[Solo] Un pas vers l'Annon ; Un bond vers le futur

Huitième ennéade de Fävrius
Onzième année du Onzième Cycle
Forges d’Ardamir

- Il te fallait vraiment venir les terminer ici ?

- C’est ici que siège le Toer Tamindal ! Enfin, c’est ici qu’il siégeait avant… enfin, avant tu sais quoi.

- Cìryon, un jour il va falloir que tu te fasses à l’idée qu’être un génie de la forge ne fait pas de toi un génie tout court. Tu sais, j’aurais bien envie de te dire que c’est triste pour l’Anaëh d’avoir perdu un artisan de son calibre, mais vu le temps qu’il passait en Ithri’Vaan, je pense très sincèrement que c’est mieux comme ça.

- Mais il avait sûrement une raison ! Peut-être que…

- S’il avait voulu nourrir son art, il aurait fait des pieds et des mains pour aller étudier au Zagazorn, pas à Thaar. D’ailleurs, avec le nombre de ses apprentis ayant mystérieusement disparu du temps où il faisait toujours des aller-retour,  je me demande pourquoi est-ce qu’il s’évertuait à continuer de s’exposer aux humains et aux… aux Drows de la sorte.

- Qu’est-ce que j’aurais aimé avoir l’occasion de l’avoir comme Maître…

- Parce que tu aurais aimé disparaître à Thaar peut-être ?

- S’il y avait eu une chance d’apprendre les techniques des Las’Danir en jeu, ça en aurait valu la chandelle.

Maltlin roula des yeux. Une fois de plus. Une fois de trop. C’est que quand il s’y mettait, réussir à ramener le forgeron à la réalité était plus difficile que de briser à mains nues les alliages qu’il confectionnait.

- Légende ou pas, ce sociopathe de Las’Danir n’aurait pas valu que tu risques ta vie pour son enseignement. Un jour Cìryon, il faudra que tu te rendes comptes que les elfes aussi créatifs que toi sont une denrée rare. Alors oublie un peu les techniques Las’Danir, et affine les techniques Camaendhel histoire d’enfin prendre la place qui te revient dans l’histoire de ton peuple. le blond manqua de se laisser attendrir par le regard que lui jeta son ami à ce moment Imbécile.

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Palais de Chêne
Le surlendemain

Maltlin souriait. Et il n’y avait personne autour de lui pour réaliser à quel point c’était chose exceptionnelle. Le sourire de Maltlin s’effaça en un tournemain. Vivement que Cìryon ait terminé ses dernières retouches, et qu’ils aient quitté Ardamir.
Encore une ennéade à patienter. Deux tout au plus. Et leurs mondes à tous seraient définitivement changés. Deux ennéades tout au plus, et ils toucheraient du bout des doigts les plus fous de leurs rêves, et bien plus encore. Enfin ils pourraient tous s’asseoir sur leurs accomplissements, et entamer l’ère à venir comme il se doit.

- Prête ?

- Presque. Le temps de choisir une toilette digne de ce nom.

- C’est qu’on a vite fait de comprendre ce qui plaît à Artiön chez toi.

- Vous me voyez fort confuse de ne point être en tout temps prête à quitter mon foyer pour être mariée en terre inconnue.

- J’ai compris, je me tais.

- Il vaut mieux, oui.


C’est, malgré l’apparente tension, avec le sourire aux lèvres que la Main Droite se présenta enfin face au nouveau Commandant des forces armées de Daranovar ; et c’est, chose exceptionnelle, avec un sourire sincère qu’il l’accueillit.

- Si vous le voulez bien, heri.

Une révérence, une main tendue à plat, l’autre légèrement repliée. Dans la première se posa celle de la demoiselle, dans la seconde les sangles de son sac de voyage. Il ne manquait maintenant plus que le forgeron.

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- Pourquoi est-ce qu’ils nous suivent ? Quelque chose s’est mal passé ?

C’est aussi agacé à l’idée de s’encombrer d’invités surprise qu’à celle de voir son ami s’être encore une fois fait refuser l’honneur qu’il mérite que Maltlin chuchote ces quelques mots. Pour toute réponse, le forgeron aurait voulu se contenter de sourire, en démonstration de son assurance… mais c’était son compère élémentaliste qui se trouvait face à lui, et Maltlin avait horreur des sous-entendu dont il n’était pas à l’origine.

- Ils sont emballés, mais ils veulent vous voir les porter avant de prononcer leur verdict.

- Et bien vivement qu’on y soit. Depuis le temps qu’on les attend ces armures.

- Peut-être qu’elles seraient arrivées plus vite si vous aviez une corpulence plus stable tous les deux !

- Désolé de ne pas pouvoir me contenter d’être maigrelet ! Il y en a qui se doivent d’être capables de tenir tête aux Drows je te signale !

- Oui et bien j’espère qu’à partir de maintenant ils éviteront de me forcer à faire des remaniements tous les mois !

Un roulement d’yeux dédaigneux pour le plus grand. Un regard vers les Maîtres Forgerons pour le plus petit. Un pas en avant vers l’Annon pour tous. Au moins on ne pourrait pas dire de ceux-là qu’ils ne sont pas décidés à se réapproprier les terres reconquises.

Une poignée d’heures plus tard
Flots de l’Elorëa

- Alors. Ose me dire que ce n’est pas plus agréable que les sentes et leurs cailloux !

C’était plus agréable que les sentes et leurs cailloux, il fallait le reconnaître. La brise fraîche d’automne lui caressait amoureusement les joues, imitatrice imparfaite des vents qui s’engouffraient dans les gorges des Hauts-Plateaux. Les clapotis de l’eau jouaient une douce mélodie, rythmée par les mouvements de balancier du navire. Si Maltlin prenait du temps à répondre à son ami, c’était autant parce que se laisser aller à l’esprit de contradiction était difficile dans ces conditions que parce que le sommeil l’avait déjà à moitié gagné.

- Tu as de la chance que Sìrdal ait le pied marin.

- Ce n’est pas justement parce qu’il a le pied marin que tu l’as appelé Sìrdal ?

- Tu marques un point.

Un sourire, un soupir, et l’élémentaliste retrouvait sa place, blotti contre son cheval allongé, pour mieux se laisser aller, comme la bête, à un sommeil plus profond.
Plus difficile pour le forgeron de passer outre l’excitation. Beaucoup trop de choses à encaisser d’un coup. Passées comme à venir. L’un de ses meilleurs amis venait d’accéder au Trône d’Anaëh. L’autre reprenait le plus haut poste de la milice Daranovane. Toute une part de la forêt, anciennement perdue se rouvrait là, juste devant eux. Et c’est le pied sur ces – nouvelles – terres qu’il recevrait peut-être, et – enfin – la distinction qu’il convoite depuis si longtemps. Et puis… même si les choses ne se passaient pas comme prévu pour lui… il y aurait un mariage !

- J’espère que les gars auront convenablement préparé le terrain.

Lui en tout cas avait fait absolument tout ce qu’il était en son pouvoir pour que tout aille pour le mieux. Et les yeux posés sur la petite compagnie, il ne pouvait qu’en être absolument convaincu.

Suite à la Frontière Nord-Est d'Annon