[ Le Cœur de l'Aduram ] Les frontaliers du Sud-Est

Kÿrianos de la sixième ennéade de Karfïas
Onzième année du Onzième Cycle

Tes doigts t’effleurent la nuque dans un inhabituel réflexe, palpant l’air à la recherche d’une chevelure qui ne l’occupe plus. Tu claques la langue, forcé de remonter jusqu’au haut de ton crâne pour trouver opposition. Tes griffes séparent des mèches folles, ramenant ce qu’il te reste de longueurs devant ton visage, seulement pour t’autoriser à les souffler vers ta tempe avec nonchalance.

Tu devrais être heureux. Heureux de ne pas avoir à craindre cet endroit comme eux le craignent. Tu devrais être heureux de ta place dans la dynamique d’Aduram. Heureux de ne pas être regardé par la faune et la flore comme une proie facile, une simple ressource prête à être prélevée. Tu devrais être heureux de ne pas être comme eux.
Les frontières d’Aduram sont habituellement une zone relativement paisible, bien loin du chaos régnant en son centre. Le calme de la Dissonance ici en soit témoin. Mais les frontières d’Aduram, parce que la forêt maudite est plus riche que beaucoup n’acceptent de le croire, attirent les badauds comme de belles fleurs attirent les papillons. Seulement ce que les badauds ne savent pas, c’est que dans cette cruelle nature, il faut se méfier des couleurs vives.
Et tu ne devrais pas te préoccuper de ceux qui l’ignorent, simplement enrichir ton existence des leçons qu’étaient leurs erreurs et passer ton chemin… mais cette fois, plus il y aurait d’ignorants, et plus ton chemin serait difficile à passer. Des ignorants ne te serviraient à rien. Des ignorants ne survivraient pas à l’Aduram assez longtemps pour t’ouvrir le chemin jusqu’à ton foyer. Des ignorants ne survivraient pas assez longtemps à l’Aduram pour l’empêcher de hurler.

Tu respirais lentement, essayant de ne pas trop t’incommoder de l’odeur des restes d’insecte géant étêté que tu trainais derrière toi. Imbéciles de bûcherons Naélisiens. Quand comprendraient-ils que le calme d’Aduram n’est jamais que l’annonce de la tempête à venir ? Jamais probablement, trop intéressés qu’ils étaient par les profits que pouvaient générer l’exploitation d’essences aussi rares. C’étaient là les humains dans toute leur gloire après tout. On pourra t’accuser tant qu’on veut d’avoir tué, tu n’as jamais tué que pour protéger. Alors d’entre toi et celui qui échangeait les vies d’esclaves contre quelques bouts de métal, qui était véritablement le monstre ?

- Qu’est-ce que tu veux ?

La voix se veut autoritaire, et son possesseur se veut imposant, mais les poignets tremblants, les doigts blanchissant sur le manche de sa lance, et les arbalètes engagées de ses frères d’armes dépeignaient une autre histoire. Les petits hommes n’apprenaient décidément jamais.

- Eviter que ça se reproduise.

Avec un râle d’effort, tu tires l’énorme cadavre de chitine un grand coup, et l’envoie s’écraser aux pieds de la vigie. Et les poignes se resserrent sur les armes, les regards se taillent en un conglomérat de fentes obscures, et le faciès de ton interlocuteur se fait encore plus méfiant. Parce que tu n’as pas peur d’eux. Tu vois leurs pupilles détailler chacune des dents enfilées à tes colliers, inspecter les fourrures et les cuirs qui font ton habit de fortune, s’appesantir sur le bois tressé autour de tes jambes… tu pourrais presque entendre leurs esprits fouiller leur réserve limitée de connaissances sur la faune et la flore des forêts environnantes pour évaluer ton niveau de dangerosité… mais le cadavre de kichirelle à lui seul en disait assez.

- Eviter quoi au juste ?

Le lancier grogne presque timidement, et tu soupires, avant de t’avancer vers le cadavre, et vers lui. Et durant le court instant avant que tu ne te baisses vers l’abdomen de la créature, tu descends le regard vers le petit être faisant barrage de son corps entre la Cité de Naélis et toi, lui laissant comprendre, en ce maigre instant d’échanges, le monde qui vous séparait.
Un coup de poignet, et deux griffes de givre s’enfonçaient dans l’abdomen de la bête, le tranchaient de part en part, pour en dévoiler l’intérieur à tous les spectateurs. Tu n’hésites pas une seconde avant de plonger la main dans la poisse, et d’en arracher les trésors. Des bouts de chiffon sans importance aurait-on pu penser, jusqu’à ce qu’entre eux se dévoilent ce qui avait été il y a peu les bijoux, et peut-être les armes, de bûcherons de Naélis. Soudainement la collection de chiffons n’était plus juste ça, mais le puzzle de leurs vêtements.

- Eviter que ça continue d’arriver à vos bûcherons et à vos fermiers.

Les gardes déglutissent de concert, encore hésitants à t’autoriser le passage, mais l’autorisation tu t’en saisis sans leur demander leur avis.

- Mais pour ça il me faudrait de vrais combattants.

Et sur ces mots tu les laissais à leurs mains tremblantes, pour entrer dans une ville que tu n’imaginais pas déjà te haïr.

Revenant de la volière, c'est un Dante passablement frustré qui s'avance dans les rues. Dans sa main, un mince parchemin couvert d'une mince écriture violette, la missive n'est pas encore ouverte, notre homme cherchant une place tranquille où la lire.

Son contrat pour retrouver Finneghan Sidhe s'avère plus difficile que prévu, une vrai anguille ce mec. Il a beau arpenter le port, il soupçonne avoir manqué le bateau. Pourtant, ses contacts affirment qu'il est bel et bien accosté…. Fichtre…

Alors s'est il engagé à mi temps comme docker, pour vider les navire et entrer en confiance avec les gens du coin. Soltariel ne s'est pas construite en un jour et si il est frustré, il n'en reste pas moins d'une patience proverbiale.

Aussi emploi t'il ses moments de libres à rechercher d'autres indices et à accomplir quelques boulots de ci de là, au fil des demandes de El.

D'ailleur, il y a un grand gus qui s'en vient. Dante ne sais pas pourquoi, mais quand il le voit, il pense à un autre qu'il a rencontré voilà quelques années... Son nom lui échappe… Zalthan… Parian… un truc du genre… Mais quoi qu'il en soit, lui aussi est grand, et pas mal musclé a part ca. Il tranche nettement sur la faune locale. Les dents, les fourrures… du bois et les oreilles…. Par réflexe, Dante vérifie que le cache œil qui lui couvre la prunelle verte est bien en place avant de s'évacher confortablement sur le bord d'une ruelle. Du coin de l'œil marron, mine de rien, il suit Loethwil d'un regard curieux tout en déroulant sa missive.

Missive de El. :

Eclatant d'un rire sonore qui fait se retourner quelques passants, Dante froisse le parchemin en une compacte et minuscule boulette qu'il se met à mâcher tranquillement. Se dit qu'il est décidément verni pour avoir une telle distraction en cette superbe journée, quand on dit que la chance sourit aux audacieux. Du coin de l'œil, sournoisement, il surveille le colosse qui est justement devant lui. C'est facile, il dépasse tout le monde d'une bonne tête.

Et les élémentaux n'ont jamais protégé d'une dague dans le dos.

Mais n'agissons pas dans la précipitation mes amis… Surveillons, évaluons et analysons d'abord. Il y a sûrement moyen de l'affaiblir en premier. Les doigs de l'assassin caressent sa ceinture…

Le vent s'était levé aux alentours de la cité de Naélis, incitant le mercenaire à rabattre les pans de sa longue cape autour de lui. D'un bref mouvement des hanches, il convia sa monture à accélérer l'allure, rattrapant la carriole tirée par deux chevaux de trait, d'apparence robuste malgré l'écume qui suintait de leurs lèvres rougies. Le marchand adressa à peine un regard à Nehril, trop occupé à vider sa bouteille, rependant le liquide ambré sur sa tunique à l'étoffe riche, où les lignes d'argent s'entremêlaient en un motif complexe.

Le semi-elfe garda ses yeux fixés sur la route. La cité de Naélis était en vue, mais il ne pouvait se permettre de se détendre, comme si un avertissement inaudible le maintenait aux aguets. Le chemin de terre était partiellement bourbeux et les sabots de leurs montures claquaient violemment le sol, soulevant des gerbes d'eau putride qui éclaboussait les bottes du mercenaire.
Ils arrivèrent en direction de lourdes portes qui entravaient leur progression et Nehril laissa le marchand imbibé tentait d'expliquer la raison de sa venue à la vigie. Le fracas des vagues et l'air salé de la mère arrachèrent une grimace au semi-elfe qui rabattit son capuchon sur son crâne, comme s'il voulait épargner à son visage d'être fouetté par la brise marine.
Une fois entré dans la cité, il lança ses rênes de son cheval à un jeune palefrenier qui glapit sous la surprise.

- Traite-le comme si tu avais affaire à ton roi, lâcha placidement Nehril avant de donner une couronne au garçon.

Ce dernier hocha la tête avec une véhémence inutile, et évita le regard incolore du mercenaire. Ce dernier se tourna vers le marchand qu'il avait escorté de Thaar et tendit la main d'un air impérieux.

- Mes vingts couronnes, ordonna-t-il d'un ton sans réplique.

Malgré cela, le marchand abêti par l'alcool rétorqua d'une voix chevrotante.

- C'était vingt cou...couronnes pour si ya...yavait du grabuge, bégaya-t-il en retenant un hoquet.

Une colère froide et sourde envahi Nehril qui posa la main sur la poignée de sa lame. Après des jours à se traîner ce lourdaud, la seule chose qui l'avait empêché de le passer par le fil de l'épée était sa promesse de rétribution.

- Écoute-moi bien sac à viande, murmura-t-il en saisissant le col du marchand de son autre main, rien ne me ferait plus plaisir que de te traverser le bide avec Aeris, mais comme tu l'as sans doute remarqué il y a trop de gardes par ici.

Il s'interrompit et rapprocha son visage.

- Par contre demain quand tu repartiras pour Thaar rien ne m'interdira de t'attendre sur la route, avant de me rendre chez ta femme et ta fille.

Il tendit une nouvelle fois la main, un rictus déformant son visage.

- Vingt couronnes...et vite.

Le marchand obèse grommela dans sa barbe, caressant les pustules qui lui recouvrait le front. Il plongea ensuite la main dans sa bourse en jurant et jeta vingt pièces au visage du mercenaire. Puis d'une démarche qui se voulait plus assurée que sa voix tremblante, il regagna sa charrette en lançant des imprécations à l'encontre de Nehril...mais silencieusement, car la main du mercenaire reposait toujours sur son arme.
Nehril attendit que le marchand disparaisse avant de ramasser l'argent qui rutilait sous un soleil brûlant. Il se dit qu'il l'avait amplement mérité et le simple fait de ne plus entendre la voix nasillarde de l'homme lui mit un baume au cœur.
Il fit quelques pas en direction de la taverne la plus proche, une faim de loup le tenaillait depuis le début de la journée, lorsqu'un rire clair le fit faire volte-face. Un homme lisait silencieusement une lettre, un tissus lui recouvrant une partie du visage, laissant apparaître un œil marron solitaire. Quelque chose dans l'attitude de l'homme le pressa à s'arrêter et à le surveiller. Du coin de l’œil, le mercenaire aperçut un véritable colosse, un homme d'une forte stature qui dégageait une impression de puissance.
Nehril resta interdit et tout en s'adossant à un mur, il se dit qu'avant de songer à se reposer il devrait trouver une nouvelle mission à accomplir. Les vingts couronnes qu'il avait dégotées ne lui permettraient que de réparer les mailles de son armure et d'offrir une nouvelle santé à Aeris.

Tu avances sans jamais baisser les yeux, comme ne voulant voir personne. Le jeu de balancier de tes épaules fait écho aux mouvements de tes hanches alors que tu traverses la Cité avec l’assurance de l’invincible. Certains regards se lèvent vers toi avec agacement, d’autres te fuient pour cacher leurs craintes. Certains s’écartent sur ton passage, tandis que d’autres s’essaient à te défier jusqu’à réaliser que tu n’hésiterais pas à leur marcher dessus. Les uns murmurent, les autres font mine d’ignorer. Les rumeurs font bon train à Naélis, et s’ils ne savent pas, s’ils ne te reconnaissent pour la majorité même pas, malgré ta récente escale en compagnie de ton Sombre otage, le vent a porté à beaucoup la description d’un être qui te ressemble fort.

Ce pourrait être un autre. De grands elfes il y en avait tellement. Peut-être pas aussi grands que toi. Encore moins de ta stature. Mais que pouvaient-ils en savoir ? Tant que tu gardais ton calme ils n’avaient aucune raison de faire plus que supposer en silence. Tant que tu ne faisais que les prendre de haut ils vivaient. Tant que tu ne faisais que jouer à marquer ton territoire de l’empreinte de tes pieds à moitié ils ne risquaient rien. Que tu sois le monstre des rumeurs ou un géant de la Dross, mieux valait pour ceux qui se savaient n’être capable de faire face ni à l’un ni à l’autre ne pas s’amuser à t’exciter.
Un Ladrosien. Tu devais être un Ladrosien. Les colliers d’ossements, les vêtements incomplets, mêlant aléatoirement morceaux de métal et matières d’origine animales, les jambières tissées dans la fibre du bois d’Aduram… les Ladrosiens portaient ce genre de choses. Tu devais être un Ladrosien venu pour une quelconque affaire avec la pègre locale, comme il en passait souvent. Et une fois que ton marché serait conclu, tu serais parti…

Ton oreille frémit. Tes pupilles glissent discrètement dans les fentes que sont tes yeux. Tu continues ton chemin comme si de rien n’était. Si ce n’est un claquement de doigts, que l’on aurait vite attribué purement et simplement à l’ennui, si seulement il n’avait pas été suivi d’un léger éclat de lumière, passé à travers les marques qui tapissent ton corps. Quelques sourcils se froncent, dubitatifs pour la majorité d’entre eux, incertains de ce qu’il venait de se passer. Le sol et les murs étaient encore humides, portant les stigmates de pluies récentes. Après tant de temps passé dans ce Royaume, étaient-ils encore surpris du jeu de reflets des journées d’été ?
Tu souris, imperturbable. Trop accaparé par ta mission pour t’amuser des attitudes d’un petit peuple que tu perçois bien mieux qu’ils ne semblent le réaliser. À moins qu’ils assument pleinement leurs regards en coin et conciliabules indiscrètes. Tu souris, car tu arrives enfin à destination. Tu laisses glisser tes doigts le long du mur du colisée avant d’entrer dans l’édifice, moyennant quelques pièces abîmées, récupérées aux tripes de l’une de tes récentes proies. Et là tu cherches un coin d’ombre où attendre ton heure, les yeux rivés sur les combattants se livrant duel dans l’arène.

En espérant qu’au moins l’un d’entre eux soit véritablement un combattant puissant.

- Il a un sacré curriculum ce gars là…
- C’est pour ça que j’ai préféré vous le montrer cet avis de recherche avant de le placarder. Ce n’est pas un criminel ordinaire et la récompense l’est tout autant !
- Il est décrit comme un puissant mage capable de détruire des quartiers entiers. S’il a échappé au guet de Thaar, je doute fort de la capacité de nos légionnaires à l’arrêter.
- J’ai pris soin d’avertir les mages de la tour ombreuse, ils pourraient renforcer nos patrouilles ou simplement se tenir en alerte… Et puis, avec les runes sur ton armure, tu pourrais très bien…
- Wouo wouo oh ! Trimack ! Tu crois que je vais m’amuser à courser les criminels avec mon armure runique ? Je suis Roi, merde ! »

S’il était quelque peu amusé de la détresse de Thaar, Glenn ne savait rien des motivations du criminel et craignait que Naelis ne subisse également son courroux. Il décida donc de faire placarder l’avis de recherche dans toute la cité et ses alentours et également de consulter la guilde de l’aurore sur la nature de ce criminel. Un groupe de mages de l’immatériel fut mis en alerte au niveau de la caserne du quartier de l’aigle. Mais Glenn passa des consignes très strictes à la légion au vu de la dangerosité de l’elfe recherché. Leur priorité était de rendre compte à la hiérarchie de son signalement et donc de ne pas chercher à l’entraver. Nombreux seraient les chasseurs de primes ou même les badauds à tenter leur chance devant une telle récompense.

Si au fil des jours on commença à oublier, les avis de recherche étaient toujours placardés un peu partout dans la cité. Quand Loethwil approcha des portes de Naelis, on ne fit pas le rapprochement entre l’elfe et le mage destructeur. Ce ne fut qu’après l’avoir laissé entrer que l’un des gardes commença à douter. Il fit part de ses doutes à son sergent qui entrepris alors de retrouver l’avis de recherche qui traînait quelque part dans la guérite. Sous deux registres poussiéreux, il retrouva la fameuse affiche, ainsi que les consignes laissées par à sa hiérarchie et les doutes s’envolèrent. Tout content de sa découverte, le sergent s’empressa d’envoyer une estafette à la caserne principale, mais aussi d’envoyer un binôme retrouver la trace de l’elfe et de ne pas le quitter des yeux.

- Votre Majesté, il est entré dans le colisée.
- Mais que cherche t-il ? Vous êtes certain que c’est lui ?
- Le guet l’a reconnu et pisté, il semble que ce soit bien l’elfe.
- Capitaine Pavis, bouclez les alentours, empêchez les gens d’accéder à moins de cinq cent mètres du colisée. Je vais m’y rendre personnellement. »

Glenn tendit les bras tandis que ses chevaliers lui attachaient son armure. Ouvrage antique provenant des origines de la cité, le métal nain avait reçu le renfort de trois pierres runiques retrouvés dans les anciens cachots de La Dross. Ces pierres avaient l’étrange capacité d’absorber toute magie.

hj:

Tranquillement, Dante se redresse, sortant quelques piécettes de sa bourse. Suivant nonchalamment et de très loin le demi-elfe, notre homme fait quand même quelques achats qui peuvent avoir l'air innocent. Une miche de pain, deux petites bouteilles d'alcool fort, un sac à provision pour mettre tout ca avec un morceau de fromage et des fruits séchés. De quoi taper la croûte, trop pour un, mais pas assez pour deux, comme quelqu'un qui a décidé de de manquer de rien pour un casse croûte improvisé. Il reste toujours dans la foule, pas trop loin de Loethwil, mais pas trop proche non plus. Jusqu'à ce qu'il devine son intention, évidente de surcroit, aller au colisé.

pensée:

Accélérant le pas, Dante sort un sachet de poudre qui pourrait ressembler à du sel et le met dans son sac à provision avec le reste. Prenant un pas pressé, il devance Loethwil d'un cheveu et s'engouffre dans le colisé juste avant le mastodonte, payant de pièces durement gagnées le droit d'entrée.

Se découvrant la tête, l'assassin marque un temps d'hésitationavant de reprendre sa route. Juste devant Loethwil, il trébuche, bouscule(ok, on s'entend que par bousculer, Loethwil se bouscule mal, disons qu'il s'est accotté dessus pour se relever) et manque s'affaler au sol envoyant une de ses deux bouteilles valser aux pieds du demi elfe. Se retournant, il écarquille l'œil marron d'un air ébahit, jouant l'intimidé devant la puissance musculeuse du colosse qui se trouve maintenant devant lui…

Une voix basse et agréable, ni trop distinguée, ni trop vulgaire, se rend aux oreilles du semi elfe sans trop forcer malgré le brouhaha ambiant.

Heu… S'cuse… Ca te dérange si….

D'un geste preste il se penche pour ramasser son alcool, en prend une gorgée et lui tend le reste. S'essuyant la bouche d'un revers, il lui tend la petite bouteille.

Je te le laisse… pour m'excuser de t'avoir ralenti. T'a l'air pressé, mais si ta la dalle, Jsuis prêt à partager pour pas que tu me défonce la gueule pour t'avoir touché ok?

Les hurlements de la foule se soulèvent en écho des coups portés par les gladiateurs. Le métal rencontre le métal, les poings se fracassent contre le cuir, les os s’entrechoquent à travers le muscle, le sang et la sueur se mêlent dans un spectacle grandiose… mais ce n’est rien de moins qu’un spectacle. Ce sont des combattants capables, l’habileté avec laquelle ils manient leurs armes te le laisse aisément entrevoir. Ce sont des stratèges émérites, capables d’assez anticiper et adapter leur stratégie pour donner l’illusion de prendre un réel ascendant sans pour autant durablement blesser leur adversaire. Même lorsque les mouvements sont chaotiques. Même lorsque l’un et l’autre se retrouvent forcés d’improviser. Ce sont des hommes forts. Le tracé de leur musculature, non seulement travaillée par les combats, mais entretenue à l’exagération pour le spectacle parle bien assez fort. Seulement, ce sont des acteurs, et l’Aduram n’est pas une performance.

Le combat s’allonge, va de rebondissement en rebondissement, les badauds parient, les enchères montent, et certainement, quelque part en coulisses, les trésoriers s’enjaillent. Et toi tu attends. Tu attends simplement que le spectacle prenne fin, que les choses sérieuses puissent commencer.
Attendre. Dans ce monde, attendre n’est jamais de tout repos. Dans ce monde, les choses ne se passent jamais comme prévu, mais les véritables surprises restent rares. On ne te prendra pas à être étonné d’accueillir la main d’un probablement faux maladroit contre ta peau. Pas quand le faux maladroit n’avait pas quitté ton sillage depuis longtemps déjà. Oh, s’il n’avait fait que passer son chemin en direction du colisée, comme nombre d’autres autour de vous, tu n’en aurais pas pensé plus, mais l’œil inquisiteur d’un encapuchonné est comme le museau au milieu de la face d’un animal. D’abord il avait ri d’un rire étrange, et puis il n’avait jamais disparu. Il était devenu un point fixe du paysage jusqu’à ce que tu n’arrives ici, et alors il t’avait dépassé. Il t’avait dépassé, et plutôt que de s’être installé avant toi, il était venu à ta rencontre dans le fief de solitude que tu t’étais creusé dans un coin d’ombre.

- Ça va. tu le coupes Fais juste plus attention la prochaine fois.

La légèreté de ton timbre de voix, surtout lorsque comparé au sien, semble le surprendre un instant, mais pas une seconde il ne brise son personnage. Pas une seconde il ne perd l’expression presque hébétée, entre la fascination et l’incertitude, de l’homme contemplant une montagne de trop près. Même lorsqu’il ramasse son alcool, il le fait d’un geste d’une extrême rapidité, comme intimidé, comme réellement craignant que tu ne le réduises en bouillie pour telle offense. Mais tu restes placide, te contentes de sourire, te demandant à moitié les raisons l’ayant ainsi poussé jusqu’à toi.

- Je te l’ai dit. Ne t’embête pas avec ça. J’en veux pas de ta flasque.

Suspect, mais pas menaçant. Le jeune homme n’était à tes yeux pas bien différent de la majorité des siens. Tu l’as vu par le passé lointain, tu l’as vécu au passé proche, ils étaient nombreux les hommes et les femmes dans les terres Vaanies vouant une certaine fascination aux êtres de ton espèce, et en particulier lorsqu’ils étaient très grands. Les Elfes et les Drows d’exception, ceux qui tiraient les traits différenciant les races elfiques des humains à leurs limites attisaient aisément la méfiance que la curiosité, et autant la haine que le désir… Et tes traits étaient une juxtaposition des extrêmes des deux races elfiques. D’une taille exceptionnelle même chez les Sylvains à une carrure exceptionnelle même chez les Eldéens.

- Ce serait con de s’emporter pour si peu…

Un hurlement collectif hystérique avala la fin de ta phrase. L’un des gladiateurs gisait au sol, inconscient. Le jeu était terminé, et le vainqueur, le poitrail gonflé, rugissait à en recouvrir la foule.

- Encore une fois, notre champion Decius émerge victorieux ! la voix nasillarde d’un chauffeur de foule se soulève du milieu du public Qui Mesdames et Messieurs, Qui le détrônera enfin ? Ni les bêtes, ni les combattants ne semblent capables de s’opposer à lui ! N’y aura-t-il donc que les Champions de Sol’Dorn pour lui opposer la moindre résistance, ou certains parmi vous sont-ils assez courageux… ou assez fous pour tenter leur chance ?

Ta main se pose avec une bienveillante douceur sur l’épaule de ton impromptu interlocuteur. Il n’est plus temps pour toi de continuer à lui parler. Il est temps maintenant de chercher.

- Je te laisse, j’ai du travail.

D’un bond, tu quittes la sécurité des hauteurs des tribunes pour le milieu de l’arène. En quelques pas tu t’approches du vainqueur. Le regard traduisant tes intentions. Decius ne s’y méprend pas. Il va devoir se battre, il le comprend, et s’il fait front, il n’est pas à l’aise pour autant. Car face à toi, l’homme qui du haut de ses deux mètre faisait figure de colosse dans l’arène Naélisienne n’est guère impressionnant.

- Et bien il semblerait que l’on ait un candidat, et un candidat de poids. Naélis serait-elle témoin de l’avènement d’un nouveau géant ?

Tu souffles des naseaux, ton adversaire en fait de même. La foule hurle. Des hommes déjà plus qu’à moitié ivres s’envoient de nouvelles gorgées d’alcool de concert. Les paris reprennent, et les combattants s’élancent.

Le pas de Decius est assuré, bien ancré, loin d’être extrêmement agile, mais bien assez efficace pour lui permettre de correctement se placer pour ses assauts. Des assauts qu’il se refuse à lancer. Il préfère t’observer plutôt. Apprendre à lire tes mouvements. Savoir si tu n’es que force, ou si l’élasticité que semble avoir ta silhouette est réelle. Mais tu ne bouges pas. Tu l’attends. Tu l’attends mais il ne vient pas. Il se rapproche à peine, mesure l’allonge de sa lance, la compare à celle que pourraient potentiellement t’offrir tes jambes. Tu l’attends, tu l’attends depuis trop longtemps.

Tu n’es pas ici pour jouer.

Tu t’abaisses sur tes appuis, tes jambes se crispent, ton dos s’allonge, et comme un véritable ressort, tu te propulses vers le gladiateur adverse. Decius sourit, se penche vers l’avant et tend sa lance pour t’accueillir. Tu glisses légèrement vers la gauche, te penches vers l’avant à l’extrême, et en cela confirmes les craintes de ton adversaire. La lance rase ta tempe, tes pieds donnent une nouvelle impulsion, ton épaule droite rattrape la gauche. Ton poing s’écrase avec une extrême violence sur la tempe de ton adversaire.

Decius respire encore, mais il ne se relèvera pas avant longtemps.

- De véritables guerriers ! tu lances à la foule Est-ce qu'il vous en reste à Naélis ?

Il en allait de ton avenir, et de celui de ton foyer… mais le silence qui venait de prendre le colisée n’avait rien de rassurant.

Nehril observa l'habile travail du forgeron. Pour dix-sept couronnes, l'homme trapu au visage couturé avait rehaussé les mailles de son armure, lustré et graissé Aeris tout en insufflant une seconde vie au cuir fatigué de sa tenue.
Après un examen minutieux de ses seuls possessions, le mercenaire finit par hocher la tête, visiblement satisfait et glissa d'un geste élégant son épée dans son étreinte de métal. Il tendit les dix-sept pièces au forgeron qui s'en empara avidement avant de se détourner en direction de la place marchande.

- Et voilà un nouveau salaire qui part...maugréa-t-il en rejetant son capuchon en arrière, révélant sa tignasse désordonnée.

Nehril poussa un soupir résigné et s'engagea dans un dédale de rues erratiques à la recherche d'un éventuel travail : escorte de convoi de marchand, escarmouche en territoire ennemi, concours de boisson, le mercenaire était prêt à tout pour garnir à nouveau sa bourse.
Ses pas le menèrent naturellement face à un large bâtiment, composé de pierres usées qui laissaient entrevoir certaines fissures courant sur leur surface. Le bruit des armes qui s'entrechoquaient et les clameurs de la foule signifièrent au semi-elfe qu'il était parvenu à un endroit où il était susceptible de gagner quelques pièces.

Faisant quelques pas en direction du garde posté à l'entrée, Nehril lui jeta quelques pièces avant de poursuivre son chemin. Il repéra du coin de l’œil une véritable cohue de fer, des hommes caparaçonnés comme s'ils partaient guerroyer, leurs attitudes allant de la franche bravoure à l'exaltation la plus singulière. Ces derniers tâchèrent de dresser un périmètre autour du Colisée, sous le regard interloqué du mercenaire. Pensant que ces hommes étaient peut-être à la solde du marchand qu'il avait menacé quelques heures auparavant, Nehril posa une main sur Aeris, tout en conservant un visage impassible.
Prenant rapidement ses marques, il détailla les alentour afin de repérer quels hommes seraient les plus susceptibles d'exposer une faille afin qu'il puisse effectuer une percée, si jamais cela tournait à la bataille rangée.
De loin, Nehril repéra un homme vêtu d'une lourde armure de facture naine qui s'approchait de lui, ses longs cheveux sombres encadrant un visage mal rasé, mais dont le regard brillait avec une intensité farouche.

Quand le Roi de Naelis se présenta devant le colisée, les légionnaires du capitaine Pavis avaient déjà mis en place leur blocus. Ce dernier servait à empêcher les naelisiens de rentrer au colisée et donc de se retrouver à la portée de l’elfe destructeur, mais aussi à empêcher une éventuelle fuite de ce dernier. Une demi-douzaine de mages l’avaient rejoins, avec à leur tête Méluin, leur représentant de la tour ombreuse. Ils rejoignirent les quelques chevaliers que comptait l’escorte du Roi.

Glenn croisa le chemin de nombreux guerriers avant de monter les marches de l’arène. Il les salua du regard, comme à l’accoutumée, mais ne s’attarda pas. Ne passant guère inaperçue, le héraut vient s’approcher pour la saluer. Ils discutèrent et assistèrent ensemble au combat entre le géant elfe et le champion de l’arène, Decius. Il l’a terrassé d’une manière assez déconcertante. Je croyais avoir à faire avec un magicien, mais visiblement ce Loethwil est bien plus que cela. Le Roi de Naelis, qui portait sa couronne d’or, se leva pour applaudir avec une assemblée des plus enjouée par ce combat. Évidement, il ne se doutait pas de la véritable nature de leur héros. Devant la provocation de l’elfe, Glenn ne put s’empêcher de prendre la parole :

- Noble elfe, tu as devant toi tout un peuple de véritables guerriers ! Après ta démonstration de force, il leur manque juste un peu de motivation... Naelisiens ! Celui qui descendra dans l’arène et qui vaincra le géant recevra la somme de cinq mille souverains. Si personne ne parviens à te vaincre, cette somme est à toi.»

Voilà de quoi attirer nombre de lames sur le sable de l’arène. Si un combattant parvenait à le vaincre mais sans le tuer, les légionnaires n’auraient alors aucun mal à lui passer les menottes runiques qui n’avaient encore jamais servi. Dans le cas contraire, Glenn s’était préparé à descendre à son tour dans l’arène, comptant profiter de la fatigue auquel serait assurément exposé son adversaire.
HRP:

Ce n’était pas simplement le combat. Il y avait plus derrière le silence des spectateurs que la surprise de voir leur champion aussi aisément défait. Il y avait l’arrivée de leur Roi. Il y avait la présence proche de son armée. Il y avait leur prise en otage par les troupes de leur propre Cité, que l’on aurait bien vite fait de t’incomber. Et pourtant tu ne voulais de mal à personne. Ton salut passait par le leur.
Et puis le Roi se leva. Le Roi applaudit, et à la fois rassurée et galvanisée par son Souverain, la foule suivit le mouvement. Asseyant son autorité par-dessus celle de ceux qui faisaient de ce lieu ce qu’il était, le Roi vola leur place aux hérauts et aux crieurs, plongea dans la bourse des trésoriers à coups de promesses, que tu le devines aisément capable de tenir. Et s’il est capable de les tenir, et de verser des sommes aussi indues, c’est parce que c’est là la valeur que quelqu’un t’a donnée.

Mis à prix comme un véritable gladiateur, dans une arène bien plus grande que ce colisée. Dans une arène aussi grande que l’Ithri’Vaan lui-même, par celle dont la tromperie t’a forcé à te battre. Ainsi tu paies le prix de ta survie… ou alors pourrais-tu réellement le regagner ? Derrière les inutiles pièces d’or, le Roi de Naélis t’offrait-il d’acheter ton absolution par la victoire au combat ?

Tu en es fermement convaincu pourtant, qu’ils viennent l’un après l’autre des heures durant pour t’affronter, et il n’y aurait aucun duelliste ici qui soit capable de te défaire. Même en nombres, ils auraient grand mal à t’arracher une victoire, le temps durant lequel tu as tenu en échec les brigades de Thaar ne saurait que le confirmer.
Seulement tu n’es pas venu ici simplement pour collectionner les victoires. Tu n’es pas non plus venu ici pour acheter au prix du sang une rétribution que tu ne te savais pas devoir fournir. Tu es venu ici, et tu as défié les Naélisiens non pas pour obtenir d’eux un prix, mais pour obtenir d’eux des personnes. Des personnes capables de te tenir tête assez longtemps pour se prouver capables de survivre à la forêt maudite.

- Je n’ai rien à faire de votre argent. J’ai besoin de votre aide. tes pupilles plongent malgré la distance dans celle du Roi Et vous avez besoin de la mienne. Tes yeux se posent sur Decius, toujours au sol, comme pour prouver tes derniers mots Ne faites pas semblant de ne pas le voir. Depuis le Voile, vous perdez de plus en plus de bûcherons, vous perdez de plus en plus des miliciens et les paysans prêts à cultiver aux frontières de l’Aduram sont de plus en plus rares. Un murmure traverse la foule confrontée à cette vérité, et tu attends qu’il passe avant de reprendre Le Voile a rendu de son ancienne vigueur à l’Anaëh, et l’Aduram fait partie de l’Anaëh. Continuez de vous voiler la face, et d’ici quelques années, il vous aura tous avalés, et ce ne sont pas cinq mille souverains qui y changeront quoi que ce soit !

Tu roules des épaules, prends une profonde inspiration, et laisse aller ton oreille aux vibrations de la trame. Et les marques couvrant ton corps s’illuminent. Tu inspectes ce qui pourrait devenir arme ou obstacle devrait-il te forcer à jouer pour ta survie plutôt que pour l’entente.

Les marques:

- Moi j'y ai survécu, mais l'esprit de ceux de ma race est trop sensible pour que je me permette de leur infliger la Dissonance. Donnez-moi quatre personnes. Donnez-moi juste quatre guerriers assez forts pour survivre à l’Aduram. Je connais la forêt, et la forêt me reconnaît. Avec l’aide de juste quatre véritables guerriers, je devrais pouvoir lui faire entendre raison.

Tu offres à Naélis un Choix. Un Choix entre de vaines richesses et sa propre longévité. Un Choix entre se plier, une fois de plus, aux règles du jeu que leur a imposé Thaar, et se lever pour faire face à la menace pesant sur eux.

- À moins que ni votre Royaume, ni la reconnaissance du peuple Sylvain n'ait plus de valeur que quelques souverains à vos yeux.

Naélis pouvait faire de toi un monstre et mourir avec toi, ou se choisir quatre héros qui lui offriraient la vie.

Le mercenaire jura en suivant des yeux le roi de Naélis. Il n'avait jamais apprécié les têtes couronnées de Myradelphia et ces derniers le lui rendaient bien.

Paradant dans leurs armures dorées, ils aiment à se prendre pour des guerriers, songea Nehril avec amertume, mais la réalité d'un champ de bataille ne les atteint pas. Entouré de leur garde rapprochée, c'est à peine si un soldat ennemi peut les approcher avant de se prendre une flèche dans le museau.

Nehril cracha au sol mais suivit néanmoins le souverain de la cité. Il resta légèrement en retrait afin de ne pas laisser la chance aux légionnaires de l'apostropher avec leur air supérieur.

Ont-ils seulement connu la faim ? continua le semi-elfe avec une rage dévorante, la soif ? La douleur de serrer un compagnon mort sous une pluie de flèches alors que l'on patauge dans une fange putride depuis des mois ?

Le regard de Nehril s'arrêta sur l'amas de chair qui composait les restes de l'oreille droite du roi et fronça les sourcils, sa haine laissant place à une colère plus froide. Il se rendit compte qu'il ne connaissait que peu de choses sur Glenn Hereon, si ce n'est son nom et son rang. Il préféra lui laisser le bénéfice du doute et s'éloigna d'un pas silencieux. Il grogna afin de signifier sa présence à la plèbe et tenta de se frayer un passage dans la foule de citoyens qui mugissait face au spectacle qui s'offrait à elle.
L'odeur du sang et de la mort flottait dans l'air et le mercenaire se crut de retour sur le champ de bataille. Il jetait des regards furtifs autour de lui, comme s'il craignait la charge d'un ennemi invisible. Trouvant finalement une place entre deux soudards qui vociféraient, Nehril assista avec un air stupéfait au combat d'un elfe colossal face à un homme massif et robuste qu'il identifia comme étant le champion de l'arène.
Ce dernier fut mis à terre avec une facilité déconcertante et le défi de l'elfe résonna avec force dans le Colisée. La voix du roi de Naélis lui fit écho et la somme providentielle qu'il promettait au vainqueur fit presque tourner de l’œil le semi-elfe.

Par Calimenthar ! Cinq mille souverains, c'est bien plus que la somme que j'ai touché durant ces huit dernières années !

Animé par l'appât du gain, mais surtout par la possibilité de reprendre en main son futur une fois armé de cette somme, Nehril écarta les citoyens de Naélis avec brusquerie. Ceux-ci commencèrent à manifester leur mécontentement avant de se dérober sous le regard de glace du mercenaire. Il n'écouta pas la réponse que l'elfe adressait au roi, trop occupé à serrer les boucles de sa ceinture.
Le semi-elfe sauta dans l'arène avec un air déterminé. Il défia du regard le souverain de Naélis, comme s'il remettait sa parole en doute. Puis il observa l'elfe qui restait immobile, trônant au-dessus de son adversaire vaincu. Il lui sembla l'avoir déjà vu plus tôt lorsqu'il était arrivé dans la ville, et une fois qu'il put détailler ses traits il en fut intimement convaincu.

- Eh là bouseux, s'exclama une voix rauque habituée à se faire obéir, pousse toi de là c'est notre homme.

Nehril pivota distraitement, les bras le long du corps et remarqua que deux hommes musculeux l'avaient suivi sur le sable. Leur armure de cuir semblait légère, mais leur spallière en métal était défoncée, laissant apercevoir une collerette qui les engonçait. Armé d'une lame courbe pour l'un et d'une masse craquelée pour l'autre, ils s'approchaient du mercenaire avec un air hostile.

- T'as entendu enfant de catin ? On t'a dit de dégager ! lâcha le deuxième guerrier tout en décrivant un cercle menaçant de son arme.

Nehril ne broncha pas et se contenta de dévisager les deux hommes comme pour jauger leur dangerosité. Après un moment il leur désigna la foule d'un geste du bras.

- Dans le Colisée on se bat, on ne vient pas danser : alors remballez vos robes de soirées, fit-il sur un ton sarcastique.

Les deux hommes s'immobilisèrent, comme s'ils étaient choqués qu'on puisse remettre en question leurs ordres. Puis l'un s'approcha et pointa sa lame vers la poitrine du semi-elfe.

- On va te saigner comme un porc ! Les cinq mille souverains sont à...

Le reste de ses mots furent étouffés sous un flot de sang qui jaillit de sa gorge tranchée. Avec une vivacité inhumaine, Nehril avait dégainé son arme et suivit d'une agile pirouette, il lui faucha la tête. Le tronc désarticulé du guerrier tomba au sol dans un bruit mât, alors qu'un liquide sombre se rependait à ses pieds.
Le deuxième, trop abasourdi, leva son arme une fraction de seconde trop tard pour parer la lame qui s'abattait sur lui. Malheureusement, cette dernière ricocha sur sa spallière qui lâcha un tintement strident. Nehril jura. Le guerrier reprit rapidement ses esprits et fondit sur le semi-elfe, l'harcelant de tous côtés. Le mercenaire tenta de rééquilibrer son assiette et fit un bond en arrière, évitant la lame mortelle qui lui rasa la gorge.
Observant attentivement son adversaire, le semi-elfe distingua une faille dans sa garde et il se rua sur lui. Parant d'un revers de lame l'attaque assénée à l'aveugle par le guerrier, Nehril souleva du pied un nuage de poussière afin de l'aveugler. Ce dernier toussota et cracha tout en lâchant une bordée de jurons. Le mercenaire surgit du brouillard, lui martela le visage de son pommeau, faisant éclater son nez et son menton puis il le traversa de part en part.

Le combat avait duré à peine quelques secondes et les clameurs de la foule, qui s'étaient interrompues, reprirent de plus belle. Nehril nettoya le sang qui courait sur sa lame d'un geste machinal. Il jeta un coup d'œil en direction de l'elfe qui avait suivi l'affrontement mais ne fit aucun geste pour l'approcher. Il fouilla plutôt les poches de ses assaillants, récoltant deux bourses bien rebondies qui ferait sûrement amplement l'affaire. La fièvre du combat était tombée et Nehril préféra attendre la réponse du roi, ne souhaitant pas se lancer dans un combat s'il n'y avait nulle promesse de rétribution derrière.

Ils se battent avec la cruauté du désespoir. Sans plus rien espérer de leur vie que quelques années de confort sans épanouissement avant que leurs Souffles damnés ne traversent le Voile… pour se perdre dans la Tourmente. Ils n’aspirent à rien de plus, alors l’Or est devenu leur Dieu, et sans hésiter ils lui offrent leur âme en sacrifice, en même temps que les chairs et le sang de leurs adversaires. Il n’y a là aucun honneur, seulement une peine plus profonde qu’ils ne souhaitent se l’avouer.
Et ils te demanderont : Qui es-tu pour ainsi les juger, toi qui dans tes colères a emporté plus de vie qu’ils n’en briseront jamais.
Et tu leur répondras : Toutes les vies que tu as prises, c’est par Loyauté envers ton peuple. Parce que tu portes sur tes épaules plus des tiens que tu n’as fauché des leurs.

- Tu es plus fort qu’eux. tu murmures à l’intention de l’elfe barbu qui te fais face Les tuer n’était pas nécessaire.

Il fouille les cadavres à la recherche d’or comme les actëls cherchent les chairs les plus fraîches. Il se repaît de la richesse, incapable qu’il est maintenant de se nourrir d’une quelconque autre manière. La peine l’a fait succomber à ce faux Dieu qu’est l’or, et il te faisait face, prêt à jeter sa vie à Tari pour un fébrile espoir de couler une fin d’existence tranquille.

- Est-ce que tu as peur ? Est-ce que tu es en colère ? Ou est-ce que tu es déçu ?

Sévère, mais avec une douceur que ton apparence laisse peu imaginer. Le ton de tes remontrances sonne comme celui d’un père plutôt que comme celui d’un moqueur. Tu sais les difficultés de la vie de ceux qui portent deux sangs.

Nehril redressa la tête, fixant son regard sur un point perdu à l'horizon. Ses yeux sans âme se voilèrent alors que la voix de l'elfe résonnait encore dans son crâne. Il rengaina son arme, faisant claquer plusieurs fois sa lame contre le fourreau métallique, arrachant un crissement plaintif à Aeris.
Étrangement les paroles du géant apaisèrent le mercenaire tumultueux, et bien que tenté de lui servir une remarque acerbe, il répondit franchement, les mots elfiques franchissant d'eux-même ses lèvres cendrées.

- Seul la colère empêche mon esprit de sombrer dans un océan de désespoir, lâcha-t-il entre ses dents.

Sur le visage de l'elfe se superposa d'autres traits, d'autres personnes, d'autres songes, qui dans sa jeunesse l'avait dévisagés avec hostilité, mépris et dégoût. Nehril retint une nouvelle fois un commentaire cinglant et fit quelques pas en arrière, comme pour prendre une certaine distance avec le géant.

- Leur mort n'était pas nécessaire ? reprit le mercenaire en désignant d'un geste rageur les deux corps au sol. Laisser un ennemi vivant revient à exposer son dos à des assassins. Ce que tu ne tues pas maintenant, demain deviendront plus fort et après-demain ce seront eux qui te tueront.

Nehril fit claquer sa longue cape noire, adressant un regard discret au roi, comme pour l'inciter à prendre la parole. Voyant qu'il n'en faisait rien, le mercenaire poursuivit.

- À quoi bon venir ici Heru ? Tu te doutais bien que ta présence en ces lieux déclencherait le début des hostilités...

Tes paupières s’écartent et ton menton se lève. Le mercenaire t’aura plus surpris que l’assassin. La langue lui roule sur le palais avec une diction parfaite, l’accent légèrement chantant pourrait même dévoiler des origines Ardamiries. Le semi-elfe est d’Anaëh. Et contrairement à toi, qui il fut un temps a fui pour mieux revenir, lui s’est retrouvé forcé en dehors des frondaisons de ce qui aurait dû être son foyer. Parce qu’il porte du sang humain, et que les tiens, s’ils ont raison de craindre le sang, ont sous-estimé les mérites de l’éducation. Alors tant que le Roi est à sa réflexion, c’est au mercenaire seul que tu t’adresses, à lui et à lui seul, dans l’elfique qui est votre langue natale à tous les deux.

- Tu as raison, laisser un ennemi vivant c’est se mettre en danger. Tu soupires Si je n’avais pas laissé d’ennemi vivant, je ne me serais pas retrouvé dans cette situation. J’ai eu tort de penser Naélis assez peu esclave de Thaar pour ne pas me donner la chasse sur l'ordre d'une Drow.

Lentement, tu t’approches, un sourire à la fois doux et plein d’assurance au visage. Tes pieds foulent le sol avec une délicatesse irréelle. Tu avances d’un pas si léger que l’œil inattentif pourrait presque penser que tu flottes. Ta main droite s’étend et se tend en direction du sang-mêlé meurtri, dans un mouvement aussi lent que ton approche.

- Mais les ennemis sont le produits des circonstances, et les circonstances qui faisaient de ces deux-là tes ennemis seraient certainement mortes avant qu’ils ne rassemblent assez de force pour te nuire.

Presque à portée de bras du mercenaire, les pupilles dansant une agile valse entre le Roi, le semi-elfe, et la foule, ta paume termine de s’ouvrir. L’oreille tendue à la magie comme pour y trouver plus de force, tes marques scintillant d’une lumière enchanteresse, tu es comme un astre l’invitant à trouver confort dans ses rayons. Et il te cède. Avec méfiance, il te cède. Il laisse tes doigts se poser contre sa nuque. Il laisse ton pouce se poser contre sa joue. L’espace d’un instant, il te laisse abaisser ton front jusqu’à ce qu’il se pose contre le sien. L’espace d’un instant, il se laisse aller à profiter de ce qu’aurait dû lui offrir son père. Juste le temps de quelques murmures.

- Je sais comme notre peuple peut être dur. Ton bras gauche vient s’emparer de sa seconde tempe Je sais comme ils sont longs à offrir leur confiance à ceux qui sont différents. Mais… tu écartes ton front, pour qu’il puisse plonger les yeux dans les tiens suis-moi, et tu retrouveras ta place auprès d’eux en tant que héros.

Tu n’as pas besoin de l’affronter lui. Tu le sens à son regard. Tu le sais à ses mots. S’il a survécu jusqu’ici, il est assez fort. Trois autres suffiront amplement.

Les mots que Nehril avait toujours souhaité entendre, franchir aisément les lèvres du colosse qui lui faisait face. Pour la première fois depuis plus d'un siècle de combat, les résistances et la méfiance du mercenaire tombèrent, la rage froide et sourde qui vrillait son être laissa place à un sentiment inhabituel. L'espoir ? Le désir d'être reconnu par le peuple qui l'avait rejeté ? L'attente d'être enfin accepté par la famille qui n'avait jamais voulu de lui ?

Tout aussi rapidement qu'avait chu la carapace qui enserrait son cœur de son étreinte glacée, celle-ci revint, et avec elle la haine, plus viscérale qu'auparavant et profondément enracinée dans son être.
Nehril se dégagea de l'étreinte de l'elfe plus brutalement qu'il ne l'aurait voulu. Il était déstabilisé, fragilisé face à cet homme qu'il ne connaissait pas mais qui était pourtant parvenu à lire dans son cœur. Il fit quelque pas en arrière, tentant de reprendre le contrôle de la situation.

L'esprit en proie aux doutes, qui s'avérèrent plus perçants que la plus affûtée des lames, le mercenaire décida de laisser une chance à l'elfe. La possibilité, la plus infime, que cet homme puisse influer sur le cours de son destin, afin de faire tomber sa colère et de détourner son regard des corps qui jonchaient sa route.

Le monde n'est qu'un vaste tombeau glacial, et ses habitants, de simple mort en sursis, tenta de se convaincre le mercenaire comme pour lutter face à l'espoir qui naissait en lui.

Ce serait con de s’emporter pour si peu…

Oh merci mec!

Dit Dante en serrant l'elfe dans ses bras. Le contraste est saisissant entre la montagne de muscle qu'est Loethwil et le frêle roseau qu'est Dante en comparaison, l'humain étant bâti pour la rapidité la souplesse et la finesse. Mais ca ne dure qu'un instant avant que la paluche ne lui englobe toute l'épaule, et le repousse un peu, sans forcer. L'humain accompagne instinctivement ce mouvement, levant un œil marron rempli de gratitude mouillée vers la prunelle claire de l'elfe.

Je te laisse, j’ai du travail.

Oh wais! Je vais parier sur toi!

Crie t'il derrière Loethwil avant de se précipiter dans le sillage de ce dernier comme une groupie jusqu'à la guérite où il s'arrête et s'adosse nonchalamment, le menton posé dans la paume de sa main. Sans surprise, l'observe t'il étaler le champion de Nelis de deux coups experts, sans même transpirer. L'index se déplace jusque devant ses lèvres, songeur, lors de la diatribe du… quoi au juste? c'est pas un guerrier pur poil, ses tatouages brillent d'une lueur magique. Oui, El a parlé d'une faculté Élémentaliste… Ca complique les choses légèrement dit on.

En fait, pendant ses sparages, Dante pourrait lui tirer une flèche. Proprement placée, le gus n'aurait aucune chance. Par contre, faudrait savoir s'il se trimballe un bouclier magique en permanence. Ya des trucs magiques qui le font… Dante le sait et ne désespère pas mettre la main sur l'un d'eux un jour. Mais revenons à nos moutons.

N'ignorant rien du roi de Naelis, qui lui facilite même la tâche en lançant son défi au gladiateur improvisé, l'assassin bouge légèrement, faisant s'étirer discrètement ses muscles pour les réchauffer en vue d'une hypothétique chasse. Quoi 5000 souverains en prime de sa prime? Et bien, il est dangereux dis donc! Il y a sûrement moyen de faire monter ca un peu non? Avec un peu de bonne volonté, le dit elfe pourrait faire monter facilement les enchères vu la facon dont il a étalé l'autre là.

Mais la diatribe du géant l'ennuie profondément. Un autre avec des intentions nobles. Si ca continue, on va avoir une floppée de paloufs à oreilles pointues qui vont débarquer pour purifier et sauver le monde.

A cette pensée, le visage de Dante se tord d'une haine pure tandis que si son œil marron pouvait tuer, Loethwil serait mort à cet instant. Mais ca ne dure qu'une fraction de seconde, personne n'a vu ce changement bref de physionomie. Pour la populace, il est un touriste nonchalamment en train de regarder les combats locaux.

L'odeur du sang frais lui chatouille soudain les narines, l'extirpant de son observation professionnelle. Un autre géant vient de proprement… bon, proprement c'est vite dit hein… occire deux guerriers Naelisiens. Les oreilles pointues lui laisse deviner un autre elfidé… Non mais putains c'est la multiplication des elfes où quoi? Celui là , s'ils se mettent ensemble, va singulièrement lui compliquer la tâche. Tournant la tête, Dante jette un œil sur le roi de Naelis, Glenn, essayant de deviner à son air la suite des événements tandis que dans son cerveau, une multitudes de plans parallèles germent avec comme but la mort assurée de Loethwil.

Ainsi,on en avait appris un peu plus sur les motivations de l’elfe. Il se voulait prophète, annonciateur de malheurs venant tout droit de la forêt maudite de l’aduram. Glenn le savait, il y a avait deux catégories d’elfes, ceux des cités de pierre et les autres, nomades et vivant dans la forêt. Assurément, ce Loethwil appartenait à cette deuxième catégorie. Au grand dam de Glenn, les liens entre Naelis et le royaume elfique étaient faibles, malgré le fait que la reine y soit issu. Il aurait du y séjourner, se rendre en Aléandir, mais il n’a pu le faire suite au désastreux échange épistolaire entre les deux trônes. S’il ne savaient que peu de choses sur les elfes des bois et leurs coutumes, Glenn connaissait bien l’aduram. Il y avait séjourné à maintes reprises en tant que mercenaire, mais aussi mené de nombreuses expéditions jusqu’à La Dross. C’est aussi là bas qu’il avait connu la mort, sauvagement attaqué avec ses légions par des créatures impies. Il ne pouvait le nier, la forêt se faisait chaque année de plus en plus sauvage. Les pisteurs, qui protégeaient habituellement les camps de bûcherons et les abords de la forêt n’étaient plus assez nombreux tant la tâche s’était accentue.

Pendant que Glenn méditait sur ces bonnes paroles, les premiers guerriers, encouragés par l’appât du gain, descendaient déjà dans l’arène. La somme astronomique attribué par le conseil de thaar pour la tête de l’elfe faisait écho à tout ce qui lui était reproché. En ce sens, Glenn avait agit par prudence, ne souhaitant pas que de tels événements se présentent dans sa cité. Toutefois, il n’était pas un vassal de la cité cosmopolite et encore moins un ami surtout quand il savait le commanditaire être la princesse Krish Al’Serath. Elle est aux abois, sinon elle n’aurait jamais envoyé une telle missive. Bien, il est temps de mettre fin à cette mascarade.

- ASSEZ ! Si vous ne recherchez pas le combat tous les deux, quittez le sable de cette arène. Hérault, donne donc à cet elfe ses vingts souverains pour avoir vaincu Decius puis accompagne les tous les deux dans la salle d’honneur, j’ai à leur parler. »

Sur ce, Glenn Hereon quitta les gradins accompagné de son escorte hétéroclite, pour s’engouffrer dans les dédales sombres et obscures du colisée. Il fallait un certain sens de l’orientation pour ne pas se perdre entre les parties réservées aux spectateurs et celles des gladiateurs ou combattant du jour. Heureusement, les gardes de l’arène veillaient à ce que chacun reste à sa place et un assassin qui voudrait se rendre à la salle d’honneur sans y être invité devra d’abord franchir cet obstacle. La salle dite salle d’honneur était une pièce assez large, sans fenêtre, décorée de façon spartiate par de nombreuses armes au mur, faisant office de trophées. Le centre était occupé par une table recouverte d’une grande nappe rouge aux bordures dorées. Cette pièce servait à recevoir les autorités mais aussi à féliciter les vainqueurs. Quand il se retrouva face au colosse, Glenn ne fut pas décontenancé par la différence de tailles.J’ai affronté et tué des drows aussi grand que toi. Ta taille ne m’impressionne pas, elfe. Suivait également le gladiateur improvisé, le premier à avoir répondu présent devant l’appel du gain. Pourtant d’apparence humaine, ses yeux blancs trahissaient un sang mêlée, peut être drow, peut être elfe. Glenn n’en avait cure, car Naelis était la terre des hybrides, ses enfants en étant les premiers ambassadeurs. Avant de commencer, Glenn posa l’avis de recherche sur la table. Il s’agissait de l’original qui avait été envoyé directement au responsable de la prévôté de la cité.

- Thaar a des comptes à régler avec vous. Cet avis de recherche a largement dépassé les frontières de Naelis pour atteindre celles de la péninsule. En ce qui me concerne, si vous n’êtes pas un danger pour la cité, je ne vous arrêterai pas. J’aurai même tendance à dire que l’ennemi de mon ennemi est mon ami, mais je dois en savoir plus sur vos motivations. Pourquoi avoir besoin de notre aide en Aduram ? Et pourquoi seulement quatre personnes ? »

Puis Glenn se rapprocha, posa les poings sur la table avant de prononcer d’un murmure :

- Y a t-il un lien avec ce… Porte la peste ? »

La créature la plus dangereuse de l’aduram, un être millénaire et maléfique qui l’avait vaincu autrefois.

Tes yeux sont sur le sang-mêlé. Tes oreilles guettent les hauteurs. Tu surveilles l’âme endolorie d’un enfant, mais tu écoutes les mouvements de la foule, et tu attends la décision d’un Roi. Et contrairement à ce que tu craignais entendre venir non seulement d’un Roi humain, mais d’un Roi guerrier, il sembla prendre la bonne décision. Et tu peux comprendre qu’elle ait pu être dure à prendre, parce qu’il ne connaît de toi que ta part la plus sombre, celle que s’est amusé à conter, et probablement à exagérer Thaar. En te laissant la vie et en acceptant une entrevue il prend un risque, mais son regard… le regard de Glenn laisse aisément comprendre que si tu te prouvais être un menteur, il n’est pas seulement prêt à se battre. Il est prêt à triompher.

Il est impressionnant le courage qu’une armure enchantée peut donner aux humains.

Si le Roi venait de prouver sa témérité, il était loin d’en être de même pour la garde. Sans pour autant trembler dans leurs bottes, vous accompagnateurs assumaient presque tous une moue anxieuse, extrêmement méfiante, et jamais à aucun moment leurs mains ne s’écartèrent de leurs armes. Les plus zélés d’entre eux serraient les pommeaux de leurs lances et de leurs épées au point de s’en blanchir les paumes, et ce furent ceux-là même qui manquèrent de défourailler, lorsque tu plongeas la main dans l’une des deux besaces à ta ceinture, pour en séparer les vingt souverains des essences végétales qui y avaient véritablement leur place.

- Tiens, je n’en ai pas besoin.

Sous l’œil dubitatif de votre escorte, tu offres sans hésitation ta récompense à celui que tu étreignais il y a peu. Une récompense bien maigre à côté de ce qu’affichait l’avis de recherche qui t’était pour la première fois dévoilé. Ordure de Sombre… elle s’était bien fichue de toi.

- J’ai déjà affronté seul certains des Gardiens d’Aduram. J’en ai déjà vaincu d’ailleurs. Tu lèves ton bras droit, pour mieux dévoiler une large cicatrice de griffure sur ton flanc Mais j’en ai gardé des souvenirs pour me rappeler que seul, je ne peux rien contre les plus puissants d’entre eux Tu frappes tes deux paumes sur la table et ce sont les plus puissants d’entre eux qu’il me faut vaincre si je veux espérer apaiser les souffrances du Linoïn.

Des regards inquisiteurs se posent sur toi. Le Linoïn, les Gardiens, tout cela leur était étranger. Il faudrait que tu t’expliques.

- Porte-la-Peste n’est qu’un souci parmi d’autres. Il est dangereux oui, mais il est loin d’être la créature la plus féroce de ces bois. ton regard va chercher celui de Glenn Je ne vous apprends rien j’espère, en vous disant que nous les elfes, partageons un lien particulier avec la forêt. Nous partageons un langage commun avec tout ce qui y vit, des animaux aux arbres, seulement en Aduram, à cause des premières invasions humaines, tout ce que traduit ce langage, c’est de la colère et de la douleur. tu soupires C’est cette douleur qui détruit l’esprit de la majorité qui y mettent le pied, et c’est cette douleur qui fait que c’est à vous et pas aux miens que je demande cette faveur.
Depuis le Voile, les racines de l’Estel, l’Arbre-Maître d’Anaëh s’étendent, renforcent la forêt, et partagent la Symphonie, son langage. Et depuis quelques temps, ses racines se sont assez enfoncées en Aduram, non seulement pour le renforcer, mais pour lui partager pour la première fois depuis de longs Cycles autre chose que de la colère et de la douleur. Seulement tout ça n’a fait que la rendre plus chaotique encore tes poings se serrent mais en éliminant les plus vieilles et les plus puissantes des Créatures Gardiennes d’Aduram, et les sanctuaires corrompus qu’elles protègent, la forêt devrait retrouver un semblant de paix. tu frappes un poing sur la table en annonçant Juste quatre personnes, quatre personnes assez compétentes, je ne devrais pas avoir besoin de plus, et je ne peux pas en protéger plus. Engager plus de monde, ce serait les envoyer au sacrifice. Vous savez comme moi ce qu’il arrive aux armées qui ont essayé de traverser cet endroit.

Trois personnes. Il ne te manquait plus que trois personnes maintenant qu’il y avait lui.

- Vous m’aidez, j’y gagne la santé de ma forêt et une plus grande liberté pour mon peuple, et de votre côté vous obtenez la sécurité de vos frontières, la reconnaissance d’un peuple entier, et ma protection pour votre Cité. tu te lèves d'un bond, la paume des mains toujours sur la table Qu’est-ce que vous en dites ?

Toujours ébranlé après sa rencontre avec l'elfe, Nehril n'eut pas le temps de reprendre ses esprits que le roi leur faisait grâce d'un entretien privé. Le semi-elfe haussa un sourcil interrogateur, surpris d'y être convié alors qu'il n'était rien d'autre qu'un simple mercenaire : certes habile, mais pas au point de suivre ces deux individus qui semblaient l'écraser sous leur auguste présence.

Lorsqu'il s'approcha du roi de Naélis, Nehril fut surpris de par ses traits anguleux, durci par une vie de labeur, lui conférant plus l'air d'un soldat que d'un souverain. C'était pourtant une couronne d'or qui ceignait son front, non un heaume de métal, et le mercenaire préféra lui laisser l'initiative, restant légèrement en retrait.
Le semi-elfe était serré de près par la garde royale, dont la discipline paraissait aussi inébranlable que la fermeté avec laquelle ils empoignaient leurs armes. Nehril resta docile, résistant à l'envie de laisser libre cours à la colère qui rongeait son être : afin de fuir ces murs nus et froids où le conduisait le roi.

Son regard balaya la pièce avec une attention particulière, repérant les pièces d'armes et d'armures exposées, dont le métal huilé et brossé lançait un vif éclat.
La voix chantante de l'elfe vibra dans ses oreilles, le sortant de sa réflexion silencieuse. Connaissant la valeur de l'or pour l'avoir recherché durant plus d'un siècle, Nehril accepta les vingt couronnes que lui tendait le colosse, tout en inclinant brièvement le buste en guise de remerciement. Il rangea hâtivement les pièces dans sa bourse, comme s'il craignait que son généreux bienfaiteur ne revienne sur sa décision.

À la mention de Porte-la-peste, le mercenaire se raidit et cru déceler une étincelle de peur animer les yeux hantés du roi, faisant écho à ses propres craintes. Nehril n'était jamais entré sur les terres du Linoïn mais il avait jadis été embauché pour repousser quelques monstres à ses frontières. La Dissonance était particulièrement forte aux abords de la forêt morte, et même le sang d'un semi-elfe était réceptif à sa plainte laconique aux accents morbides.
Lorsque l'elfe écarta le nécromancien au profit d'une menace moins tangible, le mercenaire prit la parole, troquant la langue elfique pour celle de l'oliyane afin d'être parfaitement intelligible pour le roi de Naélis :

- Ce que tu souhaites, fit-il en avançant d'un pas en direction des deux hommes, c'est repousser la forêt elle-même, c'est aller à l'encontre de la Dissonance.

Il fit un geste large du bras, comme pour signifier que le plan de l'elfe était inconsidéré.

- Comment peux-tu seulement croire que nous pouvons arrêter la colère de la Prime Forêt ? Comment peux-tu penser que nous pouvons aller contre sa volonté ? Calmer sa haine en apportant la nôtre en son sein, ce n'est que folie...

Tu te serais attendu à ce que la première réaction soit celle du Roi, mais il n’en fut rien. C’était finalement celui dont le sang elfique coulait dans les veines qui se trouvait le plus directement touché. Et s’il était touché, c’est qu’il était loin d’avoir complètement abandonné ni l’idée de retrouver sa place en Anaëh, ni le respect de l’Œuvre ; bien qu’il porte visiblement encore les stigmates d’une éducation partagée entre celle des Taledhels, dont beaucoup ne voyaient dans l’Aduram qu’une haine qui n’existait pas, et celle acquise par l’expérience du mercenariat Thaari, qui ne laissait peu de place à la mise à mort en tant qu’acte de clémence.

- Au contraire. Aller à l’encontre de la Dissonance, c’est aller dans le sens de la forêt. ton visage se fait particulièrement sévère La Dissonance d’Aduram est un cri de douleur. Sa violence est une stratégie de survie, et les plus vieux Gardiens en sont la quintessence. ta main se pose sur l’épaule du semi-elfe Il ne s’agit pas de détruire la forêt. Il s’agit d’éliminer les chairs corrompues pour que la blessure puisse cicatriser.

Lorsqu’un Gardien meurt, la forêt en choisit un nouveau. Avec la puissance régénératrice de l’Estel pulsant sous Aduram, et sans les plus anciens pour raviver les terribles souvenirs des invasions, les nouveaux Gardiens se verraient épargnés une partie des atrocités que la forêt maudite se remémore sans fin. Avec de nouveaux Gardiens, et sans les anciens pour maintenir vivant le cauchemar des invasions, la douleur quitterait petit à petit le présent, pour entrer dans l’histoire… du moins, tu l’espères.
Tu espères surtout que la chute de cette génération suffise à remplir tes promesses. Parce qu’il y avait une force dans la rage de vivre de l’Aduram, et que cette force, l’Anaëh ne s’en départirait jamais. L’Aduram ne deviendrait jamais aussi douce que le reste de la forêt, mais au moins tu espères que bientôt cette rage de vivre ne lui coûtera plus des larmes de sang. Et que si elle ne payait plus le tribut du sang, elle n’ait plus à l’infliger à ceux qui l’approchent.

Dante est déçu, extrêmement déçu de voir le roi Glenn fricoter et accueillir un présumé terroriste en entretien privé. Deux en fait, il n'a pas compris l'elfique, mais le fait que le mercenaire aux yeux bizarres ait passé du mode doberman au mode toutou tout doux lui fait penser qu'avec un bon jet de charisme, on peut décharger sa merde à tout le monde pour leur faire faire ce qu'on veut.

Se redressant, il écoute l'ambiance du colisé, le mécontentement des gens qui ont vu leur dose d'hémoglobine leur passer littéralement sous le nez. Affable, il distribue tranquillement son casse croûte tout en écoutant les ragots et les potins de la ville. Tout ce qui est dit est bon à prendre.

Monsieur?

Tournant la tête, l'œil marron flamboie brièvement, avant de se teinter d'une discrète inquiétude quand il voit le propriétaire de la volière, le seul qui connaisse son apparence et son identité dans cette ville pourrie à l'os qui attend sagement que l'assassin finisse de lui accorder son attention.

Oui?

J'ai un message urgent pour vous. Ca fait 3 heures que je vous cherche partout, c'est arrivé juste après votre départ.

D'un geste assuré, Dante prend la missive. L'épaisseur du parchemin l'intrigue, un mauvais pressentiment l'envahit, les cheveux se dressent sur sa nuque. Inspirant doucement, l'assassin hume profondément l'air à la recherche d'une odeur particulière qu'il ne trouve pas.
Fouillant dans sa bourse, il donne une pièce à son contact.

Vous craignez les Ombres? Parce que ma femme a fait un cauchemar la nuit dernière.

Dante répond tranquillement.

Dit que El mette de la Lavande sur son oreiller. trois gouttes.

Le congédiant d'un geste, l'assassin se retire dans un coin relativement dépourvu de gens. l'oeil marron se promène en totu sens mine de rien, pour repérer ce qui pourrait être un mouchard. Mais quand il ouvre son message, son visage est aussi fermé qu'un joueur de poker.

Message de El. :

Portant la missive près de son visage, il décode l'écriture carrée , noire comme les scarabés. Manifestement, celui qui a écrit ca a improvisé sur le pouce. Malgré tout, sa ligne est compromise, va falloir qu'il bute le proprio de la volière.

Pour une fois que quelqu'un qui veuille le doubler servira sa cause. Souplement, il retraverse les gradins et va directement au garde de Naelis le plus proche qu'il interpelle d'un ton poli et aimable. .

Bonjour garde! Le gros machins à oreilles veut des hommes pour l'Aduram. Je suis mercenaire et j'ai à y faire. Ya moyen de les rejoindre pour au moins les attendre à la sortie pour pas que je les manque? j'veux pas interrompre sa majesté.

Et l'assassin ne fait pas l'affront d'un pot de vin au garde. Il attend tranquillement la réponse.

Glenn écouta attentivement les dires de l’elfe sylvain. L’Aduram était une forêt mystérieuse, sauvage et indomptable. Elle était une frontière naturelle des plus efficace entre Naelis et le reste du monde. Bien qu’ayant fait main mise sur la cité des marais de La Dross, au coeur de la forêt, le Roi de Naelis savait rester à sa place et prenait de nombreuses précautions pour ne pas heurter ces fameux gardiens. Car ses camps de bûcherons étaient une ressource capitale pour le royaume. En effet, la production de bois a permis la rénovation de nombreux bâtiments en ruine mais surtout la création de la flotte du royaume. Ainsi, il y a des monstruosités plus dangereuse encore que Porte-la Peste ? Baste… Glenn comprit de quoi parlait l’échange entre l’elfe sylvain et le sang mêlée. La fameuse symphonie était un sujet qui revenait régulièrement avec les elfes qui avaient intégrés ses légions et ils en avaient aussi parlé avec sa femme, Glinaina.

- Vous voulez dire qu’il y a plus dangereux encore que Porte la peste ? Mais de combien de gardiens parle t-on au juste ? Vous voulez dire que les anéantir feraient fuir les créatures qui sont sous leur contrôle ? La forêt redeviendrait… normale ? »

Oui, Glenn Hereon avait beaucoup de questions car jusqu’à présent, ses connaissances sur la forêt se limitaient à sa propre expérience. A ce moment là, la séance fut interrompue par l’arrivée d’un homme dont l'oeil était recouvert d'un bandeau, cachant certainement une quelconque blessure. Il fut introduit par un légionnaire qui le présenta comme un mercenaire intéressé par la proposition de l’elfe. Entre temps, Glenn avait récupéré l’avis de recherche qui était resté sur la table. Le Roi s’adressa à lui d’un ton direct et sans ambages :

- C’est quoi votre nom à vous ? Et vos compétences ? »

Il fallait dire que à première vue, l’homme ne lui inspirait pas confiance. Ce n’était pas tant son honnêteté mais plutôt sa constitution que Glenn remettait en cause, car le nouveau venue était bien moins bâtie que le reste de l’assemblée. Enfin, le Roi se retourna vers Loethwil.

- Loethwil, cette situation sur la forêt d’Aduram me concerne au plus haut point. Je suis prêt à vous aider, mais j’ai besoin de quelques garanties. Tout d’abord vous parlez de reconnaissance et de protection… Quelle est votre rôle dans la société elfique ? Si mon aide peut nous permettre de nouer une alliance contre les drows, je n’hésiterai pas une seconde. Naelis ne peut lutter seul, à la fois contre Thaar et le Puy. En fait, je suis prêt à participer moi même à cette expédition… Si vous pouvez m’amener ensuite à Aléandir où j’ai besoin de rencontrer vos prêtres, il en va de ma survie. »

Oui Glenn Hereon était prêt à risquer à nouveau sa vie. Il devait prendre sa revanche contre ce qui l’avait vaincu et ce contre quoi il avait survécu. Ce serait aussi l’occasion de tester son nouveau conseil. Ce nouveau gouvernement était-il capable de diriger en l’absence du Roi ?

- S’il on se contente de compter de ceux qui représentent une véritable menace, les doigts d’une main suffisent. pour ce qui était des esprits mineurs par contre… ils étaient une invisible multitude N’allez pas espérer par contre voir la forêt retrouver en un clin d’œil son calme de premiers jours. L’Aduram a poussé sur le sang. Elle ne sera jamais normale, et les créatures qui y vivent ne sont sous le contrôle de personne. Ce sont des bêtes naturellement agressives qui sont en plus excitées par la douleur que leur communique la Symphonie Dissonante. Mais après que l’on ait fait taire les plus grandes voix de la Dissonance, le temps devrait apaiser la douleur et il devrait suffire d’une poignée d’années pour qu’il ne reste simplement plus que des créatures agressives.

Malheureusement pour ton peuple et pour celui du Roi de Naélis, l’horreur était toujours plus difficile à défaire qu’à engendrer. S’approcher d’Aduram resterait pour toujours un risque, mais au moins une fois libérée, ne risquerait-on plus que les monstres d’Aduram s’approchent du monde. Ton regard va chercher celui du Souverain de la Cité, à la fois grave et compatissant.

- Ce serait mentir de vous dire que d’ici demain, plus aucun des frontaliers ne courra le moindre risque. Ce que je peux promettre par contre, c’est que la lisière de la forêt, pour peu que vous sachiez vous montrer un minimum respectueux, redevienne exploitable.

Tu les as vues plusieurs fois les larges clairières creusées par l’abattage massif des arbres de la forêt maudite. Et elles font partie de tes terrains de chasse favoris, parce qu’elles sont devenues celui de plus d’autres créatures que de raison. Une forêt blessée par le passé, rendue folle par la douleur qui lui fut infligée par des hordes de bûcherons… et voilà qu’en revenait une autre. Les Arïn étaient décidément bien lents à apprendre de leurs erreurs. Mais heureusement pour eux, tu étais là pour les aider à comprendre. Du moins tu serais là pour les aider à comprendre s’ils acceptaient ton aide.

- Les clans me respectent en tant que chef de guerre. Je n’ai pas la prétention d’être capable de leur imposer mes décisions, mais ils reconnaissent mes choix comme faits pour le bien de notre foyer. Quant à vous, humain ou pas, venez vers eux avec un réel respect pour l’Œuvre, et après avoir accompli l’exploit de libérer l’Aduram de la moindre once de tourment, et ils n’auront d’autre choix que de reconnaître votre valeur. Soyez amis de l’Anaëh, et l’Anaëh sera votre amie. Nos adversaires sont les mêmes.Qu’il porte avec humilité le nom de héros d’Aduram, et il serait respecté au même titre que celui qui porte avec humilité celui de chevalier dragon par la Sylve elle-même. Et les Noss respectent ceux que respectent la Sylve Une fois passé le jugement des clans, celui d’Alëandir est bien plus clément. Je m’engage à vous y accompagnerai si vous le désirez.

Ton regard reste plongé dans celui du roi, mais ton dos se redresse, et tes bras se croisent sous ta poitrine. Tu te déploies face à lui dans toute ta largesse.

- Et même si notre entreprise venait à échouer, pour peu que nous deux y survivions et que vous vouliez bien de moi comme allié, je m’engage personnellement à faire de votre Royaume un territoire de plus sous ma protection. tu fronces les sourcilsJe saurai vous prouver les raisons pour lesquelles j’inquiète la Maîtresse de Griffe-Argent en temps et en heure.

Parce qu’en réalité, ce n’était pas de ta place au sein de ton peuple que Glenn avait le plus à gagner, mais bel et bien de ton pouvoir. De la puissance brute dont tu n’avais pour l’instant pas fait la moindre démonstration. De la force dont tu étais investi, en digne élu de la Dame Sauvage, la face la plus féroce de la Prime Déesse. Seulement que pouvait-il en savoir. Ce qu’il connaissait de toi n’était finalement que racontars et descriptions tordues de ton échappée du piège que t’avait tendu Al’Serat.

Tu n’as pour l’instant plus rien à dire ni au Roi et à sa suite, ni au Sang-Mêlé. Alors ton attention glisse vers le dernier arrivé sur la scène de votre réunion. Un visage et une silhouette qui ne t’étaient en réalité pas inconnus, puisqu’il s’agissait du même homme que celui t’ayant apparemment suivi plus tôt jusqu’au coliseum. Il était mercenaire donc. Un mercenaire qui semblait prêt à se lancer dans la mission impossible que tu proposais… et pour ce que tu avais vu de lui jusqu’ici, tu ne pouvais que t’en trouver plus qu’interloqué, perturbé.

À moins qu’il ne s’agisse d’un véritable excentrique, un homme prêt à affronter l’Aduram ne devrait pas se donner l’air intimidé face à toi. Mais son excentricité, tu la lui pardonnerais s’il prouvait son talent en valoir la peine.
Tu t’écartes de la table, avances vers lui, et plantes tes yeux dans le seul des siens visible. Ton regard se tourne un instant vers Glenn, t’octroyant le droit de prendre cette décision plus que le lui demandant. Et tu imposes ton défi au mercenaire.

- Prends ton arc, et montre-moi ce dont tu es capable.

Une étincelle de lumière traverse ton bras droit, et d’un large mouvement, sans le moindre effort, tu assembles à partir de rien trois oiseaux aux plumes de givre, qui s’envolent à tire d’aile dans la salle, et y commencent un chaotique ballet. Son temps est compté.

Nakor, du haut de sa haute tour du château de l'Aurore, le quartier général de la guilde du Firmament dont il était le Magistère, entendit frapper à la porte. On lui apportait une missive venue par des moyens magiques. Le sorcier humain en service décrivit avec précision ce qu'il avait vu et tendit la lettre encore enroulée. Assurant qu'elle n'avait pas été lue, il se retira et laissa le vieux magicien lire cet étrange courrier. Nakor y ressentit une magie singulière et comprit vite de qui elle provenait. Il parcouru le courrier et se leva d'un bond en frappant sa table de ses deux poings.

"Par tous les dieux du ciel! Une réunion autour du problème de l'Aduram ... que diantre préparez-vous mon ami?"

Nakor resta là, debout, il coula un regard vers son bâton, puis vers son sac et reprit sa place en sortant sa plume et un vélin pour écrire. L'homme qui avait amené la missive entra de nouveau sans frapper

"Non mais ho! Que sont ces manières!
- Je vous supplie de bien vouloir m'excuser Magistère, mais nous avons reçu un autre pli qui devrait attirer votre attention, il vient de Thaar."

Le vieux mage attrapa la lettre et la parcouru d'un oeil en amenant sa tasse de thé jusqu'à sa bouche pour en boire la dernière gorgée. Il cracha tout le contenu de sa bouche sur le pauvre magicien qui lui faisait face. Il enroula les deux lettres et les fourra dans sa barbe tout en donnant ses ordres et jeta presque dehors le pauvre homme. Il ouvrit grand sa fenêtre et déploya son étoffe préféré : un tissu épais et violet, qui venait de Nisetis. Il s'en servait comme tapis volant en usant de son contrôle de l'élément air autour. Il se saisit de son bâton et activa ses forces arcaniques. Le tissu s'étira, se souleva du sol et se rigidifia.

"Dans quel pétrin vous êtes-vous mis Loethwil?"

Nakor monta sur son tapis volant, s'assit en tailleur et il partit à toute vitesse pour Naelis. Loethwil avait parlé de la cité de Glenn. Il voulait contacter les forces vives de cette zone du monde. Le sorcier savait donc où trouver des informations solides et valables. Il allait rendre visite à celui qui était censé tout savoir sur Naelis : le roi de la cité! Son vieil ami Glenn. Pendant le voyage il eut le temps de penser à sa première rencontre avec Glenn, quand il était tombé sur le magicien des ombres, Etias ... et qu'il était parvenu à ouvrir l'étrange crypte en brisant son solide bouclier magique. C'était une lointaine et heureuse époque. Depuis, beaucoup de souffrances, de guerres, de batailles et de révolutions. Beaucoup de changements et de rencontres. C'est en arrivant aux abords de la cité qu'il se rapprocha du sol. Devant les grandes portes de la cité, il salua les gardes

"Bien le bonjour Messieurs! Je suis le mage Nakor ami personnel du roi Glenn Hereon et de sa douce compagne la reine ...
- Nous savons qui vous êtes seigneur. Les portes de la cité vous sont ouvertes.
- J'adore votre tapis m'sieur."

Le garde le plus jeune semblait apprécier la magie du vieillard alors que le plus vieux lui jeta un regard courroucé. Un brin amusé, la barbe blanche continua

"C'est bien aimable à vous Messieurs! Savez-vous si votre roi est en son palace?
- Non Monseigneur il est au Colisée. Il se dit qu'un elfe immense y combat! C'que j'aimerai voir ça m'sieur.
- Au Colisée ... merci mon jeune ami!"

Et Nakor s'envola au dessus des remparts de la ville pour foncer vers la zone dont il était question. Un elfe immense, cela pouvait être Loethwil, sans doute! Il avait donc prit la bonne route. En arrivant aux abords de l'édifice somptueux. Il se posa, relâcha la pression arcanique et attrapa son étoffe en la faisant disparaître dans une de ses manches. Il recommença ses simagrées

"Bien le bonjour Messieurs! Je suis le mage Nakor ami personnel du roi Glenn Hereon et de sa douce compagne la reine ...
- Nous savons qui vous êtes magicien.
- J'ai grand besoin de rencontrer de toute urgence sa majesté le roi. J'ai un message très important pour lui et pour tout Naelis."

Nakor abusait sans doute un peu, quoi qu'une guerre de sorciers en plein coeur de Naelis ne ferait pas bon ménage surtout si Thaar avait dépêché des tueurs contre Loethwil. Cela fit tout de même réfléchir les gardiens du Colisée. Ils hochèrent la tête et allèrent discuter avec un troisième homme. Il regarda longuement le magicien avant de prendre la parole.

"Veuillez me suivre Maître Magicien. Le roi tien audience restreinte. Il décidera lui-même de vous recevoir sur le champ ou de vous faire attendre.
- Je vous suis jeune homme."

Et Nakor arpenta les couloirs du palais dédié aux combats. Le garde semblait être un haut gradé de la cité. Arrivé devant le salon appelé "salle d'honneur" et frappa à la porte en hurlant que le magicien Nakor était là avec un message de grande importance. Après quelques instants de silence ou de murmures étouffés par l'épaisseur des murs, des ordres furent donnés pour que Nakor entre seul dans la pièce. Il y découvrit Glenn Hereon son vieil ami le roi mais aussi Loethwil et deux autres personnes qu'il ne connaissait pas du tout. Que diantre se passait-il ici. Nakor se permit d'abord de chaleureusement saluer le roi en lui saisissant le bras et l'épaule opposée dans une accolade amicale

"Quel plaisir de vous voir ainsi Glenn!"

En effet, il avait meilleure mine que la dernière fois qu'ils s'étaient rencontrés, aux portes de la mort. Puis il glissa un clin d'oeil à Loethwil en parlant en elfique

"Mes salutations mon ami. Je suis surpris mais heureux de vous trouver ici. J'ai eu votre lettre et ceci."

Il allait sortir la lettre de Thaar quand il l'a vit, déplié sur la table recouverte d'une étoffe de qualité. Il regarda alors tout ce petit monde et attendit de comprendre un peu mieux ce qu'il se passait ici. Il était venu pour prévenir et Glenn et Loethwil qu'il y avait sans doute des chasseurs de tête dangereux dans la cité pour trouver l'archimage elfe et ramener sa tête mais de les trouver là, ensemble ... il ne comprenait plus bien. Etait-ce là, la réunion qu'il souhaitait tenir sur l'Aduram? Etait-ce là seulement les forces vives qu'ils avaient réuni? Il allait vite savoir.

La moitié des visages se portait sur l’archer se concentrant sur ses cibles mouvantes ; l’autre se portait sur les cibles elles-mêmes. Une inattendue tension pesait sur l’atmosphère, faisant sembler les enjeux de la réussite du mercenaire que tu testais bien plus grands qu’ils ne l’étaient réellement. Les pupilles de l’archer étaient rapides, sa détermination palpable et son regard acéré, mais s’il y avait une seule chose plus aigüe en cet univers que la concentration d’un chasseur, c’était le fracassant sens de l’entrée d’un vieil archimage.

- Attends.

Tu te permets de couper la parole de Nakor d’une paume en sa direction, puis tu lui désignes l’homme faisant démonstration de sa précision, et tes créations toujours en vol. Mais faute de plus briser le silence, tu t’autorises un sourire en direction de ton ami.
S’il était une seule chose plus fracassante en cet univers que les entrées de Nakor, c’était sa magie ; et s’il n’avait pas changé depuis les quelques ennéades qui avaient suivi votre première rencontre, tu pourrais très certainement compter sur lui pour vous épauler dans votre quête. Oui… ce n’était qu’une question de temps avant que l’Aduram ne quitte ses habits de forêt maudite pour embrasser ceux de symbole du désir de vivre.

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