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 Un cheval n'est pas l'autre | Owen

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Louise de Fernel
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MessageSujet: Un cheval n'est pas l'autre | Owen    Un cheval n'est pas l'autre | Owen  I_icon_minitimeSam 22 Aoû 2020 - 13:00




La châtelaine avait passé une belle fin de soirée en compagnie de quelques-uns de ses gardes à l’auberge. Peu avant le crépuscule, ils avaient réintégré les lieux, en se frottant les mains, le nez rougi, mais le regard heureux et content. Du moins en ce qui concerne les gardes. Louise, elle, s’est contentée de sourire gentiment, gardant ses pensées pour ce calepin qu’elle emmène partout. Tandis qu’ils se réchauffaient devant l’âtre énorme, retrouvant leurs comparses qui avaient entre temps pris soin des chevaux, Louise a posé quelques mots sur les pages rigides, tranquillement, un peu à l’écart. Cela ne dura pas, le calepin retrouva vite la poche de son veston capitonné.

Louise rejoignit alors son escorte et se mêla à elle, posant des questions, demandant des nouvelles des chevaux, la disposition des bagages, un bref interrogatoire avant de prendre un repas, dans une joyeuse ambiance à laquelle elle a pris part, sans le moindre complexe. Bien sûr, une telle assemblée ne passe pas inaperçue et le fait qu’une dame seule se trouve au milieu de tant d’hommes, habillée comme eux, mangeant comme eux, fait parfois lever les sourcils des autres clients. Louise n’en a que faire. Quand elle parle, quand elle joue aux cartes, quand elle chante même, elle ne pense à rien et c’est précisément ce dont elle a besoin. Ne penser à rien. Ne pas penser à lui. Ni à eux. A personne sauf elle.

Elle a veillé tard, elle a été une des dernières à rejoindre la toute petite chambre qu’elle occupe. Son premier lit depuis son départ de Fernel. Et elle a dormi d’un profond sommeil, s’éveillant d’elle-même à l’aube. Louise fait elle-même son paquetage, et rejoint les gardes qui sont presque tous là, saluant d’une parole aimable.

- Messieurs, il est temps pour nous de reprendre la route.

Les détails du départ réglés, elle rejoint Lasgalen tout aussi content de la revoir qu’elle de passer sa main sur la large encolure. En selle, elle prend la tête de la troupe, Enguerrand à ses côtés, le bruit des sabots claquant sur les pavés de la route.

- Ma Dame, peut-être pourrions-nous faire étape en cette auberge sur le chemin du retour. Nous y avons été fort bien reçus.

Louise, emmitouflée dans une épaisse cape de laine bleue doublée de fourrure, un morceau de tissus disposé sur son nez et sa bouche afin de se prémunir du froid, acquiesce d’un mouvement de la tête.

- Je suis d’accord, l’endroit était accueillant et propre. Si nous passons par Cantharel pour rentrer à Fernel, nous nous arrêterons là-bas.

La châtelaine a beaucoup aimé cet endroit. Elle y reviendra avec plaisir, d’autant qu’à son retour, la neige aura très certainement disparu. Elle allait d’ailleurs reprendre la conversation à ce sujet quand un hennissement sonore, qu'elle ne reconnait pas, l’en empêche. Ils sont en dehors de la ville et s’en éloigne pourtant au petit trot. Elle regarde Enguerrand, rapidement, puis se retourne sur sa suite pour savoir de quoi il s’agit puis tend le cou pour mieux voir.

- … ?

Un cheval noir au galop, sur une route pavée et gelée ? Louise plisse les yeux et arrête la troupe d’un mouvement de la main. Elle fait demi tour afin de mieux voir, cherchant l’éventuel propriétaire des yeux puis devine une silhouette sur l’énorme animal. Louise hausse un sourcil.

- Voilà un hardi cavalier…
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Owen de Villiers
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MessageSujet: Re: Un cheval n'est pas l'autre | Owen    Un cheval n'est pas l'autre | Owen  I_icon_minitimeMar 22 Sep 2020 - 22:40


«- Owen ! Ramène des bûches, le feu va s'éteindre ! dit le chauve en claquant de la langue.
- Mais.. Rah ! Gronda le freluquet en partant chercher le bois.

En marmonnant quelque chose sous une fourrure le recouvrant du froid. Owen était jeune, assez grand pour un péninsulaire, des cheveux ébouriffés brun et malgré que cela ne se voyait pas avec la fourrure, était maigre. Quant à son compagnon de voyage, il ne pouvait que très peu se juger chanceux. Gras comme un porc, un crane aussi lisse qu'un œuf et une barbe longue rousse qui fait sa fierté. Le retour en péninsule du jouvenceau lui fit expérimenter les joies de l'hiver, c'est près d'un cabanon abandonné dont à peine deux personnes peuvent rentrer qu'il fit la rencontre de Borin, à quelques lieux d'ici. Borin était un gros bretteur ruste et balourd, très peu enviable en tant que camarade de voyage.
«- Et ces bûches ? Ils arrivent quand, espèce de rejeton !? Il lui beugla dessus alors qu'il grignota d'un morceau de viande séché qu'il avait négligemment enfoui sous son manteau plus tôt.
- Arrête de hurler !» Owen roula des yeux, exaspéré. Il agrippa à l'aide de ses mains trois bûches qui se trouvaient contre le mur arrière du cabanon.
Il revint alors revoir son cher ami de suite après, en déposant près du faible feu de camp le tas de bois. Borin lui jeta un regard et il soupira de nouveau en s'accroupissant pour mettre une bûche sur le feu, elle prit feu après quelques instants et les braises jaillirent de nouveau.

«- Une dernière et assit toi. Mais pas comme cela pauvre imbécile, un peu plus à gauche ! Encore un peu. Voilà. Maintenant tu peux s'asseoir.»
Owen s'assit sur un autre tronc laissé-là par les derniers voyageurs qui étaient passé ici.
«- on est à quelques lieux de la ville, à peine une poignée d'heures à cheval et la fin du voyage.
- La fin du voyage pour toi. Je me rend à la capitale après mon séjour..
- Diantra ? Tu y ai déjà allé avant ?
- J'y suis né, donc oui.» Borin cracha dans la neige.

Après un certain moment de silence entre les deux compères, derrière eux la monture noire dont les rènes étaient raccroché contre un poteau à deux doigts de céder, se mit à taper des sabots avants et à renacler, Owen se redressa et tandis que Borin restait assit en le regardant faire, le jouvenceau tenta en vain de calmer la fougueuse monture mais cela ne semblait qu'empirer les choses.

«- Eh! Va vraiment falloir que tu le vend ! Un sanglier serait plus facile à dompter que cet bête!» S'en suivit un rire gras.
Si c'était vrai, je t'aurais vendu depuis longtemps..

Cet monture était reconnu pour ne pas être le plus docile de tous et au cours des derniers mois au cours de son périple, Owen peux aisément confirmer ses affirmations sans y penser à deux fois. Ténèbre, car tel était son tendre nom, avait très grande tendance à être beaucoup plus une mûle qu'un vrai cheval, très têtu et borné il était, mais bon, cela faisait de la compagnie quand il n'y a personne dans les routes et sombres chemins.
Owen carressa la robe noire de Ténèbre et chercha dans les sacoches raccrochées à la selle de cuir une galette d'avoine pour tenter d'apaiser le monstre. Il réussit. Après avoir détaché les rènes du poteau, il se tourna vers son camarade de route.

«- Bon, on reprend notre route je présume.»
Owen hocha la tête.
Il se hissa sur la selle, tandis que Borin tapotait partout sur lui-même pour enlever la neige qui allait commencer à l'envelopper entièrement en baissant la tête, lorsqu'il le releva, il entendit Owen la voix se dissiper criant d'arrêter et vit Ténèbre galloper au loin.
«- Mais... Attend moi !»

***

Sur la route glaçial et enneigée, le jeune homme s'était accroché à sa monture qui ne voulait pas du tout s'arrêter, il gallopait et gallopait, à un tel point qu'Owen apercevait à peine le paysage et les environs pour se situer. Owen cria sans cesse à Ténèbre de ralentir, mais celui-çi répondit avec un renaclement chaud. La crainte envahit le cavalier qui espère que son cheval ne glisse pas et cause une mauvaise chute. Au loin, des remparts se dessinaient au fur et à mesure et des lumières commencèrent à apparaître.
«- Arrête, bougre d'âne !»
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MessageSujet: Re: Un cheval n'est pas l'autre | Owen    Un cheval n'est pas l'autre | Owen  I_icon_minitimeLun 28 Sep 2020 - 7:32


Louise plisse les yeux pour mieux voir, ce qui n’est guère évident compte tenu de la luminosité naturelle reflétée par la neige. Le cheval est immense. Noir comme une aile de corbeau et il est rapide. Enguerrand s’approche de Louise, observant lui aussi, un instant, les déplacements erratiques du cheval qui semble ne plus avoir le moindre contrôle.

- Dame…Regardez…Le cavalier…
- Lasgalen !

Un sifflement léger et le hongre se rue vers l’avant, laissant les autres sur le pavé. Seul Enguerrand prendra la suite de Louise, quelques secondes plus tard, percevant en effet la situation potentiellement mortelle qui attend ce cavalier juché sur une monture visiblement en furie. Louise sait que ce genre de choses peut arriver, avec tous les chevaux, et que tenter une approche frontale, brutale, ne fera que braquer l’animal au risque qu’il projette son cavalier au sol, avec tous les risques que l’on connaît. Il faut donc remonter sa progression, galoper à son côté, tenter de saisir les rênes et ralentir progressivement la course.

- Il est rapide, celui-ci…Au vent, mon ami !

Lasgalen force l’allure, suivant les traces de son ténébreux comparse qui soulève des nuages de poudreuse à chaque instant. Au prix de longues minutes de lutte au cours desquelles le cavalier a failli tomber bien des fois, elle parvient à hurler en tendant le bras vers le jeune homme:

- Donne moi les rênes !

De là où il se trouve, le cavalier ne verra qu’un cheval portant une cavalière teintée en blanc à cause de la neige qui s’amoncelle sur ses habits. D’un revers de la main elle ôte les cristaux glacés qui l’empêchent de bien voir et siffle soudain très fort, de manière à se faire entendre du cheval sombre. Elle parlera en cette langue caractéristique des palefreniers de Fernel, celle que comprend les chevaux élevés en son domaine, priant pour que cette fureur sur pattes écoute et ralentisse sa cadence.

- « Ecoute moi, tu vas finir par te casser les jambes. Sous la neige, les pavés sont gelés. Calme toi, noble seigneur de la terre »

Lasgalen hennit juste après, comme pour abonder dans le sens des paroles prononcées par Louise. Enguerrand arrive, il est juste derrière, il parviendra, avec plus de difficultés, à remonter la course folle et à se placer de l’autre côté du cheval en cavale.


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MessageSujet: Re: Un cheval n'est pas l'autre | Owen    Un cheval n'est pas l'autre | Owen  I_icon_minitimeDim 11 Oct 2020 - 23:42


Pendant l'écart d'une seconde, Owen songea à l'homme à l’œil vert. Ce court séjour à Thaar qui s'était révélé plus décevant qu'autre chose. S'enfuir avec Ténèbres n'était probablement pas la meilleur idée, il aurait du écouter Borin et revendre le cheval à la première occasion venu. Cela aurait peut-être allonger son trajet pour le marquisat, mais cela ne l'aurait pas mit sa vie en danger. Sauf qu'il est beaucoup trop tard à présent.

Et les lumières devinrent plus clair aux yeux du jeune homme qui vit finalement la capitale. Il était enfin arrivé à destination, il fallait voir le bon côté des choses après tout, mais peut-être était-il mieux de voir le mauvais lorsque le ce côté implique une mort assuré. Owen s'accrochait aux rênes et au cou, Ténèbres ne semblait pas vouloir ralentir et malgré la température et les routes glaciales, persisté à galoper pour il ne sait quel raison. Et alors qu'il croyait que ceci sera sa pathétique fin, la fin du voyage qui se termine par lui qui meurt d'une chute à deux doigts de revenir chez-lui auprès de sa sœur et de son père, une voix d'une autre cavalière retentit.

«— Je.. J'essaye !» dit avec difficulté Owen qui se mit à tousser de la neige s'étant immiscé dans sa bouche.

Il en avait le visage couvert, il passa sa main sur ses yeux et surtout sur ses pupilles pour en extirper le plus et avoir une meilleur vue devant lui et de l'autre cavalier, ce qui ne réussit pas et laissa donc seulement place à une ombre presque blanc d'un homme, ou plutôt une femme et de sa monture. Le palefrenier balança les lanières de cuir noirci vers son sauveur, avant de se tenir au cou de fougueux Ténèbres. La femme était la dernière chance qui lui restait pour sortir vivant de cet situation. La vie reste beaucoup plus tentante que la mort, du moins pour lui. Après avoir donné le peu de force qu'il avait pour lancer les rênes au cavalier, Owen commençait à ne rien sentir, seulement le froid.

«— Ténèbres..» il soupira, mais ne put finir sa phrase.

Sans comprendre ce que l'autre disait, Owen sentit Ténèbres en dessous de lui hennir pour répondre. Mais la bête n'était pas stupide et quoi que ce soit que la cavalière avait prononcé, Ténèbres se secouait fortement et son galop devint petit à petit un trot. Cela ne prit que l'entièreté de deux longues minutes, minute auquel il passa à pousser plusieurs hennissements et répandre son souffle toujours chaud. Il était plus docile à présent, pour le moment en tout cas. Le jouvenceau leva la tête pour voir le paysage fixe devant lui, il tomba de Ténèbres n'ayant plus la force de s'accrocher. Il tomba au sol pour s'enfoncer dans la neige. Ténèbres s'arrêta en ne sentant plus le poids, certes maigre mais consistant de Owen. le dos du cheval était plus chaud, mais cela Owen ne pouvait le savoir..
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MessageSujet: Re: Un cheval n'est pas l'autre | Owen    Un cheval n'est pas l'autre | Owen  I_icon_minitimeLun 12 Oct 2020 - 8:01


Ne pas tirer trop fort sur les rênes, jamais. Elle a réceptionné, par miracle, les liens de cuir et impose le rythme de Lasgalen à cette fureur obsidienne, tout en douceur et en expérience, continuant à lui parler en cette langue suave qui fait hennir le hongre gris perle, la monture de Louise. Il faut faire vite. Le cavalier, pas bien épais, risque à tout moment de tomber et il n’est pas certain qu’Enguerrand soit capable de le réceptionner à temps s’il devait choir du dos de l’animal en furie. Une chute de cheval est potentiellement mortelle, la chose est donc urgente.

- Noble seigneur de la Terre, bien aimé fils du Vent, cesse cette folie et apaise ton cœur.

Petit à petit, la lutte se fait moins âpre. Le galop effréné se mue en un grand trot puis un petit trot avant qu’il ne s’arrête, toujours maintenu par une châtelaine au souffle coupé, le visage blanchi par la poudreuse, les cils garnis de petits cristaux. Elle flatte l’encolure de Lasgalen, tout en le remerciant en sa langue avant de voir Enguerrand.

- … ? Le cavalier ?
- Dame, il est là, dans la neige !


Enguerrand arrive quelques instants plus tard. Il s’apprête à descendre de son cheval pour prendre soin de l’inconnu mais Louise l’arrête.

- Non, venez ici, et gardez les rênes. Je m’en occupe.

La raison en est fort simple. Elle a bien vu la puissance de cet animal, en plein effort. Elle a perçu son comportement. Elle sait que s’il fait un geste brutal, elle n’aura probablement pas le temps ni les moyens de le contenir. Simple question de résistance physique. Enguerrand, lui, pourra au moins tenter de résister et il le fera bien. L’homme d’armes contourne la noire monture pleine de fougue et prend les rênes tendus par Louise. Le reste de l’escorte arrive, elle la voit au loin, et elle sent le sol trembler.

D’un mouvement aérien et plein de souplesse, se délestant au passage de toute la poudreuse accumulée, Louise descend de Lasgalen et se précipite vers le cavalier tombé dans la neige. Elle passe sa main sous sa tête et dégage toute la neige présente sur le jeune visage, les sourcils froncés, le regard noisette inquiet.

- N’aie crainte, nous ne te ferons aucun mal. Peux-tu bouger les jambes ?

Elle lui sourit, cherchant à capter son regard pour être certaine qu’il n’a pas pris un coup trop grand sur la tête lors de sa chute.

- C’est un cheval bien fougueux que tu montes là, l’ami.

Et à priori, il ne doit pas le monter depuis bien longtemps pour ne pas être parvenu à le calmer lui-même. Sauf évidemment si le cheval est une vieille carne au tempérament hostile. C’est rare, mais cela arrive parfois.
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MessageSujet: Re: Un cheval n'est pas l'autre | Owen    Un cheval n'est pas l'autre | Owen  I_icon_minitimeLun 12 Oct 2020 - 9:59


La neige l'engouffra petit à petit, recouvrant son visage qui commençait à avoir un léger teint bleu givré. Il s’efforça de retirer la neige qui allait l'étouffer et l'ensevelir s'il ne fait rien, mais il put à peine plier son bras et la main faibli s'abattue sur sa hanche. Peut-être que la glace lui était monté à la tête, mes ses seuls pensées lucides montraient le visage moqueur de Borin et disant d'une voix rieur «je t'avais prévenu!» Ce rire et son ton l'irritait fortement, mais pourquoi sa tête le fait penser à lui ? Il entendait son rire, encore et encore et n'avait qu'une seule envie, même allongé sur une route glacé avec l'impression qu'il allait mourir là et maintenant, il ne voulait que lui donner un gros pain.

Ses rires se dissipèrent après un moment exaspérant, laissant donc Owen dans sa solitude et dans le froid, il ne voyait plus rien et ouvrir les yeux était impossible par la neige qui dissimulait sa bouille, mais cet neige qui recouvrait son visage fut enlevé par la cavalière de tout à l'heure, montrant donc une belle jeune femme dont le capuchon laissé entrevoir des cheveux marrons soyeuses, avec un visage gai et des yeux noisettes rempli de délicatesse et de courtoisie. Owen n'était pas si différent, seulement que sa chevelure était ébouriffé son visage montrait plutôt un air naïf et que ses yeux, eux aussi noisette, disait simplement la couleur de ses iris, ils n'avaient rien de spécial.

«— Mes.. Jambes ?» Sa voix était peu vigoureuse et lente.

Owen baissa des yeux, afin de voir le bas de son corps. Ils n'étaient pas visible bloqué par son manteau de fourrure qui s'était d'ailleurs entrouvert lors de la chevauché. Il ne les sentait pas, évidemment. Owen s'efforça cet fois-ci à lever sa jambe de gauche, la jambe bougea faiblement et retomba peu après, toujours ignorant de toute sensation. C'est qu'il avait chevauché contre le vent pendant un bon moment, le jeune ! Ténèbres devait peut-être penser qu'il a fait son travaille, amener Owen à la capitale sauf qu'il ne songea à la température. Mais quel importance ? ll est chez-lui. Cela n'étonnerait pas Owen que le sombre cheval pense cela.

«— Un cheval fougueux, oui... Ténèbres.. Évite cela à l'avenir..» Owen poussa un faible ricanement comme une vaine tentative pour se réchauffer.

La monture renâcla, par pure mauvaise foi. Il était apaisé à présent, mais n'était pas docile pour autant. Il tapa des sabots en sentant un étranger près de lui tenir ses rênes. Mais bon, il n'allait pas se mettre à galoper et traîner l'inconnu dans la neige jusqu'à ce qu'il ne sente plus son poids car ce dernier étant mort le visage arraché pour jouir d'une fraîche liberté, il était trop habitué par la compagnie de son cavalier même s'il est un peu facile de jouer de lui, le désarçonner dans les routes près de boue ou de fumier, partir au galop avant même qu'il le monte, des moments par lequel il s'était habitué.

«— La galette d'avoine.. Dans la sacoche..» Dit Owen à voix basse écoutant les renaclements de Ténèbres.

Owen faiblit à chaque instant, le froid et lui faisait presque un. Chaque nordien vivait un hiver rude et peu enviable et cela depuis plusieurs cycles, c'était peut-être la source de leur fort caractère et de leur diplomatie quasi inexistant. Mais même le plus fou des nordiens ne voudrait pas se retrouver dans la même situation d'Owen, surtout avec un manteau entrouvert.[ Les chances de tomber et se craquer la nuque ou de juste geler sur place étaient haute, il avait eu de la chance.

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MessageSujet: Re: Un cheval n'est pas l'autre | Owen    Un cheval n'est pas l'autre | Owen  I_icon_minitimeMar 13 Oct 2020 - 8:20


L’escorte de Louise arrive au galop, s’arrêtant à quelques mètres du duo allongé dans la neige. Des regards s’échangent, des hommes descendent de cheval, au nombre de quatre. Les deux premiers approchent la châtelaine et le jeune garçon qu’elle protège. Ils ont dans leurs mains une épaisse couverture et une flasque.

Les deux autres se dirigent vers Enguerrand et l’immense monture noire, d’un pas tranquille.
Louise prend la flasque et la débouchonne d’un coup de dents, avant de lui coller le goulot dans la bouche. Un liquide brûlant coule dans sa gorge, de manière à le réveiller, et le réchauffer. Une pratique bien connue de tous ceux qui vivent dans les montagnes et qui récupèrent des personnes en danger, totalement sous emprise du froid.

- Avale ça et respire.

Une gorgée sera suffisante. Elle rebouchonne le tout, les sourcils froncés et rend la bouteille à l’homme, prenant maintenant la couverture.

- Jehan, aidez-moi à le sortir de la neige, son sang doit circuler. Vite.

Elle le hisse en passant son bras dans son dos tandis que le dit Jehan le soulève de l’autre côté, jusqu’à ce qu’il parvienne à se dresser. Aussitôt, Louise le confie au membre de son escorte qui, ni une ni deux le colle contre lui, avant de faire un rempart de cette épaisse couverture qui les enveloppe tous les deux. Une chaleur bienfaisante, presque immédiate se dégage de l’union de ces deux corps masculins enserrés par la couverture. Un autre homme vient taper l’épaule du garçon, avec un sourire.

- ça va aller, petit. Jehan est une fournaise à lui tout seul.

Jehan lui lance un regard noir. Aucun quiproquo à y voir. Là aussi il s’agit d’une pratique apprise par tous ceux qui vivent dans les neiges et les montagnes. Il n’y a rien de mieux qu’un corps pour échauffer un autre corps, et permettre au sang de circuler sans mal, afin de limiter les dégâts et les engelures. Idéalement, il est préférable d’enlever les vêtements mais ni le temps ni l’assistance ne le permet, il faut donc parer au plus pressé et faire avec ce que l’on a. Petit à petit, la chaleur fait son office, Jehan ne bouge pas, répétant des paroles calmes :

- Allez, pti gars. T’es plus fort que ça. C’est que de la neige…

Louise, elle, observe le garçon, s’assurant qu’il soit entre de bonnes mains, vérifiant si des couleurs apparaissent sur les jeunes joues malmenées, puis sourit avant de reporter son attention sur Enguerrand, Guillaume, Nicholas et…

- Ténèbres donc…

Nicholas, Guillaume et Louise s’échangent un regard entendu. L’œil expert et avisé de la châtelaine sait que ce cheval n’est pas du tout de la région. Et il n’est pas sans lui rappeler un autre qui doit certainement vivre sa meilleure vie au chaud, dans les grandes stalles de Fernel, nourri et soigné comme un roi.

- Dame Louise, vous pensez que c’est lui ?, dit Nicholas.
- Il va attraper froid après cette course, Dame. Il faut lui couvrir le dos, ajoute Guillaume.

Louise ne dit rien pendant quelques secondes. Elle observe l’animal, croisant son regard d’obsidienne sans ciller. Ce cheval est immense. Plus grand que Lasgalen. Il est fort, rapide et brutal. Vif. Chaque mouvement de ses muscles le hurle, à chaque moment. Louise inspire profondément et se dirige vers la sacoche, pour l’ouvrir et extraire une galette d’avoine.

- Dame, prenez garde, il n’est pas t…
- Enguerrand, laissez-moi faire voulez-vous ?

La châtelaine ne le touche pas, ne le caresse pas, elle reste face à Ténèbres, la galette à la main. Derrière elle, Guillaume et Nicholas qui n’en perdent pas une miette, tout autant que Jehan, tenant toujours le malheureux cavalier dans ses bras pour le réchauffer. Louise abaisse sa capuche et ne tend pas la galette de suite. D’abord elle lui parle, en cette langue étrange, chantante et douce, une langue que comprennent tous les chevaux de Fernel et qu’il semble avoir lui aussi comprise, alors qu’il était en plein galop débridé.

- Les Ténèbres et les Ombres parcourent la terre de concert, noble seigneur. Elles sont les destriers de ceux qui sont craints, de ceux qui ont un regard différent sur le monde. Tu es les Ténèbres. J’abrite les Ombres en mon domaine, par delà le lac Turquoise. Alors dis-moi, seigneur, si je t’offre ceci, pour apaiser ta faim, sauras-tu apaiser ton cœur et ton corps afin de nous permettre de t’apporter les soins dont tu as besoin ?


Elle tend la galette, à plat sur sa paume droite, pleine de respect pour ce cheval dont elle a deviné la provenance. Dante lui en a fait une description remarquable, que Nicholas a lui aussi retenue.

- Me permets-tu de t’approcher, en souvenir de celui qui a un regard d’émeraude et de sable, Ténèbres ?

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MessageSujet: Re: Un cheval n'est pas l'autre | Owen    Un cheval n'est pas l'autre | Owen  I_icon_minitimeSam 7 Nov 2020 - 1:23


Owen crut l'espace d'un instant que le monde venait de disparaître autour de lui, son teint bleuté n'était pas rassurant, ses lèvres prenait quant à eux une couleur se rapprochant du violet et il peinait à bouger sa mains glacé qui tentait de prendre la flasque, en vain. Prit de fatigue, sa main tomba dans la neige et ses paupières se fermèrent, la dame alors s'occupa de le faire boire une gorgée de la boisson ardente. Owen poussa un râle avant de tousser. Alors qu'il sentit le liquide brûlant parcourait l'intérieur de son corps, Owen ressentit aussi une énergie dont il n'avait jamais douté son existence se réveiller en lui. Il poussa un juron en silence.

« — Merci...» Murmura t'il.

Quelqu'un le souleva tout de suite après, Owen qui alors fermait les yeux comme pour récupérer un peu d'énergie, les rouvrent pour ne pas s'endormir et rester attentif ce de qui se passe autour de lui. Couvert d'une couverture qui le protégeait du froid, en plus de la personne qui pourrait très bien se convertir en fournaise contre lui. Croyant au départ que la dame s'occupait encore de lui, c'est en levant le menton qu'il remarqua avec regret que le fourneau en question est en fait un des hommes accompagnant la cavalière. C'est une simple embrassade très virile qui ne tâche en rien sa masculinité, se dit-il. Aux paroles du dénommé Owen, il soupira faiblement d'agacement mais se retint tout commentaire.

De l'autre côté, Ténèbre continuait de taper du sabot et de rependre son souffle chaud. Il déteste la présence de ses étrangers autour de lui et il voulait le faire savoir à ces gens, il hennissa en sentant ces mains étrangers parcourant les sacoches de cuir de noir charbon, Owen ayant assumé que l'homme à l’œil vert aime sa montures tout couvert de noir, positionné sur ses reins. De moins en moins docile, l'intervention et la voix douce de la noble ressemblant à un chant calma presque entièrement Ténèbre, qui renâcla pour répondre, il ne produisait qu'à présent le son de son souffle chaud.

« — Il n'aime pas les étrangers et est très...» Se coupant brusquement, il écarquilla du mieux qu'il pouvait les yeux regardant la scène devant lui.

Ténèbre acquescia d'un renaclement aux doux chants de la dame, peut-être était-il plus docile voyant peut-être en Jehan un ravisseur tenant sous son joug le jouvenceau Owen et il ne voulait pas risquer sa mort. Ce dernier en doutait fortement, mais cela reste une possibilité. L'équidé qui ne pouvait résister à de l'avoine, apprécia ce présent sans arracher la main de la femme au passage. Owen ne bougeait plus, il était toujours conscient mais il ne bougeait pas d'un cil, une expression surprit encré dans son visage qui reprenait son teint normal.
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