Vae Victis [Libre]

Premier jour de la quatrième ennéade de Favrius de l’An 14:XI

Myr’Hennis n’était pas quelqu’un qui s’amourachait des effusions de sang, loin de là même ; il trouvait que la violence était superflue. Un trait de caractère particulièrement rare pour un drow. Mais ce n’était pas tout à fait vrai. En effet il n’était pas contre la violence en tant que telle, il n’aimait simplement pas s’en servir personnellement, après tout il avait à ses ordres tout un tas de guerriers pour tuer à sa place. C’était en grande partie de là qu’il tirait son sentiment de supériorité : l’intelligence prime sur les muscles et de l’intelligence l’architecte était persuadé d’en avoir à ne plus savoir quoi en faire. Une intelligence qui, pensait-il, lui permettait de profiter des combats de façon plus plaisantes que tous ces assoiffés de sang qui se pressaient dans les gradins. Cependant il n’avait vu dans la grande mêlée qu’une masse chaotique de combattants ne laissant aucune place à la beauté du combat, contrairement à ce qu’il avait espéré l’épreuve avait été d’un ennui mortel alors il s’était vengé sur les tranches de viande qu’un esclave tenait à sa portée.

L’épreuve des madriers cependant, de par sa nature acrobatique, promettait d’être autrement plus divertissante et il devait admettre qu’il n’en fut pas déçu. L’architecte posa sa coupe à moitié pleine d’un alcool sucré qui n’était pas bien fort, en tout cas pour un drow, sur l’accoudoir de son siège. De par l’importance de son rang il avait obtenu une place de choix de plus son rang qui d’ordinaire lui assurait une garde conséquente au Puy fut doublé à Thaar ainsi lorsqu’il se promenait dans la ville c’était une petite armée qui l’accompagnait. Cependant dans l’arène c’était moins le cas, la capitaine de sa garde se trouvait bien entendu derrière le dossier de son siège mais cette dernière n’était accompagnée que par quatre soldats, les meilleurs à sa disposition certes mais c’était inhabituel pour Myr’Hennis d’être entouré de si peu de guerriers. Cela dit ce n’était pas son problème mais celui de sa capitaine, l’architecte focalisait la totalité de son attention sur les madriers car quelqu’un qu’il connaissait avait été annoncé. Vaervy aussi regardait avec attention la daedhelle annoncée, par curiosité, elle voulait savoir si ses entraînements avaient porté leurs fruits.

Lorsque Shyn’tae leva son épée au ciel Myr’Hennis releva ses lèvres en un fin sourire. Au signal du départ l’architecte se redressa dans son siège. Son sourire s’agrandit en voyant Eveil louper de peu son voisin et en voyant ce dernier fuit il gloussa, quel dommage ! Il aurait ressenti une pointe de fierté si son ancienne esclave avait fait couler le premier sang mais malheureusement elle se fit voler son adversaire. Il y avait quelque chose de comique à voir la sombre courir après ses adversaires, ça ressemblait à une mauvaise pièce de théâtre, une mauvaise farce mais le spectacle le faisait franchement rire. Il ne regardait que la drow, ne s’intéressant en rien aux autres concurrents, mis à part ceux qui fuyaient ou s’éloignaient de l’épée et des coups de Shyn’tae.

Les Hiisi étaient enfin arrivés aux Grands Jeux de Thaar, alors que les premières épreuves, plus brouillonnes, s’étaient déjà terminées. Les Jeux étaient déjà rendus à la fameuse épreuve des madriers, non pas que j’aie une quelconque idée de ce qu’était un madrier, jusqu’à ce que je me retrouve devant cette arène à l’agencement bien particulier. J’avais loupé de quelques jours le passage de cet humain que j’avais sponsorisé, mais un observateur que j’avais engagé uniquement pour comparer ses performances à ceux des autres m’avait confirmé la justesse de mon investissement. Le Tueur de Rois était pour l’instant le seul à avoir franchi la barre des cinq adversaires tombés. Je rayonnais donc, et j’étais prête à vivre chaque instant de cette nouvelle épreuve avec la conviction que personne ne le dépasserait simplement car ils ne m’avaient pas moi comme sponsor.

Avec les événements de Geresh qui avaient causé notre retard, ceux qui impliquaient une certaine Krish Al’Serat, j’avais dû faire des… concessions… à ce père qui s’était senti quelque peu trahi. Lui pensait que le mot punition était mieux choisi, mais ce n’était qu’une question de point de vue, et si je l’acceptais aussi facilement, pouvait-on vraiment parler de punition ? J’étais aujourd’hui, en plus d’être son héritière, une membre à part entière de sa garde personnelle, devant m’occuper comme les autres de le protéger. Dans les faits, aucun des gardes qu’il avait choisi ne me faisait confiance et ne voulait avoir affaire à moi, et à part l’armure que je me devais de porter et le fourreau à ma ceinture, ça ne changeait rien. J’avais laissé mon arme derrière moi et j’étais entrée comme je l’aurais fait en temps normal, plantant là mes frères d'armes temporaires. D’ailleurs, ça ne changeait tellement rien que je l’avais laissé endormi sous son abri de tissu qui surplombait la loge de ceux qui y avaient mis le prix ou qui possédaient la réputation nécessaire, pour me rapprocher de l’arène en m’appuyant des deux mains sur le parapet.

Esteldur n’avait pas été de la partie, et il n’aurait de toute façon pas supporté de ne pas pouvoir être prêt à agir si quelque chose me mettait en danger. Seul Magyaok se tenait près de moi, s’imprégnant de ce qu’il voyait, prêt à capturer n’importe quel événement marquant pour me le resservir dans le futur si je le voulais. Ulk était lui dans les gradins en face de nous, trop loin pour qu’on puisse l’apercevoir. Il jugeait la présence de nos voisins de loge trop… dangereuse. Des membres de la délégation eldéenne venue à Thaar pour les Jeux avaient investi la loge, et si je ne connaissais toujours pas les détails de son histoire, j’étais consciente de son problème avec les eldéens. Personnellement, je ne connaissais aucun de ceux que j’avais aperçu et je m’étais vite détournée du spectacle des tribunes qui ne m’intéressait pas tant que ça.

Les présentations des gladiateurs étaient beaucoup trop longues et je baillai à plusieurs reprises, avant de voir une forme qui me disait quelque chose lever un bras, et une arme. Je pouvais la reconnaître même de loin, et même habillée. C’était ce miroir que j’avais rencontré un peu plus d’une année plus tôt. « Regarde la elle. » Je dis simplement à Magyaok en lui désignant du doigt l’eldéenne sur laquelle je pouvais finalement poser un nom, bien que fictif. « La Comète. Si quelque chose lui arrive je veux le garder. » Je ne savais pas ce que je cherchais, mais les Jeux étaient unique, surtout pour une non-éternelle, et j’avais l’opportunité d’observer une bonne connaissance s’y battre, et ça commençait bien, alors que sa première cible s’était mise à détaller.

Légende:

Je tournai la tête en entendant une mention de Geresh, sans trouver d’où c’était venu après quelques secondes à fouiller la foule des yeux, puis ramenai mon attention sur l’arène. Et sur le gigantesque eldéen qui venait de s’accouder au parapet près de moi. Je ne le découvrais pas vraiment que maintenant, je l’avais aperçu et entendu rire un instant plus tôt mais j’ignorais facilement les anomalies quand elles ne me mettaient pas à mon avantage. Anomalie était peut-être une idée trop forte, mais je lui étais très reconnaissante d’être ainsi penché. Lorsqu’il me demanda si je connaissais celle dont je venais à peine d’entendre le surnom, je haussai des épaules. « Un peu, je l’ai rencontrée il y a un peu plus d’un an, ici à Thaar. » Je n’en dis pas plus alors que mes joues s’étaient mises à rosir légèrement, communiquant contre mes intentions plus d’émotion que mes mots ne l’avaient fait. Ce devait être le fait de la revoir qui ramenait ces souvenirs à la surface.

D’autres voix derrière moi allaient une nouvelle fois attirer mon attention, le serviteur revenait avec cet alcool qui provenait sans aucun doute de mes vergers, si je reconnaissais bien bien la forme du contenant. Il la présenta à un de ceux à qui j’avais déjà lancé un regard suspect un peu plus tôt. La sobriété de son accoutrement le faisait jurer un petit peu par rapport à toutes ces couleurs qu’on pouvait trouver sur les dignitaires Thaari. J’accrochai son regard un temps avec un petit sourire, pensant qu’il n’avait pas prononcé ces mots au hasard et qu’il fallait que je communique l’avoir remarqué d’une façon ou d’une autre, avant de ramener le mien sur mon voisin.

« Je ne savais pas qu’elle combattait, vous pensez qu’elle a une chance ? » Mon ton était poli mais simple, comme bien souvent lors d’une première rencontre, en imaginant que quelqu’un dans ces loges ne pouvait qu’être trop important pour que j’ose encore l’affronter comme un égal. Il n’avait pas l’imposance musculeuse des siens, et même s’il était plus grand que la plupart d’entre eux, il n’était pas vraiment effrayant. « Vous êtes son… » Je marquai une pause alors qu’un fait d’arme du sujet de conversation venait enfin de faire tomber un gladiateur, le cinquième de l’épreuve, et que la foule s’agita un peu. « …sponsor ? » Je demandai finalement. Il avait l’air tellement captivé que c’était le seul lien logique que je pouvais faire, imaginant le jour où je me retrouverais enfin devant mon champion. Et si je pouvais me baser sur ses vêtements, il avait tout ce qu’il fallait pour sponsoriser un des siens.

Journée agréable s'il en est. Myr,Hennis à sa droite, Velkyn à sa gauche, Viconia savoure l'ambiance. Sa robe en soie araignée noire brille à chacun de ses mouvements, comme un lac d'huile. Le broderie au motif de l'Ouroboros en or blanc est la seule touche qui éclaircit sa tenue. En digne fille du Puy, la triumvir est toute peau d'ébène et chevelure de neige, dents de nacre et prunelles d'émeraudes serties de rubis. A son bras gauche, nu est exposé le bracelet d'ouroboros qui monte le long de son épiderme, magnifique pièce d'art Eldéen qu'elle affectionne particulièrement. Ses cheveux sont attachés de façon détendue, coulant le long de son épaule droite comme autant de vagues neigeuses souples.

Aussi quand l'humaine marque son désir de posséder le magnifique spécimen d'Eldéenne libre, cela va de soit, Viconia ne fait que s'avancer un peu pour regarder la brunette en train de regarder Shyn'Tae… Pour l'envisager d'un air étrange. Voir qu'une mortelle puisse prétendre à la possession d'une Iliithyri a quelque chose de déplaisant… Très. Mais bon, ce n'est pas méchant, nous sommes ici pour des relations diplomatiques, laissons couler.

Et la divine Comète de lever son épée, amenant un sourire appréciateur de sa sponsor… Le cuir indigo, le voilage fin iridescent. Tout accentue son apparente délicatesse, sa classe indéniable que sa pouliche ne sait même pas avoir. Aussi quand Aerianna demande si Myr'Hennis est le sponsor de la demoiselle, Viconia a un léger rire. Un rire cristallin traverse les tribunes.

Tournant la tête vers le Grand Architecte, la voix mélodieuse de l'Enchanteresse traverse l'air.


dos della ilta ussta abbil xor usstan xun?
tu lui dit mon ami ou je le fais?

Myr’Hennis était surpris de voir une humain reconnaître Shyn’tae alors, sa curiosité piquée, il s’approcha d’elle, laissant Viconia derrière elle, Vaervy sur les talons ; à force il n’y pensait même pas, elle était devenue une seconde ombre pour lui, une ombre singulièrement plus petite comparé à son protégé. Alors il alla s’accouder au parapet et il demanda à l’humaine si elle connaissait celle qu’elle regardait avec un certain intérêt. La réponse lui arracha un sourire, c’était intéressant. L’architecte tendit la main derrière lui et un esclave s’empressa de récupérer la coupe de shyk’na qu’il avait laissé sur l’accoudoir de son siège pour la déposer entre ses doigts tendus puis il en avala une gorgée. Son sourire revint rapidement avec la question de l’humaine et celle de Viconia derrière lui.

« Non je ne suis pas son sponsor, je suis… un ami de Renor. » Son sourire s’élargit davantage en prononçant le nom qu’il lui avait donné. « Son sponsor n’est autre que la délicieuse Viconia Elthiriel X'Ianxin, que vous connaissez sans doute déjà. Quant à savoir si elle a une chance… »

Il se retourna vers la capitaine de sa garde. Elle faisait sensiblement la même taille que l’humaine, à un ou deux centimètres près, mais là était la seule ressemblance entre les deux. Là où l’humaine était svelte Vaervy était une petite armoire à glace et sans son armure de plate il est aisé de voir que son corps avait été sculpté pour la guerre, c’était une de ces personnes qui ont toujours l’air dangereuses, même désarmées ; et pour elle c’était le cas, elle était aussi dangereuse, si ce n’est plus, à mains nues comme Shyn’tae avait pu s’en rendre compte. Sa peau cendrée, ses yeux rouges en amende, ses longues oreilles effilées, ses longs cheveux blancs platine tenues en une queue de cheval par un ruban rouge : tant de traits qui la différenciaient de l’humaine. La capitaine avait les bras croisés sur ses seins, peu développée pour une drow, le port constant d’une armure lourde depuis son adolescence et des bandelettes serrées autour de sa poitrine avaient assuré qu’ils ne grossissent pas assez pour la gêner. Elle décroisa les bras et haussa les épaules puis elle quitta Myr’Hennis des yeux pour observer Shyn’tae un temps avant de retourner vers l’humaine.

« C’est difficile à dire. Elle a fait des progrès depuis qu’elle s’est entraînée avec moi mais est-ce que ça suffira ? Je n’en ai aucune idée, elle a l’air d’avoir déjà du mal alors lorsqu’elle tombera contre des adversaires plus puissants…» C’était rare que la capitaine choisisse aussi bien ses mots, s’en était presque prophétique.

Deux questions et la moitié du Puy semblait s’être activée pour y répondre. J’attirais vraiment les eldéens. Elle semblait s’appeler Renor et j’avais droit à son sponsor, un de ses amis et celle qui l’avait entraînée, alors qu’on s’attendait à ce que je connaisse l’une d’entre eux, qui ne semblait même pas parler la langue de la région. Mais je n’avais pas encore vu Krish, et il n’y avait probablement qu’elle pour me présenter à qui que ce soit. J’attendis la fin de l’intervention de la femme derrière le géant pour reporter mon attention vers Viconia. « Non, personne ne nous a présenté, je viens d’arriver à Thaar, enchantée. » Un hochement de tête à l’intention de la grande eldéenne pour ponctuer mes mots, alors que la promiscuité de la loge semblait m’empêcher tout mouvement plus travaillé. « Je suis Aerianna de Geresh, beaucoup des boissons que vous allez boire ici proviennent de mes vergers, si j’en crois mes yeux. » Cette courte présentation allait suffire, et je retournais sur le sujet de Renor.

Mais pas avant de régler un détail, la loge semblait s’être rétrécie et pour respirer, je congédiai d’un geste la seule personne sur laquelle j’avais un quelconque pouvoir, Magyaok. Un espace libre sur ma droite dans lequel je me repliai si légèrement s’était créé, me laissant un peu plus de liberté pour pivoter légèrement vers mes interlocuteurs. « Je dois vous avouer que je n’y connais pas grand-chose, je n’ai pas remarqué ces difficultés dont vous parlez, merci d’apporter cette expertise. » Ne voyant aucune raison de cacher quoi que ce soit, je restai honnête, un petit sourire aux lèvres. « Quelqu’un se bat sous mon nom aussi, mais pas aujourd’hui, le Tueur de Roi, si vous en avez entendu parler. » A sa mention, mon visage s’éclairait encore un peu plus et affichait maintenant une certaine fierté.

Un des combattants fut à ce moment là expulsé d’un des madriers pour non-combattivité, et comme pour confirmer que c’était quelque peu honteux, une voix s’éleva à ma droite et je trouvai l’humain de plus tôt, pestant contre tous les pleutres qui ne faisaient pas un effort pour le spectacle. Si ce que je croyais s’avérait vrai, il se rapprocherait bientôt, maintenant qu’il avait le champ libre et que je lui avais donné une occasion parfaite. Au moins il n’était ni géant ni drow. Je reportai encore une fois mon attention sur le spectacle et mes voisins à gauche, faisant comme si je ne l’avais pas remarqué, probablement futilement.

Si Myr'Hennis et la jeune humaine ne lui accorde qu'une occasion ssecondaire, Viconia reporte plutôt son attention sur le mâle qui s'approche de leur petit groupuscule. De son côté, Veldryn discute avec son voisin.

Non, son attention est captée par le mâle. Cheveu pâle, yeux gris. Il fait un peu penser à ce que l'esclave Grayle pourrrait avoir l'Air dans plusieurs années… Mais ce qu'il est sérieux!

La voix mélodieuse passe à l'olyian, avec un accent exquis. Sa maitrise est imparfaite, certes. Mais elle s'applique. 

Le tueur de Rois… n'est ce pas celui qui a … crié Wunderbar à la fin de la Grande Mêlée?

Elle s'étend par dessus Myr'Hennis un peu, tend une main à Aerianna, ses grands yeux d'émeraudes rougeoyants captant les sombres prunelles de la princesse marchandes, un doux sourire sur son visage. 

Une bande de pleutre. La plupart ne font que fuir, quel spectacle décevant.

Elle a un ricanement. Manifestement, tout le monde fuit la Divine comète aussi. Viconia a un charmant sourire envers l'humain.

Venez… Prenez place. Je serais… heu… aise? D'entendre votre avis militaire sur cette épreuve. 

Puis elle se tourne vers Veldryn et son invité Eldéen à sa droite. 

Veldryn, dos qualla ori'gato natha lotha k'lar whol l'rivvil qualla? Xun naut eszak, ser ukt ditronw suul qualla.… 
Veldryn, veux tu faire une petite place pour l'humain s'il te plait? Ne t'en fait pas, garde sa droite… 

Elle montre l'autre drow du menton, qui s'incline devant elle brièvement avant de faire de la place pour l'Oesgardien. Le garde du corp lève des prunelles goguenardes sur l'humain avant de retenir sa grande gueule et de faire de la place pour le noble. 

Il n'y a aucune raison pour que vous dites non… Je m'appelle Viconia Elthiriel X'Ianxin si vous avez pas entendu plus tôt. Prenez siège… 

Le temps qu'il s'installe, la triumvir reprend la parole, lentement, pour pallier son manque de maitrise. Myr'Hennis doit bien rire tient.  Avec sa posture de reine, sa grâce innée, l'arcaniste enchaîne.

Je suis enchantée de faire vos connaissances. Ces jeux sont l'occasion de nous rencontrer enfin. J'aimerais bien goûter vos alcools Princesse Aerianna... 

Puis elle se tourne avec un art consommé vers Brohan. Son parfum léger de fleurs et d'épices est délicatement entêtant. Elle reporte son attention en bas, où Shyn cours après des gladiateurs qui fuit à sn approche.

Alors, à qui ai-je l'Honneur? 

« Einherjar. » Je corrigeai la grande eldéenne avec un petit rire après avoir levé un sourcil vers elle en l’entendant. Au moins, elle essayait. « Oui, c’est lui. » Je détournai le regard vers l’arène une énième fois, écoutant à peine les discussions et roulant des yeux en entendant que Brohan était émissaire d’Oësgard. Au moins, ça expliquait pourquoi il préférait s’être rapproché de moi plutôt que de l’eldéenne assez facilement. Si elle connaissait les Oësgardiens, elle verrait probablement assez facilement à travers l’excuse de l’émissaire, mais elle semblait déjà hésitante dans son olyan, il y avait peu de chances que ça arrive. « Je ne sais comment le service est organisé ici, il vous faudra mander un serviteur si vous voulez y goûter. » Je répondis d’un ton égal et distrait à l’eldéenne, ne sourcillant pas à la mention de mon rôle de Princesse. J’imaginais au moins une personne qui aurait pu parler de moi, et je souris en pensant à elle.

La discussion était assez peu pratique, avec Viconia qui conversait avec Brohan au-dessus du géant et de moi-même. Il m’intriguait toujours un peu, et le fait que ce soit le seul dont j’ignorais le nom participait grandement à ce mystère. Mais mon attention portée sur les combats retint mes prochains mots. Renor était en très mauvaise posture, entourée comme elle l’était, et alors que j’avais loupé les quelques actions qui avaient mené à cette situation, je ne pouvais que penser qu’un piège tendu par un de ceux qu’elle poursuivait s’était refermé sur elle, et quand l’un d’entre eux commença à mentionner la vengeance de leur frère tombé. Aussi rapidement qu’elle avait été encerclée, elle tomba, et se retrouva éliminée bien trop vite. Je ris, d’un petit rire clair et cristallin à peine retenu dans un effort pour n’offenser personne, ni son ami, ni sa sponsor.

Sans grande réussite j’imaginais, avant de ressentir le besoin de rajouter quelque chose alors que mon rire s’estompait peu à peu. « Elle était plus agile la dernière fois. » J’étais un peu déçue, forcément, mais je restai penchée sur l’arène, remarquant à peine l’intérêt que portait mon voisin humain à son champion. Il n’y avait rien de bien intéressant maintenant, et je n’avais qu’à reporter à moitié mon attention sur les réactions des uns et des autres. La seule idée qui ne quittait pas mon esprit et me donnait encore envie de rire était la pensée que Magyaok avait sûrement capturé cette chute ridicule dans sa mémoire… Non, pas vraiment ridicule, elle ne l’était que parce que je pensais déjà à comment je pourrais la mentionner à nouveau lorsque je croiserais Renor.

Les humains, être inférieurs  imbus de leur supériorité factice. Ils vivent simplement parce que son peuple laisse le sien croitre…  Elle connait aussi Oesgard, contrairement à ceux là, la Sesmika connait ses devoirs … On invite des gens et on ne se renseigne même pas? Elle devrait les inviter pour des vacances longues durées au Puy. Veldryn se rapproche de nouveau et lui murmure quelque chose à l'oreille qui fait bien sourire Viconia. Et le nom de l'émissaire se perd dans les clameurs de la foule. 

Non la mienne est celle qui tient l'épée… Mais je ne vous entend pas bien Broman émissaire D'escarrede… Désolée.

Dit elle par dessus l'exclamation qui vient de s'emparer de l'arène et reporter son attention sur l'épreuve en cours. Oui, Oesgard… L'Enchanteresse tourne la tête pour voir Shyn'Tae encerclée et préférer une retraite sans dommage à une expulsion forcée… Elle est intelligente. Aucunement décue par la dynamiste, Viconia sourit de contentement.

Le rire cristallin d'Aerianna attire les yeux d'émeraude rougeoyants vers l'humaine.

Elle était plus agile la dernière fois. 

Oh, ca dépend… Elle est très agile et tenace…  quand elle s'y met… Quel breuvage me suggérez vous?

Non, la divine Comète est tombée et il n'y a plus rien d'intéressant… Sauf peut-être cette demoiselle qui n'est point effrayée par leur sombre présence. La curiosité de l'arcaniste est attisée par Aerianna.    
j'aime goûter à l'Aveugle. 

Le double sens de sa phrase peut être causé par sa maitrise imparfaite de la langue ou parfaitement voulue. Viconia caresse doucement une longue mèche blanche d'un air absent.

La grande eldéenne avait l’air de s’amuser avec des sous-entendus et je me tournai vers elle. Je rougis un peu en imaginant une réponse que j’aurais pu servir à Viconia alors qu’elle rebondissait à ma mention de l’agilité de la gladiatrice. Mais ce n’était ni l’endroit ni le moment, et pour peu que certaines choses aient été dites, elle savait exactement de quoi je parlais. Concernant les breuvages, je ne pouvais vraiment pas lui avouer que je ne connaissais aucun de leurs noms, et c’est avec assurance que je lui répondais. « N’importe lequel fera certainement l’affaire. Geresh ne pourrait accepter la médiocrité. »

Je me tournai ensuite vers Brohan alors qu’il s’était légèrement intéressé à propos de mon champion. Bien sûr que non, je ne pourrais rien organiser s’il survivait aux Grands Jeux. Il gagnerait évidemment et je serais submergée de demandes de ce genre, je ne pouvais pas offrir gratuitement une telle faveur au premier émissaire d’Oësgard que je pouvais croiser, même si père ne s’en empêcherait pas. Mais je ne pouvais pas non plus lui dire tout ça. « S’il est victorieux et que vous parvenez à me trouver je vous promets de voir ce que je peux faire. C’est qu’il serait particulièrement prisé. » Une vague promesse et je me sentais tirée d’affaire.

Non, vraiment, il n’y avait plus rien d’intéressant ici depuis que Renor s’était écroulée, et même le géant eldéen m’agaçait par son silence. Ne voyant aucun intérêt à rester là je me tournai vers l’eldéenne pour la saluer d’un bref mouvement de tête. « Viconia. » Puis vers le géant, que je saluai avec un petit sourire en plus. « Ami de la gladiatrice déchue. » Avec un volte-face j’avais Brohan devant moi. « Brohan d’Oësgard, je suis sûr que nos chemins se croiseront à nouveau. » Je m’exfiltrai de la zone en glissant derrière Brohan, ne pouvant m’empêcher de le frôler avec les quelques plaques de mon armure. « Pardon. » Je dis, avec un petit sourire innocent.