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 De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody]

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Aliénor de Wenden
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MessageSujet: De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody]   De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody] I_icon_minitimeMar 13 Mar 2018 - 15:28


Dixième année du onzième cycle
Première ennéade de Verimios, premier mois d'été
Le premier jour...

La belle rouquine arétane avait fait le voyage depuis Christabel dès que l'information lui était parvenue que son frère était possiblement en vie. Ne croyant pas tellement à de telles balivernes, elle préféra s'en assurer par elle-même. Dès que les chevaux furent suffisamment reposés pour entreprendre un tel voyage, elle prit le parti de se mettre en route au plus vite. Il fallait dire que la compagnie d'Arnaud de Stern n'était pas des plus agréables, ce qui n'avait pas le don de la retenir plus que de raison au campement.

Ainsi, elle avait voyagé en compagnie fort agréable du lieutenant du Sénéchal de Brochant, répondant au nom de Heinrich et l'une des bannières de ce dernier (apportant ainsi à Aliénor la protection du Roi durant son voyage). Il ne devait pas être très commun alors que l'on annonçait partout que le nord s'était mis en ordre de guerre, de voir une nordienne s'aventurer dans le sud qui tremblait déjà à l'idée d'être les prochains après qu'ils aient fini d'en découdre avec le Médian.

Pour plus de discrétion, Aliénor avait décidé d'arborer une tenue de dame, ce qui en étonna beaucoup (cela faisait bien longtemps qu'ils s'étaient habitués à la voir en tenue de chasse et ils avaient presque oublié combien elle pouvait être belle en robe). Malgré qu'il ne s'agisse pas d'une tenue des plus pratiques pour une longue chevauchée telle que celle-ci, elle ne voulait pas trop attirer l'attention. Dans ce but, elle fit le choix de ne pas faire lever les bannières nordiennes d'Arétria et de Wenden pour ne pas plus attirer les regards des badauds qui croisaient sa route, la bannière du Sénéchal y suffisait amplement. Toutefois, on se demandait de quelle dame il pouvait bien s'agit, on chuchotait sur sa grande beauté mais les commérages s'arrêtaient là.  

Ainsi, la fin de son périple s'acheva au château de Laréor où Roderik avait décidé d'établir le jeune Roi selon sa missive.

Depuis qu'elle avait vu ce morceau de parchemin soigneusement rédigé et scellé du sceau de la chancellerie, Aliénor n'avait eu de cesse d'osciller entre doute, réjouissance d'un si heureux évènement s'il était avéré et colère qu'il ne lui ait pas de lui-même annoncé directement la nouvelle. Elle ne savait plus vraiment à quel dieu se vouer et attendait avec impatience le moment de savoir ce qu'il en était véritablement. Cette torture psychologique fit qu'elle fut d'une compagnie relativement particulière et surtout lunatique auprès des hommes du marquis de Brochant qui se rendaient bien compte du trouble de la jeune femme, pour l'avoir côtoyée durant leur périple dans le sud pour réunir les ost royaux. Ils se doutaient qu'elle n'était pas vraiment elle-même et lui pardonnèrent bien ses éventuels égarement de jugement. Après tout, elle était si jolie la dame, on n'allait pas plus encore la torturer. Néanmoins ils avaient tous communément hâte d'en finir avec cette histoire.

Ainsi la jeune arétane ne prêta pas grandement attention aux lieux qu'ils découvraient sur leur passage, ni aux personnes qu'ils ne manquaient pas de rencontrer. Tout son esprit était à savoir quelle tournure allaient prendre les choses et surtout comment réagirait-elle si son frère était effectivement en vie ou pire, si cet espoir retrouvé s'était avéré vain.

Non loin des portes du château, Aliénor fit arrêter leur marche et s'adressa aux hommes qui l'accompagnaient.

- Messieurs, comme nous ne sommes pas certains de connaître la personne qui se prétend être le chancelier pourtant décéder, nous allons mettre au point un petit stratagème pour le confondre. Heinrick ne faites rien et ne dites rien. Nous allons leur faire croire que vous êtes un envoyé du Sénéchal. Je me chargerai pour cette fois, de nous annoncer. Lorsqu'ils nous mèneront à lui, nous les suivrons, vous serez positionné en premier comme le serait le véritable envoyé mais au dernier moment, vous me cèderez la place. Le prétendu chancelier sera confronté alors à une femme en s'attendant à avoir devant lui un homme et ne pourra donc pas se doute qu'il s'agit de moi. Si des mécréans s'amusent à faire revenir Roderik d'entre les morts, ils seront confondus et nous n'aurons plus qu'à les traduire devant la justice du Roi.

Elle fit alors arnacher la bannière du Sénéchal du Royaume à son cheval en lieu et place de celui d'Heinrich et la troupe se remit en marche. Une fois devant les gardes à la porte du château de Laréror, Aliénor s'annonça aux gardes, bien étonnés de voir une femme bannière du Sénéchal du royaume comme : "L'envoyé du Sénéchal du Royaume demande audience auprès de Monsieur le chancelier Roderik de Wenden"

Elle se doutait éventuellement qu'avec une telle annonce, il serait difficile à l'importun quel qu'il soit, de refuser une telle demande et en outre, il ne serait absolument pas au courant que la soeur demande à voir le frère. Ainsi, si quelqu'un venait à usurper l'identité de son frère, il serait vite découvert. D'un autre côté il pouvait paraître logique et crédible à n'importe qui qu'après l'arrivée d'un tel message, le marquis de Brochant enverrait quelqu'un s'enquérir de la situation.

Sans surprise et alors qu'on leur permit d'entrer pour envoyer leurs montures se reposer dans les écuries du château, un petit homme fluet se présenta à son groupe.

Bienvenue au château de Lacréor. Si vous voulez bien me suivre, monsieur le Chancelier du Royaume va vous recevoir. Tout le groupe alors se regarda interloqués. Comment dire combien cette histoire puait la connerie ? Toutefois Aliénor acquiesça discrètement de la tête à Heinrich qui se mit en marche. Le groupe alors suivit le petit gringalet. Aliénor se retrouva rapidement au milieu du groupe qui avait eu visiblement ordre du Sénéchal à la fois de l'accompagner mais surtout, de la protéger. Ils parcoururent un dédale de couloirs avant d'être mené vers un hall où une grande porte fermée se tenait devant eux. Le petit homme fluet qui visiblement, avait plus l'habitude des jeux de Cour que ceux de la guerre, s'arrêta alors devant le garde et annonça que l'envoyé du Sénéchal était arrivé avec ses hommes. La porte s'ouvrit alors sur eux et c'est là, à ce moment précis qu'elle eut enfin la réponse à la question qui hantait ses pensées durant des semaines.

Il était là, grand, robuste, au bout de la pièce, près du trône du seigneur des lieux qu'occupait sans doute occasionnellement notre jeune Roi désormais. Aliénor laissa ses yeux parcourir un instant les lignes de ce corps qu'elle connaissait bien pour avoir longtemps testé sa robustesse dans leurs jeux de lutte depuis l'enfance mais également pour toutes ces fois où elle avait dû panser les plaies qui le parcouraient. Ses longs cheveux bruns étaient longs et se tenaient de part et d'autres de ses épaules. Une barbe fournie occupait l'espace d'un visage qui se voulait tranquille, sage et bienveillant. Sa ressemblance avec leur père la frappa soudainement. Ainsi c'était donc vrai. Roderik était bel et bien vivant. Comment décrire l'immense joie qui prenait possession de son corps. C'était comme si son monde, devenu gris à sa mort, venait de retrouver les couleurs des magnifiques journées d'été à Wenden. Arnaud, Louis, la baronne d'Alonna, Arétria,   tout était désormais si loin de ses pensées et de ses préoccupations...

Mais pourquoi ne l'avait-il donc pas averti lui-même ? Pourquoi lui avoir caché ceci, lui qui d'ordinaire, ne lui cachait rien. Quel intérêt avait-il à la laisser dans l'ignorance la plus totale? Et qui d'autre donc savait qu'il était en vie ? Soudain, elle se sentit quelque peu trahie et prise pour une idiote. On devait bien se rire d'elle. "Rendez-vous compte, son frère a si peu confiance en elle qu'il ne l'informe même pas qu'il est en vie est bien portant. AHAHAHAHAHAH !" Et ces rires mesquins de ces personnes imaginaires se moquant d'elle, raisonnaient dans son esprit.

Tout le groupe s'était arrêté par la surprise que leur provoquait le fait de pouvoir contempler le chancelier revenu d'entre les morts. Fort heureusement, elle était cachée à la vue de l'homme par Heinrich qui se tenait devant elle, dans la position de l'envoyé du sénéchal. Ainsi elle pouvait se targuer de voir sans être vue... pour le moment.

Après l'étonnement du premier instant, le petit gringalet leur fit signe d'avancer, leur faisant comprendre que le chancelier n'avait pas toute sa journée. Le groupe se mit alors en marche comme un seul homme et commença à rompre la distance qui les séparait de Roderik de Wenden, seul rescapé du naufrage de son bateau. Aliénor se trouvait toujours cachée par les hommes du Sénéchal jusqu'à arriver à quelques pas du chancelier. Heinrich, comme convenu se poussa, laissant la régente d'Arétria s'avancer elle-même, désormais visible. Elle termina de rompre la distance des quelques pas qui les séparaient.

Elle put à peine constater l'étonnement de son frère de la voir que la main de la jeune femme s'abattit lourdement sur la joue barbue de son frère, laissant un son sonore de claquement investir la pièce. Le visage du chancelier vissa de côté. Aliénor y avait mis à la fois toute la frustration de ne pas avoir été mise au courant, toute sa colère de sœur d'avoir été mise dans une telle situation, toute sa colère de protectrice de son neveu qu'elle élevait comme s'il était le sien parce que ses parents n'étaient plus. Elle y passa également toute la force de la pénibilité des durs instants qu'elle dû vivre du fait de l'absence de son frère et toute la force de la souffrance qu'elle a dû supporter et du vide que sa prétendue mort avait causé dans son existence.

De la même manière, le chancelier du royaume n'eut pas même le temps de réagir qu'elle le prit dans ses bras et le serra contre elle. Point de force cette fois mais surtout une tendresse qui lui était rarement connue. Une de celles qu'éprouve une femme qui pensait avoir perdu définitivement l'un des piliers de sa vie et qui finalement, la retrouve même si la vie ne sera plus jamais comme avant et ça, elle le savait bien. Des larmes coulaient le long de ses joues hâlées dans un silence. Toutefois point de larmes de tristesse comme celles qui avaient embruni ses yeux jusqu'à maintenant mais une joie des plus profondes et des plus sincères. Si on lui avait posé la question, Aliénor était la femme la plus heureuse du royaume en ce jour et rien ne pourrait en cet instant, assombrir son bonheur de retrouver l'un des hommes les plus importants de sa vie. Son frère bien aimé.

De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody] Sansa_and_sandor__tristan_and_isolde__by_kallielef-d6u4mhe


Dernière édition par Aliénor de Wenden le Ven 23 Mar 2018 - 8:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody]   De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody] I_icon_minitimeJeu 15 Mar 2018 - 23:47


La gifle était venue du cœur, et elle l'avait sonné ; Roderik resta figé quelques instants, hébété. Le geste l'avait surpris, évidemment, mais au-delà de la douleur vive qui lui piquetait la joue, revoir ce visage, ces traits doux et ce regard furieux et mélancolique, le bouleversa plus encore que s'il s'en était mangé une deuxième. Ce visage qu'il n'avait pas revu depuis presque un an, lorsqu'il avait quitté Arétria pour gagner Merval et y prendre ses fonctions de Grand Chancelier, apportait son content de joie mais aussi d'amertume. Il avait cru, lors de son départ, qu'il reverrait rapidement les siens. Mais la Chancellerie l'avait totalement accaparé, puis l'hiver avait bloqué les routes, et enfin il avait disparu en mer ; et entre-temps, le destin s'était révélé bien cruel. Il sentit les larmes lui venir aux yeux et dût s'efforcer de les refouler, ne pouvant perdre la face en se sachant observé. Le visage de sa sœur était comme un miroir du temps ; un visage surgi d'un passé pas si lointain, mais où tant de choses alors étaient différentes, et où tant de choses ne s'étaient pas encore produites.

Il aurait voulu se jeter à corps perdu dans ce passé enfui, passer au travers du miroir ; et c'est plus ou moins ce qu'il fit. Elle l'enlaça, et il en fit autant. La force et l'émotion qui les submergea lui rappela ces moments où tous deux avaient dû se serrer les coudes, particulièrement à la mort de leur père, mais aussi du temps de leur jeunesse insouciante. Elle était son sang, la seule personne en ce monde en qui il puisse se fier aveuglément, la seule qui ne le trahirait jamais. Il la serra un peu plus contre lui, et n'eut su dire combien de temps cela dura. Lorsqu'ils relâchèrent leur étreinte, il prit le visage d'Aliénor entre ses deux mains, comme s'il voulait encore s'assurer qu'elle était bien là, face à lui. Il remarqua que ses traits étaient légèrement tirés ; les signes de la fatigue imprimaient leur marque, et il devina qu'elle avait hérité de nombre de ses problèmes.

Au bout d'un moment qui dut paraître interminable aux observateurs, il finit par se rappeler qu'on lui avait annoncé un émissaire d'Aymeric. Il ne mit pas longtemps à le reconnaître dans l'assistance : le lieutenant Heinrich était une vieille connaissance. Comme pour se faire pardonner d'avoir négligé son visiteur, Roderik jugea bon d'employer un trait d'humour, qui devait dédramatiser le caractère très fusionnel de ces retrouvailles fraternelles.

« Salutations, Messire Heinrich ; vous voudrez bien me pardonner si je ne vous accueille pas de la même façon que ma soeur. Je crois que cela aurait été gênant pour nous deux. »

Quelques rires résonnèrent dans la salle. Roderik se tourna vers Aliénor.

« Toi ici, Aliénor... il y a tellement de choses que je veux te demander que je ne saurais par où commencer. Mais pourquoi ne pas m'avoir dit que tu venais ? Je te croyais en Arétria, auprès de... »


Il n'acheva pas sa phrase, saisi d'un élan de culpabilité à la pensée qu'il ne connaissait toujours pas son fils et s'en souciait si peu.
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MessageSujet: Re: De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody]   De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody] I_icon_minitimeVen 23 Mar 2018 - 11:35


Comme c'était bon d'être de nouveau dans ses bras et combien il lui avait manqué... Cette sensation, elle l'avait déjà vécue une fois auparavant mais les choses étaient différentes. Elle avait conservé espoir. Cette fois, la chancellerie avait ouvert son testament, preuve qu'il était mort pour eux tous. Aucun espoir n'était plus à conserver.

Elle comprit que ce bonheur retrouvé était partagé lorsqu'il la serra un peu plus fort contre lui. Elle le laissa faire, trop heureuse de profite de cet instant. C'était comme si plus rien d'autre au monde n'existait, comme s'ils étaient seuls au monde et que le temps s'était arrêté, figé pour leur laisser le bonheur de se retrouver. Il y a un an, il l'avait quittée pour prendre ses fonctions de Grand Chancelier du Roi. Elle pensait le revoir rapidement, elle ne s'était jamais imaginé que le malheur frapperai encore à la porte des Wenden. Toutefois, comme précédemment, ils en ressortiraient grandis.

Il la quitta alors pour prendre son visage dans ses mains avec douceur, comme pour s'assurer qu'elle était bien là. Elle en fit de même, inspectant  remplir, comme il avait toujours si bien su le faire, ses devoirs en saluant le lieutenant Henrick, vieille connaissance semble-t-il vu l'humour qu'il utilisait. La salle était baignée dans l'émotion et les quelques spectateurs arétans et serraminois qui avaient assisté à la scène se réjouissaient d'avoir pu côtoyer de si près, un si grand bonheur.


« Toi ici, Aliénor... il y a tellement de choses que je veux te demander que je ne saurais par où commencer. Mais pourquoi ne pas m'avoir dit que tu venais ? Je te croyais en Arétria, auprès de... »


- Karl, ton fils va très bien. J'ai nommé Walther de Hohenburg Premier Conseiller du Comté. Il fut un véritable ami, prêt à donner sa vie pour nous aider après ta... disparition.  Il veille attentivement à son bien être et à sa sécurité. Nous lui avons procuré les meilleures nourrices du Comté. J'ai très régulièrement de ses nouvelles. Il a drôlement grandi mais a passé l'hiver sans avoir à subir la moindre maladie. Il a une santé de fer m'a-t-on dit. Avait-elle dit en prenant ses mains dans les siennes.

Aliénor laissa son frère apprécier ces bonnes nouvelles à propos de sa tendre progéniture dont les babillages ravissent le Comté qui voit en lui son avenir. Son visage alors s'assombrit légèrement à l'évocation du reste. Sa question l'étonna d'ailleurs quelque peu. Comment aurait-elle pu prévenir quand ils n'étaient pas certains qu'il soit véritablement en vie ?

- Comment aurais-je pu te prévenir mon cher frère ? Nous n'étions pas certains que la nouvelle de ta mort soit vraie. Si le marquis de Brochant y a tout de suite cru avec le messager que tu as envoyé à Christabel, j'ai pour ma part beaucoup douté. Toi en vie, je me serai attendue à ce que tu viennes me voir en personne ou que tu m'envoies un message de ta main, avec des détails que nous seuls connaissons. Alors n'ayant rien reçu, j'ai cru à une vilaine supercherie. Je suis venue m'en assurer moi-même, avec l'assentiment du Sénéchal du Royaume qui m'a prié d'accepter que je sois accompagnée du lieutenant Heinrich et de sa bannière pour assurer ma protection, en plus de mes hommes. L'idée de l'émissaire n'était qu'un leurre pour confondre l'éventuel usurpateur.

Aliénor interrogea son frère du regard. Comme il devait trouver bien amusant que sa soeur ait l'idée de fomenter un tel coup ! Elle était tellement heureuse de le voir sain et sauf mais elle se demandait également pour quelles raisons il n'était pas revenu à eux immédiatement afin de reprendre la place qui était la sienne.

- Roderik, tu sais combien tes hommes t'aiment et te tiennent en haute estime. Pourquoi donc n'es-tu pas revenu à nous, reprendre la place qui est la tienne ? Ils ne me tolèrent que parce que j'ai pris les armes pour défendre Karl tu sais... Certains comme les Stern d'ailleurs me posent les plus grandes difficultés. Je sens un vent défavorable tourner contre moi et il soufflera d'autant plus fort quand les nôtres apprendront que tu es en vie, car pour le moment ils l'ignorent. Quelle légitimité j'aurais désormais de conserver la régence ? Il est temps que tu reviennes mon frère, je n'ai rien à faire à la tête du Comté d'Arétria. Cette place t'es dévolue.

La belle rouquine cherchait à comprendre et à la fois à savoir ce qui avait poussé son frère à rester loin d'eux et à ne reprendre que sa charge de Grand Chancelier, abandonnant ainsi les siens.


Dernière édition par Aliénor de Wenden le Ven 23 Mar 2018 - 16:08, édité 1 fois
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Roderik de Wenden
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MessageSujet: Re: De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody]   De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody] I_icon_minitimeVen 23 Mar 2018 - 15:02


Aliénor avait beaucoup à lui dire. Roderik regretta qu'elle en dise autant devant les émissaires serramirois, et même devant leurs commensaux arétans et scylléens, mais telle était sa nature. Fidèle à son fougueux tempérament, elle se laissa emporter par l'impatience et entreprit de lui révéler tout de go tout ce qu'elle avait sur le cœur : ses efforts pour gouverner un pays d'hommes insolents et indisciplinés, ses joies, ses peines, et les revers qu'elle avait eus à subir. Roderik n'avait pas imaginé qu'elle aurait un jour à endosser tout cela ; il y avait tant de choses qu'il n'avait jamais imaginées et qui s'étaient produites... la savoir empêtrée dans ce gigantesque merdier, qui était son merdier à lui, n'arrangeait rien à son sentiment de culpabilité. Mais la culpabilité ne changerait rien à la situation, et Roderik devait apprendre à faire avec - et continuer. Il acquiesça donc, tout en s'étonnant du choix d'Aliénor d'avoir créé le titre de « Premier Conseiller », mais au fond, telle était la manière dont elle avait décidé de gouverner ; à chacun la sienne. Le choix de Walther de Hohenburg pour l'occuper l'intrigua aussi, car ce n'était pas l'un de ses familiers, et sans doute aurait-il préféré qu'elle s'entoure de ses proches à lui, à l'image de Leudaste le Jeune ou d'un homme d'expérience comme Arnoul de Stern ; mais baste ! Si elle avait choisi le garçon, c'est qu'elle lui faisait confiance. Pour autant, à l'en croire, le comté s'agitait, les vassaux grondaient ; rien d'inhabituel, en somme, pour le tumultueux pays arétrian. Mais Aliénor était épuisée, de toute évidence. Et elle avait raison : la place légitime de Roderik était là-haut, dans le nord. Il pouvait y retourner, et tenir en main le comté jusqu'à la majorité de son fils. Assurément, c'eut été une sage décision. Mais il ne pouvait la prendre.

« Mon messager ne t'a-t-il donc pas trouvée ? » s'étonna-t-il. « J'avais envoyé un homme, il y a de cela quelques ennéades. » Il pesta intérieurement contre ce ribaud incompétent ; vraisemblablement le messager s'était-il perdu au fond de quelque taverne en chemin, puis avait engrossé une fille pas bien propre et s'était enfui avec elle dans quelque village isolé. Il aurait dû choisir quelqu'un de plus fiable. « Je rêve de retrouver mes terres, chère sœur, et de n'avoir rien d'autre à penser qu'à faire entrer les taxes et à chasser le cerf. Je rêve de revoir les miens et de me sentir de nouveau chez moi. Mais je ne le peux pas. Je me suis dévoué au service de mon roi, et c'est un serment que je ne peux défaire. Quand la guerre sera gagnée, quand les traîtres seront punis, quand Bohémond sera restauré dans toutes ses possessions et qu'il règnera sur un royaume en paix, alors je pourrai rentrer, et laisser librement ma place à un homme plus sage et plus instruit que moi. Mais ce temps n'est pas encore venu. »

Eussent-ils été seuls qu'il aurait pu lui avouer l'abominable vérité ; mais on les observait, on les écoutait, aussi ne pouvait-il pas lui révéler combien il avait la trouille. Comment pourrait-il regagner Arétria la tête haute et regarder les siens dans le blanc des yeux, alors que l'on avait pleuré sa mort, lui qui pourtant les avait abandonnés ? Il ne faisait guère de doute qu'on lui en voudrait. Bien sûr, d'autres l'accueilleraient comme un héros, désormais auréolé d'une aura mystique : on narrerait inlassablement l'épopée de son extraordinaire voyage dans les eaux de Tyra, et son retour miraculeux dans le monde des vivants.
Mais c'était une chose que de mentir aux suderons qui en savaient si peu sur lui ; c'en était une autre que de tromper les siens.

« Si la charge est trop lourde, ce que je comprends, nous trouverons pour Karl un baillistre de confiance, Aliénor. » Il se mit à réfléchir, se demandant qui pourrait tenir le comté sans devenir une menace pour eux. « Leudaste est un peu trop caractériel... la sagesse du vieil Arnoul serait un atout, mais il est si vieux... il y a bien son petit-fils Arnaud. D'ailleurs, où en est l'alliance que j'avais négociée avec eux ? Vas-tu l'épouser ? »
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MessageSujet: Re: De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody]   De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody] I_icon_minitimeVen 23 Mar 2018 - 16:15


Intriguée, Aliénor regarda son frère en fronçant légèrement les sourcils. S'il lui avait fait porter un message, elle n'avait en tout cas rien reçu. Ne désirant pas plus que cela mettre à mal les intentions d'un inconnu, Aliénor ne pensa pas à mal.

- J'ai été informée que la Malelande était dangereuse depuis quelques temps. Peut-être aura-t-il fait une mauvaise rencontre ?

Si elle avait évoqué publiquement certains points et notamment celui de la place qui revenait légitimement à son frère, c'était pour ne pas être accusée d'être trop ambitieuse. Ainsi, des témoins pourraient contredire les éventuels pernicieux qui voudraient mettre à mal sa réputation. On ne sait jamais.

- Je comprends tes raisons et crois-le bien, je les respecte. Toutefois ton retour bien heureux fait que je n'ai aucune légitimé, ni moi, ni un autre, à régenter mon neveu. Tu es Comte d'Arétria par le mariage, telle est ta place et non celle de Karl. Que ce cher enfant grandisse donc dans l'insouciance de l'enfance tant qu'il en a l'occasion. Il aura bien assez de sa vie d'adulte pour endosser cette charge qu'est le Comté. Mon cher frère en dépit de tes préoccupations pour le royaume, tu dois revenir. Tu le sais mieux que personne Roderik, plus tu tarderas et plus tu risques de te mettre à dos tes vassaux et tes hommes et encore plus tes biens aimés sternois.

Aliénor avait marqué la fin de sa phrase d'une ironie presque non feinte afin de lui faire comprendre combien elle ne partageait pas son sentiment envers cette illustre famille arétane.

Si elle avait d'elle-même laissé l'affaire être publique, elle regretta vite cette publicité lorsque son frère évoqua ses plans de mariage avec Arnaud de Stern. Visiblement gênée, Aliénor commença à faire les cent pas (chose qu'elle faisait toujours lorsqu'elle était contrariée par quelque chose du reste). Elle retrouvait alors la raison pour laquelle elle trouvait ces robes de dame des plus gênantes et sales. Au moins avec cela, pas besoin de passer le balais dans les pièces ! Par contre la pauvre lessiveuse avait toujours beaucoup de travail à faire avec les robes de la dame de Wenden.

- A vrai dire, je préfèrerai m'entretenir seule à seule de ce point précis. Pour faire court, je n'ai pas changé d'idée suite à notre dernière conversation à ce sujet Roderik. J'aurais des éléments nouveaux à porter à ta connaissances mais à vrai dire, je préfèrerai évoquer ces choses dans un cadre plus privé si cela ne te dérange pas.

Aliénor serait ainsi beaucoup plus libre de parole et Roderik également. Elle pressentait que les choses qu'ils avaient désormais à évoquer ensemble ne nécessitaient pas outre mesure, d'oreilles attentives.
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MessageSujet: Re: De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody]   De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody] I_icon_minitimeSam 7 Avr 2018 - 10:47


Roderik tiqua. Si Aliénor restait évasive devant l'assistance, ses réserves concernant les Stern et son empressement à le faire rentrer en Arétria commençaient à l'inquiéter. Que se passait-il donc de si urgent au royaume de la boue ? Avisant le lieutenant Heinrich et la compagnie serramiroise, Roderik s'excusa. « Cher lieutenant Heinrich, je manque à tous mes devoirs. Je vais immédiatement vous faire montrer vos quartiers, et que l'on s'occupe de vos hommes et de vos chevaux séance tenante. J'aurai le plaisir de votre conversation lorsque vous vous serez reposé de votre long voyage. » Congédiés, les Serramirois se retirèrent sans plus de commentaire, mais chacun avait compris qu'une conversation tendue allait s'ensuivre entre le frère et la sœur. Debout face à Aliénor, les mains dans le dos, Roderik attendit que la pièce se vide, et lorsqu'ils furent enfin seuls, en vint finalement au fait :

« Très bien, Aliénor. Si tu me disais maintenant ce qu'il se passe ? »
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MessageSujet: Re: De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody]   De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody] I_icon_minitimeMar 10 Avr 2018 - 12:38


Sous l'invitation de son frère, Aliénor regarda les hommes d'Aymeric de Brochant et ceux de l'Ordre du Calice qui avait souhaité l'accompagner, quitter la pièce. Si elle avait toujours admiré son frère pour sa diplomatie et son tact, malheureusement pour sa part, elle n'avait pas le sentiment d'en avoir hérité ou en tout cas, elle ne savait pas bien comment s'y prendre.

Ainsi ce qui semblait être une conversation tendue, elle le savait, n'en était pas. Aliénor avait conscience de la difficulté de la situation mais aux vues des circonstances, Roderik comprendrait et serait sans aucun doute plus enclin à la guider qu'à lui faire des reproches. Après tout, n'avait-elle pas réussi de prime-abord à éviter que son neveu ne se fasse tuer et que le Comté ne revienne au traitre Ewald de Karlsburg ?

« Très bien, Aliénor. Si tu me disais maintenant ce qu'il se passe ? »

Aliénor prit une profonde respiration. Elle allait devoir tout lui raconter et le discours risquait d'être long. Elle cherchai un instant dans son esprit à rendre compte le plus simplement possible, elle savait combien Roderik aimait la simplicité et non les longs discours et s'était toujours efforcée de respecter ce goût.

- A peine on m'avait annoncé ta mort que le vieux bouc sternois s'est rappé de ce petit projet que vous nourrissiez autrefois de me marier à son illettré de petit-fils Arnaud, je te remercie du cadeau au passage. J'ai voulu gagner du temps et laisser la guerre passer pour trouver un moyen d'y échapper. Toutefois le bougre insista tant et tellement que je dus me résoudre à accepter de m'engager dans des fiançailles. J'ai néanmoins réussi à obtenir la filiation matrilinéaire et que le mariage ne soit pas célébré avant notre retour. J'avoue qu'en soit, j'espérais un geste de la Damedieu qui emporterait le pauvre Arnaud et me délierai de cet engagement. Entre temps, j'ai été invitée à un bal par Louis de Saint-Aimé qui s'est montré charmant et dont la relation avec sa soeur m'a beaucoup fait penser à toi. Peu à peu des sentiments pour lui se sont développés, enfin c'est ce que je croyais, je me suis rendue compte du contraire ensuite. Bref. A Velteroc, il a apprit mes fiançailles et venait s'en enquérir, j'ai appris également qu'il avait finalement renoncé au mariage avec la soeur du marquis de Brochant, je ne sais pas pourquoi je me suis mise à penser que c'était pour moi et... je l'ai embrassé. Il m'a repoussée, m'apprenant que son coeur était à une autre - j'ai découvert ensuite à Christabel que c'était la baronne d'Alonna qui faisait battre son coeur, tu sais ? La veuve noire qui change d'avis comme de chemise -. Arnaud surprit la fin de notre conversation et de rage, il me frappa le visage, me laissant cette jolie petite cicatrice que tu vois là. Aliénor désigna alors sa joue marquée encore légèrement rougie de son index. En pensant pouvoir m'ordonner ce que je dois faire ou non. Je l'ai remis alors vivement à sa place et ait rompu les fiançailles. Sérieusement, Roderik, je ne vais pas me marier à quelqu'un qui n'hésite pas à me violenter, même par amour pour toi et ton fils.

Aliénor prit une pause et déambula un peu pour reprendre son souffle et ses esprits, embrumés quelque peu par la colère qui remontait à l'évocation de ces évènements passés douloureux.

- Avant que tu ne dises quoi que ce soit, je sais parfaitement à quoi cette décision nous expose et Arnaud a été clair sur cette question : le mariage ou la guerre civile. Saches que j'avais bien l'intention de me réconcilier avec lui s'il n'avait pas insulté ta personne lorsque j'ai évoqué la possibilité que tu étais en vie et mon souhait de vouloir m'enquérir par moi-même de la vérité ici, à Laréor.
Elle cita alors, imitant grossièrement la voix rugueuse et visiblement trop grave pour elle :
« J'espère qu'il est bel et bien mort ; car s'il l'est pas, j'peux vous assurer qu'il s'ra mal accueilli ici. J'le préfère mort comme le héros que nous croyions qu'il était, plutôt que d'l'imaginer planqué comme un couard dans le sud, entouré de tous ces lâches. »A-t-il dit, ton cher bien-aimé débilosternois. Je lui ai donc dit que rien ne m'empêcherai de partir pour m'assurer de ce qu'il en été et que j'espérais qu'il aurait retrouvé ses esprits à mon retour. Je ne saurais gager qu'il en restera là Roderik, peut être que le vieux sternois pour qui tu as tant de respect et d'amitié est déjà au courant de cette affaire et s'applique à agir à mon encontre en conséquence. Ils semblent penser avec arrogance qu'ils valent mieux à la tête du Comté que nous. Peut être est-ce vrai après tout...

La jeune arétane avait fini sa phrase avec autant d'amertume que de tristesse dans sa voix, tout en se dirigeant vers une fenêtre qui donnait vers une sorte de jardin au rebord de laquelle elle s'assit. C'était en quelque sorte, l'aveu d'un échec à ses yeux et ça lui faisait en quelque sorte du mal de l'admettre. Pourtant beaucoup diront au contraire, qu'elle avait eu le courage de défendre ses terres et de partir en guerre afin de se faire respecter de ses hommes et de ses vassaux. L'idée de laisser la milice, aidée de l'ordre du Calice à Arétria pour s'occuper de la population était une idée brillante. Toutefois était-ce assez aux yeux de ses vassaux ou seul le sexe comptait ?

La jeune femme ne savait quelle suite donner à tout ceci. Même si elle n'avait aucune assurance que les Stern agissaient contre elle, elle sentait néanmoins le vent tourner. Arnaud se contenterait-il de leur dernière conversation pour se dire qu'il y avait encore un espoir ou appellerait-il son grand-père à la rescousse afin d'agir contre elle ? Avoir le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la crémière... De quoi sans doute appâter suffisamment le loup selon elle. Toutefois comme toujours, elle s'en remettrait aux sages conseils de son frère.
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MessageSujet: Re: De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody]   De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody] I_icon_minitimeMer 11 Avr 2018 - 17:18


Roderik la laissa parler, faisant la grimace en se demandant ce qui avait pu mal tourner avec les Stern. Il faut dire que l'affaire avait été compliquée, avant même qu'il ne quitte Arétria ; Aliénor s'était emportée, avait refusé d'emblée ce projet de mariage dès qu'il lui en avait parlé, et n'avait pas voulu fléchir par la suite, alors que Roderik s'était déjà engagé auprès des Stern. Il devinait à présent qu'elle s'était finalement résolue à honorer sa promesse par égard pour lui lorsqu'il avait disparu. Un sacrifice en mémoire d'un défunt frère qui, au bout du compte, n'était pas mort. Toutefois, lorsqu'elle évoqua les fiançailles matrilinéaires consenties avec Arnaud de Stern, Roderik cilla. Matrilinéaire ? Jamais le vieil Arnoul de Stern n'aurait admis que son petit-fils et héritier renonce à son nom et laissât sa descendance porter celui de son épouse. Cela n'était guère dans les coutumes des Arétans, et n'était en aucun cas l'intérêt des Stern, car la descendance d'Arnaud devait justement pérenniser leur nom au bord de l'extinction. Il devinait cependant que le vieux renard rusé qu'était Arnoul avait pu faire miroiter cette condition pour faire fléchir Aliénor, et celle-ci s'était sans doute engagée en croyant la chose acquise.
Cela était secondaire, de toute façon, au vu du merdier auquel aboutissait cette histoire... Arnaud avait été un imbécile de frapper Aliénor ; d'autres femmes auraient enduré cette humiliation et baissé la tête, mais Aliénor ne laissait pas passer ce type d'affront. Elle était courageuse et entêtée, et c'était sans doute cela qui la rendrait particulièrement difficile à marier.

Roderik n'était pourtant pas au bout de ses surprises. Lorsqu'elle révéla s'être amourachée du jeune faon, Louis de Saint-Aimé, il sentit son visage se décomposer, d'abord sous le coup de la stupeur, puis du dégoût et de la colère. Lui, ce sale petit con ! Roderik gardait en mémoire l'entêtement de ce jeune effronté lors du Concile de Sainte-Berthilde. Il se souvenait encore très bien de la scène : Iselda avait fait un pas vers lui, avait tenté de l'apaiser ; Cléophas lui avait offert sur un plateau la réconciliation du marquisat et du royaume, lui promettant le titre de marquis s'il faisait d'abord ses preuves au combat, mais Louis les avait envoyé paître. Et même s'il s'était ravisé par la suite, même s'il s'était finalement rangé à leurs vues, Roderik gardait un souvenir amer de ce jour où le jeune faon leur avait manqué de respect, à lui et à sa femme ; tout comme il gardait un souvenir amer de son propre échec à mener une revanche arétane sur le Berthildois.
Il garda pour lui ses commentaires, tout en se réjouissant d'apprendre que cette folie de sa sœur n'avait été que passagère, mais il se questionnait intérieurement. Néera, pitié, faites qu'elle n'a pas couché avec lui, faites qu'elle n'a pas couché avec lui. Peut-être Aliénor peinerait à comprendre que son frère ait plus de mal à l'imaginer se faire besogner par Louis de Saint-Aimé que par un Arétan, mais c'était ainsi : on appelait ça l'amour du pays. A bien y réfléchir, cependant, il prenait assez mal le fait que le Saint-Aimé ait repoussé les avances de sa sœur : il était bien content qu'il ne l'ait pas déflorée, mais tout de même, refuser Aliénor ! Et pour Alanya de Broissieux ? Roderik reconnaissait que la Broissieux était la tentation incarnée, mais il était comique d'imaginer un esprit aussi débilement intègre que Louis de Saint-Aimé aux côtés de cette belle plante sournoise. On trouvait difficilement plus mal assorti. Cet amour était de toute façon voué à l'échec : jamais le marquis de Serramire ne le tolérerait.

Il prit le temps de digérer toutes ces informations, reconnaissant en son for intérieur que la situation n'était pas simple. Aliénor n'était fautive de rien : ce merdier, c'était le sien, c'était lui qui avait tout laissé ainsi. Il aurait pu obliger sa sœur à honorer le vœu de mariage avec Arnaud de Stern, car telle était sa prérogative de chef de famille ; mais il avait une dette envers elle. Elle avait sauvé son fils et assumé tout ce qu'il n'avait pu assumer. Il n'avait pas le droit de l'obliger. Il ne s'en sentait pas le droit.

« Eh bien, je ne sais pas », reconnut-il. « Je ne sais pas ce qu'il faut faire. Il faut que je mette les choses au clair là-bas, je sais bien. Je sais que de devrais y aller, mais voilà, je ne le peux pas, pas maintenant, pas encore. Il y a trop... de choses en jeu ici. »

Il haussa les épaules. Il savait qu'Aliénor ne comprendrait pas. Ne l'avait-elle pas entendu seriner pendant si longtemps que rien ne comptait plus pour lui que la malelande ?

« Je suis fatigué, tu sais. Il y a des jours où j'aimerai remonter le temps et ne jamais être allé trouver Cléophas à Merval. Je voudrais n'être qu'un homme parmi les autres et n'avoir qu'à me soucier de savoir de quoi sera fait le repas du soir, et de quel gibier je ramènerai de ma prochaine chasse. Je voudrais pouvoir arrêter de mentir à tous les cons qui croient que j'étais mort et que Tyra m'a laissé partir... mais j'ai été trop loin pour faire demi-tour maintenant. Il faut être fou pour vouloir s'arracher les cheveux à recoller les morceaux de ce putain de royaume, Aliénor ; et peut-être bien que je le suis, car je crois que je vais y arriver. »

Il lui adressa un regard contrit, comme s'il attendait qu'elle l'excuse.

« Le royaume est plus grand qu'Arétria », souffla-t-il. Mais peut-être allait-il malgré tout devoir retourner au pays et affronter ses anciens amis plus tôt que prévu. « Où est mon fils en ce moment ? Qui le protège ? »
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MessageSujet: Re: De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody]   De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody] I_icon_minitimeMer 11 Avr 2018 - 18:08


« Eh bien, je ne sais pas », reconnut-il. « Je ne sais pas ce qu'il faut faire. Il faut que je mette les choses au clair là-bas, je sais bien. Je sais que de devrais y aller, mais voilà, je ne le peux pas, pas maintenant, pas encore. Il y a trop... de choses en jeu ici. »

Alors qu'elle regardait par la fenêtre, Aliénor tourna sa tête vers son frère lorsqu'elle entendit ces mots sortir de sa bouche. N'importe qui se serait résigné, aurait laissé tomber mais pas eux. Roderik avait ses raisons et elle les siennes mais ils étaient du même sang et avaient apprit ensemble, de la plus dure des manières, à ne rien lâcher. Toute situation, même les plus désespérées, ont une solution et en persévérant, on finissait toujours par la trouver. La jeune femme alors prit une profonde respiration pour finalement quitter la fenêtre d'un bond - maudissant ainsi de porter ces foutus talons qui lui firent mal au pied - et anéantit de quelques pas la distance qui les séparait pour se rapprocher de son frère et tendrement, lui caresser les bras afin de l'apaiser, de le réconforter. Si Aliénor avait toujours été - et sera toujours en soit - un garçon manqué, elle savait faire preuve d'une tendresse des plus innées envers ceux qu'elle chérit.

- Tu es très attaché à ce petit, comme si c'était le tien. Pourquoi ? Pourquoi le défendre ainsi, comme s'il faisait partie de notre famille ? Qu'est-ce qui te pousse ainsi à te battre comme un lion pour lui ?

Aliénor cherchait à comprendre mais au fond, elle se doutait de la réponse que lui apporterait son frère. Elle connaissait Roderik, ce n'était pas un homme imbu de pouvoir et des plus intéressés. Certes il aimait que l'on reconnaisse ses efforts à leur mesure par de belles récompenses - qui n'aime pas ça ? -. Néanmoins ce n'était pas cela qui le motivait. Qu'attendait-il au fond, de tout ceci ? Qu'est-ce que la défense du Roi allait lui apporter ? Pensait-il que l'on ferait alors de lui le régent de Bohémond Ier ? Aliénor doutait même qu'il nourrissait au fond, une telle ambition.

« Je suis fatigué, tu sais. Il y a des jours où j'aimerai remonter le temps et ne jamais être allé trouver Cléophas à Merval. Je voudrais n'être qu'un homme parmi les autres et n'avoir qu'à me soucier de savoir de quoi sera fait le repas du soir, et de quel gibier je ramènerai de ma prochaine chasse. Je voudrais pouvoir arrêter de mentir à tous les cons qui croient que j'étais mort et que Tyra m'a laissé partir... mais j'ai été trop loin pour faire demi-tour maintenant. Il faut être fou pour vouloir s'arracher les cheveux à recoller les morceaux de ce putain de royaume, Aliénor ; et peut-être bien que je le suis, car je crois que je vais y arriver. »

La belle rouquine respira de nouveau profondément, sans avoir cessé ses caresses apaisantes. Elle sentait un poids encore plus grand sur les épaules de son frère qu'elle n'en avait sur les siennes et un instant, elle se surprit à se sentir heureuse de l'aider encore plus aujourd'hui qu'elle n'avait pu le faire auparavant. Elle lui sourit alors et d'une voix des plus posée lui répondit.

- Je le sais, tout comme je me rappelle combien nous étions épuisés à l'idée de devoir remuer ciel et terre pour reconquérir nos terres à la mort de père. Néanmoins ce qui est fait est fait et même la Damedieu ne peut rien y changer. Alors autant avancer. Comme avant, lorsque nous avions tout perdu. Nous avions cette rage en nous, cet espoir que nous parviendrions à récupérer nos terres. Nous n'avions rien lâchés, nous nous sommes battus et nous y sommes parvenus. Ensemble. Tu vas y arriver mon cher frère, je n'ai aucun doute et je suis prête à t'aider autant qu'il le faudra. Tu n'as cas demander, comme tu l'as toujours fait et je répondrai, comme toujours, à ton appel.

Aliénor plongea alors ses yeux verts dans ceux, résolument marrons de son bien aimé frère. Malgré les épreuves, ils avaient toujours pu compter l'un sur l'autre et c'est toujours ce qui avait fait leur force. Ensemble ils étaient capables de déplacer des montagnes car chacun avait des forces que l'autre ne possédait pas. Ils se complétaient. Si seulement Aliénor parvenait à trouver un homme avec qui elle parvienne à trouver une telle complétude...

« Le royaume est plus grand qu'Arétria », souffla-t-il.

Pour toute réponse elle lui adressa un sourire qui se valait autant encourageant que dubitatif. Il le savait mieux qu'elle. Aux yeux des arétans, seule la Malelande comptait. Cela avait été la même chose pour lui, il fut une époque, jusqu'à ce que finalement, pour une raison qui n'appartenait qu'à lui, tout change et que désormais le royaume était tout à ses yeux. Ce changement d'attitude lui avait valu bien des critiques dans le nord mais également par certains sudistes. On lui avait souvent reproché d'oublier d'où il venait.

« Où est mon fils en ce moment ? Qui le protège ? »

- Karl est à Arétria-la-ville auprès de ses nourrices. Il se trouve sous la protection de Walther de Hohenburg, mon Premier conseiller et sous la garde de nos hommes. J'avais peur qu'en mon absence Ewald ou même le vieux Stern ne tente d'agir en l'utilisant contre moi. Je me suis assurée personnellement de la loyauté de ceux qui entouraient mon neveu.

Aliénor n'avait pu éviter de se sentir relativement blessée de la question de son frère. Certes, comme tout père, il avait à coeur de savoir sa progéniture en sécurité mais Karl était devenu également en quelque sorte son fils à elle également et que Roderik imagine un seul instant qu'elle ait pu faire preuve d'un quelconque laxisme pour sa protection la heurtait en plein coeur. Elle baissa alors tristement les yeux et prit physiquement quelque peu de distance de son frère, lui tournant ainsi le dos et laissa sa voix cristalline prendre toute la place, comme si elle émanait d'une force profonde qui résidait en elle mais que jusque là, elle n'avait jamais connu.

- Tu sais Rod, les épreuves m'ont liée à lui. Pendant pratiquement une année, il a été ma torche dans le noir que tu as laissé en Arétria. J'avais un but : la défense de sa personne et de ses possessions. Je n'ai pour ainsi dire, pas pensé à moi et la seule fois où je l'ai fait, regardes où ça nous a mené avec les Stern. Quelle faute de jugement j'ai commise là ? Heureusement, rassures-toi, rien de dommageable ne s'est passé et je n'ai pas perdu mon honneur, loin de là. Je me dis qu'ainsi c'est un moindre mal, les choses ont une chance de s'arranger. Peut être les Sterns, s'ils agissent contre moi ainsi que je le pense, n'oseront ensuite plus se montrer tant ils auraient honte de m'avoir rouler dans la boue comme ils vont sans doute le faire, je m'y attends. Toutefois ils ne réussiront pas dans leurs projets. Je ne les laisserai pas faire. Peut être finalement que me marier n'est pas la voie qui est faite pour moi. Peut être la descendance que tu as assuré à notre famille sera peut être la seule. Je ne suis pas faite pour le mariage, sinon comme ce fut le cas pour bon nombre de gourdes de la noblesse, tu aurais réussi à me trouver un mari digne de notre rang depuis belle lurette. Au moins, je me dis que j'ai réussi à faire quelque chose de bien en défendant Karl et en m'assurant qu'il puisse grandir en sécurité, protégé. Ne me le retires pas Roderik.
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MessageSujet: Re: De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody]   De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody] I_icon_minitimeMer 11 Avr 2018 - 22:35


Lorsque sa soeur se détourna de lui, Roderik se mit à faire les cent pas. Il s'arrêta face au mur, fixant la tapisserie, les mains jointes derrière le dos. « J'ai détesté qu'Iselda l'appelle Karl. Je me suis senti dépossédé de mon propre fils », avoua-t-il. « Je ne m'en suis pas soucié comme j'aurais dû. S'il n'était pas né pendant un hiver aussi rude, avec les routes impraticables, je serais sans doute remonté dans le nord pour le voir, mais... » il haussa les épaules. C'était infâme à dire, mais il n'en avait pas vraiment ressenti le besoin à l'époque. Parce que Maélyne de Lourmel se trouvait à Merval au même moment, et qu'il était alors trop obnubilé par le désir de renouer avec sa maîtresse pour s'intéresser à la naissance de son héritier légitime. Il hocha la tête. « Je sais que je n'étais pas assez présent pour Sigebrand non plus. » Il évoquait rarement son premier enfant, mais son souvenir lui rappelait que ses défaillances, en tant que père, étaient anciennes. « Je sais bien que Bohémond n'est pas mon fils ; il est mon suzerain, et en même temps, il n'a plus ni père ni mère, et moi, je suis là. J'ai pris cet enfant sous ma protection, parce que je ne faisais confiance à personne d'autre pour le faire. Tu as fait la même chose pour Karl. »

Il se retourna et observa Aliénor. Son mouvement d'humeur tout à l'heure ne lui avait pas échappé ; il l'avait vexée en lui demandant des comptes sur son fils, alors qu'il était naturel qu'il s'enquisse de savoir s'il était sous bonne garde. « Ne me le retire pas », disait-elle, et cela ressemblait presque à une supplication ; Roderik sourit. Il en venait à se demander si, alors que lui-même se montrait bien mauvais père, Aliénor ne s'était pas découvert un instinct maternel. Venant d'une femme qui fuyait le mariage, cela pouvait surprendre ; mais au bout du compte, elle trouvait tout son intérêt à traiter comme sien un enfant qu'elle n'avait pas eu à pondre. Elle en tirait les avantages sans en avoir subi les inconvénients au préalable.

« Pourquoi te l'enlèverai-je, ma sœur ? Il sera toujours ton neveu. » Il croisa les bras, et baissa les yeux. « Je te remercie de ne pas m'obliger à te dire ce qui s'est passé quand j'ai disparu. J'imagine que ça t'intrigue, et tu es trop intelligente pour croire à l'histoire que je sers à tout le monde depuis que je suis revenu. Je te raconterai la vérité, c'est promis, mais sache que je n'en suis pas très fier. » Il releva la tête et esquissa un léger sourire. « En attendant, je dois te mettre au parfum : je pars quelques jours dans la Brande afin de recruter des hommes, et je redescends dans le sud, à Soltariel. La guerre menace en Ydril ; une autre histoire de dingue dont je dois m'occuper. Viens-tu avec moi ? »
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MessageSujet: Re: De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody]   De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody] I_icon_minitimeVen 13 Avr 2018 - 11:03


« Je ne m'en suis pas soucié comme j'aurais dû. S'il n'était pas né pendant un hiver aussi rude, avec les routes impraticables, je serais sans doute remonté dans le nord pour le voir, mais... Je sais que je n'étais pas assez présent pour Sigebrand non plus. Je sais bien que Bohémond n'est pas mon fils ; il est mon suzerain, et en même temps, il n'a plus ni père ni mère, et moi, je suis là. J'ai pris cet enfant sous ma protection, parce que je ne faisais confiance à personne d'autre pour le faire. Tu as fait la même chose pour Karl. »

Ces paroles de son frère étaient extrêmement durs et ne plurent pas à Aliénor. Qu'il ait commis des erreurs par le passé soit, qui pouvait donc se vanter de ne jamais en connaître mais qu'il n'apprenne pas de celles-ci n'était pas acceptable. Elle se retourna alors vers lui, visiblement mécontente de ce discours qu'il lui servait.

- Justement Roderik, si tu considères que tu n'as pas été assez présent pour Sigebrand, ne commets donc pas la même erreur avec Karl. Personne ne t'a jamais dépossédé de lui et ce petit n'a rien demandé. Je comprends ton attachement à notre jeune Roi mais ne sois pas à ce point stupide au point de rendre un enfant totalement orphelin pour t'occuper d'un autre.

Aliénor s'approcha de son frère et posa ses mains de chaque côté de ses épaules larges de nordiste pour finalement les empoigner avec vigueur sans blesser pour autant son frère. Elle appelait ainsi son attention et fixant intensément son regard dans celui de cet homme qu'elle connaissait si bien, elle tâchait de faire appel à son intelligence et à son bon sens.

- Tu as un fils, il s'appelle Karl de Wenden. C'est le dernier né de notre famille et il t'attend dans le nord. C'est à TOI de t'occuper de lui car TU es son père.

Autrement dit, la question était sans appel. Il devrait se charger de sa progéniture et elle ne lui laissait pas le choix sur ce point. Pour une fois, la soeur prendrait le pas sur le frère et ce serait à lui de lui obéir. Cette inversion des rôles était pour le moins assez rocambolesque mais au fond, Roderik savait qu'Aliénor avait profondément raison.  

- Si le prénom de Karl est pour toi un problème, rien ne t'empêche de le changer. Il n'a pas encore un an, il aura toute sa vie pour s'y faire. Ne t'en fais pas. En outre, si l'avenir de notre petit Roi t'importe autant, nous pouvons nous arranger pour faire venir Karl auprès de toi. Ils pourrons ainsi tisser également une amitié durable, ce ne serait pas stupide et pour Bohémond Ier qui aurait de la compagnie et pour nos terres.

En plus d'avoir appelé le père, maintenant, elle appelait l'intelligence du chancelier et du chef de famille sur cette question. Autant dire, qu'Aliénor était loin de s'attendre à plus de résistance de la part de son frère. Si jusqu'à maintenant, elle l'avait laissé mené son petit bonhomme de chemin comme il l'entendait, elle serait désormais son garde fou. Après avoir eu à gérer toute cette pagaille, elle avait obtenu le droit d'avoir son mot à dire sur ces choses qui la concernaient depuis qu'on avait fait d'elle la régente du Comté.

- Ceci étant dit, cela ne change en rien le fait qu'il te faut reprendre ta place. Les affaires du royaume sont certes plus importantes tant qu'il n'est pas unifié et c'est tout en ton honneur d'être celui sur les épaules de qui tout repose mais fais en sorte, lorsque le moment sera venu où les pairs du Royaume seront réunis, que tu n'aies pas fait tout ceci pour ne rien obtenir en retour. Veilles également aux intérêts du Comté car je n'y serai pas pour les défendre et j'ai bien peur que Louis de Saint-Aimé ne s'arroge tous les lauriers à lui seul. Qu'il ait obtenu la régence du fait du mensonge de son père est un fait qu'il ne faut pas laisser tomber dans l'oubli, même s'il a défendu le royaume, il n'aurait jamais pu le faire si tu n'avais pas en amont, mobilisé tout le monde. Arétria ne l'a pas suivi pour lui mais en ta mémoire. Comme tu l'as dit, le Roi n'a personne d'autre sur qui compter et que je le sache, c'est le Roi qui possède le titre de Marquis et non les Saint-Aimé, même s'ils sont légitimes également à y prétendre. Je dois t'admettre que je vois d'un très mauvais oeil l'intérêt soudain de la Veuve noire pour le régent de Sainte Berthilde et je sais également que le seigneur de Brochant s'oppose vivement à cette relation. Toutefois, s'il n'y parvient pas, je ne voudrais pas que nous nous retrouvions encore au milieu d'une guerre entre ces deux coqs.

Le fait qu'Arétria se trouve au beau milieu de ces deux marquisats faisait que pendant longtemps, le Comté s'était retrouvé entre deux feux. Déjà qu'Aliénor avait à gérer les caprices des Sterns, elle n'avait pas envie d'avoir à gérer une bataille, encore moins pour les jupons de la baronne d'Alonna qu'elle avait bien pris en grippe. Il aurait été tellement plus facile pour elle si elle avait pu opposer au vieil Arnoul un mariage aussi avantageux que celui qu'elle aurait pu contracter avec le Saint-Aimé... Elle aurait pu ainsi empêcher tout ce bordel qui allait sans doute l'exposer plus que de raison. Surtout connaissant le caractère revanchard du vieil Arnoul, il ne laisserait pas passer l'affront d'une manière ou d'une autre. Ce n'était pas l'argent en soit qui l'intéressait même si on ne le refusait jamais, mais avant tout l'honneur et Aliénor savait qu'elle l'avait bien heurté par son erreur de jugement. Elle pourrait évoquer auprès des autres son manque d'expérience et elle sait que ça passerait. Son sexe n'était-il pas après tout, considéré comme "débile" aux yeux des gens du nord ? On le lui pardonnerait sans doute mais elle ne pouvait pas mentir aux Sterns, ils savaient bien qu'elle était assez intelligente pour savoir ce qu'elle faisait. Ils ne lui pardonneront jamais cela, sauf si elle se mariait bien finalement avec Arnoul, ce qui paraissait bien compromis malgré sa tentative de réconciliation. Son promis était bien trop arrogant pour la comprendre.

« Je te remercie de ne pas m'obliger à te dire ce qui s'est passé quand j'ai disparu. J'imagine que ça t'intrigue, et tu es trop intelligente pour croire à l'histoire que je sers à tout le monde depuis que je suis revenu. Je te raconterai la vérité, c'est promis, mais sache que je n'en suis pas très fier. »

- Un jour, quand tu te sentiras prêt, je sais que tu viendras m'en parler et tu sais que je t'écouterai sans te juger, comme je l'ai toujours fait. Je te connais mieux que quiconque Roderik et nous pouvons heureusement nous vanter, de pouvoir avoir confiance l'un en l'autre. Jamais nous ne nous sommes trahis et c'est une chance. Même si je sais que tu ne me dis pas tout, comme la raison pour laquelle tu as décidé avec autant d'acharnement à rester à Merval quand tu aurais pu rentrer. Je sais bien que quelque chose ou quelqu'un te retenait. Quoi... ça tu ne me l'as jamais dit ou même écrit. Peut être le feras-tu un jour.

Aliénor se mit à déambuler dans la pièce à son tour.

- Si j'ai bien appris une chose, c'est qu'il ne faut jamais te forcer à avouer ce que tu ne veux pas admettre. Je me rappelle très bien l'engueulade que je me suis prise de père cette fois où je t'avais tellement contrarié en souhaitant de faire avouer ton petit secret que tu étais amoureux fou de la fille du boulanger lorsque tu avais quoi ? 7-8 ans ? Tu m'en voulais tellement de vouloir te faire avouer ce que je savais déjà que tu avais arrêté de respirer pour montrer combien tu étais mécontent. Tu m'avais impressionné car tu l'avais fait jusqu'à presque perdre connaissance. Je me souviens aussi de la rouste de père... ça m'a bien servi de leçon en tout cas.

Leur père n'était pas du genre à frapper ses enfants, encore moins sa fille. Peut être Rod s'était-il prit quelques coups mais jamais il n'en avait parlé, cela n'avait pas dû le marquer. Ils avaient certes, eu une éducation stricte mais on ne peut pas dire que le frère et la soeur de Wenden avaient été réputés dans leur enfance pour être de grands délinquants. Leurs bêtises s'étaient essentiellement limités à des taquineries sans grandes conséquences. Ils avaient toujours été appréciés des gens de Wenden notamment du fait de leur gentillesse mais également du fait qu'ils étaient tous deux des enfants présentant un grand sens de la justice. Ils avaient toujours réparé les embêtements qu'ils avaient pu causer. Ce que ces gens ne savaient pas, en revanche, c'est qu'ils l'avaient toujours fait de leur poche et non de celles de leurs parents ou des deniers publics.

« En attendant, je dois te mettre au parfum : je pars quelques jours dans la Brande afin de recruter des hommes, et je redescends dans le sud, à Soltariel. La guerre menace en Ydril ; une autre histoire de dingue dont je dois m'occuper. Viens-tu avec moi ? »

Après s'être remémorés ce passage humoristique de leur enfance, retour au sérieux. Ainsi voilà donc ce qui les attendait.

- Cela tombe bien car il faut justement que nous accordions nos violons à ce sujet. A Christabel au cours du siège, le Sénéchal du Royaume a réuni le Conseil de guerre. A l'occasion de celui-ci, il fut décidé sous notamment l'impulsion du Seigneur de Kelbourg, que le Nord poursuivrait après Diantra, sa marche sur le sud. Pour le moment, je ne sais pas ce qu'il en sera. Néanmoins c'est l'ordre qui est pour le moment donné. J'imagine que maintenant que tout le monde sait que tu es de retour, vous déciderez ensemble de la suite à donner à la marche sur le Médian. Néanmoins, dois-je donner l'ordre à l'ost arétan de nous rejoindre à Soltariel ? Je ne voudrais pas laisser nos hommes trop longtemps sous la gouvernance d'Arnaud de Stern. Pas que ce n'est pas un bon guerrier mais je suis partie avec nos hommes dans le but d'être vue comme ton digne successeur Roderik, je ne voudrais pas passer à côté de cette opportunité. Si nos hommes comprendraient sans problème que je n'aie pas assisté au siège de Christabel pour te retrouver mais je ne voudrais pas rester absente trop longtemps. Il est prévu qu'ils rejoignent Diantra pour la première ennéade de Vérimios. Si je pouvais y être pour les rejoindre, ce serait parfait. Qu'en dis-tu ?


Dernière édition par Aliénor de Wenden le Dim 15 Avr 2018 - 15:44, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody]   De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody] I_icon_minitimeDim 15 Avr 2018 - 15:25


Ah ! Quelle chance il avait de pouvoir compter sur une sœur aussi loyale qu'intelligente. Leur monde dédaignait trop le sexe faible, et rares étaient les femmes que l'on laissait exercer le pouvoir sans constamment mettre en doute leur compétence. Roderik n'était pas plus ouvert sur ce point que les autres hommes, mais il voyait sa sœur comme une exception. Après tout, Aliénor avait toujours été un vrai garçon manqué ; enfants, ils jouaient comme s'ils étaient deux frères. On pouvait presque dire que Roderik avait grandi avec la quasi-certitude que sa sœur était un mec, bien que cela ait un peu changé à leur adolescence, quand la silhouette d'Aliénor s'était affinée et que son sexe était devenu une évidence. Cela n'avait pourtant rien changé à la confiance que Roderik plaçait en elle. Bien sûr, il avait refusé qu'elle l'accompagne à Amblère, malgré son insistance ; mais il l'avait fait parce qu'il savait que les hommes en auraient fait baver à sa sœur, et qu'il ne voulait pas cela pour elle. Et aussi parce qu'il espérait qu'elle se féminiserait un peu à la longue, car il fallait bien qu'il la marie un jour.
Aujourd'hui, pourtant, il savait ce qu'il lui devait, et il en vint à prendre la décision qu'il ne lui refuserait plus jamais rien.
Et puis il y eut cette phrase. « Je ne voudrais pas laisser nos hommes trop longtemps sous la gouvernance d'Arnaud de Stern. » Cette simple phrase innocente, qui glaça le sang de Roderik, lequel marqua un temps d'arrêt. Il voulait être sûr de bien comprendre, ou plutôt, il espérait avoir mal entendu.

« J'ai peut-être mal compris », dit-il en esquissant un rictus. « J'ai cru un instant que tu avais dit que l'armée était commandée par Arnaud de Stern. » Constatant qu'Aliénor ne démentait pas, il devint blême. « M... notre armée est dirigée par le même homme que tu as humilié et éconduit, pendant que mon fils Karl est gardé sous la protection d'un des bannerets des Stern ? C'est bien cela qui se passe en ce moment ? » Il écarquilla les yeux, livide. « Par le Goupil de la Rochepont, Aliénor ! J'espère de tout cœur que cet empaffé d'Arnaud fera ce que tu crois et descendra à Diantra, parce que s'il lui vient à l'idée de regagner Arétria plus tôt que prévu, les Stern n'auront même plus besoin de toi pour gouverner le comté : il sera déjà à eux.»

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MessageSujet: Re: De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody]   De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody] I_icon_minitimeDim 15 Avr 2018 - 16:01


La belle arétane se mordit les lèvres lorsque son frère lui indiqua avec sagesse son manque de discernement. Oui elle avait confié à Arnaud de Stern le Sénéchalat d'Arétria à cause de la pression que son grand-père lui mettait. En ayant quelque chose à se mettre entre les dents, elle s'était dit que les Stern lui foutraient la paix avec le mariage. Tout du moins, pour un temps. Elle n'avait pas pensé qu'il pourrait s'agir d'une arme que l'on retournerait possiblement vers elle.

Aliénor regarda son frère avec intensité. Pensait-elle qu'Arnaud serait capable de faire une chose pareille ? En un sens, poussé par son grand-père, oui. Toutefois ses hommes l'aideraient-ils ? C'est bien moins certain. Depuis la bataille de Valdrant, elle avait acquis une certaine popularité dans les rangs de son ost. Elle avait fait couler son sang au même titre que les autres et était désormais considéré comme des leurs en un sens. Ce ne fut pas toujours facile mais elle avait gagné sa place. Elle doutait en soit, qu'ils mettraient tout ceci derrière eux pour aller marcher sur Arétria pour le compte du sternois.

La belle rousse alors réfléchit à la possibilité évoquée par son frère. Arnaud n'arrivait même pas à se réconcilier avec elle comme il se le devait alors qu'elle le lui servait sur un plateau d'argent... alors retourner son ost contre elle... Encore moins avec la décision prise par le Sénéchal du royaume de marcher ensuite sur le sud.

- Je sais que c'est imprudent mais avec leur chantage à propos du mariage, il fallait bien que je leur donne quelque chose à se mettre sous la dent pour leur permettre de ronger leur frein avant de rentrer au pays et de les garder ainsi tranquilles. Avec la marche annoncée dans le sud, je doute que de lui-même, Arnaud décide de faire rentrer les hommes à la maison. Les hommes aiment trop la guerre. Ils festoient tout juste la prise de Christabel en ce moment même. Ils marcheront ensuite sur Diantra. Personne ne bougera avant de savoir ce qu'il s'est passé au Concile et si la guerre s'arrête là ou si on se remet en ordre de marche pour le sud. Nous sommes tenus par nos serments. Si tu préfères j'y retourne immédiatement pour plus de sécurité mais je ne pense pas que l'espoir d'Arnaud que les choses se rétablissent soient rompues au point qu'il en vienne à cela. Je comptais de toute façon lui envoyer un message pour l'informer que tu es bien en vie, que je t'ai vu en chair et en os. Je pourrais également lui laisser entendre que je serai ravie de reprendre notre discussion sur notre réconciliation éventuelle afin de le maintenir tranquille. Je n'ai rien contre lui en sommes. Juste, je ne souhaite pas l'épouser. Ne peut-on vraiment pas me trouver meilleur parti, Rod ? En ce qui concerne Karl, j'ai laissé Arétria sous les mains de l'ordre du Calice et surtout de la millice au complet. Walther de Hohenburg m'est bien plus loyal qu'il ne l'est des sternois, je m'en suis assurée. C'est même le contraire, il m'a par le passé protégé d'Arnoul en jouant double jeu. Nos terres ne sont pas sans défense.
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MessageSujet: Re: De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody]   De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody] I_icon_minitimeJeu 19 Avr 2018 - 19:34


« Il joue double jeu, dis-tu ? Tu fondes tes espoirs sur un homme dont la parole me semble bien vacillante, ma sœur. C'est un homme des Stern. S'il t'est fidèle, alors il est parjure. » Il hocha la tête d'un air désapprobateur. « Je sais que tu as pensé au mieux, et que tu as dû improviser, Aly. Tu es sans doute trop honnête, trop franche pour le monde insidieux de la politique. C'est un terrain semé d’embûches, tu t'en es rendue compte ; j'ai mis longtemps à m'y sentir à l'aise. Sur un champ de bataille, on sait qui est l'ennemi. Mais quand on exerce le pouvoir, il est en chaque être, y compris en nous-même. »

Il croisa les bras et, tout en contemplant sa soeur, se demanda où était passée cette fougue qu'elle avait encore et que lui-même avait perdue. Les jeux de pouvoir lui avaient ôté une partie de lui-même. Il avait perdu sa spontanéité, son attrait pour les choses simples, et même les joies et les peines n'avaient plus la même accuité qu'autre fois. Il se sentait détaché, comme hors du monde ; il le regrettait, tout en ayant conscience que l'altérité de ses sentiments était devenue son plus puissant atout.

« Sais-tu comment j'ai choisi mon cercle de confiance parmi la noblesse arétane ? Je vais te le dire. Arnoul de Stern, Henry de Rimbert, Leudaste... tous ces gens-là, ce ne sont pas des affinités personnelles qui me lient à eux. Ce n'est pas une histoire de sympathie. Ce n'est pas de la simple amitié... en politique, Aliénor, on fait le choix de ses alliés en sachant d'où ils viennent et où ils vont. Et peu importe qu'ils soient drôles, amicaux, polis, beaux. Henry de Rimbert est un abruti fini et un alcoolique notoire. Il a adoubé un fermier, une fois, parce qu'il s'était amusé de le voir rosser des ivrognes dans une taverne. Leudaste, eh bien, tu sais comme il est... ce n'est pas de gaieté de coeur que j'ai bu à son mariage, en sachant qu'il épousait sa nièce et se réjouissait de faire main basse sur les terres de feu son propre frère. Arnoul de Stern n'est pas un mauvais bougre, mais ce n'est pas à proprement parler un ami, et il est bien plus redoutable que le vieillard sénile que chacun voit en lui. Tous ces gens-là, je savais comment m'assurer leur loyauté. Tant que tu respectes les codes, ils te respectent. La politique tourne autour d'un ordre établi, Aliénor. Dès qu'on s'écarte des lignes, on s'attire des problèmes. Chaque homme a sa place, et chaque homme s'attend à être traité en fonction de celle-ci. J'ai traité des reîtres comme de la boue, tu sais ; ils grognaient, montraient les dents parce que ce sont des butors au sang chaud, mais au fond d'eux-mêmes, ils savaient qu'il était normal pour eux de se faire piétiner. Ce n'est pas le mérite qui élève les hommes, Aly. Ce n'est pas mon mérite qui m'a fait devenir comte ; on m'a traité en héros, mais il y avait des milliers de héros à Amblère. Quand Alwin est mort, on m'a choisi pour épouser Iselda uniquement parce que c'est moi qui commandait l'ost à ce moment-là. Mais ça aurait pu être un autre. Henry de Rimbert pourrait être notre comte, aujourd'hui. Ou même Arnaud. » L'idée lui arracha malgré lui un rictus. « Ce que je veux dire par là, c'est que ce monde est cruel. Mais il serait naïf de penser qu'on peut le changer. Je pense que c'était une erreur de choisi Walther. Tu lui fais confiance parce qu'il t'est sympathique, et tu as tes raisons ; mais en confiant une telle charge à un homme de si basse extrace, tu fais bouger les lignes. Et cela effraie tout le monde. Les gens s'attendent à te voir t'entourer des plus grands. En politique, on ne choisit pas ses amis. On ne choisit pas non plus qui on épouse. La... logique aurait voulu que tu épouses Arnaud, tu sais. Sur le papier, il était parfait pour toi. Bien sûr, tu ne l'aimes pas ; mais je n'aimais pas non plus Iselda. Nous étions même malheureux ensemble, elle surtout. Et tu sais bien, de toute façon, que j'aimais une autre femme. »

Son regard s'assombrit. Il n'avait jamais avoué cette faiblesse à sa soeur, bien que celle-ci l'ait percé à jour très vite. Lorsqu'elle avait rencontré Maélyne de Lourmel un soir de Barkios de l'an 8, lors d'une halte de la dame à Wenden, Aliénor avait su qu'il y aurait quelque chose entre Roderik et elle. Elle l'avait su, avant même que cela n'arrive, avant même que Roderik n'en ait conscience lui-même. Roderik n'avait plus besoin de s'en cacher auprès d'elle ; aujourd'hui, son épouse était morte, et sa maîtresse également. La Déesse Noire avait un sens de l'humour bien étrange. Pourquoi lui, le plus mauvais des trois, était-il toujours en vie ?
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MessageSujet: Re: De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody]   De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody] I_icon_minitimeVen 20 Avr 2018 - 9:14


La belle rouquine écouta avec attention les propos de son frère, comme un élève écoute son professeur. S'il avait raison en un sens, la jeune femme savait aussi qu'en un autre, il avait tort et ne manqua pas de le lui faire remarquer.

- Il est fidèle à Néera et est celui qui m'a le plus soutenu lorsque j'ai appris ta mort. Il n'a cessé de m'épauler depuis, même lorsqu'Arnoul de Stern l'a convoqué pour le retourner contre moi, il m'a soutenu. C'est lui qui m'a d'ailleurs conseillé d'accepter Arnaud en fiançailles. Il aurait pu me séduire et prendre la place mais il a été assez intègre pour ne pas le faire. J'ai toute confiance en cet homme et pardonnes-moi mais en l'absence de mon frère, avoir quelqu'un de confiance à mes côtés me paraissait être plus important que de satisfaire la quête de pouvoir des Sterns.

Touchée qu'il l'accuse de manquer de jugeote, Aliénor commençait à céder quelque peu à la colère. Elle prit alors une pause dans sa réponse afin de se calmer quelque peu. Elle était très impulsive et Roderik le savait bien. Lui qui d'ordinaire avait toujours su la calmer, était également celui qui lui avait provoqué ses plus grands courroux avec Arnaud de Stern.

- Être une femme à la tête d'un Comté est pour le Nord en soit, déjà bouger les lignes mon frère. Je ne vais pas passer ma vie à m'excuser d'être née du mauvais sexe. Je tâche comme toi avant moi, de prendre mes marques et de comprendre ce jeu mais on ne me le permet pas. On souhaite au contraire me mettre dans une petite boîte et me contenter de jouer les pantins. Je ne veux pas que l'on décide à ma place. Je suis la première à ne pas hésiter à prendre conseil et tu es le mieux placé pour le savoir. Notre suzerain m'a d'ailleurs conseillé si je m'opposais au mariage de quand même d'accorder la charge de Sénéchal du Comté aux Sterns du fait de leur position afin de leur donner un os à ronger. C'est ce que j'ai fait, ça ne leur a pas suffit. Qu'est-ce que j'y peux ? Je ne peux pas nommer aux postes les plus importants des personnes en qui je ne peux pas avoir confiance. Je l'ai exprimé à plusieurs reprises auprès d'eux mais ils n'y ont jamais rien entendu. Mais c'est moi qui prends de mauvaises décisions ?

La logique aurait autant voulue que j'épouse Arnaud que j'épouse Louis notre régent. Il était aussi parfait sur le papier. Il a préféré un mariage des plus intéressants avec la soeur de notre Sénéchal royal, ce que j'ai tout à fait compris. Mais regardes, il envoie tout ceci balader, moi compris, pour qui ? La baronne d'Alonna, une vassale du Marquisat voisin. Elle est idéale sur le papier ? Non et pourtant il se bat comme un lion pour l'épouser mais lui, c'est un homme alors bien sûr ! Il peut tout se permettre !


Et voilà, ça y était, la colère était montée au nez de la belle arétane.

- Ne me prends pas pour une imbécile Roderik, j'ai su que tu aimerais une autre femme qu'Iselda avant même que vous ne tombiez amoureux. Je t'ai laissé faire, sans rien dire, t'observant te déchirer entre ton coeur et ton devoir et pourtant, quand tu avais le choix de rentrer tu es resté à Merval, près d'elle, non ? Tu aurais tout abandonné pour elle si elle te l'avait demandé. Et ne me fais pas l'insulte d'oser me dire le contraire ! Je suis ta soeur, je sais tout de toi et je ne t'ai jamais rien reproché Roderik.

Aliénor se remit à déambuler dans la pièce pour se calmer et ne pas exploser. Elle risquait de dire à son frère des choses qu'elle regrettait et elle ne voulait pas en arriver là. Ainsi, après avoir pris une grande respiration, elle continua d'une voix plus posée.

- Si j'ai tant rechigné à épouser Arnaud de Stern c'est parce que je pensais pouvoir trouver bien mieux sur le papier et en dehors pour moi ainsi que pour le Comté. Si je m'y oppose maintenant c'est parce que je ne veux pas épouser un homme violent qui pense pouvoir diriger à ma place ou sinon récolter tous les lauriers d'actions communes et qui fréquente plus les bordels que son propre lit. Je ne peux pas épouser quelqu'un en qui je ne fais pas confiance et qui en plus de cela, insulte la mémoire de mon frère. Je ne me suis certes pas très bien comportée envers lui et j'en ai déjà fait amende honorable. Mais pardonnes-moi, outre ce fait, si j'avais été un homme et qu'il avait porté la main sur moi, ça ferait bien longtemps qu'on l'aurait mis aux fers. Là encore parce que je suis une femme, on peut tout se permettre ? C'est la seule et unique raison pour laquelle j'ai rompu les fiançailles : Parce qu'il a osé porter la main sur moi, la représentante de son suzerain. Tu devrais utiliser ton énergie à me défendre plutôt qu'à me faire la leçon car mes erreurs je les ai déjà assumées et il n'a jamais été question de la part d'Arnaud malgré cet épisode, qu'il rompt les fiançailles. Par contre on me frappe et c'est normal tout va bien ! Non ! Que tu le veuilles ou non, je préfère encore mourir que d'épouser ce... ce... GRRRR ! Cet homme qui semble mieux connaître les bordels que sa propre tente.

La jeune femme afficha un visage des plus mécontents contre son frère. Elle qui jusqu'à maintenant avait cherché à arranger les choses n'en avait plus du tout envie. Mais pourquoi donc voulait-on lui imposer se crétin sternois ? Qu'avait-il de plus que les autres ? Il ne savait même pas écrire ! Les premiers temps, lire les rapport du jeune homme avait été une telle souffrance pour la jeune femme qu'elle finit par lui demander à lui seul de les lui faire oralement. En plus de cela, à part pleurer dans les jupons de son grand-père, on ne pouvait pas dire qu'il faisait montre d'un grand esprit d'initiative ou même de la moindre intelligence.

- Ne me dis pas qu'il n'est pas chose courant de rompre des fiançailles, surtout pour en trouver des plus avantageux. Avec ton retour, les choses ont changé et peuvent justifier une telle chose. D'autant plus que je n'ai rompu qu'oralement, donc de manière officieuse. Officiellement, rien n'est fait mon frère, je suis toujours fiancée et je n'ai rien reçu jusqu'à maintenant m'indiquant que mes fiançailles étaient rompues pour l'autre côté.

Si son dernier argument était faible et sans doute assez infantile, elle ne doutait pas d'avoir marqué des points avec les précédents. Comment pouvait-on lui reprocher une chose que lui-même n'avait pas suivie ? S'il s'était en effet marié par intérêt à Iselda de Karlburg, il avait été loin d'être un bon mari et il le savait. Toutefois par amour pour son frère, elle ne se serait jamais permis de le relever. Néanmoins ils savaient tout deux que cette ombre planait au-dessus de la tête du Grand Chancelier. Comment pourrait-il donc exiger de sa soeur pareil sacrifice, elle qui avait déjà tant fait pour lui en maintenant ses terres au nom de son fils et en le protégeant du mieux qu'elle le pouvait ? Tout ce qu'elle demandait c'était de pouvoir tout simplement que son frère lui trouve avant tout un bon mari en plus d'être d'un parti suffisamment intéressant pour leur famille. Etait-ce trop demander ?

- Maintenant on pourra en parler toute la nuit si tu le souhaites, même toute notre vie si tu veux, ça n'y changera rien. Que fait-on maintenant ? Et surtout, où souhaites-tu que je me rende ? Avec toi dans le sud ou que je retrouve nos hommes à Diantra?

La jeune femme avait posé ses poings sur ses hanches. Elle en avait marre de ces hommes qui la contredisaient tout le temps, qui lui disaient tout le temps qu'elle faisait mal mais qui d'un autre côté, soient bien contents qu'elle soit là pour prendre les armes pour défendre leur fils ou qu'elle tienne le Comté et les seigneuries en leur absence. Qu'a-t-elle en retour elle à part des reproches?
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MessageSujet: Re: De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody]   De te revoir, mon coeur s'est arrêté [pv Rody] I_icon_minitimeVen 20 Avr 2018 - 17:49


Si la conversation avait connu un temps d'apaisement, il semblait que cela n'ait été qu'une accalmie. Bientôt le ton monta de nouveau ; et Roderik, irrité par l'énumération des griefs de sa sœur, finit par détourner le regard. Eh bien, quoi ? Était-ce de sa faute à lui si elle n'était pas née avec un pénis ? Elle égrena un à un ses caprices, s'apitoyant sur son sort, elle qui avait toujours su affronter les épreuves en restant maîtresse d'elle-même. Sentant le feu lui monter aux tempes, Roderik se mit à faire les cent pas, évitant le regard d'Aliénor. Finalement, elle se calma et, comme elle le disait si bien, l'on pouvait en parler toute la nuit et même toute la vie, cela n'y changerait rien ; le passé était le passé, seul importait maintenant de savoir que faire de tout ce merdier. Lorsqu'elle lui demanda où il souhaitait qu'elle se rende, Roderik marqua un temps d'arrêt. Le front levé, l'air pensif, il réfléchissait.

« Je pense, Aliénor, que je t'en ai suffisamment demandé comme ça. Reste à l'écart de la guerre et des coups bas ; si les intrigues du nord t'ont paru tordues, ce n'est rien comparé à ce qui se trame dans le sud, crois m'en. Reste ici à Laréor, ou prends-toi quelques jours de détente à Pharembourg. Tu l'as mérité. Je vais reprendre la main. »

Il la toisa quelques instants, guettant sa réaction. Que regretterait-elle le plus ? D'être mise à l'écart de l'action, ou de se voir reprendre le pouvoir qu'elle avait exercé en son nom ? Plusieurs fois pendant leur entretien, il avait décelé chez elle les signaux d'une attirance naissante pour le pouvoir. Il avait vécu cette étape, et ne la souhaitait pas pour elle.

« Et maintenant, pardonnes-moi ; je pense avoir suffisamment fait attendre le lieutenant Heinrich. »

Il l'invita à sortir, tandis que l'on faisait mander les émissaires de Serramire. Le Chancelier s'enferma un moment avec le lieutenant Heinrich et ses gens. Il passa le reste de la journée à signer des procès-verbaux et à scruter les préparatifs de leur départ pour la Brande au lendemain.
Les clercs remarquèrent ce jour-là qu'une mention avait fait son retour dans les actes de la Chancellerie. Juste après l'épithète de Grand Chancelier du Royaume, la signature de Roderik s'adjoignait désormais du titre de comte d'Arétria.
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