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Sujet: Celle qui rêvait de Paix Mer 14 Fév 2024 - 10:49
Sixième ennéade de Karfias, An 21 du Cycle XI, Ancienne Cité d’Olorainë Suite directe de L'Oeuvre de Ceädon
Les flammes. Árólindë frappa. De sa colère, il fit brasier qui scella leur destin.
Là où l'on aurait put attendre des cris, une nouvelle lutte contre la mort inévitable il n'y eut rien. Une lueur de réalisation d'un œil qui s’éteint. Puis, plus rien. La fin.
Aegden laissa ses genoux toucher le sol.
Les Chants.
Il n’y avait plus que ce petit feu qui mourrait doucement, ses braises crépitant lentement. Et les chants. Comme absorbé, il observa les flammes danser, presque au rythme de la symphonie battante impulsé par le tréant sacrifié.
L’esprit vide, Aegden fixait ce qui était venu dévorer le cadavre du nécromant, comme une dernière assurance qu'il ne se relèverait plus. Celui qui luttait tant contre la mort l’avait finalement rejoint. Obtiendrait-il rédemption ? Paix ? Tari seule en serait désormais décisionnaire.
Les cris du combat s’étaient tût, remplacé par le faible murmure de ceux qui, en trop peu nombre, avaient survécus. Les voix étaient basses, comme si étrangement personne n'osait plus lever la voix maintenant que la lutte avait pris fin. Point de silence cependant car les chants encore, dans toutes leur gloire, diffusaient à qui entendait leur nouvelle force. Peut être au fond, sans se l'avouer vraiment et par épuisement de ses sens, Aegden aurait-il préféré le silence, ne serait-ce que quelques bref instants.
S’il voulut passer une main sur son visage las, sa main droite ne répondit que d’un tremblement et une vague de souffrance qui vint secouer une nouvelle fois son esprit. Alors le soldat cessa simplement et ferma les yeux. Cela dura une seconde, ou des heures, il n’aurait su le dire.
La réalisation de ce qu’ils venaient d’accomplir, par le sacrifice des uns, et la lame des autres, s’imposerait petit à petit a leurs Souffles épuisés :
Porte la Peste était tombé.
Árólindë Yuitë
Ancien
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Sujet: Re: Celle qui rêvait de Paix Dim 3 Mar 2024 - 21:24
Etourdi, il regarda les engeances autour d’eux s’effondrer, leurs liens de servitude tranchés par son dernier coup d’épée. Dans ceux qui tombèrent, certains portaient les uniformes de Wyslena, de l’armée royale et des Aigles ; les camarades retournés contre eux par Porte-la-Peste. Sonné, il fixa la fusée de son épée émerger des restes calcinés du Seigneur-Sorcier. La lame avait disparue, consumée dans le feu qui avait brûlé les chairs du nécromant.
Faible, il était à genoux, mais vainqueur.
L’Ebène chantait toujours. Árólindë se releva et chancela jusqu’au corps inanimés qui portaient les couleurs d’Anaëh. La plupart d’entre eux étaient déjà morts et les blessures des autres étaient au-delà de ce qu’un Televin pouvait soigner sur les vestiges fumants d’un champ de bataille. A leur chevet, le Lieutenant pleura tandis que leur Souffle partait, accompagnés de ses prières, sur les rivages des Terres d’Emeraude.
Trop de morts, trop de Souffles jetés à la Tourmente. Le Haedhrim payait un lourd tribut à Aduram et son seigneur autoproclamé.
Le soldat se redressa soudainement, prenant honteusement conscience de l’absence de son amie. Eäroníra n’avait pas reparu des ruines dans lesquelles elle s’était enfoncée lorsque le combat avait éclaté. Il s’élança dans une recherche fébrile. Sur la robe de chacune des montures emportées par les morsures des engeances de Porte-la-Peste, Árólindë craignait d’y découvrir le pelage de la jument Mathandil. Il la trouva finalement, étendue au milieu décombres d’Olorainë, à l’écart du centre de la Cité.
Morte.
Son flanc était lacéré, son poitrail et ses cuisses portaient les traces des coups de griffes et de crocs des créatures relevées par le nécromant et qui gisaient en nombre autour du cadavre de la jument.
Árólindë tomba à côté de son amie. Morte pour leur accorder la victoire.
Il avait cru, si naïvement, qu’il pouvait épargner s’épargner, avec Eäroníra, de la perspective d’une séparation dans le sang. Il savait que chacun de ses compagnons pouvait mourir et, aussi douloureux que puissent être ces deuils, il était préparé à devoir les affronter. Mais Eäroníra… Mise à terre par des cadavres putrides… Son corps qu’ils devraient abandonner à la forêt viciée…
La présence des engeances autour d’eux lui sembla soudain insupportable ; une insulte à l’héroïsme de la jument, au deuil qu’elle méritait et à la solitude qu’on lui devait, à lui, en pareil moment. Árólindë hurla et planta ses poings dans le sol. La terre répondit à son commandement et s’ouvrit, avalant les corps profanés par la magie et les laissant finalement seuls. C’était un ultime effort qui outrepassait largement les limites de ce que le raisonnable l’autorisait en termes de magie. L’Aigle s’écroula, inconscient.