Victoria di Maldi
Ancien
Nombre de messages : 954 Âge : 124 Date d'inscription : 26/06/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 31 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: La révélation | Altiom d'Ydril & Aléandra di Systolie - Terminé Dim 29 Avr 2018 - 11:10 | |
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Jour 8 de la 1er ennéade Verimios, premier mois d'été An 10 du 11ème Cycle
Une seule brise aura suffi à pousser le bateau à voguer jusqu’à Velmone. Un vent léger qui menait ainsi la comtesse vers une rencontre des plus dangereuse. Non pas qu’elle craignait pour sa vie en rencontrant sa tendre cousine ainsi que celui qui empoisonne son esprit depuis maintenant plus d’un mois, mais ce qu'elle craignait, et ce, même si Victoria ne l’avouerait jamais, c'était de ne rien maîtriser durant cette rencontre. Car c’est bien là sa plus grande crainte depuis son ascension sur le trône de Sybrondil, depuis qu’elle a dû se battre pour ce qui lui revenait de droit, c’était de finir devant une situation qu’elle ne maîtrisait nullement.
Cette rencontre serait décisive, non seulement pour la vie de son cousin, Anzolo, mais également pour l’avenir du sud.
« Que l’on m’annonce à Sa Grandeur, Aléandra di Systolie, Comtesse d’Ydril. »
Le ton était froid et la demande calculée, prouvant ainsi qu’elle ne reconnaissait nullement le titre et la légitimité de cet Altiom sauveur de porcs. « Archontesse, votre Grandeur » s'empressa de corriger Eris di Iduma, ce chevalier que la Sybronde avait déjà rencontré lors de sa précédente entrevue avec Aléandra. Le garde personel de la Systolie était sceptique quant à la nouvelle visite de Victoria : il ne savait que penser d'elle. Bien qu'elle était l'une des seules hautes-nobles du Sud à accepter de parlementer, il savait bien qu'elle ne portait pas Altiom Zadar dans son coeur, et par extension peut-être, Ydril toute entière. Mais les traits grâcieux et le fort caractère de l'Apheloise avait de quoi plaire l'officier qui se contenta d'un simple sourire et d'une révérence avant de s'en aller quérir les maîtres du Comté.
On accueillit bien vite Victoria dans le donjon des Anoszia, qui n'y vivaient plus depuis un bon moment déjà. Sur les trônes siégeaient Aléandra et Altiom, venus d'Ydril spécialement pour la rencontre. Avant que sa cousine ne passe la porte de la grande salle, Aléandra chuchota à son "oncle" :
« Altiom, sois juste mais doux à la fois. Elle ne t'apprécie pas, alors donne-lui tort. Montre-lui que tu es là pour Ydril et non pour ton compte. »
- Ni pour l'gros rouge qui tache des Curzios, ni pour l'pavé du Val Guern, ni pour c'sauciflard au poivre vert à s'damner qu'nous fait la Jorasse, entendu. Le poing aux lèvres, sourcils froncés avec passion, le comte semblait cogiter à quelque vitale précision à son intervention. Faut qu'on en r'commande d'ailleurs. Du sauce, qu'il précisa. On a tapé dans la r'mise avant-hier a'c le Halv et Ninis, y t'les ont sééééchéééééés ! D'uneuh force : y a plus rien ! Vitale qu'on vous dit.
Lorsqu'elle gravit les marches menant au siège du pouvoir, Aléandra salua sa parente.
« Ma chère cousine, bien que les conditions ne soient pas louables, je suis heureuse de te rencontrer de nouveau. »
L'accueil était plus austère que la dernière fois, cependant il était sincère. La Vicomtesse de Marcalm aurait voulu une fois de plus se jeter dans les bras de la Maldi, mais l'importance de la visite, ainsi que le nombre de personnes présentes l'en empêchait.
- Tout autant que je le suis, votre Grandeur, fit le fils d'Ydril la voix chaude et enjouée, comme à jamais, une patte avenante en l'air, enchaînant : et cela qu'importe votre motif. Que vous soyez là pour négocier ou nous intimer, nous aurons à tout le moins eu une chance de papoter un brin avant de nous enfoncer des lances dans le lard ! La bravade se voulait rieuse, mais sourdait quelque chose de plus sombre. Bras sur les accotoirs, l'Altiom se raidit quelque peu, enfonçant sa croupe dans la cathèdre. Il ne remercierait la Maldi pour son traitement des caboteurs et mercantiers ydrilotes, qui n'était que justice, ne l'informerait encore du sort du sien parent, qui n'était qu'honneur, et la laisserait s'en enquérir d'elle-même. Lui siégerait, seigneur devant une serve qu'il autorisait à présenter sa doléance.
« Certains diraient qu’il faudrait être des plus courageux pour venir ainsi intimider l’ennemi sur son propre territoire. Personnellement, j’appellerais plutôt ça du culot, voir même de la stupidité. Or, je suis loin d’être bête. Vous l’aurez donc compris ; je suis venue négocier pour récupérer mon cousin. Mais avant tout, je réclame à le voir pour m’assurer de sa bonne santé. »
- D'autres encore s'offusqueraient, se vexeraient !, que l'on s'avançât à simplement considérer l'endroit comme "notre territoire", fit en retour le maître de céans, bien conscient de son statut de pestiféré notoire par-delà les douces frontières de l'Ydril et à l'évidence fort aise d'en jouer, mais ceux-là encore n'ont de proches à y rançonner, il est vrai. Pour l'heure, conclut-il un furtif rictus aux lèvres.Tordant alors une moue concernée, il vida sitôt son trônal étrier pour s'en filer vers quelque distante antisalle, sans que l'on se formalise trop dans l'assemblée. Ma foi tout un chacun avait selon toute vraisemblance eu, toute proportion gardée, tout loisir de s'acclimater tout son saoul de ses touillements. On ne lui en voudrait donc pas (trop) de déserter l'endroit en pleine réception diplomatique. Revenant bientôt en papotant tout guilleret avec quelque drôle, il fit : ne réclamez donc ce qui vous est dû, voici votre doux cousin, bien portant et, gageons, de fort belle humeur, tel que nous l'avons reçu ! Ledit drôle se révélant être le di Maldi en question. Prisonnier de notre extrace ne devrait avoir à craindre son traitement, et puis ! vous n'êtes encore nos adversaires, attendons donc le heurt du conflit pour nous traiter autrement qu'en amis !
« Si nous étions de véritables amis, jamais ne l’auriez-vous retenu contre son gré. » Claqua-t-elle alors que son regard se tourna vers son cousin, sondant sa condition physique et la mine sur son visage. Il semblait aller bien, du moins, le léger sourire ainsi que le hochement de tête de sa part rassurait Victoria. « Adonc, que réclamez-vous en échange de sa libération ? »
- Réclamer n'est pas mon fort Victoria. Et je n'ai à coeur de diviser, ni les familles, ni les terres. Ansalo est libre, et je dois bien vous avouer l'avoir utilisé comme prétexte pour vous encontrer.
« Si là était votre seul but alors je dois reconnaître que vous vous êtes doté d’un bien bel appât. Ma cousine vous a certainement révélé qu’il n’y a sans doute rien de plus important pour moi que la famille. » Mentit-elle avant de faire une pause. « Et donc, Altiom. » il s’était bien permis de l’appeler par son petit nom, alors pourquoi s’en priver ? « Pour quelles raisons souhaitiez-vous me rencontrer ? »
- Car le destin m'y pousse et la fortune m'y autorise. Avant cette guerre que nous nous livrerons bientôt, nous avons bien le temps pour un brin de causette ! Détonant salement avec la gravité de ses dires, l'apôtre paraissait, le plus sereinement du monde, pleinement détaché des horreurs qu'il invoquait à demi-mot. Comme si, paix en sa dextre et guerre en sa senestre, il avançait seul maître du moment. Je n'me fourvoie pas sur ma situation, je suis une bête à abattre aux yeux des détenteurs de la Couronne - et c'est d'jà là bien plus d'crédit qu'on n'm'accorda jamais du temps d'l'archontat ! Mais vous, qu'importe le sort qui m'y attend, survivrez à ce conflit. Pouce et index joints, l'autre main derrière le dos, l'Altiom volta dans un bref mouvement de cape et grelintement d'armure, se rapprochant de la belle, qu'on ne les entende plus à dix arpents à la ronde : vous qui me disiez n'être point sotte, avez sans nul doute percé à jour les manigances des Norrois pour s'accaparer les terres médianes, s'arroger la régence royale, s'immiscer en les affaires suderonnes, et légitimer leur mainmise sur les fiefs et domaines soi-disant usurpés. L'air sombre et entendu, il ajouta : et bien laissez-les faire. Mieux encore, aidez-les y.
« Ce que vous nommez manigances n’est que justice en réalité. Le sud a eu sa chance en la présence du Roy à Soltariel puis à Merval. Chances qui ont toutes été gâchées par une succession de trahisons et d’incompétences venant de la part des Soltaris. Kahina, Arichis, Tibéria et Franco. Ne vous leurrez pas Altiom, cela ne me plaît guère de voir que la couronne sera entourée essentiellement de nordiens mais jusqu’à présent, ils se sont montrés bien plus efficaces et compétents que les différents ducs et duchesses qui se sont succédé au trône de Soltariel.
Un médian reconquis, des terres royales remise au pas, un Roy dorénavant reconnu par tous avant que vous veniez fourrer votre nez dans les affaires Ydrilottes. Tout cela pour quoi ? Un fief acquis par héritage paternel et un autre confisqué suite à une haute-trahison ? Ydril aux Ydrilottes ? Ydril l’était jusqu’à votre retour. La couronne a permis à ma cousine de gouverner seule, et ce, malgré son jeune âge. Toutes les cartes lui ont été remise pour régner en paix sur son pays et enfin tisser un lien de confiance avec Soltariel et la couronne, lien qui aurait permis de racheter les fautes passées de votre pays, fautes qui, vous devez l’admettre, sont fort nombreuses. Mais au lieu de cela, vous menez non seulement ma cousine mais également le pays tout entier vers une énième guerre perdue d’avance. »
Elle s’arrêta quelques instants, perplexe quant à la dernière phrase que prononça Altiom.
- L'y ai-je seulement menée. Un regard vers sa douce trônant là-bas, impériale sur sa cathèdre, une moue rassurante et un clin d'oeil, le drille reprit sans cesser de la fixer : c't'un sacré p'tit bout de femme que notre cousine Victoria. Ramenant ses azurs sur l'Émeraude : jeune, mais déjà habitée du même feu que son frère, que tous les Dragons. À la vérité, Ydril s'embrasait déjà bien avant ma venue. C'est tout ce qu'est mon pays depuis la mort de Silpheed, un grand feu qu'on ne sait plus éteindre. Cette guerre arrivait sachez-le, avec ou sans moi.
« Je ne sais point ce que vous manigancez, Altiom, mais il est encore temps de ne pas mener le pays si cher à vos yeux, à la ruine. Avez-vous seulement pensé un seul instant à ce qu’il adviendra de vos terres, de vos cités, de vos gens… de notre bien aimée cousine ? »
- ET À QUOI D'AUTRE ? gronda tout soudain le comte, son tonnerre secouant l'assemblée, ébranlant la salle aulique. Elle est tout ce qui me reste au monde foutredieu ! Il eut une pause. Vous voyez en moi un seigneur de guerre, un conspirateur, un fou. Je sais être pire encore, mais j'ai été homme de paix, voyageur et rêveur avant cela. Il n'est rien que je n'aie tenté pour sauver Ydril de la ruine croyez-le, et peut-être ai-je même cru réussir en lui apportant la stabilité sous l'archontat, mais ce n'était pas une paix. À peine un sursis. Après Inès ne restaient rien que des braises couvant sous un pays de cendres, attendant le prochain vent de folie. Et tout cela n'a fait qu'empirer depuis. Le Sud est mené par une parodie de noblesse plus intéressée de savoir quel vin l'on servira pendant sa petite orgie du soir que par les réalités de ce monde. Ça piaille, ça couine, ça ricane comme des dindes en se racontant la dernière histoire de coucherie de l'arrière-petite-cousine au troisième degré de la grande-tante de la baronnette de mon cul et ça s'émeut à peine de savoir que nos Marches ont été ravagées des mois durant par tout un ost noirelfique ! Ça se gausse des derniers velours et soieries d'Estrévent sans s'inquiéter d'y voir pulluler toute une bande de conjurés chaotiques, sans s'imaginer toutes les folies, tous les périls de l'en-dehors qui ne font que croître tandis que la Péninsule décline. Mais le Nord lui sait tout cela. Vous le dites vous-même, ils ont su ramener l'ordre, se sont montrés plus efficaces et compétents qu'aucun des nôtres. Parce qu'eux savent avec quelle urgence notre Royaume a besoin d'unité, quelles horreurs s'éveillent au loin. Ne vous inquiétez donc point de les voir cerner la Couronne, c'est là bien moindre mal que ces culs plumés de Soltaris. Notre race n'est bonne qu'à se déchirer au dernier sang, et je dois le prouver une ultime fois aux hommes des Marches. Ydril doit être le dernier argument. Lorsque les bannières du Septentrion flotteront des Monts d'Or aux plages de Calmerrèse, lorsque l'entièreté de la Péninsule sera gouvernée par les Norrois, alors vraiment nous aurons la paix, et notre Royaume une chance de perdurer face à ce qui s'en vient. Il n'y a pas d'autre voie pour mettre fin à la guerre que la guerre.
« Donc voilà votre plan depuis le début ? Permettre au nord de gouverner tout le royaume ? Des nordiens partout ? Au médian ainsi qu’au sud ? Des nordiens entourant la couronne ?! Des Nordiens foulant nos terres pour les saccager ? Certes, je coinçois que Soltariel s’est montré des plus incapables depuis plusieurs années maintenant, est-ce pour autant une raison d’abandonner notre pays à ces barbares venus du nord ?! Ils ont montré beaucoup de bravoure face à l’invasion noirelfique ainsi que lors des guerres qui ont suivi, MAIS, Altiom, MAIS, cela est leur DEVOIR ! Le Nord fait office de bouclier, son devoir est d’être des plus militarisé pour ainsi faire face à toute menace ! Le devoir du SUD, LUI, est d’entretenir des échanges commerciaux florissants pour ainsi permettre au Royaume d’avoir une économie stable ! Lorsque le nord fait face à une perte économique causés par ses multiples guerres, le sud est là pour renflouer les caisses ! J’estime donc que lorsque le sud fait face à une invasion à laquelle nous ne sommes NI préparés, NI habitués, le nord se DOIT de nous venir en AIDE et non en profiter pour nous GOUVERNER. Il est hors de question, vous m’entendez ? Hors de question que je laisse un quelconque nordien s’immiscer dans notre politique ! »
- Cela a déjà commencé. On a reçu le Grand Chancelier de Wenden à la cour ducale, combien de temps avant que ne suivent les osts royaux et tous ces seigneurs de delà l'Avosne ? L'homme sembla s'affaisser. Notre devoir voilà longtemps que nous ne le remplissons plus. Nous avons abandonné le Nord, nous nous sommes repliés sur nos intrigues, nos frontières, nous avons laissé le Royaume se morceler, laissé cette intrigante d'Ys tisser sa toile et répandre ses miasmes, laissé l'Anoszia user de notre Souverain comme d'un pauvre pion. Il n'est pas un seul de nos suzerains dont je puisse parler avec fierté Victoria, je n'ai plus foi en les nôtres. Je n'ai pas non plus foi en ceux qui entourent aujourd'hui le Roy, l'autre pauvre quiche d'Olysséane n'est peut-être plus mais ses sbires se sont passé le flambeau. Las je ne possède pas plus les forces pour défaire cette cabale maintenant que je ne les possédais pour déchoir Arsinoé alors. Mais je puis encore donner le Sud au Nord, leur donner l'ascendant sur les terres, qu'ils puissent l'obtenir à la cour. Je ne connais guère ces seigneurs des Marches, le Brochant comme le fils Saint-Aimé, mais ils ne sauraient être pire conseillers que les derniers suivants de la feue reine mère ! Et eux préparerons le Roy à affronter le vrai ennemi, celui qui attend par-delà l'Aduram. Se réchauffant tout soudain, un grand sourire accroché au museau, voilà qu'il fit : ah mais n'tirez donc pas cette sombre mine ! Je n'compte pas non plus leur laisser embarquer le morcif si aisément ! Et je sacrifierai aussi peu qu'il me sera possible dans cette folle guerre. Mon peuple, notre cousine, je les préserverai. De cela je vous ferais bien le serment devant les Cinq, mais semblerait qu'l'on soit quelque peu en bisbille récemment, bah ! je puis à tout le moins jurer sur l'honneur !
Victoria resta muette, stupéfaite par ce qu’elle venait d’entendre. Son regard se posa ensuite sur Aléandra puis elle s’approcha de sa cousine. « Je t’en conjure, Aléandra, rentre avec moi. Tu vois bien que cet homme s’est abandonné à la folie ! » Devant le refus de sa tendre petite cousine, Victoria se sentit tomber dans le vide. D’un geste rapide et vif, la Comtesse prit la seconde dans ses bras. « Vient avec moi, je t’en prie. » Supplia-t-elle une dernière fois, mais la jeune Aléandra avait fait son choix : ce serait Altiom, et ce sera lui jusqu’à la fin. « Dans ce cas, je ne peux te dire qu’adieu. »
Victoria s’écarta soudainement puis se dirigea vers la sortie. Mais avant de franchir la porte, elle se permit une dernière réplique : « Je peux vous promettre Altiom que cette guerre sera gagnée par vos plus proches voisins et que j’évincerais tout nordien s’approchant de trop près d’un quelconque trône suderon. »
La Comtesse s’en alla avec son cousin sous le bras bien déterminée à tenir sa promesse. Que les nordiens se satisfassent déjà de posséder la couronne, mais le sud; jamais ils ne l'auront.
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