[Terminé] Négoce ardue et impôts locaux. <La Guilde> [Thorgrel]

Automne, Arcamenel, deuxième ennéade de Barkios, an neuf, onzième cycle.

_ Merdasse ! Jura Dagobert en secouant sa godasse détrempée et bouseuse.

_ Qu’est-ce que tu as encorre ?

_ J’ai marché dans une flaque ! Voilà c’qu’il y a ! Et y a que j’en ai marre, marre et marre de ce pays ! Il pleut sans cesse ! Bougonnait-il, l'air morose et le cheveux trempé.

_ C’est l’automne. Tu t’attendais à un beau soleil peut-êtrre ?

Le marchand reprenait la marche, en râlant, comme à son habitude, sous la pluie battante, filant le train de Balir. En effet, le nain avait tenu à l’accompagner, de peur que son camarade ne fasse une grosse erreur, ce que Dagobert est capable de faire avec une simplicité peu commune et fascinante.
Les deux hommes traversaient le quartier cosmopolite, qui aujourd’hui ne l’était pas tant que ça. Non, ce matin, il était quasiment vide. Tous s’étaient réfugiés dans les auberges et les tavernes avoisinantes; et les étals du marché, et les devantures des boutiques n’avaient été ni montés, ni sortis.

_ C’est moi qui parle. Déclara le marchand qui bombait déjà la torse.

Balir tourna la tête, il hésitait. Cet homme était-il complètement con, ou faisait-il preuve d’un excès de confiance en lui à toute épreuve ?
Une chose sûre et certaine, c’est qu’il ne souhaitait pas le laisser mener la discussion. Gallen lui avait conté les frasques du mois dernier de Dagobert à la taverne, et il valait mieux éviter ça aujourd’hui.

_ Tu ne vas pas à la taverrne jeune crrétin. Nous allons au Guet, ce sont les autorrités locales militairres et administrratives à qui nous allons nous adrresser. Et pas à des poivrrots qui soutiennent le barr avec les g’noux ! Protesta le nain.

_ Diantre, penses-tu que je ne suis pas aux faits de ces détails ?

_ Je m’demande à vrrai dirre.

_ Ne te fiche pas de moi, je sais être sérieux quand il le faut ! Se justifiait Dagobert en agitant un index inquisiteur. Comme, par exemple, la fois où j’ai négocié ma liberté et évité le billot en Itrhi’Vaan ! Ah bah tiens ! Dégage un peu les poils qui obstruent tes esgourdes !

Balir poussa un long soupir, voilà qui allait rythmer la fin de leur trajet en direction du Guet. Mais c'était toujours mieux que d'écouter la pluie battre le sol boueux et glissant des rues et ruelles.

_ Un marchand qui voulait ma peau, reprit-il, parce que j’avais négocié un œuf d’or et de jade qu’il voulait plus que tout, m’a fait kidnapper ! Tu m’entends ? Kidnappé ! Moi, victime d’un rapt ! S’exclama l’arnaqueur en gesticulant, offusqué rien que de s’en souvenir. Ni une ni deux, je te l’ai emberlificoté cet empaffé de zurthan. Je lui ai vendu un œuf en échange de ma liberté. Concluait-il avec un fin sourire, avant d’ajouter fièrement : Et un faux !

_ Et il est heurreux hein ?

_ Un peu mon n’veu !

_ Aller, tiens toi maintenant, nous arrivons.

En effet, ils se trouvaient face au Guet. Grande porte gardée qui faisait office de frontière entre le quartier cosmopolite et le reste de Lante, qui se voulait exclusivement réservée aux dawi.
Ils approchèrent de la guérite pour y signifier leur volonté de rencontrer celles et ceux qui s’occupaient de la gestion administrative des propriétés locales.
Tandis que Balir priait intérieurement pour que tout se passe bien, Dagobert se remémorait ce qu'ils avaient planifié en chemin, tout en marmonnant son texte.

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Gabil le Sanclameur

« Nom.»
«Je me nomme Landor, Landor de Jersada, Maître nain.»
«Un Alonnais. Mh. Plofession.»
«Oui, oui ! La bien belle Alonna, mon pays na...»
«Plofession.» Claquant et coupant court au récit qui s'annonçait.
« Je...Je...Éleveur, je suis éleveur Maître nain. J'avais par le temps passé un troupeau de belle brouteuse.» Visiblement dérouté.
«Laison de ta venue, l'humain.»
«Eh bien voila bien simple, j'ai perdu ma troupaille pendant l'invasion noiraude. Que j'avais les bestiaux trop prêt du fleuve. Sale temps Maître nain, sale temps que...»
Un grognement guttural et des sourcils arqués empressent le dit Landor d'abréger.
«Mon cousin ! C'est mon cousin qui m'a vantait les beaux méritent du petit peuple du Nord ! Qu'y disais qu'ici y avait bon travail pour bon travailleur. Que la pécule manquait point aussi. Que le savoir était bien bon à prendre ! Voila mes raisons Maître nain.» La franche fougue suintait des palabres agités du dit Landor. Mais la grogne du nain ne c'était point tût.

Gabil du clan Oeil-Grive portait le surnom de Sanclameur. Originaire du Lörn, il avait longtemps était la hache de son clan restreint. Protégeant les siens sans relâche lorsque ceux ci passaient de longues énneades à fendre des troncs sous les frondaisons. Il avait rejoint Lante alors que la longue nuit s'abattait sur le Zagazorn. Désappointé, c'est avec zèle qu'il seconda les soldats qui s’échinaient à chasser les non-nains, si bien que quand le calme fut revenu, il rejoignit les rangs du guet. Quand le temps de murer l'Enclave vint et que l'organisation naine reprit ses droits sur ce taudis organisé à la faveur de la porte Sud, Gabil fut celui qu'on nomma intendant. Fort heureux, point sourire n'en avait jamais tiraillé ses lèvres, le Sanclameur remplissait son rôle avec un machinisme stoïque.

« J'en viens vers vous pour me louer Maître nain...Comme homme de labeur.» Jacta le dit Landor alors que pesant silence venait de s'installer.
« Petit peuple.» Répèta froidement le Sanclameur.
« Mais point faible et bien fier !» Ajoute l'homme des champs suant.
« Lefusé.»
« Mais...»
Il ne put finir sa phrase car surgirent des flancs du rade, deux barbes bardées d'acier qui l'adjoignèrent à quitter les lieux sans grande accointance en l'invectivant dans leurs langues.
Gabil Oeil-Grive prit un temps afin de rédiger sur le vélin, le rapport de cette brève entrevue.
Relevant de la trogne, lachant sur le même ton monocorde.
«Suivant.»

Automne, Arcamenel, deuxième ennéade de Barkios, an neuf, onzième cycle.

Les deux compères avait observé l'échange avec une grande perplexité, avant de se regarder droit dans les yeux et déglutir de concert. Le nain qui dirigeait le Guet était tout sauf ouvert d'esprit, rien qu'à voir sa trogne, on pouvait d'hors et déjà savoir que ce n'était pas gagné d'avance. Il n'y avait qu'a voir ce pauvre homme se faire traîner par les gardes au dehors, pour comprendre qu'il n'y avait pas de seconde chance.

_ Tu causes en premier ! Souffla discrètement Dagobert.

_ On se dégonfle petit ? Lui retourna le nain sur le même ton avec un air moqueur.

_ Pas du t...

«Suivant.» répéta une voix monocorde qui coupa le sifflet du marchand. Balir comme son collègue, tournèrent les yeux vers Sanclameur.

_ Bonjourr, commença Balir en s'approchant du comptoir, je suis Balirr Bock-d'Acier, et voici mon collègue...

_ Dagobert, marchand et voyageur. Intervint-il dans une révérence maladroite, un fin sourire sur les lèvres.

_ Et nous souhaiterrions avoirr quelques rrenseignements surr l'achat de locaux dans le quarrtier.

_ Exact ! Nous voudrions ouvrir une boutique d'équipement et de fournitures générales pour ces bonnes gens qui battent la campagne et les forêts, avec une partie orientée sur le commerce des denrées rares. Car voyez-vous, nous connaissons bon nombres d'aventuriers et voyageurs, qui, lors de leurs pérégrinations, finissent par entrer en possession d'objets et de composants de toutes sortes, qu'ils soient naturels ou non. Et croyez-moi, ce sont des composants rares, minerais, peau d'animaux exotiques, et j'en passe ! Expliquait-il en joignant le geste à la parole. Nous souhaitons devenir un acteur de cette économie, ici, dans cette agréable ville qu'est Lante !

_ Oui, affirma le nain, développer ce commerrce ici à Lante. Surr ces terres qui sont chèrres à mon cœurr.

Les deux compagnons se regardèrent, et le plus confiant des deux n'était autre que Dagobert. Il était étonnant de voir l'assurance dont il était capable de faire preuve au pied du mur, et ce quelque soit la situation. Sauf lorsqu'il s'agit de se battre bien évidemment.
Balir esquissa un sourire en coin, léger et discret, avant de tourner à nouveau le regard vers le Sanclameur. Il espérait que de dawi à dawi, les choses seraient un peu moins difficiles.

_ Pouvons-nous vous éclairrer plus amplement ? Avez-vous besoin de rrenseignements et d'inforrmations supplémentairres ?

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Gabil le Sanclameur

Le faciès fermé du Sanclameur s'éveilla, un haussement de sourcil broussailleux sec, son regard braqué sur la Longue-Jambe bavardeuse. Il le laissa alors parler, sans mots, sa grommelle naturelle toujours latente. Le duo pouvait surprendre, un nain accompagné d'un homme, ce n'était point la une première pourtant et l'Intendant n'y voyait jamais bonnes augures. De plus, il ne reconnaissait pas l'Ancien dawi, quand au nom de son clan, il ne lui était pas plus familier, néanmoins il restait nain. Gabil ficha alors ses mires dans celle de l'ancien et décida de le prendre à partit comme seul intermédiaire. C'est en khazalide qu'il s'exprima alors.

« Balir du clan Bock-Acier, tu accompagnes un humain bien bavard et mal averti. Il y a longtemps que Lante n'a plus rien d'agréable pour les gens de sa race. »Éructant ce qui se rapprochait le plus d'un rire pour lui, un grognement de gorge moqueur et gras qui fût reprit par les viandards bardés d'acier qui le suivaient.
« Les raisons qui poussent ceux des nôtres à s'allier aux Longues-Jambes, voila qui restera mystère pour moi. Tu es néanmoins un Ancien et nous respectons toujours cela, en Zagazorn.»
Un rappel, qui bien que réel, servait surtout à marquer une certaine ironie. La situation était déplaisante au yeux de Gabil, et il s'accordait le droit de le faire sentir, mais il écouterait au moins le vieux nain.
D'un geste mécanique il repoussa un carnet aux vélins parcheminés de runes signifiant «Registre des Refus», pour l'échanger avec un autre à la couverture rouge vierge. Saisissant un curieux stylet qu'il trempa dans une encre à base de charbon, il s'apprêtait à baptiser la première page, mais releva de la trogne au dernier moment.

« Avant de continuer il me faut néanmoins te mettre en garde, Balir du clan Bock-Acier. Tu parcoures peut être la lande depuis trop longtemps avec ceux du Sud. La couronne du Grand-Roi a était ceinte par Hardrek des Poing-de-Fer. Les terres du Royaume que d'aucuns pensaient à l'agonie, s'enhardissent de l'union des barbes. Le temps des pilleurs de caveau est révolu.»

Un avertissement clair que ce permettait l'Intendant des Portes Sud de Lante. Il avait déjà eu à faire à des nains sans scrupule, attiré par l'espoir du profit facile, guidant les margoulins humains sur la route de trésor laissé à l'abandon. Le souvenir de la tonte et du marquage au fer rouge de ces traîtres aux sangs lui restait toujours agréable.
Le stylet toucha alors le parchemin et le nom de Balir ainsi que celui de son clan apparurent sous la forme de rune. Le titre de l'associé humain y figura aussi mais il fût adjoint d'un symbole de forge fendu.
«Parlons maintenant, du commerce. D'ou viennent en majorités vos biens que ton Longue-Jambe décrit comme rare ? Qui sont ces voyageurs qui vous servent de gagne-clinquante ? Car c'est la bien maigre description. Les bâtisses libres de l'Enclave sont rares. Et il ne me plairait d'y installer fumisterie couvrant de la contrebande.»
Le Sanclameur restait fidèle à lui même, froid comme l'acier.

Automne, Arcamenel, deuxième ennéade de Barkios, an neuf, onzième cycle.

« Balir du clan Bock-Acier, tu accompagnes un humain bien bavard et mal averti. Il y a longtemps que Lante n'a plus rien d'agréable pour les gens de sa race. »

Le Sanclameur s'adressa à lui en khazalide, et Balir avait bien compris le message. L'humain n'était pas convié à la discussion. Ce que Dagobert avait d'ailleurs bien compris, et c'est pourquoi il recula poliment d'un pas, mais sans afficher une quelconque désapprobation. Au contraire, il restait souriant. Imperturbable.
Et lorsque le nain cracha un bon rire gras, comme lui seul en avait le secret, l'ancien ne l'interrompit pas, se contentant d'écouter simplement, la main caressant sa longue barbe.

« Les raisons qui poussent ceux des nôtres à s'allier aux Longues-Jambes, voila qui restera mystère pour moi. Tu es néanmoins un Ancien et nous respectons toujours cela, en Zagazorn.»

_ Je peux le concevoir, que les étrangers ne soient guère appréciés. Aussi je me porte garant de sa conduite.

« Avant de continuer il me faut néanmoins te mettre en garde, Balir du clan Bock-Acier. Tu parcoures peut être la lande depuis trop longtemps avec ceux du Sud. La couronne du Grand-Roi a était ceinte par Hardrek des Poing-de-Fer. Les terres du Royaume que d'aucuns pensaient à l'agonie, s'enhardissent de l'union des barbes. Le temps des pilleurs de caveau est révolu.»

Le son des ces mots lui faisait l'effet d'un coup de marteau sur les doigts, et les plis se dessinèrent sur le front de Balir, et ses sourcils exprimèrent la surprise puis l'agacement clair et marqué en l'espace d'une seconde.

_ C'est une honte, soupira-t-il plein de déception, je te pendrais ces saligauds par les bourses. Grogna-t-il en serrant le poing. Sache, mon frère, que l'humain qui se trouve derrière moi, n'est pas comme ceux dont tu parles. Au contraire, nous aurions tendance à rosser ces pilleurs de tombes, et pas qu'à moitié.

La marchand regardait son ami nain, sans comprendre quoique ce soit. Mais sa réaction l'inquiétait, que pouvait-il bien le contrarier ainsi ? Il retournait la question dans sa tête, en tachant de ne rien laisser paraître.

« Parlons maintenant, du commerce. D'où viennent en majorités vos biens que ton Longue-Jambe décrit comme rare ? Qui sont ces voyageurs qui vous servent de gagne-clinquante ? Car c'est la bien maigre description. Les bâtisses libres de l'Enclave sont rares. Et il ne me plairait d'y installer fumisterie couvrant de la contrebande. »

Balir pris une seconde pour se recentrer. Il aimait beaucoup l'Histoire, la culture de son peuple et son héritage. Mais l'heure n'était pas à laisser son sang bouillonner, alors il se recentra sur le sujet, car c'était ce pourquoi il avait fait le déplacement.

_ Nos marchandises, proviennent du monde connu. Péninsule, Zurthanie, Ithri'Vaan, et j'en passe. Des livres, aux bijoux, des composants récupérés sur les créatures, comme le cuir solide de ralir, ou les bézoards d'Ibak Royal... Par exemple. Qui plus, nous hébergerions nos aventuriers le temps d'une nuit, avant qu'il ne repartent, et pourrions donner un petit coup d'entretient sur les armes et armures, contre paiement bien sûr. Mais le but de notre commerce, reste de pouvoir commercialiser et ramener ici, des armes ou des composants rares. Acquérir la connaissance du reste du Monde est une chose qui est utile, et qui se revend cher. Expliquait-il en accompagnant le geste à la parole. C'est à cela que nous aspirons.

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Gabil le Sanclameur

Les runes s'enchevêtrèrent dans le carnet tandis que Gabil compilait les paroles de Balir. Il utilisait une syntaxe qui était propre à l'intendance naine, raccourcissant les phrases, résumant au strictement compréhensible. C'était un devoir qu'il avait l'habitude de remplir, aussi ne quittait t'il pas sa calligraphie, enregistrant d'une esgourde appliquât sa calligraphie charbonneuse.
« Les humains ...» S'interrompant pour appliquer une dernière ponctuation travaillée d’entrelacs.«Sont tous les même.» ]Commenta t'il stoïquement avant de relever les yeux pour enchaîner sur la suite de son interrogatoire.
«Nous contrôlons les allez et venus des batteurs de lande dans les murs de la Cité. Les importuns et canailles seront chassés, cela même si leurs statuts en font des partenaires lié à ton office. Nous prendrons en gage ta parole sur les bons agissements des gens qui suivent ton giron.»Une manière pour l'Intendant de mettre une nouvelle fois les choses au claire, si du grabuge naissait de la création du dit commerce, la faute en incomberait à son représentant nain, seul réel gage de valeur aux yeux du Lantais.
«La taxe frontalière est de dix pour-cent de la valeur des biens transportés pour les charretiers et bateleurs, cinq pour-çent pour les colporteurs ayant eux aussi biens manifeste à commercer. Elle est prélevée à la Grande-Porte du Mur. Il te faudra aussi savoir qu'à la fin de sa construction, un droit de foule-sol sera appliqué à tout non-nains pénétrant en Zagazorn. Une rente de dix écus appliqué à tout ceux désireux de fouler nos terres.»
Appliquant une série de rune qui stipulait que le demandeur avait était mis au courant des primes règles, il lécha lentement son doigt et tourna la première page. Puis il saisit un ouvrage à la couverture épaisse et brûnâtre. Consultant quelques pages, il s'agissait la du «Registre des Baraquements», un ouvrage référençant les constructions de l'Enclave. Après un temps de silence, il revint à son discours.
« L'impôt quand à lui s'élève à trente-huit pourçent des bénéfices réalisés. Il est prélevé à chaque veille de fin de mois. Son taux est aménageable par une clause d'effort dit du temguerre. Aucuns sursis accordé à son règlement. Ceci fait. Nous disposons de deux bâtisses actuellement libre dans l'Enclave.»

Dépliant une carte, il pointa tour à tour deux bâtiment distinct.

«L'ancien fumoir de Harold le Nordien. Aujourd'hui retourné chez les siens. Et la maison du remouleur dit Trois-Doigts. Châtié pour insurrection.»
«On doit l'appeler Le Moignon maintenant.» Ricana un des gardes du guet.
« La taxe de louage, s'élève à quatre souverains. Prélevé elle, au premier jour du mois.» Continua monocordement Gabil sans relever la boutade.
« Ceci annoncé, tu disposeras d'un temps latent pour te rendre sur les lieux, Balir Bock-d'Acier. Ta requête sera clôturer après le choix de localité réalisé.»
Le Sanclameur traînait une réputation de nain efficace. Ayant le pouvoir de juger rapidement une situation. Il avait néanmoins annoncé à l'Ancien les tenants en cas de malversation dans son futur établissement. Si l'interlocuteur avait était humain, il n'aurait même pas daigné sortir un quelconque carnet.
L'on pourrait donc dire que l'entrevue se déroulait sous les meilleurs des auspices possibles.

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Balir écoutait attentivement les informations qu'il jugeait importantes. Certes, il pouvait écouter la rancœur de son frère nain à l'encontre des autres races sans forcément l'entendre, mais pour l'heure ce qui l'intéressait concernait les taxes et l'imposition. Et elles n'étaient pas faites pour développer le commerce. En plus de la taxation frontalière, l'imposition sur les bénéfices n'était pas légère, bien au contraire. Quant au droit de foule-sol à venir, après la construction du Mur... Les nains ne faisaient pas de politique étrangère. Ils n'attireraient plus longtemps les étrangers, ni même les marchands. Leur politique tant migratoire qu'économique consistait à s'ostraciser sur tous les plans. Le peuple dawi s'isolait du reste du monde. A taxer ainsi les marchandises, il était fort peu probable que d'autres peuplades ne laissent les nains venir commercer chez eux aussi facilement désormais, et l'ancien était dubitatif quant à ces faits que lui livraient Glabil.

Sans émettre de commentaire, il se contenta de prendre acte de ces informations, avant de lorgner sur sur la carte que lui exposait le Sanclameur. Deux bâtisses. Elles avaient l'air assez grandes. Du moins sur le papier.
Acquiesçant aux dires de Glabil pour lui signifier qu'il avait bien compris, il le salua, puis s'en retourna vers le marchand pour lui expliquer platement ce ce qu'ils allaient faire désormais.

_ Alors ? S'enquit le marchand en jetant un coup d'œil rapide et discret au grand manitou du guet.

_ Alorrs nous allons visiter deux bâtisses de ce pas. Lui expliqua-t-il, la mine figée et le regard perdu dans le vide. Une fois notrre décision prrise, nous devrrons rrevenirr ici-même et en fairre parrt au gérrant du Guet.

_ Bonne nouvelle dans ce cas ? Demanda-t-il en souriant, les bras légèrement écartes, accueillant la chose avec une certaine allégresse.

_ Ne te rréjouis pas trrop vite. Soupirra le nain en lui faisant signe de l'accompagner.

Le sourire de Dagobert s'effaça pour laisser place à une interrogation dessinée à merveille par un sourcil surélevé. Et il suivit le nain qui approchait de la sortie du Guet, talonné par un autre dawi qui leur ferait certainement faire le tour du propriétaire une fois sur place.

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Dogor Fersur

C'était Dogor du clan Fersur qui reçut la tache de guider l'Ancien et son acolyte aux longues jambes dans le dédale de l'Enclave. Malgré les règles strictes des nains, la foule margouline redoublait d'ingéniosité quand il était question de dresser bouges et échoppes éphémères. Le bidonville marchand avait reprit de sa prestance, mais il restait un lieu propice aux sombres affaires et aux escroqueries de bas étages.
Quand ils tournèrent à l'angle de la grand rue et pénétrèrent enfin dans la venelle des bouchers, l'air devint un instant suffoquant. Les basses toitures des maisons rapprochés avaient pour effet de piéger les divers relents carnés et autres effluves de tannage. Ils durent contourner l'imposante carcasse d'un Sanglier du Brissalion qu'était entrain de dépecer une foule d'apprentis munis de hachoir.

Le nain du guet invectiva les badauds en les priants à sa manière, d’accélérer le travail pour libérer la rue. Puis Dogor stoppa enfin sa marche devant une bâtisse ne possédant point d'étage. Lestement il déverrouilla la porte, pénétra dans l'enceinte et entreprit d'allumer une lampe à graisse pendant au plafond.

« Ici le fumoir d'Harold le Nordien. Le viandard s'en est retourné chez les siens voila trois lunes. Suivez.» Fit il en signant de la main.

L'odeur de viande fumée était omniprésente, néanmoins le lieux présenté bien. De nombreux tonneaux parsemaient l'endroit, certains encore plein de lard consommable. Le nain les conduits alors à travers un escalier taillé à même le roc et s'enfonçant sous terre. Ils arrivèrent devant une nouvelle porte, imposante. Derrière se trouvait la chambre de fumage, elle disposait de deux fours reliés à une cheminée unique qui ralliait l'extérieur. Les pierres des murs étaient noircis prêt des fours, un tas de rondin encore disposait dans un coin, et partout les ustensiles que ne put transporter le Nordien avec lui.
« Le Harold y couchait au dessus, vous retrouverez sûrement son barda dans tout se foutu foutoir.»
Et sans un mot de plus, Dogor reprit le chemin de l'extérieur, laissant à peine le temps à une visite plus inspective.

Le nain du Guet n'était pas loquasse, derrière son masque de d'acier on pouvait l'entendre grommelait alors qu'il arpentait l'Enclave. Prenant la direction du quartier du fer au sud-ouest, ils purent entendre le bruit des mendiants se dispersant à l'arrivé des chausses ferrées.
La venelle des dronons était balayé par les fumées noirâtre des quelques forges non loin, mais cela uniquement quand le vent était bas. Autrement, elle restait agréable à parcourir, l'air résonnant des bruits des martelages.
Ils arrivèrent alors devant une masure de rondin aux soubassement de pierre. L'endroit portait lui un étage, mais que sur une moité du bâtiment. La porte était entrouverte, et à l'intérieur régnait un chaos sans nom. Outils, pierres à aiguiser et mobiliers répandus aux sols dans un désordre anarchique. Dogor éructa un rire gras en ce plaçant au milieu de la pièce.

« L'ancien bouge du Moignon. Qu'il a pas voulut regagner son taudis sans broncher quand les Almiens sont venus. On lui à couper la paluche et jeté dehors. Enfin. Y couchait à l'étage lui, une pièce dans le même état. Derrière la porte du fond qui y a un petit souterrain qui donne sur la ou il entreposait ses lames à affûter. Et autres brinquebalerie du genre voyez.»
La question n'en était pas vraiment une.
«Le Sanclameur attend votre réponse avant la fin du jour. Soyez pas retard ou ça sera trop tard.»
Et le nain du guet les laissa sur place sans autres forme de procès, en ce lieux ne se trouvaitt de toute façon plus rien d'intéréssant à voler.

Automne, Arcamenel, deuxième ennéade de Barkios, an neuf, onzième cycle.

Dagobert se pourléchait les babines à mesure qu'il avançait dans le fumoir. Ce qui n'était pas le cas de Balir, qui lui hésitait à se pincer le nez. Le fumoir du Nordien était en bon état, mais était-il possible de parvenir à faire partir cette odeur de bidoche un jour ? Aucun des deux n'en était vraiment sûr et certain, aussi ils s'échangèrent un regard entendu en descendant les escaliers par lesquels le nain les menait.

« Le Harold y couchait au dessus, vous retrouverez sûrement son barda dans tout se foutu foutoir.» Expliqua le garde qui servait de guide aux deux autres, tout en commençant déjà à remonter les marches en direction du rez-de-chaussée.

_ Les deux fours c't'une bonne chose. Mais l'odeur... Soupira Dagobert en secouant la tête.

_ Je suis bien d'accorrd. En plus qu'on égorrge et dépèce le bestiau à même la rrue, on aurra vu mieux. Attendons de voirr la suite.

_ Tu m'ôtes les mots de la bouche. Dit-il en remontant déjà les escaliers pour suivre Dogor.

Ils n'avaient pas eu le temps vraiment de visiter la bâtisse, mais le quartier ne leur disait rien, et l'odeur non plus. Ce local écopait d'un "Non" unanime et définitif, alors qu'ils n'avaient pas encore vu le suivant.
Poursuivant le nain qui ne perdait pas un seul instant, et qui était sûrement pressé d'en finir avec cette affaire, Dagobert et Balir traversèrent la grande rue pour pour rejoindre le quartier du Fer. Le son de l'acier frappé en rythme résonnait doucement à leurs oreilles, alors qu'ils approchaient de la bâtisse de bois. Ses fondations de pierre étaient une bonne chose, que Balir ne manqua pas de souligner avant qu'ils n'entrent dans la masure. Parce qu'il s'agissait bien de cela, l'intérieur avait été complètement saccagé.

« L'ancien bouge du Moignon. Qu'il a pas voulut regagner son taudis sans broncher quand les Almiens sont venus. On lui à couper la paluche et jeté dehors. Enfin. Y couchait à l'étage lui, une pièce dans le même état. Derrière la porte du fond qui y a un petit souterrain qui donne sur la ou il entreposait ses lames à affûter. Et autres brinquebalerie du genre voyez.» Précisa le garde en désignant les alentours, secoué d'un léger rire.

«Le Sanclameur attend votre réponse avant la fin du jour. Soyez pas retard ou ça sera trop tard.» Ajouta-t-il avant de tourner les talons et disparaître dans l'angle de la porte.

_ Au moins il n'y a pas d'odeurr... Souffla Balir en observant les lieux d'un air désabusé.

_ Exactement, il y a un peu de travail, mais on peut faire de cet endroit quelque chose de sympathique. Je te laisse visiter l'étage, moi je vais au voir cet entrepôt en dessous.

_ Faisons comme ça. Confirma le dawi en prenant la direction de l'escalier.

L'étage était tout aussi dévasté que le rez-de-chaussé, et en terme d'espace, il faisait à peu près la moitié de la pièce principale. Au sol étaient éparpillés des draps et vêtements déchirés, bris de verre, copeaux de bois et morceaux de meuble. Il ne restait rien d'entier ici, tout avait été pillé et saccagé.

_ Il va y avoirr du boulot. Commenta le nain en soulevant quelques débris ci et là. Au moins l'édifice n'était pas en si mauvais état. Constata-t-il en tapant du pied sur le plancher.

N'ayant rien de plus à voir, il redescendit, pour se diriger vers la porte du fond et descendre encore. L'escalier qui menait à ce qui servait d'entrepôt s’enfonçait bien bas sous terre et s'élargissait au fur et à mesure qu'on approchait de l'étage du dessous. Débarquant enfin au pied de l'escalier, le nain trouva son camarade aux longues-jambes occupé à crocheter la serrure de l'épaisse porte de bois qui fermait l’entrepôt.

_ Qu'est-ce que tu fais encorre ?

_ Ce con de nain a omis de préciser... Que l'entrepôt était bouclé et... Merde ! Jura l'homme en cassant son crochet.

_ Tu as bousillé la serrurre ?

_ Mais non... Je n'suis pas une triple buse. Bougonna-t-il en se saisissant d'un autre crochet dans la veste de son manteau. Le tout est d'écouter... Le tintement que font les... Ah... On y est presque.

Le marchand, qui s'était révélé posséder des dons de faussaire et d'arnaqueur se redressa, fier de lui, en ouvrant la porte, avant se retourner pour laisser passer l'ancien.

_ Après vous mon cher ! Dit-il sur un ton exagéré, imitant le noble, et dans une révérence maladroite.

_ Tu as plus l'airr d'un voleurr que d'un marrchand, tu le sais ça ?

_ Par les cinq, tes mots me serrent le cœur ! S'exclama-t-il, toujours en surjouant la scène.

Le nain roula des yeux avant d'entrer dans la pièce, pour constater que le petit bordel entreposé, ou du moins ce qu'il en restait et qui prenait la poussière. Il y avait quelques outils de forge abandonnés ci et là, des caisses de bois en grande partie vides dans un coin, et trois épées émoussées dans un coin. Rien de bien glorieux... Hormis l'énorme fût à bière qui trônait contre le mur, entre un bric-à-brac de vêtements entassés dans une armoire d'un côté, et une table pourrie de l'autre, où étaient empilés des bouquins rongés par le temps.

_ C'est...

_ C'est pas la joie. Coupa le marchand en soupirant.

_ Non, il va y avoirr du trravail. Et on ne pourra pas marrchander quoique ce soit tant que la bâtisse ne serra pas rremise surr pied. Ce qui n'empêcherra pas les nains de nous rréclamer le loyer.

_ Une sacrée bande d'enflures ceux-là, j'te l'dis. Commenta le marchand en s'approchant de l'armoire, pour balancer les fringues un à un par dessus son épaule. Tout est pourri... Rongé par les mites, et... Oh tiens, qu'est-ce que c'est que ça ?

Dagobert venait de trouver une toute petite poignée de bois, presque invisible tant elle était si bien enfoncée dans l'ombre et le fond de l'armoire. Il l'agrippa fermement pour tirer dessus. Un bruit métallique résonna dans la paroi, puis le cliquetis d'une serrure qui saute fit écho. Balir s'approcha du fût, qui faisait deux fois sa taille et atteignait presque le plafond. L'avant de la structure venait de trembler.

_ Parr ma barrbe... Souffla-t-il éberlué, en découvrant que l'énorme fût se révélait être un passage vers une autre pièce.

_ Ah ouais... Comme tu dis l'ami... Commentait Dagobert, les yeux ronds comme des ballons, en rejoignant son comparse. Mais... Aaaah ! Qu'est-ce qui pue comme ça ?! S'exclama-t-il ensuite en se pinçant le nez.

_ La charrogne.

Alors il traversèrent le fût, qui n'était autre qu'un passage vers une pièce dérobée et dissimulée, pour déboucher dans une salle un peu plus petite que la première, et plutôt sombre. On distinguait des bougies éteintes, à demi fondues pour la plus part, un peu partout au sol. Au centre se trouvait une table, sur laquelle était déposée une figurine, et au pied, un cadavre de nain rongé par les vers. L'armure du macchabée était entreposée à quelques pas, à côté d'une masse tachée de son sang sec depuis des lustres.

_ Oh bon sang d'bon soir... Faut faire cramer tout ça et vite ! Lâcha Dagobert, comme réflexe naturel.

_ Ça va pas à la tête ?! Il faut aller cherrcher la garrde !

_ La garde ? Mais t'es fou mon vieux, tu vois pas que ça sent le rituel à plein nez là ? Et puis tiens regarde... Commença le marchand en allant chercher la figurine pour venir ensuite la montrer au nain. C'est qui ça ?

_ Je... Smedan, le semi-dieu arrtisan. Mais je ne suis pas cerrtain, pourr le gobelet et la plume là...

_ Le gobelet... C't'un calice. Révéla-t-il en écarquillant les yeux. Oh la meeerde...

_ Quoi ? Quoi ?! Tu sais c'que c'est ? Le questionnait Balir avec insistance lui secouant l'épaule d'une main.

_ C'tun dieu nain, avec les attributs de la Damedieu.

_ Qui ça ?

_ La Damedieu... Une pouffiasse en toge avec une plume et un calice. Symbole de la vie, de la bienveillance et tout un tas d'autres trucs sympathiques et protecteurs. M'enfin... Hésita-t-il en se retournant pour regarder le cadavre. Pas toujours très protectrice la puterelle.

_ Allons donner ça aux garrdes, et vite !

_ Certainement pas comme ça. Un dieu nain avec les attributs d'une déesse péninsulaire, en plus d'un sacrifié en son honneur... En voilà un joli prétexte pour raser ce quartier. Je vois d'ici la nouvelle... La religion péninsulaire corrompt les dieux nains.

_ Qu'est-ce que tu veux fairre alorrs ? Je t'écoute.

_ On va déplacer le corps, et... Bousiller cette statuette à la con. Dit-il en cassant le gobelet et la plume tenus par Smedan. Il faut maquiller le crime. Déplace l'armure, et la masse aussi. On met tout ça dans la première pièce. On va tout foutre dans un coin sous les caisses.

_ Et ensuite on file voirr la garrde.

_ Exactement. Confirma le roi de l'arnaque et du mensonge, acquiesçant avec un sourire.

Dagobert et Balir se mirent au travail, déplaçant le cadavre dans le coin gauche, par rapport à l'entrée, de la première pièce. L'armure et l'arme du crime furent déposées à coté, puis ils empilèrent les caisses dessus, prenant soin d'en enlever une pour qu'on puisse voir le corps, et simuler ainsi la découverte. La marchand s'occupa bousiller correctement la statue, et d'aller la déposer à l'étage, dans de ce qui servait de chambre à l'ancien propriétaire. Une fois tout en ordre, le passage refermé, et l'armoire de nouveau pleine des vêtements pour dissimuler la poignée, les deux hommes se mirent en route pour le Guet.

A peine arrivés, l'ancien fila droit au comptoir, suivit de près par Dagobert. Il s'adressa à ses frères dans leur langue natale.

_ Gabil ! Gardes ! Nous avons trouvé un corps dans la cave de la maison du remmouleur ! Et c'est le corps d'un garde !

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T'sisra en bikini :

Gabil le Sanclameur

Le poste d'intendance était quasiment désert au retour des deux compères. Le Sanclameur était entrain de rédiger un vélin devant la mine passablement soulagé d'un marchand de l'Enclave à qui il venait d'accorder droit de commercer diverses breloques. Un épais sourcil broussailleux se releva, éructant un grognement de surprise devant l'agitation que venait d’amener avec lui l'Ancien Balir. Gestant de la main afin de chasser le dernier hôte présent, il fit un signe de la tête à un trio de guetteur posté dans le coin gauche de la salle. L'un vint se poster derrière le duo nanien humain, les deux autres partirent au pas de course en direction des venelles.

Le silence tomba tel une chape de plomb, Gabil appréciait de son rade l'attitude du nain et de son compagnon aux longues jambes. Son regard sévère semblait juger chacun de leurs mouvements, chacun des tiraillements agitants leurs traits. Sans aucuns doutes, Gabil cherchait à savoir s'il n'y avait la pas sanglier sous butte. On put le voir saisir le carnet qu'il avait ouvert quelques temps auparavant et contenant le prime-récit de Balir. Griffonnant quelques mots que le duo ne put déchiffrer à cette distance, il ne releva du faciès qu'à l'arrivé des deux nains en armure. Ils étaient à bout de souffle.

« C'est Ogodan Machegravier ! Qu'on lui a fendu le cabochard au burin.» s'exclama le premier.
«Qu'il a disparut aux premiers jours de la saison d'été. Qu'on croyait qu'il avait rejoint le pays des Longues.» continua le deuxième.
«Ou qu'il c'était fait becqueté dans les Myriades.»
« Affirmatif !»
«Ou encore, qu'il avait des dettes de jeux ! C'était un sacré flambeur !»
« Affir...»
« Assez ! » tonna le Sanclameur.
Gabil avait frappé du poing sur la table, faisant voleter quelques carnets. Il semblait fulminer intérieurement, signe qui se traduisait chez lui par un excès de ride sur le front.
« Récupérez sa dépouille , nous la scellerons dans le caveau de ses aïeux afin qu'il puisse rejoindre les Derniers Halls. Rapatriez son armure et ses armes, ils resserviront. Dépêchez vous.» Les pisse-laits ne se firent pas prier et repartirent bon train exécuter les ordres. Il lança une œillade à Dogor Fesur. «Et toi, tu n'as rien vu.» l’apostropha t'il sans douceur. Le dénommé ne dit mot, préférant ne pas aggraver son cas. Le Sanclameur se tourna alors vers Balir. Bien qu'il semblait manifeste que le duo n'avait rien à voir avec cette macabre découverte, l'Intendant ne semblait pas les avoirs disculpés pour autant.
Sur le ton monocorde qui lui était coutumié, il reprit.
« Ton choix, Balir Bock-d'Acier.» Questionna t'il comme ci rien de tout cela n'était arrivé. Dans sa main droite, il tenait toujours le stylet gorgé d'encrecharbon, prêt à a transcrire.

Automne, Arcamenel, deuxième ennéade de Barkios, an neuf, onzième cycle.

Balir et Dagobert patientait depuis un temps qu'il aurait jugé cent fois plus long qu'a l'accoutumée. Tandis que le marchand semblait sûr de son coup, son compagnon nain, lui, s'inquiétait de la suite des événements, et surtout de cette histoire d'idole religieuse mêlant symbolique naine comme humaine. Était-ce quelque chose de répandu ? Était-ce un secte obscure aux mœurs bien peu accommodantes ? L'ancien propriétaire était-il vraiment le meurtrier ? Les membres du groupuscule religieux ne tourneraient-ils pas leurs regards vers Dagobert et lui ?
Toutes ces choses qui ne pressentaient rien bon et tournoyaient dans la caboche du nain, jusqu'au retour des gardes envoyés par Gabil pour vérifier la mort de leur camarade.

« C'est Ogodan Machegravier ! Qu'on lui a fendu le cabochard au burin.» s'exclama le premier.
«Qu'il a disparut aux premiers jours de la saison d'été. Qu'on croyait qu'il avait rejoint le pays des Longues.» continua le deuxième.

Dagobert observait les deux nains d'un oeil perplexe. Il ne comprenait pas un traître mot de ce qui se disait, mais rien d'affolant en vue ne nécessitait une fuite prompte et surprenante. Balir s'était décollé du mur, dressé sur ses deux jambes, il écoutait le Sanclameur remettre à leur place les deux gardes qui s'épanchaient en paroles inutiles, et très certainement agaçantes leur supérieur. Supérieur qui ne manqua pas d'invectiver Dogor, celui qui les avaient guidé au travers du quartier et des bâtisses visitées un peu plus tôt dans la journée.

Et bien que le Sanclameur s'était laissé aller à exprimer un agacement certain, ce qui avait au moins le mérite d'être autre chose que son pragmatisme habituel, le naturel revint bien vite au galop : « Ton choix, Balir Bock-d'Acier.» avait-il demandé à Balir qui jeta un œil à son ami humain.

Les deux camarades acquiescèrent en croisant le regard. Il était clair que leur choix était fait depuis la visite de la toute première bâtisse. Certes cette histoire de religion et de macchabée restait une chose embêtante, voire effrayante, mais cette demeure était néanmoins spacieuse et recelait un atout de majeur qu'on ne pouvait pas négliger.

_ Je choisis la maison du remmouleur. Dans les termes que tu m'as expliqués plus tôt. Affirma le dawi, l'air sûr et certain de lui.

Le marchand attendait à quelques pas, les bras croisés. Ce n'était pas le moment de paraître désagréable, quand les choses allaient enfin dans leur sens. Il avait tout perdu sur la route pour le Zagazorn, tout. Mais il y avait trouvé des amis, sans qui il y aurait certainement laissé la peau. L'ouverture prochaine de cette boutique aura de quoi lui donner en plus du travail, un but et une activité épanouissante, tant pour lui, que pour la Guilde.

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T'sisra en bikini :

Gabil le Sanclameur

« Qu'il soit fait ainsi.»
Le stylet d'encre-charbon traça de franche ligne runique sur le vélin avant que la frappe brève d'un tampon ne vienne clôturer le bas de page. Le Sanclameur ferma en suite le carnet d'un geste sec, dardant son regard sévère sur le duo humano-nanien. Quittant son siège, il se dirigea vers un mur ou un coffre à serrure Tukazul était encastré. Décrochant la clés qui pendait à un sautoir sous les poils de sa barbe, il la tournoya à l'abris des regards.
Quelques instants après, Gabil revint à sa prime assise et poussa la clés de la demeure en direction de Balir.
« Nous garderons un oeil sur vous, Balir Bock d'Acier.» Souffla t'il stoïquement avant de saisir un carnet différent. Regardant déjà par dessus l'épaule de l'ancien, il éleva la voix.
«Suivant.»

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