Vers le sud: La vision d'un hibou [Solo]

Thranin était là, il couchait adossé au tronc d'un érable. Le souffle des vents d'automne caressait les feuilles jaunies de l'arbre en ce mois de Favriüs. L'herbe du sous-bois où se trouvait le nain était sèche. Les corbeaux lançaient des sons dérangeants. Une nuit étoilée avait hier permis à Thranin de revivre psychiquement les événements célestes qui firent passer ce monde d'une époque à une autre : " Le Voile...pourquoi donc?" se répétait-il à lui même, alors que les corbeaux s'écriaient de plus belle. Il se redressa le long du tronc, ouvrit son carnet d'astronomie, le feuilleta puis marmonna quelques mots incompréhensibles dans la langue de sa race.

Enfin, après un long songe, il siffla deux fois et les cris des corbeaux disparurent. Quelques secondes passèrent et Pic-œil, fidèle ami de Thranin, profilait sa silhouette ailée en hauteur à travers les branchages de l'érable. Le hibou descendit en volant des branches jusqu'à l'épaule de Thranin où il se posa. L'animal observa son maître nain comme si ce dernier allait lui indiquer quoi faire. Thranin s'exprima à haute voix: "En route", et du bout du doigt il pointa une direction à suivre...

Cela faisait quatre nuit que Thranin avait quitté la cité de Lante. Sa présence dans cette cité était due à la rencontre qu'il fit avec Hoibur, son frère. Ce dernier revenait des contrées montagneuse du nord du Zagazorn où il rencontra les principaux membres du clan Gisil. Durant la rencontre avec son frère, Thranin lui exposa ces idées concernant ses recherches astronomique sur le mystérieux Grand Voile du Xe Cycle. Hoibur avait tôt fait de lui répondre que les réponses pouvaient se trouver en Anaëh, chez les elfes, mais la difficulté de trouver des informations fiables fut bien réaliste dans l'esprit de Hoibur. Thranin pensait également que tous les savoirs astronomiques écrits par les elfes depuis la nuit des temps se trouvaient en Anaëh. Toutefois il était inimaginable pour un nain d'espèrer avoir quelque relation cordiale avec un elfe. Pour pénétrer dans la capitale d'Alëandir, il fallait de fortes convictions mais aussi de la ruse.

Le jour où le nain astronome quitta Lante, sa témérité et sa soif inébranlable de connaissances l'avaient poussé à entreprendre ce périlleux voyage...C'était dont cela la direction qu'avait pris Pic-œil: le Sud.

Au matin du sixième jour de son voyage, Thranin se trouvait à quelques lieux du passage surveillé des elfes sur le grand fleuve Olyia. Il marchait d'un pas ferme le long d'un sentier escarpé, tracé auparavant par les elfes, situé dans les bois de la vallée des monts Wandres, reliant les Terres sauvages au royaume d'Anaëh. Le feuillage des hauts arbres de la foret cachait la froide lumière du soleil en ce matin d'automne; elle ne pouvait éclairer parfaitement le visage encapuchonné du nain. Son hibou survolant la foret pour prévenir le danger, Thranin traversait seul le chemin poussiéreux et pierreux, son épaisse barbe blanche se balançant au gré des secousses.

De bien étranges histoires circulent dans le pays nain concernant cette route...Des humains des clans dissidents des Wandres passent par elle pour piller et voler les terres naines, ou bien encore pour tenter d'approcher la cité elfique fortifiée d'Eldarinwa. C'est vers cet endroit que se rendait Thranin de manière à passer la frontière en sécurité...En effet passer par ce chemin puis par le pont sur l'Olyia bien que férocement défendus par les elfes, était moins risqué que d'emprunter d'autres routes plus au Sud. Ces étendues de foret ne sont pas qu'arpentées par des humains des Wandres: les gobelins grouillent sur les collines dès la nuit tombée et les trolls sortent de leur caverne avant la première lueur de l'aube.

Pendant la fin d'après-midi de ce sixième jour de voyage, le nain Thranin arriva enfin sur les rives de l'Olyia, il sortit du couvert des arbres mais resta néanmoins caché derrière un taillis de façon à pouvoir observer les environs en toute sérénité. Pic-œil toujours absent, le nain se préoccupait de savoir où son hibou se trouvait. Le courant de l'eau était fort et un large pont en pierre enjambait le fleuve. Le long de la rive opposée se dressaient deux tours blanches magnifiquement bien sculptées dont la hauteur dépassait celle des arbres voisins. De plus une muraille de granit ornée de ramures en bois écorcé s'étendait dans les deux sens du rivage à partir du bastion formé par les tours. Deux sentinelles elfes se tenaient droites à l'entrée du pont sur chacun des cotés de ce dernier et était revêtues d'une armure étincelante en cuivre. Ces-mêmes gardes possédaient une chevelure noir qui dépassait du pointu casque qu'ils portaient, mais également une lance dans la main droite et un bouclier dans la gauche. Ils ne bougeaient pas le moindre muscle ne pouvant repérer la présence de Thranin. Le nain réfléchissais à la manière dont il allait s'adresser aux elfes sans éveiller de trop leur curiosité. Attentif, il posa sa main gauche sur sa hache attachée à sa ceinture puis prépara son futur discours pour passer le pont.

Le nain n'eût pas le temps de réfléchir qu'une flèche siffla depuis le coté droit de la berge et
transperça violemment le haut du torse d'un des gardes elfes en passant entre les pièces de son armure.La sentinelle cria puis s'effondra sur le sol raide morte. Le garde voisin se précipita et se pencha sur le corps de son compagnon, puis sonna l'alerte en appelant les tours sur l'autre rive. La flèche semblait provenir des taillis de la berge où se trouvait Thranin, mais pourtant le nain ne vit aucune créature de l'autre coté du chemin. Soudain des buissons se secouèrent et une horde de pilleurs gobelins sortit des fourrés sur le chemin et fonça vers le pont tout en poussant des cris. Le nain bien caché dans son buisson ne fut pas remarqué mais songeait cependant à en sortir pour en découdre avec les gobelins qui à coup sûr se ferraient massacrer par les elfes, mais il voulait également obtenir la confiance de ces derniers en les aidant.
Juste avant qu'il ne se lève, un bataillon rangé de soldats elfes sortit du rempart entre les deux tours face au pont puis courut en direction de la rive où se tenaient les gobelins. Arrivés face aux gobelins, les elfes se déployèrent et entamèrent le combat avec les humanoïdes verts. C'est à ce moment que le nain sortit du taillis en courant vers le combat, brandit sa hache et fendit le crâne d'un gobelin, son sang luisant et écarlate coulait le long de son cadavre déjà au sol alors que Thranin fonçait tout droit sur les pilleurs. Les elfes purent contenir l'arrivée des gobelins et repoussèrent les derniers qui s’enfuirent dans le bois. Le nain aura pu tué près de quatre gobelins sur la vingtaine qu'ils étaient. Les cadavres des gobelins jonchaient le sol qui devint rougeâtre à cause du sang. Les soldats épuisés aidèrent leurs camarades blessés. Ces derniers ne déplorent aucune perte, mise-à-part celle de la sentinelle. La bataille n'avait durée pas plus de quelques minutes. Un des soldats qui semblait être le capitaine du bastion vint à Thranin qui lui ne se plaignait d'aucune blessure.

"-Bonjour nain étranger. Je me nomme Eldir. Tu nous aidé à vaincre ces répugnantes créatures, je t'en remercie. Que viens-tu faire à la porte de notre royaume? dit le capitaine en s'inclinant

-Je me nomme Thranin du clan de Gisil et je suis astronome. Je souhaite passer le seuil de votre royaume car j'ai soif des connaissances que votre peuple a acquis au cours du temps. Je suis honoré d'avoir pus vous aider à vaincre ces félons. dit le nain s'inclinant à son tour

-Je suis moi-même heureux de voir que les nains ont encore une part de fraternité avec les elfes face aux créatures qui menacent ce monde. Nous sommes fiers de voir que notre savoir t’intéresse et de pouvoir t'aider, où souhaites-tu te rendre? demanda l'elfe d'une voix douce

-Je souhaiterais me rendre à la grande académie d'Alëndir votre capitale pour trouver des réponses à mes questions sur les phénomènes célestes de ce monde. répondit le nain

"
A cet instant, la conversation s'interrompit et un piaillement se fit entendre de l'autre coté du fleuve. Pic-œil fidèle compagnon de Thranin fonça dans la direction des elfes puis le hibou se posa sur l'épaule de son maître.


"-Des éclaireurs t'accompagnerons jusqu'à la cité d'Eldarinwa, là nous te procurerons des vivres supplémentaires pour ton voyage jusqu'à Alëndir. reprit l'elfe

-Merci pour ta clémence maître elfe. dit le nain en serrant la main du garde"

Thranin suivit les elfes en passant le pont et entra dans la forteresse son hibou sur l'épaule. Le lendemain, logé par les elfes pendant la nuit, il quitta le bastion escorté. Il avait donc réussi: entrer chez les elfes.