[Guerre de Merval - An XIV] Bataille de Merval

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Francesco di Castigliani
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MessageSujet: [Guerre de Merval - An XIV] Bataille de Merval    [Guerre de Merval - An XIV] Bataille de Merval  I_icon_minitimeLun 25 Mar 2019 - 17:40



Bataille de Merval
Côté mer

Cycle XI; début Barkios l'an XIV.

Totalement acculée, Merval-la-Cité est aux abois. Elle est d'une part assiégée sur terre par une forte coalition composée des plus fougueux et téméraires seigneurs du Royaume, mais aussi sur mer par une armada conséquente réunissant les meilleurs capitaines que la péninsule ait connue. Le siège demeure depuis plusieurs ennéades déjà. Sans éprouver d'essoufflement, grâce aux aides apportées par le régent Aymeric de Brochant et sa Majesté Bohémond Phiram, les coalisés attendent le moment propice afin de porter le coup de grâce à la cité. Sans relâche, une pluie de météores enflammés s'est abattue sur la ville, laissant peu de répits à ses défenseurs et ses habitants. A l'intérieur même, la gronde commence à se faire entendre parmi les plus réfractaires aux cultes draconniques. De chaque côté, les uns et les autres guettent le moindre signal qui donnera l'ordre de mener le dernier assaut.  
~~~
Francesco sentit la forte houle faire tanguer la Carolina. Le vieux marin manqua, durant un bref instant, de trébucher au moment où l'un de ses hommes l'aidait à enfiler sa cuirasse. Peu fier de cet instant peu glorieux, Francesco s'était rattrapé in-extremis à la petite console qui lui servait à la fois à entreposer ses effets personnels, mais aussi les cartes nautiques. Bien évidemment, il avait fallu qu'il ait laissé un verre de vin à moitié plein la veille pour qu'icelui se renverse goulûment sur sa tabatière. Le marin poussa un grognement animal en se rendant compte de son erreur. Son second, lui, chercha par tous les moyens à nettoyer les tâches de vinasse. L'opération fut vaine avant même qu'elle ne commence.

Finissons-en avec cette armure, Ludovico. Oubliez cette tabatière, je n'en aurai plus besoin là où nous allons.

Il lut de l'inquiétude dans le visage du jeune homme qui le suivait quotidiennement comme son ombre. Ludovico était d'une constitution plutôt chétive et frêle. Contrairement aux hommes aux peaux basanées et usées par les vents, le sel et le soleil. Celui-ci était pâle comme un cul, et devenait même livide en étant trop exposé aux éléments. La houle fit de nouveau tanguer le navire et Francesco dut, cette fois-ci, rattraper le jeune marin. Il le sentit trembler et suer à grosses gouttes, dès lors qu'il lui toucha le bras pour l'empêcher de chavirer à son tour.

Ça y est, c'est le grand jour, Amiral... ?

Peut-être, mon garçon, répondit-il sans même connaître la réponse. Mais plus tôt vous finirez de sangler cette fichue cuirasse, plus tôt nous en aurons le cœur net.

La formule marcha à la perfection. En deux temps, trois mouvements, le petit termina de le saucissonner dans son armure rutilante d'Amiral royal, et voilà qu'il fut enfin prêt à rejoindre le pont où l'attendaient ses hardis compagnons. En guise de dernière touche vestimentaire, il s'affubla de son chapeau qui ne l'abandonnait jamais lors de ses sorties en mer. Si l'on pouvait émettre quelques doutes quant à son esthétisme peu distingué pour un personnage de son rang, on lui reconnaissait toutefois un aspect plus que pratique lorsqu'il était question de s'épargner les rayons éblouissants de l'astre solaire.

Il est temps, Ludovico.

Francesco gravit quelques marches avant d'arriver sur le pont supérieur. Son premier cercle d'officiers l'y attendaient, eux aussi vêtus de leurs cuirasses et de leurs habits de guerre. Les mains jointes dans le dos, l'Amiral passa devant eux et leur donna une attention particulière à chacun d'eux. En retour, les officiers le saluèrent en inclinant légèrement leurs têtes. Son début de promenade sur le pont fut marqué par plusieurs projectiles enflammées survolant la Carolina pour finir leurs courses sur le port de Merval-la-cité. Il ne vit pas leur point de chute, mais à en juger par le bruit que cela fit, le vieux marin devina quelques dégâts importants. Par chance, des vies auraient été balayées par dizaines et seraient des piques en moins à combattre.

Les mains maintenant posées sur la balustrade du pont supérieur, il n'eut plus qu'à contempler tous les membres de son équipage qui avaient cessé leurs affaires pour venir se ranger en bon ordre à l'annonce de sa venue. Là aussi, il partit les rejoindre pour les passer en revue et leur offrir un geste, ou même un simple regard afin de les encourager. Certains reçurent alors des frappes amicales sur leurs épaules. D'autres une poignée de main. Pour ceux qu'il connaissait depuis maintes années, il en vint même à leur demander des nouvelles de leurs enfants où si l'épouse lui préparerait des courgettes gratinées. Il ne vit, au final, que des hommes prêts à tous les sacrifices pour le suivre dans ses aventures les plus folles. Certains se seraient alors pavanés dans tant d'admiration, et ne se seraient point privés de crier à tous leur notoriété. Mais après des années à traverser les océans, à partager le même pain, le même sel. Après des décennies à avoir côtoyé l'antre de la mort en de très nombreuses reprises, Francesco était resté humble et continuait, malgré tout, à apprécier la compagnie de ses hommes. Ils étaient tout bonnement sa seconde famille.

Emilio Corazon, son bosco, arriva à ses côtés, tandis qu'il se tenait à présent à la proue du navire et scrutait avec attention les flammes s'échappant du port mervalois. Quelques encablures, seulement, les séparaient de la ville assiégée. Le premier cercle, dont la Carolina faisait partie, était en ordre de bataille. Des navires, provenant de moult contrées le composaient, avec à leurs têtes des capitaines et amiraux aguerris. Ils étaient tous venus pour répondre à l'appel aux armes du Roi Bohémond. Pour sûr, le blocus maritime avait connu quelques aléas depuis sa mise en place. C'est que les coquins de Merval avaient eux aussi prévus quelques joyeusetés pour leur éviter de s'embourber dans l'ennui. Il y avait eu, alors, des sorties éclaires frappant au hasard dans le dispositif. Résultat : De beaux navires gisaient maintenant dans les profondeurs. Quelques brûlots, chargés de feux pharétans, avaient eux aussi réchauffés quelques âmes. Mais dans l'ensemble, la coalition royale s'en était tirée et s'apprêtait maintenant à frapper de concert avec les forces terrestres assiégeant elles-aussi la cité.

Et maintenant, Amiral ? s'enquit Emilio.

Maintenant nous attendons le signal, souffla-t-il en voyant une embarcation mervalloise se consumer. Et prions nos dieux pour que ces foutus draconniens ne parviennent point à invoquer les leurs. Nous savons ce que cela en a coûté à Nelen...  


Dernière édition par Francesco di Castigliani le Mar 30 Avr 2019 - 13:28, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: [Guerre de Merval - An XIV] Bataille de Merval    [Guerre de Merval - An XIV] Bataille de Merval  I_icon_minitimeLun 1 Avr 2019 - 11:49



Bataille de Merval
Côté mer


[Guerre de Merval - An XIV] Bataille de Merval  246i


Il y eut un silence de mort qui régna durant plusieurs minutes parmi tous les équipages. Leurs yeux étaient tournés vers la cité acculée, et tous, guettaient le signal. Tout commença par des cris que l'on entendit, et qui résonnèrent comme de lointains échos. Dès lors, ces cris redoublèrent pour finir par être permanents. L'assaut des osts coalisés avaient probablement débuté. Là enfin, il apparut un nuage noir au dessus de la cité. Celui-ci s'éleva si haut que tous les hommes présents, crurent que le Roi lui-même le verrait de son palais. La main droite de Francesco vint chercher le contact du pommeau de son épée et le serra de toutes ses forces. Le signal était apparut, la bataille finale – l'espérait-on – pourrait enfin commencer.

Toujours à la proue de la Carolina, l'Amiral royal se retourna pour faire face à ses hommes, « Tous à vos postes ! Branle-bas de combat ! », leur cria-t-il comme s'ils avaient vraiment eu besoin qu'on leur ordonne. Tous s'activèrent alors avec frénésie et ardeur. Comme un mécanisme bien huilé, la Carolina ne mit guère de temps avant de faire cap vers le port. Francesco, lui, regagna le pont supérieur et ordonna à ses portes-fanions d'envoyer ses ordres pour le départ des troupes. A sa gauche, les navires royaux, sybronds et ysarois fendraient les eaux pour débarquer leurs hommes dans le port. De l'autre, les soltaris, ydriains, et les suppléments provenant du Royaume, manœuvreraient en direction  d'éventuels navires  mervallois faisant cap sur eux pour les contrer. La Carolina, quant à elle, s'attarderaient entre les deux actions pour garder une vue d'ensemble sur cette bataille navale et y faire envoyer des renforts, dans tous les points manquants.

Par là Amiral ! Hurla le jeune Ludovico. Merval nous envoie ses navires !

Francesco suivit la direction pointée du doigt par le marin et découvrit, sans réel étonnement, une vingtaine de navires mervallois sortant de leur nid pour venir intercepter les appareils pour le débarquement. L'ordre fut envoyé à son neveu Adriano, dirigeant le vaisseau amiral soltari Gloria, de faire cap sur l'ennemi, afin de permettre le débarquement dans le port. Le combat était désormais inévitable et le cœur de Francesco se mit à battre comme jamais. Du haut de sa caravelle, sa vision d'ensemble était parfaite, au point qu'il eut même le sentiment d'être en compagnie de son neveu.

–Amiral, les vents sont favorables aux Mervallois, cinq de leurs vaisseaux vont arriver sur nos appareils devant débarquer au port.

Il serra les dents, et frappa du point sur la balustrade. Les dieux leur jouaient un mauvais tour en les privant de vents favorables. Cela leur en coûterait sûrement très cher dans les prochains instants de la bataille.

Faites donner l'ordre à l'amiral d'Ydril de les intercepter, et à mon fils Massimo de protéger les arrières des navires de débarquement.  

Les navires soltaris, en tête, furent les premiers à aborder les mervallois. L'impact dut être brutal et violent pour que l'on entende d'aussi loin les craquements de bois. La Gloria de son neveu était elle-même maintenant engagée, et Francesco vit les hommes s'affronter à coup de piques et de flèches. Là aussi, les cris d'effroi et d'agonie devinrent subitement familiers. La flotte soltaar devint vite salement éprouvée par la résistance héroïque de ces mervallois, dont certains lui étaient bien connus. Il était très probable que la flotte de son neveu eut pu se retrouver encerclée, sans le vaillant concours de leurs alliés issus du reste du Royaume et des ydriains, qui ne manquèrent point de témérité et d'audace.

Soyez prêt à donner le signal pour leur envoyer des...

Une immense explosion l'empêcha de finir sa phrase. La déflagration fut si intense et si violente que l'onde de choc faillit faire chavirer la Carolina. Il s'agissait des cinq navires mervallois qui étaient sortis de leur formation pour prendre les navires de débarquement par le flanc. Les navires ydriains, à qui il avait donné l'ordre de les intercepter, avaient bien fait leur mission. Seulement, Francesco venait de réaliser que les vaisseaux ennemis avaient du être chargé de...

DU FEU PHARETAN !!!! Cria son Bosco juste derrière lui. LEURS NAVIRES EN SONT REMPLIS, SAINTE MERE !!!

Dire qu'il ne s'était pas préparé à cette éventualité était un mensonge. Lui et tous les amiraux étaient parfaitement conscients des dangers qu'ils encourraient en livrant bataille aux mervallois. Ydril venait d'en faire les frais en voyant plusieurs de ses navires totalement anéantis. Une odeur de chair brûlée ne tarda pas à se répandre dans les airs, et l'on vit des hommes vider leur estomac en voyant les marins en proie aux flammes pharétannes se jeter dans la mer. Pourtant, l'Olienne brûlait aussi à l'endroit de l'impact. On vit ainsi ces pauvres marins, livrés à une mort inévitable. Ce fut le navire de son fils Massimo qui arriva en premier sur les lieux pour tenter d'extirper quelques survivants. Mais après quelques minutes seulement, il ne restait plus rien des mervallois ou des ydriains.

La menace des mervallois sur les navires de débarquement sybronds, ysarois et royaux, était désormais nulle. Les premières longues barques, emmenées à la force des bras des rameurs, ne tardèrent d'ailleurs pas à accoster dans le port de la cité. Les premiers hommes débarqués ne mirent pas longtemps avant d'emmener échelles et béliers aux portes menant à l'intérieur de la ville. Les défenseurs, sûrement trop occupés à repousser l'assaut des osts coalisés de l'autre côté, n'avaient laissé qu'une garde moindre pour protéger la face maritime. Si l'opération, de ce côté-ci, se déroulait comme il l'avait espéré. L'autre bataille, qui se jouait encore contre le fleuron de la marin mervalloise, l'inquiétait bien plus.

Que le vice-amiral de Montecale prenne le commandement des opérations de débarquement, nous faisons cap sur la zone d'engagement ! Ordonna l'Amiral royal à l'homme se trouvant à la barre. Que tous les hommes soient prêts à combattre sur le pont.



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MessageSujet: Re: [Guerre de Merval - An XIV] Bataille de Merval    [Guerre de Merval - An XIV] Bataille de Merval  I_icon_minitimeVen 5 Avr 2019 - 17:55


L'Olienne s'était embrasée aux abords des digues de Merval. La mer avait tremblé ; d'immenses vagues avaient fouetté les flancs des navires, projetant des gerbes d'écume par delà les bastingages. Le soleil du sud irisait les flots, où s'agitaient les malchanceux dans leur lente agonie.

La guerre, cette immonde puterelle, s'était une nouvelle fois invitée sur les rivages du royaume. Une fois encore, les péninsulaires se jetaient à l'assaut des péninsulaires. Mais celle-ci serait de courte durée, si les Cinq accordaient ce jour là victoire à ceux qui prêchaient la vraie foi.

Se tenant sur le château de poupe de l'Abbondanza, le visage fouetté par les vents, Melkhart di Maldi, frère cadet de la comtesse de Sybrondil, criait ses ordres. Le navire se faufilait au beau milieu de la flotte sybronde, dans le sillage de la Bursina di Oro que commandait l'Amiral sybrond. Ils avaient été épargnés par le piège mervalois ; restait à voir si la chance continuerait à leur sourire longtemps. Melkhart savait d'expérience que la chance était la plus infidèle des ribaudes.

« Bâbord ! criait le Maldi, bâbord ! Tenez vos distances, mordieux ! »

L'air charriait une odeur de bois brûlé, ainsi qu'un écœurant fumet de chair grillée. Ces senteurs funestes se mélangeaient au parfum de sel et de poisson ; de quoi achever de vous donner la nausée. Par chance, Melkhart avait l'estomac et le pied marins.

Il n'avait jamais affronté les affres du Feu Pharétan, mais sa jeunesse passée sur les galères marchandes de son frère l'avait fait braver les flots plus souvent qu'à son tour. Il avait certes mené une existence plus terrestre ces dernières années ; mais à l'occasion de cette campagne, le Sybrond renouait avec ses instincts de jeune loup de mer. Ici, au milieu du tumulte, il était dans son élément. Il n'avait pas le temps de penser, pas le temps de se torturer les méninges ; il fallait agir vite, et le temps ne laissait pas de place au doute.

Quittant l'Abbondanza, Melkhart prit place à bord d'une petite embarcation. Il se tenait au milieu de ses hommes, chahuté par la houle, et contemplait le début de la bataille des Trois Ports qui se jouait devant lui à mesure qu'il se rapprochait de la scène. Les bâtiments colorés lui rappelaient la grand-place de Sybrondil, mais les bannières qui flottaient au vent étaient toutes frappées de l'emblème au Griffon, ne laissant guère d'équivoque. Sur les quais, les embarcations des assaillants vomissaient leur flot d'hommes armés, amenant avec eux le feu et l'acier. Surplombant la scène, l'imposant Pic de Clavel répandait l'éclat de son brasier perpétuel. Les marins mervalois s'en servaient de point de repère, mais le Feu de Clavel avait également une dimension mystique. Melkhart se demanda ce qu'il adviendrait du monument une fois la ville prise ; cela ferait tellement plaisir aux pentiens les plus fervents que d'éteindre cette flamme et de jeter à bas cet héritage païen ; un acte qui risquait fort d'anéantir tout espoir d'apaisement avec la population locale une fois la ville prise...

Mais pour l'heure, encore fallait-il la prendre, cette ville.
Son embarcation venait de gagner le quai ; l'heure n'était plus à la contemplation, mais à l'action.

L'épée à la main, Melkhart di Maldi s'élança dans la bataille.
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MessageSujet: Re: [Guerre de Merval - An XIV] Bataille de Merval    [Guerre de Merval - An XIV] Bataille de Merval  I_icon_minitimeMar 9 Avr 2019 - 17:12



Bataille de Merval
Côté Port



Massimo assista au spectacle se jouant sur les remparts mervallois du haut du château se trouvant sur son navire nommé Majesté. Il avait reçu l'ordre de coordonner les assauts suderons à partir de son embarcation, et d'assurer la progression des assaillants en faisant délivrer un véritable déluge de flèches, de pierres, et de tout ce qui pouvait servir de projectiles. A ce jeu-là, les mervallois n'avaient certainement pas démérité, et n'avait rien à leur envier. Car eux aussi s'étaient préparés à les recevoir et leur offraient à présent une défense inépuisable. Les coalisés du Royaume avaient pourtant bien réussi à s'offrir quelques endroits des remparts, mais la plupart restaient encore au même niveau. Pis, certains se faisaient occire une fois arrivé en haut. D'autres, bien moins chanceux, se faisaient bouillir la carcasse après s'être fait renverser des marmites d'eau bouillante sur leur trogne. Il chutait inexorablement de plusieurs mètres et venaient s'écraser sur leurs compagnons attendant au sol. Ceux de derrière reprenaient alors l'ascension et finissaient bien souvent dans le même état. Heureusement pour eux, les mages de guerre jouaient de leurs sortilèges pour délivrer un combat à la fois majestueux et terriblement inquiétant. En guise de réponse à tout ce déferlement de magie, les défenseurs leur envoyaient du feu pharet. On leur avait dit en amont de la bataille que le port serait moins bien défendu que l'autre versant de la ville. Quid des autres assaillants de l'autre côté alors ? Si l'on avait le sentiment de subir le jugement divin ici, il était à craindre que les autres aient déjà rejoint la voilée dans son royaume. La peur de la défaite l'effleura subitement...  

Il va nous falloir plus d'hommes, capitaine. Demandez à l'Amiral d'en envoyer ! S'exclama son bosco.

Il se retourna et vit le reste de la flotte loin derrière. Une véritable bataille navale s'était engagée. Les soltaris, ydriains et les autres, leur avaient permis de venir jusque-là en interceptant les navires de Merval. Il devenait difficilement imaginable, en voyant un tel déchaînement de violence, que le moindre renfort puisse venir jusqu'à eux. Massimo guetta n'importe quel signal venant du large, mais ne vit absolument rien, si ce n'est le navire de son père faisant route en direction de la mêlée. Celui du contre-amiral de Montecale, quant à lui, semblait avoir disparu on ne sait-où. Les flammes pharétanes, qui brûlaient sur une bonne surface de l'eau, l'empêchèrent bientôt de voir au-delà. Une pensée l'effraya, et le capitaine de la Majesté contempla de nouveau les remparts assaillis.

Je crois qu'il n'y aura plus de renfort à présent, murmura-t-il. Il n'y a plus que nous.

Massimo sortit la lame de son fourreau et ordonna à son équipage de se rendre sur les barques encore disponibles pour gagner le port. D'un côté comme d'un autre, les hommes vinrent poser les rames dans l'eau et s'activèrent sous une pluie d'éclaboussures et de flèches mervalloises. De bons marins se firent transpercer et rendirent leur dernier souffle avant d'avoir pu atteindre les quais sabotés. Lui même dut remercier son bouclier de l'avoir maintenu en vie jusque-là. Ils furent enfin sur la terre ferme et gagnèrent le premier groupe d'hommes en armes.

Où en êtes-vous ? S'enquit-il assez fort au-près du premier gredin à l'aspect plus ou moins encore noble. Il faut prendre les remparts, maintenant !

Le rustaud, l'air ébahi par tout ce qu'il voyait, se tourna nonchalamment vers lui avant de le fustiger du regard comme s'il venait d'insulter sa mère. Il reconnut l'armoirie aux deux soleil d'une vieille lignée ysaroise, et comprit qu'il devait s'agir sans nul doute du signore Giacomo di Finelda.

Pour qui vous prenez-vous mon garçon ? Gueula l'ysarois en se vidant les poumons pour recouvrir le vacarme ambiant. Nos hommes font tout ce qu'ils peuvent, alors faites nous parvenir des renforts avant de nous donner des ordres, par tous les dieux !

Nous sommes vos renforts.

Sa nonchalance fut bien vite remplacée par deux éclairs jaillissant de ses yeux.

Nous sommes perdus...  

Une seconde plus tard, le signore Giacomo se fit transpercer par une flèche qui vint se loger dans son crâne. Pour sûr, Massimo avait bien vu ce qu'il s'était produit. Le projectile avait transpercé l'armure en plate du chevalier. Les hommes du signore le regardèrent à leur tour dans l'espoir qu'il leur donne sûrement la marche à suivre.

Aux remparts !!

Ils mirent tous leurs boucliers sur leurs têtes et prirent la direction des murs parsemés de plusieurs tas de cadavres mis à la hâte pour libérer les accès aux échelles.

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MessageSujet: Re: [Guerre de Merval - An XIV] Bataille de Merval    [Guerre de Merval - An XIV] Bataille de Merval  I_icon_minitimeMar 30 Avr 2019 - 13:12


Du comment la principauté de Merval regagna le Royaume de Diantra après ses années d’égarement.


De source sûre, l’on sut qu’il fallut attendre la fin des matines pour tenter d’entrevoir l’issue de la bataille. Au prix de nombreuses pertes, les coalisés de l’ost royal réussirent tant bien que mal à se faire maîtres des remparts. Une à une, les tours tombèrent et les murs censés défendre la ville ne tardèrent pas à se retourner contre elle. Du quartier portuaire, on vit une véritable pluie de flèches et de projectiles en tout genre, s’abattre et tuer les inconscients restés en dehors de leurs habitations. On sut enfin qu’il en était fini du mervallois lorsque les remparts nord furent à leur tour en possessions des royaux, langecins, missédois et eraçons. Là-bas, les portes s’ouvrirent et virent passer une nuée d’assaillants prêts à passer la ville au fil de l’épée. Dès ce moment-là, les sources écrites deviennent bien moins nombreuses, pour ne pas dire inexistantes. Seuls quelques témoignages nous sont parvenus faisant état de bains de sang et de crimes commis envers les populations. D’aucuns ne s’insurgeront véritablement de ces actes isolés, qui il faut le reconnaître, sont monnaie courante en temps de guerre. Pour sûr, la voilée eut sûrement fort à faire avec un soudain nombre de souffles à faire passer dans son royaume. Mais c’était bien tout ce qu’on lui demandait de faire pour cette funeste journée.  Le fait est, et c’est tout ce qui importe vraiment, qu’au milieu de l’après-midi, la ville était désormais tombée malgré des pertes importantes pour les assaillants. L’engagement maritime donna lui aussi du fil à retordre aux bons et loyaux marins de sa Majesté Bohémond, puisque l’on dénombra la perte d’une dizaine de vaisseaux et de quelques centaines de marins, dont des capitaines émérites venant essentiellement du sud de notre bon royaume. On apprit, par ailleurs, que les actions et prouesses des combattants ydriains, soltariis et du reste du royaume, empêchèrent probablement que les mervallois ne ripostent avec toute leur vilaine cargaison de feu pharet. Les dieux seuls savent ce qu’une telle averse aurait pu provoquer dans les rangs de nos fidèles et loyaux sujets de sa Majesté Bohémond. Toujours est-il qu’aux premières heures de la soirée, l’amiral de sa Majesté, Francesco di Castigliani ; le capitaine Royal, Lohie de Brandevin ; ainsi que tous les autres seigneurs ayant répondu à l’appel de leur roi, se rendirent au palais de l’ancien prince Cléophas d’Angleroy pour y rassembler tous les notables de la ville. A eux, le choix leur fut laisser de signer l’acte de leur défaite, sinon quoi on leur fit passer les chaînes pour les y envoyer se faire juger auprès de notre bon Roi. Il fut constaté que la très grande majorité préféra obéir, mais que les draconiens les plus endurcis n’hésitèrent, à aucun moment, de se voir remettre les chaînes. Dès la tombée de la nuit, moult messagers furent envoyés à travers le royaume pour y rapporter la bonne nouvelle. Le landemain même, notre bon Roy Bohémond était averti de la réussite de la bataille et en fut, sans aucun-doute, ému aux larmes en apprenant la mort de ses valeureux sujets. En leur honneur, on proclama que des messes soient organisées dans tous les temples de la Damedieu et que l’on porte le deuil une ennéade entière. Voilà comment se termina la bataille de Merval.


Rufus Dalanbert, archiviste du Roy.

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