Quand le sud regarde au nord [correspondance Louis]
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Tibéria de Soltariel
Humain
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Sujet: Quand le sud regarde au nord [correspondance Louis] Jeu 30 Mar 2017 - 1:25
Kÿrianos, deuxième ennéade de Verimios 9e année du XIe Cycle
L’hiver amenait avec lui des températures plus fraiches même à Soltariel. Naturellement, le sud ne subissait pas des conditions aussi rudes que le nord, mais les nuits devenaient plus fraîches et la pluie tombait plus souvent qu’en été. Tibéria avait le froid en horreur. C’était peut-être dû à sa constitution délicate, mais la jeune femme se plaignait souvent d’avoir froid. Elle en était très sensible et n’osait imaginer ce qu’un voyage au nord durant l’hiver aurait comme effet sur elle. Sans doute qu’elle y attraperait la mort. Heureusement, les gens évitaient de se déplacer à cette période de l’année et le seul moyen de ne pas rester isolé sur ses terres jusqu’au retour du beau temps était la communication par lettre. Les pensées de la duchesse se tournaient de plus en plus vers le nord. Séparé par le Médian et la Ligue, le nord et le sud ne s’adressait que rarement la parole. Difficile de savoir ce qui s’y passait à l’exception de quelques bribes d’informations qui se rendaient parfois jusqu’à elle. Tibéria croyait qu’il était temps de renverser la situation. Tout naturellement, elle pensa au marquisat de Sainte-Berthilde. Ironique quand l’on savait que les relations entre les deux terres furent particulièrement tendues pendant un temps, mais les choses avaient changés. Godfroy de Saint-Aimé n’était plus de ce monde et son fils agissait maintenant en tant que régent de ces terres. Elle ne le connaissait pas vraiment, mais on le décrivait comme un garçon timide protecteur de la paix. Pour Tibéria, ça suffisait à vouloir lui parler. Elle ne voulait pas lui attribuer les méfaits de son père. Elle était très bien placée pour savoir que personne ne devrait prendre la responsabilité des gestes posés par un membre de sa famille.
— Cassio, peux-tu m’apporter du thé? Je meurs de froid…
Tibéria resserra les châles qu’elle portait sur ses épaules. Il faisait bon pourtant, mais la jeune femme préférait les chaleurs torrides de l’été. Sinon, elle avait froid en permanence.
— Très bien.
Il regarda Tibéria s’installer à son bureau, cherchant visiblement quelque chose.
— Il vous manque quelque chose.
— Oui, du parchemin. Je veux envoyer une lettre à Sainte Berthilde et… Ah, voilà!
Elle dégagea une partie de la paperasse qui couvrait le bureau afin de se faire de la place pour écrire.
— Sainte Berthilde? Je croyais que les relations avec eux étaient… disons tendues…
— Oui, mais c’était avant la mort de Godfroy. Heureusement pour nous, il n’est plus… Et Arichis n’est plus un problème également. Ça nous laisse donc le champ libre pour discuter. Je vais commencer par écrire une lettre et on verra ensuite. Toutefois, il est hors de question que je me rende là-bas en personne… Trop de neige… Mais comment ils font là-bas pour ne pas mourir de froid…
Cassio voulut faire une remarque, mais décida de s’abstenir.
— Je reviens avec votre thé.
Louis de Saint-Aimé
Humain
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Sujet: Re: Quand le sud regarde au nord [correspondance Louis] Ven 31 Mar 2017 - 2:21
Loués étaient les cinq, enfin, le constant charivari qui résonnait en écho au travers les coursives du Castel de Cantharel s’était tut. Du moins, il avait laissé place à quelques singuliers rodéos de ronflement ainsi qu’au crépitement irrégulier du foyer, devant lequel un duo nobiliaire levait le coude en franche camaraderie. En résumé, les lunes étaient hautes perchées, la populace dormait à poings fermés, il ventait à en dissuader le plus téméraire de sortir à l’extérieur et par-dessus le marché, dans la nuit noire se déversait comme à l’habitude une neige collante et plus qu’abondante.
Accompagné de l’un de ses proches copains, Louis hypothéquait ses réserves de d’hydromel en cumulant les chopines descendues. Redgard de son prénom, le costaud avait mérité ses éperons à l’âge de ses vingt-et-une année, suite à une brillante performance lors de l’un des tournois organisé en l’honneur de l’effroyable, pour son anniversaire. En effet, son nom murmuré sur toutes les lèvres des spectateurs était conséquence de son incroyable démonstration de précision et de témérité. Sur la lice, il avait enfilé non pas deux fois, ni même trois fois, mais bien quatre fois sa lance directement au heaume, en désarçonnant la moitié de ses victimes –dont Louis, d’ailleurs-. Désormais plus populaire que nombres de chevaliers aguerris, il n’en restait pas moins l’ami du Régent et ce, depuis qu’il avait l’âge de tenir une épée de bois entre ses dix doigts. Aujourd’hui, c’est en s’empourprant les joues et le bout du nez, qu’ils devisaient ensembles de choses d’hommes, de sujets cruciaux et capitaux.
== Redgar ==
« Elle me dévorait des yeux, je te jure … Ses tétons me pointaient! Ahhh … Quand j’y repense, une poitrine aussi ronde que la lune … Et ferme à outrance, m’est d’avis! » Lança le rustaud au sang bleu, en s’envoyant une énième rasade de liqueur de miel au gosier. « Et la chute de sa croupe … Je ne t’en parle même pas. N’eut été du fait qu’elle était en train de donner le bain à son mioche, pendant que son mari s’occupait de l’étalon que je lui avais ramené … Ça y était! J’aurai sûrement trempé mon braquemart ce soir-là! » Et à ça, Louis étouffa un rire un peu malaisé dans le fond de sa chopine, calquant le même objectif que son comparse ; la vider de ses dernières gouttes. Car franchement moins bourrin qu’icelui en matière de femme, Louis n’avait pas encore eut le bonheur de devenir un homme, un vrai … Et ce secret, il l’avait gardé au plus profond de lui-même, sans jamais en dévoiler les couleurs à quiconque.
« Rahh allez, Louis! Tu n’aurais pas été aussi gêné si tu l’avais vue … Une nymphe, même après avoir été engrossée et avoir mise à bas. Une jument comme il ne s’en fait plus. » Surenchéri le « preux » en allant taquiner son ami du coude, en le bousculant légèrement. Mais Louis ne répondit pas cette fois, préférant continuer la descente de la plus très généreuse carafe d’hydromel, qui se faisait souventefois sollicitée depuis le début de leur entrevue.
« Simplement que je ne vois pas l’intérêt à fantasmer sur une femme déjà prise … Elle a un mari … et un enfant, tudieu! » Se choqua à demi Louis, le regard un peu flou et étourdi.
« Point de fautes à reluquer … Je n'ai jamais touché à ça, de la fame mariée, Louis … » S’excusa pratiquement son compagnon, du coup moins certain d’être excité à la mémoire de la bonne femme. « Toi en revanche, mariée ou pas, on se demande … » Avait-il cependant poursuivit, le bec dans le fond de son verre, comme pour en étouffer la phrase ou en ne l’assumant pas complètement. Les deux petons entrecroisés sur un tabouret, se faisant griller devant le feu, Louis reprit une position plus franche sur son fauteuil en se retournant sèchement vers Redgar.
« Quoi ?! De quel droit tu te permets de telles allusions, le drôle ? » Furibond cette fois, renversant même un peu de son précieux liquide des anges sur ses affublements, tant le geste avec été sec.
« On vous a jamais vu avec une femme, hein … À la cours, certains se demandent même si vous avez déjà partagé la couche de la moindre jouvencelle … À moins que votre truc ce soit du bonh… »
« ASSEZ! » Cette-fois imprécateur, le regard revivifié d’une furie bien tangible, malgré son ivresse avancée et le fait que ses épaules tanguaient légèrement, comme s’il naviguait sur le pont d’un navire en haute mer. « Tu vas me faire le plaisir de foutre le camp d’ici et d’étouffer ces rumeurs dans la prison de tes dents, sinon je te jure, je dégaine et je te creuse un deuxième trou du cul au niveau du nombril! J’ai été assez clair?! » Alors, sans plus attendre, du tac au tac, reprenant son rôle d’obligé envers son maître et Seigneur, le chevalier se redressa en s’inclinant gauchement et silencieusement, pour disparaître dans les ténèbres du couloir.
Si Louis était loin d’être un homme à homme, il n’en restait pas moins puceau ; c’était un fait. Feu son père l’avait un moment encouragé à courir la gueuse, pour se faire la main sur l’art de posséder la fame, mais en réalité, l’idée de partager la couche d’une inconnue ou d’une moins que rien ne l’avait vraiment jamais enthousiasmé … Il était bel homme, ça oui, et les femmes se mordaient les doigts qu’icelui ne cherche pas une âme généreuse qui serait prête à réchauffer son lit … Mais la réalité était telle qu’elle était ; Louis était maladroit avec la gente féminine, gêné comme pas deux et possédait de surcroît, des principes qui l’obligeaient à ne pas planter son étendard sur n’importe quelle créature.
Enfin, peut-être devrait-il se résigner, un jour où l’autre, avant que l’on croit réellement que le fils de l’effroyable s’avère en fait, être un polisseur de lance … Pour l’instant, le marquis-régent terminait son gobelet en guignant sur la tablée, posée là, près de la fenestration, où il avait demandé à son valet de poser les lettres qui lui étaient adressées … Malgré qu’un voile brouillé s’était confortablement installé devant ses yeux, l’estampille creusé dans la cire de l’une des missives attira son attention. Laborieusement, d’un pas involontairement chassé, il se rendit jusqu’au pupitre où il remarqua l’astre diurne posé là, en signature … Soltariel! Alors sans plus attendre, tandis qu’il avait une main à son bas ventre, agissant en frein à sa vessie enceinte d’un litre d’hydromel, il serpenta la dépêche de ses yeux qui louchaient sous l’ivresse.
C’est seulement après avoir cuvé son vin toute la nuitée durant, le teint blême et la mine déconfite, qu’il tenta un premier jet sur vélin en guise de réponse.
Tibéria de Soltariel
Humain
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Sujet: Re: Quand le sud regarde au nord [correspondance Louis] Mar 11 Avr 2017 - 1:13
Après cinq jours de pluie intermittente, un soleil pâle s’était enfin levé sur Soltariel, amenant avec lui une température plus clémente. Enhardie par le retour du beau temps, Tibéria ne tenait plus en place. Elle savait trop bien que ce n’était que passager et qu’elle devait en profiter avant que la pluie ne recommence à tomber. Pour plusieurs, une simple balade dans les jardins aurait été suffisante, mais Tibéria pensait plutôt à une promenade à cheval. Adepte d’équitation et cavalière aguerrie, elle s’ennuyait des longues randonnées et surtout du contact avec les bêtes. Ses responsabilités l’empêchaient de s’adonner à ce genre d’activité et c’était sans parler de sa garde personnelle qui lui rappelait que de partir seule constituait une menace à sa sécurité. Parfois, elle regrettait sa vie plus simple d’avant.
— Cassio, va faire seller mon cheval. Je vais faire une petite balade!
Tibéria fouillait dans la montagne de vêtements qui constituait sa garde-robe à la recherche d’une tenue de cavalières. La plupart des femmes qui montaient à cheval se contentaient de parader en amazone, c’est-à-dire les deux jambes du même côté que la scelle. Tibéria détestait ça. Elle aimait la course et fait du saut. Autant dire que le style amazone n’était pas du tout adapté aux goûts de la jeune femme. Ainsi, au risque d’en choquer certain, elle porterait le pantalon. Elle s’était fait fabriquer quelque temps au paravent, une tenue de voyage composée d’un pantalon, d’une tunique et d’une veste qui descendait jusqu’au milieu de ses cuisses. Elle avait privilégié le côté pratique au cas où elle aurait à se déplacer dans des conditions difficiles. Pour monter à cheval, elle était parfaite. Une bonne paire de bottes en cuir complétait l’ensemble. Cassio faisait partie des gens qui s’horrifiaient de la voir vêtue d’un pantalon. Une dame de qualité ne s’habillait pas en homme, tout simplement. Il ne fit même pas un effort pour cacher sa grimace alors que Tibéria étalait les différents morceaux de sa tenue sur le lit. Il la laissa avec les esclaves pour aller faire préparer le cheval.
Quelques instants plus tard, Tibéria prenait le chemin des écuries dans sa tenue singulière, évitant les grandes flaques d’eau et de boue qui jalonnaient le parcours.
— Votre Altesse!
Un homme de grande taille s’avança vers elle. Tibéria reconnut Hernando, le chef de la garde ducale. C’était un homme imposant au torse large et aux membres solides. Sa chevelure noire grisonnait sur ses tempes. Ses yeux gris donnaient un aspect étrange à son visage tanné par le soleil et ses traits exprimaient rarement autre chose qu’une froide antipathie. Il était reconnu pour avoir des idées très traditionnelles sur la place des femmes au pouvoir et bien qu’il soit au service de Tibéria, maintenant qu’elle était mariée, il était nettement plus enclin à faire ses affaires avec Franco.
— Hernando, quel plaisir de vous voir ce matin. Vous allez bien?
— Hum… oui, très bien. Vous avez fait sceller votre cheval sans nous avertir. Il n’est pas sage de sortir sans une escorte. Dois-je vous rappeler que vous êtes la Duchesse et que je suis payé pour vous protéger.
— Ce n’est que pour une heure ou deux. Je n’ai pas l’intention de m’éloigner du château. C’est l’occasion de voir ce qui se passe sans trop attirer l’attention et, bon sang, le soleil brille pour la première fois en cinq jours!
— En fait, ce que je voulais faire remarquer, c’est que la pluie des derniers jours a causé des dommages. Les routes sont terriblement boueuses et un tronçon a même été emporté. Votre monture risque de se retrouver embourbée.
Tibéria ne s’attendait pas à ce genre de nouvelles. Bien que les hivers soient un peu plus pluvieux que les autres saisons, ce genre d’épisode n’était pas chose courante à Soltariel.
— Mais pourquoi ne m’a-t-on rien dit plus tôt? S’il y a des dégâts, il faut aller voir!
— Je m’en allais justement voir monsieur le duc…
— Ridicule, je suis la duchesse. S’il y a un problème, vous venez me voir.
— Altesse, je ne crois pas que ce soit sage de…
Hernando commençait à s’impatienter. Il faisait son possible pour rester calme et poli, mais il serrait les poings.
— Si vous craignez pour ma sécurité, vous n’avez qu’à m’accompagner!
Moins d’une heure plus tard, Tibéria, accompagnée par une dizaine d’hommes, quittait le palais à cheval. Il ne fallut pas longtemps pour constater que la pluie avait effectivement causé des dommages. Si les routes pavées étaient praticables, le reste s’était transformé en véritable bourbier. Étonnant ce qu’une semaine de pluie pouvait causer comme problème, mais Tibéria connaissait bien l’eau. N’était-elle pas une mage élémentaire? L’eau trouve son chemin partout, dans la moindre fissure. Les ouvriers étaient déjà à l’œuvre. On réparait les toits où l’eau s’était infiltrée et on tentait tant bien que mal de nettoyer le reste. Quelques jours de beaux temps suffiraient pour résorber la situation, mais en attendant, c’était contraignant.
— Pour l’instant, ça ne me semble pas trop sérieux. Déclara Tibéria après un moment.
— Ce n’est pas ici que c’est le pire.
De fait, c’est en arrivant en périphérie de la ville qu’elle comprit ce qu’entendait Hernando par là. C’est elle qui remarqua en premier un attroupement de paysans en bordure de ce qui semblait être une fosse. Ils étaient tous couverts de boue de la tête aux pieds. Plus loin, un groupe de femmes surveillaient les opérations en compagnie de leurs enfants.
— Il y a quelque chose là-bas. Allons voir.
Sans attendre l’avis d’Hernando, Tibéria dirigea son cheval en compagnie des femmes.
— Bonjour, mesdames, il y a un problème?
Apparemment, personne ne s’attendait à ce que Tibéria de Soltariel en personne se déplace jusque-là. Alors que les femmes s’interrogeaient pour savoir quoi répondre, l’une d’elles devança les autres.
— Deux d’nos vaches sont tombées dans la fosse, m’dame. Y’en n’a une de morte et l’autre ne tardera pas à faire d’même si nos hommes ne la sortent pas d’son trou. Elle s’est bien prise, ça c’est sûr. Ils ne sont pas assez forts et c’est très glissant.
— Pauvre bête…
Tibéria se tourna vers ses gardes.
— Allez aider ces hommes. Je suppose qu’avec les chevaux, nous parviendrons à la sortir de là.
Visiblement, personne n’avait envie d’aller jouer dans la boue, mais Tibéria avait ordonnée et ils devaient s’exécuter. Les paysans étaient tous impressionnés de voir la duchesse d’aussi près. Deux gardes restèrent près d’elle pour sa sécurité alors que les autres mettaient les chevaux à la disposition des villageois. La pauvre vache était dans un triste état. Entièrement recouverte de boue, elle était couchée et haletante. Épuisée, elle ne tarderait pas à mourir elle aussi si l’on ne la sortait pas de là.
— Ce n’est qu’une vache… Bougonna l’un des gardiens de Tibéria, s’imaginant sans doute qu’elle n’entendrait pas.
— Ce n’est pas qu’une vache, c’est leur vache. Tous n’ont pas la chance d’avoir une solde régulièrement versée en plus d’un toit solide sur la tête et des repas chauds tous les jours… Pensez-y.
— Pardon, Altesse.
Sortir l’animal de sa prison ne sera pas une mince affaire. Les hommes discutèrent un moment sur la meilleure façon de procéder avant de se mettre à la tâche. Ils avaient déjà passé des cordes autour des pattes de l’animal pour tenter de la sortir de là. Ils allaient attacher l’autre extrémité à deux chevaux qu’on équipa de collier de traits. Ceux-ci permettaient au cheval d’utiliser tout son poids pour tirer sans s’étrangler et de manière nettement plus efficace que si les cordes étaient attachées à la selle des cavaliers.
L’ajout des chevaux s’avéra être une bonne idée. Alors que les soldats encourageaient leurs montures, les hommes tiraient également sur la corde pour les aider. Dans la fausse, la vache beugla alors qu’elle commençait sa lente remontée. Les sabots et les bottes s’enfonçaient dans la terre molle. Ils y étaient presque! C’est à ce moment qu’un petit garçon échappa à la vigilance de sa mère et fila entre ses jambes, visiblement désireux de rejoindre son père. Tibéria le vit juste à temps. Elle se pencha vers l’avant pour tenter de l’attraper, mais il était aussi agile qu’une petite truite. La duchesse s’élança à sa poursuite, mais au moment où sa main se refermait sur la chemise du gamin, elle glissa et tomba dans la boue, tenant toujours le garçon contre elle. Tous les témoins de la scène se figèrent d’horreur. Tibéria resta surprise pendant un bref instant avant d’éclater de rire.
— Eh bien, en voilà un qui pourra se vanter plus tard d’avoir fait tomber la duchesse de Soltariel dans la boue. Ça va? Tu t’es fait mal?
Le garçon devait avoir 2 ou 3 ans et avait une jolie frimousse arborant un sourire diaboliquement craquant. La mère du chenapan se précipita sur eux en se confondant en excuse.
— Il met son nez partout. On ne peut pas regarder ailleurs plus de quelques secondes sans qu’il file.
Tibéria tendit l’enfant à sa mère avant de se relever avec l’aide d’un garde. Ses pantalons étaient maculés de boue et en voulant replacer une mèche de cheveux, elle en laissa une ligne sur sa joue.
— Ce n’est rien qu’un peu de boue, ce n’est pas grave. J’apprécierais tout de même quelque chose pour me nettoyer un peu avant de rentrer au palais. J’en connais un qui fera une crise sinon.
Évidemment, on confina Tibéria dans un coin pour le reste des opérations. Les femmes lui apportèrent un seau d’eau et tout ce qu’il fallait pour nettoyer le gros de la boue. Pendant qu’elle continuait de discuter avec les dames en compagnie de leur enfant, les hommes réussirent à sortir la pauvre vache de sa prison. Les paysans insistèrent pour remercier les soldats ainsi que la duchesse en partageant un peu de bière avec un plat de la région : un morceau de viande cuite dans un bouillon avec des légumes. L’aspect n’était pas très ragoutant et n’avait rien à voir avec les plats raffinés du château, mais ça sentait divinement bon. En voyant les soldats manger avec appétit, Tibéria accepta de se laisser tenter. C’était très bon, mais également très consistant.
À la fin du jour, le groupe revint au palais. L’ambiance était joyeuse. Jouer dans la boue ramenait en enfance, apparemment.
— Alors, ce n’était pas si mal…déclara Tibéria à Hernando qui chevauchait à ses côtés.
— Un cheval a perdu un fer et nous sommes tous couverts de boue… Au final, tout ce que l’on a fait, c’est sortir une vache de son trou…
— Demain j’enverrai des hommes faire l’inventaire des dégâts et déterminer ce qui reste à faire. Il ne restera plus qu’à espérer que la pluie nous laisse tranquilles pour quelque temps.
Les cavaliers entrèrent dans la cour du palais au même moment où Cassio passait les portes pour les accueillir. Il les avait vus arriver et voulait avertir la duchesse que des lettres étaient arrivées à son intention. En voyant sa maîtresse ainsi couverte de boue, il se figea.
— Cassio, j’ai besoin de prendre un bain…
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Louis de Saint-Aimé
Humain
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Sujet: Re: Quand le sud regarde au nord [correspondance Louis] Sam 22 Avr 2017 - 3:08
« Plus nous la pelletons, plus il en tombe! Elle s’acharne sur nous comme la misère sur le pauvre monde, pardi!» Râla l’un des paysans en creusant l’indomptable banc de neige devant son chez lui, en l’usant encore et encore, si tant bien que le manche menaçait de se rompre à chaque coup. Accompagné de ses deux fils, le quadragénaire ne besognait pas dans l’espoir de faire le complet ménage de cette merde immaculé, que nenni ; il désirait simplement pouvoir se frayer un chemin jusqu’au chemin principal sur lequel donnait son entrée! « On va finir enterrer, j’en suis maintenant bien certain, fichtre! » Ce à quoi les deux gamins s’esclaffèrent, en trouvant la situation plus anodine qu’énervante. La citée avait moult difficultés à venir à bout de cet épaisse couverture blanche, mais elle en n’était pas moins à court de ressources pour aider le petit peuple. D’ailleurs, la preuve allait leur être livrée lorsqu’eux trois constatèrent l’arrivée d’un quatuor de chevaux, bridés à un « tasse-bœuf » métallique sur deux planches de pin, de sorte à dégager un sentier sur les chemins principaux. Et ce bêtes, non pas dirigées par un cavalier mais une troupe vaillante d’hommes du castel, étaient fins prêts et parés à aider leur prochain. Parmi eux, le bienveillant Louis accompagnait les braves, mais non pas en portant le couvre-chef de meneur, mais en se joignant à eux, pelle à la main. Qui aurait alors cru possible que le marquis-régent, se joigne à la roture pour mettre main à la pâte et besogne à son tour pour parvenir à libérer les nids familiaux de leur fardeau gelé.
Ainsi, l’air jovial au faciès, malgré le froid, la brise et le travail éprouvant, Louis fit connaissance avec le trio des malheureux. « Nous arrivons à point nommé! Un peu plus et nous perdions votre chez-vous sous la neige. » Assura le marquis, non sans un sourire un rien coquin, comme pour désamorcer la situation qui semblait ô combien désastreuse pour le patriarche de la famille. « Heuh … Hah hah … Dans quelques heures, c’est non pas de deux garçon que ma femme aurait accouchée, mais de deux bonhommes de neige! » Chercha à répondre le père de famille, dans une blague gauchement racontée. Les épaules se soulevant à peine d’amusement, Louis réitérait son coup de pelle habille et efficace, jusqu’à temps au moins où on le dérangea.
« Monseigneur, à l’entrée ouest, une chute de neige a causé la perte d’une carrosse attelé à deux chevaux. On m’a également affirmé qu’il s’agit d’un des coursiers du castel, mais qu’il s’est tiré d’affaire sans aucuns heurts. » Alors, plantant son arme de prédilection du jour –sa pelle- dans un remblai de neige, Louis inspira deux trois fois, le temps de réfléchir à sa prochaine directive. « Évidemment, emportez-le jusqu’au château, où on pourra lui prodiguer les premiers soins si nécessaire. N’oubliez pas de le nourrir, de le rémunérer et de lui offrir une chambre, si tant il désire se reposer avant de rejoindre sa famille. Quant à son équipement, envoyez trois hommes pour dégager la voie et faites venir le palefrenier, qu’il puisse inspecter ses bêtes. Vaillantes comme elles sont, on ne peut se permettre de les laisser souffrir le martyr. » Et telles furent ses directives, avant qu’il ne reprenne en main son pourfendeur de banc de neige.
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La vêprée arrivée, tandis qu’il réchauffait ses petons devant l’âtre de sa vaste chambre après une journée passée à faire le plein d’air frais, armé d’un menu coutelas, il décacheta les lettres lui étant adressées. Les primes paroles du sud, donnant suite à sa correspondance avec la duchesse, le fit sourire d’aise. Les jambes déposées sur un pouf à proximité des flammes, les pieds nus et brûlants, c’est en cette position qu’il dévora les mots de Tibéria. La péninsule réunie à nouveau ? Du plus loin que Louis se souvenait, bien qu’il était encore bien jeune, jamais il se souvint qu’elle l’eut été … Quant aux actions qu’elle avait entreprit, alors soit! Il lui faisait bon de voir étendu sur vélin l’envie du sud de vouloir en finir avec le médian, que ce soit d’une manière ou d’une autre. Toutes les méthodes, tant qu’elles menaient au même résultat, lui semblaient viables. Enfin, son invitation, était forte alléchante … Mais compte tenu de tout ce qui se passait en son marquisat, tous le pointeraient du doigt s’il quittait sa terre natale dans l’unique but de gagner un peu de teint …
Arrivé au sud dans l'unique but de délivrer la correspondance de son marquis, le coursier arriva non pas seulement avec une lettre, mais aussi avec un petit être ; un chiot de très petite taille, à peine séparée de sa portée de chien de chasse. Les oreilles courtes, le poil aussi sombre que le charbon et muni d'un collier auquel y était gravé "Straël", l'angolas tout nouvellement mis à bas par sa mère, n'avait rien de féroce et tout d'adorable ; pour l'instant. Ce fût d'ailleurs à son harnais, qu'était rattaché la missive du Saint-Aimé, de sorte à obliger son destinataire à profiter du présent. Présenté comme un chien de chasse redoutable, le coursier ne manquait pas de vanter égallement la fidélité du chiot, du moment qu'elle en prenne soin, évidemment.
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