La douzième année de ce onzième cycle porta son lot de surprises et d’évènements plus ou moins retentissants. Thorgrel Poing-De-Fer n’était plus là, et il fut destitué de son poste de Gazanundi de Lante. De moins en moins présent, de plus en plus préoccupé, il n’était plus que l’ombre de lui-même, sa gloire tant méritée se posant comme unique bouclier face aux barbes curieuses et aux Dawis trop oppressants. Un Nain aussi illustre que Thorgrel ne pouvait pas être absent, ne pouvait pas manquer à ses responsabilités, tout comme il ne pouvait pas être source d’échecs, de craintes ou d’inquiétudes comme les Umgis peuvent l’être. Un Nain est solide, capable et résistant à toutes les épreuves, quoi qu’il arrive. Aussi avait-il été déposé, après quoi, on n’entendit plus parler de lui sinon par les rumeurs colportées ça et là par les clans des plaines qui, disait-on, voyaient par endroits le
Wirmdrengi errer sans but, divaguant à moitié illusionné par son esprit brisé. Dés lors, Harald fut propulsé au centre de la gestion de Lante, des plaines du Brissalion et du Lörn, au sien du conseil composé de l’Onagaraz, des Hauts-Prêtres et des doyens des clans. Après bien des années à avoir combattu aux côtés de Thorgrel et du clan Poing-De-Fer, après avoir été nommé première hache de Lante, il devait maintenant encaisser le départ, l’exile et les sombres rumeurs sur ce Nain qu’il estimait tant.
Le reste de l’année fut attribuée aux travaux sur l’Hunzrung Langk, à la résistance face aux Wandrais et à la gestion de la cité. Et la nouvelle de l’existence d’un dragon vert et de sa progéniture dans les Wandres n’était pas pour arranger la situation. Pas du tout. Si Harald n’était en aucun cas inquiété par cette présence, trouvant là une consolation dans le fait que les sauvages du Sud allaient devoir composer avec cette malédiction, le fait que les offensives Wandraises s’accentuent contre le mur qui achevait d’être construit avait de quoi lui faire des cheveux blancs dans sa grande tignasse brune. Y faire face n’était pas un problème en soi, car les attaques des sauvages étaient toutes sauf organisées, et bien souvent, user des armes de siège et de jet suffisait à anéantir une grande majorité des forces attaquantes. Cependant, les attaques étaient autant de moments dédiés à la défense du mur et non à sa construction, ce qui avait le don d’agacer Harald. En conséquence, il ordonna la suspension des autres travaux de défense intérieurs, et concentra les effectifs et les ressources à la sécurisation et à la construction du mur, qui fut terminé durant le début de l’hiver. Enfin, le Sud du Zagazorn était sécurisé, les portes terrestres et fluviales pouvaient fonctionner pleinement et les taxes rentraient régulièrement, offrant une source de revenus non négligeable.
Et, pour terminer, c’est après tous ces efforts et conscient de la situation que Harald se proposa pour devenir le prochain Gazanundi. Bien sûr que l’accession à un tel poste était un grand honneur pour Harald. En plus d’être le premier Brise-Os à accéder au poste d’Ongaraz, il devenait en plus le premier de son clan à devenir Gazanundi de Lante. Imaginez l’honneur, la fierté, rejaillissant autant sur le clan que sur Harald en personne… Et, imaginez-le ressentit d’accéder à un tel poste uniquement parce que le prédécesseur avait vraisemblablement succombé aux vicissitudes d’une vie difficile. Harald était autant tiraillé par la fierté que par la tristesse. Mais il n’en ferait rien. Le Zagazorn méritait tous les efforts qu’un guerrier pourrait offrir, et l’honneur lui dictait d’œuvrer encore et encore jusqu’à-ce que les portes du Mogankordum lui soient grandes ouvertes. C’est dans cette optique qu’Harald se rendit sur le mur au beau milieu de l’hiver, afin de l’inspecter une dernière fois, de donner de dernières indications et, surtout, d’admirer avec fierté ce fleuron de l’ingénierie Naine qui ferait pâlir n’importe quelle nation. Ce que les nains ne possédaient pas en magie, en alchimie ou en savoirs dépendant d’une culture Elfique ou Humaine, ils le compensaient admirablement bien par leurs talents de bâtisseurs, d’ingénieurs, d’architectes, de mineurs, de guerriers et de runistes. Les runes… Si l’existence de ce savoir n’est pas taboue, le savoir en lui-même, et toutes les formes qui s’y déclinent font saliver tous les mages de Miradelphia. Nombreux sont les seigneurs, les princes, les chevaliers et les rois qui désirent se voir obtenir une pièce d’armure Naine aux runes scellées. Un tel trésor vaut son pesant d’or…
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Harald avait fait le déplacement au beau milieu de l’hiver, et le froid glacial et la morsure du vent ne suffisaient pas à entamer l’ardeur du nouveau Gazanundi. Il était bel et bien décidé à inspecter le mur dans sa totalité, et il y prendrait tout le temps nécessaire. Qu’importent les conditions climatiques, les assauts des sauvages, la menace du dragon, il scruterait chaque souterrain, chaque infrastructure, foulerait chaque pierre et vérifierait chacune des armes de siège du mur, dusse-t-il y ne point fermer l’œil jusqu’à la fin de sa besogne. Il était accompagné de
Olfdar Hache-Rousse, Thane du clan Norisson et ancien conseiller royal de Lante, Kerkadrengi, lequel avait passé ces dernières années à diriger lui-même la construction, les améliorations et le contrôle du mur sous les ordres de Thorgrel, puis ceux de Harald. Il était également accompagné de ses conseillers, et de certains officiers de l’armée de Lante. Le groupe était mené par Olfdar lui-même, qui détaillait à l’envie chaque parcelle du mur, qu’elle soit terrestre, souterraine, ou sur les remparts. Tout ce déroulait à merveille, bien que la morsure du vent glacial et le blizzard empêchait de sortir les têtes des épaules et obligeaient les barbes à être correctement emmitouflées.
- Unité souterraine générale:
- Unité souterraine de réserve:
Le mur était organisé en plusieurs sections, lesquelles possédaient une organisation quasiment similaire. Le gros de la vie sur le mur – car le nombre conséquent de guerriers, de bâtisseurs, de bucherons et de forgerons qui s’y trouvaient nécessitait des logements et des lieux de vie – se faisait sous terre, généralement sur un à deux niveaux, mais parfois, il pouvait y avoir jusqu’à quatre niveaux souterrains dans les sols suffisamment solides pour supporter de telles constructions sans affaiblir les fondations du mur adjacent. Sous la terre, on trouvait généralement un casernement de cantonnement, une infirmerie, un lieu de culte, des cuisines, des réserves de provisions et autres saloirs, et un mess. Chacune de ces infrastructures avait un volume variable en fonction de la taille de la portion de mur assignée et du nombre de guerriers qui servait ladite portion. Très régulièrement, on trouve des champignonnières taillées dans la pierre, permettant la culture de champignons très nourrissants. Enfin, des réserves de Naphtes furent construites à intervalles réguliers, avec toute la mécanique permettant sa manutention sans risques. Ce liquide extrêmement inflammable, qui remplit les fosses au-devant du mur, était stocké et manutentionné grâce à des systèmes de pompes à bras à cavitation et un réseau de tuyauterie, limitant les risques d’incendies. Bien sûr, cette organisation était très générale, et d’autres salles avec d’autres utilités furent construites et aménagées.
Les murailles furent pensées de manière à repousser n’importe quel envahisseur, qu’il soit sauvage ou non, doté d’armes de jets ou de sièges. Les murs font épais, les contreforts sont creusés profondément dans le sol et répartissent le poids de la structure de manière à ce que le mur ne penche pas, ne s’enfonce dans le sol. Généralement, les chemins de ronde sont d’une largeur de 3m20 afin de faire passer plusieurs nains de front et que le passage puisse se faire même lorsque des soldats sont affectés aux créneaux. Des braséros éclairent les lieux, tandis que des armes de sièges sont postées à intervalles très réguliers. Des râteliers d’armes et des munitions sont disposées au plus près des postes de combat afin de parer à toutes les éventualités. Les guerriers alternent sur le mur, de sorte qu’il y ait toujours au moins un binôme en alerte. Les informations sur l’organisation des tours de garde sont gardées secrètes, et plusieurs schémas tactiques sont adoptés afin d’éviter qu’un ennemi patient et observateur ne puisse comprendre comment les rondes s’organisent.
Pour défendre le mur, des moyens stratégiques terriblement efficaces furent trouvés. Certaines portions sont dotées de chaines en acier renforcé, lesquelles, cachées dans des structures invisibles pour quiconque n’en serait pas au courant, permettraient de balayer un éventuel assaillant usant d’échelles de siège ou de grappins.
- Remparts - niveau intermédiaire:
D’autres portions du mur sont plus élargies et mesurent 5 mètres de largeur, afin d’accueillir des systèmes plus complexes. Sorte de niveau intermédiaire taillé dans le roc et communiquant avec l’étage supérieur des remparts, il accueil grand stock de munition et est doté de meurtrières horizontales sur toute la longueur de la portion. Ces meurtrières sont suffisamment larges pour pouvoir laisser passer une lame, une scie, une pique, une faux ou toute autre arme contondante ou tranchante qui pourrait servir à repousser, découper, trancher une échelle, une corde ou un assaillant malchanceux. Pour plus d’efficacité, certaines portions sont dotées de lames en forme de faucilles actionnées par un mécanisme ingénieux permettant à deux lames de se croiser, prenant en étau la moindre structure qui pourrait avoir l’outrecuidance de gravir le mur. Quelques autres meurtrières, verticales cette fois, très fines, permettent d’user de piques afin d’embrocher un assaillant peu chanceux ou de simplement repousser une échelle. Ces portions sont nombreuses, mais pas présentes partout.
Si la terre est truffée de réseaux souterrains, de salles creusées dans la pierre et de lieux de vie, tandis que le mur en lui-même est parsemé d’outils militaires ingénieux, témoignage supplémentaire de l’excellente ingénierie civile et militaire du peuple du Nord, au niveau du sol, derrière les fortifications, la vie foisonne également. C’est à ce niveau que se trouvent les forges, les enclos des animaux destinés à la guerre ou à l’élevage, les ateliers de tailleurs de pierre, de bucherons et les scieries, les entrepôts servant à stocker toute sorte de denrées, les postes de commandement en dur et d’autres bâtiments et infrastructures diverses et variées. Tout cette organisation permet aux Nains qui servent ou œuvrent sur ou pour le mur de vivre et de travailler. Cette fortification militaire est « indépendante » en quelque sorte, puisqu’elle dispose de tout le nécessaire pour tenir la frontière et vivre sans avoir besoin de quoi que ce soit, à part les convois de blé, d’orge et autres céréales en provenance des plaines du Brissalion.
- Pour sûr, cette forteresse est digne du génie de notre glorieux royaume ! Baruk ! Fiers Dawis et fières bavettes, vous avez participé à la réalisation d'un chef d’œuvre architectural, et d'un ouvrage défensif de qualité. C'est le fleuron de notre génie militaire ! Hargneux cognards, solides bucherons, forgerons aux mains brûlantes, grands éleveurs, vous pouvez être fiers du travail accompli ! Dit Harald en tenant audience aux Dawis présents qui l'acclamèrent avec joie, tout heureux qu'ils étaient de la reconnaissance officielle d'un labeur dont ils s'acquittent depuis trois longues années.
- De belles paroles Gazanundi ! Enfin, la frontière Sud de notre royaume est bien gardée, et le Groman-Rik lui-même pose ses yeux sur nous en ce jour. Notre pays est sûr !Commenta Olfdar Hache-Rousse.
- Ip Kerkadrengi ! Mais ce fardeau fut plus le tiens que le miens, aussi, savoure pleinement cette ovation et cet honneur que tu mérite plus que n'importe quel autre poilu !Répondit Harald en posant une main amicale sur l'épaule du Thane.
- Je me tiens à votre disposition et à celle du Groman-Rik, Gazanundi ! Dites-moi où l'on a besoin de mes services et je m'y rendrais prestement !
- Tu es libéré de ton fardeau Olfdar ! Dorénavant, tu peux retourner auprès des tiens. Tu as bien mérité de revoir ton clan et la quiétude de ses membres.
L’euphorie dominait les cœurs des Nains qui s’étaient amassés devant Harald et sa troupe. Les barbes s’animaient de cris et de sifflets, la bière jaillissait des chopes qui s’entrechoquaient et on s’embrassait et on se prenait dans les bras, trop heureux qu’ils étaient tous à voir trois années de labeur couronnées d’un succès retentissant. Nul doute que le Zagazorn pourrait respirer maintenant, et compter sur la solidité de sa frontière Sud pour se concentrer sur le Nord et la reconquête des terres ancestrales qui leurs furent reprises lors du Voile. Dorénavant, une grosse partie des ressources qui étaient vitales à la construction du mur, allaient pouvoir être allouée aux autres projets. Harald y pensait depuis quelques temps : attribuer des barbes compétentes et des ressources primordiales pour les travaux d’excavation des ruines de Kirgan, la capitale du Zagazorn. La construction de voies souterraines reliant Lante à Thanor était un projet royal, pour autant, Harald y souscrivit avec plaisir. De tels projets pourraient connaître une avancée fulgurante avec le retour de moyens, de mains d’œuvres et de ressources importantes.
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La visite n’était pas terminée, et très vite, la délégation de Lante allait se pouvoir admirer et contrôler le verrou central – au sens figuré – de l’Hunzrung Langk : La porte de fer, et la porte fluviale. Situé à l’Est du mur, contrôlant les allers et venus sur la principale route marchande du Zagazorn et sur l’Oliya, ces artères vitales devaient être contrôlées afin de s’assurer que le territoire du Zagazorn était inaccessible pour quiconque ne serait pas autorisé à entrer, et être en adéquation avec la politique autarcique du Groman-Rik. C’est également là que sont prélevées les différentes taxes : droit de foulage, droit de passage, droit de douane… Une rentrée d’argent conséquente, et un contrôle absolu sur les entrées et sorties du territoire. Inutile de dire que l’opiniâtreté légendaire des nains se vérifie ici et à chaque transaction. Inutile de marchander, inutile de corrompre, inutile même d’essayer d’outrepasser les regards perçants et l’honneur des Nains. D’aucun savait que les Hommes essayaient souvent, très souvent même, d’obtenir des rabais, des passes droits, et la plupart du temps, ils écopaient soit d’une amende, soit d’un refus d’entrer sur le territoire. Et parfois, des deux.
- Porte de fer :
- porte de fer :
Le dernier contrefort et le dernier pan de mur se trouvaient dans le fleuve et non de l’autre côté de la rive. Construire sur le territoire des Elfes aurait été une insulte et un acte très probablement considéré comme belliqueux. Les tourments de la Malenuit continuent encore de tourmenter le Zagazorn, Kirgan est encore en grande majorité détruire et la menace Gobeline est toujours présente dans les Monts du Septentrion, aussi, dégrader la situation frontalière avec le territoire d’Anaëh n’était absolument pas admissible. C’est ce qui explique le fait qu’une petite partie du fleuve n’est pas directement contrôlée par la porte fluviale et barrée par les herses qui y sont implantées. Heureusement, cette petite partie n’est pas suffisante pour laisser passer une embarcation commerciale, et quiconque tenterait tout de même de forcer le passage se retrouverait soit à violer le territoire des Elfes, soit à subir les foudres des armes des Nains.
La porte terrestre, aussi appelée « Porte de Fer » est faite de deux passages : le premier est barré par une énorme porte de fier et d’acier aux gonds enchâssés à l’intérieur de la coursive, et donc, protégés d’une attaque extérieure. Dans ladite coursive se trouve deux postes de douane : un pour les entrants, et un pour les sortants. Là sont collectées les taxes, les marchandises sont contrôlées, les identités sont prélevées et les passages sont filtrés. Une deuxième herse, faite de fer cette fois et dont les mécanismes permettent de la lever ou de l’abaisser, permet une seconde protection de l’entrée sur le territoire. Au-dessus de la coursive, des meurtrières permettent de défendre la porte d’éventuels assaillants se trouvant au pied de la porte, en usant d’arc ou d’arbalètes, mais également de pierres, d’huile bouillante, de chaux ou de poix. Et pour couronner le tout, la concentration en armes de siège y est très forte et permet de dissuader et, si besoin, de repousser n’importe quel assaillant.
Pour ce qui est de la porte fluviale, il s’agit d’une autre herse aux barreaux épais et rapprochés, empêchant même à un individu de les dépasser en nageant. La herse se lève et s’abaisse grâce à un dispositif savamment installé dans l’infrastructure et permettant un contrôle à distance. Un autre poste de douane permet un contrôle des individus et des marchandises et une collecte de taxe, et une aire de déchargement et de contrôle fut aménagée afin de maximiser l’efficacité des contrôles, quitte à vider entièrement les cales des navires marchands.
- Rien ne peut passer Gazanundi ! Rien ni personne ! Tout est systématiquement fouillé, contrôlé et répertorié. Et les poilus qui montent la garde s'assurent qu'aucun freluquet ne tente d'outrepasser les règles. Les taxes sont collectées et stockées dans des coffres forts avant d'être renvoyés à rythme réguliers jusqu'à Lante par convois sécurisés. Tout est fait pour que rien ne nous échappe. Expliqua Olfdar à Harald après presque trois ennéades éreintantes de marche, d'observation et de contrôle.
- Parfait Kerkadrengi ! Parfait ! La pièce maîtresse de cet ouvrage digne de nos aïeux ! Le père des bataille lui-même doit regarder cette prouesse et ressentir grande fierté !
- Puisses-tu avoir raison !
- Que le compte rendu soit rédigé sur vélin et paraphé par ma signature et celle d'Olfdar. Un exemplaire sera envoyé en missive au Groman-Rik afin de le tenir au courant de l'avancée des travaux. Il sera sans doute heureux et fier de savoir que la frontière Sud de son royaume est enfin puissamment gardée. Ordonna Harald à un de ses conseillers les plus proches.
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- Devant le mur:
Mais une frontière ne serait pas imprenable uniquement parce qu'un gros mur en barre l'accès. De gigantesques travaux de terrassement, d'excavation et de déboisement furent entrepris. Tous les arbres devant le mur et sur plusieurs dizaines de mètres de distance furent coupés afin de dégager la vue aux défenseurs du mur. A proximité du mur, et sur vingt à trente mètres de distance, la terre fut excavée afin de créer une pente en dénivelé. Le dénivelé permet ainsi de donner un minimum de fil à retordre pour un éventuel assaillant tentant de dresser des échelles d'assaut. De même, un tel dénivelé entraverait toute formation défensive et impacterait sur l'équilibre des assaillants obligés de lutter contre la pente du terrain, contre les tirs et contre les affres qu'une course effrénée pourrait engendrer.
Au pied du mur se trouve un fossé creusé et dans la pierre et aménagé de telle sorte qu'il puisse contenir une grande quantité de
Naphte, ce liquide extrêmement inflammable qui rendrait presque impossible toute tentative d'attaque du mur par des échelles ou des cordages. Le mur est ainsi très largement surélevé par rapport au niveau de la terre, ce qui fait une dernière complication supplémentaire. Attaquer cet endroit serait, de toute façon, pure folie.
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L'Hunzrung Langk était enfin terminé. Chaque portion avait été vérifiée et contrôlée afin de s'assurer de la qualité des matériaux, de la construction en elle-même et de la disposition des armes en fonction des schémas stratégiques dessinés à l'origine par Thorgrel et Lorgrund, et les modifications apportées par Harald lui-même. Cette ultime visite dura un peu moins de trois ennéades. Harald et sa délégation étaient fatigués, éreintés même, tandis que le froid engourdissait leurs muscles et glaçait leurs os. Mais pour le Zagazorn, aucun sacrifice n'était trop grand, et Harald ne comptait reculer devant aucun effort ni aucun combat.