l'Ombre qui parlait au cheval (pv duc) (TERMINÉ)

~ Il n'y a pas de lumière sans ombre ~

Naélis, Mi-Karfias
Été de l'an 11.
Fait suite à ce RP

L’entrevue avec le roi de Naélis avait été profitable. Il semblerait que l’accord trouvé entre Franco et Glenn était des plus profitables pour tous. Aussi, après s’être fait raccompagner en dehors des termes de Naélis, le duc en exil avait rapidement retrouvé les personnes qu’il avait rencontré quelques jours plus tôt qui faisaient partie intégrante de la pègre de Naélis.
- J’ai encore besoin de vos services.
- Hum hum. Vas-y parle.
- Je veux que vous trouviez un assassin pour moi.
- Sois-plus précis.
- Je ne peux vous en dire davantage. Trouvez-moi quelqu’un, ici, à Naélis, qui soit capable de trouver un homme, de le manipuler mais également d’accéder aux cachots de Naélis.
- Tu nous en demande beaucoup.
- J’ai des alliés haut-placés.
Franco jeta un regard en direction de la porte qu’il venait à peine de franchir. Par-là, il sous-entendait bien évidemment le roi de Naélis.
- Et vous, qu’est-ce qu’on y gagne ?
- Je me débrouille pour rentrer à Hanning. Disons que je vous serai redevable. Vous n’êtes pas sans savoir que les établissements pour qui je travaille sont de plus en plus influents dans les Sept-Monts.
- C’est vrai, mais nous on veut du tangible.
Franco décrocha une bourse d’or qu’il avait à sa ceinture. C’était tout ce qu’il avait emmené avec lui. Il verrait bien comment il ferait pour rentrer à Hannnig par ses propres moyens. L’homme avec qui le soltari en exil parlait examina la bourse, la soupesa et fit un signe de tête. L’un de ses acolytes disparu immédiatement dans les ombres.

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Deux heures plus tard, Franco et les hommes de la pègre s’étaient installés dans une auberge aux portes de la ville dénommée l’auberge du Mistral. Etrangement, on aurait dit que ce lieu était une sorte de passage obligatoire pour tous les bandits du coin. Assassins, contrebandiers et mêmes quelques magiciens un peu louches semblaient trainer par là. Franco n’arrivait pas à comprendre que les autorités locales ne parviennent pas à faire fermer ce genre de lieu … Mais peu importe.
Un homme vint s’adresser à celui qui était resté avec le soltari. L’échange se fit à voix basse et dura quelques secondes. Puis l’homme confirma à Franco qu’ils avaient trouvé une solution.

- Tu as de la chance, nous avions une autre mission prévue ce soir-là pour un ami mais elle vient d’être annulée. Tu prends donc sa place. Rends-toi dans l’étable derrière l’auberge et va flatter les bêtes. Dis leur de ne point craindre les ombres. Si l’on te demande, dis que tu viens de la part de « L ».

Drôle de scénario. Mais pourquoi pas. Au pire, le duc en exil n’avait rien à perdre. Et si les choses tournaient mal, il avait sa fine rapière toujours accrochée à sa ceinture bien proche de lui. Franco ne dit un mot de plus et se dirigea vers l’extérieur. La pénombre était totale et il allait être difficile de distinguer quelqu’un à travers les ombres.

L’étable ne fut pas difficile à trouver. Il pénétra à l’intérieur ce qui eut pour effet de surprendre quelques bêtes qui se mirent à hennir. Aussi, sans plus attendre, Franco s’attela à calmer la bête la plus proche de lui. Un magnifique pur-sang estréventin à la robe noire comme le jais lui jetait un regard foudroyant.

- N’aies crainte des ombres, mon ami.

Franco fit posa sa main sur l’encolure de la bête afin de la rassurer. Peut-être que quelqu’un était caché ici. Peut-être pas. Quoiqu’il en soit, s’il y avait quelqu’un il serait parfumé d’une douce odeur de … crottin.  

La scène aurait pu inquiéter le commun des mortels. Mais si Franco avait des défauts, la peur n’en était pas un. Il avait toujours été courageux au cours de sa vie et avait préféré affronter les problèmes en face plutôt que de les contourner.  Le duc chercha des yeux la voix qu’il venait d’entendre. Si la mise en scène se voulait légèrement mystique, il aurait tôt fait de lever le voile de mystère.

- Je viens au nom de L. J’ai une mission pour toi.

Franco ne voulait pas brusquer l’inconnu. Mais tout de même, il ne voulait pas faire trainer les choses en longueur non plus. Il faut dire que passer sa soirée dans une écurie crotteuse n’était pas vraiment dans ses habitudes.

- Les Ombres Invoquées … J’ai besoin des ombres pour changer d’identité. Plus précisément, j’ai besoin que mes anciens compatriotes me croient morts afin qu’ils ne sachent pas que j’ai repris le cours de ma vie ici même en estrévent.

Le duc en exil prit un air pensif. Ne sachant trop à qui il avait à faire, il restait méfiant. Mais tout de même, les gens de la pègre de Naélis ne l’avaient pas arnaqué jusqu’à maintenant. Il n’y avait pas de raison qu’ils se mettent à le faire aujourd’hui.

- De plus, j’ai besoin d’une certaine mise en scène autour de ma mort. Les gens de la Péninsule devront apprendre que ce sont les autorités de Naélis qui m’ont attrapé et que je suis mort dans des circonstances inconnues dans les cachots de Naélis.

Franco avait discuté son plan avec Glenn, le roi de Naélis. En fait, à la base, c’était l’idée de Glenn lui-même. Le soltari avait apprécié de rencontrer un homme aussi vif d’esprit à la tête de la cité humaine d’orient.

- J’ai quelques … Attributs à vous fournir pour vous aider. Je pense que les habits que j’ai l’habitude de porter ainsi que le sceau de ma famille sont un bon départ. Quel est votre avis sur la question ?

Pour l’instant, Franco était toujours dans l’interrogatif sur l’identité de son interlocuteur, et ce n’était pas quelque chose qu’il appréciait plus que cela.

Franco avait beau avoir commencé à faire des affaire à Hanning, son visage était relativement inconnu du commun des mortels. De plus, il n’avait pas spécialement utilisé son propre nom pour faire des affaires, excepté avec son associé, Kaichi.

L’ex duc soltari fut surpris du langage de son interlocuteur. En péninsule,  la plupart des assassins étaient au service de la noblesse et avaient un langage châtié. Il semblerait que ce ne soit pas le cas, ici à Naélis …

- Tu as carte blanche. Je te laisse imaginer tout ce que tu veux, organiser les choses comme tu préfères. Je me contenterai donc de te donner le sceau de ma famille ainsi que mes habits fétiches et tu n’auras qu’à les disposer sur la scène de crime.

Franco se mit à réfléchir, qu’est ce qui pourrait être facilement reconnaissable sur son corps … Hormis ses yeux bleus et sa barbe légèrement grisonnante, il ne voyait pas.

- Je pense que si tu trouves quelqu’un de ma corpulence, avec une barbe grisonnante et des yeux bleus, ça devrait faire l’affaire.

Le nouveau marchand des Sept-Monts n’avait pas l’habitude de tutoyer quelqu’un qu’il ne connaissait pas. Mais s’il avait traversé l’Olienne, ce n’était certainement pas pour s’enterrer dans les codes désuets de la péninsule.

- Oh, le but n’est pas d’effrayer qui que ce soit. Le but est simplement que les péninsulaires sachent que Franco di Celini, duc de Soltariel, a péri dans les cachots de Naélis. La scène peut être toute simple.

Franco était circonspect. Il se doutait que pour que la scène ait l’air réussie, il faudrait que l’assassin soit motivé.

- Mais si tu souhaites faire des … « choses » avec le corps, libre à toi. Du moment que ça a l’air réaliste.

Certains hommes avaient des penchants parfois incompris par d’autres. Peut-être que l’homme des ombres faisait partie de ceux-là.

Franco ne savait dans un premier temps pas trop à qui il avait à faire. Mais il comprit rapidement que l’assassin était extrêmement sérieux et n’avait pas l’air trop déviant. Alors, il se mit dans la même posture qu’il se serait mis s’il était à Soltariel. Cet homme n’avait pas l’air de vouloir traiter à l’estréventine.

- Très bien, je ne veux rien, juste que le travail soit bien fait.

Les paroles de l’homme, bien que sérieuses, trahissaient une éducation des bas-quartiers. Sa manière de parler ne laissait pas transparaitre une grande éducation.

- Pour ma nouvelle identité, j’en fais mon affaire. Je commence à avoir mon réseau aux Sept-Monts et c’est là-bas que je ferai ma nouvelle vie.

Dix mille souverains ! Eh ben, l’homme ne s’embêtait pas. L’espace d’un instant, Franco se demanda s’il bluffait ou si c’était réellement son tarif. Quoiqu’il en soit, en bon Soltari, Franco ne laisserait pas passer la chose sans négocier.

- Je te payerai deux mille souverains lors de ta visite. L’adresse est déjà décidée, il s’agit des établissements Kaichi et Frères aux Sept-Monts. Je loge à l’étage. Je compte bien faire couler l’affaire et racheter toutes les terres de Kaichi à un prix de misère quand son affaire se sera effondrée. Sous ma nouvelle identité, bien sûr.

Avant que l’assassin puisse laisser transparaitre son scepticisme quant au prix, Franco reprit.

- Je te payerai trois mille souverains quand tout cela sera terminé. Sache que Franco va disparaitre, mais pas moi. A l’avenir, je pourrai te confier des missions sur les terres des Sept-Monts. En concluant cette affaire avec moi, tu t’assures un bel avenir.

Le duc en exil parlait d’un air grave. La somme allait être compliquée à réunir en si peu de temps. Il devrait user de son influence sur son partenaire Kaichi afin de lui extorquer des fonds. Mais ça, ce serait à régler plus tard.

Franco eut l’air hésitant l’espace d’un instant. L’idée de laisser un inconnu décider jusqu’à son futur lieu de vie lui plaisait moyennement. N’y avait-il pas autant de risques à mettre sa vie entre les mains d’un inconnu qu’entre les mains des magnats de la péninsule ?

- Ma nouvelle vie se fera à Hanning, aux Sept-Monts. Peu importe le lieu, je peux me faire passer pour un nouvel arrivant en ville si besoin.

En effet, le duc en exil avait bien pris le temps au sein des établissements Kaichi & frères de récolter toutes les infos dont il avait besoin avant de commencer sa nouvelle vie. Le marché des épices allait s’ouvrir si facilement à lui …

- Je suis d’accord pour la volière.

Voilà donc enfin un peu d’humanité de la part de cet homme. Il aimait les oiseaux …

- Je suis également d’accord pour les contrats. Tu n’auras qu’à bien faire ton travail pour en avoir autant que tu le souhaites.

Les affaires semblaient se conclure progressivement. Maintenant les deux hommes allaient avoir de nombreuses choses à arranger chacun de leur côté.

- Bien, puisque nous sommes d’accord, je peux rentrer aux Sept-Monts ? Je vais faire ce que tu m’as demandé. J’attendrai de tes nouvelles.

Franco était soudainement pressé. Il avait hâte d’en finir avec toute cette mascarade.