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| Un chevalier n'a de peurs, que de revoir celle qu'il a abandonné. [ Isandre ] | |
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Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Un chevalier n'a de peurs, que de revoir celle qu'il a abandonné. [ Isandre ] Ven 5 Jan 2018 - 23:03 | |
| Argon d'Auvray
Vingt-et-une heure était passée, qu’encore la plèbe militaire se donnait pour faire passer le temps. C’est que ces longues et fastidieuses journées, à endurer leurs acariâtres supérieurs beugler leurs ordres en d’interminables palabres, demandaient un exutoire quotidien! Les jeux s’y prêtèrent bien, à considérer qu’il s’envola du campement une foultitude de railleries bien grasses. Le cœur y était, car même, d’entre tous, certains en versèrent des larmes de crocodiles tant ils se bidonnèrent, alors que d’autres s’époumonèrent en de pénibles quintes de toux. D’entre tous les jeux qu’ils leurs étaient donné, celui qu’ils choisirent était les dés. Autant vous dire que cette belle bande de rigolboches, se devaient de faire montre de moult imagination, pour y trouver là de l’agrément!
« M’eh, je te pari ma prochaine ration d’poularde, que t’auras pas le compte. » S’écria l’un des soudards attablé. « Et moi, pire encore, je te parie mon cul et du beurre, que t’auras pas c’fichu dix. »
Argon pourtant, ne mordit guère aux hameçons et se tint interdit, les babines cependant bien retroussées, d’un sourire fendu jusqu’aux oreilles. Le moment fatidique vint, où tous lancèrent leurs dés pour y voir leur main. Une paire de 4, l’autre qui avait en main un sept et lui … un dix.
« C’ESTIONS POINT POSSIBLE! Par le saint crépion, le con de la Nééra et les roubignolles d’Othar, si ces dés estions point pipés, alors ta chiasse je veux bien manger au p’tit déjeuner ! » Hucha l’un des ratatinés du groupe, galvanisé à outrance par ce coup de maître.
« Mon ami, un chevalier peut jouer! Mais onques, jamais ne se parjurer. Ces dés sont aussi vrais que la mélasse du matin à laquelle tu auras droit dans ton écuelle. Rêverais-je éveillé, ou tu t'es jusqu’au nombril mit dans la mouscaille ? » Rétorqua Argon, se levant théâtralement sur ses béquilles pour quitter séance tenante cet endroit qui commençait un peu trop à l’abhorrer.
En chemin, divers gargouillis chahutèrent son estomac à jeun. Cette inopportune jacasserie se devait d’être à cause de ce prix qu’il avait remporté tout juste. Car avec son dix chanceux, il avait emporté avec lui une ration de poularde, ainsi que deux gamelles de souplette. Là! Il pourrait manger à sa faim. Tout à coup, le hennissement d’un percheron à moitié harnaché retentit au travers le campement. La bête en question défilait à vive allure, zébrant entre les tanières de la soldatesque et des supérieurs. Traînant derrière lui son surfaix, l’équidé accrocha à son passage les fondations d’une tente, y tirant un pan de mur complet. D’autant plus gêné par les gens qu’il rencontra ainsi que de son harnachement empêtré, sa vitesse s’en vit fortement amoindrie. Suffisamment au moins pour qu’un téméraire cavalier, puisse à pied levé, s’accrocher à l’étrivière de l’animal pour s’y hisser d’un bond.
Là-haut, Argon tâcha d’agripper avec fermeté les rênes de bride du revêche animal, afin de lui faire emprunter la sortie du campement. Ce ne fût pourtant, qu’une fois arrivé en division du Laraus, qu’il décela le nerf du problème : sa croupière lui avait coincé un couillon et lui avait octroyé cette raison de caleter où bon il le désirait. De sa botte, le chevalier se saisit d’un menu poignard et en fit sauter les sangles, libérant sitôt son animal de son calvaire. Ce ne fût qu’après de longues minutes, sous le regard intrigué d’une flopée de curieux, qu’il parvint à calmer les ardeurs de l’animal molesté. Alors, sautant pieds joints au sol, il s’excusa à la foulée pour s’en retourner d’où il vint, sans se douter qu’en faisant volte-face, il tomberait nez à nez avec celle qui avait si intensément été propriétaire de son cœur.
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| | | Isandre d'Ambrois
Humain
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| Sujet: Re: Un chevalier n'a de peurs, que de revoir celle qu'il a abandonné. [ Isandre ] Sam 6 Jan 2018 - 0:25 | |
| <<< Lorsqu'un Hot-Dog s'invite à la fête.
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Un chevalier n'a de peurs, que de revoir celle qu'il a abandonné.
En cette 9ème soirée de la 3ème ennéade Mois de Bàrkios An 10 du 11ème cycle
Cela faisait maintenant quelques jours que les Berthildois avaient installé le camp à bonne distance de la cité assiégé. Et là où ces jours se devaient normalement d’être d’une normale routine, en réalité, cela n’en fut absolument rien pour Isandre. D’ordinaire trop occupée à soigner les blessés ou à border son père, Isandre avait dorénavant plus de temps libre pour gambader dans le campement. Cela l’avait tout d’abord amené à croiser un vieil ami ; Louis, avec qui elle partagea bon nombre de souvenirs d’enfance. La matinée du lendemain fut, quant à elle, bien plus mouvementée qu’une simple discussion avec le Marquis. Pour sûre, celle-ci lui avait presque coûtée la vie ! Toutefois, elle se trouva bien là, debout, marchant vers sa tente dans laquelle elle comptait bien prendre congé les prochaines heures pour un repos que trop bien mérité.
Ce n’est qu’une fois à quelques pas de celle-ci que la demoiselle fut soudainement balayée par un mouvement imposant qui la poussa à se reculer prestement. Tentant de se rattraper au premier piquet venu, elle en perdit sa torche qui en tomba à terre. D’un geste rapide du pied, l’Ambroise s’afféra à éteindre les petites flammes qui menaçaient dangereusement les toiles de la tente la plus proche. « Mais que se passe-t-il donc, parbleu ?! Vous voulez mettre le feu au campement ?! » S’écria-t-elle sans même se retourner croyant que l’imbécile était encore dans les parages. Mais il n’en fut rien : le canasson avait tracé sa route, continuant de semer des dégâts dans son sillage. Grommelant entre ses dents, Isandre prit soin de ramasser sa torche et de continue tant bien que mal sa route jusqu’à un groupe de soldats et de curieuses à poitrines que trop découvertes qui s’étaient amassés autour de celui qui semblait avoir évité le pire en calmant l’équidé.
« Bravo, bravo. » Dit-elle d’une façon à peine audible, comme contrariée d’avoir dû une nouvelle fois éviter une catastrophe alors que d’autres semblaient s’amuser à jouer aux héros.
S’approchant d’une torche allumée, l’Ambroise en profita pour réanimer la sienne d’une flamme toute neuve. Son regard fixa cette lumière dont les couleurs flamboyantes lui rappelèrent ses soirées passés au coin du feu à conter des historiettes à ses sœurs cadettes. Frappée par ces tendres souvenirs, la jeune femme ne se doutait à aucun instant qu’elle le serait littéralement une fois le dos tourné, lorsqu’elle tomba nez-à-nez avec un homme au visage que trop familier.
Sa respiration s’arrêta sur le coup et ses yeux ronds fixèrent d’une bien irrespectueuse façon ceux du chevalier qui se tenait là, devant elle. Les lèvres entrouverte par la surprise, Isandre avait bien du mal à prononcer le moindre mot. Les secondes parurent alors une éternité et ce n’est qu’au bout de plusieurs vies qu’elle arriva enfin à prononcer un nom… « Argon ? »
C’était tout bonnement impossible que ce soit lui. Il n’était plus… point revenu d’une guerre qui avait fauché que trop d’âmes. Aucun commandant, ni même soldat revenu à La Combe ne pouvait attester de sa mort mais en même temps, aucun corps n’a jamais pu être retrouvé. Pourtant, elle en était persuadé ; c’était bien son amour d’enfance qui se trouvait là, devant ses yeux. Était-ce peut-être un mirage ? Une vision ? Elle qui n’avait cessé de penser à lui depuis ses retrouvailles avec Louis… Mais pourtant, c’était bien son souffle qu’elle sentait sur la peau de son visage, c’était bien dans son regard qu’elle attestait de la présence des flammes dansantes de sa torche. Et son cœur… Le cœur se trompait que rarement, et celui-ci ne criait qu’une seule et même chose : c’était bien lui.
Cependant, l’Ambroise voulu en avoir le cœur net, et n’hésite point, dans un geste rapide et vif à approcher le feu de son flambeau au plus près de son visage. Celui-ci, dans un souhait d’éviter toute brûlure, ne put s’empêche de l'écarter, révélant ainsi la parcelle de peau tant convoité par la jeune femme ; son cou, qui laissa soudainement apparaître une tâche de naissance qu’elle connaissait que trop bien pour y avoir déposé moult fois ses lippes par le passé.
« Par tous les dieux… Comment est-ce possible ? » Dit-elle soudainement, réalisant que l’homme qui se trouvait là, à même pas deux pas d’elle s’avérait être celui qu’elle a tant pleuré des années durant. L’émotion venait soudainement de l’envahir… Tristesse ? Joie ? Colère ? Sans doute tous à la fois pour que dans un second geste, Isandre en vienne à lui asséner une gifle alors que ses pupilles se mirent à déverser un flot de larmes incontrôlable.
La jeune femme au regard cobalt avait bien grandie depuis leur dernier moment ensemble, enlacés l'un contre l'autre dans une nudité totale, couchés auprès d'un feu dont la chaleur ne faisait qu'enflammer davantage ces deux corps qui ne cherchaient qu'à s'unir. Ses cheveux avaient poussés pour en arriver à côtoyer ses hanches alors que les traits de son visage avaient laissé place à une maturité bien plus importante qu'à l'époque où l’insouciance de sa jeunesse l'avait poussée à aimer le meilleur ami de son frère.
Argon, quant à lui, n'avait que peu changé de celui qu'elle avait tendrement connu. |
| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: Un chevalier n'a de peurs, que de revoir celle qu'il a abandonné. [ Isandre ] Lun 8 Jan 2018 - 21:44 | |
| Argon d'Auvray
Engourdi de pieds en cap par cette vision d’horreur, le preux se vit cloué le bec d’une aphasie carabinée. Point qu’elle s’était enlaidie –au contraire- mais de toutes ces âmes qui se mouvaient en cette base militaire, elle était la seule et l’unique qu’il chercha à éluder. Depuis Amblère, maintes années s’étaient consumées et depuis, il s’était évertué à racheter sa faute. Cette fredaine qu’il commit durant la guerre lui coûta le prix fort et parfois, il eut souhaité y pousser un souffle péremptoire, plutôt que de laisser en son nombre sa vie et celle qui entretenait le battement de cœur. Non point qu’il réussit à se pardonner totalement, mais au moins était-il capable d’endurer son propre reflet dans la glace, sans que les haut-le-cœur et le dégoût ne le tenaille. Et la voir là, complètement horrifiée, tétanisée, sans la moindre envie de lui sourire ni même de l’enlacer, lui fit perdre tous ce chemin qu’il avait accompli vers la rédemption. Heureusement pour lui, une cinglante claque au visage le ramena d’outre-tombe, le sortant de sa torpeur sépulcrale. Cette talmouse d’ailleurs, lui laissa même la douce caresse de ses doigts impétueux tatouée sur sa senestre joue.
« Je … » Voilà le seul mot qu’il sut prononcer, avant de se mordre la langue sèchement au passage d’un deuxième emplâtre. Il l’avait mérité et même, il la trouva forte magnanime envers lui. Il s’en serait mérité une bonne demi-douzaine de plus.
« Isandre, s’il te plait, laisses-moi t’expliquer … » Sa patte se souleva comme pour tenter de la poser sur sa frêle épaule. De toute évidence elle n’était guère prête à accepter sa présence, car à peine aborda-t-il sa personne de sa paluche, qu’elle détala au triple galop sous sa tente. Il fila en son sillage afin de la poursuivre avec lenteur, le visage aussi défait que le sien à maintenant. Qu’avait-il fait? Pourquoi ne s’était-il pas tenu à ses engages au campement Berthildois ? Là au moins, ses chances de la croiser se montraient peu avenantes !
« Isandre, je t’en prie … » Lui supplia le chevalier d’une main posée contre les pans de la tente servant de portail d’entrée. À ce point, à l’entendre pleurer si chaudement, il fut pour l’une des rares fois, sur le point de manquer de courage. L’affronter dans un tel état relevait du suicide, quiconque doté d’un peu de bon sens le savait. Le temps avait effacé nombres de choses et avait estompés certains sentiments, pourtant, toujours vivait en lui une étincelle d’affection envers elle. Et c’est d’ailleurs cette flamèche, qui lui octroya la force de franchir cet auguste porte. Il la vit, la, avachie sur sa couche, complétement défaite et recroquevillée sur elle-même, telle une adolescente tenaillée par de trop vives émotions.
« Laisses-moi t’expliquer, par pitié … » Lorsqu’elle se retourna, si elle daigna seulement lui adresser le moindre regard, il était agenouillé, lui-même au bord des larmes, comme si ses explications lourdes de sens, comportaient également de lourds aveux. Révélations d’ailleurs qui n’allaient pas atténuer la ravine qui s’écoulait librement à ses joues rosies.
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| | | Isandre d'Ambrois
Humain
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| Sujet: Re: Un chevalier n'a de peurs, que de revoir celle qu'il a abandonné. [ Isandre ] Ven 12 Jan 2018 - 21:10 | |
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Fuir, c’est ce qu’elle savait faire de mieux et c’est ce qu’elle fit, également, à cet instant. Face à celui qui l’a faisait une nouvelle fois souffrir, Isandre n’avait trouvé autre choix. Mais où pouvait-elle bien se cacher à présent ? Si ce n’est là où l’intimité lui était le plus favorable ; sa propre tente. Mais malgré ce voile de pudeur, ce mur invisible que très peu osaient franchir sans permission, lui, il n’hésita que peu. Etait-ce de l’audace ou le culot, qu’importe, il était là, à genoux, devant celle qu’il avait abandonné voilà maintenant plus de onze années. Plus d’une décennie s’était écoulée durant laquelle Isandre n’avait cru qu’à une chose : sa mort.
« COMMENT OSES-TU ? » S’était-elle écriée en le voyant poser le pied à l’intérieur de ce qu’elle espérait être son refuge pour le restant de la campagne. Son chagrin s’était instantanément transformé en colère, si ce n’était de la haine, elle qui avait espérée pouvoir cacher sa soudaine tristesse aux yeux de celui qu’elle considérait comme étant l’amour d’une vie. Mais voilà que le chevalier aguerrit qu’il était fut soudainement prit d’une envie de larmoyer à ses côtés, suppliant la belle de lui laisser l’opportunité de lui expliquer.
« M’expliquer quoi ? Quelle est donc ton excuses pour m’avoir fait croire que Tyra t’avais emporté lors de cette guerre ? Qu’y avait-il donc de plus important encore qu’une vie menée ensemble ? » C’est à cet instant qu’un éclair de lucidité la transperça. Se souvenant de cet amour incroyablement fort qu’elle avait ressenti pour lui, de ces moments qu’ils avaient passés ensemble… puis des mots de son frère, à ce fameux dîner. Et si en réalité, ne l’avait-il jamais été ? Et si n’avait-elle été qu’une distraction ? Un beau trophée parmi toutes ces pucelles de paysannes ?
Le souffle coupé par ces soudaines sombres pensées, Isandre en eu un malaise qui la força à s’écrouler près de son lit. Assise à sa base, la main sur la poitrine, la jeune femme tenta vainement de calmer son état mais elle eut du mal à retenir de nouvelles larmes.
« Comment as-tu pu ? » arriva-t-elle à peine à prononcer, le regard trempé au point où le restant de pièce lui était dorénavant inaccessible visuellement.
Argon en avait désormais les joues rougies lui aussi -tout cœur, aussi robuste puisse-t-il être, avait ses failles-, lui assurant d'un ton cassé : « Je n'avais d'autres choix, Isandre ... Je ne pouvais pas supporter. »
Sa première réaction fut de froncer les sourcils, bouleversée par ses quelques mots. Qu’était-il donc en train de faire ? De dire ? « Est-ce que tu te moques de moi ? Qu’avais-tu donc du mal à supporter ? »
Il n'avait plus rien de l'homme qu'il avait été jadis, les genoux pliés à supplier son pardon. Sa gorge était nouée par l'émotion et de peine et misère il balbutia à peu près des mots qui changeraient à jamais son sort. Au moins, cela avait l'avantage d'être un premier pas vers la rédemption. « C'est ... C'est moi qui ait ... Quii ait tué ton ... frère ... »
Jamais n’avait-elle sentit son cœur se serrer à ce point au point même où elle doutait encore de son bon fonctionnement. Plus rien ne semblait attester que le souffle était encore présent dans son cœur tant elle blêmit rapidement, cessant instantanément de respirer, de pleurer ou même de bouger. Si une âme s’était aventuré à cet instant sous cette tente, sans doute se serait-il demandé si le chevalier n’avait point attenté à la vie de la damoiselle d’Ambrois mais personne ne vint, et heureusement. Il lui fallut du temps pour offrir se première réaction, qui n’était que le déplacement léger d’une jambe, contractée par le nerf qui commençait à souffrir de son actuelle position. Puis, ses lippes se refermèrent pour se rouvrir lentement, prononçant un simple… « Pa…rdon ? »
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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| Sujet: Re: Un chevalier n'a de peurs, que de revoir celle qu'il a abandonné. [ Isandre ] Ven 12 Jan 2018 - 21:35 | |
| Argon d'Auvray Il avait tant misère à s'expliquer, qu'on en entendit même le bruit de déglutition de sa salive. Le pauvre livrait sans doute le plus lourd de ses secrets, alors qu'il tenta vainement de lui cacher toutes ces années durant. « Je n'ai pas su revenir, car la honte m'a écrasé ... J'ai ... C'est moi qui l'ai tué, Isandre. » Toujours aussi difficilement de jactance. Il venait de confirmer ce qu’elle avait ardemment espérée avoir mal comprit. Un second flot d’émotion s’était envahi d’elle ; de l’incompréhension, mêlée à une colère noire que l’Ambroise n’avait encore jusqu’alors jamais ressentie. Mais tout comme un chaton agité, Isandre n’était pas de celles qui pouvaient se montrer des plus cruelles dans ce genre de situation… non, seul le souhait de la vérité s’était présenté, en une question simple mais efficace : « Pourquoi ? »
Balbutiant, chutant même sur plusieurs mots, Argon lui servit une explication hésitante : « Nous revenions de campagne ... Nous étions assis tous, autour d'une flambée, à nous remémorer ce que nous avions laissés dernière nous. Moi, je t'avais laissée ... Et plus que tout, je désirais abréger cette guerre afin de te retrouver au plus preste. Or, ton frère m'a pris la main dans le sac, à parler de toi comme ... Comme si nous étions un couple si fort, que nous étions promis l'un à l'autre. Lorsqu'il fût temps pour moi de fermer l'oeil, en me rendant à ma tente, il y attendait, mais avec l'acier au poing ... »
Pour seule réponse eu-t-il un regain d’ardeur de la jeune femme qui avait analysé le moindre des mots qu’il prononça à cet instant : « Menteur ! Jamais n’aurait-il osé lever la main sur toi ! Tu étais son meilleur ami ! » Cria-t-elle de toute sa rage, oubliant même l’épisode de la clairière lorsqu’Agleric les avait surpris, enlacés. « Ton frère a changé du tout au tout lorsqu'il a su l'étendu de mes sentiments pour toi ! S'il avait su me poignarder du regard, j'aurais été tué avant même de quitter nos terres! »
« Il n’était certes pas très enthousiaste à l’idée de notre idylle mais jamais… JAMAIS n’aurait-il eu pu lever l’épée contre toi ! » Répéta-t-elle, incapable de reconnaître que son frère aurait très certainement déjà abattu le chevalier, là, dans cette clairière, si elle ne s’était pas interposée pour l’en empêcher. Argon dressa l'échine cette fois, le regard plus sévère, mais sans jamais faire montre de violence ou de véhémence. Il était résolu, sincère : « Par la Nérra je jure ne pas te mentir Isandre, je te le jure! » Répéta-t-il, une main tendue comme pour lui toucher le genou.
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| | | Isandre d'Ambrois
Humain
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| Sujet: Re: Un chevalier n'a de peurs, que de revoir celle qu'il a abandonné. [ Isandre ] Ven 12 Jan 2018 - 21:44 | |
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Jamais n’avait été aussi emprunt au doute. « Et forcément, tu n’as personne pour attester de la véracité de tes propos j’imagine ! » Conclut-elle, avec une voix toujours aussi déterminée mais moins emprunt à la colère, alors qu’elle laissa le chevalier poser sa main sur son genoux.
Résigné, Argon secoua négativement la tête. Il n'avait pas la force de poursuivre la discussion longuement, voilà pourquoi il s'en tint à de concises réponses. « Non, aucuns ... »
« As-tu mis quiconque d’autre au courant ? »
N’eut elle pour seul réponse qu’un simple « non », Isandre enchaîna : « tu imagines bien que sans témoins pour attester de la véracité des faits, je ne peux m’appuyer sur ta seule bonne volonté de me jurer que tes paroles soient vraies. »
« Isandre, je ne peux te demander une telle chose, je n'en suis guère capable. Je ne te demande qu'une seule chose ; t'ai-je une seule fois en ma vie, donné une raison de croire que je serais à même de te faire du mal à toi, ou à ta famille ? N'ai-je pas été en tous points un fidèle serviteur des Ambrois ? Et par-dessus tout, me crois-tu seulement en mesure d'avoir feinté l'amour envers toi ? »
Isandre souffla, indignée par ses paroles : « Ta dévotion envers ma famille t’as menée à en éliminer un membre imminent d’un simple coup de lame, alors que l’amour que tu sembles prétendre ressentir ne t’as point retenu de t’éloigner de moi durant toutes ces années ! Sais-tu seulement ce qu’est devenue ma vie depuis ton acte, Argon ? Sais-tu qu’il a fallu des années à mes parents pour concevoir un nouvel héritier ! Et cela en a coûté la vie de Mère ! Sais-tu que dès lors, Père m’a interdit tout espoir de mariage de peur de voir son héritage cédé à une famille trop avide de terres ? Sais-tu seulement l’enfer que j’ai vécu depuis ! Toutes ces nuitées où, en scrutant le ciel, mon cœur saignait à la simple pensée de t’avoir perdu pour de bon ! » Elle fit une pause, laissant une nouvelle fois ses yeux offrir de silencieuses larmes.
« Mais ce qui arrivait surtout à me faire tenir bon, était de me remémorer la promesse que tu m’avais fait ce soir-là ; le fait que tu allais veiller sur Agelric, que tu allais faire en sorte corps et âme que rien ne lui arrive. J’ai fini par croire que vous étiez mort ensemble, et au lieu de ça… c’est toi qui l’a précipité vers Tyra… tout ça… pour quoi ? moi… Tout ça est à cause de moi… »
Toutes ces accusations agirent comme une enclume sur le poids de sa honte, aggravant d'autant plus l'émotion cuisante qu'il avait sur le coup. Lorsqu'elle en eu terminé, lorsqu'elle tenta de s'approprier la faute, Argon se redressa de nouveau, cette fois se précipitant vers elle pour lui saisir une main et de la couvrir de ses deux pattes comme un couve un œuf. Il fallait qu'elle comprenne, qu'elle s'ouvre les yeux. « Si je ne suis pas retourné, c'est justement à cause de cette promesse. Je m'en suis voulu, je me suis détesté, j'ai même voulu obtenir le pardon d'Agelric en m'ôtant la vie! Chaque passage devant la glace me levait tant le cœur que j'en étais malade. Mais jamais, en aucun cas, cela n'a été de ta faute. Je suis le seul responsable de mes fautes et ... Pour tout le mal que je t'ai fait ... Je suis prêt à me rendre aux devants de ton père, afin qu'il m'administre la peine qu'il croit juste ... Alors, j'irai aussi rejoindre Tyra, car je ne peux supporter à mes épaules le poids de ma faute et celui de ta tristesse et de ton désappointement ...Non., je ne le peux pas. »
« Pour que je doives souffrir une seconde fois de ta perte ? Certainement pas ! » Avait-elle répondu au tac-au-tac, se laissant attendrir par l’enlacement de ses bras qui lui avaient tant manqué. Mais il fallait revenir à la raison et ne point laisser le cœur décider. Il avait commis un fait punissable de mort mais la justice des seigneurs laissaient très peu de place au bénéfice du doute ; si Argon se rendait au-devant du vieux bouc qu’était devenu Théodomar, il n’hésitera point un seul instant à lui ôter la vie d’une façon bien atroce.
Pouvait-elle pour autant se permettre de le croire ? Cette réponse, sans doute ne l’aura-t-elle jamais. Le reposant doucement, Isandre n’arrivait plus à poser le regard sur lui, trop empreint à une douleur qu’elle aurait pourtant voulu éviter à tout prix. « Je ne peux pas te laisser faire ça, il te tuerais sans hésitation, sans même tenter de chercher la vérité… Je ne peux pas te pardonner, car je ne sais pas si tes paroles sont vraies. Néanmoins, là où ma raison me dicte cela, mon cœur lui, ne peut se permettre de te voir pendre au bout d’une corde… Alors… va-t-en, c’est encore la meilleure solution. » Ses lèvres portèrent ce discours, mais ses mains s’étaient solidement agrippées aux bras du chevalier, démontrant bien à quel point le doute s’était emparé d’elle.
Il était resté là, immobile, les yeux plus braves et positionnés vers les siens, jusqu'à ce qu'elle ose les croiser. Elle se montrait devant lui comme la plus dure épreuve jamais subite, pis encore que tous ces affrontements à la guerre. Pourtant, il se sentait désormais la force de gravir cette ennemie nommée la honte, car il avait le pressentiment qu'elle savait la vérité, mais qu'elle ne pouvait se résoudre à l'accepter.
« Je serai à jamais ton obligé, si c'est réellement ce qu'il me faut faire, alors je partirai. Loin, si tel est ton désir ... Mais sache qu'il n'est pas une nuitée, ou je souhaitais vaincre mes craintes pour venir te retrouver et t'avouer mes tords ... »
« Arrêtes… Je t’en prie… Tu ne me facilites pas la tâche. » Répondit-elle, laissant aller l’une de ses mains s’aventurer sur la joue du chevalier. Son cœur battait toujours autant, mais plus de la même façon, pour plus les mêmes raisons. Ce monde d’hommes lui était si inconnu parfois… inconnu tout comme l’avait été son frère à son retour, frère dont le comportement avait tant changé en si peu d’années. Elle doutait… encore, toujours, ce doute qui ne cessait de vouloir dicter sa conduite. Il lui était difficile de lui en vouloir, même si elle n’avait pas la certitude que les faits énoncés étaient bien réels. Mais alors qu’Agelric était partit à l’aube de ses dix années, pour être absent tout autant, Argon lui, avait grandi à ses côtés. Il n’y avait pas une ennéade où les enfants qu’ils étaient à l’époque ne se côtoyaient, il n’y avait plus un seul jour, lorsque tous deux adolescent, qui arrivait à les séparer. Isandre le connaissait et quelque chose au plus profond d’elle-même la forçait à le croire alors que sa raison, son éducation de potentiel futur souverain la sommait à garder ses distances et à juger l’homme par rapport à l’acte et non aux sentiments qu’elle ressentait. Mais à cet instant, elle n’était ni seigneur, ni même en voie de le devenir, c’est donc finalement la femme qui sut prendre le dessus. Sa main caressant toujours sa joue garnie d’une faible barbe, Isandre ne put finalement s’empêcher de l’enlacer.
Le chevalier ne tarda pas à rendre la douceur qu’elle lui offrait, mains posées sur son dos tout en la serrant fort dans ses bras. « Tout ce qui m'importe, c'est ton bonheur Isandre, même s'il me faut pour cela te quitter ... »
« Laisse-moi le temps… d’y réfléchir. » Commença-t-elle, mettant fin à leur tendre étreinte. « De toute façon, nous sommes en guerre. Si tu partais maintenant, tu serais considéré comme déserteur et cela ne ferait qu’aggraver ton cas. » Son regard croisa le sien alors que sa mains s’empara une nouvelle fois de sa joue. « D’ailleurs… à qui as-tu prêté serment ? »
Elle avait là-dessus fort raison, mais au moins aurait-il su s'arranger pour s'esquiver de sa présence. Enfin, il lui restait toujours une chance de la voir, car il semblait que ces miettes de sentiments qui étaient restés en dormance sur son pauvre coeur meurtri avaient prospérer. Il se racla la gorge, puis avec douceur lui répondit : « Louis de Saint-Aimé. »
« Lou ?! » Répondit-elle soudainement, sous le coup de l’étonnement. « Mais… comment ? Pourquoi les Saint-Aimé ? »
Pour le cas, il se montrait en bien mauvaise posture pour commenter. Plutôt, il lui accorderait tous les bénéfices du doute, même si elle l'avait honnit. « À la guerre, je me suis lié d'amitié envers certains hommes du Berthildois. Après avoir ... Enfin, lors de mon retour, je me suis greffé à eux et là-bas, j'ai juré allégeance à Godfroy. »
« Je vois… » Arriva-t-elle seulement à prononcer. « Je… Je te demanderais de partir maintenant. Je pense que nous nous sommes tous dit. A moins que tu as une autre nouvelle à m’annoncer ? »
L'air s'alourdissa, de même que le regard d'Argon qui secoua négativement de la tête. Qu'importe ce qu'il avait à dire, il avait impression qu'il serait dans le tort. Aussi bien s'en aller la tête basse, pendant qu'il en avait encore l'occasion. Quant à la jeune Ambroise, elle le regarda quitter sa tente en se demandant comment, à présent, allait-elle pouvoir s’en remettre. Le nom des Saint-Aimé lui resta un bon moment à l’esprit. Il était tard, et il fallait avouer qu’elle se demandait si le jeune régent accepterait de la voir à une heure pareille.
Mais à qui d’autre allait-elle bien pouvoir se confier ? Si ce n’est le seul homme en qui elle avait confiance. Sortant à son tour de cette tente où elle aura du mal à y retourner, c’est à grand pas que la jeune femme s’empressa vers la plus grande tente du campement. « Je souhaites m’entretenir avec Son Excellence Louis de Saint-Aimé. » Claqua-t-elle directement aux gardes qui se trouvaient là. « Prestement ! » Poursuivit-elle; tête baissée pour tenter de cacher ses yeux rougies par les nombreuses larmes qui avaient coulées en cette sombre soirée.
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| | | Louis de Saint-Aimé
Humain
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 26 ans Taille : 1m93 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Un chevalier n'a de peurs, que de revoir celle qu'il a abandonné. [ Isandre ] Lun 15 Jan 2018 - 23:09 | |
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Tout à coup, plus rien n’allait. Tiré bien malgré lui de sa torpeur, c’est d’un regard cafouilleur qu’il observa aux alentours comme si rien n’était plus logique. N’était-ce point la nuit ? Les chouettes et les criquets avaient-ils cédés leur place à des piafs attardés ou des poupoules demeurées ? Car aux devants l’interstice créée par les deux pans de toile que formait sa porte d’entrée, semblaient se brétailler ses deux gardes avec une poularde! Du moins était-ce ce qu’il entendit à son réveil, au travers les piaffements.
[color=#ccff99]« Personne ne le dérange, madame. Pas à cette heure. » Répondit sitôt l’un des deux gringalets, à l’air menaçant et peu avenant. Et cela était pour freiner les ardeurs de la juvénile Ambroise ? Que nenni! Que la toute miséricordieuse Damedieu prenne en pitié ces misérables âmes, s’ils ne savent se ployer aux exigences de la sulfureuse!
« Non, c’est non! Quittez céans cet endroit, avant de réveiller la moitié du campement, ou nous vous y aideront! » Bien remontée, Isandre chercha à foncer tête première entre les deux rustaud, de sorte à s’introduire dans la tente, tout en tâchant bien de réveiller le bienveillant Louis.
« Faites la entrer, par pitié! Entendez bien que je suis pleinement éveillé à l’heure qu’il est! Et c’est bien grâce à vous, mes deux jocrisse! »
Louis était là, assis au pied de sa couche, n’ayant pour couvrir sa pudeur qu’une paire de braie qu’il avait enfilé à la va-vite avant de se prononcer. Ses cheveux au naturel désormais bien crasseux, démontrèrent par leur arrangement qu’il dormait jusqu’alors à poings fermés. Ses paupières, elles, bien alourdies par son sommeil précoce, tâchaient à rester ouvertes pour distinguer Isandre. Au point où il en était, peu lui importait de l’allure qu’il projetait, or il ne fit pas plus d’effort pour se couvrir, le poitrail découvert et dont l’un des pectoraux préservait encore et toujours quelques coloris de ses anciennes contusions. Ainsi, Louis leva légèrement le menton vers elle, ne distinguant aucuns détails de son faciès cafardeux.
« Isandre, il est tard tu sais … » Souffla Louis, la voix étranglée par son incommode réveil. Ce qu’il vit pourtant au travers son champ de vision embrumé, restait l’Ambroise qui ne chercha pas même à s’enquérir de son regard, préférant plutôt exécuter les cents pas, les mains recroquevillées contre ses épaules et à l’air chagriné.
« Je suis désolée … Désolée … » Répéta-t-elle à maintes occasions, les yeux léchant le sol et transite par la peine. Alors, à la voir se traîner avec tristesse, Louis en oublia tout l’inconfort de son réveil et se redressa pour poser sa patte contre l’avant-bras de son ancienne nourrice à temps partiel.
« Allons mon amie … Dites-moi ? » Reprit-il, d’un ton plus doux et empathique. Il l’attira d’un geste posé là où il était posé tout juste, c’est-à-dire au pied de sa paillasse. Elle acquiesça sans le mot à sa requête, posant son fondement aux côtés de son Suzerain. Qui pourrait se targuer avoir aussi prompt traitement ?
« Il est vivant … L’homme qui allait demander ma main jadis … » Gazouilla-t-elle en tremblotant, prête à sombrer dans un précipice de mélancolie. Louis quant à lui, observait vers la sortie de ses appartements, les lèvres pincées d’agacement. Tout à coup, il sentit qu’elle n’était pas venue ici par hasard, ou parce qu’ils avaient récemment renoués. Sa patte se laissa emporter par l’émotion, cherchant à couvrir son dos de quelques attentions consolatrices.
« J’imagine que la chose est … Disons, forte improbable … Et plutôt que de te réjouir de sa présence, tu t’es sentie trahie … Cela, je comprends bien … Mais pourquoi tant de pleurs ? T’es-tu seulement entretenue avec ? » La question était posée de manière indélicate, certes, mais que pouvait-il bien connaître de ce qu’elle vivait actuellement ?
« Cela fait plusieurs années que je crois mort … Onze années que je souffrais de le savoir éteint, parti, ailleurs qu’à mes côtés … Et là, il réapparaît. » Elle marqua une pause, les lèvres pincées d’incertitude. « Oui, nous nous sommes entretenus. Et il s’avère qu’il s’est ainsi éloigné de moi car il aurait commis une faute irréparable, celle d’ôter la vie de mon frère. » Gloups, fut le seul son qu’émit Louis à l’encontre de sa pauvre amie, tant il sembla pour le coup bien peu préparé à recevoir une telle nouvelle.
« Je … Je suis désolé. » À son tour, Louis attendit avant de reprendre, la main toujours postée à son dos, à cajoler ce dernier de quelques caresses. « Il te ferait plaisir que je le châtie, pour son odieux crime ? »
« Il prétend s’être défendu seulement et qu’il n’en serait que vulgaire accident … Et aucun témoin pour attester de la véracité des faits. Je suis perdue Lou … Je ne sais si je dois le croire ou pas. » Elle avait balayé la question de son Suzerain en enchaînant d’autres allégations.
« Il faut te raccrocher à deux choses … La première, à tes souvenirs, ceux que tu préserves de lui, du temps où vous vous aimiez. Et si cet homme est bien l’homme que tu as chéri, la guerre ne peut l’avoir changé à ce point, je refuse d’y croire un traître mot. La seconde chose, ton cœur : essaie de dompter ta peine, ta colère ou ton angoisse. Ces sentiments sont perfides et trompeurs et biaisent en toute aisance notre jugement. Non, plutôt, souvient toi des mots qu’il t’a tenu, des expressions peinturées à son visage, de la sincérité de sa voix … De son désir de se repentir. Un homme coupable ne surgit pas des ténèbres pour faire aveu de ses crimes dès que sa couverture est compromise. » « Il est vrai qu'Agelric n'avait point apprécié notre rapprochement et j'ai même dût un jour m'interposer pour ne pas qu'il embroche Argon d'un coup d'épée... mon cœur veut le croire mais il n'en reste pas loin d'être le responsable de la perte de mon frère... » L'Ambroise avait lâché son nom, sans même s'en rendre compte. Dorénavant il était trop tard pour garder l'anonymat du chevalier.
« Argon, dis-tu ? » Louis fit sentir à son dos une pression qu’il ne sut contraindre. Tout lui sembla tout à coup fort limpide. Cet homme au nom atypique, ne pouvait être autre que l’un de ses chevaliers, un visage imminent de sa cours à Cantharel. « Pardonnes-moi Isandre … Mais cet homme dont tu me parles, œuvre au service de notre famille et j’y ai accepté son épée sans savoir le fond véritable de ses méfaits … J’espère que tu sauras me le pardonner. »
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| | | Isandre d'Ambrois
Humain
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 26 ans Taille : 1m71 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Un chevalier n'a de peurs, que de revoir celle qu'il a abandonné. [ Isandre ] Mer 31 Jan 2018 - 16:44 | |
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« Je n’ai rien à vous pardonner voyons ! Vous ne pouviez être au courant de ces méfaits. » Répondit-elle immédiatement, un peu désemparée que l’identité de son bien aimé ait ainsi été révélée par mégarde. « Je… je dois vous avouer que ce n’était pas dans mon intention de vous révéler son nom. Je crains dorénavant que vous ne puissiez plus le voir de la même façon, ou que le devoir vous ordonne de prévenir Père… Je… je suis partagée entre la raison et les sentiments que je lui porte encore. Je sais que Père est en droit de connaître la façon dont il a perdu son fils, mais je sais pertinemment qu’il jugera Argon sans même tenter d’apprendre la vérité… et… je ne sais pas si je serais capable de supporter de le perdre une seconde fois. »
« Voilà qui est chose certaine : Argon ne sera ni à mes yeux, ni aux vôtres, l'homme que nous avons connu. Il n'en reste pas moins que l'homme qu'il est, celui que j'ai connu depuis son retour d'Amblère, est un cœur vaillant et foncièrement bon. Quant à son sort, il sera scellé suite à votre décision. Car si vous signifiez à votre paternel qu'Argon est celui qui le priva de son fils aîné, vous arborerez malgré vous le couvre-chef de bourreau et serez celle qui l'étouffera, le nœud à la gorge. »
« Lou… » Se permit-elle de murmurer en lui attrapant l’une de ses mains. « Je… » un simple mot, rien de plus… Son cœur palpitait, sa respiration se fit plus intense, son regard fuyait. Oui il avait raison, la décision lui appartenait, mais les mots choisis par son suzerain ne la convainquaient nullement de suivre la voie de la raison mais plutôt celui de son cœur qui ne criait qu’une chose : le nom de son bien aimé mais qui réclamait également sa présence, son souffle au creux de son cou, ses caresses délicates… Mais pouvait-elle… « Je ne sais pas si j’arriverais à lui pardonner… Si j’arriverais à le regarder encore en face… Même si je décide de ne pas le dénoncer, même si je lui évite une mort certaine, je ne serais capable d’être auprès de lui, de me blottir au creux de ses bras… sans… repenser à ce qu’il a fait. » La jeune femme soupira… « Finalement, quoi que je décide, quoi que je fasse… j’en souffrirais. »
« Cela est une certitude, oserais-je dire une fatalité même. Chose sûre, si la vérité reste mussée à ton père, Argon vivra et c'est en soi, un début de pardon. Quitte à ne savoir comment y parvenir, laisse le temps passer, icelui pourrait te souffler à l'oreille maints conseils avisés et peut-être, une piste à emprunter qui mènera à son pardon. »
Soudainement, elle sourit. Comme si les mots venaient de faire mouche, comme si sa plaie venait d’être refermée, ou l’abcès percé. « Merci, Lou. » Répondit-elle simplement, croisant son regard avant que celui-ci ne vienne se perdre sur sa musculature apparente. Oui, ce n’était qu’à l’instant que l’Ambroise se rendit compte de la tenue dans laquelle son suzerain s’était présenté à elle. Mais après tout, à quoi d’autre pouvait-elle bien s’attendre ? Sans doute pouvait-elle déjà s’estimer heureuse qu’il porte des chausses. Une entrevue avec le régent de Sainte-Berthilde complètement nu aurait sans hésiter, ravie plus d’une.
Malgré la faible lueur qu’offraient les bougies, Isandre n’eut point de mal à se rendre compte de l’état de son torse. « Owh… » lâcha-t-elle soudainement accompagné de joues qui se mirent à rosir à vue d’œil. « Excusez-moi… je me rends compte que je suis venue te déranger à une heure que trop tardive… »
« En effet » Lança-t-il sans gêne, mais accompagné d'un sourire suffisamment doux que la vérité en paru inoffensive. « Mais tu es ici chez toi et, nous sommes amis. Aussi, je me réjouis que tu sois venue au plus preste, plutôt que te rembrunir dans ton coin en purgeant ta peine solitairement. Non, je dormirai mieux en te sachant libérée de ton fardeau. »
« Et pour cela, je ne te remercierais jamais assez Lou. Néanmoins… La prochaine fois, je tâcherais d’attendre que tu te sois glissé dans une tenue… comment dire… Plus approprié. » Répondit-elle sincèrement après avoir détourné le regard et lâché sa main précipitamment. Quoi qu’il en dise, ils étaient certes amis, mais il n’en restait un beau jeune homme discutant, torse au poil avec une belle jeune femme qui n’avait plus aperçu une telle nudité masculine depuis de bon nombres d’années. La gêne ne pouvait être que présente. « Bien… eh bien… je… Je vais te laisser. » Arriva-t-elle à peine à articuler.
Lui-même s'en rendit compte bien trop tard et plutôt que de rosir des joues, il s'esclaffa sans retenue pour ces pauvres âmes qui tâchaient de sommeiller aux alentours de sa tente. « Mordioux! Tu as raison, me voilà discourtois à outrance ! » Tonna-t-il en chipant de la main un morceau de linge qui traînait au sol, à ses pieds. Sitôt fait, il couvrit sa nudité partielle et se redressa en lui libérant le passage vers la sortie. « Oublies ce que tu as vu, mais souviens-toi bien de ce que je t'ai dit, tu veux ? » Non sans son éternel sourire avenant, les yeux toutefois aussi petits qu'à son arrivée, prêts au dodo.
L’accompagnant, dorénavant tout aussi amusée que lui, Isandre se permit de le regarder longuement. « Non je n’oublierais pas, Lou… » Une tension n’acquit alors, comme un malaise qui n’avait pas lieu d’être. « Ne crois pas que j’oublierais ces blessures de sitôt ! » Trancha-t-elle finalement, le regard plutôt sévère. « Tâches… au cas où, tu advenait malheureusement à être encore blessé, de faire appel à mes capacités. Je recouds bien mieux. » Un sourire vint finir sa phase, puis, se dresser sur ses doigts de pieds, Isandre essaya d’attendre le front du jeune régent, sans succès. « Il s’avère que tu as effectivement bien grandit. » Lâcha-t-elle avant de finalement déposer un doux baiser sur l’une des joues rebondies de son suzerain.
Veinarde, sans doute ne l'aurait-il point laisser aller à de telles familiarités en public. Qu'à cela ne tienne, la nuit était pour eux leur voile et masquait ces écarts de conduite avec aisance. Son sourire s'en vit d'autant plus rehaussé à sa perspicace remarque. Il fallut le recoudre à la va-vite et limite, une vieille carne tricotant des pantoufles aurait plus adroitement recousu sa plaie, que le toubib le fit à Valdrant. Pour sûr que la blessure laissa une vilaine plaie et elle se faisait attendre à guérir pleinement. Tard serait le moment où il oubliait les recommandations de son amie au doigté de fée.
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