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 Perdu dans les abysses du passé [Solo]

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Hannibal Acherbas
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Hannibal Acherbas


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MessageSujet: Perdu dans les abysses du passé [Solo]   Perdu dans les abysses du passé [Solo] I_icon_minitimeJeu 5 Oct 2017 - 1:08

Tanguer puis chavirer...Et couler. Vers le fond. Toujours couler. Jusqu’à ce que les abîmes le recouvrent d’une enveloppe noire, un spectre sombre, opaque, qui efface une existence. Une fois de plus, il retombait dedans. Une fois de plus, il était perdu dans cette impasse.

« Qui suis-je réellement ? » se demandait-il sans cesse. « L’Ydrilote ou le Zurthan ? Le juste ou le violent ? Le noble ou le barbare ? Peut-on tout être à la fois ? Peut-on être le milieu de deux extrêmes ? Peut-on faire la justice en usant de la violence ? »

Telles étaient les questions qui l’envahissaient depuis toute sa vie, tandis qu’il avançait dans les ténèbres.
« Je suis la juste violence, je suis le chien féroce qui défend le troupeau face aux loups. » L’orgueil qu’il avait tant combattu depuis son entraînement revenait violemment, révélant une fois de plus sa véritable forme.
Ivan de Orisan apparut tel un éclair dans la nuit. Toujours aussi droit, les cheveux bruns plaqués en  arrière, l’Aveugle n’avait pas changé depuis sa mort. Toujours les yeux dans le vide et pourtant il visait juste, adressant à Hannibal de cinglantes réponses.

-Tu es un loup, Hannibal. Tu es aussi froid que la justice d’un tyran. Tu prends plaisir à violenter les violents, tu es comme eux. Tu refuses d’aimer une femme, tu ne sais pas t’attacher à quelqu’un ou quelque part.

Hannibal le regarda avec une certaine crainte dans les yeux, même mort, seul l’Aveugle de Peyredrac pouvait autant toucher le Loup Noir. Mais il rétorqua :

-Je n’accomplis pas la justice des Seigneurs, mais celle de la vérité.

-N’est-ce pas les Seigneurs que tu as servi en combattants tous ces rebelles ? Qu’ils soient simples rénégats, malfrats, ou aspirant d’une réelle cause, combien sont-ils passés au fil de ta lance ?

Le Loup revoyait tous les morts qu’il avait causés, pris de remords, il implosait.

-Certes, tu as perdu ta famille, tu as perdu beaucoup de proches, mais ce n’est pas une raison pour n’aimer plus personne Hannibal. Ce garçon que tu as rendu borgne ne fut que la première manifestation de ton mauvais fond. Alors qu’avons-nous fait ? T’avons-nous tué pour le danger que tu représenterais ? Non. Je t’ai appris à te contrôler, à te servir de ta force ainsi que de ton cœur, car un homme peut changer. Et tu as libéré Croesan comme je t’ai libéré toi. Je t’ai enseigné les arts martiaux, le maniement de nombreuses armes, la philosophie, la religion et surtout à aimer. Tout cela doit être concilié, sans quoi tu finiras comme mon infâme neveu.

L’élève abaissa la tête face au maître.

-Alors, pourquoi ne suis-tu plus ces enseignements ?

La question le frappa comme un roc. Sonné, il tentait de trouver les mots pour y répondre. Mais Ivan avait déjà disparu.
Où était-il ? Pourquoi partait-il alors qu’il avait besoin de lui plus que jamais ?

Il continua son chemin en le cherchant du regard. Peu à peu, la brume noire se dissipait. Ce furent ses parents qu’il rencontra, habillés comme au jour de leur décès. Il s’arrêta en les observant. Parmi la brume, d’autres visages apparaissaient : celui de son oncle Edmund, de Cymoril, de Kalgar, et celui qu’il redoutait tant : Judith.
Chacun parla à son tour. Chacun attendait quelque chose de lui.

-Mon fils, il est temps que tu découvres tes origines. Le désert t’appelle.

Il voyait le désert. Il n’y était jamais allé, l’image n’est qu’une idée qu’on lui en avait donnée en racontant récits et légendes. Il avait envie de se plonger dans cette vision, il s’avançait...Mais une voix le coupa net.

-Hannibal, je sais que j’ai été un mauvais oncle pour toi, mais il est ton devoir de retrouver mon enfant à Thaar, c’est la seule qui peut porter le nom de Merilas. La seule qui peut recouvrait notre héritage, la seule qui peut sauver notre maison. Est-ce que tu comprends ?

Il revoyait Thaar, cette cité maudite qu’il détestait tant, grouillant de bordels et de ses quartiers dont on ne ressortait indemme. Son voyage avec Kalgar l’en avait dégouté bien qu’il y fit des rencontres et des retrouvailles particulières, comme celle de Cymoril qui prenait justement la parole.

-Et ma fille Hanni ? Je ne sais pas ce qu’elle fait, où elle est..Retrouve-la pour moi, je t’en prie. Fais-ça pour moi, comme tu l’as promis si il m’advenait quelque chose.

Tant de demandes, tant de promesses...Pourquoi en avait-il fait autant ? Pourquoi il ne l’avait pas encore respectées ? N’était-il pas un homme d’honneur ?
Elle ça ne finissait pas.. Judith s’avançait vers lui, laissant Kalgar derrière elle. Voulant échapper à son regard, Hannibal tourna la tête sans bouger d’un pas pour autant. Elle prit son visage entre ses mains, le forçant à se tourner vers elle, mais il gardait les yeux baissés. D’une grande douceur dans sa voix, elle atteignit le fond des pensées de Hannibal.

-Tu m’as été fidèle comme tout bon protecteur l’aurait été. Tu as préféré l’exil à mon déshonneur, tu as préféré le devoir à l’amour. Mais Hannibal, cela fait maintenant plus de 10 ans que je ne suis plus, alors que toi tu te caches encore, évitant l’amour comme la peste. Ydril est ta ville, et aujourd’hui c’est ma fille qui y règne. La fille de ton meilleur ami et de celle que tu as aimée. Elle a besoin de toi comme j’avais besoin de toi. Tu la protégeras comme si elle était ta propre fille. N’oublie pas tes serments.

Le château de Peyredrac se dressait face à lui, apportant bons et mauvais souvenirs. Tout ce qui l’entourait mourait ou sombrait. Pourquoi y revenir ?

-Hannibal, mon gardien..

Cette fois-ci il redressa la tête, osant enfin regarder Judith dans les yeux.

-Elle porte le nom d’Aléandra.

Tout comme sa tante, Aléandra di Merilas. Une fois de plus, Judith d’Aphel avait touché le Loup en plein cœur.

Ils disparurent tous, laissant le Loup Noir seul au milieu de tout le reste, submergé par le passé.

La voix d’Ivan se fit de nouveau entendre, sans qu’il ne puisse savoir d’où elle venait :

-La vie n’est qu’un cycle. Lequel choisis-tu Tueur de Chevaliers : celui de ton père ? De ton oncle ? De mon neveu ? Ou celui qui t’appartient ?

Je suis bien trop de choses à la fois pour être moi-même. Des morts vivent en moi et j’accomplirai leur souhaits.

-Et que fais-ti des vivants ?lâcha Francesco qui sortait de nulle part. Ti nous abandonnes, encore ? Aussitôt revenou, aussitôt reparti ; tutte ce que ti aimes, ti le fuis. Je souis ton solo ami encore en vie, et regarde comment ti me traites, jamais ti né prends ta retraite, toujours ti pars selon tes envies.

La terre commença à trembler. Hannibal ouvrit les yeux. Il se réveilla au milieu de sa chambre qui tanguait au rythme des vagues. Point de terre, que la mer. La sueur sur son front permait sur le lit. Après s’être essuyé, il sortit prendre l’air. Le pont était occupé par quelques matelots qui préparaient la Louve d’Ydril à un nouveau voyage, derrière les mats se distinguait le marché et le château de Soltariel. Quelques jours après le bal, les hommes allaient seulement reprendre la mer.
Mais vers où ?

Le rêve ne l’avait pas plus avancé. Que faire ? Fuir loin de ses responsabilités en Meca ? Non, Hannibal garderait sa parole. Aller à Thaar pour retrouver ces filles perdues orphelines ? Rentrer à Ydril pour garder celle des Systolie ? Ou partir découvrir le désert Zurthan d’où venait la moitié de sa personne ?
Quant était-il de cette Cécilie de Missède ? Pourquoi ne pas s’attacher de nouveau à quelqu’un d’important et de bien ? Le Langehack et le Nord lui manquaient déjà.
Et que penser de cette guerre au Médian ? De ce retour en force de la royauté à Diantra ? Il avait déjà combattu dans ce genre de guerres civiles, mais devait-il encore y laisser sa marque ?
Trop de questions sans réponses. Il regarda ses hommes qui attendaient la destination, et sans un mot, retourna dans sa suite.
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