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 La sublime porte s'entrouvre

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Aymeric de Brochant
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MessageSujet: La sublime porte s'entrouvre   La sublime porte s'entrouvre I_icon_minitimeDim 25 Juin 2017 - 14:11



5ème jour de la 2nde énéade de Karfias, 10ème année du 11ème cycle.

Lante brillait par sa singularité vis-à-vis des autres cités naines. Elle était une des rares qui fut édifiée en ajoutant de la matière, et non en creusant celle-ci. Elle se trouvait entourée de plaines, et non sise dans un écrin de montagnes. Sa populace comptait autant de nains que des membres des autres races. Elle se trouvait au devant de la nanie toute entière, ouverte au reste de Miradelphia comme une grande et sublime porte.

Cependant, la porte s'était refermée il y a de cela plusieurs années, et l'entrée de prédilection dans le royaume des nains s'était muée en un obstacle. La nanie toute entière, à vrai dire, était un obstacle. Ses petites gens se muraient dans leurs domaines septentrionaux, quand bien même la dernière chevauchée sur leur sol datait des éons, et Lante, cette belle porte, avait fermé ses vantaux, et chassé toute personne ayant une taille respectable, les reléguant dans un faubourg qu'on avait nommé l'Enclave.

Ainsi, c'était d'obstacle en obstacle que l'on progressait dans ce pays. Arrivés avec des intentions les plus probes, les hommes de Serramire avaient initialement été arrêtés aux frontières même du royaume, des frontières bien étrangement situées, puisqu'on n'y voyait là-bas encore nulle montagne. Une première taxe payée, c'était une seconde qui s'était bientôt manifestée, quand l'équipage du Vît-de-fer désira mouiller aux abords de Lante. Bien que les docks furent hors les murs, il leur fut imposé une nouvelle dîme. Rebelote lors de l'entrée dans l'Enclave, que les petits-pères avaient elle aussi ceint d'une palissade, pour mieux en contrôler les entrées.

Lante s'était ainsi transformée en guichet écoulant des tickets d'entrée à prix exorbitant, et il n'était guère surprenant qu'avec les années, depuis le retour du général Poing-de-fer en ces lieux, le commerce s'y soit amoindri. C'est qu'aux troubles de la nanie s'étaient superposés ceux de la Péninsule : au Nord, la guerre avait détourné les hommes de leurs amitiés septentrionales, tandis que les expéditions menées par les soltarii et autres forbans avaient été bien mal accueillies, à Thanor.

Le comptoir alonnais, établi de longue date, peu après la Malenuit, faisait ainsi vache maigre, et la coterie menée par le scylléen Adelphe s'y établirent. C'est que peu après l'arrivée des hommes à Lante, les glaces s'étaient emparées du Vît-de-fer, niché dans la rade, et il apparaissait que l'on resterait au Nord quelques énéades au moins. Voila qui laisserait le temps aux marchands d'établir leurs quartiers généraux et de se porter au devant des maîtres nains.

Ainsi, après quelques jours, les marchandises et les vivres avaient été déchargées et entreposées. Les hommes s'étaient alors égaillés dans toute l'Enclave, s'enquérant auprès des locaux au sujet des mœurs naines, sondant le marché comme on jette une ligne dans un lac trouble, en ignorant si l'on va tirer un brochet ou une tanche. Il y avait là un vivier copieux d'étrangers : estréventins, péninsulaires, quelques mulâtres excentriques s'étaient épris du commerce ; tous parvenus ici par des routes les plus sinueuses, chargeant ici, déchargeant là, venus à dos de mules ou même à pieds, mais chacun unanimement impressionnés par l'entreprise des hommes du Nord : une liaison en ligne (presque) droite, par l'Olyia, durant même l'hiver, et ambitionnant de restaurer la grande route menant de Lante à Thaar.

Cependant les énéades s'écoulaient et les hommes de Serramire et d'Oesgard n'avaient pas encore dévoilé aux lantais le contenu de la cargaison. Un pareil débarquement en force - on ne trouvait plus gros tonnage dans la rade que celui du Vît-de-fer - ne manquait d'éveiller les curiosités, et les marchands, capitalisant sur leur exotisme, avaient entretenu le mystère. Cependant, ce n'était aux chalands de l'Enclave qu'ils destinaient leurs biens, mais aux petits-pères nichés derrière les murs. Assurément, ceux-ci auraient également entendu parler de cette singulière arrivée, aussi, après quelques jours, on fit annoncer à la criée dans tout le faubourg que les étals s’ouvriraient le surlendemain. En parallèle, une enseigne fut envoyée aux portes de la cité, afin d'informer les maîtres nains que s'ils le désiraient, ces messieurs pouvaient avoir la préséance sur toute marchandise, si tant est qu'ils vinssent la veille. On leur serait tout dévoués.

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MessageSujet: Re: La sublime porte s'entrouvre   La sublime porte s'entrouvre I_icon_minitimeJeu 20 Juil 2017 - 23:39



« Shamukh Jorun, zûr astu ? »
« Iglukhul Dogor. Gabil mahmunumenin ammâ nibakt Umgizazn.»
« Yi'...Kuf ?»
« Galab 'utnân. »
« Rukhis. »


Si Gabil le Sanclameur était redouté pour sa froide verve, Jorun Rageroc l'était quand à lui pour la chaleur de son sang. Originaire du Septentrion, ancien membre d'un clan austère de cognard des montagnes qui arpentaient autrefois le Kadrinin pour en assurer la sécurité des différents convois, il avait du comme tous fuir vers le Sud une fois le cycle achevé. Dans la folle course qui l'avait mené à Lante, le nain avait perdu moult des siens -pratiquement tous pour ainsi dire. Une blessure ouverte qu'il avait cherché à noyer dans les breuvages maltés, mal lui prit car possédant une résistance à l'ivresse proche des grognards des prairies, il en dilapida jusqu'à sa dernière économie. Finissant bien vite à l'orée des deux mondes, soiffard de son état, repoussé même par la plus hideuse des bavettes, le nain aurait put finir sa course en caniveau, abandonné de tous, étouffé dans sa propre fange.
Ce fût l'intervention inopinée du maistre des lieux qui le tira de sa misère. Au détour d'une venelle, celui qui avait la réputation d'avoir le cœur de pierre et la langue de granit, décida d'accorder une seconde chance à ce nain venu des confins.

Gabil le prit sous son aile, exorcisa ses démons à grand coup de tranchoir, ré-inculqua force et discipline dans cette carcasse depuis trop longtemps courbé. En sortit une barbe nouvelle, loyal à l'excès mais toujours prompt aux sanguinerie. Cela ne l'empêcha pas d'atteindre le jalon de chef de patrouille, car il possédait la brutalité nécessaire à la bonne application des règles naines dans ce foutoir qu'était l'Enclave.

La sublime porte s'entrouvre 627341Jorunrageroc
Jorun Rageroc



Ainsi c'est lui qu'on avait mandé quand à la presque mi journée était arrivé au poste de guet, bon gens Serramirois venu faire affaire avec leur grande barge de bois. C'était sur place qu'il devait se rendre et sur place il se rendrait. Accompagné de Dogor du clan Fersur, d'Orus du clan Kronsson et de Garkun "La Bête" du clan Crancier, les nains se rendirent d'un pas lourd en direction des chalands qui s'apprêtaient à déballer leurs biens à la vue de tous. Engoncé dans leurs lourdes armures, on ne pouvait réellement les distinguer. Seul la couleur des poils prouvait encore qu'il s'agissait la de différents nains. Pourtant c'est bien le chef qui s'exprima en premier, de sa voix caverneuse, il releva de la pique, tâtonnant de sa toise d'acier le contenu caché.

« Finit les mystèles les longuets. Guet de Lante, soltez vos malchandises avant qu'on n'le fasse poul vous. Soit disant qu'il sellait possible qu'on y tlouve intêlet.»
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Alanya de Saint-Aimé
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MessageSujet: Re: La sublime porte s'entrouvre   La sublime porte s'entrouvre I_icon_minitimeDim 23 Juil 2017 - 20:53







La sublime porte s'entrouvre 533943Gummore

Ils avaient vogué des jours durant en compagnie des négoces Serramirois les plus fameux. Pour sûr, le vît-de-fer portait drôlement bien son nom : aucun homme ne pouvait en détourner les yeux sans qu’il ne lui monta une trique de tous les Dieux. Pour sûr, lorsqu’ils avaient aperçu le bel ouvrage, ils en étaient restés pantois – admiratif du travail accompli. Le rafiot n’avait pas son pareil ; loin des larges fonds de bateaux de mer, l’embarcation avait été taillée avec soin pour les petites profondeurs et la relative étroitesse des fleuves. Ils avaient pu ainsi partir du Royaume un peu secoués par cet étalon des eaux douces afin de rejoindre l’entrée du pays nain.

Pour Gummore Main-Puissante, maître forgeron à courtes pattes, c’était un retour aux bercails aussi attendu que redouté. Il avait fui vers l’Alonnan, terre que l’on disait asile, et y avait repris son commerce loin des siens. Le clan des Main-Puissante avait été disloqué, partagé entre la cité du Roi et le lointain pays étranger. Aujourd’hui, accroché au bastingage, pas le pied marin pour deux sous, il regardait la fière ville s’étendre sous ses yeux. Son cœur se pinça alors que relégués aux pieds de la citadelle, il devait composer avec les miettes d’un illustre temps bien loin à présent. Le quartier était bien loin de la splendeur des ruelles qui le surplombaient, bien loin aussi de ce qu’il avait connu avant de devoir s’en aller vers une contrée plus propice. S’il ne savait guère encore comment il serait accueilli par son peuple, il se doutait toutefois qu’à leurs yeux il ne valait pas mieux que les grandes gens. Il lâchait des jurons dans sa belle barbe, cachant ainsi sa nostalgie aux yeux de ses comparses de fortune – ou d’infortune s’ils devaient s’en retourner au marquisat avec les tonnelets et la bourse plus leste de toutes les taxes.

Ces mêmes taxes qui firent grincer des dents le fringuant Rodolfe Pelletier. Fils d’Alfred Pelletier et petit-fils de Claude Pelletier, le bonhomme enfoncé dans ses belles fourrures n’aurait su faire meilleur honneur à sa famille. Les Pelletier était connu à travers tous le Nord pour leur travail de la peau et des poils, si bien que vantard comme il l’était, il s’était appliqué à casser les esgourdes de ses compagnons tout le long du périple. Il chantait les mille louanges de son travail et de sa bonne étoile qui faisait de lui l’un des bourgeois les plus éminent à Alonna les Trois-Murs. Récemment il avait même investi dans une charmante demeure pour son atelier, au cœur de la capitale de la baronnie. Cette dernière donnait tout pile sur le grand marché couvert, rien de tel pour faire fructifier son capital avec les quelques riches curieux qui passait par là. Malgré sa langue bien pendu – trop au goût de certains – l’on devait lui reconnaître son talent tant de négoce que d’artisan. Ses fourrures étaient bien travaillées, et il savait couper les bêtes afin d’en perdre le moins. On pensait toutefois à sa pauvre femme qui se devait de le supporter tous les jours.

Tous sauf celui-là. C’était un beau jour pour Guillaume de Wacume qui haranguait la foule auprès de leur précieux chargement. Le cadet des Wacume – qui aidait jusqu’alors son frère William et son père Odias à la bonne tenue de leur domaine – s’était rapidement désintéressé des choses de la politique. Il ne tirait pas un trait dessus pour autant mais du haut de ses seize ans, il avait voulu apprendre autre chose ; une chose qui lui serait sans doute tout aussi bénéfique. Embarqué par la guilde marchande plus pour son titre que pour un quelconque talent, il apprenait chaque jour auprès de ces gaillards. Se renseignant auprès de qui voulait bien de lui, il savait à présent la base d’une bonne vente même s’il n’avait point encore eut le privilège de passer de la théorie à la pratique. C’est d’ailleurs un peu décontenancé devant la montagne de fer et de poils qui se dressait devant lui, qu’il se tourna les yeux ronds vers les hommes du Nord.

« Laisse passer petit ! Pelsonne ici me tlaitela de longuet, pas de mon vivant teh ! »

Gummore l’écarta vivement, se trouvant bientôt face à la soldatesque naine. Si le début de sa phrase avait été audible pour tous, la suite fût noyée dans sa soyeuse barbe rousse. Pour sûr, il se trouvait bien vite à ses aises maintenant qu’il avait quelqu’un à sa taille ! Le privilège de sa patrie : Mogar avait fait les nains petits et trapus, proche de la terre et de sa force divine, alors que les autres humains se retrouvait haut perché. Un de sa race en valait bien dix de l’autre !

« Ah ces melssieurs du Guet ! Poul sul vous y tlouvelez un intélêt mes flères ! Et pas seulement vous, p’têtle bien que les bonnes gens de Lante aussi ! Les meilleuls ploduits qui conviendlaient même à un Loi ! »

Il fit signe aux compagnons Serramirois de s’avancer sans plus attendre, s’écartant un peu pour taper sur l’un des tonneaux qu’ils avaient rapportés du Royaume – et qui leur avait coûté bien cher.

« J’ai selti celtains de ces tonneaux moi-même ! Jamais j’aulais tolélé qu’on y foulle d’la quincaille ! Allez donc tlouver les gens du clan Main-Puissante, y vous dilons comment Gummole tlavaille ! ». Son épaisse moustache bougea assez pour laisser apparaître un franc sourire.

HRP:


Dernière édition par Alanya de Broissieux le Lun 24 Juil 2017 - 0:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La sublime porte s'entrouvre   La sublime porte s'entrouvre I_icon_minitimeDim 23 Juil 2017 - 22:58

La sublime porte s'entrouvre 627341Jorunrageroc
Jorun Rageroc



Recevoir des marchands humains dans l'Enclave redevenait aujourd'hui à nouveau un acte banal. Sûr qu'ils n'étaient point nombreux en comparaison du passé cosmopolite de la cité. Mais les temps faisant, les longues-jambes retrouvaient peu à peu le chemin du Nord, attirés par la promesse de richesse. En somme, un lent et progressif retour à la normal, bien que jamais l’accueille du peuple de la montagne ne puisse redevenir ce qu'il avait été. Ils étaient nombreux à avoir vu dans la Colère du Père, le signe de leurs fautes passés, de leurs décadences et de leurs trop grandes avidités. Le peuple nain c'était oublié, allant jusqu'à vendre aux inférieurs certains de leurs secrets. Ainsi ils avaient mis aux enchères leurs âmes, leurs essences propres et cela, le Grand-Forgeron n'avait put le permettre. Son marteau c'était abattu, fendant le roc et balayant les faibles.


« Kakhuf inbarathrag. » souffla méprisant le capitaine du guet.



Dans son dos ses compères aux armes dressés grognèrent tous à des fréquences différentes. Certains d'un trait vif, d'autre longuement. Garkun "La Bête" lui releva la visière de son casque et cracha un glaviot épais et brunâtre non loin des pieds du nain qui venait d’apparaître.
Car en Zagazorn, aujourd'hui, il existait une catégorie de cognard que l'on considérait encore bien plus bas que la moins avisé des bavettes. Ceux qui avaient décidé de fuir alors que la tempête faisait rage, ceux qui avaient tourné le dos aux anciennes valeurs pour en trouver de nouvelle la ou l'herbe se faisait plus verte. Ceux la même qui dans l'esprit des nains de Lante, se retrouvaient soupçonnés d'être à l'origine de la Colère du Père.
Jorun et ses barbes ne faisaient donc point exception. Pour eux qui avaient aussi payé le prix fort de la malenuit, ils n'accordaient plus une seule once de respect aux trousse-pets ayant prit leurs jambes à leurs coups.
Car ceux ci avaient mainte fois eux l'occasion de revenir et de tenter de se racheter honorablement. Alors que le Kharogan ce terminé à peine, l'appel du Seigneur des Ruines fût entendu dans toutes les communautés du Sud et ils étaient venus nombreux afin d'apporter leurs bras à la reconquête du Kirgion. Aujourd'hui celu qui régnait sur un fortin était devenu le Grand-Roi du Royaume réunit et honorés étaient ceux qui avaient répondu à son appel.
Pour les autres, point d'estime requise.

«  Tlop de temps passé chez les longues ça vous lamollit le cabochald. Si le Grand-Loi selait la y t'en dilait deux sur sa façon de pensel,  Main-Puissante. Y qu'en Zagazoln qu'on ploduit autle chose que de la quincaille. C'est le cloupion des baveuses à longues-guiboles qui ta fais oublié les bases ?»

Un quatuor de rire gras s'éleva, tonnant sous les visières sans que cela ne dérange les marauds s'affairant à leurs tâches respectives dans les venelles de l'Enclave.

« Qu'on a d'autle galioth à faile paîtle. Ouvle tes tonnelets le Gummole ou qu'on va le faile nous même. Je le répétlai pas. »

Les barbes du guet c'étaient fait moroses et s'ils avaient auparavant fait risette derrière leurs heaumes, ce n'était plus le cas.

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Aymeric de Brochant
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MessageSujet: Re: La sublime porte s'entrouvre   La sublime porte s'entrouvre I_icon_minitimeLun 24 Juil 2017 - 10:59


La réponse des Lantais n'avait pas tardé, quand quelques heures après avoir envoyé une enseigne aux portes de la ville-close, en était revenue une petite troupe. C'était là les grognards du guet, dont le pas lourd des bottes ferrées fit trembler le plancher du comptoir. Adelphe, occupé ailleurs, avait entendu de loin raisonner les voix rocailleuses des nains. Délaissant sa paperasse, il avait fait alors irruption du cabinet dévolu aux clercs et aux courtiers, pour pénétrer dans la grande halle où s'entreposaient les biens. Là, les argousiers nains s'entretenaient avec leurs frères expatriés à Alonna. Aymeric s'était félicité que des petites gens installés derrière les Trois-Murs joignent l'expédition ; cela dispenserait celle-ci de recourir aux traducteurs. La garde locale, cependant, semblait peu goûter de la présence de leurs compères venus d'ailleurs. Avisant l’attroupement, Adelphe s'interposa discrètement.

« Là, maîtres nains! s'exclama-t-il, point de hâte, je promets de satisfaire votre curiosité! Nous allons vous montrer tout cela. » Il se fendit d'une révérence, sa tête arrivant plus ou moins au niveau de celle du capitaine. « Je me nomme Adelphe Bernazotti, et représente le marquis mon maître pour rétablir le commerce entre le Nord de la Péninsule et la nan... le Zague à Zorne, que dis-je! Aussi, bons nains, sachez que nous avons réservé nos marchandise aux bonnes gens de Lante : nul autre dans l'Enclave n'y a posé les yeux, vous êtes les premiers. » Naturellement, il eut préféré exposer sa cargaison à quelqu'un d'autre qu'un troupier, mais l'opiniâtreté toute naine de celui-ci lui avait conseillé le contraire. « Allez, mes oiseaux, qu'on déballe tout pour nos invités! »

La foule s'égailla, et bien vite les tonneaux furent percés, les coffres ouverts, les paniers exhibés. Le scylléen invita Jorun à le suivre, tandis que devant chaque étal, il commentait le contenu. « Nous avons là tout ce que vous pourriez apprécier, et que le voyage n'avilit. Voila des fromages à foison : crottins du bosc, brique de karras, mont d'or des monts d'or, rigotes sigoles... » Il se racla la gorge. « du... Sellamillou, aussi. » Partout, les couvercles des tonneaux sautaient, laissant s'échapper mille et un fumets dans la grande halle. Adelphe, lui, déroulait : « Saucisses sèches des bois de Breyva, jambons de Ganches, pâtés aux truffes d'Albreuil, miel des paluds, des plaines et des bois, je gage que vous aimerez tout cela! »

On s'était bien gardé d'envoyer de la bière ou quoi que ce soit qui puisse froisser les petites pères dans leur amour propre, tant il est vrai que ces gens là demeuraient chatouilleux à l'endroit du houblon. L'argentier passa d'un étal à l'autre, délaissant les victuailles pour d'autres produits : « Là, maître nain, les meilleures peaux, les cuirs les plus beaux, tannés, teints! Des fourrures provenant du sauvage Landnörten : des peaux de loup, manteaux de martre, pelisse de ver-chat, toison de lyngre et de lion cornu! » Là encore, on avait pris garde de ne pas envoyer d'acier oesgardien, de peur d'offenser les nains.

L'argentier, eut-il fait face à une dame suderone, ou une princesse d'estrévent, se serait empressé de poser la plus rare des pelisses sur les épaules de la fortunée. Après une hésitation d'une demi-seconde, il passa au troisième étal : « Ici, de quoi ravir les plus érudits : chandelles et savons lourmelois, des tablettes de cire à foison, pour les registres de vos marchands, ou encore de beaux codex, tout vierges et du plus beau vélin. » C'était l'initiative du marquis que l'on avait emporté une bonne quantité de cire, dont les nains faisaient usage pour tracer leurs runes magiques et tenir leurs comptes.

Un quatrième étal était dévolu aux denrées de l'étranger. On n'avait emporté que peu de tout cela, préférant écouler des marchandises produites au Nord même avant d'engager du numéraire dans les biens du Sud et du lointain Levant. « Là, maître nain, vous trouverez ce que le reste du Royaume peut offrir : fromages odelians, vins hautvalois, teigne rouge, olives ancenoises, etc. etc. Voyez, maître, nous n'avons rien à cacher, tout au contraire : comme annoncé auparavant, les bonnes gens de Lante auront la préséance sur ceux de l'Enclave. »

Serramire, cependant, n'était pas venue seule, et l'homme héla ses associés alonnais, les intimant à son tour de déballer leurs marchandise : « Là, Wacume, Pelletier, Firmin! Montrez donc à nos invités les bontés que la baronne leur réserve! »

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MessageSujet: Re: La sublime porte s'entrouvre   La sublime porte s'entrouvre I_icon_minitimeMar 25 Juil 2017 - 15:27

Rodolfe Pelletier, qui n’avait pas entendu arriver les hommes courtauds, avait rapidement laissé ses comptes de côté pour rejoindre l’attroupement. Parmi la foule qui se massait, il y avait bien sûr les montagnes de fer mais aussi des badauds curieux, pour la plupart engeance batârde d’on-ne-savait trop quel peuple, faisant on-ne savait-trop quoi. Ah ! Voilà donc les braves gens qui leur renfloueraient les poches ! Non pas qu’il n’y croyait guère en partant des Trois-Murs, mais il était communément établi que la Nanie était une cause perdue. Sinistrée commerciale, même les braves gens de l’Alonnan avait laissé tomber en désuétude leur comptoir, n’échangeant plus que chichement des piécettes pour des pièces de mauvaise facture ; il ne s’agissait pas d’un désamour consentit, cependant les voyages coûtaient de plus en plus cher et rapportaient peu. Aussi c’était là le projet de leur bonne baronne : il fallait rouvrir la voie d’antan, et cela passait par les envoyer, eux, chargés de matières nobles et armés d’un sourire amical.

Alors, les ratiches largement exposées, s’approcha du Forgeron, dépassant le petit gars mis en retrait pour qu’il ne fasse pas de bêtises. Les enjeux étaient bien trop lourds pour que l’on laissa un petit noble s’amuser à jouer les négoces. Il n’avait aucune bonne raison d’être là, parmi les meilleurs de leur discipline. Tout ce qu’il avait c’était un titre qui – croyez-le ou non – ne lui était d’aucune utilité ici-bas. L’on disait des nains qu’ils étaient de rustres personnages, bien plus enclin à la boisson et les rixes que pour les choses civilisées. Peut-être était-ce pour cela qu’ils ne marchandaient plus avec leur voisin du sud. Ils avaient de l’or dans les mains mais si peu d’habilité à le manier.

« Oui-da mon bon ami ! ». Rodolfe parlait fort afin que tous puissent l’entendre. Il ouvrit un coffre et en sortit une cape doublée de fourrure blanche si caractéristique, laissant à l’intérieur d’autres habits. « Voyez mes braves ! Un ouvrage de ma propre maison ! Regardez, touchez, essayez ! N’ayez crainte de l’hiver à présent ! La belle capeline en lainage serré est toute tapissée de fourrure de Bearog. Une authentique fourrure Messieurs ! ». Il tendit la création aux petites gens du Guet, leur laissant le loisir de l’essayer et d’en apprécier le travail minutieux. « Regardez le col, et sa fermeture en médaille. Ah ! Quel bel ouvrage ! Vous ne trouverez pas son pareil ! ».

D’un geste impérieux de la main, il fit avancer deux tonnelets, et d’autres coffres et paniers. Observant la foule, il fût un instant après galvanisé ; chacun portait ses yeux sur les belles marchandises des hommes du Nord, une curiosité avide qu’il connaissait fort bien. Il en avait la bourse frétillante à l’idée de repartir sur le Vît-de-fer à vide ! Oh par le Saint Con de la Mère, ça se serait une belle chose pour les affaires Alonnaise, et plus encore pour lui. Il avait emporté des pièces de grandes valeurs – l’on ne trouvait pas du Bearog tous les jours -, mais aussi d’autres plus ordinaires, qui conviendrait à des gens modestes. Il y en avait pour chaque caste. « Allons allons ! L’Alonnan se fait un plaisir de commercer avec Lante, c’est pourquoi son exquise Honneur a voulu vous faire porter de bons produits, que dis-je ! Les meilleurs ! Du liant à encre qui saura ravir vos marchands : avec ceci, vos vélins ne souffriront pas de sitôt. De la bonne viande aux épices, des échantillons de plusieurs bois, des confitures, des tonneaux de plantes tinctoriales. De la Garance pour un rouge plus vif que le sang, de la gaude, des racines de noyer et même du lichen ! ». Il offrit aux hommes de fer son sourire le plus avenant, s’installant auprès d’Adelphe d’un pas souple et assuré. « Voyez, nous n’avons rien à cacher que de bons produits juste pour fait pour vous plaire, messires ».
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MessageSujet: Re: La sublime porte s'entrouvre   La sublime porte s'entrouvre I_icon_minitimeMer 26 Juil 2017 - 10:29

La sublime porte s'entrouvre 627341Jorunrageroc
Jorun Rageroc



Voila pour sûr, nombreux produits venus du malpays.
Un réel déchainement de mets en tout genre, qui s'il ne l'avouerait jamais, fesait saliver sans conteste, la descente à bière  du capitaine du guet. Les fin tissus, les peaux et autres soieries ne l'intéréssé que peu, préférant de loin l'art et la manière de faire de ceux des siens. Mais pour ce qui était des fromages, c'était une autre histoire. Les effluves lui vrillaient le renifloir et il était certains que les poilus dans son sillage se faisaient même constat.
Ca poquait divinement bon pour pour ainsi dire.
« Du Sellamillou hein...» répéta Jorun, ne lachant pas la meule des yeux.
Il continua sa marche et son écoute, guider par un par le margoulin gratte-plume à la courbette facile. Cela n'avait pas grand effet sur lui, stoïque comme à son habitude. La piétaillerie était resté en retrait, tenant bien haute la pique, scrutant aussi bie chalands que marchands.
Le comptoir Alonnais était un des derniers vestiges de l'amitiés nanico-humaine, pourtant, il était resté vide bien longtemps, si longtemps qu'on pouvait lire la surprise sur le visage des traines-poussières de l'Enclave qui y passer une oeillade au passage.
Un fait qui faisait dire au capitaine du guet qu'il serait bon de mettre au parfum leurs invités du moment concernant les règles qui régissaient la cité.
Jorun attendit néanmoins la fin de l'exposé, les longuets étant nombreux à vouloir s'exprimer, sans doutes une manière pour eux de tenter de noyer  l'intervention mal avisé de l'expatrié.
Droit comme statut d'acier, le nain se promena en silence, regagnant le tonneau des refoulants qui le faisait saliver.
« C'est que vous y êtes pas allel avec le dos du hachoil les longuets. Poul sûl que ça en impose sec toutes vos joyeuseulie, on s'y cloilait plesque dans le lointain Sud. Mais point c'est le cas.»
Il saisit la meule de Serramirrou et la cala sous son bras, en face de lui "La Bête" trépigna du pied, bien heureux à l'idée de la boustifaille qui suivrait dans le poste de guet.

« Qu'on voit que y a de la bonne volonté et vous avez point des tlognes de contlebandiel. Mais qu'on galdela un oeil sul vous tout de même, complenaient. Ca sellait dommage qu'on se fasse enflel. On aime pas ça nous les nains. Pal contle on aime le bon poquant comme celui ci. On vous en dila des nouvelles. Maintenant, on va en venil au sélieux. Les Alonnans ont de quoi posel leuls biens ici même, c'est leul comptoil.»

Faisant signe aux marchands en question, mieux valait t'il le répéter, bien que Jorun savait que cela risquait de ne pas durer. La dernière rencontre entre le représentant d'Alonna et les nains de Lante avait faillit se transformer en bain de sang.
Tournant de la caboche vers les autres, il continua.
« Poul vous, c'est quatle souvelain de mois poul le louage. Sûl qui a de la place ici, mais le contlat a pas été signé poul les biens Sellamilois. Faudla vous allangez entle vous, mais j'ai point doûte que vous y allivelez. On viendla chelchel le loyel au plemiel jouls du mois avec  l'impôt qui lui est de tlente-huit poulçent du bénéfice. Tenez bien les comptes mes longuets.»

Le capitaine du guet rallia alors son escorte, meule toujours sous bras, le pas lourd. Il harangua le marchand Serramirois, celui qui ce disait représentant du marquis et qui possédait le bagou digne des gens du sud.
«On fela dile dans la cité l'allivé des vos biens. Si les poilus le veulent, y viendlont d'eux même jetel une milette sul vos ploduits. Mais je vois la dedans lien qui casselait tlois pattes à un béliel. La cile peut êtle. Mais ça c'est aux glattes-plumes de décidel si elle leul plaît. Si c'est le cas, vous poullez peut êtle l'écoulel entle les muls.  Des questions ?»
En d'autres mots, la sublime porte n'était pas encore sur le point de s'ouvrir.

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Aymeric de Brochant
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MessageSujet: Re: La sublime porte s'entrouvre   La sublime porte s'entrouvre I_icon_minitimeMer 26 Juil 2017 - 12:37


Tlente-huit poulcent. Ils raisonnaient encore. Le couperet s'était abattu, sans appel. Le scylléen avait peiné à déglutir. Plus d'un tiers de ses bénéfices, dans la poches de ces nains qui attendaient que ça le tombe tout cuit dans le bec. Qu'on lui tope un fromton, qu'à cela ne tienne ; ce n'était pas la première fois qu'il tombait sur un argousin véreux, prompt à mettre la main au panier et empocher sa dîme à lui. Qu'on exige un loyer pour des étals qui était déjà loués, fort bien! On s’accommoderait de la perte.

Tlente-huit poulcent. « Est-ce que pour ce prix là, l'huile est inclue avec l'enculade, ça vous va comme question ? » ruminait intérieurement l'argentier. Il vit l'argousin prendre le chemin du départ et regagner leurs casemate. L'esprit d'Adelphe bouillonnait : se bousculaient pêle-mêle les doutes et les idées, les solutions à apporter à ce manège inique autant que la peur du gendarme. Se retournant, il aperçu la tronche déconfite de certains marchands. On les avait amené ici avec la promesse d'un marché juteux, voila que les drôles apprenaient qu'il leur faudrait céder un tiers du pactole aux demi-portions.

Tlente-huit poulcent. L'argentier soupira ; il soupira, et dévisageant ses ouailles, elles aussi en proie à l'apathie, s'ébaudit d'être vu dans pareil moment de faiblesse. Il tapa du pied dans un sursaut d'orgueil. « Eh, quoi ? Cela nous empêchera-t-il de vendre nos bien ? Nenni! Haut-les-cœurs! Ces petits pères comprendront bien vite ce qu'ils ont à gagner à commercer avec nous, et dès lors, nous négocieront avec eux. Patience, mes oiseaux, nous nous relèveront! Ces gens là ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. Et encore, on les dépasse d'une tête. »

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