans les yeux. Contrairement aux non-morts relevés par les mages de l’immatériel, qui vont, quant à eux, à l'encontre même de toute morale, en emprisonnant une âme dans un corps. Et ceux là se déplacent vite, ils sont vifs et agressifs. Et ils n'ont pas besoin de leurs maîtres pour se mouvoir.

Elle lui adressa un léger sourire, comme pour tenter de le rassurer. Bien que sa diatribe puisse avoir l'effet contraire.

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T'sisra en bikini :

« Les gars, je vous laisse décharger. Et faites gaffe au panier. »

Les mots du capitaine résonnèrent à ses oreilles, l’obligeant à délaisser sa surveillance. Jormgard grimaça. La créature attendait peut-être qu’il ait le dos tourné pour se jeter sur lui. En fait, c’était probablement ce qu’elle attendait. Jormgard s’assura de garder un œil rivé sur le cercueil pendant qu’il s’exécutait; en couchant les caissons sur la plateforme, les planches grognèrent sous la pression. Si la capitaine s’inquiétait à l’idée de voir sa cargaison disparaître au fond de la mer, elle n’en donna aucun signe. Il reprit sa place auprès du cercueil, son épée glissant une nouvelle fois dans sa main.

« Qu’est-ce que tu penses d’elle? » demanda Koda.

Jormgard comprit que c’était à lui qu’elle s’adressait. Il fronça les sourcils en dévisageant l’inconnue.

« J’ai toujours cru bon de m’éloigner de ceux qui côtoient les morts », dit-il en pointant le cercueil de sa lame. Il regarda celle-ci, finement aiguisé, prêt à mordre la chair et s’abreuver dans le sang. Lui-même n’était pas si différent au fond. Au lieu de marcher avec eux, il laissait les cadavres pourrir, dévorés par les charognards. Mais c’était sa propre main qui leur enlevait la vie. « Je m’en remets à votre jugement, capitaine, » conclut-il simplement.

L’inconnue se pencha vers lui et Jormgard recula aussitôt, levant instinctivement son épée. Ne se laissant pas décourager, elle fouilla son regard avec ses grands yeux d’azur, plus froid que l’hiver.

« Soyez sans crainte, il est bel et bien mort. Ce n’est qu’un amas de chair. Ni plus ni moins, aucune âme là-dedans. D’ailleurs, autant que vous le sachiez, les nécrophages relevés par les mages de la vie sont de simples marionnettes qui nécessitent la présence du lanceur de sort, » expliquait-elle sans ciller. « Contrairement aux non-morts relevés par les mages de l’immatériel, qui vont, quant à eux, à l’encontre même de toute morale, en emprisonnant une âme dans un corps. Et ceux-là se déplacent vite, ils sont vifs et agressifs. Et ils n’ont pas besoin de leurs maîtres pour se mouvoir. »

Loin d’être rassuré, Jormgard recula de nouveau, jetant un regard nerveux à Koda. Son interlocutrice lui afficha un sourire sans joie. Entourée du brouillard, la peau blafarde, elle semblait presque irréelle; un spectre sorti des brumes. Il la dévisagea sans rien dire, songeant qu’il devrait probablement retourner attendre dans la chaloupe.

« Attention ! » lança la Capitaine au nain avant qu'il ne fasse le pas de trop qui le conduirait à rencontrer un terrain propice à l’humidité vaseuse.

Ça allait encore dégénéré... Elle soupira en imaginant les regards hagards de ses hommes après quelques nuits à se demander si leur cliente n'allait pas venir leur trancher la gorge pendant leur sommeil ou jouer aux billes avec leurs couilles pendant qu'ils avaient le dos tourné... C'est que des types louches et dangereux, ça leur posait pas de soucis, mais la magie... là d'un coup y avait plus personne...

Mais en même temps, cette femme restait une femme, elle-même était bien placée pour le savoir... Et en tant que cliente elle n'avait pas marchander un seul écu... C'était presque à vous en faire regretter de ne pas avoir demander plus. Même si ce n'était vraiment rien de mirobolant et qu'elle faisait régulièrement payer dix fois ce prix aux marchand avec qui elle traitait, cela faisait un petit ajout non négligeable. Un bon petit coussin dans le bas du dos sur une vieille chaise en bois. Ça pouvait se refuser... mais ça aurait été con quand même...

« Et nous on s'en tamponne le coquillard, Capitaine ?
- Vous non. Juste toi. » lança-t-elle par dessus son épaule avant de reprendre en direction de la drow « Bon... Comment tu as dis que tu t'appelais ? »

Suspicieuse, elle tendit une main approximative... Si elle continuait comme ça elle allait vraiment finir par passer pour une alcoolique...

« Bienvenu à bord. Prenez donc le panier et accompagnez-nous là-haut. On a quelques caisses à récupérer et quelques bras seront pas de trop. Oh et. Jormgard, Morgan, Julo... Et l'autre je sais plus. »

Quelque rires à la fois moqueurs et bon enfant répondirent à la déclaration de la Capitaine. Morgan mis une bourrade sur l'épaule de son ami.

Pendant que le capitaine avertissait le nain que s'il reculait encore, il finirait dans la flotte, T'sisra esquissait un sourire discret. Il eut été drôle de le voir basculer du ponton pour terminer dans les écumes.

« Et nous on s'en tamponne le coquillard, Capitaine ?

Une voix de plus s'élevait, au grand dam de la daedhel, qui s'attendait à un avis contre son embarquement. Mais c'était sans compter la zurthane, qui avait l'art et la manière de rembarrer les malheureux qui osaient l'ouvrir lorsqu'ils n'étaient pas invités à le faire. « Bon... Comment tu as dis que tu t'appelais ? » Demanda-t-elle en revenant à la sombre, qui se tourne complètement vers son interlocutrice.

_ T'sisra Do'ath. Répondit-elle en inclinant légèrement la tête. De « La Guilde ». Ajouta-t-elle, avant se rendre compte que sa phrase sonnait comme à moitié terminée. Des aventuriers, une guilde d'aventuriers. Et vous ?

Vrai. Bien que tout fraîche de ce matin encore, « La Guilde » existait bel et bien désormais. Et elle était heureuse de le dire, c'était comme présenter sa famille et son appartenance, son groupe et ses amis. Son origine, et ses valeurs. Bien que les valeurs d'une guilde inconnue ne puissent pas parler à grand monde.

« Bienvenu à bord. Prenez donc le panier et accompagnez-nous là-haut. On a quelques caisses à récupérer et quelques bras seront pas de trop. Oh et. Jormgard, Morgan, Julo... Et l'autre je sais plus. »

_ Je vous remercie, commença-t-elle avant de passer son regard sur chacun des marins en répétant leurs noms, comme pour s'en souvenir plus facilement, Jorgmard, Morgan, Julo et Personne.

Ni une ni deux, elle se dirigea vers le panier qu'on lui demandait de transporter, et elle s'en saisit à deux mains quand l'un des marins le lui tendit. En faisant les premiers pas, elle sentit quelque bouger à l'intérieur, et dans un silence intriguant. Soupesant le panier, elle mit la main sur le couvercle, la curiosité s’emparait de son cœur, et elle hésitait.

_ Qu'y a-t-il à l'intérieur ? Un serpent ? Demanda-t-elle en regardant les autres, avant de lever le panier à hauteur d'yeux, prête à y jeter un œil.

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T'sisra en bikini :

« Attention! » cria la capitaine vers Jormgard qui, tournant aussitôt la tête, bondit sur place; un autre pas et il basculait vers une baignade vaseuse. Et Mogar savait comment il détestait l’eau, ce qui était plutôt étrange pour un contrebandier, d’ailleurs. Mais depuis ce fameux jour où il avait dû se confronter à la fureur des flots, Jormgard préférait rester au sec; du moins, tant qu’il en aurait le choix.

Il reporta son attention sur l’étrangère. Elle arborait un rictus moqueur, anticipant sans doute son plongeon. Irrité par sa propre maladresse, il aurait aimé lui arracher son sourire. Mais, en contemplant le cercueil, il préféra s’en abstenir. Si elle pouvait obliger un cadavre à charrier son propre tombeau, il ne souhaitait pas recevoir le traitement qu’elle réservait à ceux qui la provoquaient. Lui adressant une dernière grimace, Jormgard cracha à ses pieds et retourna rejoindre ses compagnons. T’sisra Do’ath. Ce fut le nom qu’elle donna. Le marché conclut, la capitaine acceptait donc de la prendre comme passagère. Elle et son colis. Pas qu’il s’attendait à autre chose, Koda refusait rarement un profit supplémentaire, mais la perspective d’inhaler les relents amers d’un cadavre en putréfaction étaient loin d’être charmante.

Désignant les contrebandiers à tour de rôle, la capitaine fit rapidement les présentations. Jormgard, Morgan, Julo. Puis, le petit groupe se mit au travail. Jormgard et Morgan choisirent le plus gros caisson et, se dirigeant vers la colline, entamèrent leur ascension. La bruine avait rendu la paroi glissante, aussi les deux contrebandiers durent se méfier pour ne pas tomber. Une fois éloigné du reste du groupe, Morgan se pencha vers Jormgard.

« Elle a une sale gueule quand même.

– Ouais, » répondit Jormgard.

« Et ce truc, dans le cercueil, on en fait quoi? Autant qu’on sache, il pourrait aussi bien se réveiller la nuit pour nous égorger. Et l’odeur de pourriture en plus, tu l’as senti toi aussi?

– Ouais, une vraie senteur de merde. Presque pire que toi.

– Va te faire foutre, » marmonna Morgan.

« Je te la laisse. Je sais que tu les préfères avec les petites oreilles pointues.

– Ha, ha. Très drôle. Toi t’auras droit à l’autre dans son cercueil, » dit-il en lui faisant un clin d'oeil.

Jormgard secoua la tête et ils continuèrent d’avancer en silence. Une fois en haut, ils déposèrent leur chargement et s’y accotèrent pour observer les autres. Jormgard croisa les bras. S’il était chanceux, il en verrait un tomber. Ce serait une douce vengeance.

La guilde... La guilde d'aventurier... La guilde des aventurier ? Peut-être était-ce une traduction à la volée ? Koda fronça les sourcils sous la concentration... jamais entendu parler... Pas la moindre cloche ne retentissait dans son esprit. Rien... bon bah tant pis.

« Koda'Gagkash Salaw, Capitaine de l'Amaranthe. Mais vous pouvez m'appeler Capitaine. » se présenta-t-elle en calquant son pas sur celui de l'étrangère avant qu'elle ne demande ce que contenait le panier.

« Pas un serpent... enfin pas exactement... mais je vous déconseille de l'ouvrir. Ce Tatzelworm est une vrai saleté et on a utilisé le dernier antidote il y a une ennéade... » expliqua-t-elle avec un sourire légèrement tendu. « Je sais pas pourquoi le roi Lantais a besoin d'une saleté pareille, mais ça doit pas être propre, c'est moi qui vous le dis. »

Elle secoua la tête en soupirant, comme désespéré par le comportement de son illustre client. De leur côté, Julo et Amhad, qui n'avait cessé de rouspéter qu'il avait un nom depuis tout à l'heure, échangèrent un regard mi-figue mi-raisin. Comme toujours, ils finissaient par se demander dans quel mesure leur capitaine racontait de jolis mensonges et dans quel mesure elle n'aurait pas été assez finaude pour réussir à obtenir un contrat avec un personnage aussi important... Après tout l'ancien capitaine était bien un nain, non ?

Toujours aussi vaseuse que flageolante sur ses jambes, la zurthane faisait des geste assez amples pour ne pas se retrouver les quatre fers en l'air sur la monté. Concentrée, elle en oubliait même de jurer et ne vit qu'à peine Julo dérapé et se retrouver à genoux, ses mains évitant de se retrouver sous la caisse à un souffle près. Heureusement que son comparse gueula un franc coup car elle vint leur donner un coup de main... sur dix mètre avant que tous se rendent compte que son manque d'équilibre et ses gestes approximatifs étaient plus un poids qu'une aide.

Ah... Quelle gloire pour un capitaine... Bordel ce qu'elle pouvait détester quitter son bord... Mais ce coup-ci, ils avaient un petit détail à régler avec le sacré pêcheur qui habitait là.

Arrivée en haut, avant de tambouriné sur le battant humide, Koda se passa une main sur le visage pour en chasser les gouttelettes de brumes et se tourna vers Joli-Front, l'interrogeant du regard.

« Je te laisse juge. » lui dit-elle simplement.

Ils savaient tout deux que le propriétaire de cette cahute était un nain et si elle avait demander à Jormgard d'être présent par sécurité, elle ne voulait pas le forcer à faire face à un membre de sa race s'il ne le désirait pas, tout comme elle n'aurait pas forcé Jacasse à poser le pied à Naélis, même si leur plus grandes attaches étaient sensées s'y trouver... du moment qu'il soit assez prêt pour entendre un 'Arg !' étouffé, sa présence était justifiée après tout.

Puis le poing se leva... et s'immobilisa juste avant de toucher la porte.

« Jacasse.
- Oui Capitaine ? Répondit Morgan du tac au tac, habitué à ce surnom... de longue date.
- Pas de zèle.
- Bien Capitaine... »

La seconde réponse était nettement moins enthousiaste que la seconde. Il se passa sa grosse paluche sur la nuque, jeta un regard à Julo dont le sourire lui fendait le visage d'une oreille à l'autre... puis à leur elfique escorte en fronçant les sourcils.

Enfin la bobinette pouvait choir.

Et elle chut.

Le nain qui avait si froidement accueillit la drow quelques temps auparavant refit son apparition... et une fois de plus il était armé.

« Bonsoir Rafnor. Thrormak te salut. On peut entrer ou tu préfères qu'on reste dehors à s'les g'ler. ? »

Du temps ou elle était gabier, et même seconde, elle accompagnait souvent l'ancien capitaine dans cette gargote... et depuis près de dix ans qu'elle était en charge du bâtiment, cette minuscule phrase était devenue comme une rengaine, une salutation rituelle... bien qu'aucun d'eux n'aient jamais été plus que receleurs et passeurs d'un commerce fructueux... ou presque fructueux à la vue des fripes du vieux nain.

Automne, Kÿrianos, première ennéade de Barkios, an neuf, onzième cycle.

« Pas un serpent... enfin pas exactement... mais je vous déconseille de l'ouvrir. Ce Tatzelworm est une vrai saleté et on a utilisé le dernier antidote il y a une ennéade... » expliqua-t-elle avec un sourire légèrement tendu. « Je sais pas pourquoi le roi Lantais a besoin d'une saleté pareille, mais ça doit pas être propre, c'est moi qui vous le dis. »

Le Capitaine Salaw l'avait mise en garde contre l’agressivité de la bestiole. T'sisra se contenta de bien plaquer sa main sur le haut du panier. Un tatzelworm, elle en avait déjà vu par le passé, leur fourrure ravissait les plus matérialistes des puysards, bien plus que son venin. En effet à Elda, le poison est devenu au fil des siècles plus culturel qu'autre chose, et empoisonner un drow, était une sacré paire de manche.
En tout cas, pour les autres espèces, mis à part les elfes sûrement, sa morsure se devait d'être redoutée comme la peste. Alors la daedhel préféra jouer la prudence et ne pas jeter un œil dans le panier d'oseille.

_ Mieux vaut le laisser en paix. Dit-elle, en tiquant à la mention « Roi ».

Voilà qui pouvait soulever des questions en revanche. Souhaitait-on confectionner un manteaux, ou empoisonner quelqu'un ? Quand bien même un assassinat se préparait, les méandres nébuleuses de la politique restaient de ces choses dont il vaut mieux se tenir éloigné.
Les contrebandiers s'affairaient, mis à part à glisser dans la boue, à transporter leur chargement, quand l'arcaniste se décida enfin à avancer, en jetant un dernier regard au navire à peine visible dans les brumes.

« Bonsoir Rafnor. Thrormak te salut. On peut entrer ou tu préfères qu'on reste dehors à s'les g'ler. ? »

Le nain qui se tenait à la porte ne semblait pas de la meilleure des humeurs, tenant sa lame d'une main toujours aussi tremblotante. Ses pauvres frusques en disaient long sur la qualité du commerce illégal en ce milieu d'automne froid et difficile. Les bateaux se risquaient moins à voguer sur l'Eris, car les vents hivernaux approchaient et tous savaient à quel point cet océan se voulait traître. Une journée de calme pour une ennéade houleuse, voir déchaînée.

_ Thrormak... Que devient ce vieux rat barbu ? Demanda-t-il un brin nostalgique. Et entrez, entrez. Il fait un temps à congeler un volcan ! Continua-t-il, finissant sa phrase dans une quinte de toux grasse. La noiraude reste dehors, et c'est non négociable.

Rafnor s'écarta du passage, invitant les marins à entrer dans son petit chez lui. Et c'était vraiment miséreux. Une simple paillasse faisait office de lit, et pour seul meuble il y avait une table, qui à juger par l'aspect lui servait aussi de cuisine. Ses affaires étaient entreposées dans un coin, juste en face de son garde-manger qui consistait en une simple caisse de victuailles. Le feu crépitant dans la cheminée peinait à chauffer la bicoque, et bien qu'en intérieur, chacun pouvait voir son souffle geler au rythme des paroles prononcées.

Un craquement sourd suivit du bruit caractéristique que fait une pierre qu'on jette dans l'eau retentit. Un rapide coup d’œil en direction du ponton permettrait de voir qu'il ne restait plus qu'un panier, abandonné là sur le bois vermoulu.

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T'sisra en bikini :

Le brouillard s’était dispersé, ne laissant qu’une légère grisaille flottant dans l’air, comme si la terre soufflait ses bouffées chaudes contre la froide nuit. La lune et les étoiles se dissimulaient dans les ombres nuageuses, éclairant la côte de leurs rayons nocturnes. Les deux autres marins progressaient laborieusement, tâtant la terre fraîche de leurs bottes en s’assurant de bien calculer chacun de leurs mouvements. Un pas de travers et c’était la chute. La capitaine, en particulier, avançait difficilement, se balançant sur ses jambes raides et maladroites. Le terrain glissant ne devait pas aider. Justement, l’autre marin dérapa en lâchant un cri de surprise lorsque son pied glissa contre l’herbe mouillée. Jormgard gloussa en observant sa chute. La capitaine, hésitante, s’élança finalement pour relever son compagnon. Ils saisirent à nouveau leur chargement et reprirent leur ascension. Julo, en voyant le sourire railleur qui barrait le visage à Morgan, ouvrit la bouche pour dire quelque chose, puis se ravisa en lui jetant un regard noir.

Les deux caissons déposés au sol, les marins se dirigèrent vers la misérable cabane; elle semblait déserte, abandonnée depuis des lustres; un assemblage de bois pourri, couvert d’un toit de chaume criblé de trous, ravagé par le temps et les pluies. Autant d’insouciance dégoûta Jormgard, lui qui ne possédait ni foyer ni toit. Le propriétaire de cet endroit devait rougir de honte devant sa propre négligence. Koda leva son poing, s’apprêtant à cogner contre la porte, lorsqu’elle se tourna vers Jormgard.

« Je te laisse juge, » dit-elle.

Il la regarda un moment, puis hocha la tête. La marque dans son front ne mentirait pas; celui qui habitait ces lieux le reconnaitrait. Il ne saurait pas son nom – voilà longtemps qu’il avait été oublié – mais la gravure ne s’oubliait jamais, tout comme elle ne serait jamais pardonnée. Un regard accueillant, incertain, soucieux, puis dégoûté et pénétré par la haine. Même le plus pauvre et le plus minable n’avait que répugnance pour l’Infâme. Jormgard, croisant les bras pendant que ses compagnons entraient, choisit d’attendre à l’extérieur, le dos appuyé contre le mur.

Son regard se perdit dans la noirceur enveloppant l’horizon. Le vacarme des vagues se fracassant contre les roches raisonnait dans l’air, transporté par les vents. L’étrangère était restée en bas, observant le bateau des contrebandiers, ses cheveux de jais invisible dans la nuit. Son jouet morbide gisait un peu plus loin dans son cercueil. Chair contre pourriture, chaleur contre putréfaction, souffle contre pestilence; Jormgard frissonna. Puis, un craquement, le bruit de l'eau qui jaillit, et elle disparut sans même un cri. Jormgard écarquilla les yeux. Il jeta un coup d’œil à l’intérieur de la maison, puis s’élança vers la berge. Ses lourdes bottes remuaient des gerbes de terre, piétinaient la végétation molle. Il perdit pied, glissa, puis retrouva l’équilibre. Le panier d’osier gisait contre les planches, un énorme trou à quelques pas. Jormgard se pencha par-dessus, examinant les profondeurs obscures. Il hésita. Koda serait probablement contrarié que sa cliente se noie avant d’avoir pu payer, mais il restait immobile, figé sur place, incapable de trouver le courage pour plonger.

" Elle reste dehors. " répéta Koda en levant les mains en signe de capitulation total. " J'espère que tu as quelque chose pour nous quand même... "

Une rapide et professionnelle conversation s'engagea... durant au moins... ouf... dix secondes? C'est le temps qu'il fallu à Morgan pour s'ébrouer devant une maigre cheminé, à Koda pour sortir sa bouffarde... et à l'autre elfe pour disparaitre...

Le craquement sonore avait à peine eu lieu que Joli-Front se précipitait vers le rivage. La capitaine suivit sa descente, les sourcils froncés... Et fini par aviser le trou béant dans le bois pourris.

" Merde... Tu m'accordes une minute Rafnor? J'ai un contrat qui se fait la malle. Restez là et veiller sur la marchandise vous-autres. "

Pas qu'elle n'avait pas confiance en ce vieux nain grippe-sous, mais il valait mieux garder un œil sur ses petits pour éviter d'en perdre. Sans attendre de réponse, elle glissa plus qu'elle ne couru vers le bord, arrivant à se stabiliser peu avant de poser le pied sur le ponton... Et elle n'eut que le temps de se plier en deux sur le côté du chemin pour que le contenu de son estomac se vide de lui-même... Revenez au Port qu'ils disaient...

Avec un hoquet nauséeux et une main plaqué sur le front pour tenter d'oublier que le monde entier tanguait, elle réussit finalement à approcher jusqu'au panier bondissant qu'elle tira sur la terre ferme tout en demandant au nain tétanisé sur le bord du trou :

" Arbh... Tu vois quelque chose? "

Automne, Kÿrianos, première ennéade de Barkios, an neuf, onzième cycle.

Un silence pensant s'installait. On entendait plus que le bruit des vaguelettes qui s'étalaient sur la roche et le sable, ainsi que le son de la mer qui s'éveillait d'un court sommeil. Et rien ne semblait vouloir troubler cet instant, comme suspendu dans le temps.
Les marins qui étaient encore à la cabane avec le vieux nain, sortirent sur les pas de la porte, et cela sans dénoter une grande différence d'humidité et de température entre l'intérieur et l'extérieur.

_ Qu'est-ce qui s'passe ? Demanda le dawi.

Morgan et Julo répondirent de concert par un haussement d'épaules, avant que l'un des deux ne signifie la disparition de la daedhel. Ce qui n'inquiéta pas le moins du monde son collègue, qui se contenta de balancer mollement une main par dessus son épaule, en gonflant les joues.

_ Ah ça... Pas une grande perte. C'moi qui vous l'dit. Les noirauds sont d'la vermine. Affirma platement Rafnor en croisant les bras, l'air presque satisfait.

Près du rivage, la capitaine se relevait tant bien que mal, l'estomac au bord des lèvres. Elle n'avait pas été poussée par élan d'héroïsme, mais plus par la fibre vénale qui remplaçait dans ses veines. Le nain marqué au front de l'Infâmie, quant à lui, hésitait au bord du trou, quand les planches se plaignaient déjà de son poids dans un grincement peu engageant.

" Arbh... Tu vois quelque chose? " Demanda la capitaine, inquiète pour son gagne-pain.

Alors une main grisâtre, aux doigts empêtrés dans les algues, surgit tout à coup du large trou devant lequel le nain se tenait, et lui saisit fermement la cheville.

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T'sisra en bikini :

La surface lisse et noire ne bougeait pas, immobilisée dans la torpeur d’un lourd sommeil. Un miroir plus noir que l’encre, où se reflétait la pâleur du ciel et de ses timides étoiles. Aucun vestige d’une plongée accidentelle; c’était comme si l’étrangère, au contact de l’eau, s’était dissipée. Et pourtant, Jormgard se souvenait du déchirement et des éclaboussures. Mais aucun cri, pas même un mot de surprise, comme si rien de cela n’avait été réel; si ce n’était du trou au milieu du ponton. Alors il comprit ce qui le troublait depuis le début; cette apparition à la peau cendrée et aux cheveux sombres se jouait d’eux. Un esprit des brumes les accablants de moqueries. Jormgard les avait avertis; il ne fallait pas faire confiance à ceux qui trament avec les morts. Maintenait, ils n’étaient plus que des poupées étouffées entre les serres du spectre; les victimes d’une malédiction. Un bruit le fit sursauter; la capitaine qui venait le rejoindre.

« Arbh... Tu vois quelque chose? » demanda-t-elle.

Jormgard frissonna en haussant les épaules, s’apprêtant à lui répondre, lorsque son pied glissa, quelque chose s’étant agrippé à sa cheville. Il eut seulement le temps de crier – par surprise ou par frayeur – avant de plonger à l’eau. Le choc claqua sur sa peau, lui coupant le souffle. Le murmure froid se colla à sa chair, s’infiltrant entre ses vêtements, lui remplissant la tête et les cheveux. Il ouvrit les yeux; elle était devant lui, dans toute son invraisemblance, deux pierres d’azur à la place des yeux, un sourire carnassier défigurant ses traits. Jormgard la repoussa, se débattant de tous ses membres pour rejoindre la surface. Il sentait sa présence derrière lui, mais empêtré dans ce filet coulant et visqueux, il ressemblait à un pantin désarticulé, impuissant pendant que la brûlure au fond de son estomac consumait son dernier souffle. Sa tête émergea. Alors il tendit ses bras à la recherche d’un appui, n’importe quoi pour s’agripper, pour l’extirper de son tombeau.

Et beh… Si on lui avait dit…

Debout dans l'obscurité naissante, elle mit quelques secondes à se remettre du spectacle… et surtout du petit cri du nain qui venait de se faire happer dans l'eau. La scène avait de quoi donner des cauchemars à plus d'un marin tatoué… Mais bon, le fait de ne voir que cette parcelle d'encre se refermer sur ces deux corps sous le ponton n'était pas vraiment ce qui pouvait inquiété Koda. Non, elle l'était bien plus par son estomac qui refusait de se détendre…

Mais elle fini tout de même par être rattraper par la situation. S'ébrouant comme au sortir d'un rêve, elle sauta par dessus le trou puis sur la chaloupe… et respira instantanément beaucoup mieux. Elle ne pourrait pas hisser les deux noyés sur la berge, alors il ne restait qu'à hisser la berge jusqu'à eux… ou quelque chose dans ce goût. Dégainant son couteau, elle le saisit entre ses dents et commença a décrire de large mouvement de bras, de plus en plus amples, rythmé par un battement du pied régulier qui lui faisait jouer un curieux jeux d'équilibriste sur la barque.

Elle sentait l'eau suivre ses mouvements. L'adrénaline du moment et le soulagement de son estomac après avoir retrouver le planché houleux de l'océan lui laissait toute sa concentration… Si bien que l'emprise qu'elle exerçait sur le fluide marcha bien… un tantinet trop bien.

Alors qu'elle pensait réussir à les pousser tout deux vers la surface pour qu'ils puissent s'accrocher au ponton, le fluide s'éleva en trombe, arrachant le reste de l'avancée de bois avec la force d'un torrent… avant de retomber comme une flaque.

« Kel'tkaoh… » siffla-t-elle entre ses dents.

Reprenant le contrôle de l'eau attenante jusqu'à localiser à nouveau les deux malheureux, elle s'appliqua à ouvrir une tranchée pour leur permettre de retrouver de l'air… Et ce fut encore une fois avec une grande célérité que l'océan répondit à son appel…

La tranchée s'ouvrit presque instantanément, comme si elle résultait directement du contre coup de la trombe qui avait emporter le ponton, laissant les deux nageurs dégringoler dans le vide jusqu'à s'écraser dans la vase.

Immobile, les bras écartés, un couteau en os gravé de lignes incompréhensibles luisant faiblement d'une lueur bleuâtre entre les dents, Koda articula aussi nettement que possible :

« Cha ja en jas ? »

sort:

Automne, Kÿrianos, première ennéade de Barkios, an neuf, onzième cycle.

Le silence, le vrai. Voilà ce qu'on trouvait au fond de l'eau, où tout semblait flou et intangible. Elle avait tenté de se sortir de ce mauvais pas, en s'accrochant à ce qu'elle pouvait, sans savoir que son ancre n'était autre qu'un nain. Nain qui avait finit par basculer lui aussi dans la flotte. T'sisra l'avait vaguement distingué la dessous. Et contrairement à lui, elle ne se débattait pas dans tous les sens, ménageant son souffle, qu'elle ne retiendrait pas bien longtemps.
Alors elle sentit les remous de l'eau la soulever, la tirer vers le haut. Plaquée contre un ponton qui vola en éclats, balayé comme un fétu de paille. Et ce fut la chute, encore. De nouveau immergée, elle avait perdu tout sens du haut et du bas, de la gauche ou de la droite, elle ne savait pas où regarder ni dans quelle direction nager. Et Jormgard ? Impossible de savoir où il était.
Alors l'eau disparu. Et la jeune daedhel chuta une fois de plus, pour s'écraser dans un lit d'algue. Le temps de tousser et cracher l'eau salée qui lui brûlait la gorge, le nez et les yeux, elle commença à se traîner vers la berge avec difficulté. Elle constatait avec stupéfaction que deux murs d'eau l'entouraient, la mer s'était ouverte en deux. De quoi rappeler la légende d'un cretok avec un bâton qui aurait mener les siens au travers des marais, pour échapper aux drows.
T'sisra se redressa, le souffle court. Elle cherchait le nain du regard, tout en se dirigeant vers la rive, en titubant.

« Cha ja en jas ? » Demanda une voix qu'elle ne reconnaissait pas, ni savait d'où elle venait.

Jormgard était là, dans la travée, lui aussi entre les pans de murs formés d'eau.

_ Venez ! Vite ! S'écriait-elle en s'effondrant sur la berge.

La jeune daedhel, était détrempée, elle crachait et toussait tout ce qu'elle pouvait, et les griffes glaciales de l'automne nain se refermaient sur déjà sur elle.

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T'sisra en bikini :

Sa main rencontra le vide. Le ponton ne devait pas être bien loin, il suffisait de repousser l’eau, s’en extirper, se hisser. Juste un peu plus haut. Il étira le bras dans une dernière tentative, aussi loin que possible, ses muscles tremblant sous l’effort, mais ses doigts s’emparèrent seulement d’une bouffée d’air, qui se faufila hors de sa poigne. Alors Jormgard retomba, son corps brûlant contre les affres des profondeurs, sa flamme vacillant sous les assauts répétés du souffle humide. Sa vision se brouilla d’ombre, le froid caressa sa chair; les ténèbres s’agrippaient à lui pour le réchauffer, l’étouffer. Un obstacle entrava sa descente; les courants prirent forme, les gouttelettes se rassemblèrent dans un bras d’eau se pressant contre lui, l’entraînant dans une chute vers la surface. Sa tête émergea, ses poumons grincèrent, puis à nouveau, le vide éclata et il retomba dans les bras d’une étreinte suffocante.

Il flottait dans le silence, suspendu sur le rebord d’un rêve éloigné. Des mots résonnaient à ses oreilles, mais leur poids était absent, creux et vide. Taire cette voix pressante, qui s’acharne à toujours demander, familière et incessante. Une sensation d’étrangeté l’envahissait, l’invitait à s’y confondre, à oublier. Quitter cette enveloppe, s’enfuir de la lumière, se laisser bercer vers un confort engourdi. Fermer les yeux.

Une chute – vers le ciel ou le sol? Son corps inanimé s’effondra sur une paillasse boueuse. Des mots, encore, le tourmentant sans cesse, mais ceux-là étaient différents, moins pressés, connus mais toujours aussi énigmatiques. Son noyau se contracta une fois, plusieurs fois, pour faire place au creux vide et nauséeux. Ses membres s’activèrent à la manière d’un automate; il bougeait mais n’en avait pas conscience, comme s’il observait le tableau de sa propre réalité se matérialiser devant lui. Deux murs d’eaux l’entouraient, en suspension dans l’air, séparé par une fissure dans laquelle il se trouvait. Quelque chose tomba de sa bouche, s’écroula contre sa botte ruisselante. Il se tenait coi au milieu du chaos, les yeux fixés sur une forme penchée. Il ne la reconnaissait pas, et pourtant, il savait ce qu’elle était. Sans s’en rendre compte, il était devant elle, sa main alourdie d’un poids silencieux et réconfortant. Il regarda, hagard, cette main qui serrait une longue griffe d’acier, blafarde dans l’obscurité.

Le cercueil reposait sur le fond d'algue, son couvercle démis et une jambe de son occupant ressortant vaguement. La drow avait réussi à s'extirper des hauts fonds proches de la rive. En voyant l'eau s'écarter, Julo avait ouvert la bouche deux fois sans rien dire, le nain avait pesté... quand à Morgan, il dévalait déjà la pente quand le ponton s'était envolé vers d'autres cieux.

Que ce soit parce qu'effectivement les oreilles pointues lui faisaient de l'effet ou parce qu'il s'en faisait pour son camarade nain, son concours ne fut pas de trop. Après avoir tirer totalement l'elfe noire sur la berge... non sans admirer avec abnégation son... armure, il s'était tourné vers le nain. Debout... agar... Son expression absente ne lui disait rien qui vaille... Mais alors rien du tout...

" Hey... range ça... Fait pas le jaques... " lança-t-il à son compagnon de galère, de plus en plus inquiet sous les yeux de la capitaine qui continuait à faire de lents mouvement de poignets, maintenant un courant circulaire pour éviter que la prison d'eau ne se referme. Quelques gouttes de sueurs perlaient sur son front.

Morgan restait debout, près de leur saleté de cliente de merde, son gros nez et son front dégarnis luisant de la même pellicule d'humidité poisseuse, mais son regard espérait franchement que le nain reprenne assez rapidement ses esprits... Et la Capitaine qui ne bougeait toujours pas de son perchoir alors que les deux baigneurs s'en étaient tirés... y avait des jours comme ça...

Pendant ce temps, Julo avait fini par descendre de son perchoir jusqu'à l'étrangère, peu enclin à se sentir concerné par l'état étrange dans lequel se trouvait le nain. L'elfe grelottait... Il fronça les sourcils devant son teint grisâtre, il avait beau savoir que cela ne devait pas être anormal, il avait du mal à trouver ça encourageant. Retirant sa veste de grosse laine, il en entoura la drow avant de froncer une nouvelle fois les sourcils.

« Et le cercueil ? »

Automne, Kÿrianos, première ennéade de Barkios, an neuf, onzième cycle.

T'sisra finissait de vider ses poumons d'eau de mer, et la chose n'était pas agréable. Sa gorge et son nez lui donnait l'impression de se consumer comme un charbon, et ses yeux piquaient de sorte à ce qu'elle voyait encore flou. Elle avait l'habitude de la douleur, mais pour le coup, cette sensation était vraiment très désagréable.
Derrière elle, Jormgard sortait des flots, hagard et perdu, sa lame à la main. Les deux autres contrebandiers s'étaient précipités pour prendre les choses en mains, mais l'un avec plus de flegme que l'autre. Morgan avait tiré l'arcaniste sur la plage, non sans avoir admiré son fessier moulé par le cuir visiblement. Tandis que Julo avait descendu tranquillement la pente, plus inquiet de la cargaison et la cliente que de son camarade hébété. Il offrit sa veste de laine à la drow qui ne refusa pas et se réfugia de suite à l’intérieur, maintenant assises sur la berge.

« Et le cercueil ? » Lui demanda ce dernier.

_ Le… Cercueil…

En effet, celui-là reposait sur le lit d’algue, une jambe grisâtre et détrempée en sortait, pendouillant mollement.

_ Il faut le récupérer ! S’exclama-t-elle en se redressant, croisant le regard vide du nain.

Il était là, sans être là. Ici et ailleurs à la fois. Mais le fait qu’il parvienne à tenir une lame, ça, c’était plus inquiétait. D’ordinaire, elle aurait filé droit sur le cercueil pour le tirer de là, mais bien que Julo semblait capter l’attention de Jormgard, elle éviterait de descendre, et probablement un coup de lame par la même occasion.

_ Pourriez-vous le tirer de là ? Demanda-t-elle à Morgan en lui posant une main sur le bras, dans un geste doux et mesuré, sans quitter des yeux le nain.

Près de l’entrée de sa cabane, Rafnor observait la scène, les bras croisé, tout en mâchonnant un bâtonnet de bois. Et il se marrait le bougre, jusqu’à ce qu’ils se rendent compte que son ponton n’était plus là non plus. Crachant son bout de bois, il dévala la pente en beuglant :

_ Mais qu’est-ce que c’est qu’ce bordel ?! Où mon foutu ponton ? S'époumonait le dawi, rouge de colère.

Arrivant à hauteur des contrebandiers, l'homme plaquait ses deux mains sur son crâne. Son si précieux ponton avait volé en éclat, il y a des bouts ici, et là. Mais des bouts. Il poussa un long soupir en roulant des yeux, s'imaginant déjà s'atteler à la construction d'un ersatz de ponton. Sa colère fut aussi brève que forte, maintenant il était tout simplement dépité. Alors il proféra un conseil qu'il jugeait judicieux.

_ La prochaine fois, laissez canner les noiraudes et sauvez mon ponton.

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T'sisra en bikini :

Ses yeux rencontrèrent ceux du marin. Morgan s’était érigé entre eux comme une muraille; un obstacle qu’il devrait abattre. Ses petits yeux exorbités, son éternel rictus, ironique et moqueur, ses lèvres pendantes – comme il était laid! Et pourtant Jormgard y voyait ce même regard inquiet et brillant, cet œil livide et vert. Ses lèvres bougeaient mais aucun son n’en sortait, seulement de faibles volutes d’humidité, projetées dans la nuit et avalées par l’obscurité. Des vibrations qui se fracassaient contre la barrière de ses oreilles, ne laissant qu’un tintement sourd. Ses jointures blêmes se contractèrent. Il suffirait d’un coup pour tracer le silence dans ce visage métallique. Et pourtant, son bras restait gourd, allongé le long de sa côte. Toujours aussi impuissant.

« Mais qu’est-ce que c’est qu’ce bordel?! Où est mon foutu ponton? »

Une nouvelle voix, plus nasillarde, à l’accent rocailleux; ce tempérament bouillant, si prompt à la colère. Jormgard, ses traits masqués par les ténèbres, se tourna vers la courte silhouette qui dévalait la pente. Aussitôt, toute la lassitude qu’il trainait déboula sur ses épaules; son ventre se contracta et il plia en deux, s’étranglant avec le cœur au bord des lèvres. Cette flamme confuse qui bouillait dans ses veines l’avait abandonné, ne laissant plus qu’une coquille froide vomissant au sol ses dernières forces.

Reprenant peu à peu ses esprits, Jormgard rangea son épée et releva la tête, le regard vide et maussade. Morgan lui jeta un dernier coup d’œil méfiant et se dirigea vers le cercueil, bientôt accompagné de Julo. L’étrangère au teint pâle s’était relevée et l’observait de ses yeux perçants. Jormgard secoua la tête et se tourna pour rejoindre le ponton, réalisant bien vite que celui-ci avait effectivement disparu, laissant pour seuls vestiges quelques épaves dérivant sur les eaux sombres. Une forme aux contours flous se réfugiait dans la nuit : Koda semblait les attendre dans la chaloupe. Jormgard, hébété, ne pouvait s’expliquer le chaos ambiant, gardant pour seul souvenir des vêtements glacés d’humidité et sa peau grelottant sous les assauts du souffle nocturne.

Morgan et Julo, pour leur part, saisirent le cercueil avec une certaine hésitation, peu réjoui à l’idée de transporter un cadavre endormi.

» [Autel] Il y a une première fois à tout! PV
» La brutalité des flots et des légendes. (Koda, Jormgard, Calel)
» Arawn Eolun [Normalement terminé, mais en relecture tout de même]
» /!\[ Maison d'Aidan et LilY ]Pour une première fois... | Aidan { Terminé }
» Une première fois dans un cimetière

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