Sans yeux pour le regarder ou lumière pour l'éclairer, Le chemin n'importe pas plus que la destination, Car il ne pourrait être discerné.
Ainas h'ollo formenya* Karfias de l'An 287 du Xème Cycle Âgé de 68 ans
Cela faisait trois mois que moi et ma sœur avions été adoptés par l'Andraàn'ad. En arrivant au sanctuaire notre sort fut incertain, non pas que le clan n'acceptait pas des étrangers en leur sein, mais il y était de coutume d'avoir l'approbation de tous les membres pour ce genre d'affaire. La question qui fit le plus débat fut notre capacité d'adaptation aux moeurs du clan. Nous venions d'une Noss qu'ils décrivaient comme « religieuse » et « traditionaliste » et craignaient que des idées « passéistes » ne nous polluent déjà l'esprit et le jugement. Pour moi cela ne voulait pas dire grand chose. J'étais encore sous le choc de ce que j'avais vécu récemment, et la chose qui me préoccupait le plus était la sécurité de ma sœur. Afin d'en savoir plus sur nos « penchants idéologiques », une grande majorité des membres de l'Andraàn'ad s'entretint avec nous, individuellement ou en groupe. Conscient qu'il cherchait à évaluer nos « croyances et idéaux », je faisais mon possible pour offrir des réponses satisfaisant leurs lubies. Pour dire vrai, je n'avais pas à beaucoup me forcer, désillusionné que j'étais. Cela fut particulièrement vrai lorsqu'ils abordèrent la question de Kÿria. Comment est-ce que je la considérais ? Ni comme une Mère, ni comme une Très-Sage. Seulement comme une Indifférente ayant abandonné mon clan, ma sœur et moi. Alors que nous avions toujours suivi la tradition de la Symphonie, nous n'avions été secourus le jour où nous en avions le plus besoin. Peut être la haïssais-je, mais ce qui était sûr, c'est que je ne lui pardonnerai jamais et que je la niais : je niais sa toute-puissance, sa maternité, sa bienveillance. Si elle existait réellement, elle n'avait que faire du bien de ses enfants...
La sentence tomba un mois après avoir été recueillis par l'Andraàn'ad : moi et ma sœur pourrions rester et étions désormais des membres du clan. Heureux d'avoir trouvé un refuge durable, je n'avais conscience de toute les implications que cela aurait sur ma vie, sur mon être... C'est ainsi, dans cette sorte insouciance retrouvée, qu'aujourd'hui je suivais Camaendaer le long des couloirs linéaires du sanctuaire. Ce dernier me paraissait sans fin, et chaque jour j'avais le sentiment de découvrir de nouvelle partie. Cela était peut être dû à cet environnement si étranger qu'était le sanctuaire pour mes sens. Troglodyte, la présence végétale y était fortement limitée et la luminosité moindre que dans la forêt, malgré les nombreux puits de lumières aménagés avec soin. Je m'y habituerais peut être un jour. Camaendaer s'arrêta brusquement et je faillis le percuter. Un grand sourire aux lèvres, il m'annonça d'un ton mêlant ravissement et soulagement :
« Nous y voilà enfin ! J'ai cru que j'avais perdu l'endroit !
Je le regardais d'un air interrogateur alors qu'il fouillait dans la petite sacoche qu'il portait autour de sa taille. Il en sortit un ciseau à pierre ainsi qu'un petit objet cylindrique pointu mais creux qu'il enfila à son annulaire droit. Il regarda son annulaire ainsi accoutré d'un air satisfait.
- Bien, bien, bien. Me regardant. Il va falloir que tu me dises qui tu-es. - Au risque de te manquer respect, tu sais parfaitement qui je suis. Lui répondis-je avec impertinence. Après avoir passé plusieurs ennéades soumis à d’incessantes questions pour me juger, cela me faisait mal d'entendre une telle question. - Je n'irai pas jusque parfaitement, mais j'ai tout de même besoin que tu me reparles de tout ça. Me répondit-il, ignorant mon ton. Il pointa du menton le mur. Il faut que j'inscrive ton histoire sur le Ramba Lumenyárëmenya**.
Mes yeux ambrés se posèrent sur le mur auquel je n'avais prêté aucune attention jusqu'à maintenant. En l'observant de plus près, je m'aperçus que les choses que j'avais cru être des aspérités naturelles de la roche se révélèrent être de petites formes géométriques soigneusement et finement taillées. Intrigué, je rapprochais mon visage du mur de manière à pouvoir mieux examiner ces marques. Qu'est ce que cela pouvait bien signifié ? Comme s'il avait lut mes pensées, mon aîné me dit :
- Tous les membres de l'Andraàn'ad ont leurs mémoires, pensées et histoires inscrites sur les murs des sanctuaires. Certains de ces murs sont dédiés au passé, d'autres à la connaissance produite par des années et siècles de réflexion. Étant donné que tu fais désormais parti intégrante du clan, il faut aussi inscrire ton passé dans ce mur.
Je le regardais quelque peu ahuri par ce qu'il m'expliquait. Je venais d'un clan où tout se transmettait par l'oral : l'écrit était quelque chose d'aussi alien pour moi que la fainéantise pour un nain***. Des milliers de questions se formèrent dans mon esprit, mais Camaendar me devança avant que je ne puisse en formuler une seule :
- Allez petit, on n'a pas toute la journée devant nous non plus ! Raconte moi tout. »
À ces mots, il approcha le ciseau du mur ainsi que son annulaire bagué, qui émettait, comme par magie, une fine flamme. Celle-ci ramollissait la roche et il commença inscrire à l'aide de son ciseau la date du jour et mon nom. Fasciné, je commençais lentement à formuler mes pensées, essayant d'exprimer ma courte histoire d'enfant elfe. Mes paroles se transformèrent progressivement en lettres, puis en mots, puis en phrase, et naturellement mon histoire commença à être gravée dans celle de l'Andraàn'ad.
* Sanctuaire de la falaise du nord ** Mur du passé *** Expression couramment utilisée au sein du clan d'origine d'Æ'ranûron pour exprimer la distance entre deux concepts ou idées.
Lorsque les biens et les émotions ne sont plus, Rien ne nous empêche, De nous engager sur les chemins les plus hasardeux.
Inscription sur le Ramba Lumenyárëmenya de l'Ainas h'ollo formenya Sur l'histoire d'Ithra'phel, enfant recueilli par l'Andraàn'ad Récit daté de Favrius de l'An 286 du Xème Cycle Ithra'phel était alors âgé de 67 ans
Ma vie commença des plus simplement. Né de l'amour que deux Ornedhels se portaient mutuellement, je fus suivi une vingtaine d'année plus tard par ma sœur, Amarthalyth. Notre clan existait depuis la naissance des elfes, vivant dans le protectorat de Malereg. Nous avions toujours préféré une vie calme et paisible, dans le respect le plus total de l’œuvre de la Mère. Millénaires de dévotion qui eurent pour toute réponse l'abandon...
Je me souviendrais toujours de ce jour de printemps qui naissait à peine. Jour qui marquera mon être à jamais, qui changera irrévocablement mon futur. Une matinée comme les autres. Alors que je jouais avec Amarthalyth, elle se figea soudainement, une expression d'effroi peinte sur son visage. Me retournant, je vis alors un museau carré, à la peau écailleuse et aux mâchoires emplies de dent aiguisée. J'entendis la voix de ma mère, et immédiatement je fis volte-face et prenant par la main ma sœur courut vers le centre de la Noss, le fauve épineux sur nos talons. Un des chasseurs s'interposa et l'arrêta dans sa course, tandis que ma mère nous prenait dans ses bras et s'enfuyait. Par-dessus l'épaule de ma mère, je vis alors les silhouettes d'autres fauves se dessiner. Une meute... Ma mère m'ordonna de détourner le regard, ce que je fis. Après quelques minutes de course, elle s'arrêta et nous déposa au sol. Dans le lointain, nous pouvions discerner les cris des chasseurs et les rugissements des fauves. Ma mère se tourna vers le clan que nous venions de quitter, écoutant attentivement. Puis, porta la main à son oreille dont elle retira un bijoux qu'elle portait depuis toujours. Le placant dans le creux de ma main, elle me dit :
« Ithra'phel, emmène ta sœur au Nord, la cité de Malereg s'y trouve, vous y serez en sécurité. Je viendrais vous retrouver. Partez maintenant ! J'ouvris la bouche pour protester mais elle m'interrompit. Fais-le pour ta sœur !
Me poussant fermement vers le Nord, je ne pus que m'exécuter. Je me mis à courir comme un fou, tenant par la main Amarthalyth. Au fond, je savais que nous ne reverrions jamais ma mère. Mais je préférais que ma sœur n'assiste pas à cela. Je voulais mettre le plus de distance entre le massacre ayant lieu et elle... Par un miracle quelconque, les fauves ne nous donnèrent pas chasse. Je suppose que le sang et la chaire des membres de notre Noss satisfirent l'appétit de la meute. Mais nous étions deux enfants isolés et fatigués au milieu de l'Anaëh. Cette situation n’était pas viable, et j'étais conscient qu'il nous fallait trouver refuge où que ce soit aussi rapidement que possible. Alors nous marchâmes inlassablement vers le Nord. Une journée se passa, puis une autre. Le troisième jour, nous étions tous deux épuisés, n'ayant pris le temps de dormir ou manger. Nous fîmes une pause, collectant quelques bais des arbustes avoisinants et nous abritant sous les immenses racines d'un chêne. Nous échangeâmes quelques mots, et décidèrent de nous reposer la nuit en ce lieu. Malgré la fatigue accumulée, ma nuit fut agitée, tourmentée par l'image des fauves nous attaquant. Au petit matin, nous étions prêt à repartir vers Malereg. Après avoir cheminé une petite heure, ma sœur ralentit le pas et me dit :
- Ithra'phel, nous somme suivis.
Je m'arrêtais net, inquiet. Étaient-ce les bêtes ? Amarthalyth dissipa quelque peu mon alarme, m'assurant que cela avait plus à voir avec un bipède. Mais dans l'Anaëh cela pouvait recouvrir de multitudes de réalités, pas nécessairement des plus réjouissantes. Et même si ma sœur était extrêmement sensible à la Symphonie, elle pouvait se tromper. À son âge, personne ne pouvait se réclamer de comprendre le Chant des Arbres. Son intuition était bonne, mais pas infaillible. Nous continuâmes notre route vers le nord, pressant le pas. Ce fut dans une fin d'après-midi tiède que notre poursuivant, ou devrais-je dire poursuivante, nous trouva. Des herbes hautes se mouvaient vivement sur notre gauche, et alors que j'allais ordonner à Amarthalyth de courir, une haute figure elfique en sortit. C'était une elfe, vêtue de diverses peaux d'animaux, aux grands yeux de biches, la peau légèrement dorée et aux cheveux auburn. Je ne pus dire si son visage exprimait de la surprise ou de la déception. Et, comme si cette rencontre avait quelque chose de pleinement banal, elle nous lança avec désinvolture :
- Et moi qui croyais trouver deux farfadets, me voilà face à une découverte bien plus intrigante. Que font deux enfants seuls dans la forêt ?
Je croisais le regard de ma sœur, qui semblait tout aussi perdue que moi. La situation était définitivement des plus étranges, et les manières si décontractée de l'étrangère ne faisaient rien pour améliorer ce sentiment. J'étais méfiant, mais j'avais que peu de choix : nous étions faibles et vulnérables, et seuls, nous n'arriverions jamais aux portes de Malereg. L'étrangère avait deux lames pendant à ses côtés, c'était le meilleur pari que nous pouvions faire dans l'immédiat. Je lui répondis en toute transparence
- Nous sommes de la Noss Lindälma. Mon nom est Ithra'phen, et voici ma sœur Amarthalyth. Nous avons été attaqué il y a trois jours de cela par une meute de fauves épineux. - Ah oui les fauves... Prononça notre interlocutrice. Les avait-elle croisés ? Un espoir s'éveilla en moi, peut être avait-elle rencontré des membres du clan. - Avez-vous vu des personnes de la Noss ? Elle nous regarda tour à tour, puis nous annonça après un léger silence : - Je ne peux pas dire en avoir croisé non. Déception. - Nous souhaitons nous rendre à Malereg. Connaissez-vous le chemin ? Pouvez-vous nous y conduire ? Ce fut cette fois-ci la voix de ma sœur. - Malereg ? Qu'est ce que deux enfants Ornedhels vont aller faire là-bas ? Pensez-vous être accueillis à bras ouverts ? Vous serez sans nul doute considérés comme de jeunes sauvageons embarrassants. Je serais vous, je ne placerai pas trop d'espoir dans cette ville et ses habitants. - Alors que vous conseillez-vous ? Que l'on attende sagement là qu'un prédateur de la forêt vienne nous dépecer ? Lui lançais-je abruptement. À cet instant, je n'avais pas la patience pour des remontrances ou des conseils vides, non pas que j'en avais habituellement. Étonnée de propos si acerbes, elle me fixa de ses yeux bruns, pensive. - Je peux vous proposer autre chose. Je ne sais pas si ça fonctionnera au final, mais ça peut être une autre option... Dans le pire des cas, je vous ramènerai à la cité si vous le souhaitez réellement. - Et qu'est ce que vous proposez ? Demanda ma sœur, une pointe de défiance dans la voix. - Et bien rendre visite à mon clan, quelle autre chose pouvez-vous avoir en tête ? » Nous lança-t-elle, amusée.
Et ce fut ainsi, qu'une bonne ennéade plus tard, nous arrivâmes à l'Ainas h'ollo formenya, le Sanctuaire de la falaise du nord, de l'Andraàn'ad, où nous fûmes tout d'abord accueillis fraîchement, puis adoptés avec sincérité et bienveillance.
Inscription sur le Ramba Lumenyárëmenya de l'Ainas ho Nendëar* Au sujet d'Ithra'phel, jeune apprenti de l'Andraàn'ad Récit daté de Barkios de l'An 366 du Xème Cycle Âgé de 147 ans
Un échec, un de plus, et rien de plus frustrant que de s'entendre dire que cela était des plus naturels... Cela faisait un mois entier que j'avais suivi les directions d'Hissaelon avec une résolution à toute épreuve. Pendant un mois, j'avais appris la retenue, et je n'avais prononcé une parole arrogante. Pendant un mois, j'avais appris la rigueur, et j'avais suivi quotidiennement les entraînements aux arts du combat à mains nues, chose que je déteste. Pendant un mois j'avais appris le dévouement, et j'avais aidé tout membre de la communauté dans le besoin, qu'importe la tâche à faire. Pendant un mois j'avais appris les bienfaits de la contemplation, et j'avais observé les préceptes de l'Andraàn'ad.
Tout cela pour rien.
Alors que je m'apprêtais à protester avec force d'une décision à mes yeux si injuste, mon aîné leva la main m'imposant le silence. Il me dit :
- Je t'ai demandé ce que tu as appris sur ce dernier mois, ta réponse m'indique absolument rien. Tu te complais dans l'illusion de l'apprentissage, non pas dans sa vérité. - J'ai suivi tes leçons et tes conseils : modestie, sagesse, altruisme et discipline ! J'ai mené les actions qu'il fallait pour apprendre les leçons de ces vertus ! - Es-tu es assez arrogant pour penser qu'en un mois tu aurais appris tout cela ? - Un mois ? Cela fait 50 ans que nuit et jour je m'échine à suivre ta guidance ! Si je n'apprend pas assez bien, peut être devrais-tu remettre en question tes enseignements ! - Ça suffit Ithra'phel ! Cette fois-ci, ce fut la voix d'Elveduï, se tenant à côté de Hissaelon, qui se fit entendre. Habituellement douce, elle était à cet instant sèche et ferme. Garde ton impertinence. Tu ne sais ni écouter ni observer et encore moins réfléchir. Les paroles d'Hissaleon sont justes, ses conseils avisés. Tout ce que tu y vois sont des étapes, des cases à cocher, pour que tu puisses affirmer l'avoir fait et être digne d'être un mage au sein de l'Andraàn'ad. Cela n'est pas apprendre ni comprendre, c'est juste sottement exécuter. Tant que tu restes dans cet état d'esprit, tu ne suivras jamais le chemin d'un mage.
Même si je ne voulais l'admettre, j'étais incroyablement blessé et vexé d'entendre cela. Me drapant dans ma dignité, je fis volte-face et partis furieux de la petite pièce où nous étions réunis. Jamais on ne m'avait félicité pour les efforts que je faisais. Je n'avais le droit qu'à des remontrances et autres brimades. Je ne faisais jamais assez bien. Mais je ne désespérais pas, non, jamais. Quelques heures eurent à passer pour me permettre de vider ma colère, heures pendant lesquelles j'avais arpenté l'intégralité du sanctuaire d'un pas décidé. Assis sur une roche et regardant fixement devant moi, ce fut Amarthalyth, qui venait de terminer un entraînement martial, qui fut la première à m'adresser la parole, malgré mon air fort mécontent :
- Toi, tu t'es encore fait recaler, me lanca-t-elle d'un ton légèrement amusé. - Quelle perspicacité et merci pour ton soutien, répliquais-je sèchement. Nullement impressionnée par mon ton elle continua : - Je pense que tu finiras par enterrer Hissaleon avec un tel caractère. - Si cela peut m'aider à devenir mage, pourquoi pas. Sa sœur eut un léger rire à ces mots. Éclats qui me calmèrent légèrement. Pour une raison qui m'échappait, elle était une des rares dont la présence et les dires m'apaisaient plus qu'ils ne me contrariaient. Elle me dit doucement tout en m’enlaçant et posant sa tête sur mon épaule : - Hàno**... Si tu te braques dès que l'on te fait une remarque tu ne seras pas ce que tu souhaites devenir. »
Je répondis à cela par un soupire agacé. Même si je ne voulais l'admettre ouvertement, au fond, je savais qu'elle avait raison. Je savais que Hissaelon et Elveduï avaient raisons... Je laissais une colère froide et sourde me guider, celle qui était naquie il y a de ça soixante-dis ans à la mort de mon clan d'origine, à la mort de ma mère. Je ne savais vers qui diriger cette haine, mais je savais qu'elle dessinait les contours de mon caractère, qu'elle influencait mes pensées, mes réactions et mon comportement... Mais elle me donnait aussi la force de continuer et de persévérer. Elle me donnait la rage de vaincre, et je leur montrerais qu'ils se trompaient à mon compte : je ravalerai mon orgueil et j'apprendrai à être patient... Je le ferai : j'étais déterminé à devenir un mage, je voulais apprendre et savoir manipuler le feu, comme Camaendaer.
Je le serais, qu'importe le temps que cela prendrait...
Inscription sur le Ramba Lumenyárëmenya de l'Ainas Lindelëanén Au sujet d'Ithra'phel, apprenti élémentaliste Récit daté de Karfias de l'An 422 du Xème Cycle Âgé de 203 ans
Marquez mes mots ! Quel grand jour ! Enfin la Noss m'autorisait à suivre la voix de l'élémentaliste ! Je fus tellement transporté de joie lorsqu'Elveduï m'apprit la nouvelle que je la serra dans mes bras. Chose bien étrange de ma part, étant donné que je ne suis pas une personne des plus tactiles habituellement. Quoiqu'il en soit, aujourd'hui était enfin le moment de ma première leçon magique. Après avoir passé un siècle à me préparer inlassablement, cette journée avait une saveur bien particulière. Douce et épicée à la fois. En un mot : délicieuse.
Il y avait au sein du clan plusieurs élémentalistes, dont trois maniant le feu : Iúlon, Araswen, et bien entendu Camaendaer. C'était d'ailleurs ce dernier que je m'en allais retrouver, non pas qu'il était mon maître désigné, j'étais libre d'aller voir chacun des trois selon mon bon plaisir et mes besoins, mais plutôt que j'avais au cours du temps développé une grande complicité avec le vieil elfe. À vrai dire, il s'était comporté comme un père à mon égard en nous prenant, moi et ma sœur, sous son aile. Il nous avait introduit à l'histoire et aux mœurs du clan, et il nous avait aussi appris à lire et à écrire. Il était un conteur passionnant dont nous restions pendus aux lèvres des heures durant. Pas très difficile pour lui étant donné qu'il était le graveur attitré de l'Andraàn'ad : il avait inscrit dans les murs des sanctuaires les histoires et savoirs de chaque membre sur plusieurs siècles.
Ce fut d'ailleurs facile de le retrouver : comme à son habitude, il était près de l'un des Rambas, dessinant avec habilité de petites formes géométriques, bases de lettres, puis de mots. J'observais son travail, fasciné. À dire vrai, Camaendaer était la raison pour laquelle j'avais souhaité, et je souhaitais toujours, devenir un mage. La première fois que je le vis graver, je fus captivé par par la finesse et la précision avec laquelle il maniait l'élément du feu, élément que j'avais toujours considéré comme ravageur et destructeur de par mon éducation originelle. Soudainement, le feu n'était plus dévastateur, mais transformateur... Changement de perspective radicale qui me fit tomber amoureux de cette forme de magie si décriée par les elfes, allant tant à l'encontre de la nature de Kÿria... Autre point qui me décida pour choisir cette voix d'ailleurs. Plus je peux la renier, plus je me sentirai libre de son emprise.
Alors que j'étais perdu dans mes pensées, mes yeux fixant rêveusement le travail minutieux du Camaendaer, celui-ci me lança jovialement :
- Féliciation Ithra'phel ! - Tu es déjà au courant ? Lui demandais-je étonné et sortant de ma torpeur. - Les nouvelles vont vites que veux-tu. Hochant légèrement la tête vers le mur, il ajouta : je te laisse deviner de la part de qui. Jetant rapidement un œil au titre du passage qu'il était en train d'inscrire, je lus le nom de ma sœur. En effet, les nouvelles vont vites... Es-tu venu me voir pour ta première leçon ? - Une suggestion d'Amarthalyth aussi ? Répliquais-je. - Une supposition de ma part cette fois-ci. Je me disais que tu finirais par arriver, cet air triomphant sur le visage, il fallait bien que j'y sois préparé, ajouta-t-il un brin moqueur. - Et dire que j'ai perdu autant de temps avant de venir te voir pour tes enseignements, murmurais-je agacé. Ce n'était pas l'ironie des propos de Camaendaer qui me dérangeait, mais plutôt le siècle passé à essayer de satisfaire les exigences du clan... J'ajoutais, non sans humour : imaginons-que tu sois passés de l'autre côté avant que je commence mon enseignement d'élémentaliste. Tout ton savoir aurait été incinéré** avec toi sans personne pour reprenre le flambeau, si je puis m'exprimer ainsi. - J'espère que toutes tes spéculations ne sont pas toutes aussi morbides gamin ! Me répondit-il, rieur. Quoiqu'il en soit, tu n'as pas à te plaindre. Habituellement le premier enseignement dure autour de cent cinquante ans, deux-cents pour les plus lents. Et la majorité abandonne. - Tu sais bien que le découragement et la lenteur ne font pas partie de mes caractéristiques. J'ai bien assez de défauts comme ça selon certains. - En toute honnêteté, je ne pensais pas que tu réussirais si vite à obtenir l'autorisation. Non pas que je remette en cause ta rapidité de compréhension ou tes capacités magiques...
Je savais pertinemment à quoi faisait allusion Camaendaer : mon orgueil, mon entêtement, mon impertinence. Ce qu'Elveduï résumait poliment en un caractère difficile... Le graveur finit d'inscrire les dernières lettres, puis rangea ses outils dans sa petite sacoche attachée à son bassin.
- Allons dehors, j'ai besoin de prendre l'air un peu ! J’acquiesçais et nous partîmes tout d'eux par le passage par lequel j'étais moi même arrivé. Sur le chemin il me demanda : Sais-tu pourquoi l'étape que tu viens de passer est nécessaire ? - Apprendre la patience, la discipline, la retenue... Répondis-je d'un ton las, presque automatique. Ces paroles, je les avais répété déjà mainte fois. Ceci dit, aujourd'hui je comprenais leur sens profond, même si j'étais conscient que je ne les maîtrisais pas pleinement, si cela était possible. - Oui car tu as réussis. Mais il sert aussi à protéger le clan en écartant toute personne n'ayant pas les qualités et les vertus requises pour devenir un mage. Autorisés des mages irréfléchis seraient la mort du clan : trop d’esbroufe attirerait l'attention et nous condamnerait... Comprends-tu les responsabilités que tu as accepté de prendre sur tes épaules ?
J'acquiesçais. Je n'avais jamais considéré cela sous cet angle, et, à cette lumière, mon dernier siècle prenait un tout autre visage. Face à ce nouveau devoir que l'on me confiait, je me sentais d'autant plus fier d'avoir été accepté comme élémentaliste et d'être considéré digne de confiance. Nous arrivâmes enfin à l'entrée du sanctuaire, cachée par une cascade. Nous prîmes un petit sentier sur la gauche pour nous éloigner du vacarme de celle-ci et nous enfoncer dans la forêt. Nous nous arrêtâmes près d'un chêne aux racines gigantesques. Camaendaer s'assit en tailleur sur l'une de celle-ci, et sortit d'une de ses poches une pipe dans laquelle il fit tomber avec soin du tabac. Quant à moi, je restais debout, appuyé nonchalamment sur la racine.
- Si tu trouves que ton dernier siècle a été rude, dis toi que ceux qui arrivent seront encore plus difficiles. - Au moins cela m'intéressera réellement. - Très bon point ! Un silence s'installa pendant que Camaendaer finissait de préparer sa pipe. Il porta le bec à ses lèvres et créa une petite flamme au bout de son index et majeur qu'il approcha du fourneau. - Laisse moi deviner, tu n'es devenu mage que pour pouvoir avoir un moyen pratique d'allumer cette pipe. Le graveur eut un sourire en coin tout en tirant. Soufflant la première bouffée, il me répondit : - Dans le mille !
Il prit une deuxième puis une troisième bouffée, exhalant la fumée afin de composer des formes géométriques. Je regardais le vieil elfe s'amusait de la sorte patiemment, admirant le talent avec lequel il maniait cette fumée. À la quatrième, la fumée prit la forme d'un fauve ressemblant à un Lygre. Camaendaer leva sa main gauche, puis ferma son poing soudainement tout en formant une grimace étrange sur son visage. Brusquement, le fauve vaporeux flottant paisiblement dans l'air se transforma en un être de feu crépitant qui retomba agilement sur le sol, rugissant. J'eu un sursaut à ce changement de situation si inattendu. Le graveur relâcha son poing et les traits de son visage, et l'animal enflammé s'estompa progressivement, laissant une végétation brûlée là où ses pattes se trouvaient quelques instants auparavant. Je lus sur le visage du vieil elfe une expression satisfaite :
- Impressionnant... Dis-je, quelque peu déstabilisé. - Un petit tour qui provoque générallement cet effet chez ses spectateurs. Répondit-il enjoué. C'est une technique que j'ai apprise et développée lors de mes jeunes années au Temple de Calimenthar de la Quatrième Saison. Et oui, comme toi et ta sœur, je suis une pièce rapportée. C'est l'un des anciens membres du clan, après plus de deux siècles de discussions et d'entrevues, qui accepta de m’amener au sein de l'Andràan'ad, et voir si le clan me jugeait digne d'entrer en son sein. - Pourquoi voulais-tu quitter le culte de Calimenthar ? - Il y a bien deux choses que tu ne veux pas être en Anaëh : un humain perdu dans la forêt et un moine de Calimenthar, me répondit-il avec un sourire. Puis il me tendit sa pipe : Allez, essaye gamin. Je le regardais interdit, lui répondant : - Tu es bien conscient que je suis incapable de reproduire ta prouesse, n'est-ce-pas ? - Et bien heureux que tu le saches ! Ça montre que tu n'es pas aussi prétentieux que ce que l'on peut entendre. Prend juste une bouffée, et dis moi ce que tu ressens.
Je m'exécutais. C'était bien la première fois que je fumais. Cherchant à bien faire, je me concentra sur mon corps et ma respiration. Prêt, je pris une inspiration décidée, me retenant de tousser lorsque la fumée chatouilla le fond de ma gorge et passa dans ma trachée. Elle se loga dans mes poumons où je la retins quelques instants. Elle me procura une sensation bien étrange, quelque peu agréable. Puis, presque à contre-coeur, je laissais la fumée repartir, expirant doucement.
- Alors ? - Ce n'est pas désagréable une fois que la fumée est inspirée. J'avais comme une sensation de chaleur. Je pense qu'avec un peu d'entraînement je pourrais même qualifier et définir celle-ci, savoir où elle s'installe précisément... - Intéressant... Je lui tendis la pipe, lui lançant un regard interrogateur. Il n'y a pas de bonne au mauvaise réponse à cette question, c'est quelque chose de très personnel, mais qui selon moi devrait te guider sur ta manière de manipuler le feu. Il reprit une bouffée. Beaucoup d'élémentaliste ne font que manipuler cet élément, ils ne le vivent pas. C'est pourquoi je me suis mis à fumer, pour éprouver ce qu'est le feu et ses effets. Il fixa ses yeux noisette sur moi : Je ne ressens absolument pas la même chose que toi. Pour moi, c'est une profusion d'arômes et de goûts, ce qui n'est pas totalement étranger à ce que d'autres élémentalistes peuvent décrire. La chaleur ceci dit, je n'ai jamais rencontré de mage s'attardant sur cette caractéristique du feu, pourtant ça ne paraît pas illogique étant donné que c'est un élément constutif de toute flamme. - Cela une bonne ou mauvaise chose ? - Tout dépend de ton point de vue. Ce qui est sûr c'est que cela ne va pas te faciliter ton apprentissage, ni mon enseignement ou celui d'Iúlon ou Araswen. D'ailleurs, pendant que j'y pense, tu devrais aller les voir rapidement, ils auront de bons conseils, et tu verras un échantillon des multiples façons de manipuler le feu. À ces mots, je me repoussa vivement de la racine, et fit face à mon aîné : - Et bien je vais aller les voir de suite ! Camaendaer eut un léger rire. Et bien quoi ? - Le bon point c'est que tu es avide d'apprendre... - Et le mauvais ? - Le mauvais, c'est que tu es avide d'apprendre. Tu as les qualités de tes défauts et les défauts de tes qualités... »
Inscription sur le Ramba Lumenyárëmenya de l'Ainas h'ollo Formenya Au sujet d'Ithra'phel, à la mort de Camaendaer Récit daté de Verimios de l'An 685 du Xème Cycle Âgé de 466 ans
Ce matin, des membres de l'Innas'Orthor ont ramené le corps mutilé et sans vie de Camaendaer. Mon sang s'est figé à cette vision, l'effroi emplissant mon être. Je n'arrivais à accepter de voir un tel spectacle. Camaendaer, toujours positif, emplit de joie de vivre. Camaendaer le patient à la sagesse infinie. Camaendaer mon second père... Comment cela était-il possible ?
Il fut expliqué qu'il avait croisé un groupe de chasseur d'une Noss de passage dans cette région. Les chasseurs s'aperçurent qu'il était un élémentaliste, mais surtout qu'il manipulait le feu. Un crime à leurs yeux, car cela allait à l'encontre de la volonté de Kÿria et de sa création. Pour toute forme de jugement, Camaendaer fut considéré comme un hérétique qu'il fallait abattre. Les chasseurs n'y réfléchirent pas à deux fois pour mener à bien cette sentence. Mais tuer une personne pour ses croyances était une chose, la massacrer et la torturer une autre. Il était clair en vue du corps que c'était la deuxième option qui avait été de mise. Une façon d'expurger les crimes et la folie supposés ?
Il fut convenu que la crémation du corps aurait lieu le soir même dans le sanctuaire. Je me suis proposé comme Maître des Flammes de la cérémonie, celui qui créé et nourrit le feu dévorant et libérateur. Ma proposition fut acceptée par le clan. Le corps et la cérémonie seront préparés dans l'après-midi.
Ce dernier hommage n'est qu'une maigre consolation. Personne ne méritait un tel traitement, sauf ceux le lui ayant fait subir...
Inscription sur un mur de l'un des plus profond cachot de l'Ainas h'ollo Formenya Pensées d'un condamné Récit daté de Verimios de l'An 685 du Xème Cycle Âgé de 466 ans
Certains disent que la violence appelle la violence. Je ne saurais dire le contraire. Tout du moins pas aujourd'hui, peut être lorsque j'approcherai le millénaire, si jamais je l'atteins... Car la seule certitude que je peux avoir à ce moment précis est celle de rester pour toujours dans cette cage sombre, froide et humide.
Malgré la cérémonie et mon rôle dans celle-ci, mon cœur ne fut apaisé et le feu ne put purger ma détresse et ma colère. Je n'arrivais à passer outre cette injustice, et le clan avait décidé de ne pas rendre la justice qu'il se doit, pour des raisons de sécurité et de préservation... Foutaises ! Si nous ne savons faire respecter nos idées et nos membres, comment pouvons-nous oser prétendre librement ? Je me mis alors en chasse, me promettant de traquer les meurtriers et de leur faire payer leur crime. Animé d'une rage vengeresse, je ne mis pas longtemps à retrouver les coupables et leur clan de taille fort modeste, trois jours tout au plus. Quel goût étrange j'eus en bouche lorsque mes yeux se posèrent sur leur campement... celui d'un prédateur sur le point d'enfoncer ses crocs dans la chair de sa proie. J'eus aussi à ce moment une vision étrange de mon enfance, le jour où mon clan d'origine rencontra son funeste sort. Mais au lieu d'être celui assailli par un fauve épineux, j'étais cette bête féroce et impitoyable... Eux qui croyaient tant en Kÿria, seraient-ils déçus de la même façon ?Où allait-elle m'arrêter et les protéger ? À cette pensée, une sorte d'excitation fébrile me prit. Enfin, j'allais pouvoir défier la déesse, car même si je n'en parlais pas, je ne lui avais jamais pardonné son abandon. Malgré cette frénésie montante, je ne me précipitais pas, car même si j'étais impatient de leur rendre justice, je n'étais pas devenu inconscient ou idiot. Je me savais seul, je les savais réunis et soudés. Il me fallait ruser, les induire en erreur, les isoler, et leur faire payer un à un. Ma magie fut ma meilleure alliée. Le feu effraye, il disperse et détruit. Il dévore les corps et les espoirs...
Je ne décrirais ce qu'il s'est passé ensuite. Cela, je ne le révélerai jamais. Mais je peux assurer à quiconque lira ces lignes, que l'expression d'horreur sur le visage des membres de l'Innas'Orthor qui vinrent me récupérer était amplement suffisante pour comprendre l'atrocité de ce que j'avais déchaîné. Et qu'importe les contes qui seront racontés à mon égard et les jugements que l'on me portera, je n'éprouve ni remords, ni regrets. J'ai fais ce qui était juste et nécessaire. Mon cœur était bilieux, mais il est maintenant apaisé. C'est désormais mon esprit qui est troublé. Car au final, je n'ai réussi à trouver une réponse à cette question qui me hante depuis ma plus tendre enfance. Kÿria, te moques-tu royalement de toute chose que tu as créées et qui te vénère, ou bien m'as-tu donné raison dans ma rechercher de justice ? Pour la première fois en plusieurs siècles, je ne te conçois pas uniquement comme une ennemie, mais comme une possible complice...
Je me demande combien de temps j'aurais pour peser cette question ? L'éternité, entouré de cette froide obscurité ? Ou bien un court instant avant de me voir à mon tour dévoré par une flamme ardente ? Car en étant ramené au sanctuaire, on m'emmena directement, sans débat ou jugement, dans ses entrailles les plus profondes. Promesse de ne plus jamais voir la l'éclat de la lumière céleste ? Une chose de plus à laquelle je ne peux ou ne sais trouver de réponse. C'est à ce moment précis que je réalise mon ignorance du monde et de moi-même. Les ténèbres m'entourant ne font que faire écho à cet état de fait. La seule chose dont je suis sûr, c'est que je serais jugé par l'Andraàn'ad, aujourd'hui, demain, dans une décennie ou un siècle... Alors j’attends fermement ce moment, et pour patienter, je sonde les profondeurs de ma psyché.
Inscription sur le Ramba Ongwënya* de l'Ainas h'ollo Formenya Condamnation d'Æ'ranûron Eruithel Sentence datée de Verimios de l'An 695du Xème Cycle Âgé de 476 ans
Le dénommé Æ'ranûron Eruithel, changement de prénom désiré par ce dernier, et étant précédemment connu sous le nom d'Ithra'phel, est condamné à l'exil suite aux actes odieux qu'il a commis, mettant en péril la sécurité de l'Andraàn'ad.
Le condamné a interdiction de se tenir en aucun des sanctuaires de l'Andraàn'ad. Si le condamné est retrouvé dans un de ces lieux il sera chassé à mort. Le condamné peut néanmoins avoir des rapports inopinés avec des membres de l'Andraàn'ad au cours de son exil, et ne sera pas poursuivi si ceux-ci ne se révèlent pas être des entretiens réguliers et convenus.
Le condamné verra sa sentence révoquée s'il est capable de prouver sa compréhension de la notion de liberté et de démontrer son affranchissement de sa propre aliénation.
Avant son départ, selon la volonté de feu Camaendaer Laicolassë, sera remis au condamné les possessions suivantes du défunt :
- Le manteau en daim gris avec un col en fourrure noire de Leominis ; - La pipe longue, dont la tête et la tige sont en morta et le tuyau en corne du Leominis ; - La poche à tabac en cuir et le tabac s'y trouvant ; - La sacoche renfermant les outils que Camaendaer Laicolassë utilisait pour graver les récits et les savoirs de l'Andraàn'ad dans les murs de ses sanctuaires ; - Une lettre formulée à son attention par le défunt.
Le condamné se verra aussi retourner les objets qui lui ont été confisqués lors de son enfermement :
- Un pendentif de formes géométriques mêlant plusieurs types de bois, porté à l'oreille gauche le jour de l'arrestation du condamné ; - Une chemise grise à col mao* ; - Une veste ample de coton gris et blanc ; - Des brassières et bottines en cuir fourré. - Une pipe lui ayant été offerte par le clan lors du début de sa formation en tant qu'élémentaliste. À noter que cet objet est le focaliseur du condamné.
La condamnation a été prononcée par Sídhon Norawarthon du Tyar'Orthor, acceptée par Elveduï Ëlavara du Sael'Orthor, et sera mise en œuvre par Amarthalyth Eruihel de l'Innas'Orthor.
Dernière édition par Æ'ranûron Eruithel le Lun 27 Nov 2017 - 20:51, édité 28 fois
Æ'ranûron Eruithel
Elfe
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Sujet: Re: Æ'ranûron Eruithel, représentant de l'Andraàn'ad - Terminé Ven 26 Mai 2017 - 13:21
Penser contre soi, Penser à travers soi, Penser au-delà de soi.
Inscription sur le Ramba Nólëmenya de l' Ainas ho Nendëar Introspection d'Æ'ranûron Eruithel Écrit rapporté en Favrius de l'An 9 du XIème Cycle Âgé de 789 ans
Pour des raisons que je vous expliquerai plus loin, il m'a été accordé, malgré ma sentence toujours en cours, d'inscrire mes pensées et mes expériences des trois derniers siècles venant de s'écouler. C'est ainsi que je suis à ce moment présent au sein de l'Ainas ho Nendëar pour vous compter ces années. Et je commencerai tout d'abord par vous parler de ma psyché...
Impertinent, insolent, arrogant, fier, impulsif, effronté, irréfléchi, orgueilleux... Tant de traits pour décrire celui que j'étais : un gamin au caractère entier et difficile dont l'insouciance si caractéristique de l'enfance avait été remplacée par une colère sourde et aveugle. Haine que je portais entièrement contre Kÿria, la Très-Sage qui, à mes yeux d'enfant, avait abandonné mon clan de naissance. Même si j'étais vif d'esprit et comprenait rapidement les choses, je ne laissais la raison guider mes actions, mais mes sentiments. Ce paradoxe irraisonné laissa de nombreuses fois perplexes les aînés de l'Andraàn'ad, et me conduisirent plus d'une fois à des situations délicates, si ce n'est dangereuses. Mais ce sont aussi ses sentiments impérieux et passionnés qui me permirent de continuer à avancer : je ne laissais rien m'abattre ; à chaque échec, je me relevais et recommençais, inlassablement. Et c'est ainsi que malgré mon comportement chaotique, je réussis à apprend un semblant de discipline et je pus suivre les traces des élémentalistes du clan.
Avec le temps et le développement de mes compétences magiques, je devins de plus en plus sûr de moi, n'arrangeant en rien ma prétention naturelle. Je connaissais ma valeur et méprisais les autres, ceux extérieur à l'Andraàn'ad. Je les pensais inférieurs, enfermés dans leurs croyances passéistes. Et parfois même, je n'étais pas tendre envers les membres de mon propre clan, mais ils savaient me remettre à ma place. Pour autant je n'étais pas de désagréable compagnie : mon assurance me donnait un charisme certain, je faisais preuve d'un humour fin, et je ne rechignais jamais à servir le clan. Mais surtout, j'étais une sorte de modèle, et mon arrogance se justifiait aux yeux de mes frères par mon travail acharné de mage et ma recherche continue de perfection. Je cherchais à m'améliorer constamment, repoussant toujours plus loin mes limites. En vieillissant ma colère s'apaisa quelque peu. Tout du mois c'est ce que je croyais, jusqu'au jour où Camaendaer périt aux mains haineuses d'Ornhedels, fanatique de la Très-Sage qui, pour la seconde fois, j'accusais de ce crime. Évènement qui laissa éclater toute ma rage et ma haine que j'avais enfouies sous un masque de suffisance. Ce fut la première et dernière fois que je me fis autant emporté par mes émotions.
Les conséquences de cette fureur furent sans nul doute des plus bénéfiques pour mon esprit. Interdit de retourner dans le clan tant que je n'aurais pas compris le sens du mot liberté, je me retrouvais vulnérable. Isolé de toutes les personnes qui m'avait aidé à me construire et à me porter, j'étais mis à nu face à moi même. Cela je l'avais pressenti alors même que j'étais retenu prisonnier dans les fins fonds du sanctuaire suite à mon crime. Mis à nu tel un nourrisson venant à peine de naître, je compris qu'une vie entièrement nouvelle m'attendait ou me guettait. Renaissance que je décidais d'accompagner d'un changement de nom, pour refléter cette évolution drastique d'état.
Je suis de nature autonome et indépendant, mais j'étais pleinement conscient que cela ne m'aiderait pas à survivre sur le long terme dans l'environnement impitoyable qu'est Anaëh. Je fus forcé de me rapprocher de mes semblables, ceux que j'avais tant méprisé et dénigré. Je fus étonné de ce que je découvris et je pris conscience de la multitude de perspectives habitant Miradelphia. Je n'étais pas en accord avec tout ce que j'entendais, mais j'ai appris à respecter les opinions divergentes. Au lieux de me braquer, j'essayais d'influencer les pensées et croyances des autres, toujours en veillant de ne pas en dire trop afin de ne pas trahir l'Andraàn'ad ou la mettre en danger. Car s'il y a bien une chose qui sera toujours intacte envers le clan sera le dévouement et le sens du devoir que je lui porte. De la tolérance, j'ai cherché la coopération et la collaboration, essayant de construire avec les personnes qui ont partagé ou croisé ma vie lors de mon exil. Certes je ne me dirais pas aussi bienveillant qu'un prêtre de Kÿria, mais je reste ouvert aux autres et à leurs perspectives sur le monde. Ironiquement, je devins celui qui dépréciait les personnes fermées d'esprit, sans pour autant les condamner. Je reconnais que tout à chacun peut évoluer, mais je reste exigeant et lucide. Enfin, le calme et la prise de recul, ces deux traits dont mon esprit et ma conscience avaient tant besoin. Être confronté à tant de situations différentes me força à me remettre en question et à prendre de la distance avec les événements pouvant m'affecter. Plus détaché des choses, je sais pour autant que mon caractère naturel, impulsif et emporté, est toujours là et ne s'en ira jamais car il est celui qui porte et alimente mon désir de vivre et de continuer à découvrir les richesses de ce monde. Telle l'eau qui dort, je sais que, si poussé dans mes retranchements, cette partie de moi pourrait ressortir et s'exprimer, plus terrible que jamais. La question que je me pose serait pour quelles raisons ? Peut être si les choses qui me sont le plus chères sont menacées, l'Andraàn'ad, ma sœur, ma liberté... Ces choses que je protégerais envers et contre trous. Peut être un jour le découvrirais-je quelles sont ces choses, mais j'espère sincèrement que ce jour n'arrivera jamais.
Pendant longtemps j'ai cru que Kÿria avait marqué mon destin. Pendant longtemps je me suis complu dans cette douce illusion, refusant de voir et confronter mes propres défauts et manquements, la blâmant de tous les maux m'affligeant. Mais aujourd'hui je discerne limpidement les desseins du monde. Ni bénévoles, ni malévoles, ils sont neutres en toute intention et tout objet. L'individu est le seul à déterminer sa façon de percevoir le monde, de vivre son existence, de construire sa réalité. Ni dieux, ni destins, n'ont d'influence en cela. Nous sommes seuls dans nos décisions et choix, à nous d'en assumer les conséquences.
Enfin je comprend avec sagacité la pensée et philosophie de l'Andraàn'ad. Je vois cette vanité qui m'habitait, et je ris de ma propre arrogance et de celles de tant d'autres.
Vivre en pays étranger, C'est apprendre à observer et penser différemment, C'est prendre conscience de ce que l'on a laissé derrière.
Inscription sur le Ramba Lumenyárëmenya de l' Ainas ho Nendëar Au sujet de l'exil d'Æ'ranûron Écrits rapportés en Favrius de l'An 9 du XIème Cycle
Au sujet d'Æ'ranûron, le jour de son départ Récit daté de l'An 695 du Xème Cycle Âgé de 476 ans
Les premières années de mon exil furent les plus difficiles, et sans l’événement, sans précédent dans l'Anaëh, que je vais vous conter ci-après, je doute que j'aurais survécu longtemps. Mon extraction de ma prison souterraine fut des plus pénibles. Mon corps avait été affaibli par les années d'emprisonnement, et même si mon esprit était resté fort et déterminé, retrouver la lumière du soleil et l'air frais de la forêt eut un effet euphorisant sur tout mon être. Je suppose qu'étais peint sur mon visage un air de contentement béat. J'avais l'impression de renaître... Quoiqu'il en soit, mon jugement fut rapide, on m’énonça la sentence et me donna mes possessions et le legs de Camaendaer ainsi que quelques provisions. Puis, on me servit un repas frugal que je savourais avec lenteur, tout en réfléchissant à la condamnation que l'on m'avait servi. Et, alors que je pensais quitter le sanctuaire pour mon long exil sans plus de cérémonie, on m'emmena dans une de ses chambres supérieures. Je fus invité tout d'abord à prendre un bain, puis on m'emmena dans une autre chambre. Là, on me laissa seul avec un mage du Sael'Orthor et deux artisans du clan. Le sage m'expliqua que tout membre condamné se devait de porter une marque distinctive. Celle-ci n'était autre qu'une coloration de l'intérieur de la chevelure d'un rouge écarlate. J’acquiesçais à la nouvelle et laissa les trois elfes s'affairer à finir de préparer le rituel pour donner à mes cheveux cette marque indélébile. En les observant faire, je ne pus m'empêcher de penser que ce rituel était en préparation depuis plusieurs ennéades, si ce n'est plusieurs mois, et il me parut démesuré de dépenser tant d'énergie pour un tel résultat. Quoiqu'il en soit, je n'avais mon mot à dire, et après avoir préparer mes cheveux, c'est à dire notamment les couper eux qui après dix ans tombaient jusqu'au sol, le rituel fut entamé. Tout ce que j'eus à faire fut de rester assis en tailleur en face du sage. Quelques heures plus tard, je ressortais, les cheveux désormais colorés, et fus conduit vers la sortie du sanctuaire où m'attendait un petit groupe d'elfe. Je fus surpris d'y trouver Elveduï, son regard froid perçant de part en part mon être devenu maigrelet, mais encore plus Amarthalyth, dont le visage ne trahissait aucune émotion, ni joie, ni tristesse, ni peine, ni colère. Et je me trouvais incapable de toute réaction émotionnelle moi-même. Je prenais conscience du malaise que je créais de simplement être encore présent dans l'enceinte du sanctuaire. Un autre des elfes m'expliqua, d'un ton ne demandant aucune réplique, qu'ils me serviraient d'escorte pour me reconduire sur la route la plus proche, ensuite ils s'en iraient. Ce voyage dura une semaine, semaine pendant laquelle personne n'échangea de mots avec moi. Au moment de la séparation il n'y eut nulle effusion d'adieux déchirants. Ils me laissèrent sans un mot, sans un regard en arrière. Et moi, opiniâtre, je me jurais que je leur montrerai que je pouvais grandir et comprendre la pensée du clan...
Au sujet d'Æ'ranûron et de son intervention lors de l'attaque des Sombres sur Alëandir Récit daté de l'An 700 du Xème Cycle Âgé de 481 ans
Ainsi, cela faisait cinq longues années que j'étais un exilé. Je m'étais adapté assez rapidement à ce nouveau statut et j'avais vécu principalement en isolation, limitant au stricte minimum mes interactions avec les autres elfes. Je me méfiais de mes frères et sœurs de sang, conscient de leurs préjugés et la rapidité avec laquelle ils pouvaient me juger, moi élémentaliste du feu. Pour survivre, je dus reconstruire ma force physique et affûter mes compétences de navigation dans la forêt. Les premiers temps furent difficiles, mais je finis par m'adapter. C'était lorsque je m'étais finalement fait à l'idée de vivre tel un ermite forestier que le destin frappa de nouveau à ma porte.
Tout avait commencé avec une matinée normale, car même si je sentais une forme d'agitation dans la forêt, je ne pouvais me douter des réels événements y ayant lieu. Contrairement à de nombreux elfes sylvains, je n'avais jamais été très sensible à la Symphonie et était bien incapable de décrire ce qu'il se passait dans des environnements lointains. C'est ainsi qu'après avoir allumé ma pipe, car au cours de ces dernières années j'avais développé de nombreuses habitudes rituelles, dont celle de fumer lorsque je commençais mon errance journalière, que je m'engagea sur un chemin me menant droit au chaos et à la violence. J'ignorais, de fait, trois choses : tout d'abord que j'étais à quelques lieux de la capitale elfique ; deuxièmement qu'un ennemi immémorial, mais m'étant pour le moment inconnu, avaient mené une attaque contre celle-ci ; troisièmement, que maintenant repoussés et dispersés, ils erraient et étaient poursuivis par des soldats elfiques. Alors que je marchais pensif, d'un pas amorti par la végétation recouvrant le sol, et tirant sur ma pipe, mon attention fut attirée par des bruits métalliques fort peu commun dans la forêt. M'approchant furtivement vers la source de ce tohu-bohu, je découvris, au détour d'un chêne millénaire, une scène captivante de par son invraisemblance. Une petite assemblée étaient réunis dans une petite clairière, clairement séparées en deux ensembles distincts. D'un côté, de grands elfes au nombre de six, aux cheveux blonds et aux armures chatoyantes, armés de longues lames courbes ou d'arc en bois blanc. Face à eux, un groupe d'êtres que je n'avais jamais vu auparavant et qui tenaient plus au mythe qu'à la réalité : au nombre de sept, ils étaient eux aussi grands mais beaucoup plus puissants que leurs adversaires, ils avaient une peau grise, tirant vers le noir pour certains. Je m’aperçus alors que l'un des elfes était à terre, se tenant le flanc gauche. Il me parut alors évident que les Taledhels étaient en position inférieure par rapport à leurs opposants et qu'ils se feraient massacrés s'ils restaient pour protéger le blessé. Un leader objectif aurait pris le parti d'abandonner le blessé de manière à limiter les dégâts, mais le groupe de Taledhel semblait, soit de ne pas avoir de chef, soit ce-dernier manquait cruellement de jugeote. Je repris lentement une bouffée de ma pipe, tiraillé entre le fait d'intervenir ou de repartir. Ces elfes feraient-ils quoique ce soit en ma faveur si moi ou des membres de l'Andraàn'ad étaient dans leur position ? Et même si j'intervenais, cela ne garantissait pas une victoire... Pour autant, sans que je sache l'expliquer, la vue de ces êtres, ressemblant à des elfes mais à la peau sombre, éveillait en moi un sentiment de profond dégoût...
Ma décision était prise. Alors que le croisement des lames des combattants reprenaient, le choc des lames faisant raisonner une mélodie métallique dans la forêt, je pris une profonde inspiration, emplissant mes poumons de fumée, comme Camaendaer me l'avait appris il y a deux siècles de cela. Et tout en inspirant, j'envisageais la manière dont j'allais agir. J’envisageais deux options, soit je créais une diversion pour donner une opportunité aux Taledhels d'exploiter une faille d'attention de leurs assaillants, soit j'adoptais une tactique offensive. N'ayant aucune confiance dans les militaires elfiques, ceux-ci allant être tout aussi surpris que les sombres elfes d'une attaque magique, j'optais pour la seconde option. Qui plus est, un autre détail me dérangeait, l'un des ennemis était resté légèrement en arrière, n'était armé, et formait du bout de ses doigts de petits mouvements tout en prononçant à toute vitesse quelques paroles. J'en conclus que c'était un mage, sans pour autant savoir quelle magie il manipulait... La vie peut être ? Cela expliquerait sans nul doute l'avantage qu'avait les envahisseurs, le mage devant les appuyer d'une manière ou d'une autre. Je le pris pour cible de mon sort et bloqua alors ma respiration, gardant la fumée dans mes poumons. Représentant mentalement le sorcier, je l'imaginais alors entrain de brûler, ma fumée l'enveloppant et lui dévorant progressivement les chairs. Il n'avait conscience de ma présence, il ne saurait se protéger, mon attaque serait vicieuse et implacable. J'avais encore besoin de quelques secondes pour expirer mon sort, et même si les Taledhels perdaient du terrain et que l'un entre eux venaient d'être grièvement blessé, je me retenais encore. Nullement troublé par un autre elfe tombant au sol, je me focalisais entièrement sur le mage et son corps... Alors, j'expirais très lentement la fumée, celle-ci entourant progressivement mon propre corps, puis je prononça avec les derniers instants de mon souffle :
Et le mage hurla de douleur, sa peau dévoré par une chaleur ardente. L'effet sur ses camarades fut immédiat, et leur surprise première fut rapidement remplacée par l'effroi de voir leur support se consumer. Les elfes, eux aussi surpris, ne perdirent pas une manière pour contre-attaquer et reprirent du terrain sur leurs opposants. Malgré ces signes positifs, je ne perdais aucunement ma concentration et continuais à réciter rapidement mon incantation. Et alors que les elfes venaient d'abattre trois sombres et que le mage venait de s'écrouler sur ses genoux, je sentais une certaine fatigue s'installer en moi, mais surtout, je sentais quelque chose titiller mes sens. Graduellement, je sentais ma peau se réchauffer, étais-je entrain de perdre le contrôle de mon sort et se retournait-il contre moi ? Pour autant je ne pouvais arrêter maintenant, le mage n'était pas encore mort. Cette sensation désagréable continuait à s'amplifier, devenant à la limite du supportable. Alors je compris : le sorcier était en train de retourner le sort contre moi-même. Il devait sans nul doute être un mage de l'esprit manipulant les perceptions sensorielles et il me retransmettait la sensation de brûlure et la douleur associée que je lui infligeais à l'instant. C'était la seule défense qui lui restait. Plus je soutenais mon sort, plus je souffrais du sien. Mais je ne pouvais renoncer, aussi bien pour donner toutes les chances aux militaires elfiques, que pour contenter mon propre orgueil. Fermant les yeux, je serrais ma mâchoire, refusant d'hurler à la douleur croissante. Je ne pouvais admettre être vaincu aussi facilement : cela était un duel de volonté entre ce sorcier et moi, cela était une réelle agonie...
Alors j'entendis un rugissement et je me forças à ouvrir péniblement les yeux. Je découvris alors l'un des rares Drows encore debout se ruer vers moi. Face à cette vision d’horreur, mon instinct me hurlais de courir, ma résolution de continuer et d'achever le sorcier. De toute façon je n'avais plus assez de temps pour éviter l'attaque du sombre, il était déjà sur moi. Son corps puissant entra en contact avec le mien par un choc brutal me faisant voler en arrière sur un mètre. Cela eut le premier effet d'interrompre immédiatement mon sort, comme second de me couper net le souffle. Étendu au sol et étourdi, j'étendis mon bras pour récupérer ma pipe étant tombée à quelque mètres de moi. Mon assaillant arriva lentement à ma hauteur, se traînant, et avant que je puisse mettre la main sur ma pipe, l'écrasa de son pied lourd. Je retins un hurlement de douleur alors que certains de mes os se brisaient sous le poids. Intérieurement je me jurais de me venger, même si en vue de la situation cela était des plus futile. Aveuglé par ma rage, je n'avais vu que le Drow avait soulevé son claymore au-dessus de mon corps, prêt à l'enfoncé dans mes entrailles. Sans doute trop tard, j'essayais vainement de formuler une incantation, mais j'étais trop fatigué de ma lutte précédente pour espérer créer une quelconque barrière à la lame pointée vers moi. Un sifflement se fit entendre, puis le son d'un objet contondant se fichant profondément dans un corps. Le Drow me dominant eut un mouvement de sursaut, puis s'abattit sur moi, sa lame s'enfonçant dans mon abdomen et son corps s'abattant sur le mien. Je ne voyais plus rien, je ne pouvais plus respirer, un goût de sang envahissait ma bouche, et je me sentais partir. Puis, plus rien. * Brûle les chaires, brûle les chaires, transforme son corps en poussière
Au sujet d'Æ'ranûron et de son intervention lors de l'attaque des Sombres sur Alëandir Récit daté de l'An 700 du Xème Cycle Âgé de 481 ans
Même s'ils me donnaient l'impression d'être comme écrasé dans un nuage cotonneux, mes sens se réveillaient progressivement. Je ne pus évaluer le temps qu'il me fallut pour reprendre une conscience minime de mon corps, mon estimation du temps et de l'espace totalement inexistante. Après un moment qui me parut infiniment long, je finis par péniblement entrouvrir les yeux que la lumière baignant la pièce agressa immédiatement. Quelques minutes s'écoulèrent avant que je puisse commencer à discerner mon environnement. J'étais allongé dans un lit aux draps blancs situé dans une petite pièce dont les murs étaient recouverts de bibliothèques, avec un miroir intercalé entre deux étagères. À quelques pas du lit se trouvait un petit cabinet où je pus distinguer toute une gamme d'onguent et autres remèdes... Où diable pouvais-je être ? Dans l'espoir de trouver une réponse, je fis une tentative pour me redresser qui ne résultat qu'en une douleur aiguë au niveau de l'abdomen me faisant serrer la mâchoire à tel point que je grinça des dents. J'étais donc contraint à attendre patiemment, allongé dans ce lit. L'attente ne fut pas longue, et lorsque la porte me faisant face s'ouvrit doucement une elfe aux cheveux d'argent et portant une cruche remplit d'eau se révéla, une expression de surprise sur le visage en me voyant éveillée. Surmontant son étonnement premier elle me dit :
« Je ne pensais pas que vous seriez réveillé si vite. Ce fut à mon tour d'être interloqué par l'accent étrange de l'elfe. Était-ce celui des elfes des cités ? Ne souhaitant la laisser dans l'embarras, je lui répondis en adoptant un ton léger : - Et je pensais être mort. L'humour ne semblait pas être l’apanage des Talhedels remarquais-je en observant le visage toujours aussi interdit de mon interlocutrice. Cette-dernière, cherchant sans nul doute à cette situation qu'elle jugeait dérangeante, se dirigea vers le cabinet ou elle s'assit. - Souhaitez-vous boire ? -Avec plaisir. Immédiatement, j'entendis le bruit de l'eau versée dans un gobelet qu'elle m'apporta. Me redressant autant que possible sans hurler de douleur, je pris le gobelet d'une main et le porta à mes lèvres. Cette eau eut une saveur tout à fait délicieuse. Je suppose que cela était plus dû à mon état de convalescence plus qu'à la qualité intrasseque de l'eau. Quoiqu'il en soit je fis un signe de tête reconnaissant à la jeune elfe. Puis lui demanda : - Comment vous appelez-vous ? - Anneth. Un léger silence. Et vous ? - Æ'ranûron, répondis-je sans hésiter. Étrange comment je m'étais habitué à ce nom en quelques années... Pouvez-vous me dire où je me trouve ? - Vous êtes dans la demeure de ma famille, tout du moins mes frères et moi même, dans la cité d'Alëandir... Après une courte hésitation elle ajouta à voix basse, comme si elle souhaitait que je ne l'entende pas. Ils vous sont très reconnaissants, sans vous, ils seraient sans nul doute mort à l'heure où nous parlons. - Vos frères sont soldats ? Elle hocha de la tête à l'affirmative. Et vous ? - Je suis une prêtresse de Kÿria. À cette réponse, je faillis recracher la gorgée que je venais de prendre. Le destin avait réellement décidé de se moquer de moi ! Moi qui n'avait jamais porté la déesse dans mon coeur, voir même avoir souhaité sa mort à de maintes reprises, j'étais secouru par une de ses prêtresses... Ironie quand tu nous tiens. Ma contrariété dû être lisible sur mon visage car elle enchaîna rapidement : J'ai suivi les préceptes de Calimenthar pour vous soigner autant que possible. - Qu'est ce que Calimenthar a à voir avec la manière de me soigner ? Lui demandais-je, surpris et confus. - Vous manipulez le feu, vous devez donc être un prêtre de Calimenthar... Anneth prononcait ses paroles de plus en plus rapidement, son malaise grandissant à vue d'oeil. J'eus un léger soupir, me rappelant de certaines discussions que j'avais eu avec Camaendaer au sujet des cultes du dieu guerrier. Leur ségrégation ne semblait pas être un mythe. Je répondis avec calme : - Je ne suis affilié à aucun culte, vous auriez bien pu me soigner en suivant les principes du dieu qui vous chante, cela ne m'aurait pas affecté plus que de raisons, tant que je suis remis sur pied... Et presqu'à contre coeur je finis : et si vous préférez vous en tenir aux préceptes de Kÿria, faites donc ainsi.
Mon interlocutrice eut l'air quelque peu interloquée par la pointe de dédain perceptible dans mes paroles. Elle finit par hocher la tête et me demanda si elle pouvait enlever mes bandages afin de nettoyer ma plaie et y appliquer quelques onguents. Je lui répondis par l'affirmative, et me recouchant la laissa s'affairer à la tâche.
Je fus ainsi coincé dans ce lit pendant deux ennéades durant, mon impatience de sortir de cette pièce grandissant à chaque instant, non pas que je n'avais pas essayé de sortir plus rapidement, mais Anneth se montra d'une fermeté inflexible, chose que je n'aurais pas soupçonné à priori, et refusa que je sorte tant que ma guérison n'était pas plus aboutie. Au total, je serais resté quatre ennéades entières en convalescence. Enfin, le moment de s'extiper de cette chambre était arrivé, et je ne pu cacher ma joie à cette annonce, ce qui sembla amuser la Taledhel.
- Je viens de remonter tes affaires, je les ai déposé sur la chaise. Habille toi et rejoins-nous pour dîner. - Nous ? - Bien entendu, mes frères et moi-même. Une réunion de famille ? L'idée ne me plaisait guère... - Je te suis plus que reconnaissant de m'avoir rafistolé comme tu l'as fait, mais je ne voudrais abuser de ton hospitalité. Je peux prendre congé dès maintenant si toi et tes frères préférez. Pour tout réponse elle haussa les épaules, un air agacé sur le visage. - Nous vous attendons dans la salle à manger, prends à droite après avoir descendu les escaliers. ^ Ne me laissant le temps de répondre, elle s'éclipsa, et je laissa échapper un soupir. Je suppose que je n'avais plus réellement le choix. Je me leva et me dirigea vers la chaise où étaient mes affaires. Se faisant, je passa juste devant le miroir de la pièce et mon regard fut inexorablement attiré par l'image qu'il me renvoya. J'y découvris un Ornedhel svelte de haute taille, approchant des deux mètres, à la peau relativement claire et aux nuances dorés. Malgré la période de convalescence, mon corps restait sculpté d'une musculature fine, témoignant des nombreux entraînements martiaux auxquels, il faut bien l'avouer, j'avais assisté par contrainte. La perfection de cette musculature était déformée au niveau de mon abdomen de par la blessure que j'avais reçu. N'y prêtant pas plus d'attention que cela, je commença alors à examiner mon visage, sur lequel il était facile de lire mes origines sylvaines, qui se révélait être un subtil mélange entre des traits affirmés et des courbes juvéniles. Deux perles d'ambre dorée étaient fichées sur ce visage, me dotant d'un regard que certains décriraient comme félin, d'autres comme mystique. Mon visage était encadré de longs cheveux d'un noir de jais, irrémédiablement teinté de rouge écarlate, marque des exilés de l'Andraàn'ad.
Ne m'attardant pas plus que de raisons sur cette vision, je m'habilla rapidement, heureux de retrouver toutes mes affaires dans un état impeccable. Après avoir enfilé mon manteau de daim gris, j'y rangea avec précaution dans la poche intérieure ma pipe et ma poche à tabac. Je pris enfin le pendentif que ma mère m'avait donné lors de notre séparation finale. Ce jour avait été celui à partir duquel j'avais nourri une certaine haine envers Kÿria, que j'avais symbolisée dans ce bijoux. Aujourd'hui, ce sentiment n'était plus aussi fort, tout du moins il avait évolué, et porter ce bijoux semblait déplacé. Après un court moment d'hésitation, je le mis finalement à mon oreille gauche, puis sortit de la pièce et descendit les escaliers s'offrant à moi. Arrivé en bas, j'eus la tentation de m'éclipser de l'habitat une bonne fois pour toute, mais respectant mes hôtes, je pris à droite. Je n'eus qu'à faire quelques pas pour trouver la petite fratrie rassemblée autour de la table à manger, affairée aux dernières préparations pour le repas. Je reconnus facilement les deux frères. Le premier, qui devait être le plus jeune des deux, dépassait largement les deux mètres et sa stature témoignait de sa carrière militaire. Ses cheveux, qu'il portait relevés en une queue de cheval, étaient plus blonds que ceux de sa sœur, mais ils avaient les mêmes yeux d'un bleu océan. Je l'identifia comme celui qui était à terre à mon arrivée dans la clairière. Le second frère, était celui qui s'était battu avec férocité remarquable. Légèrement plus petit que son frère, son visage était sensiblement plus marqué et dessiné, ses cheveux coupés court approché du blanc immaculé tandis que ses yeux affichaient une couleur grise, lui donnant un regard perçant. Aucun des Taledhels ne m'avait encore remarqué, et je me sentis obliger de me racler la gorge afin de porter ma présence à leur attention, et, comme par magie, les trois arrêtèrent immédiatement leurs actions, me fixant. Ce moment quelque peu gênant fut interrompu par le plus petit des deux frères, qui se dirigea vers moi à grand pas, un sourire radieux aux lèvres :
- Ne reste pas sur le pas de la porte comme ça voyons ! Puis me tendant une main. Je m'appelle Thiristaer Loceath. - Æ'ranûron Eruithel, répondis-je d'une manière neutre, sans même prendre la peine de lui serrer la main, car soyons bien honnête cela ne me traversa même pas l'esprit, étant une forme de salut qui m'était totalement inconnu. Faisant fi de mon manque de politesse manifeste, il me prit par les épaules et m'entraîna vers la table. - Tu as déjà rencontré ma petite soeur Anneth n'est-ce-pas ? J'ai cru qu'elle allait te garder enfermé là-haut pour toujours, et elle a refusé catégoriquement que nous venions te rendre visite afin que tu te reposes complètement. Et voici Heledhar, mon petit frère, que tu as sauvé d'une mort certaine. Le dénommé m'adressa un signe de tête reconnaissant. - En vue de la situation, je dirais même que je vous ai tous sauvé d'une mort certaine, dis-je, une pointe d'arrogance agacée dans la voix. Ceci ne sembla pas perturbé plus que cela Thiristaer qui éclata de rire : - Et aucun de nous ne peux te contredire sur ce point !
Je fus prié de prendre place, et je m'exécuta sans un mot. J'eus alors l'occasion d'oberver une farandole de mets, servis dans des plats de petite contenance, répartis sur l'ensemble de la table. Je regardais cela avec curiosité, ce qui m'était présenté semblait fort différent de ce à quoi j'avais été habitué au sein du clan, et, même si je ne l'aurais pas avoué, avec appétit, car j'avais mangé rigoureusement la même chose sur les deux dernières semaines, malgré mes protestations. Une fois tous attablé, un silence s'installa, j'attendais, salivant, qu'un signal quelconque soit envoyé pour que le repas commence. Ce fut Anneth qui envoya le signal en s'adressant à moi :
- Que souhaites-tu prendre ? Je fus quelque peu surpris par sa question. Au sein de l'Andraàn'ad, aucune étiquette n'existait pour les repas, et chacun se servait comme bon lui semblait. Me demander ainsi de choisir ce que je voulais me paraissait bien étrange... Je décidai de botter en touche. - J'avoue ne pas être familier avec les plats présentés... Aurais-tu un conseil par rapport à ma condition ? Je pus remarquer des sourires amusés se dessiner sur les lèvres des deux frères. - Je te conseillerais de manger de la mousse de racine de Solch et des bais sur des galettes de farine de pois.
J'eus un hochement de tête, et pris ce que j'avais identifié comme les plats qu'elle m'avait indiqués. Une fois que je fus servi, ce fut au tour des trois autres de s'attaquer aux plats. Quoiqu'il en soit, entre deux bouchées, nous commençâmes à discuter. J'appris ainsi que Thiristaer et Heledhar faisaient tous deux partis de l'armée royale. Le premier était sous-lieutenant des épéistes de l'infanterie, le second faisait parti du corps des Éperviers. Il faisait en réalité parti d'une longue lignée de militaire, leurs propres parents ayant passé leur vie au sein de l'armée Royale, Anneth étant quelque peu l'exception s'étant vouée à la religion. Alros que le repas touchait à sa fin, vint inexorablement le moment où je dû moi même m'introduire plus en détail à la demande d'Heledhar, qui semblait faire preuve d'une grande curiosité par rapport aux Noss.
- Je suis membre de l'Andraàn'ad, un clan de petite taille, je pense que nous sommes une centaine actuellement. - Ton clan vit dans le protectorat ? Me demanda Heledhar, à qui je répondis par un hochement de tête négatif tout en expliquant : - Mon clan est semi-nomade, nous avons plusieurs lieux définis dans l'Anaëh et nous allons des un aux autres en fonction de plusieurs facteurs. Nous vivons en ce moment au niveau de la chaine de montagnes au sud de la ville de Tethien. - Comment se fait-il donc que tu te sois retrouvé près d'Alëandir lors du siège des sombres ? Demanda alors Thiristaer, étonné. - Disons que je suis en mission pour mon clan, et que la chance a voulu que je me retrouve dans cette clairière alors que vous y étiez aussi, assailli par ces drows. Répondis-je évasif. Je souhaitais éviter toute mention de mon exil, il n'était pas nécessaire que des étrangers au clan soient au courant de ce type de détail. - Alors que cherchais-tu près dans le protectorat ? Cette fois-ci la question vint d'Anneth, question à laquelle je ne m'attendais pas et je la fixa quelques secondes avant de répondre : - Des recherches en rapport avec la magie du feu. - Donc ton clan vénère Calimenthar n'est-ce pas ? Je me crispa légèrement à l'attente d'une telle affirmation, qui résonnait comme une insulte à mes oreilles, ce pour deux raisons. Tout d'abord par les principes même du clan, qui ne portait aucun dieu sur un piédestal, deuxièmement, la remarque provenant d'une prêtresse de Kÿria, cela ne pouvait être qu'une critique. Je répondis, essayant de rester courtois : - Non, nous n'avons pas de culte spécifique envers Calimenthar. Il m'est arrivé de manipuler le feu car cela a été la forme magique avec laquelle j'ai eu naturellement le plus d'affinité, rien de plus. - Il est rare de trouver des elfes naturellement attirés par le feu, me répondit-elle, une pointe de suspicion dans la voix. - Et il est bien trop commun de voir des elfes vénérant aveuglément Kÿria, lui lançais-je du tac au tac, mais à peine les mots franchirent mes lèvres que je les regrettais déjà. Après les soins qu'elle m'avait procuré, il était injuste que je l'attaque ainsi. À mes paroles, elle s'était soudainement redressée et s’apprêtait à répondre, mais Heledhar fut plus rapide et coupa court à la dispute qui commençait à se bâtir: - En parlant de Kÿria, n'as-tu pas un rite ou quelque chose du genre à faire ce soir Anneth ? - Si d'ailleurs je vais devoir m'en aller. Dit-elle sèchement, se levant et essayant de cacher la colère que mes propos avaient déclenchée en elle. - Au fait Æ'ranûron, je suppose que tu ne connais personne dans la capitale et étant donné que ton clan vit à l'autre bout de l'Anaëh, si cela te dit, nous pouvons t'héberger, le temps que tu restes à Alëandir pour tes recherches. Je fus quelque peu interloqué par une telle proposition, surtout en vue de mes dernières paroles. Quelque peu confus, je dis : - Je ne voudrais m'imposer, et vous avez déjà fait beaucoup pour moi. Aussi, je ne suis pas sûr d'être le bienvenu... Je n'eus pas le temps de finir ma phrase qu'Anneth me coupa net. - Apprend alors que les « fanatiques » de Kÿria font preuve de compassion, et surtout savent pardonner les erreurs et l’aveuglement des autres. Si tu le souhaites, tu es le bienvenu sous ce toit. Me lanca-t-elle, tout en posant une cape légère sur ses fines épaules. Je vais au temple, je reviendrais à l'aube, ajouta-t-elle à l'adresse de ses deux frères. Puis elle s'enfuit d'un pas rapide. Thiristaer fut celui qui rompit le léger silence qui venait de s'installer : - Et bien cela est réglé. Puis s'adressant à moi en particulier, un air quelque peu amusé sur le visage. En tout cas, j'ai rarement vu une personne qui avait le cran de lancer ce genre de chose en face d'Anneth, et surtout qui lui tient tête aussi ouvertement. - Je ne suis pas sûr que cela soit une si bonne chose, répondis-je en un soupir. - Au contraire, si ça peut lui permettre de voir qu'il y a des choses en dehors de Kÿria ça serait pas mal. Ajouta Heledhar. Tu sais, elle est entrée dans le culte de Kÿria, très jeune, peu après la mort de nos parents. Je pense qu'elle y a trouvé un grand réconfort et qu'elle a utilisé cela pour se protéger de la douleur et de la tristesse... J'eus un hochement de tête évasif, cela faisait étrangement écho avec ma propre enfance, sauf que j'avais eu la démarche inverse par rapport à la déesse. Pensif, je demandais : - Ça vous gêne si je fume ? - Pas du tout, au contraire même ! Lanca joyeusement Thiristaer. Je rencontre rarement des amateurs de tabac. Je me suis autorisé à examiner ta pipe, elle est de très belle facture ! Laisse-moi chercher la mienne. Si tu veux j'ai dégotté un tabac succulent l'autre jour au marché ! »
Et la soirée continua ainsi, animée de discussions variées et de concours de façonnage de fumée.
C'est ainsi que mes aventures dans la capitale elfique commencèrent. Ce que je ne savais pas à ce moment là c'était que je venais de découvrir une troisième famille, car en effet, ce que je crus tout d'abord être qu'une rencontre fortuite de passage, se transforma avec le temps en une amitié forte de laquelle j'appris maintes choses. Anneth m'offrit un reflet de ma propre personnalité, peurs et démons internes. Nos confrontations régulières sur les sujets religieux me permit de faire évoluer ma pensée et de devenir plus tolérant envers les croyants, et je lui permis de s'ouvrir à d'autres possibilités et réalités, lui faisant réaliser que Kÿria n'était peut-être pas la vérité absolue. Thiristaer fut celui qui me familiarisa avec les mœurs et la culture des Lëandrins, qui me permit d'observer comment un même concept de bienséance pouvait se traduire de milliers de manières différentes. Heledhar, celui avec qui je devins le plus proche, m'étonna le plus de par son caractère et son recul sur les choses. De lui j'appris la patience et la prise de recul sur ce qui m'entourait. Surtout, sa flexibilité d'esprit vis à vis des autres m'appris à devenir plus souple dans mes propres réflexions et approches au monde, à devenir un peu moins absolu dans mon jugement des autres.
Cecit dit, les Loceath ne furent pas les seuls qui eurent un impact à ce moment de ma vie. Mais cela, je vous le raconterai dans un prochain écrit.
Dernière édition par Æ'ranûron Eruithel le Lun 27 Nov 2017 - 21:09, édité 5 fois
Æ'ranûron Eruithel
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Sujet: Re: Æ'ranûron Eruithel, représentant de l'Andraàn'ad - Terminé Dim 28 Mai 2017 - 17:03
Au sujet d'Æ'ranûron et de sa visite à l'académie d'Alëandir et de sa rencontre au Monastère Flamboyant Récit daté de l'An 733 du Xème Cycle Âgé de 514 ans
Après plusieurs décennies à avoir voyager entre Alëandir et le reste de l'Anaëh, Heledhar finit par me convaincre d'aller visiter l'académie de la capitale. J'avais passé les dernières années à la recherche de connaissances magiques sur la pratique du feu, en particulier sur l'amélioration de la stabilité de ma magie, et bien entendu avais écarté l'idée même d'aller à l'académie, qui n'aurait sans nul doute aucune aide à m'offrir sur le sujet. Malheureusement, mais recherches furent infructueuses, et c'était bien pour cela que je finis assis dans une grande office, un Taledhel inconnu me faisant face de l'autre côté de son bureau démesuré. Il lisait avec attention le bout de papier que je lui avais donné à mon arrivée, papier qui avait été écrit avec soin par la personne m'ayant reçu à mon entrée dans le bâtiment. Alors que je commençais à croire que mon interlocuteur était en fait muet, il se racla la gorge et me lança : - La magie du feu alors ? Je ne répondis que par un hochement de tête nonchalant. Mmm... Avant toute chose il faut que j'évalue vos compétences, vous comprenez... - Je ne suis pas certain de ce que je dois comprendre, mais êtes-vous vous même un élémentaliste de cet élément ? Je sentis que mes paroles avaient légèrement offusqué mon interlocuteur, qui l'air pincé, me répondit : - Il n'y a pas besoin de savoir manipuler cet élément pour évaluer le niveau du mage. Et puis cela permettra aussi de déterminer si vous avez d'autres affinités. - Je suis bien aise de voir que cette magie est si accessible... Mon niveau m'a déjà été demandé à mon arrivée, j'ose espérer que votre collègue l'a bien inscrit sur la note. Aussi, je pense que je serais déjà au courant si j'étais sensible à un autre type de magie, j'ai eu l'occasion de côtoyer un certains nombres d'élémentalistes par le passé. Qui plus est, de ne pas avoir jusqu'à présent fait preuve d'un quelconque attrait « naturel » pour un autre élément, je n'ai aucunement l'envie de développer ma magie dans une autre branche. Ainsi, coupons court à toutes les formalités inutiles nous faisant perdre notre énergie et, vous comprendrez, que j'aimerais passer au vif du sujet. Avez-vous dans cette académie des mages avec qui je pourrais échanger de manière constructive sur le sujet ? La réponse du mage se fit attendre, un sentiment outré manifestement présent sur son visage. - Comment osez-vous remettre en cause les pratiques de l'académie ainsi jeune insolent ? JE dois évaluer vos compétences, que cela vous plaise ou non, et ce sont d'ailleurs les plus incompétents les plus réticents à la tâche. Et JE déciderai si vous pouvez intégrer ou non l'académie et JE vous indiquerai à qui vous adresser de droit. Pensez-vous que vous pouvez aller voir n'importe quel archimage pour les questionner sur des questions de débutants ? À ces mots, une expression de surprise se dessina sur mon visage, qui dû contenter quelque peu le mage face à moi. Non pas que j'étais impressionné par ses remontrances, mais ahuri de voir une telle hiérarchie dans ce lieu de savoir. Au sein de mon clan, nulle procédure était nécessaire pour demander les conseils et les guidances de membres plus expérimentés. Bien maintenant que vous semblez être redescendu de vos grands chevaux, nous allons pouvoir... Mais attendez ! Que faites-vous ?! - Après réflexion, je doute que ce lieu soit fait pour moi très vénérable mage. Lui répondis-je d'un ton sarcastique, alors que j'étais déjà au niveau de la porte de son office. Veuillez m'excuser pour vous avoir fait perdre votre si précieux temps.
Puis je m'engouffrai dans l’entrebâillement de la porte, ce fut à peine si j'entendis le mage rouspéter derrière moi, traitant au passage les Ornedhels de sauvages sans savoir vivre. C'est ainsi que je retourna bredouilla au foyer des Loceath. Je m'assis sur les marches de l'entrée, sortit ma pipe et après l'avoir préparée, commença à fumer. Je resta ainsi jusqu'au soir durant, réfléchissant à mon problème... L'après-midi se passa ainsi, Anneth, qui revint au crépuscule, me trouva ainsi désœuvré sur les marches.
- Tu as un air lugubre ce soir, me dit-elle alors qu'elle prit place à mes côtés. - Tant que je n'ai pas l'air de planer... - Tu as fumé toute l'après-midi ? Je lui répondis en haussant les épaules. Æ'ranûron je t'ai déjà dis mille fois d'arrêter de fumer autant ! Surtout vu ce que tu fumes ! - Mon tabac d'Alfirin est de très bonne qualité, tu devrais essayer. Elle fit une grimace à l'idée. J'ai l'impression d'entendre ma sœur quand tu me dis ça. - Tu as une sœur ? Dit-elle, étonnée. C'était sans doute la première fois que je la mentionnais. - Oui, une trentaine d'année plus jeune que moi. Si elle est encore en vie. - Tu n'as pas l'air plus inquiet que cela à son sujet... Avec un sourire mystérieux, je lui répondis : - Elle sait parfaitement se défendre, et surtout si quelque chose devait lui arriver, je serais au courant. Lui et Amarthalyth avaient toujours été très proches, et malgré les années de séparation qui s'accumulaient, il ne pouvait croire en l'effacement de leur lien fraternel. - Est-ce qu'elle te manque ? J'eus un rire involontaire à cette question d'une innocence touchante. - Elle et le reste de mon clan... Je poussa un léger soupir, puis regardant Anneth je continuais : quoiqu'il en soit, cela ne sert de s’appesantir là-dessus. Revenons au cœur du problème : sais-tu s'il y a de quelconques experts en magie élémentaire des flammes en dehors de l'académie ? Elle me fixa à son tour, pensive. - J'aurais bien une suggestion, mais je doute que tu l'apprécies... - Je suis à cours d'idée alors vas-y. - Le Monastère Flamboyant. Les moines du culte de Calimenthar sont réputés pour cela. Avant que ne pus formuler une quelconque remarque elle continua : je sais que tu ne vénères pas le Dieu guerrier, d'ailleurs je me demande vers quoi se porte ta foi, mais de manière pragmatique, je pense que cela est ton meilleur pari. Je poussais un nouveau soupir, cette fois-ci plus long. - Anneth, je n'ai rien contre les dieux. Je les considère simplement d'une manière légèrement différente de la tienne et de celle de la plupart des prêtres. Me redressant j’ajoutai : j'irai demain matin au Monastère dans ce cas. Voudras-tu m'accompagner? - Une prêtresse de Kÿria au Monastère ? Il y a de quoi faire jaser... - Comme tu le souhaites. Je me releva et lui offrit mon aide, qu'elle accepta, pour en faire de même. Une fois rentrés, je continuai : Je me sens las ce soir, je vais aller me coucher directement. Puis après lui avoir déposé un baiser sur le front : Je te souhaite la bonne nuit Anneth. Je te conterai demain comment ma visite au Monastère se sera passée...
Au petit matin, se dressait face à moi un monastère de taille conséquente, composé des pierres blanches si caractéristiques de la capitale, et entouré des fontaines comme le veut le quartier. La porte du monastère semblait irrésolument fermée, et tout en tripotant distraitement ma boucle d'oreille du bout de mes doigts, je me dis que les moines étaient potentiellement encore plus étroits d’esprit que les mages d'Alëandir. Quoiqu'il en soit, maintenant que j'y étais, autant aller jusqu'au bout de la démarche.Moi qui était resté totalement immobile depuis une bonne trentaine de minutes face à l'édifice, m’anima soudainement pour me diriger vers l'entrée. Arrivé, je toqua quelques coups à la porte qui restèrent sans réponse. Au bout d'une poignée de minutes, attendant aussi patiemment que possible, je décidai d'entrer par moi même, tout du moins si la porte n'était pas verrouillée. Il s'avéra que cela n'était point le cas, et après l'avoir ouverte silencieusement, je me glissais dans l'interstice. Je découvris une atmosphère d'une quiétude fort agréable, et l'espace de quelques instants je me crus de retour dans l'un des sanctuaires de l'Andraàn'ad ; la lumière y était tamisée, la température fraîche, et l'ambiance silencieuse, troublée par des bruits de pas calfeutrés. La différence majeure résidait dans les échos lointain de chants monastiques, chose qui était absente des pratiques de mon clan. Je fis quelques pas dans ce que je considérais être le hall du monastère. Aux quatre coins de la pièce étaient des braseros crépitants doucement et, au deux murs perpendiculaires à l'entrée, deux grands boucliers enflammés. Nul doute que j'étais dans un lieu de culte de Calimenthar...
- Qui êtes-vous ?
Une voix masculine raisonna soudainement dans le hall, et me retournant je découvris un elfe au regard dur et au visage anguleux affichant quelques cicatrices, le crâne presque rasé, ne laissant que quelques millimètres de cheveux apparents. Il était torse nu, des tatouages courant le long de ses bras, parcourant ses épaules, remontant jusqu'à l'arrière de son cou et disparaissant dans son dos. Pourtant, ce n'est définitivement pas cela qui me dérangea, mais plutôt la sorte de lance qu'il tenait baissée... M'étais-je encore mis dans une situation délicate ?
- Alors ? Claqua sèchement une nouvelle sa voix. - Un visiteur en quête d'aide. Répondis-je d'une manière neutre. - Le Monastère n'est pas une hospice, allez à celle des Libertaires. - C'est avec joie que j'irais visiter ce lieu au nom si évocateur, répondis-je goguenard, mais je crains qu'ils ne possèdent pas ce que je recherche. - Et comment pouvez-vous être si convaincu que ce que vous cherchez se trouve ici ? Demanda-t-il, son visage toujours de marbre. - Les moines de Calimenthar sont connus pour leur maniement de la magie élémentaire du feu. C'est pour cette raison que je me tourne vers votre monastère. - Et vous pensez être digne de recevoir un tel enseignement ? Me demanda-t-il dédaigneusement, et ne me laissant le temps de répondre, continua : je vais vous demander de quitter ces lieux sur le champ. Vous dérangez les rites sacrés de l'aube. - Non, je ne ferais pas un pas en dehors de lieu temps que je n'aurais pu avoir des réponses à mes questions.
Mes paroles, prononcées d'une voix froide, eurent un effet immédiat sur mon interlocuteur, qui sembla se tendre. Ses yeux ambrés me regardèrent avec froideur, il remonta sa lance, pique vers le haut. Tout indiqué qu'il était prêt à m'attaquer. Ceci dit, cela serait une bien malheureuse action de sa part, en vue des braseros présents et de la distance qui nous séparait, j'avais un avantage de taille sur lui. Déjà je me préparais à lancer un sort défensif, ne souhaitant blesser mon interlocuteur, ce qui se révélerait contre productif par la suite. Respirant profondément, je me concentrais sur mon focaliseur dans la poche interne de mon manteau et commençais à psalmodier du bout des lèvres quelques paroles, visualisant d'un côté les flammes les plus proches de mon adversaire, de l'autre le bois de son arme devenant brûlant. Ma préparation ne se révéla pas inutile. Le moine bondit vers moi avec une prestesse étonnante, et alors qu'il était déjà prêt à me mettre à terre avec son arme, je libérais mon sort. Surpris, il jura et jeta son arme à terre, le manche étant devenu subitement aussi chaud que des braises ardentes. La lance, en soit intact, tomba au sol, les échos de sa chute se dispersant dans le reste du temple. Ce sort, pouvant paraitre d'une facilité déconcertante demanda plus que je ne l'avais imaginé de mon corps, sentant plusieurs muscles de mon corps se contracter violemment. Mon adversaire quant à lui s'était rattrapé et se tenait à quelques mètres de moi. Son attitude venait subitement de changer. Il ne me considérait plus comme un elfe égaré, mais comme un ennemi dangereux à abattre. De longues minutes s'écoulèrent ainsi à se juger mutuellement, chacun préparant son prochain mouvement martial. Malgré ce moment d'affrontement, et à force d'observer le moine et son visage, je ne pus m'empêcher d'avoir l'impression de l'avoir déjà rencontré. Enfin, le moine se décida et s'apprêtait à lancer une nouvelle offensive, cette fois-ci à main nue. C'est alors qu'une nouvelle voix retentit.
- Awarthon, assez ! Le moine se figea immédiatement et nous nous tournâmes simultanément pour découvrir un nouvel elfe, habillé de vêtements amples, en haut des quelques marches se trouvant au fond du hall. Malgré la pénombre régnant, je pouvais sentir le regard du nouveau menu me scruter. - Coruven, cet elfe s'est introduit dans le monastère sans autorisation et sans montrer de respect envers Calimenthar. - Mais il est tout de même entrer et il n'a pas porté atteinte à l'intégrité de notre monastère. Lui répondit l'elfe tout en descendant les marches et s'approchant de moi. S'arrêtant, il continua à l'adresse de son disciple : s'il ne vénère pas le Dieu Guerrier, au moins il ne le hait point, et se tournant vers moi, quant à toi, qu'est ce qui t’amène en ces murs étranger ? - Ma magie. - Celle du feu n'est-ce-pas ? Je hochais affirmativement. N'es-tu donc pas aller à l'Académie ? - J'ai essayé pas plus tard qu'hier, mais disons qu'aucune flamme n'est née entre nous... - Je vois... Une lueur amusée dansait dans les yeux bleus du moine, alors qu'ici la rencontre fait des étincelles. - Tout à fait, dis-je détendu. - Coruven, il n'y a rien de drôle en cette situation, me jetant un regard mauvais, il doit sortir de ses murs. - J'aimerais avant cela en entendre plus sur les problèmes magiques de ce frère de sang, Awarthon. Peux-tu s'il te plaît l'emmener calmement dans une des chambres supérieurs ? Je dois m'occuper d'une chose avant.
Le plus jeune des deux moines s'exécuta à contrecœur et me fit signe de le suivre, ce que je fis sans discuter. Arrivés en haut d'escaliers en colimaçon nous prîmes à gauche. J'en profitais pour lui poser une question qui me taraudait depuis tout à l'heure :
- À tout hasard, ne nous serions-nous pas déjà croisés ? - Non. Un énergumène comme toi avec des cheveux teintés de la sorte j'en aurais le souvenir. - Charmant, murmurais-je.
Awarthon ouvrit une porte sur la gauche, révélant une petite pièce lumineuse. Ce que je pris tout d'abord pour une table basse était en réalité une petite fontaine, connectée sans nul doute au réseau de celles du quartier. Je fus invité à prendre place, le moine s'installa en face, après avoir disposé trois petits gobelets sur les rebords du bassin. Un silence malaisé s'installa, lui fixant l'eau, moi la fenêtre. Après une quinzaine de minutes qui parurent être une éternité, la porte s'ouvrit, révélant l'autre moine. Je me rendis compte qu'il était en réalité fort âgé, son visage marqué par de nombreuses rides et ses cheveux blancs comme la neige. Mais cela n'enlevait rien à l'énergie l'habitant, et avec un léger sourire vint vivement prendre place à nos côtés, et ignorant l'ambiance tendue, lança presque jovialement : ^ - Je suis bien heureux de voir que vous ne vous êtes pas entre-tués en mon absence.Il prit place auprès d'Awarthon et emplit son gobelet en le plongeant dans le bassin. Il prit une gorgée. Bien bien bien... Je ne pense pas que tu te sois présenté étranger. Comment te prénommes-tu ? - Æ'ranûron Eruithel de l'Andraàn'ad. - Mon nom est Coruven, l'un des responsables du Monastère, tout comme Awarthon. Il fit un signe de tête vers son collègue. Pour être honnête avec toi, tu as attisé ma curiosité. Je ne pensais pas que des Ornedhels avaient un quelconque intérêt et s'autorisaient à manipuler le feu. - Qui vous dis que je suis un Ornedhel et non originaire d'Ardamir ? Coruven eut un léger rire : - Tes cheveux et ta tenue ne sont pas crédibles pour un Ardamiri, même pour un artiste. Ton clan vénère-t-il Calimenthar ? - Pas plus Calimenthar que n'importe quel autre dieu. Nous mettons les cinq divinités au même niveau, reconnaissons leurs différences, mais les considérons comme égales. Un léger silence s'installa, Coruven plongé dans ses pensées, Awarthon me fixant sans sciller. - Étrange... Pour autant, es-tu conscient que ta manière de manipuler le feu est fort similaire à celle que nous enseignons en ce lieu ? - Première bonne nouvelle de la journée ! J'éprouvais soudainement comme un soulagement de rencontrer quelqu'un qui comprenait un tant soit peu ma magie. Peut être arriverons-nous à avoir une discussion constructive... - Commençons par le commencement : quel est le problème auquel tu te trouves confronté ? - Ce n'est pas un problème très original en soit, voir même le plus commun parmi les mages. Mon soucis se porte sur la stabilité de ma magie. Par essence, le feu n'est pas l'élément le plus stable, mais je pense qu'en outre ma manière de le manipuler n'aide pas. Coruven eut un hochement de tête. - Comment as-tu commencé ton parcours magique ? Peut être que le problème peut être décelé là ? Je marquai une légère pause avant de répondre : - En fait, mon entraînement à l'Art à commencer avant que je ne sois réellement autorisé une quelconque manipulation du Flux. J'ai passé un siècle à entraîner la synchronisation entre mon corps, mon souffle et mon esprit, c'est un passage obligé au sein de la Noss. Lorsque je fus jugé apte à réellement manipuler la magie, j'ai eu une sensibilité immédiate pour la manipulation du feu, et plus précisément sur la perception de la chaleur, qui m'a parut totalement naturelle et évidente. À partir de là, j'ai appris d'une manière assidu, en fait je ne faisais que cela ou presque de mon temps. J'ai appris en « autonomie », disons que j'étais libre d'expérimenter la façon dont manipuler le Flux, mais j'étais toujours surveillé par l'un des élémentaliste les plus expérimenté du clan, histoire de rattraper tout sort hors de contrôle, chose qui m'est arrivé plus d'une fois... - Étant donné que tu étais libre dans ta façon de développer tes compétences, t'es-tu penché vers une technique plus qu'une autre ? - La notion de liberté est toute relative, nous sommes toujours influencés par ce que nous pouvons observer autour de nous. Après que les différents élémentalistes m'aient montré leur Art, plus subtils les uns que les autres, je me souviens avoir tout d'abord essayé une technique de l'une des anciennes du clan, visant à consommer une matière inflammable, typiquement du bois, pour créer une flamme et la manipuler par la suite. Mais cela c'est révélé assez infructueux, et même si j'ai fini par réussir à créer une flamme au bout de maints essais, cette technique me paraissait bien trop restrictive et ne s'appuyant pas sur ma sensibilité naturelle. Ainsi, j'ai suivi les pas d'un autre mage avec qui j'étais le proche et qui avait une pratique qui se rapprochait la plus de ma sensibilité naturelle. J'ai donc commencé par maîtriser ma compétence naturelle en m'entraînant à percevoir la chaleur et ses fluctuations. Je ne saurais réellement le décrire, mais c'est comme si l'espace se retrouver couvert de dégradés colorés comparant les différences de chaleur dans mon environnement proche. Une fois que cela devint presque comme une seconde nature, je pu commencer à réellement apprendre à m'appuyer sur ces différences pour manipuler les flammes. C'est sans dire que les premières fois furent catastrophiques, et je fus bien heureux d'avoir mon mentor pour veiller sur moi. Voyant qu'une manipulation directe de ce que j'observais était encore trop complexe par rapport à mes compétences, il m'offrit, ce qui deviendra mon focaliseur : une pipe en corne de Leominis. Je sortis le dit objet que je posa près du gobelet sur le bord du bassin. Cela me permit, outre le fait de pouvoir catalyser ma magie, de créer artificiellement des conditions de chaleur que je pouvais exploiter plus facilement par la suite. Je fumais donc et utilisais la chaleur que j'exhalais, tout en murmurant des incantations, pour construire ma pratique de l'Art. C'est comme cela que j'ai appris à manier plus finement la chaleur : je peux la percevoir, la transférer, l'augmenter ou encore la consommer pour produire des flammes par exemple. Plus je devenais à l'aise avec ces pratiques, plus je pouvais me passer de fumer à proprement parler pour manipuler les flammes, m'appuyant directement sur les conditions de chaleur de mon environnement. Ceci dit, cela fonctionne pour des sortilèges mineurs, je préfère ma première technique pour des manipulations plus complexe... D'ailleurs, à mes débuts je me suis tout d'abord concentré sur des manipulations isolées et indépendantes du feu, puis j'ai commencé à expérimenter pour combiner ma magie avec les techniques de combats d'autres membres de mon clan, augmentant ainsi les propriétés de leurs attaques. Cela demande une plus grande finesse dans la manipulation et je ne suis pas encore à l'aise, mais je pense que d'ici quelques siècles cela pourrait donner quelque chose d'intéressant, si j'arrive à mieux stabiliser ma pratique... - C'est cette méthode que tu as utilisé tout à l'heure ? Je répondis par un hochement de tête affirmatif, ajoutant : - Oui, j'ai fait en sorte de minimiser les dégâts possibles, ne souhaitant pas te blesser. Ceci dit, je ne pense pas que j'aurais pu tenir cela longtemps. Si notre combat s'était éternisé, j'aurais recouru à des maniements plus violents et moins contrôlés. - Ou bien je t'aurais mis hors d'état de nuire avant. - Sans doute. Coruven se racla la gorge, coupant court à la nouvelle tension se créant entre le jeune moine et moi-même. Il n'avait dit mot lors de mes explications, mais je l'avais remarqué s'agiter lorsque je parla de la technique de la fumée. Fixant toujours la surface de l'eau du bassin, il me demanda : - Dis moi Æ'ranûron, tu as mentionné le fait que les différents élémentalistes de ton clan avait des techniques différentes. Cela signifie-t-il que ta Noss n'a pas de tradition établie dans le maniement des flammes ? - Effectivement, nous établissions des traditions pour très peu de choses. Ceci dit, l'ironie, voudrait que dans ces rares traditions, le feu en soit un élément prépondérant. - Sais-tu comment ton mentor a appris sa propre pratique ? Je tressaillis légèrement à la question. Il était évident que Camaendaer avait appris cela lorsqu'il était lui même au service de l'un des temple dédié au dieu guerrier. Je savais aussi qu'il en était parti, mais n'étais pas sûr de comment cela avait été vécu par le culte en question... une trahison peut être ? Devenant légèrement suspicieux à cette question, je la déviai : - Les paris sont ouverts... Le vieil elfe releva brusquement son visage, fixant ses deux yeux perçant sur mon visage. J'avais la désagréable impression qu'il cherchait à lire mes pensées. Après un silence, il me dit : - Laisse moi être clair avec toi : ce que tu décris comme ta pratique ressemble bien trop à celle de ce Monastère pour n'être qu'une pure coïncidence. Je me raidis, lui lançant sur un ton sarcastique : - L'Anaëh est immense, je doute qu'il n'y ai aucune chance que vous soyez les seuls à avoir cette pratique. J'en suis potentiellement la preuve vivante. - Comment se prénomme celui qui t'a formé ? Me demanda Coruven, ignorant ma pique : - Camaendaer, ce fut la voix d'Awarthon qui retentit la première, celui-ci se relevant, n'est-ce-pas ?
De stupeur et sur la défensive, j'imitais le moine en me relevant vivement à mon tour, tout en le regardant sidéré. Comment était-il possible qu'il connaisse ce nom ? J'avais bien eu le sentiment que Coruven cherchait à me tirer les vers du nom, mais pas qu'ils soient déjà au courant de la réponse... Cogitant à tout vitesse, c'est alors que la dernière pièce du puzzle se mit en place : cette sorte de connaissance « naturelle » qu'avait le vieil elfe sur ma pratique, son agitation au cours de mes explications, et surtout cette impression de déjà vu avec Awarthon... Tout était lié à Camaendaer et son passé. Fixant le plus jeune des deux moine, la ressemblance me parut si frappante que la seule chose que je trouvai à dire fut :
- Tu plaisantes j'espère ?
La seule réponse que je reçus fut un regard froid, dans lequel je pouvais tout de même lire une pointe de confusion et d'incrédulité. Suite à ce moment de surprise générale, la discussion repris son cours dans une atmosphère malaisée. Je sentais peser sur moi un regard inquisiteur et suspicieux de la part d'Awarthon, jugeur et sévère de la part de Coruven. Au final nous réussîmes à tomber d'un commun accord : le vieil elfe acceptait de me guider et conseiller dans l'amélioration de mes compétences magiques, en échange, je donnais de mon temps pour assister à l'intendance et l'entretien du Monastère. Bien que la contrepartie ne m'attirait guère j'acceptais le marché.
C'est ainsi que je commençai à avoir des contacts réguliers avec le monastère, tout du moins Coruven et Awarthon qui furent mes seuls interlocuteurs pendant de nombreuses décennies car l'on s'évertuait à me cacher les activités des moines. Ceci dit, cela ne me dérangea pas plus que de raison, n'ayant bien peu d'intérêt dans des révérences religieuses, mais mon attitude neutre mais diligente sur les tâches que l'on me confiait me valut de gagner progressivement la confiance des deux moines, et malgré une première rencontre conflictuelle, Awarthon, qui était en réalité le fils de Camaendaer, ce-dernier ayant été un ancien moine du Monastère Flamboyant, devint un des amis les plus proches que je compte encore aujourd'hui.
Au sujet d'Æ'ranûron et du reste de son Exil Ellipse de l'An 733 à l'an 999 du Xème Cycle Âgé de 514 à 780 ans
Les siècles suivant de mon Exil se résumèrent principalement à de nombreux voyages me menant jusqu'aux confins de l'Anaëh, afin de faire des recherches pour affiner ma pratique et mes connaissances magiques. Contrairement aux mages citadins que j'avais eu l'occasion de croiser, je ne m'intéressais guère à une recherche fondamentale, mais bien plus à une recherche pratique permettant de toujours repoussé plus loin les limites de ma pratique. Je cherchais ainsi principalement des récits de vie ou bien des écrits décrivant des pratiques magiques similaires. La plupart de ces expéditions se faisait en compagnie d'Awarthon ou bien des jeunes moines que le Maître du Monastère Flamboyant me confiait de façon à ce que je les forme à la manipulation de la magie du feu. Il m'arrivait de partir seul, et c'était toujours à ces occasions là que les événements les plus improbables m'arrivaient, frôlant la mort plus d'une fois. Certains diront que cela est lié à mon tempérament téméraire, mais je mettrai cela plus sur le compte de la conjonction de plusieurs facteurs défavorables. Quoiqu'il en soit, lors de certaines de ces aventures solitaires, j'eus l'occasion de rencontrer plusieurs personnages hauts en couleur, dont une des mages de l'académie d'Alëandir prénommée Enoriel Valiendal.
Lorsque je n'étais pas en route pour une quelconque recherche magique, c'était Heledhar qui m'emmenait avec lui pour le soutenir sur certaines de ses missions d'Épervier. Veillant à ne jamais me révéler les détails cruciaux de ses missions, choses que je ne lui demandais jamais, je me révélais être un support fiable, n'ayant aucun enjeu important dans les sphères politiques d'Alëandir. J'étais ainsi le parfait mercenaire, neutre en toute chose, pour aider sur des missions que l'on jugerait délicate ou épineuse. Celles-ci, qui soyons bien honnête étaient assez rares, m’amenèrent à visiter les autres grandes cités de l'Anaëh dont Ardamir, Malereg ou encore Daranovar. Quelques fois, il nous arriva aussi de devoir sortir de la forêt Mère pour nous rendre en Ithri'Vaan, à Naëlis plus exactement, ou encore en territoire nain à Lante. Expériences forts étranges de sortir du royaume d'Anaëh. Certes les mœurs des humains, drows et des nains avaient quelque chose de fort exotique et improbable à mes yeux, mais c'était surtout la Symphonie, chose à laquelle j'avais toujours été plutôt hermétique, qui me dérangea réellement. Loin de la Prime Forêt, la Symphonie, ou plutôt son éloignement, me remplissait d'un sentiment bien étrange, le mal du pays comme disent les humains.
Au cours de ces nombreux voyages de par le monde, je ne croisai aucun membre de l'Andraàn'ad. Chose normal en vue de ma sentence, j'espérais tout de même que les choses se passaient bien pour eux, et je restais ainsi convaincu que si quelque chose leur était arrivé, j'aurais fini par être averti, d'une manière ou d'une autre.
À force, Alëandir était devenu mon lieu de résidence principal, même si je dirais que je ne me suis jamais réellement intégré à la société des Taledhels, j'y étais sans y être. En soit, je me considère plus comme un parasite de celle-ci, en profitant mais sans y apporter une quelconque contribution, sauf peut être au Monastère de Flamboyant, même si celui-ci est assez marginal au sein de la capitale. Observant, apprenant et mûrissant au gré des rencontres que je pouvais faire, je passais mes années dans une quiétude relative, et si les choses étaient restées ainsi à jamais, je pense que je me serais doucement appesanti en cette vie. Mais un événement, marquant la conscience de tout elfe, vint perturber ce long fleuve tranquille où ma vie glissait...
Au sujet d'Æ'ranûron lors du Voile Récit daté de l'An 999 du Xème Cycle Âgé de 780 ans
S'il y a bien un événement que je n'avais conceptualisé plus que cela, bien convaincu que je serais mort avant d'y assister, c'était ce que tout le monde dénommait le Voile. Par nature bien singulier, l'ampleur de sa durée en fit sans doute l'événement le plus marquant sur plusieurs millénaires... Et par rapport à ma courte vie, ce fut une nouvelle fois l'occasion de m'interroger sur les tenants et aboutissants de ce que l'on nommait dieux. Pendant un mois, je commençais ma journée assis sur les marches de la demeure des Loceath, observant le ciel assombri par l’Éclipse, mais surtout me concentrant sur l'afflux d'énergie magique produite par le Voile. Puis, je m'en allais en dehors de la cité pour observer les changements se déroulant dans la forêt avoisinante, extrapolant ce qu'il pouvait se passer dans les coins les plus profonds de l'Anaëh. C'est souvent lors de ces ballades que je pensais à l'Andraàn'ad et aux sanctuaires, me demandant si ceux-ci resteraient intact en vue de la force de vie insufflée, réanimant l'intégrité de la végétation. Enfin, je m'en retournais au centre de la capitale elfique, pour aller retrouver l'Estel, le centre de ce déchaînement de ces forces mystiques et incontrôlables. Alors je restais, observant l'arbre et me questionnant sur la nature réelle de cet événement: avait-il un but quelconque ou était-ce juste l'expression d'une puissance allien soudainement libérée ? Les dieux, et Kÿria en particulier, essayait-ils de nous communiquer quelque chose ? Même si je me posais ces questions, loin de moi était l'idée d'y trouver une réponse quelconque, car il me paraissait bien arrogant de vouloir interpréter ces signes si sibyllins. Je me contentais de vivre l'instant, de m'interroger, mais surtout de me demander quelles seraient les conséquences...
Car en soit, ce n'était peut être pas les dieux qui étaient à craindre, mais plutôt la masse qui les vénérait. Avec mes errances, je pus entendre et observer les réactions des elfes m'entourant, certains pris d'une hystérie sans égal, sermonnant à qui voulait l'entendre la gloire de Kÿria, d'autres apeurés de voir leur habitat de pierre si sécurisant s'écrouler, commençaient à protester face aux actions inconsidérées de la Très-Sage. Mais ce fut réellement les réactions de mes amis qui me marquèrent particulièrement. Anneth, prêtresse de Kÿria depuis des siècles, semblait perdue face au déchaînement aveugle de la puissance créatrice, et, sans jeux de mots, ne savait plus vers quel dieu se tourner pour demander merci et pardon pour les manquements, quels qu'ils soient, du peuple elfique. Heledhar prit, comme à son habitude, la chose avec recul, et considéra que cette manifestation était celle de la volonté de Kÿria, mais qu'il fallait temporiser avant de porter tout jugement et de décider de toute action. Awarthon vit le Rêve de la Très-Sage comme une révolution, une promesse de renouveau et de changement, qu'en tant que moine de l'ordre de Calimenthar, il ne pouvait que soutenir et embrasser, qu'importe les conséquences.
Je n'eus qu'un seul regret lors de ce Voile, c'est de n'avoir pu le partager avec les autres membres de l'Andraàn'ad, qui restait au final ma seule famille, de cœur et d'esprit. S'il y a bien une chose qui se passa en mon sein lors de l’Éclipse, ce fut la résurgence d'une mélancolie des lieux et personnes laissées derrière et peu à peu oubliées.
Je me dis alors, qu'il était peut être temps de rentrer au sein de l'Andraàn'ad.
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Au sujet d'Æ'ranûron lors de la reprise d'Eraison Récits daté de l'An 8 du Xème Cycle Âgé de 788 ans
S'il y a bien une chose que je ne pourrais nier au sujet de ma vie, ce serait le fait qu'elle ait été marquée par les caprices d'un destin quelque peu fantasque, et que pour des raisons qui m'échappent, me suis retrouvée mainte de fois à des endroits où je n'aurais dû être.
C'est ainsi qu'en l'an 8 de ce Cycle, je me retrouvais dans le sud de l'Anaëh, au milieu de cette bataille pour défendre la terre maternelle. Contrairement à ce que l'on pourrait croire au premier abord, ce n'est pas Heledhar qui me proposa de venir prêter main forte. En réalité, cela faisait depuis l'an 4 que j'avais quitté temporairement la capitale dans l'espoir de retrouver l'Andraàn'ad. Après ces quatre années de recherche solitaire infructueuse, je m'étais résigné, inquiet du sort de ma Noss, à retourner à Alëandir pour quelques temps. J'avais visité plusieurs temples vides, certains partiellement détruits par les événements du Voile, chose qui m'attrista au plus haut point. Quoiqu'il en soit, en retournant à Alëandir, Anneth fut la première que je retrouva, rongée par la peur et l'inquiétude. Moi qui avait vécu de manière autarcique sur les dernières années pris soudainement conscience de l'attaque des Sombres dans le Sud et des lourdes pertes elfiques. M'apprenant que les troupes elfiques ainsi que les moines de Calimenthar étaient partis vers le Sud pour repousser les Drows, la prêtresse de Kÿria me supplia d'y aller pour aider ses frères. Après tout ce qu'elle et ses frère avaient faits pour moi, et surtout pour toute l'affection que je leur portais, je partis sans hésiter pour le sud, promettant de ramener toute la petite fratrie vivante et en un seul morceau.
À mon sixième jour de voyage, une surprise de taille m'attendait. Alors que je n'étais plus qu'à une journée de marche de la forteresse, sens aux aguets, attentifs à tout mouvement suspects pouvant trahir la présence d'un ennemi, j'avançais rapidement dans la végétation luxuriante d'Anaëh. C'est ainsi que je découvris au détour d'un arbre des silhouettes familières :
- Amarthalyth ! Au nom de la Symphonie, que fais-tu ici ?! L'appelée se tourna vers moi, un sourire radieux éclairant son visage en découvrant son frère disparu trois siècles durant. Avant que j'eus le temps de faire quoique ce soit, elle s’élança vers moi et m'enlaça avec force. Me relâchant, une forte émotion transparaissant sur ses traits, elle me dit : - Idiot ! On te croyait mort à ne nous faire aucun signe de vie ! Je la dévisageais, quelque peu interdit. - En théorie, je ne suis pas censé vous faire signe de vie. - Et il n'y a qu'une tête de mule comme toi pour prendre une sentence autant au pied de la lettre. Cette fois-ci ce fut la voix familière d'Elvedui qui s'éleva. Personne n'aurait cru que tu n'allais jamais tenté de revenir voir la Noss de temps à autres... Trois siècle, tu as fait fort... - Attention, cela sonne presque comme un compliment, lui lançais-je sarcastique. Je me sentais porté d'un soudain sentiment d'allégresse, mais je continuai plus sérieusement : vous ne devriez pas être ici, des Drows rôdent dans le coin. - Et cela est encore plus imprudent d'être seul, me répondis Amarthalyth du tac au tac. Nous sommes au courant pour les Sombres, nous sommes tombés dessus il y a de ça trois jours. Face à mon air inquiet elle ajouta : ce n'était qu'une escarmouche, il n'y a pas eu de blessés de notre côté et ils ne nous ont pas poursuivis. On dirait qu'ils sont préoccupés par quelque chose... - Comment se fait-il que vous soyez tombé dessus ? Je ne me rappelle pas que la Noss ait un sanctuaire dans cette partie de l'Anaëh. - Pour commencer, tu ne connais pas l'emplacement de tous les sanctuaires. Ensuite, nous sommes en période migratoire, et il s'avère que pour aller à celui où nous souhaitons aller, il nous a fallut passer par cette zone. J'espère seulement que les autres groupes ont eu moins d'ennuis que nous, en théorie ils sont passés par d'autres chemins, éloignés de cette zone. - Qu'allez-vous faire maintenant ? - Rebrousser chemin et en prendre un autre bien évidemment. - Et toi, que où vas-tu ? - Vers Ellyrion, j'ai promis d'aller aider des personnes là-bas. Les visages des mes frères et sœurs de la Noss se firent graves. - Tu veux aller seul dans un endroit grouillant de Drows ? As-tu perdu la raison, pas que celle-ci soit ta qualité principale ceci dit. Je ne releva pas la pointe et répondis simplement : - J'ai au moins un avantage, je sais ce qu'il m'attend et me suis préparé en conséquence. Ceci dit, je ne compte pas m'y éterniser. - Æ'ranûron, oublie cette folie et vient avec nous ! Nous t'accueillerons au sanctuaire. J'eus un profond soupir, après avoir passé quatre ans à les chercher, voilà que mon clan m'apparaissait dans une situation des plus délicate. Bien que je ne souhaitais qu'une chose, celle de partir avec eux, mon entêtement m'obliger à finir ce que j'avais commencé. - Je suis réellement désolé, je n'ai pas d'autres choix que de continuer. Un long silence s'installa, puis après qu'Elvedui et Amarthalyth se soient échangées un long regard, ma sœur me dit : - Très bien, dans ce cas Ryo'h, Elveduï et moi t'accompagnons. - Quoi ? C'est à votre tour de débloquer. C'est hors de question ! - Premièrement, tu n'es personne pour nous imposer ta volonté, deuxièmement, nous t'aidons et nous te proposons de nous accompagner au sanctuaire par la suite. Nouveau soupir. - Très bien, qu'il en soit ainsi si c'est cela que vous souhaitez. Nous avons assez perdu de temps, remettons-nous en route.
Tous hochèrent la tête, je partis de nouveau vers le sud avec les trois s'étant désignés, les autres de la Noss reprenant une route plus sûre pour le sanctuaire. Malgré ces retrouvailles, nous échangeâmes le minimum de paroles requises, souhaitant de pas attirer d'attention malveillante. À vrai dire, la forêt était étrangement calme. Ce fut le lendemain en fin de matinée que nous arrivâmes aux environs de l'affrontement entre elfes et drows. Ce fut en réalité une odeur de brûlé qui nous accueilli, et trouvant un point en hauteur, nous découvrîmes l'incendie ravageant la forêt. Je ne pus retenir un juron en voyant ce spectacle d'une impressionnante tragédie. Il nous fallait agir vite, mais retrouver les frères Loceath d'en ce chaos inattendu se révélerait aussi facile que de trouver une fée dans un nœud de racines, surtout lorsque vos connaissances des armées elfiques étaient proches du néant. Je jurai de nouveau, sous le regard outré d'Elveduï.
- Une idée au lieu de jurer ? Je réfléchissais à toute vitesse. - Mmm... si on trouve le corps des moines de Calimenthar, alors il y a peut être une chance de retrouver les deux autres. - Et comment les trouvons-nous ? - On fonce vers les incendies, il y a des chances qu'ils s'y trouvent pour contenir les flammes. - Brillant...
Notre petite troupe s’élança alors vers la fournaise, Amarthalyth et Ryo'h devant, Elveduï à leur suite, moi fermant la marche, pipe à la main. Dire que les choses étaient chaotiques seraient un euphémisme, mélange brouillon de tactiques militaire réglées avec minutie des armées elfiques, d'offensives des Noss rapides, sauvages et meurtrières, et des ripostes venimeuses et rageuses des Sombres. Et cela n'était que le début des événements étranges dont j'allais être témoin en ce jour. Évitant de nous engager dans des combats trop importants, nous fîmes des progrès assez rapide, pour finir par retrouver un corps de moines soutenant un bataillon de l'armée elfique. La chance voulait qu'Awarthon se trouvait parmi eux, une expression de surprise dessinée sur le visage, me voyant ainsi débarqué, surtout après mon absence prolongée.
- Par Calimenthar ! Æ'ranûron ! Comment se fait-il que tu sois ici ? - Je viens m'assurer qu'Heledhar et Thiristaer s'en sortent indemnes. - Ne me dis pas que tu es venu jusqu'ici pour cette prêtresse de Kÿria ? Je sentis le regard interrogateur des membres du clan. J'aurais tout le loisir de leur expliquer la situation une fois sortis de ce pétrin. - Tu la connais n'est-ce-pas ? Elle ne m'aurait pas lâché jusqu'à temps que je vienne ici. Sais-tu où ils sont? - Leur bataillon devrait se trouver sur le flanc ouest, mais je te déconseille d'aller là-bas, c'est l'une des zones de combat les plus violentes. - Raison de plus pour y foncer ne penses-tu pas ? Il lança un regard sur sa troupe de moine. - Elon, Fogien, Doldir, avec moi. Ruindolthel, tu prends le commandement, garde la même tactique que celle que nous avons utilisé jusque-là. Si les choses s'enveniment, tu connais le signal. - Tu n'es pas obligé de me suivre, les chances de survies sont minces... - Je dois te rappeler comment tu as failli finir la dernière fois où j'étais absent ? - Tu dramatises vraiment cet épisode... Tu sais comment retrouver le bataillon des Loceath ? - Pas que ce sera simple, mais oui.
Nous nous élançâmes à la suite d'Awarthon, enchaînant les situations chaotiques. Ce qui devait se révéler être un cheminement jusqu'au front ouest, se révéla être un enlisement à mi-chemin, tant et si bien que nous combattirent aux côtés de l'armée elfique affrontant une portion non négligeable des forces Drows. Alors que j'espérais que le pullulement gris se terminent, celui-ci ne semblait avoir de fin, et ce ne fut que lorsque des phénomènes totalement surnaturels commencèrent à se manifester que l'armée elfique gagna du terrain. Petit à petit, les drows étaient repoussés, mais ce n'était pas réellement pour me rassurer, car cela était dû pour grande partie à des êtres étranges, que je crus d'abord être des manifestations magiques de la part des prêtres de Calimenthar, mais Awarthon élimina cette supposition en certifiant que ces ombres n'avaient rien en commun avec la magie des moines. Alors que jusque là j'avais utilisé ma magie avec véhémence contre les drows, étant donné son inhérente facilité de manipulation en vue de l'incendie, cette affirmation me refroidit soudainement, et tandis que les autres continuais leur offensive à l'encontre des sombres, je m'orientais moi-même plus vers l'apaisement de l'incendie et de ses flammes.
Finalement, nous n'arrivâmes jamais au front ouest, le combat continuant jusqu'à temps que nous atteignîmes Yutar, lieu où les drows furent définitivement vaincus. Ce ne fut que lorsque les choses se calmèrent réellement et que les armées se retrouvèrent sans ennemis à affronter que l'on put se concentrer à retrouver et soigner les blessés, et que moi je pus partir à la recherche des frères Loceath. Et la seule chose que je pouvais désormais faire était d'espérer de les retrouver en vie. Peut-être que Kÿria avait entendu les prières de leur sœur ? Peut-être que Calimenthar les avait protégés lors de la bataille ? Je trouvai la réponse le lendemain. Réponse qui me fut difficile à admettre, et me laissa un goût âpre. Et face aux corps de ce qui se furent comme des frères à mes yeux, je n'arrivais même pas à verser une seule larme, à croire que la fatigue de ces derniers jours, voir des dernières années avaient épuisé toute larme que je pouvais avoir. Dans mon recueil silencieux, j'avais tout le loisir d'être rongé par un sentiment d'échec. J'étais habitué à l'échec, celui-ci m'avait accompagné toute ma vie. Mais celui-ci avait une saveur amère car même avec la meilleure volonté du monde, il m'était impossible de le surmonter. Les morts ne revenaient pas de leur sommeil auprès de Tari...
N'ayant pas la parole que j'avais donné aux membres de ma Noss, je chargeais Awarthon d'informer Anneth de la triste nouvelle. Puis après s'être dit adieu et se promettre de se revoir rapidement dans un contexte plus apaisé, je repris la route, en compagnie de Ryo'h, Amarthalyth et Elveduï, cette fois-ci en direction de l'Ainas ho Nendëar.
Au sujet d'Æ'ranûron et de son retour dans l'Andraàn'ad Récits daté de l'An 9 du XIème Cycle Âgé de 789 ans
Me voici arrivé à la fin de mes histoires. Sans vous avoir tout conté, je pense que la Noss a désormais un bon aperçu de mes expériences sur les derniers siècles. À mon grand étonnement, je fus accueilli chaleureusement à mon retour. Et malgré le bonheur de retrouver nombreux amis de longues dates, je ne pus m'empêcher de remarquer tous les absents. Le temps avait passé, la preuve en était la façon dont les visages du clan avaient évolué. Ce fut un sentiment bien étrange de se sentir étranger chez soi...
Désormais, il me reste à choisir si je fais la demande de l'annulation de ma sentence pour refaire partie intégrante de l'Andraàn'ad. Elveduï m'a fait remarquer que j'avais changé et quand bien même j'étais toujours obstiné, j'étais plus ouvert et mature. Si même elle me dit cela, alors c'est que je dois sans doute être prêt à réintégrer pleinement le clan... Je pense que je formulerai ma demande dès demain.
Ce dont je suis sûr, c'est qu'il me faudra rendre visite à la capitale dans les années qui viennent....
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Yenaël
Ancien
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Sujet: Re: Æ'ranûron Eruithel, représentant de l'Andraàn'ad - Terminé Mar 8 Aoû 2017 - 11:36
Salut Cinn J'ose espérer que tu vas nous faire l'honneur de jouer Æ'ranûron dès ton retour !
Avant de te parler d'une quelconque correction, je tiens à te dire que j'ai été réellement immergé dans ton récit en lisant la fiche de ton personnage. Non pas uniquement que le récit soit long, mais les rebondissements sont nombreux et l'on comprend bien toutes les facettes du caractère de ton personnage au fur et à mesure de la lecture. Donc, je me dois de te féliciter pour tes capacités de rédaction ainsi que pour ton imagination qui est, il faut le dire, assez impressionnante
Comme tu le sais certainement, je viens t'apporter quelques conseils afin que ton personnage puisse s'inclure le mieux possible dans l'univers de Mira. De plus, certains de mes conseils vont plutôt vers toi, en tant que joueuse, afin que tu puisses bien cerner la nuance de certains points de détails.
Commençons :
Changement de nom de ton personnage : Alors peut-être ai-je raté quelque chose mais, il me semble que tu n'explicite pas clairement les raisons qui ont poussé ton personnage à changer de nom. Pourrais-tu rajouter quelques lignes sur ce sujet afin de comprendre ce qui a motivé ce choix ?
(paragraphe de l'an 700) " Je me méfiais de mes frères et sœurs de sang, conscient de leurs préjugés et la rapidité avec laquelle ils pouvaient me juger, moi élémentaire de feu " - Attention on dit bien élémentaliste pour désigner une personne qui manipule la magie des éléments, éventuellement pyromancien pour quelqu'un qui manipule le feu, mais pas élémentaire.
(cette correction relève du point de détail) tu parles plusieurs fois "du" psyché de ton personnage. Le mot psyché s'écrit comme tel mais est un mot féminin qui vient du grec. J'ai pensé que c'était important car c'est un passage important dans ta fiche que j'ai beaucoup apprécié.
(paragraphe de l'an 700 - attaque des drows sur Alëandir) Tu parles à plusieurs reprises des "drows". Je pense que le concept même de les nommer ainsi est étranger aux peuples nomades vivant en Anaëh à cette époque. Ils ont été nommés ainsi suite à un évènement survenu à Alëandir quelques siècles plus tôt. De plus, je pense qu'en fait il est fort probable que cet évènement soit la première fois que ton personnage rencontre des sombres de sa vie. Je te laisserai le soin de le préciser dans ta fiche
(paragraphe de l'an 700 - attaque des drows sur Alëandir) " le flux magique que je percevais autour de lui était déformé ". Attention, ton personnage est un mage élémentaliste. Ce qui veut dire qu'il ne peut "que" transformer les flux magiques en éléments. La description que tu fais là ferait appel a des capacités que seul un mage de l'immatériel pourrait avoir.
Le Monastère Flamboyant : Les monastères de Calimenthar sont rares, tout autant que ses adeptes. Le fait que Anneth connaisse l'endroit de ce monastère n'est pas improbable car elle est elle-même fanatique d'un autre dieu. Cependant, attention à ne pas présenter ce lieu comme un "monument" de la ville ou un lieu répertorié sur les cartes. Ce genre de lieu n'est réservé qu'aux adeptes et aux passionnés. Le Monastère Flamboyant est donc, de fait, un lieu important pour les adeptes de Calimenthar mais un lieu tenu ou secret ou alors ignoré par le reste de la population.
La présentation de ton personnage : A plusieurs reprise, Æ'ranûron se présente comme un membre de l'Andraàn'ad alors qu'il en est exilé. Est-ce que c'est une volonté claire de sa part ? La notion de psyché étant importante dans ta fiche, cela ajouterait une part de mensonge dans les habitudes de ton personnage. A moins qu'il ne fasse cela par orgueil ?
Je ne vois rien d'autre à ajouter puisque, dans l'ensemble, ta fiche est excellente. Les points relevés étant plus de l'ordre du détail ou alors des points pour lesquels je préfère t'apporter des petits détails que tu aurais pu rater dans le BG sans fin qu'est celui de notre forum
Je suis, bien sûr, à ta disposition pour toute question, Je te laisse repasser sur les quelques points listés et me faire signe quand tout est OK (normalement tu ne devrais pas en avoir pour longtemps).
A très vite !
Æ'ranûron Eruithel
Elfe
Nombre de messages : 20 Âge : 34 Date d'inscription : 10/04/2017
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 791 ans Taille : 1m96 Niveau Magique : Maître.
Sujet: Re: Æ'ranûron Eruithel, représentant de l'Andraàn'ad - Terminé Lun 27 Nov 2017 - 21:09
Salut Yen :)
Merci pour tes retours et d'avoir pris le temps de bien lire en détail ma présentation (car pour trouver les points que tu soulèves, il fallait le faire :p )
J'ai corrigé les différents éléments que tu as mentionné :
Yenaël a écrit:
(paragraphe de l'an 700) " Je me méfiais de mes frères et sœurs de sang, conscient de leurs préjugés et la rapidité avec laquelle ils pouvaient me juger, moi élémentaire de feu " - Attention on dit bien élémentaliste pour désigner une personne qui manipule la magie des éléments, éventuellement pyromancien pour quelqu'un qui manipule le feu, mais pas élémentaire.
(cette correction relève du point de détail) tu parles plusieurs fois "du" psyché de ton personnage. Le mot psyché s'écrit comme tel mais est un mot féminin qui vient du grec. J'ai pensé que c'était important car c'est un passage important dans ta fiche que j'ai beaucoup apprécié.
(paragraphe de l'an 700 - attaque des drows sur Alëandir) Tu parles à plusieurs reprises des "drows". Je pense que le concept même de les nommer ainsi est étranger aux peuples nomades vivant en Anaëh à cette époque. Ils ont été nommés ainsi suite à un évènement survenu à Alëandir quelques siècles plus tôt. De plus, je pense qu'en fait il est fort probable que cet évènement soit la première fois que ton personnage rencontre des sombres de sa vie. Je te laisserai le soin de le préciser dans ta fiche
J'ai corrigé les deux premières fautes d'orthographes que tu as indiquées (d'ailleurs en relisant j'en ai trouvé plein d'autres \o/ ). Pour les Drows, j'ai utilisé d'autres termes renvoyant à ceux-ci pour cette première rencontre.
Yenaël a écrit:
(paragraphe de l'an 700 - attaque des drows sur Alëandir) " le flux magique que je percevais autour de lui était déformé ". Attention, ton personnage est un mage élémentaliste. Ce qui veut dire qu'il ne peut "que" transformer les flux magiques en éléments. La description que tu fais là ferait appel a des capacités que seul un mage de l'immatériel pourrait avoir.
Effectivement, je me suis laissée emportée lorsque j'écrivais Les corrections suivantes ont été apportées :
« Qui plus est, un autre détail me dérangeait, l'un des ennemis était resté légèrement en arrière, n'était armé, formait du bout de se doigts de petits mouvements et prononçait à toute vitesse quelques paroles. J'en conclus que c'était un mage, sans pour autant savoir quelle magie il manipulait... La vie peut être ? Dans les deux cas, cela expliquait sans nul doute l'avantage qu'avait les envahisseurs, le mage devant les appuyer d'une manière ou d'une autre. »
Yenaël a écrit:
Le Monastère Flamboyant : Les monastères de Calimenthar sont rares, tout autant que ses adeptes. Le fait que Anneth connaisse l'endroit de ce monastère n'est pas improbable car elle est elle-même fanatique d'un autre dieu. Cependant, attention à ne pas présenter ce lieu comme un "monument" de la ville ou un lieu répertorié sur les cartes. Ce genre de lieu n'est réservé qu'aux adeptes et aux passionnés. Le Monastère Flamboyant est donc, de fait, un lieu important pour les adeptes de Calimenthar mais un lieu tenu ou secret ou alors ignoré par le reste de la population.
Les corrections suivantes ont été apportées :
« Au petit matin, se dressait face à moi un monastère, composé des pierres blanches si caractéristiques de la capitale, de taille conséquente, tout du moins pour un temple dédié au dieu guerrier me dis-je. Mais sa taille ne m'aurait pas aidé à le trouver, il était savamment caché derrière un ensemble de fontaine et d'arbres, si bien que sans les indications d'Anneth j'aurais tourné longtemps en rond avant de le trouver. »
Yenaël a écrit:
Changement de nom de ton personnage : Alors peut-être ai-je raté quelque chose mais, il me semble que tu n'explicite pas clairement les raisons qui ont poussé ton personnage à changer de nom. Pourrais-tu rajouter quelques lignes sur ce sujet afin de comprendre ce qui a motivé ce choix ?
J'avais voulu jouer (de manière loupée :p) la métaphore de la seconde naissance avec la sortie vers la lumière des tréfonds d'une prison sombre et profondément enterrée. Ca fait un peu écho aux Elders Scrolls d'ailleurs maintenant que j'y pense. Ou bien on peut y voir l'Allégorie de la Caverne de Platon aussi maintenant que j'y pense *SBAM* Pour rendre les choses un peu plus claires, les ajouts suivants ont été apportés :
« Cela je l'avais pressenti alors même que j'étais retenu prisonnier dans les fins fonds du sanctuaire suite à mon crime. Mis à nu tel un nourrisson venant à peine de naître, je compris qu'une vie entièrement nouvelle m'attendait ou me guettait. Renaissance que je décidais d'accompagner d'un changement de nom, pour refléter cette évolution drastique d'état. »
Yenaël a écrit:
La présentation de ton personnage : A plusieurs reprise, Æ'ranûron se présente comme un membre de l'Andraàn'ad alors qu'il en est exilé. Est-ce que c'est une volonté claire de sa part ? La notion de psyché étant importante dans ta fiche, cela ajouterait une part de mensonge dans les habitudes de ton personnage. A moins qu'il ne fasse cela par orgueil ??
Je t'avoue que je n'avais pas pensé à cet aspect car en effet selon moi, même lorsque l'on est exilé on garde sa "nationalité" d'origine. Typiquement on peut être exilé de France sans pour autant se voir sa nationalité retirée. J'ai adopté ce principe dans l'histoire d'Æ'ranûron. Après la question reste ouverte, on peut très bien imaginer qu'il puisse mentir quand cela l'arrange, mais je qualifierais plus cela d'omission d'éléments plus que de mensonge à proprement parler. Disons que par rapport à l'Andraàn'ad, il ne ment pas sur le fait qu'il en fait parti, mais il n'indique surtout pas qu'il en est exilé (et il évite sciemment de le préciser).
De mon côté tout est prêt pour repasser la validation
Yenaël
Ancien
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Sujet: Re: Æ'ranûron Eruithel, représentant de l'Andraàn'ad - Terminé Mar 28 Nov 2017 - 10:31
Hello J'espère que tu vas bien depuis le temps !
Même si je ne suis plus administrateur, au vu du temps que j'ai passé sur ta fiche je me permets de m'exprimer Pour moi tout me semble OK !
C'est bien que tu ais pris le temps de corriger les éléments que je t'avais indiqué. Cela rend cette fiche davantage parfaite En espérant avoir un jour le plaisir d'écrire avec toi ...
Je laisse un administrateur te valider ! Bon jeu
Æ'ranûron Eruithel
Elfe
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Sujet: Re: Æ'ranûron Eruithel, représentant de l'Andraàn'ad - Terminé Mar 28 Nov 2017 - 22:53
Merci Yen' :)
En vue du destin improbable de ce cher Æ'ranûron, je pense que nous avons des chances de nous croiser et de faire un petit rp un de ces quatre !
Lœthwil
Ancien
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Sujet: Re: Æ'ranûron Eruithel, représentant de l'Andraàn'ad - Terminé Dim 21 Jan 2018 - 23:22
Voilà qui aura été un long périple!
Code:
[Métier] : Enfant de l'Andraàn'ad
[Sexe] : Masculin
[Classe d'arme] : Magie ( élémentaire de feu )
[Alignement] : Loyal Neutre
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Sujet: Re: Æ'ranûron Eruithel, représentant de l'Andraàn'ad - Terminé
Æ'ranûron Eruithel, représentant de l'Andraàn'ad - Terminé