Il n'y a point de forêt sans arbres tordus [Terminé]

Julas, Ière ennéades de Favriüs, An XI, Cycle XI
Dans la forêt d’Anaëh, Protectorat d’Ardamir

La forêt d’Anaëh;  magnifique, mais ô combien terrifiante pour les voyageurs d’autre faction. Elle était vivante cette forêt, et des créatures en tout genre l’habitaient. Créatures, qui étaient, toutes plus hors du commun  les unes que les autres. Pourtant la princesse marchande d’Uldal’Rhiz avait décidée d’accompagner son groupe de passeurs. Plus elle en savait sur son réseau, meilleur était sa position pour l’améliorer, ou l’agrandir. Il fallait dire que les herbes médicinales elfique étaient en demande dans l’Ithri’Vaan et surtout à Thaar. La demande était grande et l’offre était si basse que Maralina pouvait aisément tripler même quadrupler ses profits et elle ne serait pas la seule qui profiterait de cette opportunité. Valait mieux être le plus rapide possible pour solidifier sa position le plus rapidement possible. Soyons honnêtes, les elfes vivaient en autarcie et ils n’avaient pas besoin de personne, et encore moins de l’ombre des Thaaris pour survivre. La demi-elfe n’avait jamais compris ces êtres, qui pourtant n’était pas si différent d’elle. Le concept de vivre en autarcie ne plaisait définitivement pas à la Princesse d’Uldal’Rhiz, surtout avec ses vues sur ce qu’était l’élite. Par contre ce voyage-ci, elle ne répéta pas la même erreur qu’elle avait fait en péninsule, et était accompagnée, non seulement par ses passeurs habituelles, mais par une poignée de membre de sa milice chargé uniquement de protéger le groupe.  Certes, le fait de se promener dans un territoire qui n’était pas le tien avec un large groupe n’était pas la chose la plus – disons discrète, mais la protection de la princesse marchande était bien plus importante que la discrétion. Qui plus est, elle avait n’avait qu’amené qu’une poignée d’elfe avec elle.


Le moindre craquement de branche faisait tourner la  tête de la princesse marchande, elle qui, n’avait jamais vu la forêt de ses ancêtres. La demi-elfe se retourna vers le responsable de son expédition avant  de s’exprimer en Olliyan ; « Combien de temps serons-nous encore sur ses terres? » L’elfe hausse les épaules avant de lui répondre du tac au tac : « Encore quelques jours, nous tentons d’éviter de se rapprocher des cités Elfes, ce qui nous rallonge un peu. » La demi-elfe soupira, voilà une façon de sauver du temps. Si seulement, elle pourrait avoir une certaines alliances avec les elfes, pour éviter de se promener sur leurs terres comme des voleurs. Il fallait définitivement qu’elle trouve une façon de les aider. Ce trajet était loin d’être efficace.


La forêt semblait devenir de plus en plus dense, le soleil, qui pourtant à son zénith, n’arrivait pas à éclairer le groupe d’elfe correctement. L’ambiance devenait de plus en plus lugubre. Comme si la forêt, elle-même, savait que quelques choses se préparaient. Le murmure du vent s’était arrêter, et plus un son perçait l’ambiance sinistre de la forêt. C’est à ce moment que la princesse marchande arrêta de marcher et se retourna. Elle sentait que quelques choses n’allaient pas. Elle baissa le capuchon noir de son visage, laissant ses longues boucles noires cascader librement et regarda la forêt derrière elle. Voyant ce qui se tramait, certains de ses hommes s’arrêtèrent pour vérifier ce que faisait la princesse. Elle leur murmura en Oliyen; « Nous sommes suivis » Les miliciens dégainèrent rapidement leurs épées et un d’eux s’avança dans la direction que la princesse regardait. Il s’arrêta et hurla dans un elfique parfait; « Nous savons que vous nous suivez. Sortez de votre cachette maintenant ou vous aurez affaire à nos épées! »

Enfin ! Enfin ! Par La Mère, ses Premiers fils et ses dernières filles ! Par les brises de Westalindë et les errances de Mëlien, enfin ! Si on m’avait dit qu’une ennéade pouvait être aussi longue, je me serais probablement abstenu. Encore qu’il faut dire que je pouvais pas deviner que la première réaction de gens bien-pensant devant un mage prêt à se mettre en danger pour sa magie serait de l’en priver sans sommation. C’est qu’ils ont eu de la chance que je ne sois pas aussi accroc à la sensation de mon esprit touchant la Source que j’en aie l’air, parce que sinon, j’en aurais fait des siennes pour essayer de le récupérer en avance mon focaliseur… et je me serais probablement aussi condamné à attendre encore plus longtemps. ‘Fin n’en parlons plus. Du moins si, parlons-en, parce qu’en fait, j’aurais totalement fait un scandale s’il n’y avait pas eu Monsieur Branche.

Je n’aurais jamais cru qu’un mage puisse servir de focaliseur à un autre mage. Du moins, si, c’est comme ça que ça marche les rituels de groupe au final, mais je ne pensais pas que je me retrouverais à profiter d’un autre mage pour me livrer à ma propre magie de sitôt. Si seulement on peut dire que c’était ma propre magie que j’exerçais. Après tout, les branches du Palais de Chêne ne sont pas des champignons, alors c’est plutôt à sa magie que je me suis exercé. C’est pas plus mal d’ailleurs. C’est vachement intéressant les vraies plantes. Un peu plus rigide que la fonge, mais tellement plus vibrant… Ugh, j’en ai encore des frissons d’excitation.

Du coup malgré quelques infortunés moments, entre mon nouvel enseignant, les pâtisseries et la découverte de ma cousine, ça aura quand même été un agréable séjour. Et puisque les gens du clan ne m’attendent pas… autant le finir en beauté. L’automne commence, l’humidité s’installe ( comme si les étés d’Ardamir ne l’étaient pas déjà assez ) et la saison des champignons commence ! C’est qui qui va revenir à l’Envinen avec des fongi rares, c’est Iurnîn ! Et c’est qui qui va pouvoir s’en servir pour concocter les onguents les plus fameux de toute l’Anaëh… c’est probablement Scylla…

Liltalaïma ! Est-ce que ce sont des amanites noires ? Ooh génial génial génial gé… glps.

Qu’est-ce que ?
Dites-moi les gars, qu’est-ce qui va pas ? J’aime pas quand vous vous mettez à grogner comme ça. L’Aduram le fait déjà bien assez. Vous êtes les arbres d’Ardamir, vous êtes censés être le rayon de soleil d’Anaëh les gars ! Allez, un peu d’entrain ! On se croirait de nouveau pendant les premières heures du fr…ont… Oh…ok.

Me dites pas qu’on va encore se taper des envahisseurs. Dites-moi que c’est une erreur. Dites-moi que pour une fois la forêt se trompe. Dites-moi que je suis juste trop bête pour comprendre les mots de La Très-Sage et que… ok, on dirait qu’il vaut mieux prendre de la hauteur si je veux pas me faire empaler moi.

- Reste calme, gamin.

- Qu’est-ce qui se passe ici ?

- Des gens des terres du Soleil.

- Et qu’est-ce que vous allez faire ?

- Les chasser, s’ils ne nous forcent pas à faire autrement.

- Vous êtes sûrs que…

- Lève les yeux et constate par toi-même.

C’était une question stupide. Mes yeux n’ont pas fouillé les feuillages bien longtemps. L’Ouïe suffisait à le comprendre. Imaginer une seule seconde que les Lam’Nir puissent se retrouver en situation de faiblesse face à des étranger, quelle imbécile je faisais parfois. Mais après tout, imaginer une seconde qu’ils ne soient pas totalement à leur avantage, ça ouvrait les portes d’une solution moins… radicale que celles auxquelles ils ont l’habitude d’avoir recours.

- Vous entrez sur nos terres pour ensuite nous donner des ordres. N’avez-vous pas honte ?

Un grand elfe, trident en main. Le pas assuré, les cheveux d’un blond jaune comme un fruit mûr… donc tout sauf naturel. Peut-être qu’elles ont une signification particulière les teintures des Lam’Nir. Faudrait que je pense à le leur demander un de ces jours. C’est triste que je ne sache pas ça quand même. Je les côtoie trop pour ignorer ce genre de choses. Mais bon. Ce n’est pas le moment de réfléchir à ça. Ou alors si, c’est totalement le moment. Au moins comme ça je ne panique pas. Vaut mieux penser à des bêtises que de paniquer.

- Revenir sur la terre de vos ancêtres pour la piller… le peu de sang Anedhel qu’il vous reste dans les veines doit probablement s’en révulser. Mais au moins si l’un d’entre vous se met à vomir vous savez pourquoi.

Il avance, un pas de plus. Nonchalant. Je pourrais presque entendre les Lam’Nir hors de vue serrer leurs mains sur leurs tridents et bander les cordes de leurs arcs. Est-ce que je dois trouver leur porte-parole complètement taré, ou vachement cool ? Au point où j’en suis-je n’en sais trop rien au final. Et puis zut, regardez-moi ce sourire de dragon ! Ce mec est une bête !

- Trop d’étrangers foulent déjà cette terre. Vous devriez partir avant que vos tripes ne commencent à se retourner. Sauf si vous préférez que nous ne distribuions de médecine préventive.

Ups… oh… un sursaut… Je ne m’attendais pas à ce que l’elfe devant moi tire. Deux fois. Et aussi vite. Ce n’est pas moi qu’il visait. Il ne visait personne en réalité. Heureusement. Du moins… il ne visait personne… ce n’était pas exactement ça. Parce que je crois qu’au final, au moment où il a tiré, j’ai dû avoir aussi peur que le pauvre milicien qui s’est retrouvé le cou entre deux flèches. Et si j’en crois les éraflures qu’elles ont laissé, c’est vraiment pas passé loin.

- Bouge gamin. On ne reste jamais à l’endroit d’où est parti un tir.

- J’arrive.

Pourquoi est-ce que je suis resté alors que j’aurais pu tranquillement passer mon chemin ? Je ne sais pas. Peut-être que tous les guérisseurs finissent par développer une inavouable et morbide fascination pour les conflits. Après tout, sans les conflits, à quoi est-ce que l’on servirait ?

Définitivement aucun voyage que la demi-elfe entreprenait ne pouvait arriver sans embûche. Après avoir passé à deux doigts de finir dans des geôles sinistres en péninsule, voilà que les Noss débarquaient…  L’elfe s’avança vers leur groupe, grand, blond – si l’on pouvait appeler cela blond, on aurait plus dit un petit canari, comme celui que sa sœur avait lorsqu’elles étaient plus jeunes.  « Vous entrez sur nos terres pour ensuite nous donner des ordres. N’avez-vous pas honte ? » Et bien, la rencontre commençait bien. La princesse marchande doucement la tête. Dans quel merdier était-elle encore tombée. Ses miliciens dégainèrent leurs épées, suivit des passeurs.  Pendant que le Noss s’approcha un peu plus pour les narguer avec son trident, Maralina en profita pour scruter les alentours. Il n’était définitivement pas seul, elle pouvait voir les autres elfes les dévisager avec leurs arcs et leurs tridents, prêt à attaquer.


« Trop d’étrangers foulent déjà cette terre. Vous devriez partir avant que vos tripes ne commencent à se retourner. Sauf si vous préférez que nous ne distribuions de médecine préventive. »Un sifflement vint appuyer les propos de l’elfe aux cheveux jaune. Un de ses miliciens se frotta  le coup, légèrement surpris. Il enlevant sa main, pour découvrir deux marques rougeâtre de chaque côté de son cou. À croire que deux flèches l’avaient manqué de peu.  La princesse marchande ne put s’empêcher de sourire. Quelle agilité! Définitivement les Noss  surpassaient ses attentes! Croyaient-ils vraiment lui faire peur?  Si elle ne tremblait pas devant le groupe armé, ses miliciens, eux, tremblaient de rage et aurait sauté sur l’habile archer en quelques secondes. La princesse leur fit signe de ne pas bouger, son groupe ignorait à combien d’elfes ils avaient affaire, et il n’aurait pas été sage d’attaquer sans connaître son ennemi.  Maralina se mit à applaudir doucement, aucunement excité, non, un applaudissement lent et franchement arrogant.  Elle s’avança de quelques pas, et se mit directement devant le canari, avant de lui parler dans sa langue;  « Toutes mes félicitations, les talents de vos hommes sont hors du commun. Quelle habileté! Totalement digne de votre réputation! » Elle avait un sourire en coin, amusé mais aussi hautain. Il fallait le dire, leur accueil si sympathique était définitivement à la hauteur de leur réputation. « Maintenant que vous vous êtes donné en spectacle et vous nous avez donné ce spectacle si distrayant – vous allez nous laisser continuer notre route sans tracas. Sinon ce ne sera pas des menaces auxquels vous aurez affaire mais à l’habileté de mes hommes. » Son regard bleuté fut attiré par un rouquin qui suivait un autre elfe comme un petit chien de poche avant qu’une voix ne la sorte de son admiration.  La princesse marchande et ses miliciens se retournèrent rapidement pour faire face à un autre groupe d’elfe.  Un autre rouquin avança d’un pas avant de demander aux deux groupes qu’es qu’il se passait et qu’es qu’il faisait ici.  Le Noss ne perdit pas une seconde et répondit rapidement : « Ils s’en vont! »


Maralina perdit instantanément son sourire, décidément rien n’allait comme prévu. Devait-elle jouer prudemment ou laissez son ego prendre le dessus ? Quoique jouer discrètement n’était vraiment pas ce qui l’enthousiasmait le plus.Qui plus est, le Noss avait répondu beaucoup trop rapidement à son goût. Craignait-il l’autre groupe? Était-ce quelqu’un de particulièrement important?  Elle recula gracieusement de quelques pas pour retourner derrière ses miliciens avant de s’exclamer aux deux groupes d’une voix forte et confiante; « Mon nom est Maralina Irohivrah, Princesse Marchande d’Uldal’Rhiz et membre du conseil de Thaar. Mon groupe et moi sont en route pour l’Ithri’vaan mais ce groupe d’elfe nous ont suivi et commencé à nous menacer. Voyez comment ils ont attaqués mon pauvre homme de main!» Dit-elle en désignant son milicien qui se tenait le cou à deux mains. Ce n’était pas totalement faux. Pour une fois qu’elle n’avait pas ordonné la mort de personne s’était son groupe qui se faisait menacer par un  elfe canari et sa bande.  Mais la princesse n’avait pas dit son dernier mot, peut-être pouvait-elle utiliser le rouquin qui venait de faire son entrée fracassante  à son avantage? Elle devait simplement trouver sa corde sensible.  La Vaanie se retourna vers le Noss  pour continuer; « J’ignore d’où votre haine vous viens. Sachez que j’ai autant le droit que vous d’être sur ces terres. » Bon d’accord, elle avait peut-être poussé un peu la chose… Mais le sang d’Anedhel coulait toujours dans ses veines et elle avait beaucoup plus de sang elfique qu’humain. Mais il fallait bien jouer la carte de la manipulation, faire en sorte qu'elle et ses hommes soient les victimes. Elle eut un sourire amusé avant de faire un signe de la main à ses miliciens pour qu’ils rangent leurs armes. « Donc, nous allons faire comme vos collègues nous ont si gentiment demander de faire et continuer notre route. » Ses miliciens rangèrent leurs armes tandis que Maralina regardait le groupe d’elfe de son légendaire sourire amusé.

Alors, très franchement, moi qui ai toujours cru que les histoires sur les terres mortelles ne pouvaient pas être totalement vraies – parce que franchement, ce n’était pas possible que les habitants de toute une région soient à la fois aussi crapuleux et aussi imbéciles – je ne saurais plus trop quoi dire là maintenant. Alors, je veux bien le leur accorder, ils ne connaissent pas les Lam’Nir, mais quand même. Quand même ! Il faut bien être le dernier des mal-nés d’Elenwë pour penser que c’est une bonne idée d’insulter des elfes armés en territoire elfe.

- Ça compte comme raison de faire autrement ?

Prenons ce silence pour un oui. D’ailleurs c’est triste venant d’un Mirtil’Di, mais j’ai envie que ce silence soit un oui. Et pour une fois, je dis ça en tout sérieux. C’est pas comme la fois où j’ai souhaité la mort de ma cousine que je connaissais pas, ou toutes celles où j’ai pu dire qu’il aurait mieux valu qu’un ou une-telle ne soient jamais nés. Ces choses-là, habituellement, je les dit sur le coup de la colère, histoire d’évacuer, mais j’espère que vous me croyez quand je vous le dis, je n’aime pas l’idée du sang qui coule. Tous les guérisseurs nourrissent une certaine fascination pour – sinon on bosserait pas – très peu l’apprécient.

Mais là… là…

Louée soit la Mère d’avoir enfanté des elfes comme les Lam’Nir pour salir leur mains quand d’autres - comme moi – n’en ont pas le courage. Cette blanche-de-suie était allée trop loin. Impunément insulter les elfes était une chose. Impunément menacer les elfes était une chose. Mais cracher comme elle venait de le faire sur la valeur de nos terres. C’en était une autre.
Elle pense vraiment que baragouiner l’elfique la rend digne de quoi que ce soit ?
Elle pense vraiment qu’une goutte de sang elfe lui donne le droit à quoi que ce soit ?
Et le pire dans tout ça, c’est que pour qu’elle puisse raconter la moindre de ces âneries, il faut bien qu’elle ait la moindre idée de la culture de ses ancêtres. Et là, elle n’est plus ignorante, ni elle, ni sa milice de faux elfes. Ce sont des traîtres.

Venir piller la foyer qu’ils étaient censés être nés pour protéger, et s’estimer dans leur droit… je préfère ne pas voir ça.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

Le porte-parole des Lam’Nir ne prononça pas un mot de plus. Son oreille bougea légèrement. Ses pupilles glissèrent d’un soldat ennemi à l’autre, puis de l’autre vers la Princesse. Il se saisit fermement de son trident, et avec une témérité aveugle fit un long pas en avant, se projeta dans une passe d’arme qui si elle s’était étendue ne serait-ce qu’un peu plus aurait pu valoir sa vie au milicien le plus proche. Seulement le milicien le plus proche d’instinct contre-attaqua. Le peu d’effort martial de l’elfe aux cheveux jaunes lui laissait une occasion bien trop belle. Trop belle pour être vraie.

Le milicien s’écroula avant la fin de son geste. Une flèche entre les deux yeux.

Et ainsi se mit à tomber la pluie.

Les archers Noss sont vifs, imprévisibles, des chasseurs traquant leurs proies depuis haut dans l’inextricable voûte de la forêt d’Ardamir. Suivre leurs gestes est difficile, plus encore quand ils sont nombreux. Suivre la logique de leurs déplacements l’est encore plus, et peu arrivent à en déceler même un début avant d’avoir été décimés. Quelle ne fut pas l’infortune de la milice Thaarie de croiser l’une des Noss dont les prouesses martiales sont renommées même au sein des autres clans.
Le genou de l’un, le cœur de l’autre et le crâne du dernier. Les longues flèches percèrent un à un chacun des miliciens dont le moral, après qu’ils aient réalisé ce contre quoi ils se battaient réellement, fut rapidement anéanti. Rares furent les tridents dont les pointes se couvrirent de sang, car ce ne sont que les fuyards qu’elles cueillirent. Les lâches ayant refusé d’attendre paisiblement la mort en compagnie des leurs.

Seule fut épargnée la Princesse Vaanie. Abandonnée parmi les corps sans vie et ceux luttant pour leur dernier souffle. Un regard mauvais des chasseurs pour seuls adieux.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

Impossible de regarder tout ça en face. Les sons seuls étaient déjà trop. Mais malgré tout, je ne suis pas parti. Je suis resté là. Loin des éclaboussures écarlates, mais à portée d’oreille. À attendre. Et puis au bout d’un moment les râles et les gémissements ont cessé. Est-ce que le moindre des intrus avait été laissé en vie ? Est-ce que les Lam’Nir y avaient laissé le moindre blessé ? Il fallait que je sache. Alors je suis retourné voir ce qu’il en était.

Et je crois que je n’ai jamais été aussi en colère qu’en voyant à qui ils avaient laissé la vie. Une femme comme elle ne ferait certainement aucun cas du poids des morts. Elle ne tenait déjà pas assez à sa propre vie pour faire preuve du moindre respect envers cette forêt.

Elle ne pouvait pas s’en tirer à si bon compte. Les citadins, ces débiles, seraient capables de la raccompagner comme si de rien n’était.

Allez Iurnîn. C’est à toi de jouer. Laisse la Vision faire son effet. Imprègne-toi de la Source. Imprègne-toi de la vie qu’elle nourrit. Et irrigues cette vie. Tire-la vers les filaments de tes alliés. Tire les filaments avec elle. Laisse-les glisser sous l’humus, entre le bois et les feuilles. Pousse-les à s’accrocher au cuir et au tissu. Pousse-les à en chercher les anfractuosités, jusqu’à trouver la peau. Ancre les mycoses à la peau. Souffle de la force aux fonges, l’infection fera son travail.

Si elle ne pleure pas la mort de sa milice, au moins elle pleurera la peau qu’elle se sera arrachée sur le chemin vers la sortie d’Anaëh. Cette ordure.

- Au fait.

C’était peut-être un peu tard pour tomber des branches devant elle. Un peu tard et certainement inutile. Mais avant que je ne m’en aille, elle méritait au moins de savoir ça.

- Le chemin le plus rapide pour sortir d’Anaëh c’est dans l’autre sens.

‘Tain, moi aussi j’ai trop la classe comme un Lam’Nir ! Bon, calme-toi Iurnîn et va-t-en tu n’as plus rien à faire ici… Je sens que ça va me hanter longtemps cette entrevue…

Les Noss semblèrent peu apprécier l’arrogance de la princesse marchande. Peu apprécier n’était pas vraiment le mot juste. Disons que la haine qui avait envahi leur regard dépassait tous ce qu’elle avait plus voir auparavant. Certes, certaines personnes la détestait après tout elle n’était pas la personne la plus sympathique, mais les Noss semblaient avoir une haine viscérales pour elle. Surtout après ces dernières paroles. Malheureusement, les Noss semblèrent plus enthousiastes a l’idée de tuer tous ses miliciens et passeurs plutôt que de répondre à quoi que ce soit de ses affirmations. Ses employés s’écroulèrent sur le sol en quelques secondes. Avant même qu’il n’est le temps de réagir. Les Noss étaient habile et entraînés, beaucoup plus que ses propres miliciens… Et là, un rouquin, s’approcha d’elle. Tentant désespérément d’avoir un air important, alors qu’il ne dégageait pas du tout la prestance de ses compagnons. Il la regarda dans les yeux avant de lui dire;


-Le chemin le plus rapide pour sortir d’Anaëh c’est dans l’autre sens.


Le rouquin se retourna rapidement et prit la direction opposée pour aller rejoindre son groupe. Son air fier ne fit qu’assombrir un peu plus l’humeur massacrante de la princesse marchande. Surtout après l’humiliation qu’elle venait de subir. Un autre elfe rouquin décida de prendre la parole et lui dit qu’une voix forte en désignant les corps qui gisait autour d’eux; «J’espère que vous avez bien retenu la leçon. La prochaine fois vous finirez comme eux. Ne mettez plus jamais les pieds en Anaëh. Jamais.» La princesse lui fit un sourire défiant. Il se croyait si supérieur alors que lui-même s’était fait couper l’herbe sur les pieds par les Noss. La princesse marchande commença à se gratter légèrement sur le bras gauche. Avant de porter toute son attention vers le rouquin «Vous n’avez pas fini d’entendre parler de moi.  Mais… merde…» Elle enleva rapidement son gant, croyant qu’un insecte s’était peut être infiltré et l’avait piqué sur l’avant-bras. Quel ne fut pas sa surprise lorsqu’elle vit plusieurs petits boutons rougeâtres un peu partout sur son bras gauche. Elle reconnut tout de suite cette – disons blessure et laissa sortir un cri rageur. Ce putain d’elfe! La demi-elfe reporta son regard rageurs sur le chef du petit groupe. «Quant à vous! Vous ne pouviez intervenir?!?» Elle se retourna rapidement et se retourna vers la caravane, elle y entra et ne prit que quelques secondes pour trouver ce qu’elle cherchait. Elle attrapa un flacon d’huile extraite de thym et l’ouvrit rapidement pour la déposer sur les petits boutons qui faisaient apparition sur son avant-bras. Cela n’arrêterais pas l’infection tout de suite mais au moins arrêterais un peu les symptômes. Elle devait voir un guérisseur le –plus rapidement possible.


Elle mit le flacon dans sa bourse et pris des bandages propres avant de se bander rapidement la main. Elle retourna à l’extérieur pour remonter sur la scelle de son cheval. Elle fit tournoyer son pur-sang devant le groupe d’elfe. Avant de lancer une ultime menace. «Ne vous inquiétez pas, vous n’avez pas fini d’entendre parler de moi! » Oh oui elle allait revenir, mais cette fois elle reviendrait prête et ils regretteront l'humiliation qu'il venait de lui faire subir. Elle leur jeta un regard défiant avant placer le capuchon de sa cape de voyage sur sa tête de lancer son cheval au gallot, laissant sa cargaison derrière elle. Direction: la Dross. Elle avait quelques jours de voyage à faire avant d’y arriver, et elle aurait de la chance de s’en sortir sans se faire attaquer une nouvelle fois. Valait mieux être rapide et rejoindre sa destination rapidement, là où  elle aurait la protection de certaines personnes.

-Fin du RP -