Zaz le grand frère | Zaz

9e ennéade de Karfias an 14:XI
Un peu avant les inscriptions au tournois

Bon... Comme prévu la mère du jeune daedhel ne s'occupait pas beaucoup de lui depuis leur arrivée à Thaar. Elle était parti à Geresh pour quelques jours et Elghinn s'était retrouvé en pleine liberté, tout comme Driz'na et ils pouvaient profiter de l'immense palais de Thaar comme terrain de jeu... Du moins ce ce qu'ils étaient sensé faire, mais avec l'aide de T'Challa, le garçon avait glissé sa silhouette filiforme par la porte de service pour partir à la recherche d'un type qu'il n'avait réussit à retrouver qu'en impliquant Eshk'oroth dans la combine... Ce qui lui vaudrait certainement une paire de claque supplémentaire le moment venu.

Dans les rues du quartier populaire, un garçon aux grands yeux rouges sangs et à la peau pâle avançait à grand pas, le nez en l'air et le bâton à la main. Sa tunique trop grande et ses chaussure mal attachées lui donnait l'air d'un enfant des rues malgré le fait qu'il soit propre comme un sou neuf.

Et des gens vraiment propre, il n'en voyait pas beaucoup dans le secteur quand il frappa à la porte de l'endroit où on lui avait indiqué qu'il pouvait retrouver son cher et unique frère...

[justify]Et la porte s’ouvrit sur un homme passablement éméché qui, après un pas, s’étala de tout son long aux pieds du gamin. Il y resta apparemment endormi. Les indications pour retrouver Zaahrian l’avaient mené à une taverne qu’il affectionnait tout particulièrement. Fréquenté par la racaille, il y avait trouvé un exutoire pendant les deux années qui ont suivi son affrontement dans l’Anduram. Aujourd’hui, il y passait à l’occasion pour décompresser, mais aussi parce que l’endroit était idéal pour y dénicher un contrat ou des informations sensibles. Elghinn pénétra donc dans un univers de crasse, de rires gras et d’alcool. Les prostitués passaient de table en table à la recherche de leur prochain client. Zaahrian était tout au fond, assit à une table le dos appuyé au mur. Un jeune homme maniéré s’accrochait à son cou, buvant les paroles de l’assassin. Zaahrian semblait apprécier cette attention, car il souriait tout en susurrant quelques paroles mystérieuses à son compagnon.

« Hey ! Peux-tu bien me dire ce qu’un gamin comme toi fait dans un endroit pareil ? » L’homme parla assez fort pour attirer l’attention de tous sur le gamin. Un sourire fendait son visage grêlé, dévoilant un assortiment de dents noircies ou manquantes. « Tu as besoin d’aide, petit ? »

« Ça ira ! Je m’en occupe, merci ! » Zaahrian, apparu de nulle part, s’interposa entre l’inconnu et le gamin. Il n’attendit pas sa réaction et poussa plutôt son frère vers la sortie, une main fermement posée entre ses omoplates.

« Elghinn! Qu’est-ce que tu fais dans un endroit pareil ? Il y a des hommes là-dedans qui n’hésiteront pas à te vendre au plus offrant s’ils te mettent la main dessus. Tu sais, si tu veux boire de l’alcool sans que ta mère le sache, tu n’as qu’à venir chez moi et je te trouverai deux ou trois bouteilles. C’est à ça que ça sert un grand-frère, mais elle va t’écorcher vif si elle apprend que tu as trainé par ici. »[justify]

A pas comptés, il était entré dans le bouge. Quelques putains lui jetèrent un regard surpis en passant près de lui ou en bousculant son bâton par inadvertance. Elles n'avaient pas du tout les mêmes formes que les prêtresses d'Isten qu'il avait eu l'occasion de voir ou que les plantureuses  Mères dévouées à Natha qui s'occupaient de lui. Plus petites pour la plupart, du à leur sang au moins en partie humain. Certaines grasse à en avoir une poitrine dans le dos, d'autres fines au point d'en voir les os. Des visages enfantins, d'autres fardés pour cacher des rides, des cicatrices et des tâches.

- Bah alors p'tit chou ? Tu t'es perdu ?
- Non. je cherche mon frère. Merci.

Le petit regardait de tous ses yeux. Le houblon. La sueur. La saleté. Les flammes des bougies de suif et des lampes à huile. La chaleur des feus de cuisson. Le graillon. Et les gens. Les gens ! Tous si différents, si particuliers.

Un homme aux chicots noircis se mêla de l'affaire, lui coupant le chemin sans aucune gêne. Il fronça les sourcils mais s'apprêtait à répondre une seconde fois que tout irait bien pour lui, lorsque Zaahrian se retrouva près de lui. Il se laissa conduire à l'extérieur, fronçant le nez face au discours de son grand frère en titre.

- Arrête d'agir comme si j'étais un enfant. Je faisais la moitié de ma taille actuelle que je tuais déjà des monstres avec bien plus de lames, de griffes et de tentacules qu'aucun de ces adultes. " Depuis leur dernière rencontre, il avait bien poussé d'ailleurs. S'il avait été humain, il aurait bien pris trois ou quatre ans, mesurant maintenant plus d'1m40. Arrivé dans la rue, il se débarrassa brusquement du bras du semi-elfe. " Et arrête de me pousser ! Je suis pas contre un verre mais je venais te demander si tu t'intéressais au tournois qui commence l'ennéade prochaine. "

« Plus de lames, de griffes et de tentacules qu’aucun de ces adultes? Donc tu n’as jamais croisé qu’une créature qui puait autant que ce type? Ça, c’est inquiétant! » Un sourire apparu sur le visage de Zaahrian. Évidemment qu’il était heureux de le revoir. Il avait bien grandi depuis la dernière fois. « Mon intention n’était pas de te vexer. Je suis simplement surpris de te voir là. Je ne doute pas un seul instant que tu puisses avoir vu bien plus pire que tout ce qui se trouve là-dedans. D’ailleurs, si tu as le temps, tu me raconteras. Je ne suis jamais contre une bonne histoire. »

Zaahrian l’invita à le suivre. Il avait envie de discuter avec son frère, mais pas ici. « Le tournoi? Évidemment, ils ne parlent que de ça en ville. Dans toutes les fêtes, il y a toujours quelqu’un pour vanter les mérites de son champion ou pour prendre des paris. Personnellement, je n’ai pas l’intention d’y participer. Ça serait plutôt stupide de ma part, d’ailleurs. » Ils passèrent justement devant des affiches annonçant le début des inscriptions. L’excitation était palpable et Zaahrian n’était pas totalement insensible face à cet engouement. « Cela dit, je compte quand même y assister. Si tu veux m’y accompagner, tu peux. On pourra toujours se moquer de ceux qui se font défoncer. »

- Je pourrais te raconter oui, si tu veux. Mais je crois que c'est pas très crédible. Les gens disent souvent que j'ai trop d'imagination. " laissa-t-il tomber sans un haussement de sourcil.

Le gamin emboita le pas du grand gaillard sans se soucier de la direction qu'ils prenaient tout deux. S'il faisait naturellement attention aux détails des lieux qu'il traversait, l'agencement des dits lieux, c'était une autre histoire. Le sens de l'orientation du grain-galet, que ce soit en ville ou au dehors, était aussi bien développé que celui qu'une anchois n'ayant jamais quitté son bocal.

- J'ai jamais essayé mais ça semble marrant. " gloussa-t-il à l'invitation de son frère au sujet des prochaines épreuves. " Bon, par contre faudra attendre que je sois éliminé. Je compte m'inscrire. Se moquer c'est une chose, mais pouvoir enfin tester un peu ce corps, c'est trop tentant... Pourquoi tu veux pas participer toi ? "

Le gamin s'éloigna de deux pas pour laisser un vide-gousset passer entre eux en les bousculer fluidement. Il sentit la main de l'homme glisser le long de sa ceinture et l'éloigna sans vraiment y faire attention. Un simple réflexe aussi naturel que de voir de l'eau couler d'un rebord. De toute façon, il n'avait pas beaucoup d'argent et sa dague était bien à l'abri sous sa tunique. La bourse qu'il avait ne contenait que quelques écus.

Zaahrian s’arrêta net. « Tu as l’intention de t’inscrire? » Il regarda son frère des pieds à la tête et fut tenté de dire qu’il était trop petit pour ça, mais la lueur dangereuse qui dansait dans les yeux de son frère le découragea de poursuivre sur cette voie. Il ne voulait pas être traité comme un gamin, soit, mais ça ne voulait pas dire qu’il n’en était pas un. Non, il se devait d'être franc. « Je suis certain que tu peux de défendre et que tu ne manques pas de ressources, mais les hommes que tu vas affronter feront, pour certains, le double de ta taille et de ton poids. Comment comptes-tu t’y prendre? » Voilà, il ne lui avait pas dit qu’il était stupide et idiot de se lancer là-dedans, mais sous-entendait qu’il n’avait peut-être pas le poids minimum requis pour. Avec un peu de chance, ça le fera peut-être réfléchir de lui-même. Au même instant, un p’tit con essaya de les dérober. Zaahrian, moins diplomate que son frère, l’attrapa par le collet et lui donna un bon coup de poing avant de reprendre son chemin comme si de rien n’était.

« Il va y avoir des centaines sinon des milliers de personnes qui vont assister aux épreuves. Autant de personnes pour observer les combattants et en apprendre sur leurs techniques, mais aussi leurs faiblesses. Imagine maintenant que tu en veuilles à ma peau. Tu n’as qu’à te faufiler parmi les spectateurs pour me voir à l’œuvre et apprendre tout ce qu’il faut savoir pour me tuer. Quand je me bats, je m’assure de ne pas laisser de témoins pour éviter cela. Un vrai professionnel n’ira pas se donner en spectacle pendant ces jeux. Il ira plutôt dans les estrades prendre des notes. C’est ce que je compte faire. »

Il tourna sur une avenue plus large qui devait les mener jusqu’aux Soieries. « Écoute, ta mère va probablement me tuer pour ça, mais voilà, on va rentrer chez moi et je vais évaluer ce que tu es capable de faire. Si tu réussis à me mettre un couteau sous la gorge avant la fin de la journée, je serai ton mentor pendant les épreuves. Marché conclu? »

- Tu oublie que j'ai tué des soldat elfes qui faisaient trois fois ma taille avec un couteau de chasse... " sourit-il aux inquiétudes de Zaahrian. Il allait bien devoir se mettre dans la tête que son petit frère n'était ni démunit, ni inconscient... Enfin ça c'était pas encore tout à fait sûr.

Le gamin écouta avec grand sérieux les arguments du grand échalas qu'il avait pour frère. Il n'avait pas tort. Plus il s'exposerait et plus il dévoilerait ses talents, moins il pourrait surprendre ses adversaires... Mais plutôt que de le décourager, cette perspective lui retournait l'estomac d'excitation. Il allait devoir développer de nouvelles techniques et jouer avec de nouvelles règles. Apprendre. Transcender ce qu'il savait déjà !

Il remarqua à peine qu'ils étaient de nouveau dans les Soieries et son sourire se fit absolument et définitivement éblouissant quand le jeune homme lui proposa un coup de main. Lui qui était venu pour quelques conseils concernant les mœurs Thaaries entourant les arènes ! Il allait faire équipe avec son frangin.

Il avait à peine été question de couteau et de défi que le bâton que tenait le gamin vint s'écraser par surprise à l'arrière des genoux du demi-elfe bavard pour le faire plier à défaut de tomber. Cette fois, ce n'est pas un couteau que Zaahrian trouva sur son cou, mais un baiser que le gamin posa sur sa joue avec une fluidité mortelle.

- Et comment !! On arrive quand ?! "

Zaahrian lui jeta un regard de biais. « Un jour, j’ai tué un serpent de vingt mètres avec une épée et une cheville cassée ! » Un sourire apparu sur ses lèvres en réponse à celui de son frère. Il aimait ce gamin. Il était franchement bizarre, mais voilà tout son charme. Il ne lui faisait pas tant penser à sa mère et comme il ne connaissait pas tellement son père, il ne saurait dire s’il tenait de lui. Il était Elghinn, tout simplement. Ce gamin fera ses propres choix et développera sa propre personnalité et Zaahrian comptait bien faire partie de sa vie d’une façon ou d’une autre.

Ils avaient atteint les Soieries et les taudis faisaient maintenant place aux somptueuses demeures des marchands de Thaar. Jamais Zaahrian ne se doutait que son frère choisirait ce moment exact pour lui donner un coup de bâton dans les genoux et l’embrasser. « Hey ! » Il foudroya son frère du regard. « Dans ma vie, y’a plein de gens qui ont trouvé des moyens très imaginatifs pour tenter de m’embrasser, mais le coup de bâton dans les genoux, c’est une première… » Il désigna une rue étroite. « C’est par là. »

Il fit quelques pas avant de reprendre. « Gamin, Daeron, celui qui fut mon chef de guilde, l’homme qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui, avait l’habitude de me battre avec un bâton pas tellement différent du tien. Il voulait me faire taire. Je ne sais pas si tu l’as remarqué, mais j’ai plutôt une grande gueule et je n’étais pas différent à cet âge. Il voulait me briser comme il l’a fait avec toutes ces autres recrues. Il n’a jamais réussi et à la fin c’est moi qui ai eu le dernier mot. Je l’ai tué. Je vais me taire seulement le jour de ma mort et encore, je vais sans doute trouver le moyen de négocier une fois de l’autre côté. Bienvenu chez moi ! »

Le seul esclave qui gardait la porte l’ouvrit en voyant Zaahrian et son jeune invité. « Ici, tu seras toujours le bienvenu. Ta mère t’emmerde, tu viens ici. D’ailleurs, nous ne sommes pas très loin de chez Krish. Si je ne suis pas là, ce n’est pas grave. Je te ferai installer une chambre si tu veux. Cela dit, pour la bouffe, oublie ça. J’ai personne dans les cuisines. Je dois me trouver de nouveaux esclaves. » Il avait dit cela comme s’il s’agissait de la pire des corvées possibles pour lui. Malgré tout, il avait une jolie maison avec du marbre, une fontaine ainsi que des plantes en train de crever faute d’entretien.

Zaahrian poussa une grande porte à sa droite, amenant son frère dans ce qui devait être la salle de bal à l’origine. Saisi d’un soudain élan de décorateur, l’assassin l’avait transformé en salle d’entraînement. Des mannequins en bois jusqu’aux poutres pour développer son agilité et son son équilibre, il y avait de tout. « Bon, on commence ? »

Le gamin buvait littéralement les paroles de son aîné. Il était toujours aussi amusant comme type. Il se sentait irrémédiablement proche de lui sans trop savoir pourquoi. Et puis il avait une nonchalance agréable qui lui rappelait celle de sa mère. ça devait être de famille... Quoi que théoriquement, lui et elle n'avaient pas de lien de sang... Bof, il n'était pas certain de savoir ce que ça changeait dans les faits.

Un serpent géant. oui. Un maître violent. ouioui. Et continuer de discuter avec la mort elle-même... Il en était bien capable celui là !

- C'est dommage. Manger c'est super ! J'ai eu du mal à prendre l'habitude - franchement le transite, c'est vachement bizarre - mais j'adore ça ! " ponctua-t-il lorsque Zaahrian eu le malheur de lui dire qu'il ne faisait pas attention à ses cuisines.

Un nouveau sourire se déploya sur sa frimousse en apercevant l'intérieur de la salle d'entrainement. Pas mal! Assez proche de ce qu'il avait put avoir au puy... en moins bourrin. Il avait de quoi s'amuser ici. S'il avait eu ses poutres pour sa rééducation...

Il avança jusqu'au centre de la pièce avant de se retourner en tirant métaphoriquement la langue.

- J'suis vexé. Mon bisou comptait pas pour un couteau sous la gorge alors... " Mais il changea son arme de main en raffermissant imperceptiblement ses appuis. " Alors ? On commence par quoi ? "

Zaahrian essaya très fort de ne pas rire, mais le large sourire sur son visage trahissait son amusement aux les propos de son frère. On ne pouvait pas lui reprocher de ne pas dire ce qu’il pensait. En vrai, il n’avait aucun filtre. « Après l’entraînement, on ira manger. Je connais une bonne taverne nettement moins crasseuse que celle où tu m’as trouvé. Personnellement, je suis toujours mort de faim après avoir bougé. »

Il avait essayé de reproduire l’espace d’entraînement de Daeron, les outils de tortures en moins. Zaahrian y passait beaucoup de temps, surtout récemment depuis qu’il a décidé de se reprendre en main. Il y avait tout un arsenal d’arme, plusieurs factices et d’autres réelles, prêtes à l’emploi. « Ah! Tu es vraiment le portrait de ta mère. C’est tout à fait le genre de remarque qu’elle pourrait faire. Très bien, j’ai été vaincu par un bisou sournois. C’était bien joué. Tu m’as totalement pris au dépourvu! » Pour être à armes égales que son frère, il prit un bâton qu’il fit lentement tournoyer dans ses mains. « Tu ne pourras pas compter sur la force brute pour vaincre tes adversaires. Il te faudra avoir de bons réflexes et faire compter chacun de tes coups. Mise sur la précision. Un coup porté au bon endroit peut faire autant de dégât qu’un coup de massue. Ta taille sera aussi un avantage. Tu es plus bas, donc plus difficile à déstabiliser. » Et sans l’avertir, à l’image de la sournoise attaque de bisou, Zaahrian l’attaqua en visant ses jambes.

- Il parait qu'on se ressemble oui... " ricanna le gamin en parlant de sa mère alors que son faciès hésitait soudain entre la fierté, l'évidence, et un certain trouble.

Pour le reste, il était captivé. Lorsque le bâton tournoya entre les mains de son frère, le mouvement capta ses yeux comme un rayon de soleil capte l'attention d'un chaton. Ses longues oreilles grandes ouvertes, il notait chaque mot de l'assassin avec une abnégation totale. Il savait se battre. Il savait tué. Mais il n'avait pas l'habitude de combattre des humains sans avoir l'avantage de la surprise ni le droit de les mettre à mort. L'art du combat était fascinant.

Et soudain, tout bascula. L'adrénaline explosa dans son petit corps comme un feu d'artifice. Son visage perdit toute expression construite, affichant un mélange étrange d'excitation et de concentration diffuse. Il tenta de parer le coup, mais la force de Zaahrian emporta son bras comme s'il n'avait pas le moindre muscle. Le bâton arrivait droit sur son tibia. Il eu tout juste le temps de glisse légèrement en arrière. Le dessus de son pied prit le coup à la place de sa jambe. La douleur fit vibré la corde de ses nerfs. Il gronda légèrement. De surprise et de mécontentement plus que de réelle souffrance. Il lui fallut deux coups de plus pour parvenir à se dégager en roulant sur le côté. Il raidissait davantage ses muscles pour parer, mais chaque fois qu'un coup lui tombait dessus, la pression était forte. Il préférait donc sauter, courir, glisser. Il utilisait même l'arme adverse et le corps de son adversaire pour se propulser, se tenir, se retourner. S'il ne pouvait atteindre le visage ou le plexus facilement, et s'il avait juste assez de tact pour ne pas tenter de s'en prendre à l'entrejambe de cet adversaire en particulier, il visait les genoux, le dos, l’aine, le ventre et le talon. Si la rapidité de Zaahrian l'empêchait de bondir assez haut, il pourrait peut-être le faire tomber assez bas... Et en attendant, son cœur battait d'une joie pure et sauvage.

Zaahrian n’avait nullement l’intention de le blesser. Il souhaitait tester les limites de son frère, évaluer ses capacités pour déterminer la suite des choses. Il n’avait pas encore de muscle dans les bras, mais il compensait ce manque par une volonté de fer et un plaisir sauvage. Elghinn ressemblait à un chat qu’on excite en brandissant un jouet sous son nez. Il bondissait tout en souplesse en évitant les coups puissants de son aîné pour ensuite riposter avec une impressionnante précision. Zaahrian paraît les coups non sans une certaine difficulté. Son frère était encore assez bas sur patte. Du coup, il visait les parties basses de son corps, l’obligeant à se pencher légèrement.

« Impressionnant! Cependant, tu devras travailler ces muscles! »

L’assassin employa le reste de la session à enchaîner les techniques et les conseils dans le but de préparer le gamin à ce qui l’attendait. Elghinn était peut-être son frère, Zaahrian se montra aussi exigeant qu’avec ses autres apprentis. Il prenait sa tâche au sérieux, corrigeait le gamin avec tact tout en l’encourageant lorsqu’il réussissait un coup particulièrement impressionnant. Ses adversaires seront surpris en le voyant. Il était vraiment loin d’être un débutant.

Finalement, Elghinn donna le coup qui envoya Zaahrian au tapis. Après un long effort, sa jambe droite devenait douloureuse, souvenir de sa première rencontre avec Loethwil. Son frère lui donna un coup qui l’atteignit directement au tibia et la douleur lui fit plier le genou. Le souffle rapide, tout sourire malgré la douleur, il regarda son frère très satisfait de sa performance.

« Tu as toutes tes chances. Tu es rapide, agile… Si tu uses correctement de cette technique, tu pourras sans mal fatiguer tes adversaires, mais il te faudra faire attention pour ne pas t’épuiser dans le processus. Dis, tu veux quelque chose à boire? Je prendrais bien une petite pause. »

Il se massa distraitement la jambe dans l’attente de la réponse.