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| L'épais manteau du général hiver | |
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Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: L'épais manteau du général hiver Lun 27 Mar 2017 - 12:44 | |
| 1er jour de la 1ère énéade de Verimios, 9ème année du 11ème cycle. L'hiver s'était abattu avec une ponctualité singulière. Il neigeait. Habillé d'une épaisse fourrure, Aymeric regardait fumer au loin, dans la plaine, les derniers brasiers à travers le rideau de flocons. Un vent mauvais, venu du Nord, soufflait depuis le matin, et le froid s'était invité dans la cité serramiroise. De Castel-Tolbioc, on pouvait voir s'activer cette immense fourmilière : dans les rues, on jetait de la paille et du gravier sur le sol, tandis que les charbonniers gagnaient la place du marcher pour y écouler leur or noir. Bref, l'hiver quoi.
Abandonnant du regard les tressautement populaires, Aymeric se reporta sur celui des flammes qui dansaient dans le foyer. Celui-ci réchauffait à grand-peine le petit salon au milieu duquel il trônait. C'était là une des innombrables pièces froides que comptait le Château Noir, et dont on tentait, à tout moment de l'année, mais plus encore à la saison froide, d'atténuer l'austérité en y dressant de beaux tapis sur les sols et sur les murs. Trônant seuls devant l'âtre, deux cathèdres attendaient patiemment qu'un séant daigna de s'y poser ; l'une d'entre elle rendit bientôt jalouse l'autre en se trouvant honoré du marquisal postérieur d'Aymeric.
Que l'autre chaise ne désespère, cependant! Car bientôt, un second fessier nobiliaire viendrait compléter le tableau. Le marquis de Serramire avait en effet invité son compère berthildois à le rejoindre ici, et bientôt, l'ineffable valet Jaljen, en faction à la porte, annonça la venue de Louis de Saint-Aimé. Aymeric délaissa alors un instant son repose-fesse, se levant pour accueillir l'homme. « Là, cher ami! Soyez le bienvenu », s'exclama-t-il d'un ton affable, invitant d'un geste le jeune marquis à prendre place devant l'âtre.
Ils se retrouvèrent peu après l'un à côté de l'autre, jouissant de la chaleur du feu, tandis que Jaljen, revenu chargé d'un hanap, leur versait à chacun un capiteux verre de Hautval. Le factotum était aux yeux d'Aymeric une véritable ombre, et c'est d'un air tout naturel que ce dernier entama la conversation, comme si les deux hommes avaient été seuls : « Bon seigneur, votre présence m’honore. Avant toute chose, je désire vous transmettre mes condoléances : perdre son père compte au rang des plus grands malheurs, et je souffre avec vous de son trépas. »
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: L'épais manteau du général hiver Mar 28 Mar 2017 - 22:30 | |
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De l’effervescence de l’ambiance festive qui flottait en ville, causé par les primes journées de Verimios, ou de la notoriété du gratin qui séjournait au castel de Serramire, de ces deux choses les invités de marque ne savaient pourquoi il était à toutes heures, le temps de banqueter. La ripaille avait été la veille, au rendez-vous, de même qu’elle l’était aux matines. La salle de réception sentait à plein nez le blé et la farine, les fourneaux crépitaient à la réception des plats, tandis que les queux couraient ici et là, à l’instar de poules décapitées, à assouvir la moindre doléance de ses clients. À s’engraisser de la sorte jour et nuitée, qu’on ose mettre en déroute l’hospitalité du Brochant!
Ainsi, francherepus de leur repaissance du matin, accompagné de sa sœur, Louis décida de prendre le rôle de l’aventurier, afin d’assouvir sa curiosité dans les venelles de Serramire. Fouinant ci et là, posant son regard sur une bâtisse puis une autre, en y découvrant certains petits commerces qui besognaient pour s’adapter au temps rude à venir, d’ensemble, tout lui plaisait. Sans l’être, il se sentait chez lui. Car si le décor différait, les mœurs semblaient épouser celles du Berthildois. La franchise, l’honnêteté des gens mais surtout, leur aisance à accueillir les inconnus avec bienveillance, voilà qui caractérisait les Nordiens. Et encore, ne parlons pas de leur caractère lorsqu’il vient temps de faire la rixe!
Enfin, il était temps d’esseuler sa sœur au profit d’une entrevue avec le Marquis ; un entretien qui s’était fait bien trop attendre, à son humble avis. L’astre diurne atteignait pratiquement son paroxysme lorsque le marquis-régent gagna le portail principal de la citadelle. Aussitôt, la chaleur que se dégageait des nombreux puits de feu venait incendier les joues du cerf, ceux-ci empourprées par la froidure.
On l’annonça, enfin, jusqu’à ce qu’il pénètre dans le salon auquel Aymeric était d’ores et déjà disposé à la discussion. Jovial et avenant, les yeux pétillants, c’est avec un sourire franc qu’il s’adressa à son homologue marquis. « Il fait grand bon de vous voir enfin et de constater qu’on ne m’avait point menti ; l’hospitalité de Serramire n’a pas son égal! »
Enfin, il posa son séant sur l’assise qui l’attendait depuis toujours, se retournant à demi pour pouvoir faire face à son interlocuteur. Et, autant que les formules de bienséances lui plaisaient en temps normaux, lui rappeler la perte de son géniteur n’était pas pour lui faire plaisir, au contraire. Pourtant, son faciès n’en fit pas le témoignage et en replacement, il acquiesça du chef en guise de remerciement aux bonnes pensées de son compagnon. « Vos mots sont justes et me touchent plus que nuls autres, mon bon ami. Sachez également que ces échanges, cette correspondance, n’avait pour moi rien d’une bagatelle, car elle tomba au moment juste, là où j’en ai eu le plus besoin. Et pour cela, je vous en suis gré. » Cordial, un sourire fit s’étirer les lèvres du régent, puis enchaînait sur le même ton amical.
« Mais enfin, la course de la vie s’est déroulée comme elle le devait. Le fils vit le père trépasser et comme le veut la tradition, se doit de prendre sa place. Maintenant, se doit-il emprunter le sentier sinueux, qu’icelui avait pour lui brillamment tracé, ou se doit-il de dévier et de créer sa propre voie ? » Louis questionna Aymeric des yeux, sans animosité aucune, et toujours sur un timbre de voix qui encourageait l’amitié. « Car c’est pour cette raison que nous sommes ici réunis, n’est-ce pas ? »
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| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: L'épais manteau du général hiver Mar 4 Avr 2017 - 13:08 | |
| « Certes. » Les yeux du marquis s'étaient illuminés à l'écoute des dernières paroles de son interlocuteur. Celui-ci faisait preuve de clairvoyance, et ce n'était pas là pour déplaire au marquis, son hôte, qui goutait toujours plus de s'entretenir avec un homme d'esprit qu'avec un indigent. C'est qu'il ignorait tout du jeune Louis, dont il n'avait aperçu la frimousse juvénile qu'au jour désastreux de ses épousailles avortées. En revanche, Aymeric s'était constitué une image bien définie de son géniteur, l'inénarrable Godfroy. C'était à l'aune du père qu'il jugerait ainsi le fils.
« Godfroy et moi-même étions fort semblables, entreprit-il d'énoncer : tout-deux sommes nés d'un lignage modeste quoiqu'ancien, tout deux nous sommes élevés à des titres auxquels notre naissance ne nous destinait. Il était un vrai homme du Nord, et je pense l'être aussi : pourtant, la ressemblance s'arrêtait là. » C'était un euphémisme. Godfroy, après les menées de Velteroc et l'incendie de Diantra, s'était comporté en boutefeu arriviste, quand Aymeric avait fait de la constance son leitmotiv. Saint-Aimé avait tour à tour proclamé Bohémond Roy, puis sa mort, puis ses propres visées royales ; il s'était acoquiné avec des traitres, qu'il avait à son tour trahi. L'Effroyable, en moins d'un an, avait ainsi brossé un portrait d'agitation absolue - chose curieuse pour un homme n'ayant quitté ses fiefs pendant près de quarante ans.
Or si le pouvoir avait ainsi donné la bougeotte au père, Aymeric ignorait quel serait son effet sur le fils. Il aurait aisément pu se forger un avis à priori, car on lui avait rapporté suffisamment de rumeurs quant aux actes du jeune Saint-Aimé ; cependant, la spontanéité avec lequel ce dernier était venu offrir son soutient au marquis de Serramire avait convaincu celui-ci d'apprendre à connaître son invité, et qui sait ? Peut-être s'en faire un ami. « Êtes vous semblable à feu votre père, Louis ? »
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: L'épais manteau du général hiver Jeu 20 Avr 2017 - 22:46 | |
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Nimbé d’un profond respect envers son hôte, ses lèvres s’étaient tous deux clouées ensembles le temps qu’icelui se soit promptement exprimé. Il lui devait bien cela, après qu’il se soit servi de la mémoire de Feu son père pour aborder leur entretient, il n’était pas pour l’interrompre. Et alors qu’icelui soulevait les points de comparaisons avec ce dernier, Louis pensa de même qu’Aymeric : ils devaient leur ressemblance qu’au fait que leurs mères avaient mis à bas dans la neige plutôt que dans le sable. Mais à bien y penser, même s’ils n’avaient rien de plus en commun, cet unique trait de ressemblance pourrait au final, s’avérer fort bien utile au jeune régent. Tous deux embrassaient la même cause –d’une ferveur qui différait, certes-, mais tout de même et tous deux, désiraient ce qu’il y avait de mieux pour le nord.
Quant à sa question, bien qu’anodine, elle demandait plus de réflexions qu’elle le laissait paraître. Mâchant sa langue avant de répondre, un souvenir lointain défila, où il se retrouvait en compagnie de l’effroyable, au beau milieu d’une conversation comme ils avaient habitude de partager ensembles. Louis, questionnant son père sur ses agissements peu recommandables, lui, expliquant à son fils la raison qui pouvait pardonner de telles actes … La droiture, le devoir, l’honneur, le bienveillance, tous des sujets qui semblaient pour Godfroy matière à débattre …
« Je crois l’être, Aymeric. » Avait-il répondu de manière résolue, en retournant son chef vers son compatriote, de sorte à jauger son regard. « J’ai hérité de mon père sa détermination à faire du Marquisat un endroit fort et prospère, de même que son amour pour sa famille et sa patrie. Seulement, contrairement à ce qu’il pensait et ce que purent constater les gens, je ne crois pas que la fin justifie les moyens. Il y a la manière efficace … Et la manière juste, droite et bonne d’y parvenir. Cette guerre que nous engagerons au printemps en est la preuve ; le sang ne coulera pas injustement, car elle sera le retour du balancier qui fût irrespectueusement troublé par ses détracteurs. » Finit-il par répondre à la question, avec tout le sérieux du monde au regard ; ce n’était plus un bambin qui s’exprimait, ni même cette pauvre âme qui pleurait la perte de sa promise sur l’autel de la cathédrale, mais un marquis fier, assuré et déterminé.
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| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: L'épais manteau du général hiver Ven 21 Avr 2017 - 10:26 | |
| Des motivations de feu l'Effroyable à faire de son fief un lieu paisible et prospère, Aymeric n'aurait su que penser ; après tout, quand lui-même clamait haut et fort son souhait de rendre à Serramire sa grandeur, il ne concevait jamais celle-ci en marge de la sienne propre - alors Godfroy, et son peu de scrupule ? Mais en vérité, il eut été vain de chercher de l'altruisme chez un seigneur péninsulaire : la question, du moins, était mal posée. Les intérêts des hommes se confondaient tout bonnement avec ceux de la terre. Un fief était comme une femme : besognez la habilement, elle vous le rendrait bien.
Louis, en l’occurrence, semblait vouloir rompre avec le coït frénétique et violent qu'avait subi le pays berthildois entre les épaisses jambes de son paternel. Cet aveu, tourné à demi-mots comme une profession de foi romantique, ou à défaut, vertueuse, revêtait toutefois aux yeux du marquis un sens singulier, tant il est vrai que conspuer son père, celui ci à peine au tombeau, relevait de la pirouette. Louis s'escrimait habilement à honorer la mémoire de son géniteur tout en s'en émancipant, ce qui n'était pas pour déplaire à son hôte.
Finalement, c'est la guerre qui vint se substituer aux souvenirs de l'Effroyable, remplaçant le funéraire par le funeste. « Je lève mon verre à cela, cher ami, répondit le marquis en joignant le geste à la parole, puisse les Cinq nous accorder une prompte et juste victoire sur ces félons de ligards! Je ne maudirais jamais assez les rebelles et les puysards qui trop longtemps nous ont tenu éloignés de la couronne. Oncques mais! Tout cela ne sera bientôt qu'un souvenir, et chacun d'entre nous pourra retrouver sa place légitime dans le Royaume. »
C'était une manière polie d'annoncer ses intentions futures, et Aymeric ne douta pas que son commensal comprendrait ses demi-mots. C'est que le jeune régent courait lui aussi après un titre, celui de son père. Par un curieux tour de passe-passe, le Chancelier Cléophas le lui avait dénié ; en restituant son trône au Roy, il apparaîtrait à tous que Louis méritait d'être marquis, et ce malgré les embûches que lui avaient dressé certains de ses vassaux. « Je m'étonne cependant de l'absence du comte d'Arétria. Un homme tant épris d'amour pour le Roy ne devrait-il se trouver au premier rang de notre chevauchée future ? », demanda alors Aymeric, non sans amertume.
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: L'épais manteau du général hiver Sam 22 Avr 2017 - 20:45 | |
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Sa place légitime dans le royaume … Ces mots firent renaître le souvenir d’un conseil avisés, qu’on lui avait murmuré à l’oreille avant son entretien avec le Marquis : « Faites attention, monseigneur, on dit qu’Aymeric se laisse guider aussi avidement par l’ambition que le ferait le sac à vin avec la bouteille. » Alors quoi ? Aymeric ne serait-il point satisfait de l’endroit où est posé son séant ? N’a-t-il pas main mise sur tout ce qu’il déirait, sur autant d’hommes qu’il en faut pour envahir la moitié de la péninsule ? C’était là un concept qui échappait au jeune Saint-Aimé, qui n’avait d’ambition que la récupération de la chaise qu’on lui avait dérobé, au décès de son paternel. Et pendant que certains se targuaient de vouloir main mise sur le pouvoir pour en faire bon usage et en disposer que pour le bien du bas peuple et de leurs gens, Louis, lui, le pensait réellement.
« Déjà faudrait-il vaincre cet hiver, qui menace de venir à bout des plus robustes de la péninsule, tant il montre les dents. Mon jeune âge ne joue pas en faveur de mon expérience, je le sais, mais jamais je n’eus souvenir d’une saison aussi sauvage et indomptable que celle que nous vivons. À chaque bordée de neige, je repousse au calendrier le jour où nous partirons en tête de nos armées pour le Médian et cela m’attriste à outrance. » Dit-il, sans réelle peine mais avec un timbre de voix qui laissait comprendre que Louis n’aimait pas tirer de conclusions avant qu’elles ne soient certaines.
« Sans doutances aucunes je crois vous savoir usuellement fort bien informé en ce qui concerne les querelles septentrionales. Or, l’un de vos corbacs peut-être vous a croassé à l’oreille la nouvelle le concernant, Roderik était l’un de ceux qui tenait haut la torche, prêt à mettre au bûcher le premier qui désirait me voir couronné Marquis. Et … Bien que ce fût mon paternel qui lui octroya sa position, icelui étant en différent avec ma famille, a décliné mon invitation pour se rendre en Serramire à mes côtés. Dès mon retour, j’embrassais l’idée de m’occuper de cette problématique, d’ailleurs … » Mais il n’en point d’avantage, comme pour laisser Aymeric s’imaginer n’importe lequel des scénarios. Serait-il comme l’effroyable, en exigeant la fidélité par la violence ou l’exemple ? Ou serait-il magnanime et conseillerait la paix ?
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| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: L'épais manteau du général hiver Mar 9 Mai 2017 - 12:03 | |
| À entendre le jeune régent, Aymeric se demanda si celui-ci connaissait l'étendue de la conjuration qui s'était autrefois échafaudée contre feu son paternel. Le marquis de Serramire y avait été convié par nul autre que le comte d'Arétria lui-même (et il s'était bien gardé de s’immiscer dans ce guêpier), alors emprunt d'une ferveur royaliste qui ne l'avait quitté depuis. Aymeric avait toujours eu des inclinations bienveillantes à l'endroit du jeune Saint-Aimé - à l'inverse de son père - aussi décida-t-il de lui narrer, d'un ton confident, l'anecdote : « C'est fort sage, cher ami, et je ne saurais que trop vous inciter à surveiller ce turbulent vassal. Apprenez aussi cela : peu de temps avant le trépas de votre père, le comte Roderik sollicita auprès de moi une entrevue secrète, durant laquelle il m'informa de ses intentions belliqueuses à l'égard de votre maisonnée. C'est après cela que j'envoyais mon frère à votre cour pour vous appuyer de toute l'étendue, hélas bien faible, de mon poids, dans l'espoir de dissuader une rébellion. »
Devait-il également lui faire part des soupçons qu'ils entretenait quant à la mort de Godfroy ? Le trépas subite de l'Effroyable lui avait en effet rappelé un autre : le sien - ou presque. S'il avait survécu aux enherbements successifs dont il avait été l'objet, Aymeric gardait un œil attentif - paranoïaque, diront certains - à la santé de ses voisins. Qui eut prédit le décès d'un homme comme Godfroy ? Une lance fichée dans sa poitrine n'aurait semblé pouvoir l'arrêter, alors une mauvaise grippe... Or c'était suite à la mort de l'Effroyable que la cabale pour chasser les Saint-Aimé, profitant de la succession, s'était mise en marche. Pour Aymeric, il paraissait bien opportun que les deux évènements se fussent si aisément télescopés.
« Vous êtes jeune, Louis, et je ne peux que vous recommander la prudence qui me fit défaut, quand je l'étais moi-même, reprit-il doctement. Méfiez vous de l'arétan, mais n'allez pas l'irriter ; lever nos hommes dans la froideur hivernale, pour mater une rébellion, serait la dernière des sottises. Il nous faut endurer l'hiver au chaud, et conserver nos forces pour la guerre que nous réserve le printemps, ne le pensez vous pas ? »
Dernière édition par Aymeric de Brochant le Mer 17 Mai 2017 - 17:47, édité 1 fois (Raison : coquille) |
| | | Louis de Saint-Aimé
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| Sujet: Re: L'épais manteau du général hiver Lun 15 Mai 2017 - 2:23 | |
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Ce n’était point avec ce que lui dicta son ami le Marquis qu’il allait pouvoir se bidonner ; certes pas. En ces paroles livrées en tapinois, Louis eut le loisir de confirmer ce qu’il savait d’ores et déjà à propos du vilain de Wenden : qu’il n’était en vérité comte que de son cul. Aussi aisément qu’on pouvait écarter les jambons d’une coureuse de rempart avec quelques piécettes sonnantes et trébuchantes, l’allégeance de Roderik changeait, au gré de la brise qui allait et venait. Le tourne casaque, voilà le seul titre que se méritait le fomenteur Arétrien, pensa le Régent après qu’Aymeric eut terminé de narrer son anecdote. « Jamais je ne saurai vous exposer l’étendue de mon affection pour votre loyauté, Aymeric. » Avoua le Régent, sincèrement et humblement. Il est vrai que depuis leur prime échange, jamais le Serramirois s’était débrouillé pour se faire l’ennemi du faon, mais il restait que son entourage ne démordait pas de le tenir en garde contre ce dangereux prédateur ; car oui, c’était ce qu’il était. Aymeric de Brochant en était un, de surcroît de la pire espèce! Sa patience n’avait d’égal que sa ruse et pour ces deux qualités exacerbés, Louis devait en permanence se garder une gêne ; l’homme pouvait montrer les dents, du jour au lendemain, même si de prime abords il se montrait amical.
« Quand bien même me livrez-vous de bien irritantes nouvelles à son propos, Aymeric, je garde toujours au coin de l’œil une vision de ce que sera le printemps, une fois venu. Une rixe avec mon vassal nuirait à outrance à notre entreprise, même le pis des chapons maubec le saurait : aussi ai-je toujours privilégié la paix à la guerre, or ce n’est de guerre que nous causerons la prochaine fois que nous nous reverrons lui et moi, mais bien de paix. » Répondit le Marquis, d’un timbre de voix tout aussi calme et posé, comme si cette pensée était résolue depuis un moment déjà.
« Quant aux hommes qui ne peuvent profiter d’une bonne flambée, parfois obligés à établir le bivouac et ce, même en plein hiver … Sachez mon bon ami, qu’il existe encore à ce jour quelques nobles causes qui valent la peine de sacrifier le confort d’une épaisse couette et la chaleur d’une femme pour enrayer le mal. » Louis marquait une pause, comme pensif, puis surenchérit en ces quelques mots : « Il est bien aisé pour moi de dire de telles choses, alors que je n’ai moi-même jamais levé les armes contre quiconque, ni même n’ai-je fait partie d’un quelconque campement de fortune, où se gèlent les bleusailles dans l’attente de l’affrontement, vous me direz … Mais j’ai côtoyé plus que nécessaire le petit peuple, depuis ma tendre enfance, à travailler durement à leur côté comme le ferait le plus humble des paysans et je puis désormais affirmer hors de tous doutes, que la paix n’a pas de prix, qu’elle que soit le mal qui la menace. » Devinant que son voisin faisait peut-être référence à la question Odéliane, les traits de Louis s’étaient froncés légèrement, comme s’il s’était senti visé d’une flèche, indirectement pointée vers lui mais qui saurait l’atteindre si elle était décochée. « Puis … Nous sommes des Nordiens, nous serions la risée de la Péninsule si de la neige nous en développions une phobie. » Cette fois, ponctué d’un demi sourire en coin, comme pour chasser cette ombre qui avait obscurcit ses traits avenants.
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| | | Aymeric de Brochant
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| Sujet: Re: L'épais manteau du général hiver Mer 17 Mai 2017 - 17:24 | |
| Était-ce la jeunesse, et son cortège d'illusions vertueuses, qui parlait à travers la bouche de Louis ? Ou bien s'agissait-il d'un plaidoyer savamment avancé, sous l'étendard de l'abnégation, en faveur d'une chevauchée en pays éthernien ? C'est que le marquis avait appris de son chancelier la révolte qui se tramait là-bas. On l'avait également informé que le berthildois avait levé des hommes aux frontières ; il ignorait en revanche que ceux-ci avaient d'ors et déjà rejoint le conflit au côté des rebelles. Cependant, ce qu'il ne savait, Aymeric le pressentait autant qu'il le redoutait ; aussi entreprit-il de dissuader son invité : « Là, c'est bien parlé, cher ami, et votre sens de la justice vous fait honneur. Oncques mais! Je me plais à dire que les causes les plus justes sont celles qui valent d'être défendues avec le plus de sagesse, et n'est-il plus grande folie que de mener ses ostes à travers un hiver s'annonçant si glacial ? Enfonçant le clou, il fustigea à nouveau un hypothétique - pourtant alors déjà effectif - ralliement berthildois aux rebelles étherniens, filant encore la métaphore d'un soulèvement arétan : Or n'est-il plus juste cause que le service de sa Majesté le Roy ? Je le dis : toute troupe qui ne serait levée, sinon pour reconquérir Diantra, le serait pour une cause triviale. Que dis-je ? Triviale, non! Inique! Tant il est vrai que la guerre et le froid auraient tôt fait de prélever leur dû, en autant d'hommes qui ne pourraient alors se battre pour notre Sire. »
Le raisonnement était sans faille, pensa-t-il, et avant même que son interlocuteur ne puisse répondre, Aymeric chassa la discussion comme on chasse des mouches, joignant la parole, d'un ton paterne, au geste : « Mais là! Je gage que votre jeune sang se lasse déjà de mes poncifs. Marchons donc un peu! Les jardins sont fort beau, enneigés. » Levant son séant sans attendre, le marquis se dirigea bientôt vers la porte. Peu de temps après, lui et son invités se retrouvèrent, les joies rosies par le froid, arborant les allées blanchies de la modeste cour de plaisance que comptait Castel-Tolbioc. L'endroit, ridiculement petit en comparaison des jardins du Palais Séraphin, jouissait cependant d'une vue de choix sur la cité serramiroise.
« Dites moi, Louis, entama alors le marquis, rompant le silence, à quoi peut aspirer le jeune seigneur que vous êtes ? »
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| | | Louis de Saint-Aimé
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| Sujet: Re: L'épais manteau du général hiver Ven 26 Mai 2017 - 18:16 | |
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Pouff! Elles s’envolèrent les dernières et ultimes volutes de subtilité qu’usait jusqu’alors le corbac de Serramire. Depuis tantôt Louis le voyait survoler le sujet de loin, comme si depuis sa prime rencontre il lui démangeait de picorer les intentions du Régent à propos du litige Éthernien. Croassant quelques arguments non dénudés de sens, mais qui n’avaient que peu de valeur compte tenu de l’état des choses : le Berthildois était mouillé jusqu’aux noix et, le point de non-retour n’était plus envisageable. Depuis le départ, en aucun cas Louis n’avait souhaité la guerre, car non enchanté de la mort prématurée des Étherniens accusés lâchement par le Berdevin, le jeune faon n’avait point désiré qu’il en aille de même pour d’autres malheureux. La cause, certes en valait la peine, mais pas au point de trépasser couillons congelés dans la neige. Tout ce temps, il avait été fol de croire que les négoces arrangeraient le tout, que les armes ne viendraient pas à s’entrechoquer, mais force était d’admettre à ce jour, que la tension montait encore et encore et que le jour viendra, plus tôt que tard, où il y aurait affrontement. Alors il sera trop tard, trop tard pour les regrets et le pardon ; car Louis aura condamné non seulement ceux qu’il désirait protéger, ceux qu’il désirait punir et ses propres genses en prime … « Alors à quoi bon, mon ami, si nous ne pouvons plus même empêcher l’opprimé et le malheureux, en bridant de faire ce que la vertu et la bienveillance nous insuffle de faire ? Devons-nous nous empêcher de tout, en nouant nos mains jusqu’aux coudes d’ici à ce que la neige fonde ou alors pouvons-nous encore agir, tout en restant lucide et gardant, sans jamais douter, l’idée que nous avons pour Roi des obligations de justice à venir ? Je sincèrement que oui, Aymeric. Et je ne saurais dormir à poings fermés, sachant que mes yeux se sont fermés intentionnellement devant certaines injustices. Alors, j’agis, toujours dans l’intérêt de l’opprimé et du misérable. » S’était exprimé clairement Louis, sans défaillir du ton, le regard sérieux mais pourtant, loin d’être irrité.
À son invitation, il acquiesça docilement, tout en se redressant de tout son long et en roulant des épaules pour se dégourdir. C’est que le temps passait à une vitesse fulgurante, de même que s’étaient enfilés les gobelets plantureusement remplis de Hautval. Ainsi, mains dans le dos, les épaules recouvertes d’un épais mantel fort douillet ainsi que d’une cape tout aussi velue que l’était sa bardache, Louis laissa derrière lui l’empreinte de sa présence aux jardins, sur le tapis immaculé que formait la neige. « À quoi pourrais aspirer un presque-homme, à peine sorti des jupons de sa mère, à qui on a confié fort bien trop précocement les reines d’un pays entier, dites-vous ? » Empira la situation le jeune Régent, non moins souriant, l’œil toujours un brin éclairé d’amusement. « Il peut aspirer aux mêmes rêves et idéaux que tous bons seigneurs s’affairent à réaliser ; la bien-être de ses gens, le prospérité de son pays ainsi que la pérennité de sa famille, je suppose …. De bien belles choses à dire, quoi qu’autrement plus difficiles à réaliser lorsque les moyens manquent. Fort heureusement, j’ai pour moi du temps plein les poches. Le pire me semble loin derrière, alors que le meilleur reste à venir. »
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| | | Aymeric de Brochant
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| Sujet: Re: L'épais manteau du général hiver Lun 29 Mai 2017 - 10:23 | |
| Un semblant d'empathie étreint le marquis, à l'écoute de son commensal. Aymeric se revit en Louis, quand dix ans plus tôt, il foulait les salons délicats du palais séraphin, à la cour du duc Edgar. L'avenir lui tendait alors grand les bras, et une existence de félicité parmi la coterie ducale lui semblait promise. Qui eut pu prévoir qu'une décennie plus tard, la maison multi-centenaire des séraphins volerait en éclat, et que lui-même, après des années de geôle et de guerre, aurait ceint la couronne de Serramire ? Son existence s'en était-elle trouvée meilleure que prévue ? Il aurait été bien dur de le dire, car ce qu'il avait gagné en titres et en pouvoir, Aymeric l'avait perdu en compagnie, en tranquillité, en félicité. Son père, ainsi que nombre de ses amis, étaient morts dans les troubles de la succession, et sa compagnie était désormais celle de ses soldats. Au moins, à défaut d'une épouse qu'il puisse aimer, l'homme jouissait d'une descendance nombreuse ; c'est ce qu'il conseilla à Louis d'avoir : « La jeunesse parle à travers vous, cher ami, et si je ne désire faire taire cette voix, pour l'avoir éprouvée jadis moi-même, je ne saurais que trop vous conseiller, afin de ne pas commettre les mêmes erreurs que je fis. » Il prit un instant de réflexion. « L'avenir, cher ami, semble toujours calme, mais demeure en vérité incertain, aussi vrai que la surface du miroir d'Arcam est lisse, tandis que le dieu est chaos. Ainsi, celui qui désire ce à quoi vous aspirez aura tôt fait de sa garder de l'influence du dieu, et de l'honorer pour qu'il lui épargne ses vindictes. Cependant, Arcam est un dieu insatiable qui se rit des honneurs, aussi, c'est dans le sacrifice aux Cinq, et tout particulièrement à la DameDieu, que l'on se prémunit contre le mauvais œil. Je ne vous fait pas un cours de théologie, Louis, car aux Cinq je laisse les cieux et aux hommes la terre. Ce que je vous dit là, c'est que la pérennité n'est point chose promise que le temps apporte, au contraire. Il vous appartient de bâtir vous même votre prospérité et votre calme, si c'est à cela que vous aspirez, et pour cela, je ne saurais que vous conseiller ce que mon père me recommanda également, de son vivant : prenez épouse au plus vite, et donnez une descendance à votre nom. »
Un flottement s'ensuivit, tant il est vrai que le marquis évaluait alors quelle alliance serait la plus judicieuse : « Cette alliance que nous honorerons à la guerre, je désire la maintenir en paix également. Mes deux sœurs, Neyrelle et Milesende, sont en âge d'être mariée, et je serais honoré que vous épousiez l'une d'entre elle, Louis. »
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: L'épais manteau du général hiver Lun 29 Mai 2017 - 23:26 | |
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« Faites donc, faites donc. Je vous sens sur une agréable lancée de conseils avertis, un de plus ne saurait être mal reçu. » L’incita le jeune faon, d’un mouvement de la main, alors qu’ils déambulaient librement dans les jardins léthargiques, où fleurs et plantes ronflaient dans l’attente du printemps. Un cours théologique, une leçon qui n’était pas pour déplaire au prieur de Saint-Aimé qui, n’y manquant pas, allait aux matines quotidiennement pour livrer à la DameDieu ses primes pensées. Enrichissante, il avait su tiré de cette analogie le principal ; bien que ses espoirs se montraient en digne ligne directrice de son futur, il n’en restait pas moins qu’il pourrait aussi idiotement que cela, attraper la mort au détour d’une promenade de « santé », en plein air.
Son ultime conseil pourtant, à défaut d’avoir prétendu le contraire, lui fit mal. Il grafigna ce à quoi il avait durant sa jeunesse espéré, prendre une femme avec qui, ils pourraient tous deux partager le fol amour. Enfin, cette espérance n’était plus que l’ombre d’une fabulation de jeunesse, Godefroy l’avait fort bien préparé à prendre une femme qui ne partagerait sa couche que par devoir, non par passion ou désir. Mais le rappel d’Aymeric, fut le dernier clou qui scella le cercueil de ses vaines espérances de jeunesse. Il était régent, bientôt marquis –espérait-il- et c’était immanquable, à tous coups il se devrait de prendre la main d’une jeune pouliche prospère. « C’est bien ce que feu mon père tenta, en vain. Vous connaissez l’horrible histoire de celle qui s’affaira à la tâche de me prendre pour époux, mon ami … » Cette fois lancé sur un timbre de voix un rien plus lugubre, comme si le rappel d’un tel événement ne lui était toujours pas indifférent.
Et ce ne fût pas tout ; il en rajouta. Cette fois ce fut le coup de grâce, car l’offre n’était pas du toc, c’était de l’or. Les deux plus grandes maisons du Nord qui s’uniraient sous une même bannière, unifiant leur famille jusqu’à ce que la mort les sépare. Voilà qui donnerait raison à plus d’un de festoyer pour les ennéades à venir. Malgré cela, la nouvelle acheva pratiquement le jeune Louis, qui avait cette fois, grand mal à masquer sa surprise. C’est que la chose à peine conseillée devait se concrétiser ? Son regard dévia un iota à l’opposé de son homologue, de sorte à le priver de son étonnement. « Je … Je suis on ne peut plus flatté d’une telle offre, mon bon ami … La question mérite qu’on s’y penche franchement, oui! » Tenta-t-il de se rattraper gauchement, tout en le gratifiant d’un sourire affable. « Parlez-moi un peu d’elles, voulez-vous ? » S’était-il racheté, comme pour lui montrer l’intérêt qu’il avait pour son offre. Non pas qu’elle ne soit pas alléchante, tout au contraire, il avait tout à gagner d’une telle union. Mais cette entreprise qu’était le mariage ne savait le mettre à l’aise, allez savoir pourquoi …
La neige ne défaillait point, elle réitérait sa chute comme elle le fit hier, ainsi que la journée d’hier et celle d’avant. Tôt, il leur faudra rentrer car ainsi soumis à l’insoumise température, le jardin semblait tout à coup moins féerique.
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| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: L'épais manteau du général hiver Jeu 1 Juin 2017 - 20:10 | |
| S'il connaissait l'histoire ? Parbleu! Aymeric s'était trouvé aux premières loges, quand la jeune ydrilote s'était donné la mort, le jour de ses noces. Il avait également assisté, par la suite, au bucher que l'Effroyable dressa à la hâte pour se débarrasser de cette encombrante dépouille. Le souvenir des serviteurs de l'infortunée, jetés en pâture aux angolas de Godfroy ne manquerait de rester dans la tête du marquis, tandis qu'il s'acoquinerait avec la maison de Saint-Aimé. L'Effroyable lui-même n'avait-il jadis été un sémillant seigneur, gaillard, de bonne et vertueuse complexion ? Pourtant, dix ans plus tard, l'homme s'était fait bête. Qui pouvait prédire ce que deviendrait le jeune Louis, si prometteur aujourd'hui, mais peut-être demain l'égal de son père. Dans les veines de ces deux là coulaient le même sang.
C'est cette idée en tête qu'Aymeric accueillit la réponse de son jeune invité avec un grand sourire. Louis eut été réticent à l'idée d'une alliance entre les deux mains, que la suite aurait été autrement plus compliquée. C'est que le marquis avait une seconde idée derrière la tête : il n'entendait pas réserver à ses sœurs un destin incertain, et en même temps qu'il la marierait, Aymeric se ménagerait une police d'assurance béton. « Là! C'est votre jeune cœur qui parle! répondit-il, assortissant la parole d'une main paterne sur l'épaule, tranquillisez vous : vous ferez leur connaissance bien assez vite, cher ami. Ce sont deux dames de la plus grande vertu, je puis vous l'assurer. Cependant, il me faut vous demander ceci, désormais : afin que notre alliance soit des plus juste, et des plus fortes, en échange de la main d'une de mes sœurs, je désirerais celle de la vôtre, pour mon ainé, Arnaud. »
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: L'épais manteau du général hiver Jeu 8 Juin 2017 - 1:55 | |
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Les soupçons qu’on lui avait dicté à propos du Brochant commençaient peu à peu à s’évaporer, à s’amenuiser et à prendre le large. C’est que la balade, de même que leur entretient, était non seulement enrichissante mais dès plus agréable aussi. Les deux semblaient sur la même longueur d’onde et si on le traita de manipulateur, de vicelard et de malin personnage, ces quolibets perdaient de leur valeur alors qu’il mesurait désormais le personnage. Certes, il n’eut loisir de le connaître entièrement, car leur première vraie conversation n’était que le survol de cette affaire, mais au moins avait-il désormais idée à qui il avait à faire. Enfin, tout ça était véritable, avant qu’il ne fasse acte de gloutonnerie et qu’il tente de s’approprier deux fois plutôt qu’un la part du gâteau. Avait-il caché sa véritable intention derrière le mariage de l’une de ses sœurs? Cette offre que lui fit le Marquis paru toute suite moins alléchante, lorsqu’il tenta d’aborder le sujet d’Éléonore.
L’air de Louis changea brusquement. Non pas qu’il se montra dédaigneux à l’idée, ni même surpris, mais il perdit sa jovialité de tantôt, ça c’était chose certaine. Icelle avait à ses yeux tellement de valeur, que là, maintenant, alors que son confrère du nord lui planifiait un avenir prospère, il lui fallait peser le pour et le contre. À qui profitait le plus cette alliance ? C’était une question à laquelle il valait la peine de se pencher, car les résultantes d’une union de la sorte étaient conséquentes. Il fallait évaluer toutes les possibilités, pas seulement celles à court terme, mais également celles qui s’allongeraient sur plusieurs années. Ainsi, Louis, joignit ses deux pattes à son dos, adoptant un air pensif. « Vous êtes gourmand, mon bon ami! À peine abordons-nous la possibilité d’unir nos maisons que vous mirez déjà sur un second mariage ? Cela me semble un brin précipité, à quoi bon un double mariage, dites-moi ? » Le questionna-t-il sans une once d’animosité, jouant plutôt la carte de celui qui se faisait éduquer par celui qui avait tout vu et tout connu. « Aussi, il me faut vous faire savoir une chose, bon seigneur : il n’est point en ce monde plus précieux joyau à mes yeux que l’est ma sœur. Et je ne suis pas certain d’être en mesure de m’en détacher. Pas encore. » Lui dit-il, munit d’un sourire plus triste et désolé, bien qu’il n’était pas complétement fermé à l’idée. « Devrais-je au passage me sentir offusqué, que l’union de l’une de vos sœurs et de moi-même ne suffise à l’appétit du Marquis ? » Taquin qu’il était, tout en poursuivant la marche, bien qu’il avait enfourché une allée qui menait vers le castel, peut-être dans l’espoir d’abréger leur séance.
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| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: L'épais manteau du général hiver Jeu 8 Juin 2017 - 18:50 | |
| L'engouement céda le pas à la pudeur, quand Louis, soudainement, se tortilla. Assénant son hôte de questions, le jeune régent semblait visiblement mal à l'aise que l'on demande ainsi la main de sa sœur. Que devait lui répondre Aymeric ? Qu'il désirait celle-ci comme une assurance face au sang bouillant des Saint-Aimé ? Que donner sa propre sœur sans garanties aucunes n'était guère un gage d'alliance, tout au plus une belle offrande ? Que miroiter les mariages lui épargnerait de verser une dot trop lourde ? Ou encore que Louis, avec toute sa jeunesse, n'avait d'autre héritier que sa cadette, et qu'en la mariant, Aymeric s'octroyait une revendication sur les terres du berthildois, si la campagne printanière, ou toute autre guerre à venir, apportait une fin tragique au jeune faon ?
Tout cela, le marquis l’eut répondu, s'il avait eu en face de lui un ami, un confident. Louis, hélas, n'était néanmoins rien de tout cela - ou point encore - et son hôte se devait d'avancer à pas feutrés. Il eut été sot de forcer la main de son voisin, supputant à ce dernier un attachement viscéral envers sa sœur. L'offre l'avait surpris et il s'était cabré comme un animal auquel on passe le mors un peu trop violemment. Aymeric espérait cependant que le temps saurait faire entendre raison au jeune régent. « Il ne s'agit là d'appétit, cher ami, je ne croque point les donzelles, lui répondit-il, bienveillant. Je désire seulement que nos maisons soient unies par les liens les plus forts. Vous tenez à votre sœur, et c'est un sentiment qui vous honore. Je ne doute un seul instant qu'avec le temps, vous vous rendrez compte que c'est le mieux qui puisse lui arriver. Mais baste! les enfants sont jeunes! » Il lui emboita le pas sur le chemin du castel. « Nous aurons d'autres occasions de causer de cela. Chassez vous, Louis ? »
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