An 12 du Cycle XI, Karfïas, Tariho de la seconde ennéade
Alonna, non loin de la frontière Nord-EstLe lourd chariot avance sur la route reliant Alonna à Oësgard, escortée par les quelques hommes armés. Le meneur, un homme au visage buriné et à la barbiche tressée, semble plutôt satisfait, quoique tendu. Satisfait car Alonna a été convaincue, par le message que son groupe est venu transmettre, et que nombreux sont les seigneurs ayant répondu favorablement à l'invitation d'Oësgard pour le Syrk. Il faut avouer que l'animal dont ils ont la charge est particulièrement intriguant, et même la baronne et sa régente ont été conquis. La surprise n'est par ailleurs pas si grande, au vu du caractère à la fois exotique de la bête, et de son aspect à la fois beau et sauvage.
Mais, justement, cet animal est peu commun en Péninsule. Il est même, pour ainsi dire, inexistant à l'état sauvage, et seuls de rares privilégiés ont pu en voir dans leur vie. Autant dire que sa rareté en fait un bien précieux, et maintenant que tout Alonna a pu découvrir que de modestes voyageurs en ont un le héraut oësgardien craint de n'être attaqué par des bandits. Il serait certes tentant pour des braconnier de s'en prendre au convoi au moins pour le Lyngre qu'ils transportent, afin de revendre par la suite l'animal au marché noir. Le risque est certain, et ce n'est pas pour rien qu'Oësgard leur a fourni une escorte.
Toutefois le voyage s'est bien passé jusque là, et les messagers auront bientôt traversé la frontière Oësgardienne. De là ils rejoindront Oësgard pour faire leur rapport, puis Nebelheim et enfin Höginheim, où le Lyngre rejoindra ses autres compagnons du Syrk, et où les dresseurs et autres dompteurs préparent eux aussi leurs bêtes.
Les craintes du héraut se confirment quand, alors que les voyageurs traversent un pont, un groupe on ne peut plus louche apparaît au sortir de ce pont. Encapuchonnés et portant des masques de tissu, les embusqués ont même bloqué la sortie avec une charrette pour s'assurer de gêner une éventuelle fuite des voyageurs. Un simple coup d'oeil en arrière et les Oësgardiens constatent que d'autres bandits s'y trouvent, empêchant tout repli qui de toute manière n'aurait pu être envisagé à cause du chariot et son chargement.
"De calme." Murmure le héraut aux soldats qui déjà ont porté leur main à leurs armes.
Analysant la situation, le messager est soulagé que le chariot ait été recouvert pour protéger le lyngre du froid. Avec un peu de chance ces bandits ne sont pas là pour ça, et les voyageurs pourront passer le pont sans trop d'encombre. Pour l'instant, observer et ne pas provoquer les bandits semble le meilleur choix.
"Bonjour, voyageur ! Nous sommes les compagnons du gobelet !" Annonce l'un des bandit, debout face aux oësgardiens.
"N'ayez crainte, nous vous voulons aucun mal. Vous avez traversé ce pont, alors payez la taxe et vous pourrez continuer votre route tranquillement."Tandis que les soldats se crispent, prêts à en découdre, le héraut observe rapidement autour de lui. Les bandits n'ont pas l'air bien dangereux, armés pour la plupart de vieilles hache, épées ou pour certains même de manches de pioches au bout desquels ils ont ajouté de gros clous. Les plus éloignés ont tendu des lance-pierres qu'ils pointent sur le groupe, ce qui n'est pas très menaçant face à des hommes vêtus d'armure. Non, ces bandit ridicules n'ont pas l'air très dangereux et le héraut doute même qu'ils sachent réellement se battre. En revanche ils sont nombreux, d'au moins trois fois plus que le héraut et son groupe. S'il y a affrontement les oësgardiens en sortiront certainement vainqueurs, mais il y aura tout de même des blessés et peut-être même un ou deux morts. Pire encore : le dresseur ou le lyngre pourraient être tués, et le seigneur qui les a envoyé ne serait vraiment pas content.
"Combien ?" Demande le héraut, tout de même méfiant.
"Ah ! Nous avons quelqu'un de sage." S'exclame le bandit.
"C'est tren... Cinquante écu par personne, et un souverain pour la carriole."Le héraut grogne dans sa barbe, c'est quand même plus que ce qu'il espérait. Après tout, il à affaire à des bandits. Observant à nouveau les bandits des deux cotés du point, la charrette, le chariot et les soldats, le voyageur soupire finalement et détache une bourse de sous son manteau. Il la jette aux pieds du chef des bandits qui s'empresse d'en vérifier le contenu.
"C'est tout ce qu'on a." Assure le héraut.
Le visage surpris de quelques uns des bandits montre qu'ils ne s'attendaient pas vraiment à une telle issue, mais après une brève hésitation leur chef se décide.
"C'est bon, on s'en va !"Et aussi vite qu'ils étaient apparus les compagnons du gobelet libèrent le pont, disparaissant dans les fourrés alentours et ne laissant là que les charrettes. Quelque peu contrarié, et à la fois étonné de tomber sur des bandits qui s'en vont aussi facilement, le héraut d'Oësgard déplace la charrette qui gène le passage et le groupe reprend la route. Personne n'ose reparler de l'incident, et les soldats préférant oublier leur piètre utilité à ce moement-là.
Fin du RP