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| Par ma barbe ! | Nakor | |
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Cécilie de Missède
Humain
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| Sujet: Par ma barbe ! | Nakor Dim 23 Sep 2018 - 20:54 | |
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Soir du 9e jour de la 4e ennéade de Karfias ~ été 11e année du XIe Cycle Tard dans la nuit
Aucun mage ne dépasse volontairement les limites imposées par la Magie. Aucun mage sain d'esprit, du moins...
Le diné avait été mouvementé mais ça ne l'avait pas empêché de parler avec beaucoup de monde depuis l'accident de téléportation, ou quoi que cela ait été en réalité. Elle avait besoin de temps pour assimiler des choses aussi grave que celles qui se passaient ici. La présence de drows, nécromants qui plus est, de vieux mages qui proposaient des rituels qu'elle n'auraient pas imaginés dans ses rêves les plus fous.
Elle était fatiguée, mais elle savait aussi ou étaient ses priorités. La nuit était très avancée. Il lui avait fallu beaucoup de temps pour trouver quelqu'un qui puisse lui indiquer où trouver le maître des lieux... Et peut-être encore plus pour arriver à bout de l'infini escalier qui la séparait du bureau visé. Heureusement, elle s'était changée. Le pantalon de cuir et la tunique d'homme qu'elle portait étaient plus confortable pour ce genre d'équiper nocturne.
Après avoir reprit son souffle, elle s'apprêta à frapper sur le battant. Elle ne croyait pas trop à l'heureuse fin de son entreprise - qui peut être à son bureau à une telle heure ? - mais comme des mages le lui avaient répété plusieurs fois, cela ne coutait rien d'essayé.
Comment se présenter convenablement à une heure pareille ? Bonsoir ? Bonjour ? Et non, une troisième option lui sorti de la bouche.
- Bonne nuit, messire Magistère. Auriez-vous quelques instants à m'accorder ? "
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| | | Nakor
Humain
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| Sujet: Re: Par ma barbe ! | Nakor Mer 26 Sep 2018 - 19:36 | |
| Nakor était à son bureau, des tas de parchemins dessus et autour de lui, des livres dans deux bibliothèques, des artefacts magiques, une réserve de thé et de vin, de très bonnes chaises et un large et épais tapis sur lequel le Magistère méditait quand il en avait besoin. Une fenêtre de qualité dans son dos et la porte en face de lui. Comme il quittait souvent le château pour parcourir le monde et se mêler des affaires d'à peu prés tout un chacun, quand il revenait, il avait beaucoup de documents à lire, signer, remplir, rédiger. Il entendit un léger cliquetis dans les escaliers et observa la porte jusqu'à ce que la personne se décide à frapper. Il leva un doigt, fit un geste de crochet qui souleva la clenche puis donna une impulsion avec la main pour que la porte pivote et s'ouvre. Il avait bien reconnu la voix de la jeune Cécilie. Il attendit encore deux secondes dans le silence avant de baisser sa main et de dire tout haut
"Entrez, je vous en prie Ma Dame de Missède, marchez droit, vous trouverez une chaise confortable juste devant mon bureau. Prenez donc place."
Cécilie pourrait alors entendre le crissement de la plume de Nakor sur un vélin. Le vieux fou continua donc ainsi
"Si cela ne vous dérange pas, je termine rapidement de remplir un document important pour la gestion de ma guilde. Mais ne vous en faîte pas, je sais écouter tout en écrivant et mon esprit sera attentif à celle qui, si tard, ne semble pas trouver encore le sommeil."
Il fallait qu'il signe un contrat avec une tribu zurthane, maudite soit-elle, qui devait fournir en viande la guilde et ne l'avait pas fait dernièrement! Il rappelait donc à l'ordre en proposant de nouvelles rémunérations et la menace de rompre tout contact sous un ultimatum. Une fois la jeune femme installée, Nakor grattait encore sa lettre tout en disant tout haut
"Les lits ne sont pas à votre goût Ma Dame? A moins que ce ne soit le repas? J'ai toujours pensé que selon l'environnement et la situation, un plat n'avait radicalement pas le même goût."
Nakor était légèrement piquant et il le faisait savoir dans sa voix. Il avait trouvé dommage et dommageable que la jeune baronne n'ai pu supporter la présence d'un drow puis d'un deuxième qui n'était pas du fait du maître de maison et qui avait quitté la table sans mot dire au moins, à l'hôte qui avait offert le gîte et le couvert. Depuis six cent trente deux ans, le vieux sorcier avait côtoyé les gens du peuple comme les plus grands, il détestait le protocole, le respect des seigneurs et l'étiquette. Il préférait de loin, le lien franc et direct qu'on pouvait avoir avec un paysan, un nain, un tavernier ou une lavandière. Mais ses piques étaient légères et communes à la cour. Il verrait alors bien si Cécilie se décidait enfin à entrer dans le vif du sujet ou non. |
| | | Cécilie de Missède
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| Sujet: Re: Par ma barbe ! | Nakor Jeu 27 Sep 2018 - 14:23 | |
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- On ne désapprend pas en quelques minutes ce dont nos parents nous on convaincu une vie durant. Je ne m'excuserai pas plus que vous ne l'avez fait. " répondit-elle seulement à la légèreté désobligeante du vieil homme. Elle n'avait pas envie de tourner autour du pot sur cette histoire de choc des cultures. " Mais les biscuits que j'ai eu l'occasion de goûter avec T'sisra Do'ath étaient délicieux et les lits sont parfaitement confortables. "
Ce qu'elle avait vu dans la mémoire de T'sisra était encore trop frais et ses propres souvenirs trop chamboulés pour se lancer dans un débat sur la dangerosité des cultures étrangères. De part ses origines, elle connaissait les dangers de la magie, mais elle avait fini par les ignorer soigneusement. Pour les drow, elle avait maintenant conscience que les choses étaient bien plus compliquées et plus dure qu'il n'y paraissait. Elle avait aussi la preuve que leur sadisme partageait le podium de la pire engeance avec l'hypocrisie de ceux qui voyaient le mal sans rien y changer. Perdre contenance ne lui ressemblait pas et si cela lui était arrivé cette fois c'était pour des raisons bien particulières qui lui appartenaient. Elle était venu pour une toute autre raison.
- Pour en venir aux faits, j'aimerai vous parler d'Elia, la jeune fille qui nous accompagne. Sa mère de sang l'a trainée dans ce voyage mais elle est morte durant la traversé pour arriver en Naelis. Pour faire simple, votre collègue Jennad a commencé à enseigner les bases de l'Art à cette enfant contre l'avis de sa véritable mère, une prêtresse de Néera. Je refuse de l'emmener plus loin dans une quête si périlleuse et la petite aura beaucoup de mal à retourner à une vie simple en Missède après ce qu'elle a connu ici. J'aimerai donc savoir si vous accepteriez de la prendre comme apprentie dans votre Guilde.
Assise en face du vieil homme, l'idée de l'immense pouvoir que contenait ce frêle corps ne parvenait pas à l'adoucir. Bien peu de chose y arrivaient depuis son dernier mariage en vérité.
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| | | Nakor
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| Sujet: Re: Par ma barbe ! | Nakor Dim 30 Sep 2018 - 13:39 | |
| La petite garce pensait sérieusement que le vieil homme avait à s'excuser d'avoir dans sa guilde des étrangers capables de la troubler ou qu'un archimage venu de la lointaine forêt elfique avait fait son apparition sans crier gare. Il ne le ferait évidemment pas et continua d'écouter sans rien ajouter ni rien soulever. Il repéra tout de même qu'elle avait prit le temps d'échanger plus sérieusement avec l'elfe noire qui l'avait tant troublée. C'était déjà un bon départ pour son début d'ouverture d'esprit. Mais le vrai sujet vint enfin sur le tapis et la jeune femme avoua vouloir lui parler de la petite fille qui l'accompagnait. Elle parla d'abord de mère de sang ce qui fit tiquer légèrement Nakor. Ainsi donc, la vraie mère de la jeune fille en avait confié la garde à une autre femme et voilà maintenant qu'on demandait au vieillard à la longue barbe, de prendre cette enfant dans sa guilde pour la guider sur le chemin de la magie. Nakor se cala confortablement sur le dossier de sa chaise et expira doucement
"La jeune fille sait-elle qui est sa véritable mère? Sait-elle aussi pourquoi elle a été confié à une autre femme? Si Jennad a débuté son apprentissage des arcanes c'est qu'il a senti en elle un potentiel intéressant. Elle a donc sa place parmi nous et ma guilde pourra s'occuper de sa formation. J'y veillerai d'un oeil lointain mais attentif. Je ne suis pas constamment ici dans ma tour à faire fonctionner le Firmament et à donner des leçons aux jeunes apprentis. Mais à chaque fois que je reviens de mes aventures, je prends le temps de parler et d'échanger avec chaque membre de la guilde. Je dispense aussi personnellement des leçons et je m'occupe d'évaluer les progrès de chacun avec quelques sorciers de qualité."
Nakor garda alors le silence quelques instants, sans quitter des yeux Cécilie.
"Cependant ... je ne prends aucun apprenti qui ne veuille, de lui-même, emprunter le chemin de la magie. Laissez-vous cette jeune fille ici de votre propre décision car vous avez enfin découvert le niveau de danger de votre quête ou est-elle à l'origine de cette demande?"
Le magicien n'avait jamais forcé personne à entrer en étude magique et encore moins à faire partie de sa guilde. Un mage ne pouvait en devenir un que s'il avait véritablement, profondément et totalement envie de cela. La volonté était la clé de voûte de l'apprentissage et du progrès, que ce soit d'ailleurs en manipulation des arcanes comme dans tout autre domaine demandant des compétences particulières. Le vieillard parlait bien sur, avec douceur et tranquillité, il n'accusait rien ni personne. Il posait simplement des questions de bon sens. Cela devrait rassurer un peu, la noble. |
| | | Cécilie de Missède
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| Sujet: Re: Par ma barbe ! | Nakor Lun 1 Oct 2018 - 2:10 | |
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- Elia sait d'où elle vient et pourquoi. Lyarra, une Corneille, était sa mère et lui a légué de nombreux objets, et si vous voulez tout savoir, elle l'a confié à une prêtresse parce qu'elle n'avait pas quinze ans quand elle a mis sa fille au monde. Elia est le fruit d'un viol. " laissa-t-elle tomber, mortellement sérieuse.
Elle soupira, mi-agacée par l'obstination du vieux mage qui ne voulait pas comprendre comment se déroulaient réellement les choses depuis la découverte des problèmes, mi-soulagé par son accord. Avait-elle l'air si naïve que ça ? Croire qu'elle ne comprenait pas le danger d'un tel périple alors qu'elle était née aveugle et qu'encore deux ans plus tôt, un simple cavalier passant près d'elle au trot la tétanisait de terreur ?
-Ecoutez, Lyarra a voulu renouer avec elle récemment et la trainé dans cette aventure sans que je ne puisse l'en dissuader. Je pensais pouvoir la convaincre de rester à Naelis, une fois qu'elle aurait expérimenté les dangers des prémices d'un tel voyage, malheureusement, elle n'est jamais arrivé à bon port. J'ai parlé des possibilité qui l'attende avec la petite et elle souhaite rester ici plutôt que de retourner en Missède. Vous me pensez peut-être naïve, idiote, obtuse, suicidaire, fanatique ou peut-être bien tout à la fois, mais j'ai pleine conscience de l'entreprise dans laquelle je me suis lancée. "
Les propos de de T'sisra lui revinrent en tête. Elle n'avait pas tord. Elle était même très loin d'avoir tort. La façon dont elle était entrée dans cette histoire n'avait pas tellement d'importance par rapport à ce qu'elle avait vu.
- J'ai conscience d'aller à tâtons dans une direction qui pourrait faire autant de mal que de bien. Mais je sais que ne rien faire serait pire encore sur le long terme. Je fais ça pour le bien commun. " Elle se massa la main dans laquelle elle sentait encore le clou frotter entre ses os. " Durant l'an 9, j'ai été mariée et veuve trois fois. Je me suis retrouvée à la tête de la terre la plus riche de la Péninsule en pleine guerre civile. J'ai refusé de me laisser soumettre et j'ai refuser la guerre sous toutes ses formes à l'intérieur de mes terres. J'ai fait mon possible pour le bien être de mon peuple et pour les gens délaissés par les seigneurs qui ne voyaient que les terres qu'ils pouvaient gagner en oubliant les plus sinistrées. Je l'ai fait, quitte à être trainée dans la boue. J'ai survécu à une désignation comme félonne, ennemi du roi et deux tentatives d'assassinat sans que cela ne me décourage de faire ce que j'estime juste. Et malgré tous mes efforts, j'ai tout laissé aux mains de mon frère parce que j'estime que cette quête est plus importante. Ce n'est pas qu'une question de foi, même s'il m'en faut pour avancer avec aussi peu d'information. Mes parents, l'homme que j'ai aimé, les paysans qui sont mort dans les guerres nobiliaires, les soldats qui ont obéis à leurs officiers, tous ces gens sont peut-être en train de souffrir alors qu'ils devraient pouvoir reposer dans l'éternité. Si personne ne fait rien, quand viendra le tour de mon fils, il risquera lui aussi de errer entre les mondes pendant des Cycles ? "
Le médaillon qu'elle portait toujours chauffait de plus en plus fort contre sa peau. Elle avait commencé à s'intéresser à tout cela pour sa cousine. Chaque jour elle avait réalisé que la portée du phénomène la dépassait complètement et elle n'avait eu personne pour discuter de la chose. Yenaël hésitait quant aux raisons de son voyage et restait à l'écart. Grayle ne comprenait pas la magie et demeurait prisonnier de son propre pèlerinage. Jena suivait sa propre piste pour améliorer leurs chances, mais qu'aurait-elle bien put partager avec une élue divine qui pouvait parler directement aux Dieux eux-même ? Il avait fallut qu'elle arrive ici pour rencontrer des gens qui pourraient comprendre ses mots et ils étaient tellement loin de ce qu'elle aurait désiré...
- Aussi peu fiable qu'elle fut, a une époque, Lyarra a été ma plus chère amie et elle est morte. Anthoine, le seul soldat qui m'a demandé de l'emmener et mon plus vieux protecteur, a été si gravement blessé qu'il ne pourra pas nous suivre plus loin. Et ce n'était rien comparé à la dangerosité du reste de notre périple. Alors je vous prie de croire que j'ai parfaitement conscience des risques que j'encoure et des risques qu'encourent tous nos pairs. Ce qui ne semble être que votre cas et celui de T'sisra. "
Mais plus que tout, s'il devait relancer ad vitam les mêmes commentaires au sujet le comportement et les idées de son hôtesse, autant aller jusqu'au bout. Comme beaucoup d'hommes âgés, il était sûrement trop porté sur un jugement posé sur des préjugés pour prendre en considération les informations qui lui parvenaient après la guerre, mais cela valait la peine, ne serait-ce que pour être en accord avec la franchise conservait depuis que la devise des de Missède était devenue sienne. Toujours d'un ton égal, elle continua.
- Ce diné était une mauvaise plaisanterie. Le sujet a été traité comme une rocambolesque aventure et chacun était plus prompt à revendiquer la validité de ses connaissances qu'à échanger ou expliquer le fondement de son raisonnement. Dunraël lui-même semble davantage vouloir faire coller sa théorie au faits que nous avançons que de trouver ce qu'il y a derrière ce qui nous oppresse. Le fait de garder un langage hermétique ne facilite en rien les échanges que nous pourrions avoir. Grayle en a pâtit mais contrairement à ce qu'il crois, ce n'est pas le seul. Écouter, comprendre et faire le tri demande du temps et du sérieux. J'effectue ces trois choses à mon rythme et je continuerai à chercher la meilleure voie avec ou sans votre aide ou celle de vos mages. " Cependant... Son visage se radoucis, perdant de l'assurance indéfectible qu'elle se devait de garder depuis Diantra. " Cependant, vous pourriez être d'une aide plus que précieuse et sauver de nombreuses vies. Je ne compte pas traverser le monde en repoussant les alliés potentiels pour préserver mon égo. La façon dont le diné s'est déroulé a été déplorable et je ne peux laisser cela en plan sans réagir. Je ne suis pas venue seulement pour Elia. Si vous êtes toujours d'accord pour qu'elle reste ici et que le sujet est clos, j'aimerai vous entretenir au sujet de Dunraël, de Jennad, de l'homme qui est apparu ce soir au diné et de quelques autres points qui concernent la suite de notre voyage. Je ne peux prendre les dires d'inconnus comme argent comptant, mais j'ai besoin de votre aide, ou à défaut, de vos conseils, consentiriez-vous à m'éclairer de votre expérience ?"
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| | | Nakor
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| Sujet: Re: Par ma barbe ! | Nakor Lun 8 Oct 2018 - 15:39 | |
| Nakor resta longuement silencieux, ouvrant grand les yeux quand il entendit le nom de la mère de la jeune Elia, mais ça, bien sur, Cécilie ne put le voir. Il se mit à sourire de plus en plus, non pas parce que ce que disait son interlocutrice était drôle, non, certainement pas. Il souriait parce qu'il avait enfin en face de lui, la vraie Cécilie, celle qui souffrait de doutes, de passions, de craintes et d'envies. Il ne se permit donc pas de la couper, elle était lancée et il ne fallait pas briser une telle mise à nu. Quand elle termina, il s'avança sur son siège, pour se rapprocher d'elle.
"Et bien voilà ... était-ce si difficile Ma Dame?"
Puis passa longuement sa main droite le long de sa barbe fournie et soyeuse, il continua très sereinement, pour qu'elle ne prenne pas ombrage de ce qu'il venait de dire
"Je vous félicite, s'il faut du courage pour tenir son rôle dans le monde, noblesse oblige, il en faut bien plus encore pour finalement se livrer, s'accepter tel qu'on est vraiment et le montrer, même si ce n'est qu'un peu ou l'espace d'un bref instant. Je vous avais invité à être dès le départ sincère, c'était ma condition en échange du gîte et du couvert. Je suis heureux que finalement, les choses finissent par arriver tel que je les attendais. Tout comme vous n'êtes pas assez formé au discours des mages, je ne suis pas non plus capable de lire derrière les attitudes et les secrets de celles et ceux qui ne se livrent pas entièrement. Nous pouvons maintenant échanger en lien direct, sans plus aucun obstacle ni artifice."
Il posa ses deux mains, sur son ventre, doigts entrelacés avant de continuer en reprenant son souffle
"J'ai connu Lyarra Courevent ... j'ai été, à une époque qui me paraît maintenant lointaine, conseiller direct du roi. J'ai dirigé avant cela, un orphelinat dans la capitale humaine. Il m'est arrivé de croiser la jeune et fringante ... trop fringante Lyarra. Je ne savais ni qu'elle avait eu une fille, ni encore moins, qu'elle était morte. Veuillez accepter mes sincères et véritables condoléances. Il faudra que je discute un peu avec la jeune Elia. Je vois aussi que vous avez vécu votre lot de malheurs et de difficultés. Les gens ne se forgent jamais plus profondément que dans la souffrance, c'est une vérité qui persiste par delà les siècles."
Cécilie devrait à ce moment là, percevoir dans la voix du vieil homme, que son sourire disparaissait alors qu'il continuait, les yeux étrécit
"Cependant, je ne peux vous permettre de penser que je n'ai nulle conscience de l'impact de vos révélations sur le Voile et son blocage. Je ne suis pas un mage spécialiste de l'immatériel, voilà plus de six cent trente deux ans que je pratique l'art des éléments Ma Dame. Chaque magie a ses propres règles et ses propres sortilèges ou rituels. J'ai donc demandé son avis à Dunraël, qui est étrange et obscur, je vous l'accorde, mais qui doit avoir une meilleure idée que moi de ce qu'il faut faire. Cependant, je n'ai pas besoin d'être magicien du Voile pour savoir que votre rituel, en l'état, ne peut être mené par vous et votre groupe. Il demande trop de concentration énergétique, trop de force magique, que vous n'avez pas en vous, même si vous êtes initiée aux arts occultes. Si je suis le maître des lieux, je ne suis pas dans l'esprit de toutes celles et ceux qui sont membres de ma guilde. Aussi, je ne peux pas vous dire à quel point la théorie de Dunraël est la bonne ou non. Et cela, je pense que vous le comprenez. Pour aller plus loin, je ne vous refuse pas mon aide, mais vous touchez à un des rares domaines dans lesquels je ne peux pas intervenir de trop prés. La déesse de la mort et moi, nous ne sommes pas très amis voyez-vous. Aussi, je ne peux me permettre, sous peine de mourir assez rapidement, d'approcher du Voile aussi fortement que vous envisagez de le faire pour solutionner ce problème."
Accompagnant son discours, machinalement, de mouvements de ses mains, il continuait tranquillement mais sérieusement.
"J'ai, par contre, vécu plus de cinq cent ans dans les ruines de Nisetis, je connais donc les chemins, les caches, les grottes et couloirs comme ma poche. Je peux vous donner une carte, avec un itinéraire à suivre pour vous rendre où bon vous semble en étant le mieux à couvert du danger. Cependant, Haldren, qui a débarqué au cours de notre repas sans que cela ne soit ma faute, je tiens à vous le signaler, m'a confirmé ce que j'ai récemment entendu : Nisetis est devenu un nid de morts vivants et de monstres dangereux. Je ne sais pas ce qui est arrivé au Voile, je ne sais pas pourquoi tout cela est dans cet état, mais il apparaît que même un archimage drow, véritable machine de guerre, crains lui-même de se rendre à Nisetis. Imaginez-vous donc pour des gens manquant de ressources, à quel point votre route sera mortelle. C'est de cela que je souhaitais vous entretenir pendant le repas. Je ne prétends pas que vous êtes inconsciente, mais quand on va au devant d'une armée humaine, on la voit venir, on l'entend venir et on sait comment elle va nous attaquer. Quand on affronte des armées de monstres magiques, on ne sait absolument pas comment y faire face ... parce que tout peut arriver. Aussi, je suis là et à votre écoute si vous avez des questions qui demandent une plus grande précision mais, si vous souhaitez mon avis sincère et direct, il est le suivant : prenez avec vous des magiciens, des prêtres, des guerriers, ne soyez pas trop nombreux cependant, filez comme le vent et rendez-vous aux piliers dont parlait T'sisrah. Ils se trouvent dans une zone bien moins proche des ruines de Nisetis et moins dangereuse. Là bas, peut-être pourrez-vous entrer en contact avec l'au-delà et entendre ce que la déesse a à reprocher aux mortels. Nisetis, c'est mission suicide. Arriver au milieu des ruines et périr sera certes une manière de rencontrer la déesse froide, mais vous ne pourrez alors plus rien faire là bas!"
Nakor avait donc remit ses avertissements en place. Il ne savait pas ce qu'il se passait là bas, comprenait l'urgence de la situation, mais ne pouvait pas aller jusqu'au bout de cette quête sous peine de mourir lui-même. Il pouvait fournir quelques magiciens, des plans, des cartes et des conseils, mais pas grand chose de plus qu'un avis sur la meilleure destination si cette troupe voulait survivre encore un peu pour solutionner le problème. |
| | | Cécilie de Missède
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| Sujet: Re: Par ma barbe ! | Nakor Mer 10 Oct 2018 - 13:38 | |
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Elle l'avait écouté avec attention, les sourcils froncé d'étonnement et de suspicion. Il se montrait bien plus prolixe maintenant qu'il ne l'avait été au cour du diné. Si elle ne cautionnait toujours pas la façon qu'il avait de se poser en juge des intentions et des difficultés qu'elle avait pu rencontré par le passé, au moins, ils avançaient. Ils avançaient même plus qu'elle ne l'aurait cru. Enfin, elle avait l'avis pour lequel elle était venu. A la fin de toutes les explication du vieil homme, elle hocha la tête. Que dire de plus ?
- J'entends bien. Et je vous remercie. J'en parlerai avec les autres pour que nous puissions repartir sur de bonnes bases. Les piliers tels que vous les décrivez et tels que m'en a parlé T'sisra me semblent en effet une option préférable... Mais il y a deux choses qui me tracassent. Tout d'abord, l'homme qui est apparu ce soir, ce... Haldren? Vous dites que c'est un archimage drow, pourtant il avait été présenté comme un elfe il me semble ? Je en suis pas certaine de comprendre. " Et ce genre de détail ne la laissaient pas indifférente, bien au contraire. Elle n'en dormirait plus pendant des jours... Tout comme un autre détail qui la titillait depuis qu'elle était sortie des bains. " Et j'aurai aussi une question à propos de votre confrère Dunraël... Je sais que cela peut paraitre audacieux et même déplacer de la part d'une étrangère, mais j'ai eu l'impression qu'une sorte de mélancolie, de... tristesse insondable émanait de lui par moment. " Un moment tout particulièrement. Comme si une coquille s'était fissurée pour quelques secondes avant qu'il ne prenne ses jambes à son cou. " J'aimerai vous demander si vous savez quelle en est l'origine, mais je comprendrais que vous estimiez que cela ne me regarde pas. En revanche, étant donné que nous risquons de nous rapprocher de la mort elle-même, je me disais que de tels états d'âme pourraient être un danger pour lui-même. A votre avis, si nous veillons sur lui, a-t-il une chance de revenir vivant de notre voyage ? ... Ou peut-être me suive totalement fourvoyée ? "
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| | | Nakor
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| Sujet: Re: Par ma barbe ! | Nakor Mar 30 Oct 2018 - 20:28 | |
| Nakor fut surpris par les questions de la jeune noble humaine. Il planta un regard perçant sur l'aveugle et se lança
"Je ne pourrai malheureusement pas vous faire comprendre la profondeur de tout ce que vos questions impliquent mais je vais m'y essayer. Je vous rassure, je ne sous-entends pas que vous n'êtes pas suffisamment ouverte ou intelligente pour cela, non, mais vous êtes jeune. Très jeune ... humaine! Or, les deux personnes sur lesquelles vous vous questionnez sont des elfes, issus du peuple immortel. Cela modifie le spectre de vision que l’on doit adopter pour bien les comprendre. Pour votre première question, Haldren était au sommet de la puissance magique du Puys, il était archimage drow ... ce qui n'est pas rien. Le peuple drow et le peuple sylvain sont de très proches cousins. On raconte que les drows sont d'anciens elfes des forêts qui ont subit la rage et la souffrance du dieu noir et qui se sont détournés des voix de la déesse de la nature. Ils vénèrent le dieu de la guerre et tout ce que cela implique. Ils sont fait pour la bataille, la confrontation éternelle, tout ce que leur dieu représente. Et jusqu'à Haldren, nous pensions que l'évolution que les sylvains avaient subit pour devenir des drows était irréversible. Nous pensions ... car force est de constater qu'Haldren Baenfere a quitté la révérence du dieu de la guerre pour revenir dans le giron de la déesse sacrée. Il n'est plus un drow. Vous n'avez pas grand chose à craindre de lui donc ... je dis pas grand chose non pas parce qu'il resterait en lui un peu de haine et de soif de sang ... non, non, non, pas du tout. Mais parce que c'est un archimage dans l'âme, un être qui aime découvrir, améliorer ses connaissances en magie et qui, parfois, se lance dans des expériences magiques sans craindre de mourir ne serait-ce qu'une seule seconde alors que ce qu'il tente, est en réalité d'un niveau de danger que l'on peut difficilement croire!"
Nakor se mit à rire en repensant à tout ce dont Haldren était capable, drow ou pas.
"Je ne peux pas être plus rassurant, la compagnie d'un archimage reste dangereuse, peu importe l'archimage! Par contre, en ce qui concerne Dunraël ... comment vous dire Cécilie? Les elfes vivent pour l'éternité. La mort par vieillesse n'existe pas. Ils n'ont donc pas du tout la même notion du temps que nous autres, humains. Ils vivent avec langueur, avec une sorte de puissante mélancolie, comme si les oeuvres matériels n'avaient aucun sens puisqu'un jour ou l'autre, tout disparaîtrait mais eux, seraient encore là. Ils voient passer des guerres, des morts et en souffrent en profondeur, leur coeur pouvant s'abîmer et mourir par les sentiments forts que provoquent ce genre de situations. Et parmi ce peuple si singulier, Dunraël est un des plus vieux. C'est donc poussé au paroxysme chez lui. Il ne souhaite pas mourir, c'est certain et il ne fera pas de folie. Soyez-en certaine. Mais pour comprendre pleinement son état mental, il faudrait avoir parcouru son long chemin. Qui sait ce qu'un elfe deux fois millénaire peut ressentir en son fort intérieur, après avoir passé la majeure partie de sa très long vie, au contact des morts ... moi-même qui ait vécu déjà plus de six cent ans, je ne peux le dire."
Nakor haussa alors des épaules en terminant ainsi.
"Je crois que finalement, personne n'a de réponse à cette question Cécilie, pas même Dunraël d'ailleurs."
La sentence était peut-être rude pour celle qui semblait vouloir sincèrement aider le pauvre elfe de l'immatériel, mais aucune autre réponse ne pouvait être donnée. |
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