A l'unisson | PV Francesco di Castigliani [Terminé]

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Victoria di Maldi
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MessageSujet: A l'unisson | PV Francesco di Castigliani [Terminé]   A l'unisson |  PV Francesco di Castigliani [Terminé] I_icon_minitimeSam 28 Avr 2018 - 20:32


Au jour 5 de la 2ème ennéade
Verimios, deuxième mois d’été
An 10 du 11ème cycle

Il faisait frais ce soir-là. Le soleil avait doucement entamé sa longue descente lorsque Victoria fut appelée à rejoindre le campement en dehors de la ville. Un simple messager muni d’un simple pli bien banal. La provenance de celui-ci, cependant, ne l’était nullement.  Victoria connaissait bien l’homme qui la manda, le souvenir de son visage, de son attitude et même de son horrible haleine lui revint à l’esprit. Mais ce qu’elle retenu avant tout, c’est qu’il faisait partie de cette petite « bande » qui se faisait appeler les Vrais-Soltaris.

En toute logique, et poussée par sa célèbre curiosité, la Dame s’apprêta et se rendit au point de rendez-vous. Le campement était immense tant le nombres d’hommes arrivant aux portes de la Cité ne faisait que grandir d’heure en heure. Il y avait le coin des Soltaris, celui des Scyléens ainsi que ceux des Royaux, tous suffisamment séparés de quelques mètres. On disait souvent que la guerre rapprochait les alliés mais il y avait comme une odeur de méfiance entre les différentes seigneuries.

Sur le chemin, la Comtesse aperçu le seigneur Félipé Cortès di Alcacio, celui-là même qui engagea la Magna Carta. Un sourire se dessina sur le doux visage de Victoria ; elle avait deviné.

Se rejoignant devant la tente où ils furent invités, si ce n’est convoqués, la jeune femme s’adonna aux salutations d’usage avant de pénétrer sous la tente. Son regard se porta sur chacun des hommes présents, il y en avait à peu près une vingtaine, à vue d’œil.

« Messieurs. » Fit-elle en offrant une révérence.  Le même sourire béat traînait toujours sur ces fines lippes. « L’on m’a fait mander.
-Signora Di Maldi, Segnore di Alcacio, nous vous remercions de vous être déplacés. » Commença le petit bedonnant se tenant au fond de la tente à l’autre bout de la table. « Si nous avons fait quérir votre présence, c’est par nécessite d’un entretien à huis-clos. » enchaîna-t-il avant de porter son regard sur le seigneur se trouvant à sa droite.

« Effectivement. Suite à vos demandes respectives d’entretien, nous nous sommes permis de vous rencontrer ensemble car il semblerait que le sujet que vous souhaitez aborder est le même.
- Et je vous en remercie, c'est fort aimable. De  toute évidence, il nous faut parler sérieusement de ce qui est train de se trâmer à quelques lieux d'ici. Que dites vous de la Magna Carta, mes signores. »  s'enquit Félipé auprès de toutes les personnes présentes.

« Je dirais là que c’est un acte bien audacieux de la part d’une minorité de notre pays. Si la Signora ici présente n’avait pas promis d’autres signatures, certains auraient même qualifié cela de pure folie. Pour autant, nous ne pouvons nier que le contenu de cette charte n’est que le reflet du règne que nous a offert le couple ducal.
- Oui. Les différents points relevés ne sont empreints que trop d’obscures vérités. »  Des murmures se levèrent, tous semblaient approuver les dires des deux meneurs de l’assemblée. Victoria, elle, se tenait toujours debout, aux côtés de Felipé, les mains jointes.

« Sachez d’ailleurs Messieurs, que la totalité des seigneurs Sybronds ont signé dans la journée. »

La nouvelle sembla faire mouche. L'attitude et les regards des vrais-soltaris changèrent peu à peu. Car ce n'était non plus seulement la signature de la comtesse et de ses proches qui s'était ajoutée, mais bien l'entièreté d'un Comté. La balance venait tout juste de se mettre à niveau. La réussite de leur entreprise dépendrait en partie de l'échange qui s'en suivrait.

« Signores, nous devons tous reconnaître que la duchesse s'est jouée de vous, ainsi que son époux qui s'en est allé mener un combat que seuls les dieux pourront juger logique. Le Signore di Pasi, semble désormais avoir gagné la confiance de la soltaari-Beronti, alors que vous autres, êtes mis à l'écart de tout ce qui pourrait la gêner dans son règne décadent où le non-droit semble avoir détrôné le droit.  Je vous le dis, céans, signores. En continuant de la sorte, Soltariel ira droit vers un déclin inéluctable.  »

Des dents grincèrent. Victoria et Félipé s'échangèrent un regard furtif pour tenter de recouvrir un mince espoir.

« J'ai une question à vous poser, Félipé. Pourquoi n'intervenez-vous que maintenant alors que vous auriez pu prendre le parti des vrais-soltaris dès le début  ? Vous n'en seriez probablement pas là aujourd'hui à venir nous demander de l'aide », demanda l'un d'entre eux. « Vous et votre famille êtes restés trop longtemps à l'écart des intrigues de la cour. Et voilà que vous nous sortez, avec l'entremise de votre frère, une Magna Carta pouvant détruire le pouvoir en place. Que recherchez-vous  ? Le pouvoir ? L'argent ?
- La justice ! Purement et simplement. Je laisse le pouvoir aux plus ambitieux que moi. Mon domaine d'Alcacio et la commanderie de Boniverdi me suffisent amplement.
- Qu'en est-il alors de votre frère, le Vice-Amiral de la marine royale ?
- La mer a bien plus d'importance à ses yeux que les intrigues des Hommes. Francesco nous donnera les moyens d'ôter toutes chances à la duchesse. Il a perdu son fils durant le blocus d'Ydril. L'amadouer avec des rêves de pouvoir ne l'intéresseront jamais. Seule sa vengeance compte. Et c'est grâce à elle que nous sommes, tous ici, probablement sur le point d'accomplir ce qui est le plus nécessaire et urgent pour l'avenir du duché.
- Ce blocus a été un désastre, il est vrai...Soltariel s'est ridiculisé aux yeux de tous. En commençant par ces félons d'Ydril. Il ne reste qu'à savoir où doit aller la priorité du duché désormais. Car en nous querellant ainsi, nous laissons à Ydril la chance de mieux préparer leur défense.
- C'est pourquoi chaque heure compte, signores. En soutenant notre cause, nous nous épargnerons d'être envoyés à une mort certaine. Car la duchesse n'est même pas capable de protéger ses vassaux, ni même de respecter leurs droits, comment pourrait-elle gagner une guerre ? Comment pourrait-elle diriger une terre en remettant systématiquement toutes ses fautes sur les autres ? »

Victoria était restée muette, écoutant chaque échange avec attention. S’il y avait bien une chose qui avait fait mouche dans les paroles de Felipé, c’était son désintérêt total pour le trône ducal. C’était des plus intriguant de faire ainsi « équipe » avec des hommes qui ne semblaient agir que par pure vengeance. En cela, les Cortès étaient bien différents des autres hommes présents sous la tente. Mais la Comtesse était heureuse de ce discours finalement; cela ferait un obstacle de moins à ses propres plans.

« Elle ne le peut pas. » Répliqua-t-elle immédiatement. « La Duchesse ne fait pas partie de ces femmes sachant gouverner un pays et elle n’en sera très certainement jamais capable alors mener une guerre... » Elle s’était bien abstenue de cracher que Tibéria n’était bonne qu’à pondre des marmots mais il fallait mesurer ses mots, ce qu’elle fit : « J’estime que même en tant qu’épouse, une femme se doit d’avoir assez de connaissances et de compétences pour tenir le pays si son époux en vient à être incapable de le faire. D’autant plus si ce pays est un riche duché. Suite au départ mystérieux du Duc, son devoir était de gouverner Soltariel et de faire face intelligemment aux différents problèmes du duché ; ce qu’elle n’a absolument pas fait. Au lieu de cela, elle a laissé Ydril se faire envahir sous prétexte qu’une solution diplomatique est toujours plus enviable qu’une guerre. Sans doute a-t-elle encore trop de souvenirs de ses contrées adoptives pour n’avoir su décider de prendre les armes contre ces Estréventins, et voilà où nous en sommes aujourd’hui : la Couronne a dorénavant une bien piètre image du sud du Royaume. »

« En cela, vous avez raison, ma Dame. Soltariel n’est jamais tombée aussi bas. Les nordiens se pavanent déjà, festoyant leur victoire écrasante sur l’ennemi du Médian à Diantra alors que nous, nous sommes dorénavant les lâches du Royaume, ceux qu’on humilie de différentes manières. Et en cela, la mise sous-tutelle du Duché n’est qu’une honte de plus à laquelle nous devons faire face. Nous ne pouvons plus admettre cette mascarade. Il fut un temps où Soltariel avait un véritable poids politique dans le Royaume, côtoyant même les plus hautes fonctions de la Couronne. Et maintenant… voyons le résultat. Un chancelier nordien, un sénéchal nordien, et j’en mettrais ma main à couper que le prochain régent sera également nordien. »

« Alors n’hésitez plus, messieurs et joignez-vous à nous en signant cette Magna Carta. Au plus nous rassemblerons de signataires, au plus nous aurons poids lors du procès. Il nous faut convaincre les Pairs du Royaume de l’incompétence notaire du couple Ducal. Il nous faut reconstruire Soltariel et lui rendre sa superbe d’antan ainsi que son poids politique et nous n’y arriveront point si Dame Tibéria et Sire Franco restent au pouvoir. »

Les Sires s’adonnèrent à de nouvelles messes-basses. Victoria en profita pour glisser un regard à Felipe.

« C'est là un fort bel os que vous venez de leur donner à ronger, Signora », murmura Félipé.


Dernière édition par Victoria di Maldi le Mer 16 Mai 2018 - 18:11, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: A l'unisson | PV Francesco di Castigliani [Terminé]   A l'unisson |  PV Francesco di Castigliani [Terminé] I_icon_minitimeJeu 10 Mai 2018 - 21:23


Une longue planche en bois avait été posé sur des tréteaux afin que tous les signores et la comtesse de Sybrondil puissent prendre place. Les quelques chandelles posées, ici et là, donnait à l’atmosphère ambiante un petit goût de mystère et d’aventure. Que la Duchesse reste ou non sur le trône, les Grands nobles de Soltariel venaient de prouver en cet instant même que le pouvoir ducal ne pourrait plus être absolu.

Toujours aux côtés de la Comtesse, étonnante alliée de circonstance, Félipé trempait ses lèvres dans la coupelle de vin qu’un servant lui avait apporté. Le nectar était foutrement bon, quoiqu’un brin trop sucré. Toujours est-il que l’alcool parvint à faire délier les langues et à montrer les vrais visages des Soltaris, surtout celui du Segniore di Camarata dont tous ici, connaissait le surnom ; La Carpe.

« Vous semblez sûr de l’emporter, Félipé. Pourtant, ce procès devant les Pairs pourrait bien se retourner contre ceux qui l'on signé, ne pensez-vous ? Tous les signataires seront ensuite accusés à leur tour et nous pourrions le regretter amèrement
- Oui, il est probable que la duchesse s’en sorte en mettant toutes les fautes sur le dos de son époux. Elle pourrait très bien demander leur pardon, s’agenouiller, s’humilier une fois de plus aux yeux de tous, pour pouvoir garder sa place. Or, cela ne saurait nous porter préjudice, j’en suis persuadé
- Expliquez-vous alors, ne nous faites pas lambiner, signore
- En ce moment même, nous pouvons incarner le contre-pouvoir. Si la duchesse veut le contourner, elle sera soit obligée de nous éliminer, ce qui aura pour conséquence de provoquer la pire guerre civile du Soltaar. Soit, d’acheter notre loyauté pour nous museler. Je pense pouvoir dire que toutes les personnes ici présentes, n’auront plus à cœur d’être salement soudoyés aux vues de l’importance et de la gravité de la situation
- C’est un fait, poursuivez !
- Nous soumettrons la constitution d’un conseil des nobles visant à s’occuper des affaires internes et externes du duché. De son côté, la duchesse pourra continuer à régner tout en voyant son pouvoir limité à la simple représentation dans des bals qu’elle semble tant apprécier, et au rayonnement du Soltaar via des voyages visant à renforcer nos liens avec les terres voisines
- Comment s’assurer que la dame respecte cela ? Elle n’a montré que peu de respect pour les lois qui régissent nos contrées depuis son arrivée sur le trône
- Cette fois sera probablement différent puisqu’elle devra signer la Charte à son tour.  Si elle fait preuve de non-respect des accords par la suite, nous aurons un motif tout trouvé pour demander son abdication totale, qu’en dites-vous Signora », s’enquit-il en regardant la Comtesse juste à ses côtés.

« Elle ne le respectera pas. » Répliqua-t-elle calmement, optant cependant pour un ton alarmant. « Voyez-vous messieurs, nous avons beaucoup de choses à reprocher à Dame Tibéria, toutefois, nous ne pouvons point nier le fait qu’elle use très facilement de fourberie, d’autant plus lorsqu’il s’agit de sauver ses miches. » Certains rires se firent entendre ce qui n’était point le cas du Signore di Camarata qui lui voyait toujours en l’ascension de Tibéria une opportunité de se rapprocher du pouvoir ; car c’était là bien le but de ces Vrais-Soltaris à l’époque : profiter de la légitimité de Tibéria pour s’arroger le contrôle du Duché. Victoria attendit de retrouver un certain calme, portant l’une de ses mains au menton, réfléchissant à la suite de son discours alors que son regard parcourait l’assemblée. Elle allait devoir se montrer des plus convaincante, et bien plus qu’à l’époque où elle avait déjà rencontré Pasi. Cette fois-ci, elle n’aurait plus droit à l’erreur car elle devait autant s'adresser à l'organisation mafieuse qu'était les Vrais-Soltaris mais également aux seigneurs Soltaris présents qui s'étaient retournés contre Tibéria.

« Vous avez Exilé sa famille et pourtant, la voilà de retour. Elle s’est alliée à l’Anoszia dorénavant considéré comme l’un des plus grands traitres à la couronne ; pourtant, elle est encore là. Mariée ensuite à Messire di Celini, voilà que l’homme a fui dans de mystérieuses circonstances ; et elle… est toujours là, à s’arroger soutien sur soutien alors qu’elle n’a jamais eu aucune légitimité à nos yeux. Nous ne pouvons donc nier que nous faisons face à une femme prête à tout pour rester assise sur son trône auquel elle s’accroche comme une moule à son rocher. En cela, nous pouvons lui reconnaitre une certaine témérité. »

Victoria laissa un peu de temps aux murmures de s’apaiser puis reprit. « Je gage donc que même si vous formiez une pression interne suffisante pour forcer Dame Tibéria à signer une quelconque charte, il ne lui faudra guère longtemps pour qu’elle aille sceller d’autres alliances en dehors des frontières du duché. Alliances qui lui permettront de mater quiconque s’opposera à elle, ce qui la conduira une fois de plus à récupérer ce qui ne lui revient pas de droit.
- Bah ! Je ne vois pas qui pourrait soutenir telle femme ! Mariée deux fois à deux traitres, personne d’assez saint d’esprit ne lui proposera quelconque soutien.
- Personne sauf les ambitieux, Messire. Répliqua-t-elle avec un léger sourire. Allait-il comprendre que la Comtesse parlait autant des étrangers que des Vrais-Soltaris eux-mêmes ?
« Voyez-vous, Messieurs, j’ai en ma possession certaines informations. Néanmoins, je me demande encore si je dois y porter crédit ou non. Vous n’êtes pas sans savoir que mon cousin, le vice-amiral Ysarois, a été fait prisonnier durant la tentative de blocus d’Ydril. J’ai dû me rendre à Velmone pour négocier sa libération, et là où je m’attendais à devoir faire face à une demande de traité de non-agression, d’une alliance ou d’une quelconque autre proposition rocambolesque, Altiom Sans-Terre ne m’a absolument rien réclamé. »

Les réactions ne se firent pas attendre. Cet homme possédait un otage de choix et pourtant il l’avait libéré sans aucune concession en retour, les seigneurs se questionnèrent.

« Des plus surprise, je lui ai alors demandé pourquoi m'avoir quémandé une entrevue au lieu de simplement libérer mon cousin, sur quoi il m'a répondu vouloir s'entretenir avec moi pour me faire part des réelles raisons de sa présence en Ydril. Voyez-vous, l’homme sait parfaitement qu’il va perdre la guerre, il se peut même qu’on ne rencontre finalement aucune opposition une fois le pied posé en Ydril… Même si je doute fort sur ce point, l’une de ses révélations m’a néanmoins laissée pantoise :  il souhaite voir le nord gagner cette guerre pour ainsi leur permettre de gouverner le sud une fois ceci-fait. »

Et là, l’on peut facilement entendre multiples « balivernes !  » ou encore « sottise que cela ! » sortir de la  bouche des seigneurs présents.

« C’est effectivement ce que je croyais, messieurs. Mais nous ne pouvons… Nous ne devons écarter aucune menace. Après tout, Altiom a guerroyé au côté des Nordiens lors de l’invasion des noirelfes, qui sait ce que ces hommes des marches ont bien pu comploter pour en venir à mettre la main sur le royaume tout entier… Regardez-donc là où ils en sont maintenant ; un médian reconquis triomphalement avec un duché d’Erac qui doit certainement jouer au bon chien dressé dans l’espoir de retrouver ses vassaux de jure, une couronne entourée d’un sénéchal Serramirois et d’un chancelier Arétan…
- Soupçonnez-vous donc les nordiens de vouloir contrôler le sud également ?! Cela est une accusation bien lourde Segniora.
- Dîtes-moi messieurs. N’avez-vous pas trouvé cela étrange que le chancelier prononce la mise sous tutelle du duché sur base d’une Magna Carta signée que par une extrême minorité du pays ? »

Et là, ce fut la révélation : Victoria avait fait mouche.

« Voilà pourquoi  messieurs. Ne nous devons en aucun cas permettre à Dame Tibéria de remporter ce jugement royal. Elle sera jugée par les pairs du Royaume. Soltariel en étant exclu, NOUS en seront exclu, ceux qui devront statuer sur son sort ont dans leurs rangs pas moins de trois Marquis nordiens, un Duc qui se montrera des plus docile telle une fillette voulant récupérer ses maudites poupées et une duchesse à peine âgée de quatorze ans qui n’osera certainement pas attirer les regards sur son duché qui est déjà pointé du doigt. Tibéria se défendra en renvoyant toutes les fautes sur son époux, tout comme elle le fit lors du procès de l’Anoszia ; voyez comment cela s’est soldé : elle obtint le divorce et fut immédiatement remariée, gardant ainsi sa position de Duchesse. »

Giacommo répliqua immédiatement : « Oui et nous pouvons recommencer et lui imposer un nouveau mari.

- Et à quoi bon, messire ? C’était là votre seul choix auparavant car les soutiens de Tibéria vous surpassaient en nombre. Or, aujourd’hui, si vous nous rejoignez, ce ne sera plus le cas. Nous pouvons être majoritaires, nous ne serons plus obligés de faire des concessions dorénavant : nous pouvons imposer. Croyez-vous réellement que la couronne laissera aux seigneurs qui ont ouvertement déclaré l’incapacité de la duchesse à régner de mener une pression interne ? Si vous étiez à la place des nordiens Messieurs, que chercheriez-vous comme solution si votre but était de soumettre le sud ?
- Encore faut-il être certain que ce sont là bien les intentions des Nordiens.
- Nous ne pouvons malheureusement pas en être certains, néanmoins, avouez que les aveux d'Altiom ainsi que la mise sous-tutelle subite du duché ne peuvent être une coïncidence. »
 
L’argument n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Si certains seigneurs avaient tout fraichement rejoint le mouvement de contestation, d’autres néanmoins restaient sceptique quant à l'idée de perdre leur mainmise sur la couronne ducale.

Si certains seigneurs commençaient à se ranger du côté de la Comtesse, Giacommo lui resta de marbre. Il se souvenait déjà de la tentative passée de Victoria où elle avait proposé son soutien aux Vrais-Soltaris en échange d’un mariage et voilà que maintenant, elle semblait remettre le couvert en apportant à nouveau son aide quant à la destitution de la Duchesse. Néanmoins la récente réunion avec ses compères et les suspicions portés à l'encontre de la loyauté de Pasi allait peut-être faire pencher la balance en faveur de Victoria.

Cependant, il devait reconnaître que les arguments d’aujourd’hui avaient bien plus de poids que ceux d’hier. Là où Victoria n’avait cherché qu’à reconquérir le trône de son frère, aujourd’hui, elle leur faisait part d’une menace qui pourrait bien leur ôter toute mainmise sur le duché.

Après un silence où Segniore di Camarata s’était adonné à la réflexion, il chercha à continuer la conversation, souhaitant se mettre au courant de toutes les informations que possédaient Victoria pour ainsi se faire une idée quant à la situation qui s’offrirait à lui.

« Certes, nous sommes nombreux, mais il reste toujours la possibilité à Dame Tibéria de rallier Ysari.
- Ysari jusqu’à présent n’a fait que mener une politique de l’autruche gardant ainsi précieusement sa neutralité absolue.  Néanmoins, je gage que nous saurions ramener facilement à notre cause les seigneurs marins bordant l’Eris et l’Olienne ; d’après une récente missive du sénéchal Ysarois, la gronde se manifeste déjà dans leurs bouches suite à la défaite écrasante à Ydril et à la suffocation commerciale que nous impose la guerre.
- Et qu'adviendra-t-il si elle est graciée?
- N’oubliez pas le pouvoir que vous représentez mes seigneurs. N’oubliez pas qui a su reprendre le duché lorsqu’Asdrubal et Margot de Soltariel se sont montrés félon envers la couronne. N’oubliez pas la décision que vous avez prise en constituant une cour de justice Soltaris pour éviter que la couronne ne vienne se mêler de vos affaires. Nous pouvons rejouer le passé Messieurs, nous pouvons chasser une nouvelle fois cette Soltarii-Berontii dont la famille n’a su apporter que malheur au duché.
- Nous pouvons également tenter de maintenir un pouvoir d’opposition comme proposé par Segniore ci-présent et garder Tibéria sur le trône.
- Et risquer de voir le nord nous couper l’herbe ou le pied, Messire ? Nous ne pouvons nous permettre de prendre un tel risque, il nous faudra agir au plus vite car avec la guerre et le Concile de Diantra à venir, je gage que Dame Tibéria arrivera à sceller des soutiens en dehors de Soltariel pendant que nous, nous sacrifieront hommes et argent dans la guerre face à Ydril.
- Et la légitimité dans tout cela, Ma Dame ?
- L’histoire nous a prouvé que la légitimité ne fait pas de ceux qui la possède de bon dirigeants, Signiore. Dame Tibéria est peut-être une Soltarii-Berontii mais sa famille à prouvé à maintes reprises sa vocation à devenir félonne envers la couronne que nous reconnaissons. Margot, mariée à un traitre Soltari, Tibéria mariée à un traitre Ydrilotte puis à second traitre Soltari. Cette famille n’attire que le malheur sur le duché. Regardez donc où Aymeric de Brochant à mené Serramire en assoyant une toute nouvelle lignée sur le trône du Marquisat, il n'a point hésité à évincer toute trace d'incompétence et le voilà dorénavant au plus proche du pouvoir royal; nous pouvons faire de même Messieurs et assoir une toute nouvelle lignée sur le trône ducal, il nous faut le faire pour le bien du duché.
- Il nous reste toujours les Soltariel.
- Angelina se Solaria a à plusieurs reprises refusée de gouverner le Duché et sa position actuelle n’est guère rassurante quant à l’avenir auquel elle doit faire face.
- Mais alors qui? Qui gouvernera le duché ? Vous semblez bien intéressé par la déchéance de la duchesse ma Dame. Aspirez-vous peut-être au trône ducal ? »

Et voilà enfin la question tant attendue que tout le monde se posait depuis le début de cet entretien. Qu’avait donc Victoria à gagner dans cette destitution ?

« Je n’aspire pas à faire les mêmes erreurs que feu mon frère Maciste. Ce que je souhaites, Mesires, c’est de voir le duché retrouver sa gloire d’antan, de voir enfin une famille digne accéder au trône et d’empêcher de voir le duché gouverné par un étranger, qu'il fusse nordien ou estréventin. Ce que je puis vous proposer néanmoins, c’est de constituer un conseil de régence, car nous devons avant tout nous concentrer sur la destitution de Tibéria avant que la situation ne nous échappe complètement. Ainsi, une fois ceci-fait, le conseil pourra alors trancher sur la nouvelle lignée qui lui succèdera. A moins que l'un d'entre-vous souhaite se déclarer comme prétendant au trône dès à présent? »

Son regard se porta exclusivement sur celui qui avait repris les rênes du clan maffieux. Allait-il profiter de la situation et des soutiens fort nombreux pour s'accaparer le trône ducal et ainsi permettre aux Vrais-Soltaris de gouverner sans plus à devoir supporter une incompétente dans leurs pattes ? Ou allait-il décider de continuer à manipuler une marionnette qui risque fort de devenir la propriété d’un Gepetto nordien ?

Un large sourire se dessina sur le visage de Giacommo.

« Vous semblez lire dans mes pensées, Votre Grandeur ! » S’écria-t-il accompagnant la fin de sa phrase d’un franc rire. D’autres cependant, riaient moins. C’était en effet le cas de Victoria qui voyait en cet homme un obstacle à ses propres ambitions personnelles.

Le signiore di Camarata toisa un instant bon nombre de seigneurs se trouvant à ses côtés puis il reprit parole :

« C’est simple. Nous vous suivrons. Nous signerons cette charte et si celle-ci ne suffit pas à dégager la petite alors nous constituerons une cour de justice pour la juger nous-même. A moins que tout ceci ne finisse en guerre civile. Néanmoins. Ce ne sera sous certaines conditions.
- Nous vous écoutons, très cher.
- Je me propose bien volontiers comme prochain Duc de Soltariel. Je gage que mes soutiens ici présents sont déjà fort nombreux.
- Que faites-vous du segniore di Pasi ? N’est-ce pas lui qui vient à être à la tête de votre mouvement depuis le départ du Duc ?
- Pasi s’est joué de nous, ma Dame, il n’a point hésité à se fourvoyer en soutenant la duchesse. Il voulait l’épouser figurez-vous et lui donner plus de responsabilités au sein du duché.
- Je vois. Et donc, vous avez décidé de prendre sa place, c’est bien cela ?
- Et cela vous dérange-t-il ?
- Aucunement, messire. Aucunement.  
- Alors soit. »

Un parchemin fit rapidement son apparition, un bout de papier sur lequel le segniore di Camarata déposa quelques mots : l’homme voulait que les conditions soient actées avant qu’une quelconque autre signature ne soit apposée sur la charte.

Deux parchemins passèrent alors de main en main ; le premier concernant Camarata, le second n’était autre que la Magna Carta en question. Tous signèrent sauf Victoria qui garda un instant le vélin entre ses mains.

La tente commença à se vider doucement ; chacun repartait vers ses propres appartements. Il ne resta bientôt plus que la Comtesse, seule avec le Duc en devenir -Si Néera le voulait-.

« Je vous sens réticente.
- Je le suis. Et je me dois de l’être lorsque l’on sait un minimum sur vous.
- Vous me flattez Ma Dame. » Dit-il alors qu’il s’approcha dangereusement de la jeune femme. Une fois à sa hauteur, il se pencha et l’une de ses mains vint agripper celle de Victoria. Celle-ci fulminait qu’il puisse ainsi la toucher sans sa permission ; mais il y avait beaucoup de chances que cet homme soit l’avenir du duché, autant ne pas le froisser trop rapidement.

« Une fois sur le trône, Victoria. Je saurais m’entourer d’excellents conseillers pour diriger avec moi ce duché. Vous avez fait preuve, et ce plus d’une fois, de vos talents Victoria. Je saurai vous offrir une place de choix. » Un léger sourire apparu alors sur le doux visage de la Dame qui avait finit par retenir sa respiration tant l’haleine puante de Giacommo était insupportable.

« Dans ce cas, Messire. Je serai folle de ne point vous accorder mon soutien. »

Ce qu’elle fit avant de repartir avec la Magna Carta qui comptait à présent 42 signatures.


Magna Carta Soltaari

Par cette présente Charte, nous faisons état des manquements et forfaits commis par les suzerains de Soltariel, duc et duchesse, Franco di Celini et Tibéria de Soltariel.

Par cette présente Charte, nous autres signataires nobles de Soltaar, demandons que procès soit soumis au couple ducal de Soltariel afin de répondre de leurs actes concernant leurs chefs d’accusations.

Par cette présente Charte, nous demandons la confiscation provisoire du duché de Soltariel par le pouvoir royal et nous soumettons la mise en place d'un conseil de régence qui assurera la direction du duché durant le temps que prendra le procès.

Le seigneur suzerain dispose de droits et de devoirs. Ces devoirs étant d’assurer la protection de ses vassaux, de respecter les droits de ses vassaux et de ne pas être auteur de félonie où d’acte de sédition à l’encontre du Royaume. Pour cela, nous autres, signataires de la Charte, accusons le duc Franco di Celini et son épouse Tiberia de Soltariel, d’avoir enfreint les règles et de s’être prémunis de non-droits.

Ces accusations sont les suivantes:  

-Non protection de la terre vassale d’Ydril, laissée à son sort pour affronter l’invasion d’Altiom sans Terres et du Roi de Naelis.

-Non-respect des règles élémentaires de la guerre navale en ayant outrepassé toute logique défensive dans l’établissement du blocus maritime. Celui-ci s’étant soldé par un échec, nous demandons les dédommagements nécessaires.

-Abus d’autorité, suivi d’un emprisonnement arbitraire et sans procès à l’encontre d’Angelina de Solaria, vassale du duché de Soltariel. Le procès équitable est un droit vassalique, qui en étant outrepassé lui aussi, démontre l’incompétence du pouvoir ducal et démontre ses abus et l'octroi de non-droit.

-La trahison du duc Franco di Celini, suite aux faits rapportés et étant survenus à Port-Cinglant. Nous demandons que le duc de Soltariel réponde de ses actes. En son absence, nous demandons à ce que ce soit son épouse, liée par les liens du mariage, qui en soit jugée responsable.

-Suspicion d’escroquerie à l’encontre de la couronne mais également à l’encontre des vassaux Soltaris ainsi qu’au Comté de Sybrondil. Nous demandons qu'enquête soit faite par la couronne.

Tout manquement et refus à la demande de jugement par la Cour des pairs du Royaume signera un déni de justice royale. De facto, la non-observation de cette demande formulée par les signataires de la Charte, donnera lieu à une réclamation de déchéance immédiate.

Par cette présente Charte, les signataires, demandent le protectorat royal afin d’éviter tout représailles excessifs et abusifs à l’encontre de leurs terres et de leurs personnes. La liste des signataires est non exhaustives et pourra être signée par d'autres seigneurs de Soltariel et des terres vassales ayant pris acte de cette Charte.

Les signataires de la Magna Carta Soltaari

Signore Cortès di Alcacio, Signore Cortès di Castigliani, Signore di Corellii, Signore di Giovanelli, Signore di Ponitii, Signore di Petroli, Signore di Tertia, Signiore di Lambruzzia, Signiora di Maldi, Signiore di Castelli, [+ 20 noms Sybronds], Signiore di Camarata, Segniore di Polvo, Segniore di Gentili, Segniore di Barizani, Signiore di Marissi, Signiore di Torres, Signiore di Perocco, Signiore Martirigi, [+4 noms Soltaris parmi les VS]

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