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| La Flamme du Nord leur cuira le cul [Louis] [Alanya] | |
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Arnaud de Brochant
Humain
Nombre de messages : 91 Âge : 34 Date d'inscription : 25/10/2019
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 23 ans Taille : 1m78 Niveau Magique : Eveillé / Néophyte.
| Sujet: La Flamme du Nord leur cuira le cul [Louis] [Alanya] Ven 1 Nov 2019 - 1:07 | |
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La 17ème année du 11ème cycle, Deuxième enneade de Favrius - automne, Le troisième jour...
Depuis un peu plus d'une ennéade, Arnaud de Brochant, jeune duc de Serramire par la force des choses, avait entrepris une chevauchée vers Diantra. Il espérait, une fois là-bas, obtenir des réponses sur les circonstances de la mort de son père, le Régent du Royaume.
Las, de Serramire à Diantra, ça faisait une sacrée trotte.
De Fort Tolbioc à Versmilia, le duc Arnaud et son escorte avaient voyagé sans encombre, avant d'obliquer vers l'ouest pour gagner la trouée de Wenden. Après quoi ils avaient pressé l'allure ; c'est qu'ils ne tenaient pas particulièrement à s'attarder en pays arétan.
En effet, les relations entre Serramire et son voisin de l'ouest, un temps cordiales, s'étaient faites plus discrètes. Ces dernières années, de nombreuses tragédies avaient endeuillé les maisons qui s'étaient succédées à la tête du comté arétan. Dans le même temps, le père d'Arnaud avait brillé à Serramire par son absence, accaparé par le gouvernement du royaume à Diantra. Arnaud, qui dirigeait le duché en son nom, ne s'était pas soucié de nouer des liens avec les Arétans, qui semblaient changer de chef tous les mois. Et à quoi bon, d'ailleurs ? Le pays arétrian passait pour terre inculte, responsable à elle seule d'un grand nombre des clichés que les méridionaux se figuraient du Nord. Ses habitants étaient rustres et colériques, prompts à se brigander entre eux lorsqu'ils ne fomentaient pas de rébellion. En son temps, le comte Roderik avait su passer outre la sinistre réputation des siens pour se forger celle d'un preux, et ses menées l'avaient souvent associé au père d'Arnaud, qui le présentait comme son ami. Mais c'était oublier la nature changeante de l'Arétan et ses multiples allégeances, lui qui s'était acoquiné aux canailles du sud et avait comploté contre ses suzerains. N'eût-il été assassiné par une cabale mervaloise, sans doute aurait-il tourné casaque une énième fois. Arétria avait un nouveau comte aujourd'hui, un homme qu'Arnaud n'avait jamais rencontré mais qu'on disait à l'image de la piètre réputation de son bled. Un être de petite envergure, sans doute.
Non, décidément, Arnaud n'avait aucune envie de s'attarder en Arétria. Il avait traversé la malelande aussi rapidement que possible, ne s'autorisant qu'à demander le gîte et le couvert à Sternburg, chez le vieux seigneur Arnoul. Le lendemain, il franchissait la frontière berthildoise, pays des Saint-Aimé, dont le marquis, lui, avait été pour le père d'Arnaud un ami à la constance presque irréprochable. Et dès les premiers villages, Arnaud eut le sentiment de renouer avec la civilisation. Ah ! Le bon air, le bonheur ! Même les pets des vaches semblaient moins odorants que chez le voisin arétan. Fallait voir la gueule des bestiaux, aussi, songeait Arnaud.
Il ne lui tardait que trop d'achever sa chevauchée vers Diantra, mais baste ! Il lui semblait que le cuir de la selle s'était douloureusement agrégé à son fondement. Ses côtes, son dos, ses épaules lui faisaient souffrir le martyre. Il jouirait bien volontiers d'un peu de confort, et ce serait l'occasion d'aller saluer le marquis. Si Arnaud en savait assez sur l'homme pour le tenir en estime, il ne l'avait rencontré qu'en de rares occasions, et toujours dans l'ombre de son père. Ce serait la première fois qu'il le ferait en tant que duc de Serramire.
C'est donc tout naturellement que la bande serramiroise, soit le duc et sa trentaine d'hommes, prit le chemin de Cantharel. La bannière au Corbeau flottant à contrevent, le lieutenant Heinrich et quelques hommes partirent devant afin d'annoncer au marquis la venue imminente du duc.
La nouvelle de la mort du Régent, survenue à la fin du mois précédent, avait déjà dû lui parvenir. Nul doute que la visite du Corbin susciterait l'intérêt de son hôte. Et qui sait ? Peut-être sait-il quelque chose que j'ignore, espérait Arnaud.
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| | | Alanya de Saint-Aimé
Ancien
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| Sujet: Re: La Flamme du Nord leur cuira le cul [Louis] [Alanya] Dim 3 Nov 2019 - 18:20 | |
| « Le Duc est à vos portes Madame » « Quel duc ? »
La Marquise, une épingle dans la bouche, tentait vainement de discipliner sa crinière ; c’est que cette dernière se montrait particulièrement coriace ce jour-là, et les vagabondages du cher Hugues n’aidait point à sa concentration. Aussi quelques mèches frivoles s’échappaient de ses nattes, laissant tomber la cascade brune à sa nuque. Puis l’Arachnide était de méchante humeur depuis son retour à Cantharel. L’expédition au fort de Kelbourg n’avait pas été une partie de plaisir, et si elle tâchait de faire bonne impression auprès de son époux et de ses gens, l’expérience l’avait pour le moins marquée. Elle se souvenait avec dégoût du sourire du Boucher et de son souffle là, dans son cou. Le bougre n’avait pas boudé son plaisir, car non seulement il avait eu une nouvelle fois le dessus sur sa suzeraine, mais en plus il s’en était tiré avec un cadeau en prime ; chacun des opposant avait dû subir un sacré interrogatoire, mais cela n’était pas pour déplaire à la dame. Si elle était née homme, peut-être qu’elle l’aurait fait elle-même, ce sale boulot.
« Le Brochant votre Excellence ».
Usant finalement de la pince pour parfaire cette toilette maladroite, elle leva un sourcil. Ainsi donc le petit corbeau avait pris la route pour le sud, et sans se faire annoncer ? Voilà qui était bien curieux. Elle n’avait eu à faire au jeune Arnaud qu’une fois ou deux, et ce dernier s’était toujours flanqué dans les jupes du vilain Corbac – maudit soit-il ! Maintenant qu’il avait eu la bonne idée de trépassé, le petiot se retrouvait comme un oisillon poussé du nid : sans d’autre choix que de voler, priant de ne pas se retrouver plus tôt que tard la tronche dans la gadoue. Un sourire torve illumina finalement la frimousse circonspecte d’Alanya. Bien qu’il vienne cet enfant ! Après tout, à nouveau duc nouvelles mœurs ! Ajustant sa tenue une nouvelle fois, elle passant devant le ventripotent intendant qui se mit à la suivre tant bien que mal. Elle avait le pas preste, et lui la bedaine lourde.
« Hugues, faites appeler Monsieur. Prévenez les cuisines et toutes les petites gens. Que l’on prépare notre meilleure suite pour le Corbin. Allez, hâtez-vous par Néera ! ».
Et il n’y eut à cet instant plus drôle de spectacle que de voir le curieux bonhomme, engoncé toujours dans ces vêtements trop justes, courir en beuglant des ordres que personne n’entendait. A savoir si la chambre serait prête avant le lendemain maintenant ! Elle descendit les quelques marches de la bâtisse pour attendre finalement dans la cour son invité : tant pis pour Louis. S’il ne se pressait pas, elle accueillerait leur invité elle-même. De toute façon, elle n’était même pas sûr de vouloir croiser son époux ; non, le brave Arnaud serait sous bonne garde avec elle, pour sûr.
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| | | Arnaud de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: La Flamme du Nord leur cuira le cul [Louis] [Alanya] Jeu 7 Nov 2019 - 12:22 | |
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« Est-ce là la Broissieux ? murmura le lieutenant Heinrich, alors qu'ils pénétraient dans la cour. - Il semblerait bien. - Et où est le marquis ? - Aucune idée. »
Laissant son cheval aux bons soins d'un palefrenier, Arnaud s'avança en direction de la silhouette féminine qui l'attendait à l'entrée de la bâtisse. Tandis qu'il se rapprochait de la maîtresse de maison, le Corbin s'efforçait de garder les épaules droites, la démarche sûre, le visage aussi neutre que possible. La Broissieux, il ne s'en rappelait que trop, avait longtemps été une épine dans le pied de son père depuis que l'effondrement de l'éphémère royaume rebelle de Sgarde l'avait propulsée, jadis, à la tête de la baronnie d'Alonna. C'était alors une époque bien sombre ; Serramire avait perdu son prestige, sa puissance et même la loyauté de ses vassaux. Alanya de Broissieux avait finalement rendu l'hommage au père d'Arnaud, et n'avait guère manqué à ses devoirs par la suite, mais Aymeric de Brochant s'était toujours défié de cette intrigante aux amitiés douteuses. Sa dernière avanie, non la moindre, avait été de s'amouracher du marquis de Sainte-Berthilde, l'autre homme fort du Nord. Craignant de voir Alonna passer sous la coupe du Berthildois, Aymeric avait d'abord tenté d'empêcher cette union ; finalement, Alanya avait abdiqué en faveur de sa fille afin de pouvoir convoler librement. A la stupeur générale, la femme que les Brochant avaient si longtemps crue pétrie d'ambition et de cupidité avait choisi l'amour. De ce dénouement inattendu, Arnaud retenait que nul ne pouvait prétendre avoir su la cerner.
Or, au moment de se trouver face à elle, Arnaud comprenait pourquoi. Il eut été bien en peine de lire ce que dissimulaient ces grands yeux bleus. Le regard de la Broissieux ne le ramenait qu'à ses propres questions : comment fallait-il se comporter avec elle ? Quel visage le nouveau duc de Serramire devait-il présenter au monde ? Imiterait-il l'expression austère et pince-sans-rire de son géniteur, ou suffirait-il qu'il soit lui-même ? N'ayant guère le temps de peser sa réflexion, Arnaud se contenta d'agir comme il l'avait toujours fait : un sourire communicatif orna son visage, tandis qu'il saluait la marquise d'un ton affable. A ses yeux, elle était avant tout la sœur de Fulcran, un homme qu'il avait longuement côtoyé durant ses jeunes années à la cour de Serramire et qu'il tenait pour ami. Cela méritait bien de faire l'impasse sur un passé ombrageux.
« Mes respects, Votre Altesse. Pardonnez cette arrivée à l'improviste ! De fâcheuses affaires me conduisent à Diantra, mais je ne pouvais décemment traverser le Berthildois sans m'en venir vous saluer. » Il jeta un bref regard alentours, avant d'ajouter : « Messire de Saint-Aimé serait-il absent ? Quel dommage ! Quel dommage. »
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| | | Alanya de Saint-Aimé
Ancien
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| Sujet: Re: La Flamme du Nord leur cuira le cul [Louis] [Alanya] Lun 11 Nov 2019 - 12:54 | |
| Si elle n’avait point eu vent de sa mort, pour sûr qu’elle aurait pris sa marmaille pour lui-même ; nul doute sur la parenté du jeune Arnaud. Il possédait les mêmes cheveux filasses et la même stature des hommes de Brochant si bien que cela lui rappela qu’il était à présent un homme fait, et non plus un garçonnet dans l’ombre de son père. Ne lui en déplaise, elle préféra toujours avoir à faire avec le jeunot plutôt qu’avec l’Ancien. Les inimitiés étaient plus tenaces que les amitiés. Aussi arbora-t-elle son plus charmant sourire. Il n’était pas question d’effrayer son invité maintenant que le pied avait été posé au sol, mais plutôt de lui offrir une douce hospitalité, en souvenir du bon vieux temps. Un rapide coup d’œil dans l’amas Serramirois lui suffit à noter l’absence du Jaljen. Ce valet qui collait au cul du Marquis comme son ombre devait bien être peiné de sa disparition : adonc les pédérastes avaient eux aussi des sentiments. Difficile de le croire quand, voyant Aymeric, on se demanda toujours si ce qu’on lui avait mis dans le fondement n’était pas resté en place trop longtemps. Bien heureuse de ses réflexions profondes, elle offrit le plus aimable des saluts à ce fils prodigue qu’elle n’avait que brièvement connu. Là ! C’était une chance d’approfondir ces sentiments, après tout.
« Il nous est toujours plaisant d’accueillir de vieux amis Messire. Soyez assuré que vous trouverez ici toujours un asile dans vos périples. Mais là ! Ne vous en faites point trop pour Louis ; je l’ai fait mandé à la minute où j’ai appris votre arrivée ».
Du ton sirupeux, il n’y avait aucun doute que la Marquise se délectait de cette douceur laissée par l’infâme Corbac. Ah ! N’était-ce pas là la plus drôle des choses que de voir en sa maison un Serramirois tout avenant ? Au moins il était plus agréable que son géniteur ; il devait sûrement tenir plus de la Mahaut. Cette bonne femme avait tout d’une sainte pour avoir supporté de si longues années ce fot-en-cul d’Aymeric. Alanya avait même été attristée d’apprendre sa mort mais, faute d’envie, n’avait envoyé aucune condoléance. L’esprit y était pourtant ! Et puis le Arnaud ne devait être si terrible ; son frère lui en avait causé plus d’une fois, et ils avaient été de bons compagnons – en espérant que l’oisillon n’ait pas tiré les tares de son père. Là quelle infamie se serait pour elle ! Peut-être se consolerait-elle un peu en se disant qu’Alonna aurait un jour enculé Serramire… Rien qu’un peu.
« Vous me semblez bien pâle Messire. Sont-ce les soucis qui vous portent à la capitale qui rendent malades ? »
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| | | Arnaud de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: La Flamme du Nord leur cuira le cul [Louis] [Alanya] Ven 15 Nov 2019 - 14:03 | |
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« Malade, Madame ? Les dieux m'en gardent ! Je suis préoccupé, tout au plus. » Fallait-il qu'il s'épanche sur les multiples avanies qui frappaient sa famille et son pays ? Du silence de Fort Norkan, de la recrudescence des maraudes de Sigoles, de la disparition brutale des Berdevins, de la grande Bête des Wandres ? Les sujets ne manquaient pas, bien que la mort de son père, en ce moment, les éclipsât tous. Mais il n'était pas venu à Sainte-Berthilde pour larmoyer ; le Corbin était trop fier pour s'apitoyer ainsi, qui plus est devant ses voisins qui, tout amicaux qu'ils étaient, demeuraient les autres maîtres du Nord. « Les temps sont durs, mais il est bon de trouver en mes amis de l'ouest de si prévenants hôtes », ajouta-t-il.
Il força davantage son sourire ; puis remarqua, bien vite, qu'il se trouvait à court de banalités. Le marquis arriverait bientôt, avait-elle promis. Qu'il arrive donc et me tire de ce mauvais pas. Son retard intriguait toutefois le jeune duc, qui ne pouvait s'empêcher d'en tirer des conjectures ; et si la Broissieux avait sciemment tardé à avertir son époux afin de recevoir seule leur invité ? Voilà bien le genre de manigances dont certaines femmes aimaient user pour montrer l'ascendant qu'elles avaient sur leurs maris ; ce devait être pour elle un moyen commode de savourer une énième fois sa victoire, qui plus est devant le fils d'Aymeric de Brochant. Dans une autre vie, Louis aurait épousé ma tante, et c'est elle qui me recevrait à présent, songeait Arnaud. Las, Louis a préféré l'entrecuisse chaude et humide de la Broissieux, et elle veut me le montrer... son succès, pas son entrecuisse.
Or, il fallait bien l'admettre, la marquise valait le détour. Quoique de dix ans son aînée, il en aurait volontiers mangé. Ce regard farouche et indompté, cette peau diaphane, ce corps tout en courbes féminines qui avait su traverser les épreuves de l'enfantement... c'est la sœur de Fulcran, se morigéna-t-il, rappelant son esprit à plus de morale et de décence. Il cessa donc de se demander si tout tenait naturellement droit sous son manteau d'hermine et sa robe de soie, et trompa l'attente par un innocent badinage :
« Votre frère Fulcran me confiait récemment dans ces lettres à quel point la jeune Pénélope le rendait fier. » En vérité, le même Fulcran se confiait bien peu sur la petite baronne, et Arnaud croyait deviner, entre les silences de son ami, que la fille lui donnait du fil à retordre. C'est qu'elle avait probablement de qui tenir.
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: La Flamme du Nord leur cuira le cul [Louis] [Alanya] Dim 17 Nov 2019 - 11:41 | |
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« Oui, c’est cela, comme ça, tout doucement … Approche un peu, encore un tout petit peu, que je puisse t’embrocher et te manger … » souffla si bas le marquis pour lui-même, que nul ne put odir les encouragements qu’il réserva au cerf qu’il tenait en joue. Se pavanant l’air de rien, ce majestueux panache d’une dizaine de pointes se mouvait au travers les branchages des plus petits arbres, profitant du moindre craquement inhabituel pour s’immobiliser jusqu’à en devenir une parfaite statue immuable. On l’observait et cela, le vieil animal en avait pleinement conscience. Alors, pourquoi n’arrivait-il pas à débusquer ses prédateurs ? C’est que Louis, ainsi que toute sa suite, avaient cessé le moindre respire à son approche, tant ils furent sidérés par la vue de ce souverain panache. À l’unisson tous s’entendirent sans piper le moindre mot : s’eut été pêché que de manquer un coup pareil et, Louis, le coude aux cieux de sorte à roidir la corde de son arc, attendait une fenêtre de visibilité avant de décocher. Quelques pas encore, oui, quelques pas seulement, le séparait d’une prise conséquente.
« Sire! Sire! Sire! Le corbeau! Le corbac est là! Il est à nos portes! », raisonna une voix effarée, par-delà le boisé. À l’écho de ce barouf, les oreilles de l’animal se dressèrent et sans crier gare, détala sans autres ambages d’un bon vif et puissant. Au même instant, une flèche vola en sa direction et percuta l’écorce raboteuse d’un arbre, déviant aussitôt sa trajectoire. « Peste soit cet homme! », hurla l’un des limiers qui espérait de tout cœur se repaître de viande rouge au souper. Avant que la déception de tous les hommes ne s’estompe, à défaut de voir retentir un cervidé second, le crieur de malheur accourra jusqu’à eux avec pour grâce celle d’un éclopé qui avait le feu aux braies.
Louis déposa la pointe de son arc long contre les feuilles mortes, tapant du pied sans pépier la moindre parole. Pour l’heure, le marquis se contentait de garder mariées ses lèvres ensembles, de sorte à ne pas incendier le pauvre homme d’insultes. Puis, de toute façon, ses gens qu’il traînait à la chasse étaient là pour s’en occuper.
« M’est d’avis que l’oiseau de malheur piaille devant nous et non devant Cantharel. -Crétin, si tu savais la prise que tu nous as fait perdre! -Fais chier, ça va me prendre des jours m’en remettre, moi. geigna le plus charnu des limiers, la salive encore présente à la commissure des lèvres. -Es-tu certain de ce que tu avances ? Sont-ce bien les armoiries de notre éminent voisin le Duc de Serramire que tu vis?, trancha Louis, l’amertume de sa défaite contre le cerf déjà ravalée. -Oui, j’en suis certain. C’est même votre femme qui me fait vous mander, sire. -Madame la Marquise, oui?, corrigea sèchement Louis, aussitôt qu’il releva la moindre familiarité en rapport à l’Alonnaise. -Bien, alors, ne le faisons pas attendre outre mesure. Il me déplairait de faire subir à mon ami le Duc des supplices qui ne lui sont pas méritées. -Vous croyez que madame la Marquise pourrait … -Non, c’est même certain. Ma femme est naturellement prédisposée à tourmenter quiconque s’approche de près ou de loin de cette lignée. Cela est un trait de caractère qui lui est propre et à ma connaissance, il n’est en ce monde rien qui soit plus fort que son habileté à leur chercher des noises. » Là encore, le colosse ne mentit point ni même n’exagéra ; cette aversion envers les Brochants ne datait guère d’hier et par le passé, Louis dut à maintes reprises mettre le holà à l’arachnide, sans quoi elle aurait ravagé la baraque, tant le feu la consuma. Louis se demanda même si parfois, au soir venu, il lui arrivait de surprendre sa moitié en train de somnoler et maudire Aymeric à la fois, lui qui était six pieds sous terre!
Ainsi, sans faire ni une ni deux, tous quirent leurs montures et les talonnent de sorte à reconquérir les grandes portes de Cantharel et ainsi, se faire annoncer à la cour du castel comme le fit précédemment le Duc. À son arrivée, joignants les pieds pour mieux atterrir contre le sol boueux et humide, il constatât que son arrivée fût fort bien trop tardive ; tous deux, Arnaud et Alanya, discutaient d’ores et déjà. Le grand gaillard s’approcha donc du duo de sorte à mieux évaluer les dégâts de sa femme qui, à ne point manquer, s’était fort probablement arrangée pour apprêter son repas du soir. C’est ainsi que procédait l’arachnide, sournoisement.
« Bon ami! Veuillez à pardonner mon fâcheux retard ; il appert que la mauvaise fortune me mit en tête l’idée de quitter l’enceinte de mon chez-moi le jour même où il m’y aurait été le plus profitable d’y rester. » Et, ajoutant à la bonhomie de son ton de voix, Louis s’approcha d’Arnaud suffisamment pour lui tendre le bras et venir lui serrer le sien –s’il se montra décemment ouvert à ce genre de salutations- au niveau de l’avant-bras, comme le font les francs camarades. « Que les Dieux m’en soit témoin, votre venue m’appert comme la nouvelle de l’ennéade ; nous nous étions vus depuis si longtemps qu’il m’en coûte de me souvenir. Venez, venez, je vous en prie, allons deviser ailleurs que dans la gadoue. Nous avons gros à nous dire. » Et bien que la fin de sa phrase, lancée par un tout autre sang bleu, aurait pu être déchiffrée comme pleine de sous-entendus, il n’en fût rien.
Ils avaient réellement gros à se dire, car depuis le trépas de son paternel, régnait entre Sainte-Berthilde et Serramire un silence de macchabé qui laissait en suspend l’avenante alliance que forgea Louis avec l’ancien Duc, Aymeric. Un regard complice vers sa femme, puis une main d’égal à égal sur l’épaule de son invité, cherchèrent à les aiguiller vers leur prochaine destination : l’un de ses plus douillets salons.
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| | | Arnaud de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: La Flamme du Nord leur cuira le cul [Louis] [Alanya] Ven 22 Nov 2019 - 0:55 | |
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A l'odeur rance de transpiration qu'exhalait le marquis, Arnaud pouvait deviner à quelle activité celui-ci s'adonnait avant son arrivée. Tout en serrant le bras de son hôte, le duc ne put s'empêcher de songer, non sans malice, que la chasse était pour Louis un moyen commode de fuir sa rombière ; mais alors qu'il accompagnait le couple à l'intérieur du château, le regard échangé entre les deux époux le détrompa. Six ou sept ans qu'ils sont mariés, et ils s'aiment comme au premier jour, pensa Arnaud tout en marchant. Une partie de lui trouvait cela très beau, quand l'autre éprouvait une drôle d'envie de vomir.
C'était pour le jeune Corbin un sentiment étrange, que de se trouver là, à marcher aux côtés des Saint-Aimé, le marquis le traitant comme un égal et un ami. Hier encore, il n'était qu'un garçon à peine sorti de l'adolescence, se tenant dans l'ombre des Grands ; aujourd'hui, il marchait avec eux dans la lumière. Le costume de duc de Serramire lui semblait encore un peu grand à porter, mais il connaissait cette sensation. Sept ans plus tôt, quand son père lui avait confié la gestion leurs domaines, Arnaud avait caché ses appréhensions et ses doutes derrière un masque d'assurance et de certitudes. Aujourd'hui encore, il ferait semblant d'être parfaitement à l'aise. Et il continuerait à le faire, jusqu'à ce que ces choses lui soient naturelles.
Leurs pas les conduisirent dans un confortable salon. Le cadre intimiste de la pièce était propice aux confidences ; c'était surtout un moyen commode pour le couple marquisal et leur nouveau voisin d'apprendre à mieux à de connaître, hors la vue des courtisans de Cantharel. C'est bien mieux ainsi, songeait Arnaud en posant son séant dans un fauteuil rembourré.
« Je ne connais rien de plus étrange qu'une succession, confia Arnaud calmement. On attend de moi que je célèbre mon investiture quand, dans le même temps, je dois faire le deuil du père ; or, l'un ne va pas sans l'autre. Mais vous avez connu cela avant moi, Louis. »
Arnaud voyait dans ce paradoxe une sorte de farce divine, destinée à enseigner l'humilité aux hommes de sa condition. En refusant au nouveau duc le droit de se réjouir de son titre, les Cinq lui rappelaient que celui-ci impliquait de grandes responsabilités. Mais il ne poussa pas plus avant la réflexion, n'étant pas venu ennuyer Louis avec de la théologie de bas étage ; il avait à dire vrai des préoccupations plus concrètes.
« Voilà sept ans que règne la paix, poursuivit Arnaud. Sept ans que les preux du Nord, dont vous fûtes, Louis, ont lavé la péninsule de la souillure de l'infamie. Las ! Mon père n'est plus de ce monde, et je crains que notre bon Roy ne s'entoure de serpents, si les gens de bien ne s'en inquiètent. »
Arnaud était certes jeune, mais il avait assez vécu pour voir le royaume déchiré par ses guerres - et on lui en avait narré d'autres. Il avait quatre ou cinq ans lors de la terrible révolte des quatre barons ; il en avait quatorze lorsque le Boucher du Médian avait irrigué de sang les champs de Chrystabel. A chaque fois, le roi était entouré de mauvais conseillers dont les décisions avaient attisé les rancunes et inspiré la sédition. Sept ans de paix ! Qu'un suderon pose son cul sur le trône de Bohémond, et c'en sera terminé.
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: La Flamme du Nord leur cuira le cul [Louis] [Alanya] Mer 27 Nov 2019 - 22:16 | |
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Boudées par le soleil pratiquement trois quart de l’année, ces terres du Nord s’étaient accoutumées à entretenir tous les endroits jouissant d’un âtre à la seconde que l’été achevait. L’humidité et les bourrasques incessantes faisant s’abaisser le mercure sous la barre des zéros autant aux matines qu’à la pénombre, insuffla à tous les serviteurs du castel de nourrir en bois les flambées qui réchauffaient les airs habitables. C’était là bien le cas de ce douillet salon, où le foyer crépita des derniers carcans consommés. Si Arnaud avait choisi une assise plus confortable que les autres, ne laissant place qu’à son unique séant, ses hôtes renâclèrent cette même avenue et préférèrent plutôt prendre place côte à côte sur l’un des divans voisin. L’image forte de leur couple se devait d’être préservée, même si à la clé, la chose pouvait leur apporter d’avantage de mécontentement. Ces dernières ennéades ayant ébranlé leur couple plus que ces sept dernières années, la discorde entre eux deux n’était guère chose du commun et s’était d’avantage pimentée lors de leur séjour en Kelbourg. Ceci étant dit, Alanya avait ça pour elle ; l’arachnide excellait dans l’art du théâtre et n’éprouvait pas plus de misère à masquer son irritation que de respirer. Quant au bon Louis, l’arrivée nouvelle de son voisin de l’est suffisait amplement à chasser tous ces sombres nuages qui planaient constamment au-dessus de sa large charpente.
« Hélas mon bon ami, elles sont rares les successions exemptées par ce genre de calamité. Feu votre père s’est éteint, mais il est parti rejoindre le royaume aqueux de Tyra, fort de cette certitude : vous étiez prêt à le succéder, jacta Louis en toute sincérité vers son collège du Nord. Et s’il advenait que vous ne partagiez guère le même avis, ehhhh bien! C’est tristeusement que je vous annonce que vous n’avez hélas guère autres choix, ajouta le marquis, un sourire avenant tout de même planqué contre son faciès velu. Nous sommes tous deux les hommes forts du Nord et nos gens attendent gros de nous ; nous n’avons d’autres choix de contenter leurs attentes, qu’elles soient dérisoires ou démesurément exagérées. Et, je ne vous dit cela point pour vous éduquer de quoi que ce soit, non ; je vous le dit, car il m’a été d’un prompt réconfort de me faire rappeler comme il était normal de trouver ni joie, ni réconfort, au jour de notre élévation. En mon sens, le deuil l’emporte sur tout … Seulement, personne ne doit le voir, acheva Louis, cette fois non sans lourdeur dans le ton de sa voix. À l'exception faite de ceux qui font les bons amis», acheva Louis tout en soutenant Arnaud de ce même sourire que tantôt, avenant et compréhensif.
À la fin de son monologue, un serviteur bien en chair, pansu jusqu’à la moelle (encore un drôle engagé par sa femme, probablement!), fit son entrée avec en main, un plateau de petits canapés ainsi que d’une carafe de vin aromatique. Il servit silencieusement, cherchant à ne pas s’embourber dans ses propres pieds masqué par sa baudruche de bedon, puis s’en alla raviver la flamme du foyer. Voilà qui était de bon goût ; un peu de chaleur au travers ces propos lourds de sens n’était pas de refus.
Puis, Arnaud poursuivit, arracha au marquis un subtile soupire de lassitude. Cette vérité, lancée innocemment dans les airs, n’avait rien d’anodine. Loin terrés sous la neige, les libérateurs du sud se voyaient écartés de tout jeu politique et dès lors, évidemment, des opportunistes n’hésiteraient pas à faire main mise sur chaque parcelle de pouvoir. C’était bien là le fantasme de ces gens, que de pouvoir s’élever au-dessus de leur condition et ainsi, espérer pouvoir commander le tout-venant.
« Il est vrai que s’eut été bien utopique, que de croire Diantra libérée de tous ces aigrefins. Notre Roi, du haut de son très jeune âge, doit être bien en mal de se défaire des sangsues qui cherchent à l’entourer, souleva Louis, comme une fatalité à laquelle il ne pouvait échapper. Lorsque nous avons tourné le dos à la capitale, nous embrassions déjà à l’époque cette fatalité. Mais que pouvons-nous y faire, mon ami ? Nous pourrions entourer notre Souverain par milles et unes lances, que ces aspics trouveraient encore moyen à se frayer un chemin jusqu’à ses bottines ... »
Humble comme aucun autre, Louis n’était certes pas du type à penser être la clé d’une problématique aussi conséquente. Les fondations de la cours de Diantra étaient assises sur le nid le plus prolifique de vipères et de serpents en tout genre. Il faudrait bien plus que la simple présence de trois figures du nord pour en enrayer le fléau.
Et puis, curieux, Louis désirait bien voir où Arnaud voulait en venir avec tout ça.
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| | | Alanya de Saint-Aimé
Ancien
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| Sujet: Re: La Flamme du Nord leur cuira le cul [Louis] [Alanya] Jeu 28 Nov 2019 - 21:00 | |
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Là, le cul posé contre son époux, elle souriait poliment. La brave Alonnaise s’en écouta les déblatérations de ce jeune oisel et de son époux avec autant d’ennui qu’elle se surpris elle-même à ne pas sombrer dans le sommeil. Plutôt elle jalousa le Berthildois qui lui avait tiré des griffes son nouvel amusement ; comme un enfant gâté, il se l’était vite accaparé laissant la pauvresse sans rien de plus que le second rôle à tenir. Bien ! Qu’il le prenne donc ainsi le Cerf, elle n’était guère une biche docile. Et s’il ne l’avait encore appris, et bien elle tâcherait à lui faire comprendre plus tôt que tard. L’amabilité accroché au visage comme une mauvaise carie à une dent, elle poussa l’audace jusqu’à déposer sa main sur la cuisse du Louis. Le contact lui souleva presque l’estomac tant il était devenu inhabituel et qu’il lui coûta de le faire, mais la vilaine Araignée se consola en imaginant fort aisément le malaise qu’elle créait chez son innocente victime.
Et plutôt que de s’en intéresser de trop, ses yeux gris se portaient avec toute l’attention qu’il était possible sur le Balafré. Le jeune Arnaud ressemblait à son paternel, pour sûr, mais avait pour désavantage de ne point être aussi habile que lui. Elle mit cela sur le compte de l’âge pourtant elle ne se leurrait pas : le jeune Corbeau n’aurait jamais la trempe de son aïeul. Plutôt il se contenterait de gouverner les petits pions amassés par le Brochant, comme une fillette jouerait à la dinette. Et même si elle ne portait aucune rancœur envers la progéniture, l’affreuse marquise ne put s’empêcher de s’en délecter. Là ! Pauvre Arnaud ! Il évoluait à présent dans un monde bien dangereux et il n’avait point appris à sortir les griffes. Pour autant, ces choses-là viendraient un jour, quand le garçonnet aurait fini de pleurer son père. Et ce jour-là elle s’assurerait de la charmante amitié de sa fille envers son suzerain. N’y avait-il meilleur temps que le deuil pour se faire des amis ?
Ses doigts pressèrent le cuissot du Berthildois alors qu’elle n’attendit guère la réplique du jeunot pour s’introduire dans cette conversation mièvre. « Là pour sûr mon doux ami. Nous étions bien rassurés lorsque feu votre père – paix à son âme – veillait aux intérêts des bonnes gens ». Elle avait employé de son ton le plus mielleux et à qui la connaissait ne douta guère plus de ses intentions. L’Alonnaise avait à cœur une chose, et s’en était partit à la chasse, toutes serres dehors. « Mais là ! Quelle tristesse, oui quelle tristesse qu’il n’ait voulu de nous à ses côtés ! Peut-être bien que cela aurait épargné votre peine aujourd’hui… ». « A cela nous devons tous en tirer une leçon ; il ne fait guère bon de demeurer au Sud sans ses amis. N’est-il chose de moins vraie que celle-ci ? ». De sa main libre, elle lissa les plis de sa robe, une grimace carnassière sur le minois – les yeux brillants. « Soyez assuré Messire que nous veillerons à ce que pareille misère n’arrive plus jamais ». Elle accorda une brève œillade à Louis. Il était décidemment bien trop gentil.
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| | | Arnaud de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: La Flamme du Nord leur cuira le cul [Louis] [Alanya] Mar 3 Déc 2019 - 20:31 | |
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Il y avait chez le marquis une sincérité agréable, dans sa façon d'être comme dans ses paroles ; une simplicité et en même temps une gravité qui vous posaient le personnage et suscitaient immédiatement la sympathie. Séduit, Arnaud buvait ses mots, le dos enfoncé dans son fauteuil. Et le marquis de professer son amitié, et le duc de hocher la tête avec entrain ; n'était-il pas plus touchant tableau que de voir ces beaux suzerains du Nord comme cul et chemise ?
Las, lorsque la Broissieux prit la parole, la sérénité déserta rapidement le jeune Corbin. Il se redressa légèrement, et un voile de prudence passa sur ses traits tandis qu'il l'écoutait parler. Si le marquis n'avait pas semblé user de semi-vérités ou de double-sens, il en allait autrement de son épouse, laquelle confessait à demi-mot son désir de gagner Diantra. Et d'y rester. Ainsi donc, après s'être extirpée du joug du père d'Arnaud pour gagner la couche du Saint-Aimé, la belle nourrissait encore de l'ambition. C'est que l'amour seul ne suffit à nourrir son homme - ou sa femme. Peu lui chaut d'avoir pondu de beaux moutards, celui qu'elle veut pouponner possède une couronne.
Que fallait-il qu'il réponde à cela ? Eh ! Après tout, il avait lui-même tendu la perche ; c'était de bonne guerre qu'elle l'eut saisie. Mieux vaut un Nordien, s'était-on entendu, mais fallait-il pour autant que ce soit elle ? Arnaud se figurait déjà la trempe maison que lui réserverait son père dans l'outre-monde, s'il apprenait que son fils laissait la Broissieux tant honnie s'emparer de la régence. C'est moi qui devrait gouverner, pensa le Corbin, pris d'un élan d'orgueil qu'amplifiait le désir d'en imposer à ses hôtes. Certains pouvaient penser que ç'avait été l'ambition cachée de l'ineffable Aymeric de Brochant, que d'installer sa descendance auprès du roi, gouvernant en son nom le royaume pendant sa minorité - et peut-être même après. Mais Arnaud lui-même s'était souvent révélé bien incapable de discerner les pensées profondes de son propre géniteur ; et il n'avait que vingt-trois ans, ce qui était certes mieux que les dix bougies du marmot couronné, mais pas tellement. Là ! La sagesse eut voulu qu'il renonce à cette chimère. Mais il était trop jeune pour être sage.
Il considéra la Broissieux, flairant le mauvais coup, sachant bien qu'elle n'attendait qu'à le voir dévoiler son jeu. Le Corbin n'en fit rien ; il procéderait à sa manière, avec un demi-sourire bien innocent.
« Et comment entendez-vous vous y prendre, dame Alanya, pour prévenir de futures tragédies ? Comptez-vous pendre tous les suderons, d'Ydril à Missède, en passant par Langehack ? Ma foi, je veux bien tresser les cordes. »
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| | | Alanya de Saint-Aimé
Ancien
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| Sujet: Re: La Flamme du Nord leur cuira le cul [Louis] [Alanya] Mar 3 Déc 2019 - 21:04 | |
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La Marquise rit bien volontiers du trait envoyé par le jeune homme. Pourtant, derrière ses yeux plissés, elle ne se trompait guère ; elle crut apercevoir sur les traits de l’invité, un visage familier. Quel étrange portrait de famille ! Pour autant, le brave était encore loin d’égaler son père ; tant par l’amabilité de ses propos que par l’effort consentit pour ne point s’emballer de trop. C’est qu’elle n’y était pas allée de main morte, et malgré la bonne mine qu’ils affichaient, elle sentait peser sur elle le jugement du Cerf. Il n’en faudrait pas de trop pour que Louis n’intervienne, et interrompe les savantes pirouettes orchestrées par son épouse. La Revêche lui accorda même un sourire ; c’est qu’elle aimait plus encore le défier lorsqu’il était ainsi, acculé et démuni. Il n’avait jamais su se tirer de ses serres, après tout.
« Là mon bel ami ! Cela serait sans doute un bien beau moment d'à la fois de vous voir tresser, et d’endiguer la malemort suderonne d’un même coup ! Mais je crains, Monsieur, que l’on ne puisse agir de la sorte ; nous ne sommes pas des bêtes ». Ses lippes pleinement étirées s’accordaient à la perfection avec son minois serein. Là, elle sentait Louis se redresser sur son assise, et il ne faudrait guère de temps pour qu’il se mêle à leur échange. Aussi décida-t-elle de prendre les devants et d’enchaîner presque aussi vite. Lâchant le cuissot de son mâle, elle se pencha un peu en avant pour saisir délicatement les mains du Brochant, avec la même douceur que le ferait une mère.
« Soyez d’abord assuré que nous nous joignons à vous dans votre peine, et qu’aucun de ces serpents ne saura plus atteindre notre bon Roy qui a déjà tant souffert. C’est grâce à des braves comme vous que Sa Majesté sera à l’abris. Tenons éloignée la vermine de son égide car tel est notre devoir à tous ». Elle se redressa et regagna le confort de son assise, se tournant vers le silencieux Louis.
« Ô mon cher Louis, j’ai peur que cette perte ne nous accable de maux bien pires encore ».
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: La Flamme du Nord leur cuira le cul [Louis] [Alanya] Mer 4 Déc 2019 - 22:48 | |
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Il est possible qu’à l’époque du vilain corbac, voir sa mie accueillir les Brochants toutes griffes déployées, l’avait un tant soit peu charmé. Le caractère imprévisible, piquant, voir même dangereux de sa femme sût au fil du temps gagner le cœur du bon cerf, il est vrai! Mais là, n’avait-elle sût se complaire suffisamment de son trépas pour que ce jourd’hui, elle cherchât à tourmenter son jeune fils ? Arnaud n’avait a répondre des anciens griefs de son paternel et, qu’Alanya ne sache faire la part des choses le courrouça d’avantage encore. Sa mine s’était assombrie drôlement et, après l’échange d’un regard complice avec Arnaud, s’était retournée vers sa tarentule de femme. Il était grand temps qu’elle ferme son claque-merde, avant qu’elle n’en vienne à faire de leur plus proche allié un potentiel ennemi. Or, comme il s’y attendit, Alanya avait bien prédit et aperçu que son pied était d’ores et déjà sur cette ligne à ne point franchir. Elle se rétracta joliement et retrouva sa confortable assise auprès de son époux, un sourire niais habilement perché contre ses avenants traits.
Que pouvait-il répondre à ça, désormais qu’elle avait repris ses airs de pucelle innocente ?
« Ainsi mon ami, vous vous rendez dans la capitale pour honorer la tombe de feu votre père? J’imagine qu’au passage vous aurez gros à dire. Et à découvrir, n’est-ce pas ?, rajouta à la va-vite Louis, une fois qu’il eut terminé sa deuxième phrase. Cette nouvelle nous fût rapportée bien soudainement et, les raisons qui entourent le triste sort de votre paternel ne m’insufflent rien de bien prospère. Cette fois, subtilement, il dégagea la main de sa femme de sur sa cuisse, comme s’il laissait entre deux phrases comprendre son mécontentement envers elle. Vous avez fort raison, Arnaud, de vous y rendre en personne. Peut-être, pourrions-nous nous-même vous accompagner, dans un futur rapproché. Il n’est rien qui soit plus fort et imposant que le Nord réuni. Cela, même les Suderons ne peuvent le nier. » Un sourire véritable s’accrocha aux lippes de Louis, comme s’il lui fit comprendre que l’aide de son voisin lui était toujours acquise. Arnaud n’était pas Aymeric et pour l’heure, tant qu’il n’infirma guère ce fait, il avait belle intention d’entretenir pour lui une amitié encore plus durable qu’il avait à l’époque pour son connard de père.
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| | | Arnaud de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: La Flamme du Nord leur cuira le cul [Louis] [Alanya] Ven 6 Déc 2019 - 15:20 | |
| Arnaud avait laissé la Broissieux se saisir de ses mains, sans trop savoir comment réagir ; il avait écouté sans broncher ses paroles doucereuses, avec la désagréable impression de se faire infantiliser. Le couple s'était d'ailleurs passé le mot : le Nord réuni, le Nord imposant, le Nord invincible. Eh ! C'était là une belle idée, mais dans ce trouple qu'ils formaient, Arnaud se sentait comme la cinquième roue du carrosse.
« Ma foi, j'entends bien tirer les choses au clair, et lever jusqu'au plus petit mystère. Au vrai, ce sont moins les manigances des Suderons qui m'inquiètent que celles du Médian. A présent que mon père n'est plus, je crains que le roi ne se tourne vers ses plus proches parents ; la vieille Aemone, son aïeule, est toujours de ce monde, et, ma foi, les Ancenis ont montré à bien des reprises leur goût pour la sédition. »
Il fixa tour à tour Alanya et Louis, avant de glisser une brûlante confidence, aussi soudaine et inattendue qu'un pet :
« Mon père avait connaissance de ce problème. C'est pourquoi il avait décidé de me fiancer à Alcyne de Hautval, la fille de Blanche d'Ancenis, afin que le cousinage de notre bon roi ne fleurisse pas sur les seules racines d'Aemon le Borgne. Par un triste hasard, il me confiait ce projet dans une lettre écrite quelques jours à peine avant son trépas. J'ignore s'il faut y voir une coïncidence ; il est évident que nos ennemis feraient tout pour empêcher un tel mariage. Quel que soit le fond de cette histoire, j'ai l'intention d'honorer la dernière volonté du Régent. Louis, Alanya, puisque nous sommes amis, que nous partageons les mêmes craintes et que nous aspirons tous les trois à chasser les serpents de la cour... pourrais-je compter sur votre soutien ? »
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: La Flamme du Nord leur cuira le cul [Louis] [Alanya] Mar 10 Déc 2019 - 23:53 | |
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Incroyable.
Refroidi depuis des mois, enterré six pieds sous terre, encore, le corbac trouvait moyen d’attiser la haine de ses pairs. Maudit soit-il! Sa femme avait emprunté si souventefois ce patois, que même Louis en était venu à l’utiliser. Et cette fois était prompt moment pour le confirmer : même juché sur l’une des plus hautes marches de la péninsule, Aymeric s’était assuré de la prospérité de sa parentèle. Des actes qui ne faisaient que confirmer l’égocentrisme cuisant qui animait l’ex-patron de Serramire. Une poignante différence qui mettait Louis à part de ce personnage, compte tenu du fait qu’icelui n’avait jamais usé de leur amitié à ses dépens. Or, Louis mâchouilla sa langue à quelques reprises et ne put réprimer un regard dubitatif envers sa femme, omettant momentanément les griefs qu’il avait envers elle pour mieux revenir à Arnaud.
« Heh bien … Votre paternel ne vous aura pas négligé dans son trépas, affirma Louis de manière incertaine, ne sachant toutefois déroger de son ton avenant et empreint d’amitié. Et cela est tout en son honneur. Nombreux omettent de s’acquitter de cette lourde tâche avant de renoncer à la vie. Quoi de plus normal pour un père que de s’assurer du bonheur des siens et à un régent du bien de ses proches ? »
Louis raffermit sa position sur son fauteuil, comme s’il cherchait position plus confortable dans cette discussion épineuse. Finalement, sa grosse patte se posa sur la cuisse de sa femme, qu’il tâta inconsciemment dans une réflexion parallèle.
«Toutefois, vous m’accorderez que c’est un projet qui ne manque pas d’ambitions. Si nous vous assurons notre soutien, rien n’est moins certain que cette union aboutisse. La nouvelle connue, les jaloux, les fomenteurs et de pernicieux sang-bleus fuseront de tous les racoins du Royaume et chercherons à contrevenir aux dernières volontés de feu votre père. De cela j’en suis hélas bien certain. » S’il ne put lui donner de but en blanc l’assurance de son soutient, une chose se confirma malgré lui, c’était qu’il entretenait pour cette soudaine annonce un avis bien mitigé.
« Nous nous assurerons que jamais mal ne vous soit fait tout comme à votre promise. J’en fais ici devant vous la promesse solennelle, mon bon ami! » À l’intonation plus franche qu’il donna à son engagement, le pansu qui tantôt tripotait on-ne-sait-quoi près du buffet, revint noyer leur coupelles de bon cru. « À notre amitié. Au Nord! »
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| | | Arnaud de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: La Flamme du Nord leur cuira le cul [Louis] [Alanya] Mer 11 Déc 2019 - 12:14 | |
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C'était peu dire que les mots du marquis Louis écorchaient la bouche qui les prononçait. Celui-ci eut beau assurer Arnaud de son soutien, il ne manqua pas de l'enrober d'une bonne dose de conditionnel et de mises en garde contre les fameux jaloux qui chercheraient à entraver son mariage. Et vous espérez les voir réussir, Louis, songea Arnaud. Le beau tableau qu'ils faisaient, le marquis et son épouse ! Le premier tout chafouin, tentant de masquer son trouble derrière sa sympathie naturelle, et la seconde étrangement silencieuse, craignant sans doute de ne pas pouvoir retenir son fiel si elle prenait la parole. En cet instant, la vérité éclatait au grand jour : Serramire et Sainte-Berthilde, les deux inséparables grandes sœurs du Nord, formaient un bien beau duo. Hélas ! Rien ne résiste aux ambitions humaines. Les succès d'Aymeric de Brochant avaient fait briller la première au détriment de la seconde ; Louis ne ferait croire à personne que cela ne le rendait pas amer. Et s'il manquait d'ambition, son épouse en avait pour deux. Maintenant qu'Aymeric n'était plus, celle-là n'attendait que d'avancer ses propres pions pour renverser le cours du jeu. Pour tout le monde, la mort d'Aymeric devait marquer la fin de l'emprise de Serramire sur le royaume. Or, en épousant Alcyne, c'était précisément ce qu'Arnaud tentait d'empêcher. Ce mariage, c'était la garantie dont il avait besoin pour pérenniser ce que son père avait si durement acquis.
Mais loin de s'émouvoir de si peu d'enthousiasme, le Corbin garda cette pensée par-devers lui et trinqua avec son hôte, sans jamais se départir de son sourire jovial.
« À notre amitié, Louis. Cette promesse vous honore et fait de moi votre débiteur. Je saurais m'en souvenir. »
Au vrai, il ne pouvait que comprendre les réticences du marquis de Sainte-Berthilde : si ce dernier avait jeté son dévolu sur Alcyne, il aurait pu professer tant qu'il voulait leur grande et belle fraternité nordienne ; Arnaud se serait gratté le cul avec. A qui irait la régence ? Peu importait, en vérité, la destinée de cette charge appelée à disparaître d'ici quelques années. Mais Alcyne ! Alcyne était à lui ; elle était son droit, son héritage, la seule récompense qui vaille vraiment le coup pour Serramire, celle qui ferait entrer sa descendance dans le cousinage royal. Sa Majesté Bohémond lui avait pris son père ; ce n'était que justice qu'Arnaud lui prenne sa demi-sœur.
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