[Auberges]Capitaine, me voilà!

[-> Diantra]

Le soleil se couchait alors que la petite carriole entrait à Ydril. A son bord, il y avait une adolescente aux cheveux noires, accompagnée d'un petit dragon blanc. Elle descendit ni vu ni connu de la carriole, laissant quelques pièces à l'arrière pour remercier le couple de marchands et se etrouva dans les rues d'une ville inconnue à rechercher un homme qui devait tout faire pour passer incognito. L'ampleur de sa tâche la fit soupirer, mais le petit dragon émit un léger hululement qui la fit sourire.

*On joue?*

Roxane eut un petit rire et caressa la tête du dragonnet.

*Après, je dois retrouver mon frère d'abord.*

La journée avait été rythmée par les siestes et les envies de jeu du dragon. Roxane avait quitté Diantra à l'aube, pas assez folle pour voyager de nuit et seule. Elle avait donc fait son regard de chien battu à un couple de marchand, se faisant jeter par l'homme patibulaire, mais adopter par la grosse dame qui lui servait d'épouse.

- "Oh, mon ptit chat, mis bien sûr qu'on va t'emmener avec nous! Une jolie demoiselle comme ça ne peut pas voyager tout seule!"

L'homme lui avait d'ailleurs demandé pourquoi elle était seule et sans parents. Utilisant tout son talent de comédienne, son visage angélique et ses grands yeux noirs embués de larmes, elle avait répliqué en reniflant que ses parents étaient morts et qu'elle n'avait pour seule famille qu'un frère à Ydril. Cela suffit à appitoyer définitivement la grosse marchande qui la pria de monter à l'arrière de la carriole. Ce que Roxane fit sans se faire prier. Et c'est ansi qu'elle voyagea assez confotrablement jusqu'Ydril.

Mais le petit dragon ne semblait pas vouloir rester tranquille. la jeune fille avait lancé un sort de soin sur son doigt malmené par le museau du dragon et l'avait emmené avec elle, le mettant dans son sac trop grand pour ses maigres biens. Roxane était jeune, mais pas stupide : elle savait qu'elle ne devait montrer à personne son étrange compagne. mais dans la carriole, à l'abri des regards, le dragonnet s'était échappé du sac pour marcher de façon pataude. Là, elle avait eu le choc de l'entendre parler dans son esprit. Ph rien de très évolué, ce n'était qu'un bébé. Mais c'étaient des mots représentant ce qu'il époruvait : faim, chaud, jouer... Roxane avait passé la journée à essayer de lui apprendre à parler plus, mais le petit dragon, vif et curieux, finissait immanquablement par s'ennuyer et s'endormir.

Mais ses efforts ne furent pas tout à fait vains. Le dragon était en réalité une dragonne. Et Roxane, après bien des essais infructueux, parvint à lui donner un nom qui lui plut. Leirn...

Maintenant, dans les rues d'Ydril, elle n'était plus aussi légère et insouciante. Elle avait peur de l'inconnu. Leirn ne lui serait d'aucun secours, trop petite et enfantine pour la réconforter. La dragonne était dans son sac en bandoulière, lui même dissimulé sous la capeline de la jeune fille. Elle inspira et son regard se fit plus résolu. Si Tris était dans cette ville, elle le trouverait, foi de Roxane!

Elle avança résolument dans les rues qu'ele ne connaissait pas, pour ne pas donner l'impression d'être étrangère justement et se décida à entrer dans une auberge. On entendait toutes sortes de ragots dans une taverne et les hommes avaient la langue déliée par l'alcool... Les yeux aussi. Elle frissona en songeant aux regards libidineux, mais entra tout de même, essayant de se faire discrète. Raté, tous les regards se tournèrent vers cette silhouette menue qui n'avait pas grand chose à faire là.

Elle se faufila à travers les tables, avant qu'un homme ne se décide à la chambrer en se saisissant de son bras. Roxane réagit instinctivement et colla une gifle à l'importun, alors que son capuchon tombait en arrière dévoilant son visage enfantin.

- "Lâchez-moi!"

Le ton était autoritaire et son regard encore plus noir que d'habitude. Ne pas montrer sa peur... L'homme se frotta la joue, et éclata d'un rire gras :

- "Mais c'est qu'elle a des griffes la petite souris! Tu veux que je te montre ce qu'est un homme, un vrai?"

Roxane lutta contre la panique. Vive comme un serpent, elle dégaina un petit poignard qu'elle colla contre la virilité de l'homme.

- "Si tu me lâches pas, tu pourras plus jamais jouer à l'homme."

Les autres s'esclaffaient, amusés qu'un petit bout de femme comme cela puisse tenir tête à une brute de matelot.

- "Ok ok, ma jolie, te fâche pas..."

Il la relâcha, mais il s'empara du poignet tenant le couteau et le tordit pour la faire lâcher prise. Avec un sentiment de victoire, il cria à l'aubergiste :

- "Aubergiste, une chambre pour la souris et moi! Ce soir, elle va devenir une femme!"

Il rit de nouveau, sous le regard paniqué de Roxane. Mais qu'est-ce qu'elle allait faire?



[A toi, frérot ]

La situation semblait désespérée... Oh Roxane, quelle folie que d'avoir mis les pieds ici! Tu te croyais forte, hein? Eh bien tu avais tort! Si tu as réussis à survivre 16 ans dans les rues de Diantra, ce n'est pas grâce à la force ou l'inconscience. Et voilà que tu vas revivre le cauchemar d'être livrée aux doigts ecoeurants d'un homme qui va s'amuser avec ton corps d'enfant.

Les larmes lui montèrent aux yeux, larmes de peur, de terreur même et de colère également. Elle aurait du rester chez ses parents, elle n'aurait pas du jouer les aventurières, elle n'était pas taillée pour cela. Et au fond de sa sacoche, Leirn s'agitait, chamboulée et désappointée par les sentiments trop intenses de la jeune fille. Pitoyable, elle murmura :

- "Non... pitié, pas ça, pas encore..."

Ses murmures pathétiques se perdirent dans les exclamations enivrées des matelots surexcités. Bande de rustres! Il y avait bien assez de putes dans le bar pour ne pas avoir à jouir du malheur d'une jeune fille égarée et innocente! Salopards! Un jour, elle leur ferait payer!

Ce n'étaient que de vaines pensées qui ne soulageaient même pas sa terreur.

lle n'aurait pas du réagir si vivement, elle n'aurait pas du le gifler, mais cela avait été instinctif! Oh pitié, ny' avait-il donc pas une âme charitable pour lui venir en aide? Sonr egard implorant dévisgea les matelots et elle sentit son sang déserter son visage quand elle vit une haute silhouette s'avancer et reconnut son visage. Elle faillit émettre un hoquet de soulagement. Triss! Oh quelle petite veinarde! Il y avait des dizaines d'auberges dans le coin et elle tombait du premier coup sur celle qui abritit son frère! Comme dans les rues de Diantra, la chance semblait lui sourire.

Mais Triss ne la regarda pas, ne fit pas mine de la reconnaître. Roxane se sentit déçue, avant de comprendre qu'il devait sans doute le faire exprès... Elle ne dit alors pas un mot et détourna le regard, ses cheveux tombant sur son visage baissé vers le sol, alors qu'elle semblait aux yeux de tous, épuisée et renonçait au combat.

La voix doucereuse mais dangereuse de son frère claqua tel un fouet dans l'air alors qu'il ordonnait à l'autre de la relâcher. Et l'autre commis l'erreur de protester... Roxane entendit un hurlement de douleur et se sentit libre. Elle trébucha et s'éloigna de son tortionnaire, les yeux aggradis par l'horreur alors qu'elle voyait le sabre dépasser de son pied. Elle jeta un regard craintif au Capitaine. Il avait eu raison en la mettant en garde contre lui. Elle l'avait idéalisée, en oubliant qu'il n'avait pas atteint ce poste en jouant ls enfants de choeur. Elle déglutit péniblement et enfouit son visage dans ses mains quand le deuxième sabre vint planter la main du marin. N'avait-elle pas souhaité cela quelques secondes plus tôt? Elle rouvrit les yeux et regarda son frère reprendre ses sabres et les essuyer sur la chemise de l'homme blessé et meurtri. Puis, elle capta le signe de Triss et se dirigea vers la chaise indiquée, le coeur battant à tout rompre dans sa poitrine.

Ele s'assit alors, posant sa besace sur ses genoux et caressant la tête de Leirn qui était paniquée.

*Peur, sang, tuer...*

*Chut, c'est fini, nous sommes en sécurité, dors.*

La petite dragonne émettait des pensées chaotiques et tremblant au fond du sac. Roxane l'apaisa mentalement, calmant également les battements de son coeur. D'une petite voix, elle s'adressa à son sauveur :

- "Merci..."

Puis, elle le regarda droit dans les yeux :

- "Sans vous, je n'aurais plus été qu'une loque au matin... Suis-je en sécurité désormais ou dois-je craindre encore pour ma vie?"

Intelligente Roxane qui faisait mine de ne pas connaître son sauveur, alors qu'elle avait une envie folle de lui sauter au cou pour se rassurer. Pourtant, par ses paroles, elle lui faisait comprendre qu'elle n'était pas certaine qu'il ne lui ferait rien.

- "J'ai été folle de venir ici, mais j'y cherchais quelqu'un... Décidément, Dame Chance semble me sourire ces derniers temps. Même si elle me malmène en même temps. Mais ai-je eu raison de venir?"

Elle jeta un regard à la fois résolu et angoissé sur son frère, attendant sa réponse.

Non Roxane, ne regarde pas la scène qui se déroule à ta droite, reste les yeux baissés sur la table en signe de pénitence. Tu entends, tu devines, mais tu ne vois pas et cela vaut mioeux pour toi. Naïve enfant, croyais-tu vraiment que ton frère était chef des pirates sans avoir les mains rouges de sang? Le croyais-tu vraiment? Non, bien sûr que non, mais tu l'espérais tellement fort...

Mais la curiosité est un vilain défaut, n'est-ce pas petite souris? Et ton regard noir se porta malgré toi vers l'homme à terre que le redoutable et redouté chef des pirates corrigeait pour avoir osé s'en prendre à cette jeune fille de son sang. Elle n'entendit pas ses paroles, elle ne l'entendit pas la désigner comme sa soeur. Ce qu'elle fit, c'était le sang, c'était ce sourire sinistre et sanglant qui ne disparaitrait plus jamais. Elle sentit l'odeur de peur et les sens de Leirn lui apportèrent l'odeur d'urine. Oh, il en avait souillé ses chausses! Livré aux gardes, bouc émissaire, pour avoir osé s'amuser avec la mauvaise personne... mais si la jeune fille agressée n'avait pas été Roxane, Triss serait-il intervenu? Non, sûrement pas, le sort des femmes lui importait peu contrairement à l'honneur de sa soeur.

Elle se tordit les mains, neveuse, mais sans ne rien en montrer, ou du moins, elle l'espérait. Elle ne pouvait plus reculer. Elle était là, elle devait plaider sa cause. Il la reprit concernant le vouvoiement et lui apprit que cette auberge lui appartenait. Elle eut l'air soulagé, avant d'avoir un petit reniflement méprisant concernant la clientèle.

- "Je ne l'ai pas provoqué, c'est lui qui s'est permis de me toucher!"

Son visage s'anima alors que ses yeux noirs luisaient de colère.

- "Je déteste qu'un homme me touche, je ne veux plus jamais subir cela, plus jamais!"

La colère l'avait rendu imprudente, alors qu'elle avait crié sa haine dans un chuchotement étouffé. Elle venait de se trahir, elle venait d'avouer à demis mots qu'elle avait déjà été souillée par un homme. Qu'elle avait déjà été violée. Elle serra les pojngs et retrouva son calme devant le sourire de son frère. Elle n'arrivait pas à associer le terrible chef des pirates à son frère souriant. Mais elle retrouva sa colère quand il la traita de folle et lui demanda ce qui lui était passé par la tête.

- "Si tu ne t'étais pas sauvé comme un voleur, je n'aurais pas eu à faire la route seule et à te chercher, toujours seule, dans ce bouiboui infâme. Qu'est-ce que tu croyais en me laissant un mot me dissuadant de venir, mais me donnant les moyens de te rejoindre? C'est la Peste à Diantra Triss et je ne veux pas crever comme une chienne dans un caniveau! Je veux vivre intensément... Et de te revoir m'a donné un espoir fou et insensé."

Elle baissa les yeux, reprenant son calme paèr s'être exprimée avec passion.

- "Je suis jeune, je ne sais pas me battre, je ne suis pas stratège... Vu comme ça, je ne te servirais à rien. Mais je peux apprendre... Et je te serais plus fidèle que n'importe lequel de tes hommes, parce que tu es mon frère. Et je sais guérir aussi. Je ne suis pas encore nantie d'un pouvoir extraordinaire, mais j'apprends. Et je me perfectionne chaque jour. En plus, je suis pleine de ressources dont tu n'as pas idée."

Elle s'interrompit, souriant, en caressant Leirn sous son manteau, avant de reprendre avec gravité :

- "J'ai vu la corruption de Diantra... Et le roi s'en fiche. Je ne crois plus en lui, la pauvreté et la misère ne lui sont rien. Mais toi, toi tu luttes contre ces soeurs de malheur. Amène moi chez un tatoueur et je porterai la rose des vents dans ma chair. Emmène moi dans un lieu où personne d'autre ne pourra nous entendre et nous voir et je te prouverai ma confiance en toi, même si j'ai tort, même si c'est stupide."

Roxane et Triss étaient frères et soeurs, aussi semblables que différents. Ils avaient tout le deux ce feu en eux, cette ardeur, cette passion, ce courage teinté de détermination. Mais là où Triss condamnait, tuait et prenait du plaisir à faire couler le sang, Roxane pardonnait et soignait, dispensant la vie et l'espoir plutôt que la mort. Triss lui répliqua que ce n'était pas sa faute, qu'il avait eu ce qu'il méritait.

- "Peut-être, mais ce n'est pas à moi de juger la justesse de sa punition ou pas."

Quelle sagesse sur ce visage enfantin! Pourtant, il n'y avait pas de dégout dans son regard alors qu'elle regardait son frère, pas de jugement. Elle avait été élevée à la dure, elle connaissait la loi du plus fort. Elle n'avait jamais été la plus balèze, mais avait été assez roublarde pour s'en sortir.

- "Il a commis l'erreur de s'en prendre à la mauvaise personne. Si cela avait été une autre jeune fille, elleserait en train de pleurer sous ses assauts à l'heure qu'il est."

Là, c'était un reproche. Là, cela n'avait plus rien à voir avec le fait de punir un coupable, mais de sauver un innocent.

Mais quand Triss releva son histoire de viol, elle perdit toute assurance et prit un air honteux et coupable en baissant la tête et en murmurant d'une petite voix :

- "Cela n'a plus d'importance..."

Puis, elle releva la tête, les yeux brillants d'une volonté farouche, alors qu'il lui caressait les cheveux et la faisait fondre par cette marque de tendresse :

- "Je te l'ai dis, Diantra est corrompue et ses gardes abusent de leur autorité..."

Sa lèvre inférieure trembla.

- "Je n'étais même pas femme..."

Elle se reprit :

- "Il faut que cela change Triss. Personne pour porter secours à une enfant... Ni là bas, ni ici, sauf un frère qui n'aurait rien fait si cela n'avait pas été sa soeur."

Mais il avait enflammé sa colère en lui demandant ce qu'elle fichait ici. Et le tempérament bouillant de Roxane aait parlé de nouveau. Elle ne se rendit compte qu'elle était debout que quand il la pria de s'asseoir. Génée des regards posés sur elle, elle obtempéra rapidement alors qu'il lui expliquait les règles à suivre.

- "Ce n'est pas te manquer de respect que de te dire tes quatres vérités. mais d'accord, je ne hausserais plus la voix en public."

Elle avait parlé avec une certaine mauvaise humeur et de mauvaise grâce, mais elle comprenait. Il lui laissait entrevoir une intégration dans la marine marchande, mais qand il se mit à rire à ses arguments, elle devint rouge de colère et planta ses poings sur ses hanches en le foudroyat du regard. Vas-y Roxane, tu vas presque réussir à lui faire peur comme ça. Mais elle ouvrit des yeux ronds alors qu'il parlait de son compagnon dans son sac.

- "Méééééééé!!! Triss, t'es énervant à la fin, tu me coupes toujours mes effets!!! Déjà à Diantra quand j'ai pris ta bourse et maintenant avec mon sac."

C'était comique cette façon qu'elle avait de croiser les bras en boudant. Pas marrant, il avait deviné... Voilà qu'elle lui parlait vraiment comme à un frère. Un frère énervant qui s'amusait à taquiner sa petite soeur au passage. Tout aussi rapidement qu'elle s'était mise à bouder, elle se leva et s'empara de la main du Capitaine.

- "Alors, on y va dans la Cour?"

La jeune fille avait lancé un regard interrogateur à son frère alors qu'il lui chuchotait qu'il allait la rejoindre sous peu. Elle était trop contente qu'il n'ai pas refusé son contact pour poser des questions. Aussi, la jeune adolescente haussa-t-elle les épaules et continua-t-elle son chemin jusqu'à la sortie, sans se douter que Triss allait remettre les pendules à l'heure. Toute à son bonheur, elle n'avait pas fait attention aux regards des hommes sur le couple qu'ils formaient. Cela lui semblait évident maintenant qu'ils étaient frère et soeur. Ils se ressemblaient non?

La jeune fille alla dans la cour et se trouva un petit muret où elle s'assit naturellement en tailleur, les yeux luisant d'excitation. Bon, il avait deviné qu'il y avait quelque chose dans sa besace, mais jamais il ne penserat à un dragon! Les dragons n'étaient que des légendes, des mythes, rien de réel. Et pourtant, elle, Roxane Amras, petite guérisseuse de Diantra, elle en avait un en sa possession! Ou une plutôt.

Alors que Triss la rejoignait, elle lui lança un grand sourire spontané. SOn sacé était calée entre ses jambes repliées et remuait maintenant.

- "Bon, tu as un peu gâché mon effet de surprise, mais c'est pas grave, je te pardonne, même si t'es trop clairoyant."

Elle eut un petit rire léger, avant de chuchoter :

- "Personne ne nous verra ici, hein? Je ne suis pas bête ou naïve, je sais bien que ce que je vais te montrer risque de m'attirer des ennuis et je n'ai absolument pas confiance en tes hommes."

La jeune fille défit alors la lanière de sa besace et murmura d'une voix douce.

- "Allez, sors de là Leirn. C'est mon frère, il ne te fera rien."

Un petit museau blanc pointa le bout de son nez, suivi d'une tête aux yeux blancs, puis d'un petit corps aux ailes repliées. La dragonne était encore chétive, longue comme le bras, à peu près. Elle releva la tête et sembla humer l'air, avant de déplier ses ailes et de couiner.

- "Chut, Leirn, pas ici."

Plus tard, Roxane verrait comment faire pour lui apprendre à voler. Mais c'était encore trop tôt. Elle passa ses doigts sur la peau lisse de la pette dragonne, apaisant Leirn, et regarda Triss.

- "Je l'ai trouvée sur le toit de Notre Dame de Deina. Elle... Elle m'appelait. C'était la nuit de notre rencontre."

Elle jeta un regard tendre à Leirn qui se détacha d'elle et se mit à trottiner sur le muret.

- "Je n'en ai parlé à personne. Elle me parle Triss. Enfin, elle me transmet des pensées un peu chaotiques, mais c'est encore un bébé. Je crois que... que nous sommes liées ou un truc comme ça... Tu as déjà entendu parler de dragons?"

Elle recherchait de l'aide en posant cette question. Elle recherchait le réconfort que pouvaient apporter les adultes qui savaient tout.

Triss pénétra dans la cours, l’altercation avec un de ses hommes l’avait mis en colère, mais à la vue de Roxane, tout s’envola, plus rien ne comptait que sa petite sœur. Bon sang comment un être humain pouvait lui faire cet effet. Il y avait une autre personne qui lui faisait cet effet, une jeune elfe du nom d’Aria, mais le Capitaine l’avait oublié, non pas oublié, plutôt gardé dans un coin de sa tête, elle était une sorte de rêve éveillé, en sa compagnie Triss ne savait pas si l’elfe faisait partie de sa vie ou d’un rêve qu’il faisait. Mais pour le moment ce n’était pas le plus important, le plus important était la jeune enfant qui se tenait assise sur le mur, sa petite sœur, la sœur du Capitaine Triss, elle avait acceptée de le suivre, mais elle ne savait pas ce qui l’attendais quand elle arriverais à Méca, bien sur il y aura des gens pour la protéger, mais il y en aura d’autre pour lui nuire, ou plutôt pour nuire indirectement au Capitaine.

En se dirigeant vers elle, Triss ne put s’empêcher de garder le sac qui se trouvait entre ses fines petites jambes, bon sang Roxane que me cache tu ?
Elle lui fit par de son sentiment envers certains hommes de la Marine, elle n’en avait pas confiance, c’est normal petite sœur, ce sont des recrus, ils n’ont pas encore appris à vraiment me respecter. Quand tu seras à bord du Fossoyeur tu verras mes fidèles, eux tu pourras leur faire confiance, c’est ma famille. Et puis tu verras à Méca Isa, ma chère Isa, celle que j’ai lâchement abandonnée, elle me le fera payer, j’en sur. Mais elle ne pouvait venir, je ne voulais pas qu’elle vienne, il me faudra m’expliquer avec elle …

Puis Roxane ouvrit son sac, de la minuscule ouverture sortit un petit museau blanc, bon dieux c’était quoi ça ! En rien ça ne ressemblait à un chien, ou à un chat, comme il l’avait imaginé. Puis une sorte de longue saucisse en sortit, cette bestiole avait des ailes ! Un dragon, sa sœur avait un dragon, par instinct il mit sa main à sa ceinture, pour en sortir un de ses sabres, malheureusement il les avait laissé dans la taverne. Les dragons sont des êtres venant des légendes, et ce qui appartient aux légendes reste aux légendes, ce truc ne pouvait être réel !
Mais hélas, il l’était bien, sa sœur lui appris qu’elle avait trouvé peut de temps après le départ de Triss, sur le toit de la Cathédrale …



- Pourrais-je savoir ce que tu fichais sur les toits de Notre-Dame, en pleine nuit ?
Et par quelle folie tu as gardé cette bestiole ? Bon sang Roxane, cet animal peut être dangereux …



Roxane lui expliqua que ce n’était qu’un bébé, d’une sorte de lien, tout était embrouillé pour le Capitaine, il ne comprenait plus rien.


- Oui j’ai déjà rencontré un dragon, une de mes recrues en possède un, bien entendu il doit le garder secret, tout comme toi ! Je ne permettrais pas que d’autre monde le voie. Suis-je clair Roxane ?
Bon qu’entendu par pensé chaotique ?


Son air avait changé, il venait de passer du ton du Capitaine à celui du grand frère protecteur …

Roxane remarqua bien le geste de son frère vers sa ceinture et aussitôt, elle prit le dragon dans ses bras, comme pour empêcher Tiss de lui faire le moindre mal. Pas question qu'il y touche!

- "C'est quoi ces manières de vouloir dégainer dés que tu tombes sur quelque chose que tu ne connais pas?"

Il y avait un reproche certain dans sa voix alors qu'elle le fusillait du regard. Et voilà qu'il lui faisait la morale en plus!!! Hors d'elle, a jeune fille se leva et se campa fermement sur ses jambes, frondeuse :

- "Je n'ai pas à justifier mes actes, ni à te faire un plan détaillé des endroits où je me rends! j'ai vécu 17 ans sans que tu me fasses la morale, alors ne commence pas! J'étais sur les toits parce que j'étais en colère contre toi et parce que je sentais qu'elle m'appelait! Je ne suis pas une petite chose fragile incapable de se défendre Triss!"

Elle souffla bruyamment, le regard noir.

- "Et non, elle n'est pas dangereuse, du moins pas avec moi. C'est mon amie, elle ne me fera jamais de mal et je ne lui en ferais jamais. par contre, oui, elle sera dangereuse pour ceux qui essaieront encore de vouloir me toucher sans ma permission!"

Il lui fit de nouveau la morale en lui disant que poersonne ne devait être au courant. Elle eut un petit rire, toujours noyé par la colère :

- "Tu me prends pour une idiote? Pourquoi crois-tu que je la trimballe dans un sac? Tu crois que ça lui plait d'être là dedans? Evidemment qu'il ne faut pas qu'on la voie, c'est pour ça que je te la montre en privé!"

La petite dragonne regardait les deux humains d'un air dubitatif, sans comprendre la cause de toute cette colère.

- "Je veux dire par là, qu'elle ne sait pas encore faire de phrases construites, ce sont des pensées primaire, comme la faim, la peur, la colère, la curiosité... Mais ell s'améliore de jour en jour..."

Elle caressa la dragonne dans ses bras qui se mit à émettre un petit bruti qui aurait pu être un ronronnement chez un chat. Un détail revint alors à la mémoire de Roxane et son regard brilla de curiosité :

- "Tu connais quelqu'un qui a un dragon?? Vraiment? Tu pourras me le présenter? j'ai des tonnes de questions à lui poser!!! S'il te plait Triss..."

Elle lui fit alors les yeux doux... Vous voyez le Chat Potté dans Shrek? Ben voilà, c'était le même regard attendrissant et irrésistible.

A Ydril, dans la cour d'une auberge mal fréquentée, une charmante prêtresse discutait avec son frère, qui n'était autre que le célèbre capitaine Triss Amras.
La guérisseuse s'était installé - assise en tailleur - sur un petit muret afin de se mettre à son aise et de révéler le contenu de son sac au pirate, un contenu fort étonnant.
Hors, le hic à tout cela, c'était que le muret en question n'était vraiment pas d'une solidité à toute épreuve. En fait, le propriétaire de la taverne venait tout juste de le bâtir.
Aussi ce fût sans surprise que tout naturellement ses fondations branlantes s'écroulèrent avec un grand fracas, les débris de pierre ensevelirent la jeune femme qui se tenait devant.
Ce n'était pas si grave, quelques cailloux, rien de plus.

Attiré par le vacarme un galant homme se précipita en courant vers la victime de ce petit accident. Personne ne remarqua avec précision d'où il venait.

-Ça va ? Vous n'avez rien de cassé mademoiselle ? demanda t'il.

Puis il remarqua le dragon, et comprit. Son visage devint aussi pâle que la mort et il dit à Triss :

-J'aurais pas dû voir ça pas vrai ? Mais épargnez-moi s' il vous plait capitaine j'suis un brave gars vous savez... Je venais simplement voir si votre soeur était blessée...

Sur ce, le marin repartit comme il était venu.

[Allez hop, j'achève le topic!]

La conversation s'arrêta brutalement quand Roxane sentit les pierres bouger sous elle. Pas le temps de réagir, que déjà, elle s'effondrait dans un bruti de gravats. Plus de peur que de mal, heureusement. Elle toussa sous la poussière dégagée, avant d'éclater de rire devant le ridicule de la situation! Un homme vint à sa rescousse en lui demandant si tout allait bien :

- "Ma fierté vient d'être profondément blessée, mais ça va merci."

Seulement, le sourire de la jeune fille s'évanouit quand elle vit l'autre pâlir et balbutier des excuses à Triss, comme s'il craignait pour sa vie. Il s'enfuit d'ailleurs, totalement terrifié. N'ayant plus le coeur à la légèreté, la jeune fille se releva et s'épousseta, inquiète. Puis, sans laisser le temps à son frère de dire quoique ce soit, elle remit Leirn dans son sac, sous les protestations de la petite dragonne et prit son frère par le bras.

- "Viens, Triss, on s'en va."

Et dans les ténèbres de la nuit, les Amras quittèrent l'auberge pour embarquer et rejoindre Méca.

[TOPIC TERMINE]