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| Le règne des jeunes [Renaud] | |
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Roderik de Wenden
Ancien
Nombre de messages : 1133 Âge : 34 Date d'inscription : 25/12/2014
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 27 ans (né en 982) Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Le règne des jeunes [Renaud] Lun 23 Avr 2018 - 13:33 | |
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L'an X du onzième cycle Troisième ennéade de Verimios - premier mois d'été Le huitième jour...
« Laisse-moi y aller », disait Aliénor. « Il n'y a qu'en moi que tu puisses te fier aveuglément, tu me l'as toujours dit.- Je l'ai dit, en effet. - Dans ce cas, pourquoi ? - Parce que c'est Diantra. Parce que les pairs s'y rendent et que, parce que je détiens le roi et que tu es ma soeur, tous les regards seront braqués sur toi. Et que je n'ai aucune idée de ce qui pourrait t'arriver là-bas. - Ou de ce que je pourrais y faire, pas vrai ? Je sais bien ce que tu penses. » Elle s'était renfrognée. Roderik l'avait souvent vue se vexer, mais elle piquait alors de grosses colères, aussi soudaines qu'elles étaient de courte durée. Elle n'avait jamais été telle qu'elle était désormais. Acariâtre. Rancunière. « Tu resteras ici, parce que je pense que c'est mieux ainsi et que je n'ai pas envie d'en discuter davantage, répondit Roderik d'un ton dégagé, tout en sentant un brin d'impatience faire trembler sa propre voix. - Tu vas me commander comme tu commandes les autres, c'est ça ? Je suis une femme, donc je dois t'obéir à toi aussi ? - Enfin, merde, Aliénor ! s'emporta-t-il, le visage soudain rouge d'une colère qu'il ne pouvait plus contenir. Il faut vraiment que je t'explique pourquoi ? Tu as pratiquement déclenché une guerre ouverte avec les Stern ! Et non contente de donner l'occasion aux Saint-Aimé de t'humilier - de nous humilier - tu as avoué ta petite faiblesse à tous ceux qui voulaient bien t'écouter. Je dois trouver une solution pour sauver nos terres et nos titres alors que je dois affronter une guerre en Ydril et un Concile à Diantra. Est-ce que je t'impose quelque chose ? Je ne te demande que de garder ton cul ici, de rester à mille lieues des Saint Aimé comme des Stern et de ne pas me créer d'autres problèmes. Tu peux bien faire ça pour moi ? »La colère et la honte arrachèrent des larmes aux yeux d'Aliénor, mais elle ne se mit pas à sangloter comme une adolescente. Elle voulut lui rappeler dans un murmure qu'elle avait sauvé son fils et empêché Ewald de Karlsburg de faire main basse sur ses terres, mais Roderik balaya ses arguments d'un geste. « Moi aussi j'en ai fait beaucoup pour cette famille. M'entends-tu me plaindre ? » Il lui tourna le dos et s'éloigna d'un pas rapide. Et Aliénor demeura à Laréor, ruminant la blessure de son amour-propre et l'ingratitude de son frère, tandis que le jeune clerc Lysandus était désigné pour gagner au plus vite Diantra. Lysandus irait donc ; au lieu de son propre sang, la confiance du Grand Chancelier s'était portée sur un jeune érudit qui avait fait montre d'une loyauté infaillible depuis que Roderik occupait la précieuse charge. Ainsi le jeune Lysandus se chargerait-il de rencontrer certains des pairs avant le Concile, jusqu'à ce que Roderik se rende lui-même sur place. * Diantra ! Ah, Diantra ! Diantra outragée, Diantra brisée, Diantra martyrisée, mais Diantra libérée ! Tel était le sentiment qu'éprouvait Lysandus en passant la poterne de la cité aux cinq cent soixante-quinze tours. La dernière fois qu'il l'avait vue, il était très jeune alors ; il n'avait pas encore ces quelques poils qui ornaient désormais son menton, et n'exerçait au sein de la Chancellerie que des tâches serviles. Il avait accompagné la fuite de Cléophas d'Angleroy vers Soltariel, et connu l'incendie de sa cité natale. Impressionné par les événements de l'époque, et certain de vivre un tournant dans l'histoire du royaume, il avait songé, pessimiste, qu'il ne reverrait jamais Diantra. Du moins, pas la Diantra qu'il avait connue. Il ne s'était pas complètement trompé : Diantra avait perdu de son éclat et de ses couleurs. Même les visages étaient gris. On parlait souvent du royaume amputé de sa capitale, mais que dire de la capitale que l'on avait privée de son royaume ? L'ère de la domination rebelle avait laissé ses traces. La blessure mettrait longtemps avant de cicatriser. On n'en était qu'au commencement du commencement ; le roi lui-même n'était pas encore là, mais peut-être était-ce pour bientôt. Le Grand Concile de Diantra allait déterminer l'avenir du royaume. Le roi avait reconquis ses biens, mais n'avait pas conquis le temps : il demeurait un enfant, qui ne régnerait pas de lui-même avant de longues années. Les enjeux des prochaines ennéades allaient faire la fortune des plus audacieux et le malheur des laissés pour compte ; c'était, du reste, toujours ainsi que cela se passait. Et quoique gagné par la nostalgie de son retour au bercail, Lysandus n'oubliait pas que c'était pour préparer le terrain qu'il était là. Proche de l'Arétan dont il avait gagné la confiance, on l'avait investi d'une mission d'importance. Une mission dont il allait s'acquitter ce jour même, en s'annonçant à l'entrée de l'hôtel où séjournait le duc d'Erac, pour solliciter une entrevue avec lui et au nom de son maître.
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| | | Renaud d'Erac
Humain
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| Sujet: Re: Le règne des jeunes [Renaud] Mar 24 Avr 2018 - 13:59 | |
| Une fois n'est pas coutume, Renaud se trouvait dans un petit bureau ou il récapitulait un décompte. Une énième fois, il l'avait déjà fait une bon millier de fois, il énumérait ceux qui devaient normalement le soutenir pour récupérer ses terres, ceux qu'il avait déjà vu, et surtout ceux qu'il restait
Serramire, Sainte-Berthilde et Langehack, je les ai vu, il reste donc Soltariel et Odélian. Odélian ne m'inspire aucune confiance, je préfère ne pas avoir affaire avec lui, et Soltariel est représenté par le grand Chancelier. Sauf qu'il n'est pas la, mais dans le sud. Avec l'armée que je lui ai envoyé, il n'y a aucune raison qu'il ne me soutienne pas, à moins que...
Il avait beau se le répéter cent fois, mille fois, dix mille fois, y penser ne changerait rien. Enervé de ressasser toujours la même chose, il se décida pour une promenade en ville. C'est donc entouré de quatre gardes, sécurité oblige, qu'il arpenta les rues, marchant sans réfléchir sur sa destination, le cerveau toujours en ébullition. Il s'arrêta dans une taverne qu'on lui avait conseillé, écoutant le ménestrel qui y jouait. Ce dernier chantait une balade sur les héros d'Amblère. Sans nul doute que dans quelques temps, il la remplacerait par une nouvelle sur les héros de Valdrant. La journée avançait, et Renaud décida de rentrer. Il allait de nouveau se triturer le cerveau quand on lui annonça qu'un émissaire se disant envoyé par le Grand Chancelier avait demandé une audience
"Fort bien, préparez tout ce qu'il convient pour recevoir un hôte de cette qualité, et faites le entrer dans le salon bleu"
Le salon bleu se trouvait au premier étage. Outre une cheminée, éteinte puisque l'hiver était bien terminé, la tapisserie était bleue bien entendu, ce qui lui avait valu ce surnom. Il y avait également un bureau, avec une chaise derrière et deux devants, un canapé deux places et deux fauteuils, ceux-ci de couleur bleue également. Une table basse entre le canapé et les fauteuils. Deux tableaux, l'un représentant une bataille emblématique d'Erac, l'autre une scène de vie, une mère et ses deux enfants lors d'un pic-nic, terminait la déco. L'hôte fut introduit dans la pièce ou il se retrouva seul. Renaud prit soin de le laisser attendre quelques minutes avant d'entrer par la seconde porte de la pièce. Il s'avança pour saluer le nouveau venu, qui s'était présenté sous le nom de Lysandus
"Bien le bonjour, sire. Asseyez vous je vous prie, et servez vous"
Sur la table, deux verres étaient disposés, une cruche d'eau, et une autre remplie de vin de Hautval. Il y avait également une assiette sur laquelle se trouvait des pâtisseries, et un panier de fruits. Renaud s'assit sur l'un des deux fauteuils
"L'on m'a dit que le Grand Chancelier vous envoyait à ma rencontre, que puis je faire pour lui ?"
Alors que justement, Roderik faisait parti des inconnus sur la récupération de ses terres de juré, voila qu'un émissaire se présentait, une chance à ne pas laisser partir.
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| | | Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Le règne des jeunes [Renaud] Mar 24 Avr 2018 - 23:28 | |
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Le duc d'Erac n'était pas comme Lysandus l'avait imaginé.
Bien sûr, il avait encore en mémoire le duc Léandre, qui était déjà bien vieux lors de la rébellion eraçonne et de la célèbre bataille de Pont-Lamor. Mais son successeur, avec ses traits juvéniles, eut pu être son petit-fils. Lysandus prit place dans le salon, un peu décontenancé, tâchant de trouver un peu d'assurance en s'abandonnant quelques instants dans la contemplation des tableaux qui ornaient le mur. Outre Cléophas d'Angleroy et Roderik de Wenden, le jeune clerc qu'il était fréquentait peu de hauts personnages, et il lui était étrange de se dire que l'un des pairs du royaume était à peine plus âgé que lui. Celui-là a déjà vécu bien des choses, songeait-il, et cette considération le ramenait à l'insignifiance de sa propre existence, lui qui n'était qu'un humble serviteur lettré, un outil dispensant son intellect au service des puissants.
« Le seigneur Roderik mon maître m'a demandé de vous transmettre ses amitiés, Seigneur Duc. Il se réjouit de sa vous rencontrer en personne lors de sa venue prochaine. »
Lysandus temporisait. Il devinait que le duc d'Erac en demandait davantage ; qui croyait-il berner ? Bien sûr qu'il n'était pas simplement venu prendre le thé, mais il avait appris que les grands personnages aimaient échanger des banalités protocolaires avant de se mettre à table. Sauf que Lysandus n'était pas un grand personnage, et que Renaud d'Erac était peut-être trop jeune et trop empressé pour palabrer comme les anciens. Peut-être était-il plus sage d'en venir au fait.
« Mon seigneur Roderik se sent particulièrement concerné par le Concile de Diantra qui va bientôt se tenir », poursuivit Lysandus. « Il espère, pour la paix du royaume, que cette grande réunion se déroulera dans une atmosphère cordiale et qu'elle ne sera pas avilie par des désaccords et des ressentiments malvenus. En sa qualité de Grand Chancelier du Royaume, il croit qu'il est de son devoir de veiller en amont à ce que les pairs se comprennent sur l'essentiel et que leurs aspirations ne soient pas... antagonistes. Car le meilleur moyen de promouvoir la paix, après tout, n'est-il pas de s'assurer que tout le monde veuille la même chose ? »
Il sourit tout en fixant le duc, comme pour indiquer que, contrairement à ce qu'on pourrait croire, la question n'était pas purement rhétorique et appelait bel et bien une réponse.
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| | | Renaud d'Erac
Humain
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| Sujet: Re: Le règne des jeunes [Renaud] Jeu 26 Avr 2018 - 9:30 | |
| Echanger des banalités faisait parti de la noblesse, et cela ne dérangeait pas Renaud, au contraire. Tourner autour du pot devait être une seconde peau pour les vicelards qui jouaient de la politique. Sa jeunesse lui laissait quelques lacunes, mais il devait parfaire son savoir dans le domaine, et être à la hauteur de son titre
"Je suis ravis d'apprendre que le Grand Chancelier va se déplacer en personne pour le Concile, pouvoir enfin le rencontrer sera un honneur. Je dois avouer que j'avais des craintes sur sa présence, vu les responsabilités qui lui incombent dans le sud à l'heure actuelle. Il faut dire que les suderons ne l'épargnent pas, en plus de l'invasion d'Ydril. Un Duché sous tutelle, voila qui est inattendu, et n'arrive pas au meilleur des moments. Mais dites moi, j'espère que les troupes que j'ai fais parvenir satisfont votre Maitre ?"
Mais l'envoyé de Roderik avait attaqué, bien que ne dévoilant pas son jeu, et cherchant à sonder son interlocuteur. Voila qui était intéressant, car Renaud entendait bien qu'il y avait quelques sous-entendus, voir une attente. Préférant laisser Lysandus dévoiler son jeu, la réponse du Duc fut tout ce qu'il y avait de plus protocolaire, et évasive
"J'espère également que tout se déroulera de la meilleure des manières. C'est que, nous autres pairs, devons montrer l'exemple. Et si nous nous déchirons, ce serait alors une bien piètre image que nous enverrions à nos vassaux. Les guerres, et les rebellions n'ont que trop duré, des pairs soudés ramèneraient à coup sur la paix sur les terres de notre bon Roy Bohémond. J'ai bon espoir que le concile à venir règle nombre de problèmes, et de tensions. Si nous parvenons à aplanir les points de querelle en bon entendement, nous en ressortirons tous grandit"
Un bien beau discours, mais entre les mots et les actes, il y avait un monde. Renaud se posait nombre de questions, et il n'avait guère de réponses. Déjà la querelle qui avait créé un fossé entre Aymeric et Louis, du fait que ce dernier s'était amouraché d'une vassale du Marquis. L'alliance qu'Aymeric avait amorcé allait elle résister à cela ? Aussi l’ambiguïté de Gaston Berdevin, qui avait amené son épouse à Ancenis, alors qu'elle n'avait rien à y faire, et qui agaçait profondément le Renaud
"En tant que tuteur de Soltariel, le Grand Chancelier à t il des craintes l'ayant amené à vous envoyer à ma rencontre ? ou des demandes précises ?"
Renaud n'était pas dupe, il savait que l'homme n'était pas la pour échanger des banalités. Et pour une fois que ce n'était pas lui qui faisait la démarche pour quémander, il se demandait ce qui avait soudain rappelé à quelqu'un qu'il était pair, et pas juste un Seigneur lambda sans pouvoir. Il dissimula intérieurement sa jubilation de se sentir enfin reconnu pour ce qu'il était.
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| | | Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Le règne des jeunes [Renaud] Ven 27 Avr 2018 - 14:59 | |
| « La mise sous tutelle de Soltariel est regrettable, mais était nécessaire », affirma Lysandus. « Je sais le seigneur Roderik soucieux des droits féodaux ; il ne souhaite point voir la couronne outrepasser son pouvoir et se substituer à ses premiers vassaux. Mais la situation était tendue, et il ne pouvait prendre le risque de voir s'embraser le duché dans une guerre interne alors même que la sédition empoisonne Ydril. Une chose me paraît certaine, Seigneur Duc : la mise sous tutelle de Soltariel ne durera pas. Elle n'a pas vocation à durer. »
Le message sous-jacent était que Renaud n'avait pas à craindre pour son propre titre. Il serait malvenu que les ducs et marquis viennent à se méfier du Grand Chancelier à cause de ce qui s'était produit à Soltariel, mais de telles inquiétudes seraient légitimes ; aussi était-il urgent de les apaiser au plus vite.
« Quoiqu'il en soit, mon maître est très satisfait des renforts que vous lui avez envoyé. Votre geste de soutien l'incite à penser que vous êtes un homme de bonne volonté, soucieux comme lui de faire le bien. Je ne dirais pas que ce sont des craintes qu'il m'envoie porter auprès de vous, mais... eh bien, quand bien même la plus importante des guerres vient de s'achever, l'avenir demeure incertain. Notre roi ne règnera pas avant de longues années, et il faudra bien que quelqu'un gouverne pour lui en attendant. Or, le seigneur Roderik ne voit que trop les vieilles tensions, les vieilles rancœurs, qui telles des racines enfouies feront tôt ou tard renaître les arbres de la discorde. L'ennemi commun n'est plus, et sans cet ennemi commun, les ennemis héréditaires que sont le nord et le sud s'affronteront de nouveau si on ne l'empêche, avec le médian pris entre l'arbre et l'écorce. » Il marqua une pause, ménageant l'effet suscité par cette vision bien pessimiste de l'avenir. Puis il reprit, d'un ton où l'on discernait un certain espoir : « Or, mon seigneur Roderik est un homme de paix. Tout nordien qu'il est, il vit dans le sud depuis déjà plus d'un an ; il ne souhaite pas voir perdurer cette vieille animosité stérile. Mais sa hantise est grande de voir un Régent issu de l'un des camps user du pouvoir pour anéantir l'autre camp. La couronne doit rester au-dessus des tensions, et au besoin arbitrer les différends ; en aucun cas elle ne doit les provoquer. »
Du coin de l'œil, Lysandus lorgna les deux verres posés sur la table et le pichet de rouge de Hautval. Parler lui donnait soif, et il avait déjà beaucoup parlé, mais personne n'avait encore rempli les verres et il craignait d'être impoli en se servant lui-même. Il tâcha d'ignorer sa soif, au moins le temps d'arriver au bout de son exposé. Cela, probablement, l'incita à hâter sa conclusion :
« Voilà pourquoi le seigneur Roderik souhaite se proposer à la Régence du Royaume, Seigneur Duc. Parce que tout comme vous, il veut la paix, l'unité, et que les guerres et les rébellions n'ont que trop duré. »
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| | | Renaud d'Erac
Humain
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| Sujet: Re: Le règne des jeunes [Renaud] Lun 14 Mai 2018 - 8:42 | |
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Lysandus commença à courtiser Renaud, de manière subtile, plaçant son maitre sur un piédestal, et apaisant les craintes légitimes que ses dernières décisions pourraient amener envers les Hauts Seigneurs. Il était certain qu'il était inquiétant de voir la couronne mettre son nez dans les affaires des Pairs, toutefois il était aussi à noter qu'elle se devait d'intervenir dans les litiges de poids, pouvant amener à un déséquilibre de son Royaume. Cela faisait longtemps que le Roy n'était pas intervenu, laissant les coudés franches à ses vassaux, par défaut d'autorité, et l'on ne pouvait que constater que c'était aujourd'hui un beau merdier. Roderik devait donc jouer les équilibristes s'il ne voulait pas s'attirer une attention particulière, et amer, de la part des Ducs et Marquis en place
"Je suis moi même un fervent partisan du droit féodal, et de la stabilité du Royaume. Il était donc naturel que j'envoie des troupes appuyer le Grand Chancelier. La guerre, et les abus n'ont que trop duré, et il est temps de retrouver une aire de paix et de prospérité pour notre Royaume"
Vu qu'il voulait récupérer ses terres de jurés, il n'allait bien entendu pas cracher sur le droit, et la justice. Mais intérieurement, il croyait aussi en ce qu'il disait, et ne mentait donc pas pour aller dans son intérêt. Lysandus était habile avec les mots, il souleva donc l'épée de Damoclès d'un nouvel affrontement nord/sud, avec un médian, et donc le Duché de Renaud, prit entre les deux, et les conséquences néfastes que cela aurait. Et puis enfin, il termina sur le fait que Roderik allait se présenter pour prendre la régence. Voila qui était intéressant, bien que pas forcément une surprise. La question s'était bien entendu immiscée dans les réflexions du Duc, et l'homme du Comte d'Aretria venait de confirmer son postulat au poste. Et donc, il semblait évident qu'il était venu pour demander l'appui de Renaud, sinon pourquoi serait il venu ? Renaud nota son regard vers les verres vides, un manquement auquel le Duc remédia en les remplissant, et en prenant le sien, invitant son hôte à en faire autant. Il sirota le vin de Hautval qu'il avait servit, prenant le temps de profiter de ce cru.
"Ainsi, il va se présenter pour la place de Régent du royaume, cela semble naturel puisqu'il a prit notre bon Roy sous sa tutelle. Il souhaite sans doute une continuation logique à ses actes jusqu'ici. Il va pourtant se heurter à fort parti avec le Marquis de Serramire. Comment compte t il se démarquer de son rival, tout auréolé de gloire de la victoire sur les rebelles ? Qu'est ce qui pourrait amener les pairs à prendre son parti, plutôt que celui du Sénéchal ?"
Renaud n'allait bien entendu pas dévoiler qu'Aymeric lui avait déjà demandé son appui, en scellant une alliance entre leurs deux maisons. D'autant que le Duc aimait à appréhender toutes les solutions envisageables. Il n'oubliait pas que le torchon semblait bruler entre Louis et Aymeric, et qu'il faudrait faire attention de ne pas se buter sur un soutien à Aymeric s'il avait perdu tous ses appuis autres que celui de Renaud, et qui amènerait la nomination d'un régent qui ne serait pas en faveur d'Erac, ou en conflit d’intérêt.
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| | | Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Le règne des jeunes [Renaud] Lun 14 Mai 2018 - 19:09 | |
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« Glou glou glou glou glou glou glou. »
La saveur âpre du vin flattait le palais du jeune clerc sans pour autant apaiser sa soif. Lysandus n’était pas un grand buveur, et il avait sans doute vidé sa coupe un peu trop vite ; sentant ses yeux pétiller et sa tête se faire un peu lourde, il jugea bon de ne pas trop abuser. Sa mission pourrait tourner court s’il se mettait à raconter n’importe quoi. Cependant, désinhibé par la boisson, il s’enhardit pour rétorquer, fièrement :
« Rival, Messire Duc ? Allons ! Mon seigneur Roderik considère le Sénéchal comme son ami. Savez-vous que c’est lui qui insista auprès de l’Angleroy pour que l’on confie le Sénéchalat au marquis de Serramire ? Les deux hommes partagent un intérêt commun pour la justice. Bien sûr, le Sénéchal a mené les armées du royaume vers une grande victoire ; et si les exploits du Sénéchal méritent incontestablement une récompense, il en va de même pour tous ceux qui l’ont accompagné au combat – et dont vous faites partie, Messire Duc. Mais la Régence du Royaume n’est pas à proprement parler une récompense. C’est une charge et non un titre. Mon seigneur Roderik respecte tous ceux qui se sont battus pour le roi ; s’il considère que la Régence devrait lui revenir, ce n’est pas qu’il se croie meilleur que les autres, non, certes non ! Offrir la Régence à Brochant, ce serait assimiler le gouvernement du royaume à une vulgaire monnaie, un cadeau… »
Lysandus contempla sa coupe vide, pensif, comme s’il s’attendait à la voir se re-remplir toute seule par magie.
« La décision, naturellement, dépendra des pairs dont vous faites partie. Trois voix pour le nord, une pour le médian, deux pour le sud. Si l’on considère la chose d’un plan purement arithmétique, un nordien a plus de chances d’être élu ; mais la couronne n’est ni du sud, ni du médian, ni du nord. Elle est des trois à la fois, Messire Duc. Et si mon seigneur Roderik ne renie pas ses origines arétanes, il est chez lui dans le sud comme dans le nord. L’art de faire tenir ce royaume debout est question d’équilibre, Messire Duc ; confiez la Régence à un grand prince des marches du nord ou des rivages du midi, et vous bouleversez l’équilibre. Mon seigneur, lui, n’est qu’un comte ; il ne bouleverserait pas l’ordre établi. Au contraire, il ferait en sorte de le préserver : sa seule volonté est de réparer le tort que causèrent les méchants et de restaurer le royaume dans son état antérieur à la guerre. » Il sourit, et tenta d’adresser un clin d’œil au duc – sans y parvenir, car il ne réussissait jamais les clins d’œil – avant de souffler : « avec l’aide des dieux, et si les entreprises de mon seigneur aboutissent, nous renouerons avec nos traditions les plus chères ; le mot « médian » retrouvera sa signification originelle ; en l’entendant, on cessera de penser directement au Boucher des champs pourpres, et l’on se figurera Erac, terre de chevalerie, qui fournit tant de preux aux chroniques chevaleresques de notre bon royaume. »
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| | | Renaud d'Erac
Humain
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| Sujet: Re: Le règne des jeunes [Renaud] Mar 15 Mai 2018 - 13:24 | |
| Quel beau parleur, c'était indéniable, il présentait son Seigneur en parangon de justice, un beau tableau qui pouvait séduire la masse. Pourtant, les mots étaient une chose, mais les actes seraient ils en adéquation avec les dires ? on avait expliqué au Duc que Roderik était connu comme un homme d'honneur, et respectant ses serments, mais devant lui, il n'avait pas ledit personnage, mais l'un de ses sous-fifres. Tiendrait il la parole qu'un homme avait avancé pour lui ?
"Par rivaux, j'entendais qu'ils briguaient la même...charge, pardonnez moi si j'ai pu faire penser que le rôle de Régent était un cadeau, ce n'était pas mon souhait."
C'était surtout le discours sur l'équilibre qui résonna chez Renaud. Il était indéniable que le nord était déjà fort bien lotit, et qu'ils étaient en force, si l'on oubliait les mésententes et les griefs qui étaient en train de se créer
"Dites moi, vous soulevez le fait qu'il ne soit que Comte, et non un pair, ce qui est juste. Mais, je me dois de vous poser une question. Qu'est ce qui l'empêcherait de favoriser Sainte-Berthilde, puisqu'il est lié au marquisat, et surtout qu'en est il de son serment de vassalité audit marquisat ?"
Voila une question que se posait Renaud, de savoir si le Comte ne serait pas tenté d'avantager ses terres, et s'il était si honnête, que son homme le dépeignait, saurait il se détacher de ses autres charges que celle de Régent. Lysandus avait aussi dit quelque chose qui avait intrigué Renaud, et qui pourrait lui permettre de rebondir sur une idée que le Vicomte de Tall lui avait susurré la veille
"Vous parlez de restaurer le royaume dans son état antérieur à la guerre, vous parlez bien évidemment de celle du médian ? ou alors souhaite t il aller encore plus loin, et retracer les frontières qui étaient celles d'avant que le Royaume ne sombre ? J'entends par la le fait que Serramire et Sainte-Berthilde soient amputées d'une terre chacun, ce qui fut la première pierre de bien des griefs qui perdurent actuellement."
Renaud avait décidément bien des questions qui se posaient à lui depuis que Lysandus avait franchit le pas de sa porte. Il continua donc d'interroger l'homme, qui allait sans doute être à cours de réponses, faute de pouvoir les demander à son Seigneur. Il le resservit également, se demandant s'il tenait l'alcool, ou s'il pourrait lui soutirer quelques informations dans le cas ou il l’enivrerait. Lui même se mit à boire avec modération, pour garder les idées claires. Ce qu'il se disait en ce moment avait son importance
"Parlez moi donc des entreprises de votre Seigneur, et approfondissez sa vision du "median", cela m’intéresse de toucher les rêves du grand Chancelier, et de nourrir ma curiosité."
Avant de le laisser répondre à toutes ses questions, il allait en poser une dernière
"Mais, vous êtes un érudit, messire, alors dites moi. Si je vous disais que le Marquis de Serramire m'a déjà demandé mon appui, en échange d'une alliance. Je ne dis pas que c'est le cas, mais envisageons le. Quel avantage est ce que je retirerais en lui tournant le dos au profit du Grand Chancelier, et comment se prémunir de son ire, et lui faire comprendre que c'était la le choix le plus judicieux ?"
Il savait que Lysandus ne serait pas dupe, et qu'il comprendrait que l'insinuation était en fait une réalité, mais avoir des avis extérieurs pouvait être des plus intéressant. Jusqu’où irait l'homme pour mettre son Seigneur en avant.
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| | | Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Le règne des jeunes [Renaud] Mar 15 Mai 2018 - 14:57 | |
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Le duc posait beaucoup de questions d’un coup. Lysandus tenta bien de garder le fil, mais il craignait d’en avoir perdu deux ou trois en cours de route ; si bien que lorsqu’enfin le duc le laissa répondre, Lysandus se trouva pris à défaut, incapable de trouver par où commencer. Un silence gênant s’ensuivit, et le jeune clerc tenta de trouver refuge au fond de sa coupe vide. Finalement, il releva la tête et s’hasarda à répondre :
« Nul ne pourrait mieux définir la vision de mon seigneur que lui-même, mais je sais, pour l’avoir souvent entendu le dire, qu’il considère que votre père Léandre fut jadis fort mal traité par la couronne ; il juge exemplaire que le duc Léandre soit demeuré loyal en dépit de ces choses, et il est indéniable qu’il veuille restaurer Erac dans ses droits légitimes. Je ne saurais trop m’avancer sur ses intentions concernant Serramire et Sainte-Berthilde ; la situation n’a rien de semblable à mon avis. Quant à son serment au marquisat, eh bien, c’est une situation qui n’a rien d’inédite : l’Ivrey ne devait-il pas hommage à Langehack pour ses possessions scylléennes ? Mon seigneur tient naturellement son serment au marquisat ; cela ne fait pas de lui le laquais de Sainte-Berthilde. Le tenant de la couronne et du marquisat sont de toute façon une seule et même personne, et quand bien même cela devait changer un jour, il me paraît bien improbable qu’un conflit armé oppose les deux. » Il se gratta la tête, se demandant ce que Renaud voulait savoir d’autre. Ah, oui ! Brochant. « En ce qui concerne votre arrangement, euh, hypothétique, avec le marquis de Serramire, Messire Duc, je dirais que vous êtes libre de faire vos choix en votre âme et conscience. Quelle que soit la nature de l’alliance que vous proposerait Brochant, elle ne ferait pas de vous son valet ; et s’il tient à votre amitié et à tout ce qu’elle peut lui apporter, il comprendra que vous n’avez fait que choisir l’homme de la situation, et que vous ne lui avez point faire injure. »
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