|
| De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] | |
| | Auteur | Message |
---|
Drystan
Ancien
Nombre de messages : 1737 Âge : 35 Date d'inscription : 30/05/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 49 ans (42ème Jour de Barkios, An 967:X) Taille : 1,88m Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] Dim 22 Avr 2018 - 14:01 | |
| Suite de : De passage chez les elfes... Où l'on s'introduit en pleine tempête
Fin de la huitième ennéade de Barkios, An 10 Je ne devais pas abuser trop de la compagnie de notre hôtesse durant les deux ennéades que durèrent notre route à travers les bois, considérant qu'il ne fallait certainement pas trop éprouver et trop vite épuiser le capital sympathie dont je semblais profiter. Au lieu de cela, et avec l'aide de Eärnil, je me reposais sur d'autres elfes suffisamment ouvert – ou eux-même curieux – pour m'offrir le récit des quelques lieux singuliers que notre chemin croisait et m'en imprégner.
L'Anaëh est une région curieuse, et je devais découvrir qu'il existait en réalité, dans ces vastes étendues, une multitude de forêts plus ou moins ancienne possédant une atmosphère qui leur étaient propres. En parcourant Ardamir, je découvrais de mes yeux ces arbres immenses qui voilaient le ciel et qui avaient inspirés les écrits des hommes qui me précédèrent, dont on ne trouvait pas d'équivalent dans aucune des contrées humaines... Et dire que parmi eux se trouvaient, selon les dires et les écrits, des géants plus anciens que le royaume des hommes, et ce, bien avant qu'il ne s'étende de la pointe ydriote aux contreforts de l'alonnan... Il est difficile de vous exprimer ce que je ressentais, ce que je ressens encore à l'évocation de ces souvenirs... Monarth et Zéphyr, à leur manière, percevaient le Chant de ces arbres qui avaient vu passé les cycles, perçut le passage sur ces sentiers de nombreuses générations, il se disait même qu'un esprit errant et lui-même ancien, contait des histoires qu'elle tenait de certains de ces arbres, d'un temps d'avant les elfes, où l'Aïnée s'égayait encore seule dans le Jardin-Monde qu'était l'Anaëh, des légendes primordiales. Je baignais dans un environnement chargé d'histoires et de magies, un environnement qui pouvait, à sa manière, et à qui savait et prenait le temps d'écouter, offrir un témoignage vivant du passage du temps... La forêt se métamorphosa en approchant de la Cité Blanche, et les géants d'Ardamir cédèrent la place à une forêt plus accessible, à l'atmosphère moins lourde, laissant davantage de lumière nous parvenir, et offrant plus de passage à un Zéphyr qui, sur le territoire des géants, dû éprouver à plus d'une occasion son agilité pour trouver son chemin jusqu'au sol... Ce changement signifiait que notre destination, après près de deux ennéades de voyage, n'était plus très loin.
Ces deux ennéades ne furent pas avare de surprise, et virent apparaître mes premières écailles. C'était un changement que je n'avais pas vu venir, les elfes non plus, et qu'encore aujourd'hui, il m'est difficile d'expliquer... Je connaissais bien les manifestations qui apparurent sur les autres dragonniers, même plus anciens, mais nul n'avait, à ma connaissance, vu son corps commencer à se couvrir d'écailles. Il m'est impossible de vous donner une explication satisfaisante, d'autant que je devais refuser de révéler aux elfes l'existence des autres dragonniers... Ce secret était le leur, et même si j'avais décidé, pour ce qui me concerne, de me découvrir, il appartenait aux autres de choisir. Toutefois, ma pensée est que cet état d'esprit n'est pas étranger à mon état... J'étais le seul à accepter l'avenir qui se dessinait, à ne pas vouloir me cacher plus longtemps. Ma théorie personnelle, qui vaut ce qu'elle vaut tant qu'on aura pas trouvé de meilleure explication, est que mon consentement ouvrit à Zéphyr des possibilités que les autres dragons ne possédaient pas, et que, disposant de l'immense source de magie qu'était l'Anaëh, il put, inconsciemment, apporter des modifications plus lourde, plus rapidement... J'ignore ce que son devenu les autres, mais peut-être qu'avec les décennies, eux-même auront développé ces écailles, irrémédiablement.
Mais pour ce qui me concerne, me voilà entamant plus encore un chemin qui m'éloignait de l'humanité au sein de laquelle j'étais né, et qui me considérerait désormais étranger. Les premières étaient fines et blanches, et étaient apparus sur le dos des mains et les poignets, dans la nuque et le dos, suivant ma colonne vertébrale, quelques unes sur mes tempes, autour des yeux, sur le contour de la mâchoire, sur mes pieds. Un soir, me reposant à l'écart, adossé à mon dragon à demi plongé dans des songes aussi anciens que certains des chants silencieux qui flottaient autour de nous, je devais lui demander la raison d'un tel changement. La pensée qui me parvint, lointaine, ne devait pas me satisfaire sur l'instant... Il n'en savait rien, mais c'était ainsi. Mais alors que j'envisageais de creuser davantage, sans désapprobation aucune, mais seulement pour comprendre, une image d'un autre âge s'imposa à moi. Une vaste salle du trône, dont je peinais à vraiment prendre la mesure, tant elle renvoyait une contradiction que devait résoudre Zéphyr – Ne cherches pas à voir à ta manière à travers les yeux d'un dragon... - richement décoré et dont certains des motifs m'était familier. Devant nous, dans son trône, un homme devant lequel ployait tant de créature, mais pas nous, et plus proche, celle que nous avions choisi pour parler à ses semblables en notre nom. Je m'écartais de Zéphyr pour considérer la scène à ma manière, et ce qui ne paraissait pas – ou plus – aux yeux du dragon dont il possédait les souvenirs. La jeune femme à la chevelure de feu qui s'entretenait avec le souverain avait également des écailles, dessinant des motifs abstraits avec de nombreuses nuances partant de l'orange jusqu'à un rouge-sang légèrement scintillant du fait de la lumière ambiante. L'image s'estompa, et Zéphyr s'enfonça plus profondément dans les songes, mais je décidais de ne pas l'y suivre et méditer ce qu'il venait de m'apprendre... Il ne savait pas pourquoi lui-même, mais c'était ainsi dans ces souvenirs hérités du dragon bronze, transmis par la dorée, aussi, et puisque j'avais accepté et décidé d'être un digne dragonnier pour lui, il me façonnait pour que je le devienne, s'inspirant de ceux qui le précédèrent.
Finalement nous parvînmes à Alëandir, vaste cité de pierres blanches constellés d’îlots de verdures et de petits jardins, que les plantes réinvestissaient davantage depuis le Voile. C'était un endroit que je ne pensais pas contempler de mes propres yeux un jour, même en qualité Maître Espion alors que la diplomatie aurait pu le favoriser. Je m'étais depuis quelques jours fait à l'idée que j'avais pénétrer dans un monde à part, dans lequel le Temps n'avait pas la même prise, loin des influences humaines et de leurs préoccupations, et au-delà du symbole, renouer avec une cité de pierre atténuait l'étrangeté de ma situation. Et comme à son habitude, Zéphyr s'envola pour découvrir la cité depuis son domaine, et pour la première fois depuis de très nombreux siècles, un dragon fut aperçut dans le ciel d'Alëandir.
« Nous y sommes finalement parvenu. » C'était un soulagement adressé à Eärnil, qui, durant ces deux ennéades avait accès nos moments sur l'apprentissage de la langue et de son écrit, à ma demande.
« Il y a bien longtemps que je ne m'y étais pas rendu... Peut-être une fois ou deux, avec mon maître, dans ma jeunesse... Certaines choses y ont bien changé. » Disant cela, il désigna les plantes grimpantes. « La cité était d'un blanc immaculée à l'époque. »
« Merci encore de m'avoir conduit jusqu'ici. »
« Oh, ne le fait pas trop tôt, tu auras bien d'autres occasions de le faire. » Il évoquait là ce qui allait constituer son labeur dans les ennéades à venir. « Mais je te retourne ces remerciements... Grâce à toi, je vais pouvoir accéder à l'Académie, et rien que pour ça, ça vaut la peine de trimer un peu. »
Je contemplais dès lors les lieux et les grandes structures autour de moi, sans véritablement songer à la suite, tandis qu'au-dessus de moi, le Vent d'Ouest découvrait la Cité Blanche.- Taille de Zéphyr:
Pour informations et se faire une idée, voici approximativement la taille du dragon lors de ce RP : 5m40 du bout du museau à la queue, dont la moitié pour la queue 1m80 au garrot 6m30 d'envergure
Dernière édition par Arthur le Jeu 7 Juin 2018 - 18:36, édité 2 fois |
| | | Enoriel
Elfe
Nombre de messages : 151 Date d'inscription : 18/01/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 704 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] Mar 22 Mai 2018 - 21:10 | |
| Cyarniën regarda le dragon prendre son envol et découvrir la magnifique cité depuis le ciel, provoquant certainement la stupéfaction chez ceux qui pensaient à lever la tête. Puis ses yeux se posèrent sur le dragonnier, cachant habilement tout l'intérêt que les brusques changements physiques sur son corps suscitaient à son esprit. Les pieds de la femme millénaire foulèrent l'herbe verte doucement, sans déranger l'humain et le demi-elfe. Elle entendit leur discussion mais ne rajouta rien, du moins au début. Puis, doucement et avec grande grâce, elle leva la main et laissa un miroir de lumière apparaître devant les deux étrangers. Aussitôt à l'intérieur apparurent des images montrant la cité, quelques bâtiments et jardins. Elle tourna alors la tête et, avec une supériorité non dissimulée, leur adressa chaudement quelques phrases.
"Voilà où vous allez pénétrer, messieurs : l'une des plus belles cités jamais construites, une étoile au beau milieu de la Prime Forêt. Montrez-vous dignes d'y poser les pieds ; je pense pouvoir compter sur vous concernant cela, sans quoi vous aurez affaire à moi."
Sur ce elle baissa sa main et le miroir disparut dans les airs en des milliers de poussières de lumière. Puis elle marcha, calmement, toujours le port altier, venant ainsi d'exprimer l'estime qu'elle avait pour le dragonnier, cachée par un côté hautain. Parce qu'elle commençait à en avoir un peu pour lui, mine de rien. Elle s'arrêta un instant puis parla avant de reprendre sa route.
"Au fait, si jamais vous ne trouvez pas d'endroit où dormir ce soir, je pourrai vous héberger. Si vous n'avez pas peur de dormir chez deux mages, bien évidemment."
Un fin sourire orna ses douces lèvres, mêlant amusement et la joie profonde de retrouver sa famille.
|
| | | Drystan
Ancien
Nombre de messages : 1737 Âge : 35 Date d'inscription : 30/05/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 49 ans (42ème Jour de Barkios, An 967:X) Taille : 1,88m Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: Re: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] Ven 25 Mai 2018 - 20:46 | |
| Il semblait que notre arrivée dans la Cité Blanche n'était pas sans effet sur celle qui nous avait accueillit. Non que je sois surpris, j'avais perçu une certaine impatience, une envie d'y revenir au plus tôt, mais à présent que nous y étions, et bien que ses grands airs demeurent, elle apparaissait plus heureuse et d'humeur légère qu'auparavant. La petite exhibition m'intrigua, ça n'était pas là le genre de tour auquel j'avais pu assister, et je ne pus m'empêcher de m'interroger sur ses applications concrètes, lorsqu'il ne s'agissait pas, le temps d'un regard, de faire un tour d'horizon d'un lieu. Elle était fière de la Cité Blanche, néanmoins, je ne m'égarais pas dans la contemplation de son petit miroir éphémère... Il me suffisait de tendre mon esprit vers le dragon pour y apprécier ce qu'il voyait dans son survol, ce dont je décidais de m'abstenir pour rester concentrer sur mes propres sens.
« Nous n'avons pas l'intention d'insulter de quelques manières que ce soit nos hôtes, n'ayez crainte. »
Eärnil ne prit pas la peine de m'attendre pour dire cela, mais c'était inutile. Nous reprîmes la route, et c'est distraitement que je continuais de suivre, observant tout autour, scrutant les plus infimes détails, parfois sans sens, qui s'offrait à mon regard, de la cité, de ses bâtiments de pierre blanche autant que la vie qui s'y épanouissait. Perdant du terrain, marchant en reculant tout en suivant du regard une tranche de vie quotidienne. Observer m'en apprendrait autant que les leçons que je pouvais recevoir... Certains gestes, certaines routines demeureraient un mystère, devraient faire l'objet d'interrogation, mais c'est en œuvrant de la sorte, en m'imprégnant de tous, que je pourrais saisir ces elfes.
La proposition de l'érudite me ramena soudain à l'instant présent et à une réalité que je n'avais évidemment pas pu préparer. L'hébergement était un sujet que je n'avais pas encore eu l'occasion d'aborder, pour ces prochains jours autant que pour le temps que durerait ou serait permis mon séjour.
« J'imagine que nous avons connu pire. Nous serions plus que ravi de profiter de votre hospitalité. »
Ça n'était pas une simple flatterie, je m'en faisais vraiment une joie. Il y avait des choses à découvrir et à apprendre tout autour de nous, dans chacune des opportunités qui se présentaient... Et cela permettait de repousser un peu plus loin la question du toit au dessus de nos têtes dans l'éventualité très probable d'un accueil prolongé. Nous la laissions nous guider à travers la cité, et je me perdais à nouveau dans l'observation de l'ordinaire des éternels d'Alëandir. |
| | | Enoriel
Elfe
Nombre de messages : 151 Date d'inscription : 18/01/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 704 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] Mer 6 Juin 2018 - 22:07 | |
| - Dialogues :
Toutes les prises de parole mises en italique sont dans la langue elfique. :)
Ainsi Alëandir s'offrit aux deux étrangers, guidés par une mage qui connaissait au mieux la cité. Les Elfes vaquaient à leurs occupations, curieux pour certains de voir ce qui ressemblait fortement à un humain entrer en ces lieux. Mais tous continuèrent à vivre leur vie, comme si au final les visiteurs n'étaient qu'un instant éphémère dans toute leur éternité. Le draconnier traversa en compagnie de la mage plusieurs quartiers, tous plus beaux les uns que les autres, même si à certains endroits la nature semblait devenir une force destructrice désirant reprendre ses droits. Puis, après une trentaine de minutes de marche, Cyarniën tourna dans une rue puis entra dans une maison tout en hauteur, faite de pierres blanches et prise en partie par la végétation. Pas de coup sur la porte. Pas de clef tournée. Juste une poignée actionnée. Son air toujours aussi hautain, l'elfe se tourna vers les deux autres et les enjoints d'un signe doux et délicat à les suivres. Sans un mot elle traversa un couloir dont les murs à peine peints étaient ornés de tableaux, de parchemins délicatement étalés entre deux couches de verre et de nombreuses plantes toutes différents, dépassa les deux portes et commença à monter l'escalier en colimaçon, sans faire grands bruits. Alors qu'elle franchissait le tournant, des petits pas se firent entendre à l'étage et très tôt une voix fluette de jeune enfant se fit entendre dans la maison. "Maman !"Le petit garçon sauta dans les bras de sa mère, qui le réceptionna tout en l'embrassant avant de le reposer sur les marches et de remettre bien comme il faut ses vêtements. Un bon elfe se devait d'avoir une bonne conduite, lui répétait-elle avec un sourire aimant. Aux yeux d'Eärnil, qui restait un elfe bien qu'il n'habitait pas dans la Prime Forêt, l'enfant devait avoir une cinquantaine d'années, pas plus. Un sourire innocent ornait encore son visage alors que quelque chose, dans ses traits ou ses yeux, laissait transparaître un vécu qui pesait sur son Souffle. Un vécu que beaucoup d'enfants de la guerre connaissaient... "Qui sont-ils ? - Des invités. Ils resteront ce soir, le temps de trouver un lieu où dormir pour le reste de leur séjour ici. - Ah... Ils viennent d'Ardamir ? - Non. Ne t'inquiète pas."L'enfant tint la main de sa mère et remonta les dernières marches avec elle, presque collé contre son corps. Ce ne fut qu'une fois les escaliers passés qu'il se mit à courir pour passer dans une autre pièce. Ressortit quelques secondes plus tard une autre elfe, adulte. Ses longs cheveux blonds descendaient en cascade le long de son buste avec magnificience, encadrant un visage fin orné de deux perles bleues. De fine carrure par rapport aux femmes humaines, la dame portait avec élégance une longue et ample robe blache brodée d'argent, aux motifs rappelant fortement la flore de l'Anaëh. Avec un doux sourire accueillant elle regarda les étrangers puis posa ses magnifiques yeux sur Cyarniën, son sourire s'ambellissant encore plus à sa vue. "Aïnriel..."Les deux femmes se retrouvèrent et s'embrassèrent, d'un baiser empli d'un amour et de douceur mais relativement chaste. La dénommée Aïnriel se tourna vers les nouveaux venus et s'approcha d'eux. Ses yeux perçants se posèrent en premier lieu sur Eärnil, elle inclina la tête, puis s'attardèrent sur Arthur. Ce dernier eut tout le temps que bon lui semblait pour remarquer l'aura maternelle qui dégageait d'elle, ainsi que ce côté très noble sans pourtant être hautain. "Dis-moi, ma chère, qui sont ces personnes que tu nous amènes-là ? - Le protégé de ma cousine, celui que je devais retrouver à la lisière d'Ardamir : Arthur de Mélasinir. Et son traducteur, Eärnil.- Soyez les bienvenus dans notre foyer, reprit-elle en langue compréhensible des Hommes. Je m'appelle Aïnriel. Il est rare que Cyarniën accueille ainsi des étrangers chez nous.- Un cas intéressant pour toi, ma chère. Un tout jeune draconnier... qui sait bien se comporter, du moins pour l'instant. - Ah... nous en reparlerons plus tard. Je suppose que vous voudriez faire chambre à part ?"Une fois la réponse des invités donnée, Aïnriel invita son aimée à se reposer de son voyage alors qu'elle accompagnait les deux autres voyageurs à l'étage d'au-dessus. Elle les installa dans une chambre visiblement confortable et où les plantes, encore une fois, étaient fortement présentes. Un baquet prévu pour accueillir de l'eau s'y trouvait. "Je vous laisse placer vos affaires et vous reposer. Je vais m'occuper de l'eau. Nous vous appellerons lorsqu'il sera temps de manger, après quoi vous pourrez commencer à voir ce qui pourrait vous intéresser en ville."A peine eut-elle prononcé ces mots qu'ils entendirent d'en-dessous un bruit de casse suivi de pleurs de bébé. Sans se départir de son sourire l'elfe laissa un fin soupir échapper de ses lèvres puis elle quitta l'étage afin de redescendre. Eärnil, de là où il était, put entendre la douce voix de la femme demander en elfique à un enfant de ne pas essayer la magie sans la surveillance d'une adulte, surtout auprès de sa soeur. Puis, après quelques minutes, le calme revint. Quand Arthur redescendit, il trouva les deux femmes en train de discuter tranquillement dans la cuisine, se tenant la main. La table était prête, les plats déjà disposés au centre de la table et les couverts mis. Cyarniën tenait dans ses bras une toute petite fille, lui caressant le visage tout en la berçant tendrement. D'une voix basse, Aïnriel invita l'humain à s'installer à côté d'elle. Le petit garçon et Eärnil n'étaient pas présents. "Avez-vous pu vous reposer, Arthur ? Manquez-vous de quelque chose ?"Une fois qu'il eut répondu à la question, elle lui en posa une seconde. "Puis-je me permettre de vous demander quel vent amène un draconnier à parcourir l'Anaëh pour poser ses ailes en Alëandir ? Cyarniën m'a raconté quelques histoires mais j'aimerais avoir votre version de ce voyage."
|
| | | Drystan
Ancien
Nombre de messages : 1737 Âge : 35 Date d'inscription : 30/05/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 49 ans (42ème Jour de Barkios, An 967:X) Taille : 1,88m Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: Re: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] Sam 16 Juin 2018 - 22:08 | |
| C'est dans une certaine indifférence que nous arpentions pour la première fois la Cité Blanche, un sentiment général que je préférais à d'hostiles attentions à l'encontre de deux parfaits étrangers – même si il était difficile d'imaginer Eärnil possédant un tel statut, voir, une position encore moins enviable que la mienne de par son caractère hybride. Nous ne parlions pas, et je me laissais à contempler la cité, à observer les elfes, leurs manières et leurs vies. Une pensée dériva pour atteindre le dräke confortablement perché sur mon épaule.
Je crois que tu vas pouvoir assouvir ta curiosité, toi aussi.
A voir.
Il n'était pas dans sa nature, pas davantage dans cette du dragon, d'envisager l'avenir. Comme la plupart des créatures, certainement, ils n'existaient véritablement que dans le présent. Le passé ne conférait que l'expérience nécessaire pour façonner le présent, et l'avenir n'était qu'une notion vague que j'avais introduit sans qu'ils n'y adhèrent, ni l'un, ni l'autre. Mais je savais le dräke, néanmoins, curieux des idées qui germaient ici et là, mais depuis que nous avions pénétré l'Anaëh, et même l'Aduram avant cela, il s'était détourné de la plupart des créatures, et même de moi pour se concentrer sur les arbres et leurs chants qui l'intriguait.
Je le laissais à ses propres observations, et nous poursuivîmes à travers des quartiers incomparables et dont on pouvait douter qu'ils fussent plus anciens que le monde des hommes, l'aspect sans âge rompu par endroit par une nature qui avait cherché à reprendre ses droits, particulièrement il y a dix ans de cela. Toutefois, arpenter une cité, aussi différente qu'elle soit des autres, me semblait moins perturbant et intriguant que de traverser des bois dont on percevait plus nettement la vie et la magie vibrant et pesant sur l'air.
Nous parvînmes finalement chez notre guide, et cette dernière fut accueillit par un jeune garçon – son fils ? - dont Eärnil m'apprit qu'il devait avoir à peu près mon âge. Une telle révélation m'étonna plus que d'imaginer des elfes plusieurs fois centenaires, en comparaison moins difficile à concevoir. Je devais me noter pour moi-même que l'âge ne faisait donc pas tout, surtout ici... Des elfes deux fois plus vieux que moi pouvait être à peine plus mature qu'un jeune homme, et ne pas posséder l'expérience et la sagesse que j'avais acquise.
Toutefois, je perçus quelque chose dans son regard et son attitude, lorsqu'il porta son attention sur nous. Ce gamin avait connu la guerre, ou plutôt, et comme tant d'autres en Péninsule, il avait dû la voir à l’œuvre et le temps n'en avait pas encore chassé les traces dans sa mémoire. Je me gardais cette réflexion dans un coin de l'esprit, et me contentait d'afficher un sourire simple et chaleureux, se voulant rassurant.
Une nouvelle elfe fit son entrée – sa compagne ? -, une dénommée Aïnriel, qui fut la première à s'adresser à nous dans une langue humaine. Quand elle nous proposa de faire chambre à part, je fus légèrement pris au dépourvu, évoluant sur un terrain auquel je ne m'étais pas préparé.
« Ma foi, un peu d'intimité après autant d'ennéades, ça ne nous fera pas de mal. »
Elle nous conduit chacun dans une chambre, et pour la première fois depuis bien longtemps, je retrouvais un peu d'intimité et de confort. La pièce était agréable, et il me fallait probablement remonté à quelques années, quand Milynéa m'hébergea après qu'on m'ait retrouvé dans un triste état au terme d'un long séjour dans les Terres Stériles, pour retrouver un souvenir comparable. Ce que ma vie pouvait avoir changé.
Je déposais mes affaires dans un coin, me déshabillait pour la première fois depuis de trop nombreux jours, et ne tardait pas à m'immerger dans l'eau, pour me laver autant que pour me détendre. Je fermais les yeux, et ma conscience s'égara quelques instants loin de ce bain, mais Zéphyr avait pris ses distances, probablement après avoir fait un passage au dessus de la cité. Je revins à moi, et invitait le dräke à me rejoindre.
« Tu vas en avoir besoin, toi aussi... Tes écailles n'ont plus le moindre éclat, il faut y remédier. »
Et il en fut ainsi, je profitais de l'eau chaude pour rendre à mon compagnon tout son éclat or et bronze, que je considérais – à raison – comme le signe d'une bonne santé et des bons soins que je lui prodiguais. Une fois ceci terminé, il quitta la chambre par une fenêtre, et je sus qu'il se dirigeait vers le toit pour y capter autant de lumière que le jour déclinant le lui permettrait. Pour ma part, je me posais devant un miroir pour achever ma toilette, et pour la première fois, je vis mes écailles. Blanches, fines mais assez grossières, peut-être n'était-ce que des esquisses, ou bien le signe des capacités encore maladroites et perfectibles du dragon, elles dessinaient le contour des yeux, de la mâchoire, sur le dos de mes mains et sur mes poignets. D'autres, dont la teinte était plus argentée, un peu plus grossières et épaisses, partaient de la nuque et descendaient le long du dos, sans toutefois gêner mes mouvements.
Plus tard, je quittais ma chambre pour rejoindre mes hôtes, Eärnil était absent, ce qui me dérangeait moins en sachant qu'elles parlaient une langue que je comprenais. Qu'ils se reposent, il en aurait certainement besoin. Monarth était parti en exploration et mon dragon toujours hors de portée, c'était la première fois que j'étais aussi seul avec moi-même depuis un moment.
« Oui, cela m'a fait le plus grand bien, merci pour votre hospitalité. Il y a bien longtemps que je n'avais plus disposé d'autant et d'un tel confort. » C'était dit avec une note d'amusement, sans chercher à paraître autrement que ce que j'étais. Puis, quand elle me demanda ce qui m'amenait, je pris un ton plus sérieux mais détendu. « Je vous dirais bien que le seul vent qui nous porte, c'est le nôtre, mais c'est léger. » Je souris et repris. « Je suis ici en quête de savoirs... Des savoirs pratiques pour m'occuper et soigner correctement mon compagnon à l'avenir, mais également pour savoir ce qu'il adviendra de moi. » D'une main, j'effleurais les écailles de l'autre, geste à demi-conscient pour illustrer mon propos. « Au-delà de ces sujets... L'opportunité de découvrir et d'apprendre des elfes éveillent un intérêt assez ancien que je ne veux pas manquer. »
Est-ce que cela serait suffisant ? Mais je me permis de poser à mon tour une question, plus sérieux.
« Qu'est-il arrivé au garçon ? Que s'est-il passé en Ardamir pour qu'il ait cette lueur dans le regard ? » Il m'était toujours désagréable de la retrouver sur des traits juvéniles, et si je savais la région gagnée par quelques troubles peu avant que je n'y parvienne, j'ignorais si ces derniers étaient responsable, ou si il était arrivé de plus importantes horreurs. Mais c'est en tout cas davantage de sollicitude que de curiosité qui portait mes mots. C'était la première chose qui m'était venue depuis que j'avais croisé ce regard. |
| | | Enoriel
Elfe
Nombre de messages : 151 Date d'inscription : 18/01/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 704 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] Jeu 21 Juin 2018 - 22:43 | |
| Aïnriel desserra sa main de celle de sa compagne et se leva, toujours avec cette aura de noblesse qui se dégageait d'elle. Sans déranger celui qui parlait elle fit quelques pas en sa direction et s'arrêta lorsqu'il demanda ce qui était arrivé à l'enfant. Avec prestance elle se retourna vers Cyarniën et les deux femmes se regardèrent l'une l'autre dans les yeux. Aucune parole ne fut échangée, juste un long regard. Puis ce fut Aïnriel qui prit la parole, d'une voix des plus sérieuses.
"La guerre laisse toujours des traces sur ceux qui la vivent, d'une manière ou d'une autre. Ylian et Tylwë ont chacun perdu leurs parents lors de la guerre contre les Drows. Nous les avons adoptés par la suite mais Ylian a encore à faire avec son passé... Puis-je ?"
Tout en posant sa question, la femme habillée de blanc avait posé quelques doigts sur le menton du draconnier. Son regard faisait penser à celui d'une scientifique ayant devant elle un cas supposément intéressant. Une fois qu'elle eut l'autorisation, elle frôla d'une main la mâchoire d'Arthur, remonta la joue, près des yeux... et repartit vers différents endroits où se trouvaient des écailles, en découvrant à la nuque puis redescendant tranquillement jusqu'à la main de l'homme. Partout où elle passait, Arthur pouvait ressentir une douce chaleur le parcourir, ce qui se matérialisait par une fine lumière violette. Elle s'écarta alors, pensive.
"Intéressant... fort intéressant. Non, inutile de me poser cette question, coupa-t-elle l'humain dans toute tentative de questionnement. Avant de vous dire quoi que ce soit il faut que je réfléchisse à toutes les implications de ce que j'ai pu ressentir."
Aïnriel partit s'intéresser à un plat qui était resté en arrière. L'autre femme regarda Arthur avec un amusement non feint, la petite fille encore dans ses bras à dormir. Du même air hautain mais pour autant teinté d'une pointe de confidence, elle murmura au thaari :
"C'est bien pour ce genre de réflexion que je l'ai choisie. En partie."
Puis elle eut un fin rire. Le bambin remua et Cyarniën lui caressa doucement la joue.
"Bon allez, il est temps de passer à table ! Chérie, pourrais-tu aller chercher Ylian et le demi ?"
Quand tout le monde - hormis Tylwë - fut à table, le repas commença par une courte prière à Kÿria ainsi qu'un remerciement à la créature qui avait offert sa vie pour subvenir à leurs besoins. Puis chacun se servit. Dans cete maison, on prenait ce dont on avait besoin et l'étape de l'assiette n'était pas forcément obligatoire. Galettes de blé, champignons et épinards représentaient bien plus que le petit gibier dont chacun eut une petite part. Pour Ylian, les temps du repas semblaient également être des temps d'apprentissage : comment se tenir, parler, ne pas essayer de faire de la magie à table... le bougre tentait à chaque fois que ses mères portaient le regard ailleurs de tester ce qu'il pouvait en ce domaine si large. Comme elles, il voulait devenir mage... mais il ne comprenait pas encore qu'il lui fallait être patient. Chose peu étonnante, Aïnriel semblait être plus ouverte d'esprit que Cyarniën. Cette dernière, cependant, semblait être la gardienne du savoir et des moeurs de cet antre.
"Il est amusant que vous ayez demandé à ma cousine de vous accueillir en Anaëh. Une mage élémentaire... ou est-ce ses recherches en Histoire qui vous ont plu ? A moins que le dragon auquel vous êtes lié ne soit lui-même lié à un élément qu'elle maîtrise ?"
|
| | | Drystan
Ancien
Nombre de messages : 1737 Âge : 35 Date d'inscription : 30/05/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 49 ans (42ème Jour de Barkios, An 967:X) Taille : 1,88m Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: Re: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] Mar 4 Sep 2018 - 12:35 | |
| Début de la 2ème énnéade de Favrius, An 11 La discussion qui s’engagea se poursuivit et je fis preuve d’une sincérité qui trahissait la relative improvisation de cette démarche… Je ne connaissais pas Enoriel, j’ignorais même tout de ses compétences ou de la pertinence de ce choix, à supposer qu’il en existe un qui convienne, mais Milynéa avait fait ce pari et ma présence ici témoignait de son succès.
Une ennéade plus tard, je devais la rencontrer, à son retour dans la Cité Blanche, et découvrir toute l’étendue de la timidité qui la caractérisait, le contraste saisissant qui existait entre elle et sa cousine. Entre ce trait et ma réserve, conséquence de mon manque de repère, nous n’eûmes pas souvent l’occasion de réellement faire connaissance… Elle nous guida à travers les rayons de la bibliothèque et nous suggéra des manières d’entamer nos recherches , suppléa parfois Eärnill dans mes leçons de langue, et je sais qu’elle n’ait pas totalement innocentes dans la sélection des mages qui me furent par la suite associée.
Dès lors qu’Eärnill se mit à évoquer son départ prochain, je n’eus plus l’occasion de la voir, nous ne passions plus guère de temps dans les parchemins et nous consacrions pleinement à achever de me donner le nécessaire pour m’en sortir... Puis survint ma mue, et le début de mon apprentissage de l’Art, période durant laquelle, je crois, à l’exception notable de Sidhil qui poursuivit son étude de mon cas – et transmis ses impressions à Enoriel par l’entremise de sa « collègue » Aïnriel » - Lùthon s’assura de maintenir à l’écart tout autre qu’il aurait perçu comme semeurs de parasites, même involontaire… En substance, il s’était assuré un contrôle étroit de ce qui pouvait entrer dans ma vieille caboche tout récemment revigorée et finalement ouverte à la Trame dans ces premiers instants qu’il jugeait cruciaux et déterminant quant à la forme que prendrait mon Art propre. Aussi ne vis-je plus Enoriel, ou d’autres mages… Il ne put totalement me restreindre, évidemment, mais, avec le soutien d’un Monarth devenu son collègue improvisé, il s’assura de me préserver des autres mages, sans m’empêcher de profiter des Ciels d’Alëandir et de ses environs, ni de mes études plus personnelles des manières et de la vie des elfes des cités.
Puis vint la funeste nouvelle et mon départ, une ennéade durant pour rendre un dernier hommage à l’un de mes plus loyaux amis.
Quand je revins finalement, c’était plus que jamais résolu à ne plus être qu’un simple invité… Et pour la suite, c’est dans le passé que se trouvait certainement les clés de mon avenir… Aussi est-ce tout naturellement que je me mis en quête d’Enoriel, de ses connaissances autant que de ses conseils. Je menais mes pas jusqu’à la porte de ses appartements, et y entra lorsqu’elle m’y invita. C’était la première fois depuis plus d’un mois que nous nous recroisions, et je la saluais selon les manières et dans la langue des elfes – mais d’où demeurait encore un accent étranger à l’Anaëh.
« Cela me parait faire bien plus qu’un mois depuis la dernière fois… Comment allez-vous, Enoriel ? » |
| | | Enoriel
Elfe
Nombre de messages : 151 Date d'inscription : 18/01/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 704 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] Mar 11 Sep 2018 - 19:40 | |
|
Un pas, puis l'autre. Comme ça, doucement, les mains délicatement relevées, une au niveau de l'épaule opposée et l'autre au-dessus de la tête. Petite inspiration, mains s'entre-croisant puis se séparant lentement pour revenir vers le sol alors que mes pieds me font tourner sur moi-même. Ecouter la musique. Trois pas sur la droite en pointe, ramener une main sur l'autre en dessinant un grand arc de cercle dans l'air puis un petit saut...
Vwrom !
Ah mais que c'était moche ! J'arrêtais immédiatement, grimançant sous la douleur auditive que le bruit venait de m'infliger. Après un soupir d'exaspération je posais mes poings sur mes hanches et me dirigeais vers l'instrument de mes soucis.
Viuum, fffff vv vu vv vu vv vu TOC TOC Ffvvviu ? vv vu vv vu vv vu fsui Clic Fffsu...
"Oui ?"
Je restais interdite, la porte seulement à moitié ouverte, en quelque sorte choquée par la vue qui s'offrait à moi. Ou peut-être était-ce mon cerveau qui n'arrivait pas comprendre qui venait de frapper à la porte de mon appartement... Aussi restais-je un instant là, idiote, me demandant le comment du pourquoi d'un humanoïde possédant pas mal d'écailles à la place de la peau venait me voir. Je fus encore plus surprise lorsqu'il me salua à la manière des Elfes, dans ma langue natale - bien que l'accent était clairement étranger - puis qu'il se mit à parler... Mon esprit fut alors pris d'un éclair de lucidité.
"Arthur ? Je..."
Je sentis mes joues rosirent, aussi je finis d'ouvrir la porte avec un fsiuuu provenant de l'autre côté de la pièce. Un quoi ? Ah... l'instrument à vent. Il fallait que j'arrête de ressentir la magie pour me défaire du lien avec l'air, histoire qu'il ne joue pas à chaque mouvement. Les yeux baissés je laissais donc le draconnier entrer dans mon humble foyer, le laissant découvrir un appartement familial au plus proche de l'académie de magie. C'était un endroit assez spacieux où la porte d'entrée donnait directement sur un salon pourvu de fauteuils et d'une table basse, ainsi que d'étagères, bibelots, peintures et autres accumulés au fil des siècles. Le fond de la pièce avait été temporairement aménagé pour que rien ne trône sur le tapis aux couleurs rouge et or, une table de taille convenable se trouvant juste derrière avec, dessus, un gros instrument en forme de coquillage comportant de nombreux tuyaux différents. Ces derniers étaient tous de taille et de matériaux différents. Suite à cette pièce, une porte se trouvait en face et une autre à droite. Tout du long du mur gauche, les fenêtres donnaient sur la magnifique cité qu'était Alëandir.
"Cela faisait longtemps... Aïnriel m'avait prévenue que vous aviez changé. Je... je vais bien, et vous ? Ne faites pas attention à l'état de la pièce, je fais quelques essais magiques en ce moment, j'avais besoin de place... Voulez-vous boire quelque chose, ou vous asseoir peut-être ?"
Je ne pouvais m'empêcher de passer une main dans mon cou, intimidée par celui que j'aurais dû accueillir dans la forêt à son arrivée. Pourtant, j'étais sincèrement heureuse de pouvoir le revoir ! Mais voilà, il fallait toujours que je sois timide... même en face à face... quelle malédiction, vraiment.
|
| | | Drystan
Ancien
Nombre de messages : 1737 Âge : 35 Date d'inscription : 30/05/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 49 ans (42ème Jour de Barkios, An 967:X) Taille : 1,88m Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: Re: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] Ven 21 Sep 2018 - 8:48 | |
| « En effet, et ils ne semblent pas encore donner de résultat. »
Ça n’était pas une critique, et mes mots laissaient transparaître un certain amusement. Au-delà, mes sens me faisaient entrevoir ce qu’elle projetait de faire, ou tout au moins, ses réalisations actuelles… Dans cette pièce, l’air ne se comportait pas naturellement, par à-coup, une volonté s’exerçait d’une curieuse manière qui me parut assez aléatoire en comparaison de ce que je savais de la véritable autorité du Blanc. Je fis quelques pas dans la pièce, mon regard la balayant, saisissant au vol quelques détails, captant la vue qu’offrait les fenêtres, je m’y arrêtais.
« Humains et elfes vivent vraiment dans deux mondes différents… Même le temps ne semble pas s’y écouler de la même manière. » Ça ne faisait que deux mois, mais il me semblait s’être écoulées des années, tant les choses, tant de changement, s’ajoutant à l’atmosphère et au rythme des vies des elfes, dont on percevait la légèreté, si loin des tensions de la lisière. « Vous profitez d’une belle vue. » Dis-je finalement, revenant à mon hôte, et au présent.
Je m’installais à son invitation, et acceptais volontiers la boisson qu’elle me proposa, sans émettre de préférence. Si elle demeurait timide à mon égard, mais je crois que c’était là sa nature, mon attitude suggérait quant à elle plus d’aisance, de légèreté. Je n’étais plus autant plongé dans un monde étranger qu’à mon arrivée, j’y trouvais mes repères, j’étais capable de communiquer par moi-même dans une certaine mesure.
« Je vais bien… Je crois. » J’avais perdu l’un, sinon le dernier lien qui me liait à mon ancienne vie, voir, à mes origines humaines, mais je l’avais suffisamment pleuré là-bas, je devais poursuivre sur la voie que j’avais choisi et embrassé volontiers, sans plus avoir à regarder en arrière. Et c’est cette idée qui me poussa à aller droit au but. « Il n’est plus rien, et plus personne pour entretenir un éventuel lien avec le royaume des humains, à présent… Ce qui m’a fait réfléchir. Je veux poursuivre mon apprentissage, aussi longtemps que nécessaire, mais je ne veux pas rester un invité… Je veux pouvoir envisager de construire quelque chose ici, pour les années, peut-être les siècles à venir si les écrits sont justes sur ce sujet… Vous qui vous intéressez à l’histoire, savez-vous quel traitement ou statut furent accordé aux dragonniers de jadis, qui vinrent visiter les elfes ? » Mon intention était très claire, et si j’étais jusqu’à lors resté dans la posture de l’invité, me tenant à distance du Trône Blanc, il grondait en moi le désir et l’amusement suscité par une scène dont j’avais le souvenir et que je me voyais reproduire ici, en Alëandir. |
| | | Enoriel
Elfe
Nombre de messages : 151 Date d'inscription : 18/01/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 704 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] Lun 8 Oct 2018 - 13:08 | |
| "En effet, et ils ne semblent pas encore donner de résultat. - C'est que vous n'avez ni vu ni tout à fait entendu... ça commence un peu."
Je haussais avec autant de timidité que d'amusement mes épaules, répondant aussi à sa remarque qui ne semblait pas méchante. C'est juste que j'avais oublié de vraiment me couper à l'air ambiant. Je lui montrais une chaise où s'asseoir, et, tout en l'écoutant, j'allais prendre deux verres. Par habitude j'ouvrais juste la porte du meuble de rangement au passage, laissais l'air s'emparer des bouteilles habituelles et les amener sur la table alors que j'essuyais tranquillement les verres puis revenais auprès d'Arthur. Je m'assis en face de lui et, coude posé sur la table et menton sur la main, écoutais avec sérieux ce qu'il me racontait.
Bon ! Sa requête allait être vraiment délicate. Et j'étais censée faire quoi là-dedans, juste faire montre de mon savoir ou de mon avis j'espère ? Parce que s'il me demandait d'intercéder en sa faveur pour continuer à vivre ici... je n'osserais jamais faire les démarches... ni prendre la responsabilité d'ailleurs. Enfin... on n'en était pas encore là. Je cherchais dans ma mémoire quels écrits ou histoires racontées auraient pu traîter sur le sujet qu'il me demandait, mes yeux se posant sur mon instrument de musique bizarre. Au bout d'un moment j'eus un petit soupir et lui répondais.
"De ce que je me rappelle, il n'y avait pas de relations entre Nisétis et l'Anaëh. Les draconniers ne venaient pas vraiment dans la région. Je ne me rappelle pas avoir lu de récits sur la venue de l'un d'entre eux en tout cas, et encore moins un qui aurait désiré rester ici. Après les dragons ne sont pas mon domaine de prédilection. Si vous vous posez la question pour vous, pensez plutôt aux réactions que vous suscitez autour de vous et de la façon dont vous vivez déjà ici. C'est la meilleure indication que vous pouvez avoir concernant vos chances de pouvoir rester ici ! Mais déjà, avez-vous une idée de ce que vous voudriez construire ici ? Si ce n'est pas indiscret bien sûr... mais pouvoir répondre à cette question aiderait."
Je lui accordais un petit sourire, désolée de ne pas pouvoir l'aider concernant le passé dont il voulait entendre la mémoire.
"Une idée de ce que vous voulez boire ? Eau, jus de fruit, alcool de fruits... peu alcoolisé mais très bon !"
Une fois qu'il me signifia ce qu'il préférait, j'écoutais attentivement la réponse à ma question précédente. Naturellement, et en cela je ressemblais peut-être bien à ma cousine, mes doigts firent quelques doux mouvements dans les airs alors que les fils de l'air se déformaient pour que nos verres se remplissent d'eux-mêmes.
|
| | | Drystan
Ancien
Nombre de messages : 1737 Âge : 35 Date d'inscription : 30/05/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 49 ans (42ème Jour de Barkios, An 967:X) Taille : 1,88m Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: Re: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] Dim 28 Oct 2018 - 18:33 | |
| “Tentons l’alcool de fruits, après tout, je suis là pour apprendre et découvrir ce que savent les elfes.” Répondit-il en souriant, mais son esprit était occupé par ce qui avait précédé cette question.
Ces mouvements dans l’air n’échappaient pas au dragonnier qui les ressentait au-delà des petits tours de “lévitation” que paraissait mettre en oeuvre l’historienne, et lui apparaissaient comme étrangers, peut-être parce qu’ils n’avaient rien de naturel au contraire de celle du dragon, peut-être parce qu’il percevait normalement ces derniers à travers le lien et la volonté du dragon avant d’en ressentir les effets physiquement… Plus probablement était-ce les deux à la fois, mais finalement, cela ne l’empêcha pas d’écouter et de s’étonner.
S’étonner et d’être visiblement surpris parce qu’il comprenait. Ainsi, deux des grandes civilisations de ce temps n’eurent aucune relation ? Il était encore ignorant de l’histoire la plus ancienne, et la réalité des origines de ceux qui donnèrent naissance à l’empire nisétien. Ignorant du lien tragique et sombre qui existait entre les deux et savaient expliquer ce fossé qui dut exister entre eux. C’est donc guidé par l’ignorance qu’il s’exprima à haute voix.
“Aucune relation ? Comment se fait-il qu’il n’y en ait pas eu ?” Il ferma les yeux, sans attendre de réponse, s’égarant dans les souvenirs des dragons qu’il possédait, à la recherche d’un détail, d’un subtil élément qui ne collait pas. “Certains nisétiens possédaient des traits elfiques, comme les sang-mêlés… Il y a forcément du y avoir un lien entre eux…” C’était bien davantage une réflexion personnelle qu’une question qui ne vint que par la suite. “Qu’est-ce que les elfes savent des nisétiens, de leurs origines ?” C’était venu subitement, et il prit conscience de ses manières brusques. “Désolé.”
Quelque soit la réponse, il fallait qu’il change d’angle d’approche, si il n’y avait pas de précédent aussi spécifique que celui d’un dragonnier, s’imposa à lui l’image de Nakor, celui des résidents de l’Hospice des Libertaires et les quelques quartiers d’ambassades… “Des étrangers sont-ils parvenus à obtenir un statut particulier auprès des vôtres ? Une de mes connaissances, l’Archimage Nakor, de l’Aurore, semble pouvoir aller et venir à sa guise, sans être inquiété…” Encore une fois, c’était proche de la réflexion formulée à voix haute, mais cette fois ci en partie adressé à Enoriel, après quoi il revint à l’une de ses questions.
“Je ne sais pas précisément ce que je veux construire… Un refuge, un lieu de repos. D’après ce que je crois comprendre, il est possible que mon lien avec le Blanc me donne une longévité exceptionnelle, et pour avoir pu discuter avec des sang-mêlés particulièrement marqués évoluant en dehors d’Anaëh, il n’est pas simple de vivre, visiblement insensible au Temps dans un environnement où il est omniprésent et accompagné de la mort. Ici, ça n’est pas pareil, je le ressens déjà, il ne paraît pas s’y écouler de la même manière, probablement parce qu’il laisse moins de trace de son passage…” |
| | | Enoriel
Elfe
Nombre de messages : 151 Date d'inscription : 18/01/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 704 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] Mer 31 Oct 2018 - 21:05 | |
| Il me posait des questions tellement précises... ce que je comprenais tout à fait, je faisais souvent de même lorsque je m'attaquais à l'étude d'un quelconque sujet plus ou moins matériel. Lorsqu'il s'agissait de magie, bien sûr. C'était d'ailleurs là où la timidité m'embêtait ; vraiment. Je m'adossais à la chaise, pensive, alors que la bouteille terminait de remplir mon verre du doux alcool de fruit et se posait d'elle-même délicatement sur la table. De toute façon, l'alcool, je ne le tenais pas ; mais valait mieux que je ne le dise pas à mon interlocuteur... déjà que j'étais extrêmement frêle, si en plus j'accentuais cette vision par cette vérité ? Non. Autant siroter tranquillement mon verre, ça ne me ferait rien et tous deux pourrions en profiter tout en conversant.
"Il y a bien eu des relations entre Anaëh et Nisetis... mais elles n'étaient pas fort belles, Nisetis guerroyant les autres peuples pour étendre son territoire. C'est pour cela que je suis étonnée qu'il y ait eu des elfes là-bas, ou demi-elfes si vous préférez. A moins que, Nisetis se trouvant proche du Puy d'Elda... y en aurait-il eu qui ne se soient pas transformés ? Etes-vous bien sûr de ce que vous dites ? Cela me semble bien étrange... Enfin. Quelle que soit votre réponse, là-bas étaient déifiés les dragons. Je n'en connais pas les détails, je ne pourrai pas vous aider plus de ce côté-là."
Arthur posa alors une autre question, s'intéressant visiblement beaucoup à l'idée de pouvoir avoir un statut particulier après de mon peuple. J'avais effectivement entendu parler de l'archimage Nakor mais n'avais malheureusement guère pu le rencontrer... et pourtant il avait certainement beaucoup à raconter. Ou peut-être pas, c'était un humain... mais un archimage tout de même ! Bref. Le dragonnier répondit par la suite à une question antérieure, aussi le laissais-je parler avant de lui répondre, mon verre en main.
"Il a existé des étrangers ayant un statut particulier mais les choses se sont toujours - ou presque - mal passées. Depuis la confiance en ceux d'ailleurs est devenue encore plus rare qu'elle n'avait pu l'être. Aussi avons-nous encore ce que nous pourrions appeler des "amis" des Taledhels, des bonnes connaissances qui ont suffisamment fait leurs preuves pour être acceptées au sein de la forêt lors de voyages. Pour ce qui est des semi-elfes... je ne pourrais dire comment est leur vie en-dehors d'Anaëh. Les Humains ne vivant que quelques dizaines d'années... effectivement, cela doit être dur pour leur coeur de perdre des personnes aimées du fait de la différence de vieillissement entre deux êtres. Et peut-être les choses vont-elles plus vite là-bas à cause de cette durée de vie."
J'eus un sourire sincèrement désolé. C'était possible qu'Arthur vieillisse bien plus lentement que ce qu'il aurait dû, maintenant qu'il était lié à un dragon. Cela ne lui sera certainement pas facile à vivre, à moins de ne s'entourer que d'elfes. Alors ce serait ces elfes qui auraient à subir sa perte un jour ou l'autre...
|
| | | Drystan
Ancien
Nombre de messages : 1737 Âge : 35 Date d'inscription : 30/05/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 49 ans (42ème Jour de Barkios, An 967:X) Taille : 1,88m Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: Re: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] Jeu 1 Nov 2018 - 8:16 | |
| Qu’est-ce qu’elle venait de dire ? Non qu’il se soit vraiment intéressé au sujet, ou même posé la question, mais tout de même…
“Qu’est-ce que…? Des elfes qui ne se seraient pas transformés ?” Elle avait évoqué le Puy d’Elda juste avant… Bon, il apparaissait évident qu’elfes et drows étaient liés d’une manière ou d’une autre, partageant quelques caractéristiques communes, mais il en était de même entre les Péninsulaires et les Zurthans sans qu’on évoque la moindre transformation… “Les drows étaient des elfes issus d’Anaëh ? Une faction dissidente ?” Cela semblait surréaliste, mais il était difficile d’envisager un lien entre les épopées et les récits devenus des légendes des premiers hommes marchant jusqu’au coeur d’Anaëh mené par Unvan le Grand, la forêt maudite d’Aduram et les drows d’Elda. Unvan fut défait… Et dans les plus anciens récits, les forêts des elfes étaient maudites mais convoités. Aussi, et sans avoir nécessairement jamais creusé plus avant le sujet, Arthur était ignorant et ne pouvait concevoir le lien.
“Maintenant, je ne peux en être totalement sûr, c’est une impression… J’ai dans la tête des souvenirs, des brides d’images et d’impressions qui ont appartenu à des dragons, mais est-ce que ce que j’en discerne est authentique ou est-ce que je l’influence ou l’interprète. Je contemple une vaste salle, assez grande pour m’accueillir, si je me concentre, si je ne subis pas le souvenir, je peux m’attarder sur des détails qui ne m’intéressaient pas… Des motifs sur les tentures, des symboles dans la roche, et sur son trône un homme dont les attributs me suggère qu’il était important, et je crois qu’il met en avant les quelques traces d’un sang elfique subsistant dans ses veines…” Il avait la conviction que ces traits avaient une importance symbolique… Qu’ils valaient la couronne d’or qui reposait sur sa tête… “Il existait une élite, les dracennes, qu’on disait descendre des dragons…” Mais il en resta là, se tenant la tête et fermant les yeux, respirant profondément pour se ressaisir. Ce savoir pouvait être une souffrance à laquelle il lui était difficile de résister. Il était certain d’en savoir davantage mais sans pouvoir se l’approprier… Rechercher, creuser et s’attarder, c’était la promesse d’une douleur. Et il sentit soudain le contact d’un dragon inquiet mais désapprobateur qui le remit sur pied. “Je ne devrais pas… Il faut que je m’en tienne au présent.” Il prononça ses mots à lui-même, ou tout du moins, pas à Enoriel.
Il décida dans la mesure du possible de ne plus aborder ce sujet, de ne plus être tenté, même si il sentait à présent le Blanc particulièrement attentif au moindre écart. Le dragon savait ou plutôt percevait la menace de cette plongée dans le passé, la douleur qu’endurait l’esprit de son dragonnier a entrevoir le monde à travers les yeux et les perceptions d’un dragon… Être lié à l’un d’eux, même aussi changé, même capable d’entremêler leurs esprits ne signifiaient pas de pouvoir se glisser dans la peau d’un autre, totalement étranger.
“Est-il nécessaire de faire quelque chose en particulier pour être considéré comme un “ami des Taledhel”, ou bien poursuivre sur ma lancée, continuer d’apprendre, de m’intégrer, d’adopter, aussi longtemps que je suis ici, vos manières, avec le temps, me vaudra cette considération ?” Il n’aurait pas su dire pourquoi il tenait tant à un statut, au delà du souci de l’avenir. Peut-être parce que dans les terres mortelles, de Péninsule comme d’Ithri’Vaan, c’était une chose indispensable pour se situer dans la société, et il aspirait aujourd'hui à être autre chose qu'un vagabond - ce qu'il était déjà, sans en être vraiment conscient, puisque désormais l'apprenti d'un mage. |
| | | Enoriel
Elfe
Nombre de messages : 151 Date d'inscription : 18/01/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 704 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] Lun 5 Nov 2018 - 14:10 | |
| Hum mince ! Pouvais-je seulement répondre aux questions d'Arthur, alors qu'il n'était ni humain ni d'Anaëh ? J'étais de ces historiens qui souhaitaient voir les vérités historiques être connues mais il restait que j'avais peur que cette information-là, placée entre de mauvaises mains, ne soit utilisé contre mon peuple. Je ne savais pas comment, ni pourquoi, ni si c'était seulement faisable... mais là de suite j'avais cette crainte d'avoir fait la pire bêtise du monde, aussi ne répondis-je pas aux questions du dragonnier et le laissais-je partir dans ses souvenirs. Souvenirs qui n'étaient pas les siens et qui me firent ouvrir de grands yeux. Les Dracennes... les Dracennes... Ah ce mot, j'avais déjà dû l'entendre ! Mais j'étais incapable de m'en rappeler... Combien d'années cela faisait-il que je ne m'étais pas un temps soit peu intéressée à Nisétis ? Plusieurs siècles certainement. Mais ce don... cette possibilité de voir le passé grâce à un lien... MAIS C'ETAIT GENIAL !!!
“Est-il nécessaire de faire quelque chose en particulier pour être considéré comme un “ami des Taledhel”, ou bien poursuivre sur ma lancée, continuer d’apprendre, de m’intégrer, d’adopter, aussi longtemps que je suis ici, vos manières, avec le temps, me vaudra cette considération ?”
Ah ? Hum... Il fallait qu'il revienne au présent oui, surtout si ça lui faisait mal. Mais... ô très chère Kÿria, si seulement je pouvais posséder le pouvoir de voir à travers le temps ! J'en avais déjà rêvé étant gamine, je le sais, mais là... il fallait que je réponde à ses questions, quand même.
"Je n'en sais rien. Laissez d'abord le temps aux nôtres de vous accepter, juste en étant vous et en restant curieux. Pour ce qui est de faire quelque chose en particulier... je suppose que si cela doit avoir lieu, alors vous le saurez le moment venu."
Je lui adressais un sourire. Etrangement, et ce sans que je ne me rende compte, toute trace de timidité semblait s'être effacée. A la place se trouvaient des milliers d'étoiles dans mes yeux noisette.
"Pour ce qui est de votre don... ce que vous voyez... Si je puis me permettre, bien que l'elfe en moi se doute qu'il vaudrait mieux que vous arrêtiez si cela vous met à mal. Mais vous êtes venu en parler à une historienne... et celle-ci pense que votre don est tout aussi rare qu'utile pour pouvoir espérer comprendre le passé et savoir comment il était. Voir une autre vie... Je m'arrêtais, pensive, regardant par la fenêtre. - Qui étaient les Dracennes, en fait ?"
|
| | | Drystan
Ancien
Nombre de messages : 1737 Âge : 35 Date d'inscription : 30/05/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 49 ans (42ème Jour de Barkios, An 967:X) Taille : 1,88m Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: Re: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] Dim 11 Nov 2018 - 20:23 | |
| Le silence de l’historienne était une forme de réponse, incomplète mais offrant quelques éléments. Il avait mis le doigt sur un sujet presque tabou, ou tout du moins, suffisamment sensible pour qu’elle s’abstienne de l’alimenter. Il pouvait imaginer ce qu’une vérité du genre “les drows sont une faction dissidente elfe ou d’anciens elfes” pouvait provoquer chez ceux qui ont souffert ou à qui on a bourré le crâne d’histoires. D’autant qu’il doutait que la vérité soit en fait aussi simple… Il se cachait autre chose, probablement dans l’origine de cette supposée transformation ou des raisons qui ont fracturé les elfes et provoqué l’émergence de cette faction agressive.
“C’était un sujet sensible, apparemment.” Il haussa les épaules, souriant. “Je n’insiste pas et je ne dirais rien.” Il n’était pas question de mettre dans l’embarras son hôte, surtout pour des futilités, en ce qui le concernait. Qu’importe le passé des drows, qu’importe les liens qui pouvaient exister entre eux et les elfes, cela remontait certainement à si loin, de toute manière.
Elle sembla, c’était évident, très intéressé par ce qu’elle perçut comme un don… Mais d’un fragment, elle sembla s’imaginer bien plus que la réalité en ce qui le concernait, et il était nécessaire de démystifier l’origine de ces visions. L’ironie voulait que l’exercice soit proche de celui qui consistait à expliquer la Symphonie des Arbres à l’humain qui ne la perçoit pas.
“Si c’était aussi simple, mais ça n’est pas un don, pas comme vous semblez vous l’imaginer… Ce sont des souvenirs.” Il en avait certes dit beaucoup à l’elfe qu’il avait rencontré après son premier vol, le compagnon du dragon-fae, mais il n’avait pas nécessairement envie de diffuser trop largement l’existence des autres dragons, encore moins des autres dragonniers qui avaient choisi le secret. “Mon compagnon n’est pas l’unique dragon de cette époque… Et ce don que vous me prêtez, c’est l’un d’eux qui le possèdent, l’un d’eux qui a transmis une part de ce savoir à mon dragon. Il lui arrive de rêver ces souvenirs… Je crois que c’est la manière dont il les assimile et se les approprie. Il est arrivé que certains de ces rêves soient partagés, à travers notre lien… Et me voilà avec dans l’esprit quelques souvenirs de dragons… Des fragments d’existence, une collection de perceptions.” Une poignée, pour ce dont il avait le plus conscience, et deux s’imposant plus que les autres. “Je m’emploie à tenter de retirer ce que je peux de ceux que je possède, petit à petit.” Mais l’exercice était éprouvant, bien qu’il voulait croire que c’était temporaire, que l’adaptation viendrait comme il s’était accoutumé aux perceptions du dräke.
“Pour ce qui est des dracennes…” Il n’avait pas tant à dire à ce sujet, il avait tiré certains éléments des écrits de Thaar, mais l’effondrement de l’empire nisétien, la probable influence des eldéens sur l’Ithri’Vaan - et une possible volonté des dracennes eux-mêmes - avaient emporté l’essentiel. “Il y a peu de chose que je puisse en dire… C’était une élite dirigeante au sein de la société impériale, comme peut l’être la noblesse péninsulaire, dont la légitimité reposait apparemment sur la croyance qu’ils étaient les descendants de dragons.” Il y avait du scepticisme, évidemment, car ces souvenirs lui disaient autre chose. Il observa son reflet dans le verre. “Peut-être étaient-ils des descendants de dragonniers…” Il doutait, c’était une possibilité mais quelque chose en lui, qu’il ne pouvait préciser le gênait. “Pour le reste, ce roi, ou ce seigneur… Cet homme sur le trône, il possède des traits qu’on trouve chez un sang-mêlé.” La difficulté, c’était qu’il ignorait également le moment… Quand eut lieu cette audience ? Il n’avait aucun repère et doutait qu’il y ait le moindre indice. |
| | | Enoriel
Elfe
Nombre de messages : 151 Date d'inscription : 18/01/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 704 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] Mer 14 Nov 2018 - 21:01 | |
| "L'apparence de sang-mêlé elfe alors qu'ils se prétendaient descendants de dragons ? Soit ils étaient de sacrés menteurs et qu'ils venaient d'elfes, soit c'est qu'ils descendaient effectivement de draconnier. Et dans ce cas, cela signifie que les draconniers acquièrent une apparence s'approchant de celle des demi-elfes. Et... sans vouloir vous offenser aucunement, ce n'est pas vraiment votre cas, à moins que vos n'enfants n'héritent pas de vos écailles."
J'eus un fin sourire. C'était dit sans aucune méchanceté, juste avec ce que la chercheuse que j'étais pouvait voir de prime abord. Mais je n'étais pas dans sa tête, je ne pouvais pas voir ce qu'il voyait et je n'avais pas de descendants de draconniers sous la main. Donc cela restait complètement une hypothèse qui serait très certainement à ajuster.
"Mais je peux complètement me tromper, vous savez. Je n'ai pas la science infuse, encore moins celle en lien avec la magie de la vie !"
Je me mordis les lèvres, pensive. Il y avait une autre question qui me taraudait l'esprit... mais ce n'était pas forcément très poli d'en parler là comme ça... mais bon, je savais que ce n'était pas mon domaine mais...
"Je... je pourrais me permettre une question plus... personnelle ? Vous parlez d'un lien entre le dragon blanc et vous. Vous partagez des rêves, des souvenirs. Comment ça se fait, je veux dire, comment le vivez-vous ?"
|
| | | Drystan
Ancien
Nombre de messages : 1737 Âge : 35 Date d'inscription : 30/05/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 49 ans (42ème Jour de Barkios, An 967:X) Taille : 1,88m Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: Re: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] Ven 23 Nov 2018 - 16:25 | |
| Des menteurs ? L’historienne souffrait ici d’un manque manifeste d’imagination… Il était plus probable que le sujet soit suffisamment frais dans son esprit pour qu’elle n’ait pas développé une image plus avancée du contexte d’alors. Mais le dragonnier ne manquerait pas ici l’occasion d’offrir un autre regard.
« Les elfes ne sont-ils pas convaincu d’être les enfants de Kÿria ? Comme les nains sont ceux de Mogar, ou les humains ceux de Néera ? » C’était cette dimension qu’elle n’avait pas prise en compte dans son raisonnement… Les Dragons, non par ceux de chairs et d’os qui ne furent probablement que des émanations, comme peuvent l’être les Eäla d’Anaëh, furent considérés comme des dieux. « Les premiers purent mentir, et se donner une légitimité presque divine à leur place au sommet de la pyramide pour asseoir leur autorité… Mais leurs descendances ? Il y a bien longtemps que les nobles humains dont les lignées remontent plusieurs siècles en arrière ne se posent plus la question des origines, ne se questionnent pas sur les fondements de leurs prétentions. Leurs noms et leurs sangs leurs accordent droits et privilèges, statuts… Qu’importe si mille ans plus tôt, un ancêtre put n’être qu’un bandit qui s’installa sur sa colline et fonda un camp sur lequel se fonda un domaine. » C’était probablement là une des limites de l’historienne, en vérité, pour ce qui concernait le reste du continent… Lorsqu’on peut vivre plusieurs siècles, on ne peut totalement prendre la mesure des effets du temps sur la mémoire, sur l’héritage autant que sur ce qu’on conserve. « Les mémoires individuelles se perdent et seule demeure la tradition. Une tradition qui put véhiculer l’idée que les dracennes étaient les descendants des dragons, que leurs légitimités, leurs autorités émanaient des dieux eux-même… Une tradition qui identifia certains traits comme les traces de cet héritage. » Tout comme, un beau jour, les hommes déclarèrent qu’il possédait la terre par hérédité, par le sang, non plus par conquête, comme leurs ancêtres.
«Mais d’où vinrent ces traits ? » Là encore, des connaissances s’étaient perdues, et les informations qu’il avait à sa disposition ne lui permettait pas d’aller très loin. Il était le seul dragonnier, à sa connaissance, à avoir développé de telles caractéristiques, du moins, parmi ses contemporains. Il était incapable de mettre le doigt sur les raisons… Il était peut-être le seul à avoir été prêt à ne pas s’attacher à son humanité ? Ou bien les autres dragons n’avaient pas ces souvenirs qui inspirèrent le sien ? Un peu des deux, ou bien autre chose ? Il lui était impossible d’en être sûr. Néanmoins, hormis les écailles – un détail non-négligeable, certes – ses traits s’étaient affinés, ses oreilles s’étaient allongées, suffisamment pour qu’on doute qu’il ait jamais été humain. Quant aux autres… « Les dragonniers développent des traits elfiques… » Il lâcha l’information, pour alimenter la réflexion de l’historienne. « Je suis une exception à ma connaissance, pour l’époque actuelle. » Malheureusement, il ne pouvait rien avancer non plus sur l’influence de ces changements sur les enfants issus d’un dragonnier. « Et j’ignore si quoique ce soit se transmet aux enfants. La seule à en avoir eu avait pour conjoint un sang-mêlé. » Et sa propre compagne, Roxane, n’avait pas eu d’enfants avec lui… Ce qui alimentait encore aujourd’hui l’idée et la crainte qu’il pouvait être stérile, d’ailleurs. « Ça reste donc possible que les premiers dracennes aient été des dragonniers, comme il est possible qu’ils aient été des elfes. » Et sa formule amena une troisième possibilité à son esprit, n’en excluant aucune. « Comme il est possible qu’ils furent les deux... » Mais on était totalement dans le domaine de la spéculation… Et il doutait que même le savoir des nisétiens aient contenu la vérité. Lorsqu’on s’arroge des droits divins, on évite certainement de laisser la moindre trace, le moindre soupçon d’une origine bien terrestre.
La question qu’elle posa ensuite ne le dérangeait pas, mais la réponse n’était pas évidente. Il n’y pensait plus tellement, et s’était habitué à ce genre de relation bien avant de se lier au Blanc, à travers sa relation avec Monarth.
« Je partage plus que des rêves et des souvenirs… Comment dire. » Et comme souvent lorsqu’il fallait en parler, il se retrouver dans cette situation où il savait que quoiqu’il dise, il ne pouvait rendre honneur à ce qu’il ressentait. « Nos esprits sont étroitement liés, mais ce ne sont pas seulement des souvenirs, des pensées… C’est également des perceptions que nous pouvons emprunter à l’autre, et si il est possible, surtout lorsque nous nous éloignons l’un de l’autre, d’être presque pleinement soi, même si je le ressens dans le vague, comme si une part de moi s’épanouissait au loin, l’inverse est également possible, lorsque nous volons réellement, nous nous confondons l’un et l’autre, nous ressentons ensemble, nous pensons ensemble, nous bougeons ensemble, c’est enivrant. » C’était ce qu’il y avait de plus exaltant, mais également de plus difficile à retranscrire. « Je crois néanmoins que nous savons toujours ce qui est à l’un, ce qui est à l’autre, ce que nous partageons, consciemment ou non, et que nous veillons à ce que cela reste ainsi. C’est la crainte que m’inspire ces souvenirs… De m’y perdre, d’être entraîné par le courant et de m’y noyer pour avoir voulu atteindre une pensée, une perception plus profonde. »
Ça n’était pas l’effort de se souvenir qui le mettait le plus à mal, ça n’était même pas forcément le fait de ressentir comme un dragon totalement étranger – car il ne l’était pas réellement -, non… La douleur venait de ce qu’exigeait d’en revenir, de s’arracher à ces souvenirs en s’assurant de ne rien avoir laissé de soi au fond. |
| | | Enoriel
Elfe
Nombre de messages : 151 Date d'inscription : 18/01/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 704 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] Mer 12 Déc 2018 - 10:31 | |
| Je bougonnais à moitié, consciente que les propos du draconnier étaient plus que logiques. Comment ça, le fait que nous ne soyons pas les enfants de Kÿria était envisageable ?! Non mais ho ! L'hérésie et la bêtise, ça reste au fin fond de la tête, ça ne se prononce pas ! Mais dans le cas des Dracennes... Oui, c'est ce que je voulais dire dans le fond, que les premiers aient menti pour faire croire qu'ils étaient supérieurs aux autres et ainsi gouverner en toute autorité. Bande de sagouins... Mais qu'avait-il bien pu se passer à l'époque ? Etait-il seulement envisageable que des elfes aient également pu être des draconniers ? Qu'ils n'aient pas menti et aient eu un véritable lien avec les dragons ? Après tout, selon Arthur, les autres draconniers contemporains développaient des traits elfiques au lieu de se pourvoir d'écailles. Qu'en était-il de ceux de l'époque ? Oh, que de recherches si intéressantes à avoir ! Si seulement j'avais le temps pour me pencher dessus... si seulement mon Souffle ne se déclarait pas à ces ancestraux monolithes cachés à travers la forêt... Allons bon, il fallait bien que je me reprenne et que je pose l'autre question qui me taraudait l'esprit. A la réponse tout aussi complexe que compréhensible de l'humain, ma première réponse fut... fut... Enoriel, tu pourrais arrêter de le regarder avec des étoiles plein les yeux, non ?
"Et si les draconniers étaient les réceptacles d'un tout, du savoir et du vécu de tous ses ascendants ? Que l'acceptation de ce fait faisait que leurs esprits se confondaient ou se perdaient pour permettre une transmission du savoir directe, par le souvenir ? Comme si ce don remplaçait les écrits ?"
Je me reprenais, comprenant seulement la question que je venais de poser. Ou comprenant seulement la gêne et les conséquences que mes dires pouvaient avoir. Je m'excusais immédiatement, reprenant un peu de mon éternelle timidité, me demandant bien comment Arthur allait réagir...
|
| | | Drystan
Ancien
Nombre de messages : 1737 Âge : 35 Date d'inscription : 30/05/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 49 ans (42ème Jour de Barkios, An 967:X) Taille : 1,88m Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: Re: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] Mar 1 Jan 2019 - 9:59 | |
| L’idée soulevée par l’historienne ne lui plaisait pas. Oh, certes, la vérité n’a pas nécessairement besoin d’être plaisante, elle l’est d’ailleurs rarement tant elle s’oppose aux rêveries et aux fantasmes, mais ces mots, cette hypothèse, elle donnait aux êtres issues des peuples prétendument enfantées par les dieux - en opposition aux supposées créatures avec qui ils partagent le monde, dont faisait autrefois partie les dragons - tout à la fois un rôle d’outil, ce qui n’a rien de très agréable, mais absolument nécessaire à la transmission de ce savoir. C’est cette nécessité, ce rôle central que suggérait l’historienne qui ne lui plaisait pas… Parce que l’expérience anéantissait cette idée autant que parce que son regard ne plaçait plus les peuples sur un piédestal central autour duquel gravite le reste de l’Oeuvre, comme l’appel les elfes.
“Ils n’ont pas besoin de nous pour ça…” Il n’y avait pas de reproche dans son ton, il n’exigeait pas qu’on adhère à son regard, il songea quelques instants, et poursuivi sa réflexion. “Pas davantage les dragons que les créatures qui en sont si proches.“ En disant cela, il pensait autant à Monarth qu’à la rencontre avec Ilweran, le dragon-fae. “Ils savent très bien le faire par eux-mêmes car c’est un usage à peine détourné de leur langage… Un peu comme un barde emploie la parole pour transmettre une histoire plutôt que pour communiquer.” C’était l’exemple le plus parlant qui lui vint, mais il comprenait le caractère fabuleux et l’impression d’être face à un don… Car la parole comme l’écrit, les outils dont se pourvurent les peuples ont des limites et des failles qui corrodent le savoir et le souvenir. “La Dorée offrit ce qu’elle savait au Blanc, qui en échange lui accorda ses propres connaissances limitées… Le dragon-fae offrit ses aventures, communiquant l’enthousiasme qui était le sien, tandis qu’il recevait d’un dragon le souvenir de ciels qu’ils ne parcouraient probablement jamais. C’est ainsi qu’ils procèdent, ainsi qu’ils se présentent, qu’ils évoquent un autre… Point de nom, pas de description, mais un souvenir, une pensée, une impression échangée… Depuis que je partage mon esprit avec ces créatures, je ne peux qu’éprouver une certaine frustration tant il parait simple. Les Dieux nous ont accordé sagesse et créativité qui permirent de bâtirent et de laisser notre empreinte davantage qu’ils ne le feront, mais pour une raison ou une autre, ils nous ont privé de ce langage.”
Mais il y avait accès… Et il soupçonnait que la nature de la Symphonie dont parle les elfes soient comparables, selon les propres mots de Loethwil, le langage de ces lézards, particulièrement celui des dragons, avait quelque chose qui tenait du Chant. C’était cette idée qui lui donnait un aperçu de ce qu’elle pouvait être, davantage que les mélodies qu’on tenta de lui présenter comme une reproduction.
“Il n’y a pas de don, en ce qui me concerne… Je persiste à penser que c’est une conséquence involontaire de notre proximité… Un souvenir rêvé s’égarant et parcourant le lien qui existe entre nous, se greffant à ma mémoire.”
Mais dans le fond, il se mit à se demander si l’historienne ne cherchait pas une question différente, qui lui vint… La raison d’être de ce Lien… Pourquoi les dragons décidèrent un jour de lier leurs esprits à ceux de créatures différentes. Ça n’est pas une relation symbiotique comme les dragon-fae, mais c’est plus profond, plus intense que ce qu’un dräke peut établir, par intérêt ou curiosité, mais dont il peut se défaire à loisir. Mais cela tenait du mystère qui n’offrait aucune réponse satisfaisante… Les uns l’expliquant par une punition divine afin de placer leurs dieux aux dessus de ces idôles nisétiennes, mais il était certainement possible d’imaginer les dragonniers comme des intermédiaires privilégiés - à l’instar des Avatars - entre les dragons et les peuples.
Il était probable que seuls les dragons aient su ce qui les y poussa… Et les seuls disponibles et connus n’avaient pas cette connaissance. |
| | | Enoriel
Elfe
Nombre de messages : 151 Date d'inscription : 18/01/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 704 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] Ven 4 Jan 2019 - 20:20 | |
| Sans pour autant l'exprimer d'une quelconque manière, je restais accrochée aux paroles du draconnier. Au fur et à mesure qu'il me montrait mon erreur, si elle en était vraiment une, j'imaginais sans problème cet échange d'images, de sons et de ressentis... Le partage de souvenirs pour montrer qui l'on est, ce que nous aimons, qui nous sommes au plus profond de nous. Sans contre-façon. Sans nom non plus, sans être constamment comparé à une personne de la même famille. Juste pouvoir montrer simplement qui l'on est. Mais cela devait très certainement être une utopie idiote que j'imaginais à l'instant avec les informations qui m'étaient données. Replacée dans une mélancolie qui m'était devenue quotidienne, mes lèvres ne purent s'empêcher de prononcer à voix basse, dans ma langue natale.
"Si seulement je pouvais apprendre d'eux..."
Sans que je ne m'en sois rendue compte, il y eut un petit instant de silence entre nous deux. Je m'en sentis gênée mais heureusement, Arthur reprit la parole.
"Il n’y a pas de don, en ce qui me concerne… Je persiste à penser que c’est une conséquence involontaire de notre proximité… Un souvenir rêvé s’égarant et parcourant le lien qui existe entre nous, se greffant à ma mémoire. - C'est possible..."
Je réfléchissais un instant avant de poser une nouvelle question, voulant être sûre de prononcer cette fois-ci les bons mots. Car même si l'explication était captivante, dans le fond Arthur n'avait pas compris ma remarque.
"Que ce soit un don ou non, ce que vous me décrivez-là est quelque chose de magnifique. Mais... là où je voulais en venir, et je m'excuse si j'ai été trop... comment dire... trop scientifique dans ma façon de procéder, d'émettre ma pensée. Dans le fond, je me posais la question de pourquoi les Dragons ont eu besoin de se lier à des personnes d'autres peuples. S'ils peuvent communiquer de la sorte entre eux, alors pourquoi passer par des draconniers ? Se pourrait-il qu'ils en avaient besoin pour leur propre bien ?"
|
| | | Drystan
Ancien
Nombre de messages : 1737 Âge : 35 Date d'inscription : 30/05/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 49 ans (42ème Jour de Barkios, An 967:X) Taille : 1,88m Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: Re: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] Dim 6 Jan 2019 - 22:15 | |
| “Ah ça ! C’est LA question qui occupe mon esprit ! En tout cas, elle figure parmi celle qui l’occupe le plus souvent, avec la raison de la disparition des dragons durant ces siècles.”
Oui, c’était là, lorsqu’il se creusait les méninges, les deux sujets phares pour lesquels il n’y avait aucune réponse disponible… La disparition aurait pu trouver son explication dans les connaissances que possédèrent les Nisétiens, mais comme pour tant et tant de savoirs, c’était une mémoire balayée au vent comme la poussière et le sable des Terres Stériles, qui reposait peut-être dans l’esprit d’un Bronze, comme celui qui avait été vu survolant l’Anaëh des mois auparavant, apparemment. La première question possédait peut-être une réponse à la même source.
“Je ne peux pas me prononcer… Je ne peux que supposer, imaginer.” Il ferma les yeux, se concentra, et poursuivi. “Les Dräkes ne sont pas en mesure d’établir un lien d’une telle intensité… Incapable ou ne le désirant pas, peut-être un peu des deux. Je n’en sais pas assez sur les Dragon-Fae, mais la relation qu’ils paraissent entretenir est plus intense et profonde, mais cela s’accompagne d’une dépendance.” Il continuait de croire indépendamment de la solution du Bronze, qu’une piste devait se trouver dans la nature des relations que nouaient ces deux espèces cousines des dragons. Et il formula à voix haute ce qui était une idée maladroite, et il se contenta d’énoncer sa réflexion, sans forcément la construire. “Peut-être que les dragonniers ne sont pas une réponse à un besoin de communiquer entre eux, ils n’en ont pas besoin, mais leur solution pour communiquer avec nous…” Par nous, il entendait les peuples, qu’ils soient elfes, nains, humains… Aux yeux d’un dragon, les différences morphologiques sont peu de choses, probablement. “Il fut peut-être un temps où ils ne parvinrent plus à convenablement assurer leurs besoins… L’actuelle Ithri’Vaan ou les Terres Stériles ou encore les étendues qu’occupa l’Empire Nisétien n’offrirent peut-être pas ce qu’il fallait. Pour une raison ou une autre, ils en vinrent peut-être à considérer la nécessité de s’associer avec les peuples qui s’établirent là, à se servir d’eux pour obtenir ce qui manquait. Le contact d’un dragon ne paraît pas être une chose aisée à encaisser… Du moins, de l’expérience que j’ai avec mon dragon, son contact pour un autre que moi est comparable à celui d’un forgeron battant le fer sur l’enclume.” C’était Eärnil qui avait offert cette image. “Aussi peut-être les dragonniers furent d’abord et avant tout des intermédiaires… Au prix d’un attachement relatif, ils adaptèrent l’esprit de quelques individus à leurs contacts, afin qu’ils parlent en leurs noms auprès de leurs semblables…”
Mais ça n’était pas cette raison qui expliquait son propre lien… Non, son hypothèse pouvait donner un éventuel sens aux premiers. Dans son cas, il était plus probable que le nouveau-né ait fait ce qu’il avait à faire et aurait fait à l’attention d’un dragon adulte afin de lui communiquer sa faim et sa plainte, et que ce premier contact maladroit ait évolué pour donner ce qu’il était aujourd’hui. |
| | | Enoriel
Elfe
Nombre de messages : 151 Date d'inscription : 18/01/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 704 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] Ven 22 Fév 2019 - 21:10 | |
| J'écoutais avec grande attention mon interlocuteur, pesant le pour et le contre de chacune de ses suppositions. Il y avait tellement de possibilités ayant pu amener à ce que les dragonniers naissent... mais il faudrait trouver un moyen de remonter le temps pour connaître la réalité ! Ah ! qu'il était dur et contrariant d'être historienne... cependant cela valait le coup. Je rencontrais des personnes qui ne m'auraient jamais croisée sinon, j'avais accès à des lieux fermés aux autres, ainsi qu'à des documents si anciens que je ne pouvais que craindre de les réduire en poussière juste en les frôlant du bout des doigts. C'était d'ailleurs une partie de mon travail : restaurer ces antiquités pour qu'elles soient à nouveau lisibles à tous - ou du moins à qui de droit. J'étais en train d'imaginer une allée entièrement dédiée aux dragons, ainsi qu'à l'ancien royaume de Nisetis. Et dedans reposeraient les origines des dragons comme des dragonniers. Ah, quelle vision utopique ! Mais qui sait, peut-être que d'ici quelques siècles ce serait le cas ?
Pendant toute la fin de la journée, nous continuions de discuter de ce sujet fort intéressant. D'autres choses aussi. J'invitais Arthur à rester à dîner à la maison, afin de continuer à faire plus ample connaissance - et aussi parce que nous n'avions guère terminé d'échanger. Là, face à une seule personne, à ainsi parler de sujets si passionnants, ma timidité finissait par disparaître au profit d'une Enoriel souriante et limite joueuse. Une Enoriel qui trouvait plus facilement que d'habitude les mots pour s'intéresser à la personne qui lui faisait face.
{Fin}
|
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] | |
| |
| | | | De passage chez les elfes... La Cité Blanche [Enoriel] | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |