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| Rôti II [Rody] | |
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Thibaud de Kelbourg
Humain
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| Sujet: Rôti II [Rody] Sam 5 Mai 2018 - 9:31 | |
| RÔTI II LE RETOUR A l'heure de bouffer, l'odeur pestilentielle disparaissait pour laisser place à celle de la mangeaille. Point partout, certes, mais il était bon d'arpenter les ruelles rien que pour se laisser enivrer par la goûteuse effluve d'une barbaque sur le feu, où d'autres joyeusetés. Qu'y avait-il de mieux qu'un cochonnet cuisant à renfort de sauce sur sa broche ? La campagne n'avait pas seulement été éprouvante pour l'esprit, mais aussi bien pour les bides. Dès que les premiers jours dédiés à la picole étaient ainsi passés, les hommes se mirent à changer de cap pour tenter d'apprécier les mets qui différaient exponentiellement de ceux du nord. Là, les épices recouvraient les plats et donnaient de nouvelles odeurs, de nouveaux goûts. L'on avait souventefois l'impression de n'être qu'un mioche apprenant à manger. C'était du moins l'impression générale qui régnait dans la troupe, puisque les noblions comme Thibaud, savaient un minimum différenciait le sel et le poivre. Que d'ignares chez ces nordiens ! Leur rudesse venait de rencontrer brutalement la douceur du bas pays.
A l'image de la bouffe, les nordiens avaient également cette même rudesse lorsqu'ils arpentaient les ruelles. Les diantrais en avaient peur, c'était certain. L'on voyait en eux des côtes d'agneaux crues et sans sauce, clairsemées de radis encore plein de terre. Il n'y avait qu'à voir sa gueule lorsqu'il déambulaient accompagné des siens pour comprendre que la métaphore n'était finalement pas si éloignée de la réalité. Car au fil des jours, les diantrais avaient appris à connaître cette silhouette mal-odorante et menaçante. Sans compter sa réputation qui l'avait précédé avant son arrivée, là, les femmes se servaient de lui à la nuit tombée pour forcer leurs gamins à s'endormir ; sous peine d'être enlevé par le boucher de Kelbourg afin d'être mangé.
Ce n'était pourtant pas d'enfants qu'il avait faim en cet instant, seulement d'une bonne viande gorgée de sang. Lui et ses quatre fidèles les plus fous, filèrent donc à la recherche d'une prestigieuse enseigne dont on lui avait vanté la qualité. La taverne n'était qu'à quelques lieux du Palais-Royal, en plein dans les beaux quartiers. Pour sûr, il allait falloir aligner la maille et fouler les beaux pavés. Car là, les mendiants et autres clodos se faisaient moins nombreux. Le guet s'en assurait ! (C'était d'ailleurs le seul point qu'ils géraient). Non non, là bas, ça se pavanaient et tortillait du cul pour montrer que l'on était important. La noblesse diantraise avait encore cette fierté, malgré toutes les merdes qu'elle s'était prises dans la face. Bientôt, son attention concernant les fesses et les nichons des dames se concentra sur une toute autre chose : La taverne du Roi Guodibert !
Illustre enseigne de la gastronomie diantraise, sa réputation n'était plus à faire et il n'était point rare d'y voir de grands seigneurs. L'on disait même que le fameux Guodibert y avait vu tellement de culs de la haute, qu'il s'était dédié un mur où l'on pouvait voir des édits royaux signés et cachetés. Des copies, sans nuls doutes ! Mais cela pouvait tout de même envoyer du boudin. Hormis la façade, somme toute banale pour un simple hôtel particulier, ce sont les deux hommes armés juste en face de l'entrée qui attirèrent son regard. L'un d'eux portait la bannière royale, tandis que l'autre tenait celle du cheval des Wenden. Il eut si-tôt un sourire bien trop carnassier pour un simple homme cherchant pitance.
Il salua les deux clanpins qui montaient la garde. Aucun des deux ne le reconnut. La bonne chance!A l'intérieur, toute autre ambiance. La noblesse toute entière semblait s'y être donnée rendez-vous. Ils étaient habillés de beaux vêtements et sentaient même des odeurs inconnues au bataillon. Le plus étonnant dans tout cela était probablement de voir que des nordiens se mélangeaient aux genses d'ici. Ceux-là disparurent pourtant bien vite. Surtout lorsqu'il aperçut le dos de celui qu'il s'était imaginé trouver. Roderik de Wenden, entouré de ses petits sbires ! Ses pas, lourds et bruyants, ne manquèrent pas de faire pivoter quelques regards mêlant autant la peur que le dégoût. A la tablée du chancelier, les gars pointèrent leurs nez à leur tour dans sa direction, cherchant probablement à déterminer s'il venait en ami où en ennemi. Sa main se posa brutalement sur l'épaule de l'arétan, provoquant une levée subite des autres.
– Woh ! Woh ! Doucement les agneaux, la guerre est finie !
Était-ce un moyen de jeter une pierre à la gueule de ces hommes pour leur faire comprendre qu'ils avaient raté la guerre ? Il y avait de fortes chances.
– Foutre-dieux ! Par tous les saints chiés par notre bonne mère, regardez qui voilà à Diantra, Wenden le Chancelier du Roy ! L'on m'avait dit que vous étiez en vie, mais je n'y croyais pas, mentit-il. Combien ai-je versé de larmes à la nouvelle de votre mort, Roderik !? J'en ai même été jusqu'à aller prier la voilée pour qu'elle vous fasse une place de choix à ses côtés. Pour sûr qu'elle aussi doit avoir moult vélins divins à cacheter ! Mais vous êtes là, en chaire et en os. Plus en chaire d'ailleurs ! Mais c'est là le sort qui attend tous les hommes partant à la découverte des bonnes saveurs suderonnes, n'est-ce pas ?
Il contourna la table pour venir fourrer son cul en face du Chancelier. Les gardes de Wenden, ne comprirent probablement point son second degré et ne virent en lui qu'un pauvre seigneur heureux comme tout de revoir un vieil ami.
– Mais vous voilà, avec le Roy dans vos bagages. L'on m'a dit que vous aviez fait forte impression lors de votre arrivée dans la cité. Quel fantastique moment que celui-là ! Le Roy, enfin chez lui, ramené par.... vous Roderik ! Il lorgna sur l'assiette de son voisin où un merveilleux rôti l'attendait. Ainsi donc, vous êtes venu pour le Concile j'imagine ? A moins que... il fit semblant de parler tout bas en cachant sa bouche à l'aide de sa main ... à moins que vous ne soyez venu pour une autre besogne... Qui devons-nous tuer ? le Brochant ? La pucelle de Langehack ? Dites moi tout Roderik, je suis votre homme ! Ah ah ! TAVERNIER, UN RÔTI !
Là aussi le message serait subliminal et sûrement compris que par un seul homme. Car avant que l'arétan ne se pavanne dans le Lys et dans la droitesse, ce dernier s'était aussi montré fort habile et imaginatif pour écarter les Saint-Aimé du pouvoir afin de s'emparer du marquisat. C'était là donc un moyen d'aborder avec lui un petit moment de nostalgie.
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| | | Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Rôti II [Rody] Mer 9 Mai 2018 - 14:00 | |
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S'il était un homme qui savait combien la réputation sinistre du sire de Kelbourg était fondée, c'était bien Roderik de Wenden. Oh oui, oh que oui. Oui.
Tous deux s'étaient cotoyés en Oësgardie quelques années plus tôt. A l'époque où Roderik menait les Arétans en campagne en qualité de Sénéchal d'Arétria, Thibaud de Kelbourg commandait le contingent berthildois venu les renforcer. De compagnons d'armes, ils avaient renouvelé leur association au sein de la faction des séditieux, lorsqu'ils avaient cherché à défaire la maison de Saint-Aimé du marquisat de Sainte-Berthilde - ne récoltant à cette occasion qu'un demi-succès. Leurs éphémères alliances ne les avaient pas vraiment amenés à développer de franche camaraderie ; pourtant, à la manière dont Thibaud de Kelbourg vociférait son nom, attirant sur eux toute l'attention des clients de la taverne du Roi Guodibert, on les aurait imaginés cul et chemise. Du moins tant que l'on ne remarquait pas l'air extrêmement gêné, paniqué presque, de Roderik. C'est que, non content de proférer de dangereux sous-entendus, Thibaud de Kelbourg était Thibaud de Kelbourg. Et cela suffisait pour foutre la trouille au plus courageux des hommes.
« Thibaud de Kelbourg ! » s'exclama Roderik après un moment de mutisme aussi long que gênant, et il se leva de table, les bras grands ouverts, sans pour autant se rapprocher du seigneur nordien - la table, par bonheur, le séparait du boucher de Kelbourg. « Allons, allons, quel plaisantin vous faites, nous n'allons tuer personne voyons ! » Il enchaîna d'un long rire jaune, car il avait parfaitement saisi le sous-entendu. Puis : « c'est bien dommage, nous allions justement partir... - Partir ? s'étonna l'un de ses commensaux. Nous venons à peine d'arriver, seigneur... »
Roderik foudroya l'importun du regard, puis, revenant à Thibaud, s'efforça de sourire à pleines dents et à s'en faire péter la mâchoire.
« Je voulais dire, nous devrions changer de table... pour être à la même que vous, quoi, *hem* ! Mais à la réflexion, c'est plus simple si c'est vous qui nous rejoignez. Faites de la place pour le sire de Kelbourg, messires, il est mon invité ! HOLA, TAVERNIER ! Ce sera aussi un rôti pour moi ! »
Il se rassit. Eh merde. Pourquoi fallait-il qu'il tombe dans ce genre de traquenard ? N'aurait-il pas mieux fait d'éloigner l'importun ? Non, il préférait éviter de s'aliéner ce type. Restait à espérer que le repas se passe bien, mais Roderik crevait de chaud. Le temps estival, couplé à la chaleur des fourneaux qui se répandait dans la salle, le fumet de viande grillé, le brouhaha de l'établissement bondé rendaient l'atmosphère irrespirable, et l'Arétan s'en trouvait fort tendu. Il dut déployer des efforts surhumains pour tenter de faire bonne figure.
« J'ai appris que vous aviez accompli au sens littéral votre voeu de l'an passé, Messire de Kelbourg. Les clés du Médian ont été déversées dans les rues de la ville. C'est là une grande victoire. Dites-moi, avez-vous des nouvelles du Sénéchal ? J'aurais aimé pouvoir trinquer avec vous deux à vos exploits médianais. Combien de traîtres avez-vous pu occire, Thibaud ! Il me plairait de vous entendre me le conter. »
Depuis son arrivée à Diantra, Roderik avait trouvé un Sénéchal plus taciturne qu'il ne s'y était attendu. Une attitude qui l'étonnait, et l'inquiétait même. Ce n'était pas normal, et tout ce que Brochant faisait d'anormal était source de grandes incertitudes. La manière dont l'ost nordien avait pris la ville illustrait déjà cette étrangeté : Brochant aurait dû entrer dans la ville en héros, transformer l'événement en petite démonstration de force personnelle, en faire un triomphe à sa propre gloire ; c'était du moins ce que Roderik avait cru que Brochant ferait. Au lieu de quoi, selon les informateurs de Roderik, Brochant était apparu plutôt effacé, laissant ses compagnons d'armes briller au moins autant que lui sinon plus. Le bon peuple diantrais ne s'y trompait pas, craignant davantage l'ombre de Thibaud de Kelbourg que le nom du Sénéchal. Se pouvait-il donc que Brochant ait mené la guerre du roi sans la moindre arrière-pensée ? Allait-il se retirer maintenant dans son marquisat du nord ? Roderik n'en savait foutrement rien, et il gageait que Thibaud de Kelbourg n'en savait pas davantage. Mais, contrairement à lui, Kelbourg avait été son compagnon de route au cours des derniers mois. Il ne devait pas manquer d'histoires à raconter.
Dernière édition par Roderik de Wenden le Mer 16 Mai 2018 - 18:20, édité 1 fois |
| | | Thibaud de Kelbourg
Humain
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| Sujet: Re: Rôti II [Rody] Ven 11 Mai 2018 - 10:16 | |
| L'arétan s'était ramolli du gland. Il n'avait eu qu'à voir son attitude et à l'entendre jacter pour s'en apercevoir. Le sud l'avait rendu mou, sa mort aussi peut-être. Qui pouvait se targuer d'être ressorti de l'entre de la voilée frais comme un gardon après tout ? C'était-là tout bonnement le destin qui attendait Wenden. Celui de devenir un futur gros père à la libido défaillante, courant les petites pucelles de ses seigneurs. Bien vite, l'arrivée des rôtis chassa ses déceptions. La perspective d'un bon repas l'attendait. Personne dans ce royaume, n'aurait pu lui en retirer la joie. Mais sans même l'avoir attaqué, il fut atteint d'une profonde désillusion. Le rôti n'avait rien à voir avec celui de pépé Roger ! Oh que non. L'odeur n'était point la même, l'apparence non plus. Il se risqua à planter sa dague en plein de dedans pour s'en couper une tranchette. Il la prit avec ses doigts pour la tremper dans la sauce avant de la mettre à sa bouche. Le goût était bien différent. La texture aussi. L'on eut dit que la viande avait été cuite, puis recuite, puis re-recuite. Un crime abjecte ! Voilà de quoi il venait tout juste d'être victime. Pis encore, le porc qui se tenait – en partie – devant lui, avait été sacrifié pour être servi sans respect de la cuisson et du goût, à des papilles probablement trop habituées à la luxure et aux vices !
Il était en rogne. Une mouche en fit les frais lorsque son poing vint s’aplatir sur elle juste devant le Wenden. Ce fut au même moment que ce dernier en vint à lui demander des nouvelles du Brochant... S'en était trop. Qu'une deuxième mouche se pose devant lui et elle se ferait éviscérer de la plus odieuse et horrible manière.
– Combien de traîtres, vous dites ? S'enquit-il en levant des yeux rouges. Point assez, vous vous en douterez, Roderik. Quant au Brochant, qu'en sais-je ? Il doit être en train de se pavaner dans les ruelles de Diantra pour montrer à tous que l'on ne pourrait probablement pas se passer de lui en cas de nouvelle guerre.
Il recracha un bout de gras sur le côté, touchant presque l'un des hommes du Chancelier.
– Après tout, le corbac a mené cette guerre d'une main de maître puisqu'il n'eut presque aucune perte à déclarer dans ses rangs. Un malin ce loustic ! Très malin. L'homme devrait changer sa devise pour la remplacer par « laissez ses alliés s'affaiblir pour mieux régner ! ». C'est que vous ne devez sans-doute point l'ignorer, Roderik, mais tandis que nous dégustions dans le Velteroc, le corbac traversait quant à lui l'ancenois et l'esterien en se refaisant une santé.
Il aurait été téméraire de reprendre la parole suite à ses propos. Que des fidèles du corbac l'entendent en cet instant et il leur aurait refait le portrait. Thibaud avait juste été écoeuré que les berthildois soient les seuls à payer tandis que les serramirois, pourtant supérieur en nombre, avaient attendu sagement la fin des festivités pour venir se rajouter comme des fleurs.
– Mais ce n'est pas le pire, Roderik, rajouta-t-il en annonçant la couleur pour la suite. Si vous voulez une histoire, écoutez donc celle-là, elle devrait vous plaire. Êtes vous au courant des événement survenus à Beltrod ? Non pas celles concernant les décapitations sur la Grand-Place, ni les têtes empalées sur les créneaux. Non, savez-vous ce qu'il s'est passé à notre arrivée dans la cité ? Les ponts menant au sud du comté avaient été détruits, empêchant ainsi à nos troupes de franchir le Melian. Il fallut traverser ce foutu fleuve en amont, dans un petit village nommé Valdrant. Ça vous parle ça, pas vrai ? Tandis qu'on franchissait un pont en bois fin comme un clou, l'ost de Velteroc nous est tombé sur la gueule. C'était prévisible, ce pourquoi des hommes ont payé de leur vie pour les défaire. Et vous me connaissez, Roderik ! Ces roublards, je les attendais avec grande impatience. Alors après la mêlée, devinez quel connard je me suis fait ? Le Sénéchal en personne, Hanegard Kastelord. Le fidèle bras droit de notre manchot bien aimé. Je me suis vraiment intéressé à lui lorsque nous avons posé les tentes devant Rochenoire. Je devais savoir si ce peigne-cul était derrière la destruction des ponts. Après l'avoir travaillé longuement et avoir pris mon temps, comme d'habitude, l’honorable Kastelord s'est mis à chanter, jurant qu'aucuns velteriens n'étaient derrière la destruction des foutus ponts de Beltrod.
En s'arrêtant un instant, il vit que tout le monde l'écoutait parler autour de lui.
– Ouais, je sais bien, impossible de les oublier ces ponts ! Mais pour revenir sur Kastelord, vous apprendrez qu'après notre très long entretien, c'est cet homme qui a pris la vie du manchot durant les pourparlers. Toujours se méfier de ses amis, n'est-ce pas ? Surtout lorsqu'il passe par moi juste avant... ha ha ! Ça aurait pu s'arrêter là. Mon pied sur la gueule du manchot gisant dans son propre sang. Mais non, voyez-vous ! Les ponts de Beltrod revenaient encore et encore. Alors j'appris par la suite que l'eracien avait récolté quelques informations, et pas des moindres. Il avait carrément retrouvé les saboteurs, vous y croyez à ça !!! Même pas besoin de leur faire cracher le morceau, les mercenaires se mirent à déblatérer contre quelques promesses pécuniaires. Et là, qu'apprenions-nous ? Qu'un espion venant du sud du Royaume avait versé une somme colossale à six pauvres cloches ! Ça alors ! Qui donc aurait pu disposer d'une telle somme ? Un petit baronnet ? Que nenni ! Un riche marchand ? Arf !
Il savait d'où venait Roderik. Ce n'était un mystère pour personne. Le Grand-Chancelier avait établi ses quartiers dans le sud du Royaume. Invité à loger à la cour royale de Merval. Puis à la mort de l'Angleroy et à son retour parmi les vivants, il s'en était allé à Scylla avant de mener quelques escapades dans le soltaar. Etait-ce lui le coupable ? Pour sûr, il y avait songé, mais s'était finalement ravisé en se disant que l'homme n'aurait pas été jusqu'à aller risquer la vie de sa soeurette et de ses ouailles arétannes.
– J'ai appris les déboires du couple ducal de Soltariel. Il paraît même que vous revenez de là-bas. On dit que ça chauffe et non pas seulement entre l'Ydril et ses suzerains. On dit que le duc a fuit la péninsule pour rejoindre l'estrevent et que son épouse se retrouve acculée par ses plus proches vassaux. Avec autant de coïncidences, vous comprendrez assurément pourquoi j'y ai envoyé mes limiers afin de retrouver toutes les preuves pouvant révéler la culpabilité de ces putains de suderons !! Et je puis vous assurer, Roderik, que ce monde ne saurait être suffisamment vaste pour protéger celui où celle qui aura voulu nous la faire à l'envers !
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| | | Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Rôti II [Rody] Lun 14 Mai 2018 - 10:51 | |
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Abstraction faite de son langage plutôt imagé, Thibaud de Kelbourg tenait un propos riche en informations. Tout en inhalant l'odeur de la viande, les coudes sur la table et n'osant attaquer son rôti malgré les appels insistants de son ventre, Roderik prêtait à son vis-à-vis une oreille attentive.
Il apprenait là que les alliés du Sénéchal tenaient à l'encontre de celui-ci une animosité latente ; le marquis de Serramire les aurait donc pris pour des jambons ? Intéressant. Roderik ne dit rien, mais il garda l'information en tête ; cet élément pouvait fort bien faire pencher la balance en faveur de ses propres ambitions le jour du Concile, car il savait que le Sénéchal était son plus sérieux rival dans la course à la Régence du Royaume.
La suite prit Roderik de court ; en fait, elle lui explosa en pleine face, tant et si bien qu'il en oublia d'un coup le Sénéchal et le rôti qui lui faisait de l’œil - le rôti seulement lui faisait de l’œil, pas le Sénéchal. Il en eut le souffle coupé en même temps que l'appétit. Mordieux ! Il sourcilla en imaginant que le sire de Kelbourg était sur le point de l'accuser du sabotage des ponts, tout en reconnaissant bien que les circonstances rendaient la chose plausible - mais il était innocent ! Il avait été l'un des premiers à condamner les ambitions de Velteroc, pourquoi aurait-il cherché à entraver la main de la justice ? Il ne mit pas longtemps à comprendre que Thibaud de Kelbourg soupçonnait en réalité quelqu'un d'autre, et devinait aisément qui. Soltariel.
« Le duc de Soltariel ne m'a jamais inspiré confiance», confia Roderik. « Je lui ai retiré sa charge d'Amiral dès que le roi s'est trouvé en sûreté à Laréor. L'homme était un arriviste de première. Il a pris la fuite quelques jours après, et on n'a pas mis longtemps à comprendre pourquoi. Je n'avais pas connaissance de ce que vous venez de m'apprendre, Thibaud, mais la liste des infamies à mettre à son actif était déjà aussi longue que le bras qu'il va se prendre dans le cul le jour où l'on remettra la main sur lui. » Il cilla, alors que l'étonnement gagnait la tablée ; avait-il vraiment dit ça ? Mince, la grossièreté de Kelbourg est contagieuse. « La gronde des vassaux à Soltariel gagne de jour en jour. Les forfaits du duc et sa fuite en ont fait un paria, à tel point que certains réclament la tête de son épouse. Il y aura procès, Thibaud ; la duchesse a déjà accepté de se soumettre au jugement des pairs et jure ne pas avoir eu connaissance des méfaits de son mari. Le jugement des pairs tranchera la question de savoir si l'ignorance est coupable ; cela attendra le temps du Concile, mais en tous les cas, cette affaire de sabotage ne restera pas impunie, croyez m'en. Franco di Celini peut chercher refuge jusqu'au Puy d'Elda si ça lui chante, il paiera ses actes d'une manière ou d'une autre. Je n'aimerais pas être à la place de ses proches parents, les pauvres ; la dernière fois qu'un homme a été condamné pour crime de lèse-majesté, sa famille a perdu jusqu'à son nom. Ses frères, sœurs, cousins, oncles et tantes, nièces et neveux doivent le haïr. »
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| | | Thibaud de Kelbourg
Humain
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| Sujet: Re: Rôti II [Rody] Sam 19 Mai 2018 - 14:00 | |
| Adonc le Soltaar était devenu un merdier incommensurable. Une chance qu'on ne lui ait pas mandé d'y mener d'hommes. Le sud tout entier aurait été en flamme. Mais à eux seuls, ses limiers ne tarderaient pas à leur faire comprendre que son absence ne serait qu'une simple façade. Il y avait une véritable utilité à disposer d'yeux et d'oreilles dans les quatre coins du royaume, se dit-il. C'était là le meilleur moyen pour faire tomber des ambitions et d'autres foutus projets à la con. A commencer par ceux du duc et de la duchesse de Soltariel ; qui pour le premier ne cesserait jamais d'être traqué dans les moindres recoins, et pour la seconde qui écoperait potentiellement de toute la fureur vengeresse du nord. Pour autant, le jugement de cette dernière devant tous les pairs du Royaume ne manquerait d'apporter une occasion en or afin d'y débouler l'accusation des sabotages. Quelqu'un paierait de toute manière. Si l'un était absent, l'autre morflerait. C'était ce qu'on appelait la loi du Nord.
– Ignorance mon cul ! Pensez-vous réellement qu'un simple « Excusez-moi, je ne savais pas » empêchera le nord de faire table rase, Roderik ? Si les faits sont avérés, nous ne parlerons plus de petite bêtise où d'un simple crime, mais d'une véritable déclaration de guerre, vous m'entendez ?
Il était furieux encore. Beltrod lui était resté en travers de la gorge. Il avait bien essayé de fumer toute l'herbe du gouverneur pour s'apaiser, mais celle qu'il fumait aujourd'hui n'avait plus guère les mêmes effets. De nouveau, il pouvait exploser à n'importe quelle petite contrariété. S'il avait été une femme, on l'aurait soupçonné d'être en pleine période de menstruation. Heureusemeniet que le rôti – même pas bon – était là pour rattraper le coup. Un peu plus et il allait planter sa dague dans la table.
– Que le sud prie tous les saints du monde pour que je n'y mette jamais les pieds. Car je ne saurai me restreindre à châtier seulement les coupables, professa-t-il sans l'ombre d'une retenue. Ma foi, ce serait bien une purge qu'il leur faudrait à ces sodomites.
Le plus déconcertant était probablement de voir qu'il parlait avec une grande sincérité. Son visage, tempétueux, se transforma pourtant bien vite pour laisser apparaître une mine enjouée et radieuse. Le voir passer d'un état à l'autre en seulement quelques secondes pouvait là aussi interroger sur son état psychique.
– Cessons de parler de choses qui fâchent, Roderik. La meilleure nouvelle est que vous soyez revenu d'entre les morts. Pour ce, laissez-moi vous payer à boire. Il vous en faudra plus que de raison si vous souhaitez affronter demain toutes les grandes pontes ! D'autant plus que vous avez là une grande chance de m'avoir trouvé ce jour d'huis. J'ai avec moi, quelques petites douceurs qui devraient vous ravir.
Il posa une petite outre sur la tablée, qui à peine ouverte, se mit à répandre une odeur bien acide.
– Rien de mieux que ça pour vous ôter l'odeur pestilentielle de Diantra. Goûtez donc, vous m'en direz des nouvelles.
Ce breuvage, il l'avait gagné contre un des rares hommes rapportés d'Oesgard. Le gaillard était resté bien mystérieux concernant les ingrédients du nectar. Tout ce qu'il y avait à savoir, c'est qu'il suffisait de ne prendre qu'une seule rasade pour se laisser transporter. Le gars avait appelé ça « la pisse de chamane ». Mais ça, il se garda bien de le dire au Chancelier qui tâchait encore de faire bonne impression devant ses ouailles. Alors il attendit sagement que l'arétan mette l'outre à sa bouche pour envisager d'aborder les futures questions. Chaque chose en son temps. Faire parler un homme était une discipline qu'il affectionnait grandement.
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| | | Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Rôti II [Rody] Lun 21 Mai 2018 - 10:32 | |
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Pauvre Tibéria, songeait Roderik en écoutant le seigneur de Kelbourg dégobiller sa rage. C’était une chance pour la duchesse que cet inquiétant personnage ne siégeât pas au tribunal qui statuerait sur sa culpabilité, mais à bien y réfléchir, elle ne serait pas tellement mieux lotie avec les autres. Brochant n’était pas connu pour sa mansuétude, lui qui avait reproché à Roderik d’avoir composé avec certains traîtres à la repentance tardive et calculée, à l’image de Niklaus d’Altenberg. Saint-Aimé avait failli épouser une suderonne, mais restait probablement traumatisé par l’expérience, et si cela ne suffisait pas, son sens aigu de l’honneur et du devoir pardonnerait difficilement l’ignorance de la duchesse. Roderik ne savait que penser du marquis d’Odélian, mais la manière dont il avait maté les rebelles à Etherna annonçait tout autant la couleur. Pauvre Tibéria. Il avait tenté ce qu’il avait pu pour elle, et tenterait encore, car la détresse de la dame l’avait ému, touchant la corde sensible de son esprit chevaleresque, mais il voyait finalement assez peu d’espoir pour elle. Il se souvint qu’elle l’avait pratiquement demandé en mariage ; eut-il été sot et déraisonnablement ambitieux, il se serait laissé attirer par la promesse d’un titre ducal et aurait plongé tête la première dans une gigantesque cuve à emmerdements. C'eut été aller chercher bien des ennuis entre des cuisses qui avaient déjà largement été visitées.
Il songeait encore à la duchesse bien après que Thibaud de Kelbourg ait changé de sujet. Haussant les sourcils devant l’étrange breuvage qui lui était présenté, Roderik cilla. Il n’était guère anodin de se voir proposer à boire par un homme tel que Kelbourg, que Roderik soupçonnait toujours d’avoir provoqué la mort subite de Godfroy de Saint-Aimé – le colosse, pourtant débordant de santé et de vitalité, s’était éteint du jour au lendemain, quelques jours à peine après que Kelbourg et Roderik se soient secrètement entendus pour chasser les Saint-Aimé du trône berthildois. Roderik n’avait jamais eu le fin mot de l’affaire, mais la temporalité de la chose laissait planer un doute désagréable, et il ne parvenait pas à s’extraire de l’idée qu’il avait peut-être été, quoique malgré lui, le complice d’un meurtre.
« Eh bien, ma foi, je serais curieux de goûter ça », dit-il poliment, avant de plisser le nez alors que remontaient de l’outre des effluves acides. Il porta le breuvage à ses lèvres, puis, s’interrompant juste avant de boire, le tendit à Kelbourg : « oh, mais j’en oublie mes bonnes manières ; à vous l’honneur, Thibaud, je vous en prie. »
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