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Sujet: Deux coups pour fendre une pierre Ven 26 Jan 2018 - 20:10
Deux coups pour fendre une pierre
Deuxième énnéade de Barkios, 10, XI Port Cinglant
Le Kelkana était au port depuis moins de 24 heures et déjà les préparatifs du départ commençaient. Pourtant Port-Cinglant était loin d’être le port le plus efficace lorsqu’il s’agissait de transborder des marchandises. La capitainerie faisait son travail mais avec un rythme qui n’avait rien à voir avec celle effrénée du port de Thaar. En particulier sur les quais des lignes Oliennes dont le navire faisait partie. Mais la situation des derniers jours avait changé, et cela se ressentait sur la productivité des ouvriers.
Port-Cinglant était un port de moyenne importance. D’ailleurs tout sur ce chapelet d’île était de moyenne importance… La baronnie était une administration récente -naissante même- et depuis que les terres avaient été officiellement rendues à une Majesté dont personne même sur le continent ne voyait l’action tangible, les choses se délitaient doucement.
L’archipel avait vécu des heures sombres puis des moments meilleurs pour retomber à nouveau dans l’oubli. Ancien quartier général d’une guilde disparue puis propriété mal gérée de Scylla et enfin dernière roue du carrosse mal géré de Langehack. Au final une histoire assez classique pour une terre en pleine mer et dont l’essentiel du territoire n’était encore que forêts luxuriantes et plages de sables fins.
La population n’était pas extrêmement nombreuse, répartie principalement dans deux bourgades de l’île principale dite ‘Nelen’ et dont l’archipel entier avait prit le patronyme. Cette population était au final relativement cosmopolite car l’influence de la Péninsule s’était faite par à-coups et les personnes ayant décidé de s’implanter dans ces lieux avaient afflué au compte goute. La population provenait autant de Péninsule que de l’Ithri’Vaan qui était au final géographiquement plus proche.
Et c’était cette proximité géographique qui avait rendu la venue du Kelkana si importante au cours des derniers mois. Car la disparition des dirigeants du Langehack, la guerre civile, les complexités géographiques, tout cela avait mis à bas la fragile logistique de ravitaillement de l’île. Mais cela était sans compter sur les voisins d’Estrevent qui s’étaient empressés de se substituer aux manquements du continent humain pour ramener sur les îles les importations nécessaires à sa subsistance en exportant les produits maigres de ces terres.
Le commerce était réduit, mais florissant, et s’il avait été fait de hauts et de bas avec l’est historiquement, on se trouvait dernièrement dans un haut.
Sous la direction du baron, qui avait été apprécié pour son pragmatisme par la population rebelle mis au pas, l’île avait grandie un peu plus rapidement que sous le régime de stagnation qui avait prévalu sous Scylla. Mais avec la mystérieuse disparition de ce dernier, la situation était devenue plus complexe, et l’on pouvait supposer que certains intérêts en jouaient.
Le frère du baron ne disposait pas du même charisme que son frère. Les terres avaient été rendues à une couronne inexistante et le conseil de régence du Langehack avait cessé de se préoccuper des lieux. L’hiver avait été difficile à vivre dans ces conditions et seul le commerce avec l’est avait évité le pire. Car même sous les palmiers la famine pouvait se faire sentir lorsque l’hiver était cruel. Et ce dernier hiver avait été très cruel. Les lignes maritimes vers le nord de l’Olyenne avaient été coupées, nombre de navire avaient été détruit au mouillage dans les ports pris par la glace. Le sud de la Péninsule était occupé à de plus grandes choses comme sauver la ville de Diantra.
Nelen aurait pu être abandonné si elle n’avait pas été ravitaillée par le commerce zélé des marins Thaari. L’essentiel de la population était heureux de voir des fruits, du blé, des noix et bien d’autres denrées se faire décharger des navires orientaux. Les prix restaient acceptables pour la très grande majorité, et certains marchands ayant pignon sur rue s’étaient même décidé à faire l’aumône, soutenus paraissait-il par leurs fournisseurs Thaari qui faisait crédit en attendant que l’été revienne.
Pourtant, l’ambiance avait bien changé depuis que le baron avait disparu, poussé durement vers la sortie par une Couronne n’ayant pas décidé de le maintenir dans ses fonctions. Le frère tenait d’ailleurs l’île sans aucune réelle instruction écrite ou légitimité venant du continent. Tout du moins c’est ce qui se murmurait dans les rues d’Ydrilia et de Port-Cinglant.
Seul le commerce du bois exotique continuait à se porter comme un charme. Les forêts de l’île étaient sous exploitées et des espèces endogènes précieuses retenaient toujours l’intérêt de grands commerçants orientaux. C’était là pour ainsi dire la seule source de financement extérieure concrète de l’île en ces temps troublés. Et chacun s’inquiétait du devenir de l’île et de sa population. La garde avait été réduite, par manque de finance… L’administration baronniale avait été réduite à peau de chagrin également. La pèche rendait mal, tant les poissons avaient mal apprécié un hiver particulièrement sévère. Ils avaient migré plus au sud et l’on attendait avec impatience leur retour. Le commerce avec la Péninsule était à l’arrêt complet et par conséquent un grand nombre de personnes se retrouvaient à la rue ou presque tant les finances devenaient compliquées à tenir pour les petites gens.
Une strate de petits fonctionnaires travaillant encore pour la baronnie arrivait à maintenir quelques privilèges pour eux. En ces temps troubles et avec une hiérarchie défaillante, la corruption montait et il n’était pas rare que le Kelkana, comme d’autres navires de commerce, se fassent plus ou moins piller par la ‘douane’. Les réquisitions devenaient monnaie courante ce qui permettait à ces fonctionnaires qui n’étaient plus payés de récupérer leur pain et leurs écus.
Le peuple quant à lui ne disait rien. Ou – pour être plus précis – grommelait et se contentait de respecter l’autorité pour le moment, acceptant l’aumône des commerçants… Beaucoup étaient de la rude espèce. Des marins ou anciens marins peu habitués à de fins discours et gardant pour eux le mécontentement. Ils étaient de ceux où la pression montait silencieusement jusqu’à ce que la soufflante arrive brusquement.
Rodnim Ananva comprenait bien l’état d’esprit de ces pauvres gens. Mais lui n’était pas là pour les plaindre ou pour leur distribuer des mouchoirs. Agent de commerce pour le compte de Triviali. Pour être précis il était sur l’île pour le compte de Christophe Cote de Triviali, un armateur de première importance à Thaari dont l’ensemble des possessions familiales étaient devenus propriété de la famille Savarius depuis déjà plus de quarante ans. Les parents du jeune Faeron avaient été à la manœuvre de cette belle acquisition et depuis la famille Triviali était restée à la direction de ces commerces qu’ils ne possédaient plus. Un sauvetage in extrémis de la ruine qui avait valu jusqu’à présent la loyauté inconditionnelle des Triviali aux nouveaux maitres de leurs commerces. Christophe Cote, qui était le jeune homme et dernier descendant de la famille était d’ailleurs pressenti dans les hautes sphères pour remplacer un jour un homme du premier cercle de l’organisation.
Rodnim était installé sur l’île depuis un an environ et s’occupait de préparer les commandes venant de Thaar et de faire affréter les navires. Il n’était pas le seul représentant d’importance de Savarius sur ces îles. Wingthres Thilelen, qui disposait d’un rang supérieur dans l’organisation même si elle n’était pas hiérarchiquement au-dessus de Rodnim, était également stationnée sur ces îles. Elle était la représentante à temps plein des négoces Laiquamordur et s’occupait d’acheter du bois pour ces derniers. Dernièrement la drow disposait d’une cote extraordinaire sur l’île. Si Rodnim était plus ou moins en affaires directes avec les commerçants représentant la petite bourgeoisie de l’île, Wingthres était ni plus ni moins en contact permanent avec la baronnie qui tentait de monnayer le bois à exporter autant qu’il le pouvait. Comme il s’agissait pour la baronnie de la dernière source de financement extérieur, elle faisait la pluie et le beau temps sur l’île. Il était un secret de polichinelle qu’un arrêt des exportations d’arbres, même pour une durée limitée à deux ennéades entrainerait la banqueroute de la baronnie qui n’arrivait plus à cacher le vide de sa trésorerie.
Le gouverneur de Port-Cinglant s’inquiétait presque chaque jour auprès de cette dernière de l’arrivée du Thalassa, un grand navire transbordant les arbres pour les emmener vers les ébénistes orientaux. Chaque arrivée du navire signifiait quelques centaines de souverains à faire entrer dans les coffres et donc une paie possible pour les ouvriers de l’île (et la solde des soldats).
Ce jour là Rodnim se trouvait dans la grande maison de bois de Wingthres. Il avait abandonné au serviteur de l’entrée son beau manteau de soie et avait retrouvé la drow sur le balcon de bois de la grande maison donnant sur la baie de Port-Cinglant. Elle était allongée sur un grand matelas sur pied, à la Thaari. Un deuxième matelas attendait l’invitée. Un esclave elfique était également là faisant un peu d’air à la dame. La température était agréable, d’une vingtaine de degrés, mais il fallait dire qu’il était midi. Les nuits étaient encore très fraiches.
Ils se réunissaient pour des desseins bien plus sombres que du simple commerce ce jour. Travaillant pour le même employeur, ils avaient été informés que bien des choses se préparaient dans l’Olyenne et qu’ils étaient au centre d’un plan très important. Le moment était le bienvenu pour se réunir et en établir les lignes détaillées…
Dernière édition par Faeron Savarius le Mer 7 Mar 2018 - 23:29, édité 1 fois (Raison : modification mineure suite à remarque de Roderik)
Faeron Savarius
Sang-mêlé
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Sujet: Re: Deux coups pour fendre une pierre Mer 28 Fév 2018 - 23:38
Sixième énnéade de Barkios, 10, XI Port Cinglant
Faeron Savarius
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Sujet: Re: Deux coups pour fendre une pierre Ven 9 Mar 2018 - 0:21
Au moment du retour inattendu des troupes royales…
Que ces forêts étaient luxuriantes… Quelles difficultés pouvait-on y rencontrer ? Pas de dangereux animaux. Cela au moins était un luxe important comparé aux jungles continentales. La séparation par les mers avait empêché la plupart des plus dangereux prédateurs de tutoyer cette île. C’était là une des plus intéressantes caractéristiques de ces îles pour le naturaliste averti. Mais pour l’explorateur tel que Rodnim Ananva l’intérêt principal se trouvait dans le relief accidenté de ces îles. Lui qui était un homme d’action avant d’être -sous couvert des nécessités officielles et de ce que son poste était censé être- un marchand, il appréciait beaucoup la difficulté à devoir traverser les torrents, à devoir trouver le bon sentier au travers des roches et de la flore luxuriante pour atteindre telle plantation, telle scierie.
Car l’approche par voie de mer n’amenait finalement qu’à une partie des richesses de ces innombrables bouts de roches et de sables, jetés dans une mer qui si elle était calme l’essentiel du temps, avait parfois des colères nécessitant que chacun puisse s’y retrouver. Et si les navires que Rodnim prenait comptait parmi les meilleurs équipages de toutes les mers connues, il fallait savoir respecter la mer. Les deux pieds sur terre, il en allait de même, il fallait respecter les lieux. Les Dieux étaient toujours plus forts dans leur approche que les humains.
Les dernières semaines avaient été passées à faire le tour des innombrables îles de l’archipel. On ne pouvait pas réellement dire que la zone fût maitrisée par la baronnie. Au contraire les choses étaient complexes à Nelen. Dans la précipitation de développement voulue par la baronnie et liée à la proximité géographique, les fermes, les plantations et les exploitations forestières des îles de Nelen n’étaient pas de celles qui conféraient un avantage à une colonisation réglée par des humains péninsulaire. L’essentiel était un patchwork relativement chamarré de races, d’origine principalement estreventine. Si les propriétaires terriens étaient péninsulaires - paraissait-il même qu’il s’agissait à nouveau d’une lointaine couronne- les fermes et leurs serfs ne parlaient pas avec l’accent péninsulaire.
Trouver des gens parlant la même langue et trouvant les mêmes raisons de se plaindre était facile d’une île à l’autre. Comme toujours on oscillait entre la grande crainte de ne pas arriver à payer des taxes qui – à la manière habituelle des péninsulaires – étaient trop élevées, on croulait sous la lenteur d’une structure de décision voulant tout faire passer par le représentant de la noblesse locale, et -encore plus grave- on vivait avec la peur au ventre de voir des fermiers généraux et autres intendants bien plus fermes encore débarquer de Péninsule.
Car l’ordre n’avait pas été maintenu de main morte par ceux qui avaient décidé de venir se substituer à Ydril. Langehack n’était pas connu pour y aller de main morte. A Diantra, à Nelen ou ailleurs. Si les choses s’étaient tassées sous les premières années de règnes du baron autoproclamé, il n’en restait pas moins que les choses s’étaient complexifiées avec le temps et que les relations s’étaient retendues. Car comme d’habitude les dirigeants souhaitaient le beurre et son argent : un développement rapide mais maitrisé, une population se fortifiant en amenant de la main d’œuvre bon marché de l’est, en conservant le pouvoir autour d’une poignée de mains bien blanches issues des palais du Langehack ou sorti de la cuisse d’on ne savait quel Jupiter.
Démarrer une révolte dans un environnement où le feu couvait déjà était relativement simple. Cela était finalement la plus grande leçon qu’avait retenu Rodnim de ses nombreux maitres. Il n’en était pas à son premier fait et n’était pas non plus de ceux qui avaient pour principe de rendre une copie pleine de fautes à son maitre. Ici comme ailleurs, il avait été digne de sa formation et de sa réputation qui en faisait l’un des plus habiles maitres d’œuvres des politiques commerciales dites ‘non conventionnelles’ qui avaient parfois cours dans les alcôves du palais maritime.
Le plus complexe au final était d’organiser la chose de manière à pouvoir réussir. De se donner la possibilité de surpasser la minorité qui résisterait et les quelques militaires qui tenteraient de maintenir l’ordre. C’était une partie d’échec menteur. Le plus important était que le camp adverse continue à se féliciter qu’il faisait face à une armée de pion, juste avant de comprendre que l’intégralité du plateau allait se transformer en dames alors que ces derniers atteignaient le camp adverse.
A trop se focaliser sur l’évidence, on en oubliait la force des petits. Et ici le plus important avait été de se préparer depuis fort longtemps. Et d’utiliser d’autres tactiques. Et la complexité géographique ces îles, leur éloignement et l’absence criante d’une véritable infrastructure de défense militaire rendrait la chose bien plus simple. Il fallait capitaliser sur ces faits et préparer l’ouverture d’une brèche plus grande encore. Tirer les leçons des échecs que d’autres maitres espions avaient ratés, récemment encore.
Le travail de longue haleine avait été de créer une organisation véritablement presque militaire au sein d’une société civile totalement éclatée au sein de nombreuses îles. Les contacts existaient déjà depuis bien longtemps. Il fallait dire que l’on commerçait avec ce petit monde depuis de longues années. On buvait du rhum ensemble, on se plaignait à quatre voix des misères et des impôts, on se souvenait -nostalgique- de la liberté qu’offrait Thaar et qui n’était point compensée ici-bas par une vie meilleure. Tout au plus subsistait-on. C’était le discours ambiant, et c’était sur cette grave omission de la réalité du terrain que les agents avaient joué.
On avait contribué à insuffler une véritable envie de révolte dans la population. On avait attisé le sentiment que la Péninsule n’avait pour seul traquas que de prendre la population de ces îles à la gorge et qu’avec le retour de la royauté arriverait une espèce encore plus carnassière de tyrans. Le plus amusant était de constater qu’il ne s’agissait pas d’une guerre de race. Bien des humains de Nelen, même certains péninsulaires, en avait jusqu’à la lie de voir des impôts tomber de l’un puis de l’autre, sans que personne ne s’intéresse à ces îles entre deux batailles pour remettre la main dessus.
Discuter de ces choses, créer des réunions secrètes de dissidents, faire des soirées bien arrosées où l’on refaisait le monde, un monde sans influence de la Péninsule, cela avait créé des liens, et cela avait aussi eu pour effet de constituer un réseau et de trier les dirigeants des suiveurs. Cette résistance qui se mettait en place n’avait pas encore dégorgé sur la vie publique, mais cela commençait à se faire sentir. Depuis plusieurs énnéades déjà. C’était pour cette raison que l’on avait écrit aux responsables à Thaar. Les choses allaient se concrétiser et on passerait bientôt à l’acte.
On avait caché dans plusieurs grottes dans chacune des îles les instruments de la révolte au cours des énnéades précédentes. Restait à présent que la chose allait prendre forme concrète. Il ne restait plus qu’à attendre l’étincelle. Et elle vint quelques jours plus tard lorsque dans le port de Port-Cinglant ce ne furent pas des bateaux pirates mais bien des navires de la flotte royale qui vinrent jeter l’ancre. Pourtant les négociations avec Meca s’étaient bien déroulées… Le hasard avait-il voulu que la royauté décidée précisément que la flotte royale fasse mouvement sur Nelen à ce moment précis. C’était aussi inattendu que suspect. Quelqu’un dans l’organisation ou au Concile avait-il eu une indiscrétion d’importance ? Un espion s’était-il glissé dans les rangs ? Oui vraiment, c’était inattendu…
Les pirates avaient-ils décidé de les laisser choir ? Improbable puisque l’essentiel de ces derniers étaient autant corsaire que pirate et n’avaient que rarement fait faux bond à des souverains sonnants et trébuchants.
Depuis les fenêtres de sa villa donnant sur le port, Rodnim regardait les bateaux s’approcher puis mouiller au port. Il eut un sourire. La partie serait peut-être plus simple ainsi ? Le plus ennuyeux était qu’ils auraient bien du mal à pourvoir aux arrangements réalisés avec certains pirates… Quel ennui vraiment qu’une telle chose arrive. Mais baste, puisque l’impulsion de quelques-uns avait dû faire sortir la flotte royale du port, il fallait maintenant improviser. Le plus étrange était que la flotte royale était, aux dernières informations, en cours de réparation. Les travaux d’armement des navires avaient dû être réalisés à la hâte pour mettre une telle armada en branle…
On ne construisait pas dix navires si rapidement… Et à croire la rumeur qui remonta des premiers marins accostés, d’autres arrivaient. Les informations de Savarius étaient-elles à mal ? D’où les péninsulaires sortaient ces navires ? Peu importait, ils avaient dû être réalisés en toute hâte dans des chantiers navals qui de toute manière étaient au presque épuisement. Cela ne présageait que du bon.
En attendant il fallait mettre les voiles pour empêcher d’être capturé. Rodnim ne pouvait s’attendre à ce que les émissaires de la royauté se surpassent comme à leur habitude dans l’inhabileté politique dans les énnéades à venir… Le moment, dans tous les cas, était venu…
Pourtant, sans qu’il le sache, il était certainement trop tard. Rodnim entendit qu’on frappait rudement à la porte. Un contingent de la soldatesque du baron sans aucun doute. Ces derniers devaient avoir pris l’initiative de tenter de mettre au pas ceux dans Port Cinglant qui étaient connus pour répandre des idées… Néfastes à une certaine vision d’un ordre parfaitement royal…
On s’échappa de justesse, non sans que le personnel de la villa soit passé par le fil d’une épée trop preste. Cela rendrait certainement service également. On n’oublierait pas le sacrifice de ces hommes. Leur sang et les échafauds qui allaient fleurir aux coins de rues permettrait de faire en sorte que la vague ne submerge pile au bon moment.