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 La mort peut-elle être une renaissance ? | Solo

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Halyalindë
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Halyalindë


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MessageSujet: La mort peut-elle être une renaissance ? | Solo   La mort peut-elle être une renaissance ? | Solo I_icon_minitimeMer 21 Juin 2017 - 23:44

<< Traumatisme magie : Cas n°394Une page blanche >>




Automne - 4e jour de la 8e ennéade de Barkios
9e année du XIe Cycle


« Je peux vous poser une question ?
- Oui.
- L'état dans... lequel vous êtes... ça fait mal ?
- Non. Et je n'ai pas peur non plus. Je suis bien.
- Et vous n'avez pas peur que les prêtres d'Holimion considère cet effet magique comme une bénédiction Tari ? »

Détachant son regard de l'onde pour la première fois depuis le petit jour, Halya avait tourné lentement la tête vers son compagnon de route, Rethiel, un Aigle qu'elle avait demandé pour parer à toute éventualité et prévenir le trône blanc s'il devait lui arriver quelque chose, que ce soit en chemin ou à destination. L'homme était encore entre deux âges. Il suspectait que la protectrice et lui soient à peu près de la même génération. Sous cheveux blanc, ses vêtements allaient du beige au brun clair pour cacher une armure de cuir des plus ajustées et ses yeux gris étaient aussi aiguë que ses tirs précis. Pourtant, ni l'un ni l'autre ne faisait preuve de la moindre sympathie.

« Vous avez combattu les drow. A votre avis, un non-mort est porteur d'une bénédiction de Tari ?
- Non ! Bien sûr que non. Mais vous n'êtes pas...
- Si nous rencontrons des Berceurs, je n'éprouverai rien en les voyant me trancher la gorge. »

Voilà ce qui avait constitué la plus longue conversation que l'Aigle et sa protégée avaient partagé en plusieurs dizaines de jours de voyage.

Le bateau avançait lentement sur l'eau glacée. Compte tenu du vent traître et de plus en plus violent qui balayait la Mer du Nord, le capitaine de l'embarcation sur laquelle Halya se trouvait depuis qu'ils avaient quitté l'Uraal avait décidé de ralentir le rythme, quitte à mouiller pendant plusieurs jours pour voir venir le mauvais temps. Si c'était déjà ainsi qu'il procédait en automne, Halya n'imaginait pas son retour au début de l'hiver...

En fait, non, elle n'imaginait pas son retour.

Près de trois ennéades s'étaient écoulées depuis son départ d'Alëandir. Elle s'était aperçu après cinq jours de voyage qu'elle n'avait rien prévu pour s'occuper durant les longues journée de traversée. Au milieu du voyage elle avait cessé de ressentir toute forme de fatigue et déjà par deux fois, elle s'était trouvée assise ou allongée, parfaitement consciente, sans pouvoir bouger un muscle, planant au-dessus d'elle-même dans le calme le plus total. Les marins avaient été paniqués la première fois, la pensant morte, mais l'Aigle qu'on avait assigné à sa protection les avaient plus ou moins rassuré, lui même assez peu convaincu de ses propres assertions.

Ce matin là, ils avaient posés pied à terre, ne voulant pas pénétrer dans le périmètre des eaux d'Holimion avec un navire n'appartenant pas à l'Île Voilée. Les marins avaient repris leur route tandis que la Protectrice en cavale et son vétéran de garde du corps se dirigeaient en silence vers l'embarcadère qui leur permettrait d'atteindre leur destination. L'Aigle ayant été élevé à ce titre quelques ennéades après Ellyrion depuis le corps des archers de l'armée royale, Halya ne le connaissait pas et elle n'avait – d'après elle – aucune raison de vouloir apprendre à le connaître.

Aussi, comme les jours précédents, le voyage se passa douce, silencieux et maussade. Une fois, ils durent s’arrêter, le corps de la malade lui faisant défaut, mais la progression put reprendre quelques heures plus tard. Enfin sur la berge, à la dernière extrémité d'Anaëh, Halya se rappela un détail qu'elle avait totalement oublié... Randil... Et bien c'est qu'il devait être mieux ailleurs.

Elle s'apprêtait à laisser derrière elle tout ce qu'elle connaissait de toute façon. Pour la première fois de sa vie, elle avait navigué, et elle n'en gardait pas la moindre sensation. Même les rêves d'aventures que lui inspirait jadis l'océan restaient gris et sans saveur sans que cela ne provoque chez elle une quelconque tristesse. Elle était... détachée. Paisible comme elle ne l'avait jamais été. Et son esprit lui semblait d'une clarté et d'une rapidité jamais atteinte.

Sur les galets de la rives ou ses pas crissaient et ses chevilles menaçaient de céder, le visage chaleureux du passeur aux yeux bandés l'avait laissé de marbre. Elle n'était pas seule a vouloir rejoindre les côtes de l'Île Voilée. Quatre autres personnes attendaient avec elle depuis le petit matin sur ce quai de bois balayé par les vents au milieu de nulle part. L'un d'eux cachait son visage derrière le Voile des prêtres mais ses mains étaient parcheminées, osseuses, et recourbées comme si ses articulations avaient peur se se rompre en s'étirant. Une toute jeune elfe semblait l'accompagné, portant des habits bleus à la mode de Quatrième-Saison et autour du coup un pendentif représentant la feuille de Tari. Les deux autres avaient le visage buriné par les épreuves de la vie et les cheveux d'un blanc éclatant.

Les sourires de ces étranges passagers étaient tout aussi dérangeant. Leur fragile bienveillance avait quelque chose de... compatissant en se posant sur le visage encore jeune de la rousse. Car malgré son teint morbide, la mèche blanche qui maculait discrètement l'arrière de sa chevelure flamboyante et les légères rides aux coins de ses yeux, Halya semblait plus proche de la prime jeunesse de la centenaire en robe bleue que de la fatigue des autres elfes présents... Du moins physiquement. Elle se demanda d'ailleurs pourquoi... Pourquoi ne vieillissait-elle pas. Peut-être son corps n'avait pas encore eu le temps d'assimiler les chocs successifs, mais le plus probable lui semblait évident : elle n'éprouvaient rien. Qui n'éprouve rien ne peut pas être blesser par la peine ou la crainte. Il y avait donc fort à parié qu'elle continue à être suspendu dans le temps jusqu'à ce que son corps lâche, comme le lui avaient prédis les mages qui avaient examinés son cas.











Automne - 5e jour de la 8e ennéade de Barkios
9e année du XIe Cycle


L'Île Voilée.

Holimion.

Le Prime Sanctuaire de Tari.

L'Île au milieu des flots sur laquelle la déesse avait posé pour la première fois le pied sur Mira.

Au petit matin, derrière une fine nappe de brume du au froid hivernal de cette fin d'automne, les monceaux de glace semblant s'écarter fluidement sur son passage, une longue jonque s'était silencieusement approchée. Un a un, les elfes qui attendaient étaient monté à bord. Le regard de la Protectrice d'Ardamir s'était posé une dernière fois sur la ligne des arbres de la Prime Forêt avant qu'elle ne rabatte la capuche de sa capeline pour atténuer la nausée qui la prenait alors que le ciel et la mer se joignaient dans le brouillard sans distinction particulière. Elle qui était habitué aux espaces à la fois libres et calfeutré des frondaisons se retrouvait dans une infinité vide dans laquelle sa vie n'était suspendue qu'à un amas de bois.

Dans pâles rayons du soleil, les embruns, la houle et le vent portant des volutes de givre avaient quelque chose de glaçant et de... mystique. Les passagers discutaient à voix basse, comme s'ils avaient peur de briser un silence respectueux. Rethiel, l'Aigle, pouvait enfin profité d'une conversation agréable. Halya, elle, restait muette. Elle regardait filer l'eau le long de la coque, la main y traînant par moment, assise à l'arrière et peu rassurée. Le passeur interrompit une seule fois le cours de leurs réflexions à tous.

« Vous serez logés au monastère pour la nuit.
-Et après ? Demanda la toute jeune fille.
-Après ce seront les prêtres du Sanctuaire qui vous dirons ce qu'il convient de faire. »

Et apparurent les rochers escarpés d'Holimion. Dans un renfoncement calme, un quai attendait la jonque. Un large chemin en escalier serpentant dans les reliefs déchiquetés de la cote, menant jusqu'à une cuvette au sommet de cet étrange plateau. Au centre, un immense lac d'un bleu sombre. A son bord, le Prime Sanctuaire. Et un peu en retrait, une succession de bâtiments hauts dont la pierre semblait sortir du sol comme des pics créés par les mouvements du sol aux fil des millénaires.

L'elfe encapuchonné et sa jeune suivante abandonnèrent bientôt le groupe, filant à tire d'elle entre les rues à la fois bondées et calmes avec l'assurance de ceux qui rentrent chez eux. Le passeur, lui s'arrêta près de l'entrée colossale du bâtiment de marbre, de granite et de métal qui enfonçait tout un pan de ses fondations dans les profondeurs duc lac sans fond. Sans posé une seule question, il introduisit son petit monde dans le temple. Un silence surprenant y régnait, comme si toute l'architecture était étudiée pour briser le moindre écho et étouffer le moindre son malgré l'aspect dénudé du lieu.

Et ce fut sans une salutation que le Passeur les abandonna dans un salon simple et confortable. Dans ses habits de voyage, armée d'un simple épée courte, seule concession faite à sa sécurité, et assise à côté d'un homme portant armes et armures frappées du rapace bien connu, Halya semblait tout sauf à sa place... Mais il n'y avait pas grand chose d'autre à faire. Alors ils attendirent, regardant le paysage paisible par la fenêtre vitrée.

Ce ne fut que bien plus tard qu'un Voilé entra dans la petite salle. Seule sa mâchoire imberbes et osseuse apparaissait sous le vêtement aux couleurs sombres et bleutées qui lui cachait les yeux et les cheveux. Il s'excusa pour l'attente et se présenta humblement comme l'Intendant qui aidait l'Archiviste du temple et le Pergaën. Il s'entretint d'abord à voix basse avec les deux elfes aux visages burinés, les faisant sortir, pour plus de discrétion sûrement, puis entra de nouveau, seul.

« Veuillez pardonner cette attente, puis-je connaître la raison de votre venue ? »

Parler a un voilé qui se couvrait le visage était toujours étrange. En Ardamir, rare étaient ceux qui allaient jusqu'à cette extrémité, ils se contentaient généralement de se couvrir les cheveux. Face à Halya, seule un sourire bienveillant était visible...

« Je suis Halyalindë Yasairava, je viens d'Ardamir, et voilà Rethiel Eldeon. Je suis ici pour demander une audience du Pergaën. Une missive a dut arrivé ces dernières ennéades concernant le problème que nous occupe. » répondit-elle sur un ton monocorde « Lors de la reprise d'Eraison face au peuple drow, j'ai été frappé par une décharge magique et je souffre de séquelles qui n'existent dans aucune archive de l'Académie d'Alëandir. Timerion Adantar m'a conseiller de venir traiter directement avec le Pergaën, car d'après son expérience, nul autre ne pourra me guérir. » Elle continua tout de go, répétant le verdict qu'on lui avait déjà claqué maintes fois au visage  « D'après un grand nombre de prêtre de Tari, je suis morte. Mon Souffle a déserté mon corps. J'ai des absences. J'entends des choses. Je vois des choses. Je perd peu à peu le contrôle de mon corps. Je ne dors plus. Je ne cicatrice plus. Et il est fort probable que d'ici quelques ennéades, mes dernières forces m'abandonnent définitivement. »

Aussi concerné que si elle paraît de la météo, elle n'avait pas hésité un instant dans les mots à employer. Le Voilé resta interdit. Son sourire avait disparu. Halya ne s'était pas levée, restée assise à côté de la fenêtre elle ne bougea pas davantage, son garde du corps ajoutant :

« Elle n'éprouve plus aucune émotion. Le Doyen de l'Académie a fait ce qu'il pouvait mais lui aussi nous a envoyé ici.

- Je vois... Si vous voulez bien patienter ici, je vais en informer l'Archiviste... » Sur le point de passer le seuil, il s'arrêta une dernière fois. « Veuillez m'excuser, pouvez vous me redire votre nom ?
- Halyalindë Yasairava. »

L'homme tiqua un instant, puis sorti sans un mot.

Elle se demanda une seconde quelle tête ferait l'Archiviste lorsqu'on lui dirait qu'une Protectrice folle à liée demandait à voir la Pergaën... mais après tout, cela n'était pas bien grâve.










Automne - 6e jour de la 8e ennéade de Barkios
9e année du XIe Cycle


Le jour même , le Pergaën n'avait pas put recevoir la curieuse Protectrice. On les avaient installé, elle et Rethiel, chacun dans une cellule du monastère attenant au grand temple de Tari. Elle n'en sortait pas, attendant sur son lit qu'on vienne la cherché pour l'audience. Cette Île lui faisait un effet étrange. Elle avait l'impression de pouvoir sentir un peu mieux son corps... Durant la nuit, elle s'était de nouveau trouvé incapable de bouger... Mais cette fois, c'était différent. Étendue entre des draps, une sensation étrange s'était propagé du centre de sa poitrine à son ventre, à ses bras, à ses jambes, à ses pieds à ses mains, à sa tête. Une sensation qui s'était transformée en brûlure. Une douleur aiguë. Une fatigue de plomb. Et un silence au creux de sa cage thoracique. Elle avait lâché prise, aussitôt.  Le silence était resté quelques secondes. Mais le malaise, lui, avait disparu tout de suite.

Deux Voilées étaient venues l'examiné en fin de mâtiné, l'observant sous toutes les coutures par l'oeil et la magie. Elles avaient tenté par deux fois de réconforter la visiteuse... avant de commencer à l'ausculter en tout cas. Rethiel était à la porte, gardant le regard baissé pour ne pas choquer la pudeur de la dame sans pour autant s'en éloigner. Ce n'était pas un ordre de sa hiérarchie mais une demande de sa part... qu'il avait du mal à comprendre d'ailleurs. Mais comme il s'agissait du seul souhait qu'elle avait exprimé depuis leur rencontre, il s'efforçait de s'y tenir, même si c'était de mauvaise grâce. De toute façon, il détestait cette affectation alors un peu plus ou un peu moins... Aussi gardait-il un détachement presque aussi grand que celui d'Halyalindë, acquis au fur et à mesure de leur voyage.

La visite ne dura pas bien longtemps, mais ce ne fut pas avant la fin de l'après-midi qu'un Voilé vint chercher la Protectrice, demandant à ce qu'elle-seule l'accompagne pour voir le Pergaën. Rethiel finit par accepté, mais alors qu'il les regardait s'éloigner, un mauvais pressentiment lui coulait dans la gorge.

Inconsciente des états de Souffle de son garde du corps, Halya ne s'était pas retourné. Les corridors aux murs granitiques du monastère et ses jardins géométriques laissèrent rapidement place à la rive du Lac sans fond à l'ombre de la hauteur écrasante du premier temple de la Gardienne des Souffles. Un chemin de gravier blanc longeait l'eau jusqu'aux portes qu'ils devaient emprunté. Pas à pas, sans hésitation ni question, Halyalindë suivait son guide. Le but de ces quelques pas occupait seul ses pensées... non. Pas tout a fait. Pour la première fois depuis presque un mois, quelque chose d'étrange venait parasiter sa libre pensée... Quelque chose d'un peu laid. La fatigue et la douleur qu'elle avait ressentis le matin même...

De couloirs en couloir, on la fit finalement pénétré dans une salle oblongue où l'attendaient deux novices, reconnaissables au voile blanc qui leur cachait les cheveux sans que leur visage ou leur corps ne soit caché de toute autre manière symbolique. Toutes deux très jeunes, l'hôte apprit qu'elles étaient là pour la préparer à son entrevue avec le Semi-mort... Et par préparé, le prêtre voulait dire, lavée, purifiée et changée.

Après un bain somme toute classique, pendant que l'une des deux jeunes femme priait à voix basse, les mains devant le visage et les yeux clos, l'autre aspergea la visiteuse avec une eau glaciale. Le regard de l'officiante s'étonnait de l'absence de frisson sur la peau blafarde alors que ses propres ongles prenaient doucement une teinte violacé, mais elle ne dit rien, ne pouvant ou ne voulant pas troubler la litanie basse et rythmé de sa consœur. Puis elle peigna les cheveux rouges de cette étrange femme, lui passa un onguent à l'odeur de myrrhe, de santal et d'ambre sur les mains, les pieds, la poitrine et le front avant de l'aider à enfiler une ample chemise blanche et bleue taillée dans un tissus fluide et satiné jouant avec la lumière comme la surface de l'eau.

Alors seulement, la seconde femme arrêta de psalmodier et ses yeux noisette s'ouvrirent sur la scène. Le sourire incertain et forcé de l'une, la bienveillance de l'autre, Halya n'en avait cure. Elle attendait simplement qu'on veuille bien la conduire à destination, ce qui ne tarda pas.

Avec aussi peu d'appréhension que lorsqu'elle entrait dans sa propre chambre à Ardamir, elle passa une porte aussi haute que large entièrement sculptée... Et vascilla, assaillit par les voix qui l'accompagnaient partout depuis des ennéades. Elles étaient plus fortes que jamais. Plus claires que jamais. Plus attirantes que jamais, malgré la cacophonie disparate qu'elles formaient. Le gargouillis de l'eau s'entendait de loin, à la fois léger et pourtant présent au point de s'insinuer avec insistance dans l'esprit des visiteurs. Au cœur de ce complexe dédale, elle découvrit une salle dont les voûtes blanches se perdaient dans l'ombre tandis que le sol s'ouvrait sur les profondeurs invisibles du lac. Au delà des quelques mètres de sol taillé dans la masse de l'îlot qui bordaient le seuil, seul un pont de pierre blanc et une plate-forme semblant flotté à quelques centimètres de la surface pouvaient être foulés au pied. Taillés d'un seul tenant, plusieurs arabesque les reliaient aux voûtes élancées comme des liane de marbre blanc veiné de bleu et de gris. Une silhouette était présente sur la plate-forme. Haute. Un homme. De dos, on ne voyait que son voile intégral. Mal une seule parcelle de peau n'était perceptible. Ses mains étaient couvertes par les manches amples et même si un malheureux geste était venu mettre cela en péril, de longs gants du même tissus aurait protéger l'être qui se tenait là de tout regard malvenu. Près du pont se tenait une autre personne. Fine. Seul le bas de son visage était visible sous son imposant voile détaillé de multiples symboles inhabituels. Et près de lui, dix autres Voilés, hommes et femme, aux tenues plus conventionnelles. Leurs visages étaient visibles et la plupart d'entre eux semblaient âgés, mais une sorte de bienveillance se dégageaient d'eux... a moins que cela ne soit de la pitié.

Les deux novices s'inclinèrent humblement, laissant là leur hôte sans un mot d'explication. Fort heureusement, l'elfe dont seule la bouche et le menton étaient visibles combla les lacunes.

« Nous vous souhaitons la bienvenu au sein de ce sanctuaire, Halyalindë. Le Pergaën a été mis au courant de la raison de votre venu. Il prie mais va vous recevoir dans quelques minutes. Je suis la Voix du Semi-Mort et laissez moi vous présenter nos frères les plus illustres. »

L'elfe tendit la main vers chacun des dix prêtres qui se tenaient là en énonçant successivement leur nom. Dans la file se tenait l'une des deux femmes qui étaient venue la voir le matin même. L’acoustique de la pièce était étrange, mais Halya n'y prêtait pas plus attentions qu'à d'autres détails. Elle n'essayait même pas de retenir les noms, luttant par habitude contre la foule inexistante qu'elle percevait tout autour d'elle sans en éprouver le besoin.

« Ils ont passés les rites les plus avancés, pratiquent l'art de communier avec les Souffles et se sont tous portés volontaire pour vous porter assistance lorsque le Pergaën leur à parlé de votre problème.
- Je suppose qu'il faut que je vous remercie.
- Ne nous remerciez pas. Ce n'est pas une solution que nous vous offrons, seulement un espoir. Cela risque d'être extrêmement éprouvant et vous n'avez que peu de chance de vous en sortir...
- Je peux parler franchement ?
- Rien de ce que vous direz ou ferez ici ne sortira de cette pièce.
- Je ne souhaite pas redevenir comme avant.
- Pardon... ?
- Mon esprit n'a jamais été plus clair. Je réfléchis plus vite, de façon plus objective. Je n'ai ni peur, ni mal, ni soif, ni faim. Les frivolités des émotions n'obscurcissent plus mon jugement. Je suis un être plus accompli maintenant que je ne l'ai jamais été. Cela doit vous paraitre étrange, mais j'ai besoin d'une réponse : Y a-t-il un moyen de me permettre de vivre sans me priver de ce don ? »

Les prêtres s'entre-regardèrent, assez déboussolés. Un don ? Ils ne comprenaient pas. Parlant à voix basse, il réinterrogeaient sur ce qu'ils s’apprêtaient à faire. On leur avait dit que la visiteuse était prête à tout tenté pour être guérie. Le doute planait à présent et cela ne pouvait être sans conséquence. Après quelques tergiversations, l'un des dix pris la parole :

« Nous ne savons déjà pas si nous pouvons vous soigner. Mais nous pouvons au moins essayer. Ce sera à vous et au Pergaën de décider ce qu'il convient de faire... Cependant certains de mes confrères ici présent refuseront d'y prêter la main.
- Je vois. Je vous remercie de votre franchise. » répondit Halya, toujours aussi neutre , avant de se tourner de nouveau vers la fameuse Voix. « Dans ce cas, j'accepte tous les risques.
- Très bien. Avant que nous n'allions plus avant, je dois vous demander de prêter serment sur votre honneur, sur votre vie et sur les Dieux que jamais vous ne révélerez à quiconque ce que vous verrez ou entendrez ici aujourd'hui. Le rituel auquel le Pergaën a décidé de vous convier est l'un des plus sacrés de notre ordre... »

La Protectrice prêta serment... Tout comme les dix prêtres le firent à leur tour. Tous, sauf un. Une femme au visage lunaire creusé de quelques rides. Ses sourcils blancs soulignaient un front haut laissant présager un crâne rasé. Elle s'excusa autant auprès de la Voix que d'Halya, expliquant qu'elle ne pourrait pas en toute bonne fois suivre le désire que venait d'exprimer leur visiteuse.

Alors que le groupe avançait en file indienne sur le pont suspendu, elle resta sur le bord, près de la porte, observant de loin le Pergaën qui se retournait lentement. Elle faillit laisser échapper une exclamation lorsque le Semi-mort sembla s'adresser directement à la femme rousse et qu'il posa une main apaisante sur son épaule. La Voix retrouva sa position en retrait, discrète comme une ombre. L'étrange rouquine ne semblait pas troublé le moins du monde par cet honneur qui lui était fait. Son visage austère et dur faisait mal au cœur de la prêtresse. Ses yeux verts étaient ternes, son expression figée, son corps désagréablement frêle, ses joues creuses et son teint morbide lui donnait une aura d'une fragilité telle que la pitié était encore trop égoïste.

Personne ne prêtait attention à celle qui était resté sur le bord. Peut-être n'avaient-ils même pas pensé qu'elle s'attarderait. Les neufs se mirent en arc de cercle vers le lac, dos à la porte, tandis que Pergaën approchait du bord de l'estrade au côté de l'étrangère. Puis la Voix ordonna à tous les prêtres présent se tourner le dos à leur guide et Protecteur. Ils s'exécutèrent aussitôt. L'un d'eux croisa le regard de la femme encore présente sur la rive. De honte, elle se tourna bien vite... Mais du coin de l'oeil, elle aperçu ce qu'elle n'aurait jamais du voir.

Tout au bord de l'avancée de pierre, le Pergaën avait tiré d'un geste ample son gants de soie bleue. Entre la couture et le mantel, un éclat si blanc qu'il en paraissait lumineux avait frappé l’œil de la prêtresse. Affolée par le blasphème qu'elle venait de commettre sans en avoir l'intention, portant ses mains devant son visage et priant avec une ferveur proche de la panique, elle entendit l'eau se plisser, se mouvoir. Quelque chose projeta le claquement caractéristique des objets tombant au travers de la surface sur l’acoustique des voûtes de pierre nues. Une mélopée bourdonnante s'éleva du cœur des prêtre. Une prière qu'elle connaissait par cœur et qu'il lui semblait pourtant entendre pour la première fois. C'était puissant. Entêtant. Entraînant malgré la lenteur consommée avec laquelle chaque son était émis. Les mots la prenaient au cœur. La magie lui piquait la peau. De plus en plus dense. L'énergie du Lac remontait jusqu'à en faire peu à peu vibrer les arches de pierre.

Tremblante, la prêtresse quitta les lieux, salongue main suivant le mur jusqu'à ce qu'une autre salle de prière referme ses portes sur son inquiétude grandissante.


Dernière édition par Halyalindë Yasairava le Mer 12 Juil 2017 - 13:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La mort peut-elle être une renaissance ? | Solo   La mort peut-elle être une renaissance ? | Solo I_icon_minitimeSam 8 Juil 2017 - 21:14


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Assis dans l'un des jardins austères du Prime Temple de Tari, Rethiel s'était changé en une sorte de boule de laine dont ne sortait que deux bras et une frimousse aux cheveux blancs attachés à la va vite et aux yeux d'un gris perçant. Assis sur un banc avec vue sur le lac, ces yeux ne quittaient pourtant pas le petit objets qui glissant entre ses doigts et dont quelques copeaux tombaient à intervalle régulier.

Depuis qu'on avait sortie la protectrice des profondeurs du temple trempée et sur un brancard, il avait eu le temps de retailler l'intégralité de ses flèche et d'aider la milice de la cité à traquer une bête qui rodait un peut trop près des habitations... Avant de retailler l'intégralité de son stock de flèche. Les prêtres lui avaient dit de ne pas s'inquiéter et qu'elle avait seulement besoin de repos et de calme en ajoutant quelques détails fumeux que le temps nécessaire à son souffle pour retisser et renforcer les liens qui l'attachaient à son corps. Lui qui n'avaient toujours eu qu'une ferveur des plus minimaliste envers les dogmes Ilethiens il en avait pour son comptant...

Enfin... Depuis la veille il fallait bien qu'il s'occupe et si le soir il ne rechignait plus à se détendre avec les locaux en écoutant quelques morceaux de musique, il préférait encore resté non loin de sa charge durant la journée.

Et quelle charge... Vivement qu'il soit de retour à Alëandir. Cette fois son cher lieutenant ne pourrait pas dire qu'il ne payait jamais sa témérité... cette fois ils s'étaient surpassés pour la corvée...

En effet, si Rethiel se retrouvait à Holimion sous les premières glaces, c'était parce qu'ils étaient autant reconnu pour ses capacités d'archer et d'observation que pour la propension qu'il avait à ne vouloir accomplir ses missions qu'après une enquête minutieuse et interminable pour juger lui-même si l'ordre qu'on lui donnait était valable. Si la plupart du temps cela n'avait pas de conséquences fâcheuses, sa méfiance avait plusieurs fois risqué la vie de ses camarades ou la finalité de la mission. La dernière en date avait été l'arrestation discrète d'un lieutenant de Tethien repéré par les Éperviers à cause de plusieurs voyages par navire vers les marais de Faelia. Ne voulant pas se fier uniquement aux rapports, il avait intégrer l'armée sur place et suivit le lieutenant en tout lieu. N'ayant rien trouvé pour corroboré les directives, il avait demandé un laps de temps supplémentaire, son identité avait été dévoilée et son coéquipier avait fini avec un flèche dans l'épaule et deux doigts en moins. Le Lieutenant avait fini avec une flèche dans la jugulaire au lieu d'être capturé. Une grande histoire de gloire et d'élite du peuple elfe en somme.

Et maintenant, alors qu'il ne faisait confiance à personne, ni à ses supérieurs, ni aux religieux, ni aux politiciens, il se retrouvait coincé à l'autre bout du monde entre une Protectrice folle à lier et le Pergaën en personne...

Abaissant un moment le couteau avec lequel il travaillait le morceau de bois flotté, il s'autorisa un soupire.

Mission moisie...

« Vous en faites une tête. Quelque chose ne va pas ? »

Sur le fond de ciel nuageux désagréablement clair, une silhouette sombre se découpait à deux pas. Étant donné le passage régulier de quelques prêtres, il n'avait guère porter attention à l'approche d'une personne de plus, mais maintenant un sourire lumineux lui sautait aux yeux. Et autour du sourire...

« Heri...
- Et bien... Oui...
- Vous avez l'air... euh... »

La femme aux yeux vert passa une main ennuyée dans ses cheveux roux. Ses traits étaient si mobiles que l'Aigle pouvait voir passer la moindre once d'incertitude, d'hésitation, de joie et de reconnaissance sur son visage.

« Je... viens de me réveiller. Je dois admettre que je suis un peu perdu...

- ... Je veux bien le croire.
- ... et sinon vous sauriez où je pourrais trouver quelque chose à manger? J'ai une faim de loup... »

Alors là, c'était officiel, il devait avoir une hallucination.






Hiver - 2e jour de la 1ere ennéade de Verimios
9e année du XIe Cycle
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   
Obscure. Lourd. Froid. Silencieux. Bondé. Douloureux. Terrifiant.
Sorties du néant et du calme, mes émotions m'assaillent.
Des mains qui m'agrippent.
Des crocs qui me tiennent.

Déchirée dans un étrange entre-deux, je perçois à la fois l'horreur la plus totale et l'absolue plénitude.

Je ne suis pas là ou je devrais être. L'Ordre se bat contre ma présence.
Prise dans une toile poisseuse, je me débats.

Une silhouette. Un regard. Une lumière lointaine. Et puis...


Halya se redressa d'un bond en cherchant de l'air. Les profondeurs du lac semblaient encore oppresser ses poumons. L'ombre et le froid rodaient dans son esprit... Les bras autour de ses jambes, elle posa le front contre ses genoux en serrant les paupières, cherchant à chasser les impressions encore vives qui l'assaillaient. Dans le silence de la chambre, sa chemise collée par la sueur suivant son dos comme une seconde peau, elle prit le temps qu'il fallait pour calmer les battements erratiques de son cœur.

Pour la troisième fois, elle s'éveillait avant l'aube, les entrailles retournées par des impressions et des émotions violentes devant lesquelles elle se retrouvait aussi  démunie qu'une enfant. Sortir du sommeil était difficile. Chasser les relents de ses cauchemars l'était encore plus. La raison pouvait toujours crier ce qu'elle voulait, quelque chose, quelque part rappelait que ces sensations qui lui courraient sur l'échine n'étaient pas le simples fruit de son imagination. Ce qui revenait la hanter, elle l'avait réellement vécu... Et pourtant cela n'avait pas la même portée que d'ordinaire.

Elle avait eut peur. Elle avait donné la mort et l'avait frôlée à mainte reprise, surtout cette dernière année. Et pourtant son sommeil n'avait jamais aussi agité que ces deux dernières nuits. Agité, mais pas dévasté. Des rêves, mais pas de cauchemars. Il n'y avait pas grand chose d'horrifique, pourtant tout était si intense que cela lui donnait le tournis. Face à cette brume mouvante et volatile, elle était comme... comme... démunie.

Elle se retrouvait des siècles en arrière, recevant de plein fouet l'émerveillement et l'horreur qu’entraînait la redécouverte de ses sensations. Les joies simples et les fragments de bonheur quotidiens étaient réapparus avec leur lot d'émerveillement. Le goût d'une pomme, un rayon de soleil sur la surface de l'eau, la forme étrange d'un nez ; tout lui amenait un sourire, un rire ou une grimace. Elle se souvenait de la douleur et de l'excitation des combats. Elle se souvenait de la perte et de la solitude. Elle se souvenait de chaque chose, de chaque jour, avec une précision extrême... Mais elle pouvait regarder chaque souvenir sans se sentir étouffer, sans avoir à refuser toute émotion par peur de se laisser sombrer.

La bise glaciale de cette île balayée par le vent heurtait périodiquement le carreau. Le froid de la pièce, quoi que moins mordant, suffisait à la faire frissonner, elle et les cheveux humides qui lui tombaient sur le visage. Elle se recoiffa d'une main fébrile, un sourire tremblant sur les lèvres, et s'assit en tailleur sous les couvertures, restant simplement là à regarder les ombres roder par la fenêtre sans la moindre appréhension.

Une profonde inspiration gonfla sa poitrine.  

L'inspiration devint bâillement.

Elle secoua la tête en retenant un rire avant de se laisser retomber sur le dos. Sa tête s'enfonça délicieusement dans l'oreiller de plume, s'inclinant légèrement sur le côté.  Sur la table de nuit, en relief et nuances de gris, un petit objet en métal attira son attention, lui tirant un sourire troublé par le mélange d'émotions à la fois fortes et disparates qu'elle ressentait à cette vue.

Avec milles précautions, se saisit du métal poli pour l'observé de plus près. La main posée près de son visage, son pouce glissait délicatement sur la surface du symbole.

Le sommeil ne tarda pas à l'emporter.


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La mort peut-elle être une renaissance ? | Solo
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