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| [ Sanguette ] Les ennuis, moins tu en as, plus tu en trouves. [L'Renor] | |
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Kahveka Ner'Val Do'Vehera
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| Sujet: [ Sanguette ] Les ennuis, moins tu en as, plus tu en trouves. [L'Renor] Lun 29 Avr 2019 - 15:21 | |
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De tous les genres d’humour, l’ironie était sans équivoque celui qui plaisait d’avantage au maître des ombres. À quelques pas de son style de vie –celui de menteur compulsif-, moult aspects de son œuvre s’apparentaient à ce genre comique. Encore ce jourd’hui il en était la preuve sur pattes : tandis que son quotidien se déroulait dans les quartiers les plus prisés du volcan, s’épanouissant autant dans l’opulence que dans l’excès de toutes bonnes choses, c’est sous les coups de minuit qu’il s’échappa de son manoir pour aborder une laborieuse marche nocturne jusque dans la Sanguette. Aussi bien vous dire que de ceux qui le connaissaient, c’était tout à fait le genre de la maison que de s’esquiver de son auguste condition pour quelque chose de plus crade et de plus douteux. C’est donc noblement que Kah s’enfonça toujours un peu plus dans les miteux recoins de la Sanguette, en quête d’un établissement digne de ce nom, capable de le saouler jusqu’à plus de lendemain. Du moins, c’était le plan.
Arrivé au bout d’une ruelle aussi sombre que louche, il se dressa devant lui un trou à rat, dont la vermine sortait carrément des fondations pourries et rongées. Tout de même, une vie moins discrète grouillait entre ces quatre murs, dont les rires gras, les flonflons d’un groupe de ménestrel aux bras cassés et les relents d’alcool et de graillon. Désignée aussi clairement que la bonne étoile dans un ciel vierge de cumulus, cette taverne lui conviendrait parfaitement.
D’un pas résolu, il franchit le portail grinçant qui délimitait la frontière de cette porcherie et y vit le groupe de gaillard auquel il se mêlerait. En plein centre régnait en maître deux longues tablées sur lesquelles des boursicoteurs s’adonnaient à quelques jeux d’argent, pariant leurs quelques maigres gages de l’ennéade –pour les mieux nantis d’entre eux- et pour les autres, les vêtements qu’ils leurs restaient. Ce fût d’ailleurs au grand bonheur de quelques libidineux joueurs, qu’ils dévoraient des yeux l’une des participantes à moitié cul-nue. Autour d’eux, les tablées étaient bondées autant de chopines vides et sales, que de passionnés d’houblon. Au prix que valait le godet de bière, cela expliquait largement pourquoi les tables en étaient aussi foisonnantes! Aussi ne pouvait-on guère passer à côté de l’éternel cliché, où une poignée de moindres hommes fomentaient dans leurs coins sombres quelques entourloupes malhonnêtes pour détrousser quiconque possèderait un semblant de richesse.
C’est pourtant légèrement reclus, près d’une table à l’achalandage moindre, qu’il posa son séant de suite après avoir commandé un verre pour étancher sa soif. Tous les éléments possibles pour trouver son plaisir étaient ici présents, mais pour l’heure, il décida de s’octroyer un moment de calme et de repos. Il cultivait si rarement ces moments de solitude, qu’ils en étaient devenus pour lui une conséquente source de bonheur.
Quatre pintes plus tard, il se sentit enfin prêt à immoler ce paquet de vermine grouillante.
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| | | L'Renor Crysto
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| Sujet: Re: [ Sanguette ] Les ennuis, moins tu en as, plus tu en trouves. [L'Renor] Mer 1 Mai 2019 - 21:04 | |
| « IL A FAIT QUOI ?! »
La voix tonna comme autant d’éclairs s’abattant le jour dernier. Les yeux furibonds, elle avait bondi de son siège, laissant pantois sa conquête du soir, les bras ballant et retenant sa propre respiration de peur d’ajouter à la rage folle dont elle s’était éprise. Au-devant d’eux se tenait un homme de bonne stature, une dague au poing et l’autre soutenant le rythme erratique de sa cage thoracique. Par-delà ses doigts fermés sur le tissu humide de sa chemise s’insinuaient un filet carmin dont l’odeur ferrugineuse ne tarda guère à emplir la pièce entière. Et même si la douleur tordait ses traits, il se refusa à esquisser le moindre mouvement ; dans sa colère, rien n’était certain que la Sanguine n’achève elle-même le travail commencé. Mais plutôt, elle attrapa un broc et l’envoya balader contre le mur. Le geste – s’il ne changea en rien a situation -, avait le mérite d’être assez libérateur. Peut-être soulagés de n’avoir été la porcelaine éclatée, les deux garçons se permirent d’inspirer profondément. A renfort d’un flot continu d’insultes peu glorieuses, la Rose Noire se drapa de sa longue cape brodée aux armes de son ordre. Et sans demander son reste, elle tourna les talons dans un courant d’air ; les jambes courtes mais le pas frappé, elle ne prit même pas la peine de fermer la porte ou d’attendre une quelconque réponse alors qu’elle avait délesté au passage le Daedhel blessé de l’arme blanche.
« Usstan ssrig'luin llar sargtlinen, NIN ! » (J’ai besoin de trois soldats, TOUT DE SUITE !)
Et comme une ombre, à peine les mots eurent franchi ses lippes tordues, trois bonhommes l’encadrèrent de près. Il était déjà tard, et malgré le manque d’information, elle savait pertinemment où aller trouver celui qu’elle cherchait alors. Ses pieds connaissaient le chemin sûrement bien mieux qu’elle ne l’aurait imaginé. Et plus ils remontaient vers la surface du Vatna, et plus les rues qu’ils traversèrent lui parurent sordides. L’atmosphère s’emplit peu à peu d’une fragrance familière de cuivre et de viande, d’alcool, de stupre et de sueur. Les quelques badauds que les mages croisèrent étaient à l’image des lieux ; une viande saoule qui attendait simplement son heure. Mais ses mirettes étaient bien incapables de voir. Dans le dédalle à peine éclairé de quelques champignons, elle allait le cœur bondissant, étreinte dans un piège de colère qui ne semblait s’effacer – tout au contraire ! Plus ils approchaient du but, et plus ses mâchoires se serrèrent et le souffle s’égorgea dans un râle presque animal. Puis enfin, elle aperçut les murs familiers. Une crasse poisseuse les recouvrait, et elle se refusa alors à repenser les nombreuses fois où elle avait été écrasée contre elle. Pire encore, ces souvenirs grivois n’apportèrent aucun réconfort. Et au bout de cette impasse, la lumière filtrait à peine d’un taudis. Elle bouscula en passant quelques âmes en peine qui l’avait sifflé. Mais sa rage était contenue, bouillante pour un autre. D’ailleurs, si L’Renor avait pris la peine de se retourner, elle aurait vu leurs visages déconfis alors qu’ils apercevaient les armoiries flamboyantes du Ditrown Da’re du C’nros.
La porte s’ouvrit avec fracas. Pour autant, personne n’arrêta ses occupations, sinon quelques curieux encore capables de réfléchir. On chantait, on dansait, on jouait et l’on buvait ici. La terrible odeur qui se dégageait de l’unique pièce emplit les naseaux des quatre thaumaturges, mais seuls ses accompagnant maugréèrent. « Dos kyorlin whol uns'aa ghil » (Attendez-moi ici) L’ordre, impérieux, n’avait souffert d’aucune désapprobation et ils se statufièrent presque alors qu’elle tira de sa ceinture un poignard qui ne lui appartenait pas. D’un geste vif et précis, elle laissa filer l’acier sur le sommet de son avant-bras. Elle avait taillé juste à l’avant du pli du coude, si bien que rapidement le liquide épais s’écoula lentement. Un bref regard à l’assemblée lui suffit pour apercevoir la tête de son vieil ami. Attablé non loin de là, elle finit sa course en poussant sans ménagement le gaillard qui lui faisait face. Perdant son siège sans vraiment comprendre pourquoi, l’alcool ne lui permit guère de réagir assez tôt pour contester le vol de place ; un genou porté sur le banc, Aertsab planta vivement la dague dans le bois tendre, laissant goutter l’hémoglobine. Le visage clos, son regard se planta dans celui de Kahveka. Il avait bu.
« Comment as-tu osé, Kahveka Ner'Val Do'Vehera ?! ».
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| | | Kahveka Ner'Val Do'Vehera
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| Sujet: Re: [ Sanguette ] Les ennuis, moins tu en as, plus tu en trouves. [L'Renor] Mer 1 Mai 2019 - 22:53 | |
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Trois pintes s’agglutinèrent devant lui et il tint mordicus à ce que la tenancière les lui laisse. Accumuler les corps morts de ses récentes consommations lui donnera un franc coup de pouce pour l’acceptation de ses nouveaux pairs, se dit-il! D’ailleurs, peu de temps s’en fallut pour qu’un joyeux luron à l’œil vitreux en vienne à quérir sa bonne et légendaire compagnie. Si seulement le pauvre bougre avait idée de la bonne fortune qui lui souriait : jamais moment plus opportun ne s’offrirait à lui pour trouver en Kah le comparse de boisson qu’il cherchait.
« Alors, mon gars … Tu es là pourquoi ? T’essaie de t’en mettre assez dedans pour que l’autre œil cesse de fonctionner aussi? Ou tu bois en espérant qu’il se remette à voir ? » Lança Kah d’une prime boutade bien chaleureuse. Et, l’envolée de bière qu’il reçut, lorsqu’il s’esclaffa en bon et due forme le nez dans sa pinte, lui mit la puce à l’oreille que son nouveau compagnon fût d’humeur joviale.
« En fait, j’ai été largué par ma rombière ! On était plus ou moins ensembles, les nuits, j’entends, puis elle m’a dit pas plus tard que tantôt : dégages. J’saurai m’y faire sans ta p’tite pine! Et après, c’est moi qu’on traite de borgne! Mais t’as vu l’engin?! » Et avant même que Kah lui explique que ce ne serait pas nécessaire, il entendit la porte claquer à en tordre ses gonds. Lorsqu’il vit les premiers visages s’introduire dans l’établissement, il déduit aussitôt que ses vacances improvisées tiraient à leur fin.
« C’est pas vrai… » Ronchonna pour lui-même le pisse-vinaigre, tout en se callant bien profondément dans son assise qui rompait à tout moment de décéder, tant son confort que sa qualité étaient douteux. Quelques secondes s’écoulèrent au travers le sablier du temps, qu’effectivement, sa toute délicieuse mie se dévoile à lui. Son corps, bien qu’engourdi par l’alcool, ne sut le préserver de l’excitation de sa présence.
Les yeux froissés par l’agacement, les lèvres pincées par la hargne, les doigts crispés de colère et cette coulée de sang qui perlait le long de son avant-bras … Tout pour le rendre fou. Lentement, les lèvres du spadassin dessinèrent un sourire contre son faciès, à mesure que la petite drow se fraya un chemin au travers la masse d’homme. Tranquillement, il fit glisser sa main le long de la table, jusqu’à ce qu’elle atterrisse contre sa propre cuisse et qu’elle vienne enserrer de ses cinq doigts le pommeau de son poignard. Un coup de botte plus tard, elle terrassa son compagnon de fortune et posa son genou contre le siège libéré de son fardeau, venant torturer le bois de la tablée d’un coup franc de poignard. Sec et vif, l’attaque en secoua les verres tassés, mais n’en brisèrent aucun. Le plus beau de tout ça, c’est que même après avoir violenté un paquet d’ivrognes, même après avoir menacé de mort le maître des ombres, tout le monde s’en battait les couilles.
« Bonsoir, ma toute tendre. Quelque chose à boire ? » L’effet escompté se produit aussitôt la phrase lancée : elle fulminât de rage et serra les mâchoires de plus belle. Ses jointures blanchies comme neige en hiver sur le manche de la lame sertie dans le bois témoignaient de l’effort employé pour contenir son courroux. Encore là, il la trouva plus séduisante que jamais.
« Tu as plutôt intérêt à me fournir une bonne excuse pour ne pas que la prochaine chose que tu avaleras soit ton propre sang » Cracha-t-elle au visage de son amant, l’air peu encline au jeu que s’adonnait l’assassin.
« Loin de moi l’idée d’écourter un si mielleux discours, mais dis-moi, de quoi parles-tu ? » Et pour la cause, ses sourcils se froncèrent afin d’accentuer l’interrogation qui se posa contre le regard du meurtrier. Elle libéra l'arme blanche de sa prison de bois, puis la lui lança sur le plat. Juste au devant de ses mains gisait la preuve de l'ignominie qui s'était déroulée un peu plus tôt.
« Tu rendras ce jouet à ton homme de main. »
« Encore une fois, j'ai peur de ne pas comprendre. De quoi tu parles ? »
« Un de tes homme est venu SOUS MON TOIT, pendant MON SERVICE poignarder un de MES hommes, alors cesse de faire celui qui ne comprend pas ! » Embêté par la dernière allégation de sa tendre et toute délicate aimée, il vint à se gratter la tempe. C'est qu'elle venait de lui planter en pleine figure, non pas la froideur du poignard, mais une vérité qui lui sembla tout autant inconfortable.
« Par tous les Dieux, je te jure que je ne suis au courant de rien. D'aucuns de mes hommes ont reçut l'ordre de s'en prendre au C'rnos. S'ils l'ont fait, c'est par intérêt personnel. »
Il prit une petite pause, comme pour désamorcer la situation.
Crois-moi, Jabress, si je savais qui avait fait ça, je te le dirais.
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| | | L'Renor Crysto
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| Sujet: Re: [ Sanguette ] Les ennuis, moins tu en as, plus tu en trouves. [L'Renor] Sam 4 Mai 2019 - 0:01 | |
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La rage. Celle qui ne désemplissait pas. Et plus ses yeux détaillaient ce visage qu’elle connaissait par cœur et plus les haut-le-cœur lui prenait. A vrai dire, il aurait sans doute aucun été préférable de ne point le connaître aussi bien ; car chaque geste, chaque souffle – et même sa simple vue – rendait la chose toujours moins supportable. Si elle s’écoutait, voilà que le Maître des Ombres aurait perdu la vue. Et elle siroterait tranquillement le jus impie de ces yeux de chien malheureux. Foutre-Uriz qu’il lui rendait la vie difficile, ce corniaud qu’elle se traînait dans les pattes depuis tant d’années déjà. Et bien que l’envie d’abréger les souffrances de la stupide créature la démangeait, elle en était incapable – recluse simplement dans ce profond sentiment de colère et d’impuissance. Car voilà bien ce qu’elle était face à Kahveka : impuissante. Ironiquement, chaque muscle de son corps lui rappelait douloureusement alors que ses entrailles se tordaient, presque prêt à sortir de sa bouche à chaque parole. Et malgré tout, il lui était impossible d’agir. Fais le !. Le souffle plus court sous l’impulsion de ses nerfs, elle n’avait de cesse de tenter de retrouver son calme en vain. Plutôt, alors que son sang gouttait tranquillement sur les planches de bois de la table, elle esquissa un geste. Vif, précis et plein de hargne alors que sa main se referma dans un ouragan magique. Et l’œil du borgne éclata, comme éclaterait une bulle de savon. Son cri, elle n’en eut cure, pas plus que sa main qui se porta au trou béant ni même à sa langue mutine qui vint chercher une gouttelette de son avinée victime. Là, les gens cessèrent peu à peu leur activité.
Les rixes étaient monnaie courante par ici, mais le déferlement avait eu l’effet d’une brise sur la flamme vacillante d’une bougie. Intrigués, les regards se portèrent sur le couple. L’Renor, bien que constellée du liquide carmin, n’avait jamais quitté le visage doux-amer de son amant. Et si la mutilation avait quelque peu relâché la pression intestine, celle-ci revenait par vague, se fracassant contre sa volonté, l’étiolant à chaque reflux. Et, comme une condition sinéquanone, son esprit divaguait en imaginant déjà les sévices qu’elle allait infliger au vieux daedhel. Il pourrait bien supplier, cette fois-ci elle ne montrerait aucune pitié avant qu’il ne s’effondre totalement. Son corps, sa vie à sa merci… Elle frissonna. L’avait-il appelé Maîtresse ? Alors, comme conditionnée, ses mirettes se durcirent. Elle avait l’ascendant, il se soumettait. Et si dorénavant il s’extirpait de son emprise, elle lui rappellera sans ménagement.
« Tu me dis que tu n’es pas au courant de ce que font tes gars ? ». Plus froide et calculée qu’auparavant, elle bondit au-dessus de la table et attrapa la tignasse blanche pour coller sa face contre la surface. « Dis-moi qui c’était Kahveka. Ma patience a des limites… ». Elle avait soufflé la phrase entre ses dents, les doigts fermement agrippés. II grommela à peu près : « Je m'attendais bien à ce que tu me la sortes celle-là ... Je te rappelle, au cas ou tu l'aurais oublié, que j'ai à ma botte les plus talentueux roublard de Miradelphia ...C'est un peu leur métier, de cacher des choses. » Elle relâcha sa prise, la mine mauvaise. « Je réclame vengeance. Regarde bien cette arme et jure-moi devant le Père que tu ne sais pas à qui elle peut appartenir ». « C'est vrai, que l'arme, en tant que telle ... Elle me dit quelque chose ». Feignait-il l’ignorance ou était-il sincère ? La rage lui revenait de plus en plus vite, si bien que bientôt une nouvelle victime souffrirait. « Kahveka, si tu ne me dis pas qui rapidement je te jure que je plante cette lame entre tes deux yeux… ». Malgré son faciès neutre, elle lut dans ses yeux le sourire qu’il réprimait. Ainsi, lui aussi laissait aller son esprit à quelques lugubres léthargies. Bien, elle aurait tout le temps de lui faire passer l’envie de rire, une fois cette histoire pleinement réglée. « Elle appartient à Rhak'Zel, l'une de mes lames noires. Du moins, c'est une arme qu'il a habitude d'utiliser en entrainement ». Elle tourna les talons sitôt le nom prononcé, avançant vers ses gorilles qui attendaient gentiment près de l’entrée, en silence. Et alors qu’elle arrivait à mi-chemin, elle n’entendit toujours pas le pas pressé de son ami. Se stoppant net, elle se retourna, exaspérée de le trouver toujours assis face à ses verres vides. « Bien qu’attend-tu ?! Mène-moi à lui. Je m’occuperai de ton cas plus tard ».
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| | | Kahveka Ner'Val Do'Vehera
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| Sujet: Re: [ Sanguette ] Les ennuis, moins tu en as, plus tu en trouves. [L'Renor] Mer 8 Mai 2019 - 20:47 | |
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Comme quoi, même en prenant tous les moyens nécessaire, même en s’assurant de se tenir à distance des ennuis, ils trouveront toujours inévitablement le moyen de venir vous faire chier. Du moins était-ce là le triste constat de l’assassin, la joue bien écrabouillée contre le bois humide de sa propre tablée. Et tant qu’à y être, d’une même lancée de lucidité, il se souvint comme son impétueuse amie lui avait manqué. Son ton de voix acerbe, sa manière de le dévisager de son sempiternel regard de forcenée et la douceur de ses caresses passionnelles … Un peu trop passionnées, peut-être, mais tout de même. Coutume était qu’il fonde pour elle, à chaque fois, qu’il ne sache lui tenir tête que jusqu’à temps qu’elle face de lui ce qu’il attendait d’elle. Et encore une fois, l’occasion n’échappait pas aux habitudes. Même bourré, il avait belle envie de la piquer jusqu’à ce qu’elle explose et qu’aux devants de tous et chacun, elle déferle son courroux sur le premier venu.
Il la laissa donc s’éloigner un peu, sachant pertinemment qu’elle s’attendait à ce qu’il emboîte le pas derrière elle et qu’il embrasse son ombre. Au grand damne de son amour d’amie, il n’en fit rien, patientant plutôt qu’elle réalise la froideur de sa solitude.
« Que crois-tu, Aertsab ? Qu’on ira cogner à sa porte et que lui, dans toute l’innocence du monde, il ouvrira sa porte dans l’espoir d’y voir le marchand de lait ? C’est un futé, un membre de la garde silencieuse. Pas l’un des vulgaires coupe-jarrets dont tu as l’habitude d’équeuter. S’il s’est chargé de l’un de tes gars, c’est qu’il tenait envers lui des griefs assez graves pour mettre autant en péril sa carrière, que les bonnes relations de nos deux corps d’arme. Aussi bien te dire qu’en oubliant son arme là-bas, le jeunot s’est sûrement fait la malle pour toujours. » L’énonciation lancée d’une traite, il la laissa gober le tout pour taper une dernière fois sur le cou. « Plutôt, viens donc t’asseoir avec tes rustauds. Ils ont l’air d’avoir grande soif et toi, ça ne te ferait pas de mal non plus. Nous entâmerons des démarches pour retrouver Rhak’Zel demain. »
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| | | L'Renor Crysto
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| Sujet: Re: [ Sanguette ] Les ennuis, moins tu en as, plus tu en trouves. [L'Renor] Dim 12 Mai 2019 - 21:57 | |
| Il n’avait pas bougé. Décontenancée, elle le regardait incrédule. Il s’opposait à son désir, au feu ardent qui la consumait si bien qu’elle se sentit en cet instant éperdument seule. Lui qui avait toujours sauté dans le brasier de ses pulsions, lui qui savait mieux que quiconque attisait son envie l’abandonnait. Et comme une enfant esseulée, elle se retrouvait là, plantée en plein cœur. Elle ne discernait même plus les formes mobiles, ni les voix qui s’élevaient de quelques groupes de badauds. Elle ne respirait plus, comme si sa poitrine était prise dans un étau. Comme si chaque inspiration agrandissait la plaie béante au milieu de ses entrailles. Les lèvres de la Rose remuèrent sans parvenir à n’émettre aucun son, plongée dans un mutisme assourdissant. Et ses yeux, ses yeux carmins n’exprimaient plus rien qu’une supplique muette et intestine. Ne m’abandonne pas, pas toi. Le visage de Kahveka, serein et déterminé lui apparaissait comme la pire des blessures. Bien incapable de se raisonner, ses mains se mirent à trembler alors que, dans un réflexe ancien, elles s’en allaient quérir le contact réconfortant du tissu qui pendait mollement à sa taille. Et puis, cette enivrante odeur de sang. Et puis la douleur sourde. Et puis cette voix, au tréfonds de sa cave – oui cette voix caverneuse – qui implorait la liberté. La respiration de la drow s’emballa un peu, alors qu’une étrange chaleur s’éprenait de chacun de ses muscles. Puis, ses yeux se voilèrent.
Ses genoux rencontrèrent avec violence la boue froide. Les larmes coulaient abondamment de ses joues sales et maigres. Même Dula se noyait dans le petit bain turbide, alors que ses mains n’arrivaient même plus à s’en saisir. Les rires lui parvenaient, lointain et si proche, alors que le goût de rouille emplissait toute sa bouche trop endolorie pour s’articulée. Pendante, elle laissa néanmoins s’échapper la bile acide qui lui revenait de ses boyaux, tâchant ses vêtements un peu plus. La pluie abimait un peu plus encore son petit corps, plaquant ses cheveux blancs sur sa face de poupée. Apeurée, la créature chétive n’arrivait même plus à crier lorsque s’abattait les coups des Autres. « Laisse-moi sortir ». Et elle pleurait, elle pleurait tant que ses larmes avaient finies par se mêler aux gouttes de l’orage. Puis finalement sa face vint trouver le sol avec violence alors que des mains s’en prenait à son corps. Seule, elle était seule. Elle n’avait plus la force de bouger, plus l’envie non plus. Une clef dans une serrure résonna au loin dans son esprit. Et pour la première fois depuis longtemps, elle fût tranquille. Apaisée.
Cinq secondes. En proie à ses peurs primaires, la Mage traversa l’espace qu’elle avait mis. Quelques pas, frappés avec cadence devant les yeux fatigués de ses soldats. Et l’autre borgne qui beuglait encore. La peur avait rendu la rage plus forte, plus ténue si bien que ses traits tirés ne masquèrent guère le geste qu’elle s’apprêtait à faire. Et si tout le monde tremblait, le Maître Assassin lui ne bronchait pas. Il la connaissait que trop bien. Elle n’oserait le tuer, pas maintenant, pas comme cela. Mais comme une thérapie contre ses démons, comme pour se rassurer, elle lui décocha une méchante droite. Ses doigts brulèrent au contact de la pommette, et un sanglot lui échappa dans la violence de son acte ; une unique gouttelette qui s’écrasa contre la botte de son amant. Celle qui lui suppliait de ne point la laisser, celle de l’enfant qu’elle avait été. Celle d’une femme qui un jour avait été brisée. Le monstre renâcla avant de se jeter contre les barreaux invisibles. Elle avait tenu bon, mais ses défenses étaient devenues fragiles depuis le meurtre de l’ancien Karliik. Chaque frustration menait à un combat intérieur lassant et éreintant. Le comprenait-il seulement ? Comprenait-il que cette Chose la terrifiait bien plus que les Dieux eux-mêmes ? La douleur remontait jusqu’à son coude. « Ne. Me laisse. Jamais… ».
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| Sujet: Re: [ Sanguette ] Les ennuis, moins tu en as, plus tu en trouves. [L'Renor] Mar 18 Juin 2019 - 22:55 | |
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Une fois qu’il eut lancé sa requête, il la vit s’esquiver vers le portique d’entrée et envisageait sa réaction. L’Renor n’était pas femme à accepter le refus, surtout pas lorsque c’était son amant qui dédaignait sa requête. Au loin, au travers la foulée, il vit sa frêle silhouette emprise d’un tremblement, secouée par des émotions qui étaient propres à son caractère caustique. Il l’imagina avoir un haut le cœur, que le goût de la bille vienne lui chatouiller le bout de la langue, que l’acrimonie de la rebuffade de son compagnon invite toute la hargne dont elle était capable à habiter son cœur de pierre. Il ne l’aperçu qu’à peine, au loin, espérer qu’elle se trompa, qu’en fait ce dernier eut user de toute sa subtilité pour emboîter ses pas en embrassant la petitesse de son ombre.
Mais il n’en fut rien. Elle se retourna pour encaisser la claque de la solitude, puis rebroussa chemin pour reconquérir la chaleur de l’auberge. Autour d’elle, une aura outrecuidante, rageuse et coléreuse à outrance amplifia cette même chaleur moite qui tenait en joug ladite taverne. C’est là, que Kah comprit qu’il s’était trompé à maints égards. Ce jeu, duquel il crut après toutes ces années avoir découverts toutes les facettes, comprit que quelque chose clochait. Son regard était embrumé par le talion, affamée qu’elle était d’assouvir ses plus bas instincts, ici, devant toutes ces paires d’yeux innocents. Quelque chose chez elle sévissait, quelque chose de bien plus sauvage et dangereux que leur jeu habituel.
Puis, il reçut la claque, nette et sec. Enfin, la caresse de ses jointures contre sa mâchoire et le bout de son nez. Cuisante, la douleur lui intima d’apporter sa main contre ledit pif, constatant que le bout n’était plus tout à fait à sa place et que la champelure à sang n’était plus aussi étanche qu’a l’instant. Lorsqu’il rouvrit les yeux, ne montrant pas plus de signaux de douleur que le froissement subtile d’une de ses paupières, il la vit tout près de lui, à lui murmurer tout bas quelques mots qui le laissèrent bien pantois.
« Ne me laisse jamais, lui avait-elle dit. »
S’il s’attendit à entendre toutes sortes de boutades, celle-ci en revanche, lui avait semblée bien improbable. Qu’elle se marre de lui, la menace d’obéir sur le champ, ce genre de tentative d’humiliation publique auquel elle s’adonnait usuellement lui aurait semblée plus adéquat! Alors quoi, que voulait dire un tel aveu ? Là, beurré qu’il était de drogue et d’alcool, l’analyse lui sembla trop complexe ; aussi crut-il dans son intérêt de lui donner raison et chercher à la rassurer. Il torcha de son avant-bras le trop plein de sang qui s’écoula de ses deux narines, sans plus, de sorte à satisfaire sa belle d’un tableau bien sanguinaire, de ceux qui lui mettaient des étoiles dans les yeux, c’est-à-dire sa tronche bien maquillée de carmin.
Sa main se hissa et vint agripper non sans douceur le col de son amante, l’intimant à se rapprocher légèrement d’avantage.
« Plutôt crever sur le champ que t’abandonner, L’Renor. »
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| Sujet: Re: [ Sanguette ] Les ennuis, moins tu en as, plus tu en trouves. [L'Renor] Mer 19 Juin 2019 - 12:06 | |
| Là, si proche, elle pouvait sentir le souffle chaud de son haleine chargée d’alcool et de sang qui s’écoulait joyeusement de son pif meurtrit. Il n’avait pas bronché, mais là – ce geste et ces mots qui valaient tout l’Elda – l’assurèrent que sa détresse avait été entendue. Impassible, cherchant désespérément à démêler ses sentiments, elle resta ainsi à humer le seul qui n’avait jamais compté pour elle. Cela en devenait douloureux, comme si ses boyaux de tordaient, comme si l’air autour d’eux s’amenuisait. Il n’y avait jamais eu rien d’autres qu’eux depuis tous ces siècles, rien n’avait eu d’importance et pourtant ils n’avaient ni l’un ni l’autre éprouvé le moindre besoin de s’en assurer ; jusqu’à ce soir. Jusqu’à cet instant maudit où le passé avait transpercé son âme une nouvelle fois. Elle n’était plus la faible enfant, mais lui n’avait jamais changé. Kahveka traversait le temps dans le même morne, que leurs jeux pervers animaient quelques fois. Et comme un réveil brutal, elle ouvrait les yeux sur sa propre condition, sur leur relation inexplicable et interdite, à la fois secrète et ouvertement assumée.
Les mains glacées sur les barreaux de son esprit glissèrent, et alors que la forme retournait dans l’ombre elle entendait nettement son rire affreux. Pétrifiée, perdue dans les limbes de ses souffrances, savait-il que le Monstre était plus fort qu’elle ? Et plus les craintes prenaient vie, et plus elle laissait à la Bête sa chance. Trop faible, Dula. Je suis bien trop faible. Son poing abimé avait beau rejoindre le long de ses flancs, il n’en demeurait pas moins clos de rage, de cette colère qu’elle avait cru provenir de lui ; mais en vérité, Aertsab se détestait assez pour se haïr. Et la flamme, au creux de son corps, le feu vibrant de son esprit qui l’empêchait de commettre l’irréparable – comme si cette soif de vie était suffisante pour pardonner ses pêchés. Pour l’expier aux yeux de siens, à ces yeux carmins qui la fixaient sans sourciller. Ô Dula, crois-tu qu’il me voit telle que je suis ?. A ces côtés elle ne pouvait qu’être forte. Elle se sentait invincible. Le Maître des Ombres avait toujours su galvaniser sa fougue et sa fureur, sa Foi et son jugement.
Ils restèrent là, à se toiser en silence quelques secondes. Le filet rougit glorifiait ce visage dur. Le rouge avait toujours été sa couleur. Cette dernière pensée lui extirpa un sourire voilé alors qu’elle se redressait déjà. Elle avait besoin de son ami, cette nuit. Sans même demander la permission, elle grimpa sur la table d’un geste souple en s’appuyant sur la cuisse de son compagnon. L’Renor ne résista pas longtemps avant de glisser une œillade mutine pour déceler le moindre signe de douleur. Elle aimait tant quand il la suppliait. Sa langue vint caresser sa lèvre supérieure alors que l’attention des consommateurs se portèrent sur elle. Quelques regards lubriques, d’autres interrogatifs, ils furent assez à se taire pour que sa voix claire et fluette soit entendue par tous : « Dégagez ». L’ordre était impérieux, catégorique. Certains se marrèrent et le tavernier faisait une drôle de moue. « Retire plutôt tes fringues, sale pute ! ». Et ils se mirent à rire plus fort encore, grassement. Et le sourire de la Rose grandit en une mimique terrifiante. Celle du prédateur ace à sa proie. Et bien que l’envie lui démangeait, elle s’abstint de tout geste regrettable. Elle était bien curieuse de voir le visage de son amant, dans son dos. Que ressentait-il alors ? « Messieurs, faites-moi sortir la vermine. Vous aurez quartier libre après ». Elle ne les avait même pas regardés, mais la promesse d’une nuit paisible dû motiver un peu plus les trois gaillards qui l’avaient accompagnée jusqu’ici. Après quelques minutes, le calme était revenu, la taverne vidée à l’exception du gérant et de Kahveka. Quittant son poste haut perché, elle s’installa face à son compagnon avant de crier : « Apporte nous de quoi boire, ce que tu as de plus fort. Et met le donc sur la note de ce connard, c’est lui qui régale ». Les prunelles andrinoples se plantèrent dans les billes de l’assassin non sans malice. Mais la peur l’avait-elle réellement quittée ?
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| | | Kahveka Ner'Val Do'Vehera
Drow
Nombre de messages : 148 Âge : 36 Date d'inscription : 09/05/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 795 ans Taille : 1m90 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: [ Sanguette ] Les ennuis, moins tu en as, plus tu en trouves. [L'Renor] Mer 19 Juin 2019 - 22:51 | |
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Il lui manquait ce semblant de lucidité qui lui aurait permis, en temps normal, de déceler le mal qui sévissait en elle. Quelque chose la rongeait à coup sûr et torturait son âme d’une manière telle que son regard trahissait son amertume. Ah comme il eut désiré la délivrer d’un tel mal, qu’elle redevienne celle qu’elle avait toujours été en sa présence, qu’elle puisse au moins profiter pleinement de ce moment avec lui. Pour sûr le temps était pour ce genre d’acte d’héroïsme bien mal choisi et opta plutôt pour une solution plus sécuritaire. À bien des égards le temps était le meilleur des baumes aux maux du cœur et de l’esprit, de même que l’alcool et la drogue. Mais là, c’est autre chose.
Tranquillement, trouvant le fixe dans ses billes andrinoples, il constata que la tempête délaissa la côte pour retrouver les profondeurs de l’océan, laissant peu à peu son amante retrouver ses airs normaux. Il le vit, dans ce froissement des yeux, dans le pli en coin de ses lèvres, réprimant un sourire charmé par les airs macabres de son ami. C’était au moins ça de gagner : crever dans les caniveaux les plus crasses des bas quartiers n’était pas pour ce soir! Elle conquit la distance qui les séparait, lui faisant croire une récompense méritée après un si mauvais traitement, mais ce ne fût que pour mieux se hisser sur la table, écrasant de sa botte bien boueuse son genou cagneux par la pression de sa petite personne. Bien moins cuisante que la généreuse caresse de ses jointures contre sa joue, la douleur ne lui arracha pas la moindre grimace, au contraire, s’il apprécia qu’elle fit montre de son caractère dominant, il s’en allait se repaître de la vue de son popotin bien mit en valeur devant lui.
Enfin, malgré tout le brouhaha qu’avait causé sa présence, elle capta enfin l’intérêt de tous les trouducs de la place, des plus curieux aux désintéressés. L’ordre lancé par sa maîtresse illumina les traits de l’assassin. Non pas qu’il aima à la voir aussi stricte envers les autres, mais il s’imaginât d’ores et déjà la réaction de tous et chacun face à un personnage aussi improbable. Un pisse-vinaigre s’élança le premier d’un trait d’esprit des plus gentleman. Si le damné prononça clairement « déshabille-toi, sale pute! », Kah comprit qu’il chercha de la manière la plus claire et précise à mourir. Énoncer son envie d’écourter sa misérable existence n’eut guère été aussi efficace que ces mots qu’il lança tout juste.
Le battant du spadassin palpita d’avance : elle arriverait plus tôt que tard cette soirée de calme et de paix. Le trio de malandrin s’exécuta comme des chiens bien dressés, qui n’eurent accès à aucun os depuis des lustres : ils ne firent qu’une bouchée de la rapace. Les tables volèrent, les corps se consumèrent instantanément par des flammes aussi ardentes que celles de la forge de lave et les cris s’unirent à l’unisson pour chanter un hymne à la souffrance. Que Kiel et Teiweon en soient témoins, il y eut dans ces quelques ultimes instants d’agonie tout pour leur plaire. Un temple dressé à la barbarie, ne laissant dans ce chaos qu’une âme esseulée de ses clients, bien traumatisé par le massacre de son domaine et, probablement, de sa carrière. Foutu qu’était la place, il ne restait plus que ruines, sang et boyaux. Peut-être l’endroit le plus romantique que nos deux drôles d’amis eurent la chance de se côtoyer.
Lorsque les trois molosses quittèrent les lieux, que le tavernier s’exécuta, s’en allant chercher bière mousseuse à ses uniques clients, Kah se dressa sur ses béquilles pour mieux affronter sa furie d’amante. Ses deux bras vinrent se refermer derrière les cuisses de L’Renor puis exercèrent une pression suffisante pour l’obliger à plier les genoux, l’intimant à trouver assise sur le rebord de la table, les deux gambettes s’en retrouvant de chaque côté du spadassin.
« Laisse-moi te saluer correctement, Jabress. » Et il vint l’embrasser de la manière la plus lubrique qu’il soit, lui laissant savoir tout l’effet que ce massacre avait sur lui. Toute l’emprise que sa simple présence avait sur son corps et sur son sang-froid.
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| | | L'Renor Crysto
Drow
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| Sujet: Re: [ Sanguette ] Les ennuis, moins tu en as, plus tu en trouves. [L'Renor] Sam 22 Juin 2019 - 19:45 | |
| L’air s’était chargé d’un parfum entêtant, mélange subtile de chair et de cendres encore chaudes, qui voletaient gaiement dans le regard impitoyable des amants. Là, alors que le calme était revenu, elle pouvait entendre les battements de son cœur, sentir ce sang qui parcourait des veines engourdies par la boisson. Les humeurs grisées par quelques substances, elle eut bien du mal à ne pas céder devant l’envie presque animale qu’il dégageait alors. Il avait toujours été ainsi, sans masque ni stratagème, offrant un cœur béant emplit de pulsions terribles dont l’abyssale noirceur trouvait écho dans les aspirations de la Sanglante. Et plus elle s’amusait à trouver le fond de ce Néant, et plus la tension montait ; un gouffre sans fond aux allures de sirènes vénériennes qui remuaient quelque chose dont elle ignorait tout. Le massacre avait soulagé sa peine, apaisé sa violence et pansé sa peur pour le moment. Alors, bien plus encline que tantôt, elle se laissa glisser sur le rebord encore intact de son promontoire.
Ils n’avaient pas pour habitude de faire montre de leur amitié en lieu si fréquenté – quoiqu’un peu dépeuplé depuis peu -, mais cela ne lui avait guère déplût. En vérité, plus les siècles s’étiraient et moins elle ne parvenait à combler le vide qui l’animait. Seul ce visage détaillé mille fois arrivait à mouvoir son corps, à faire battre son esprit, la forçait encore à avancer. Sans lui, il semblait que rien ici ou ailleurs n’avait de sens. Comme si la voix grave et les rencontres trop rares, trop ardentes à elles seules parvenaient à habiter son être. Ô Dula, lui qui lit si bien en moi, l’a-t-il compris ?. Un rire moqueur s’écrasa sur les parois de son crâne. Non, bien sûr que non. S’il l’avait compris voilà bien longtemps qu’il l’aurait admis, ou qu’il aurait fait montre de quelques largesses auxquelles elle n’avait pas le droit. Alors, peinée par la triste réalité, la Rose Noire se contenterait des miettes pauvres que Kahveka lui donnait encore, espérant qu’un jour viendrait où il la verrait enfin.
Il lui fallut bien du courage, un lutte intestine terrible, pour réussir à se décrocher de ses lippes délicieuses. La figure presque déformée par une douleur sourde de se détacher de lui, elle avait le souffle raccourcit par la course de leurs langues. Elle préférait cet homme-là, celui qui lui appartenait corps et âme. Elle préférait celui qui jamais ne s’opposerait à sa volonté brûlante, à ses envies frénétiques. Elle ne sut dire avec précision combien de temps elle demeura ainsi, face à lui, si proche et si inaccessible, avant que ne revienne de l’arrière-boutique la silhouette désemparée. Le tenancier posa près d’eux de grands verres, à laquelle il ajouta une bouteille au liquide transparent et dépourvue de la moindre inscription. Le tout était sale, mais rien de bien étonnant dans ces quartiers crasseux. Elle laissa échapper un petit rire. Combien de fois s’étaient-ils retrouvés dans des endroits aussi malfamés ? Celui-ci fût loin d’être le pire.
Et sans attendre son reste, comme pour exorcisé l’envie de reprendre cette bouche qui était sienne, elle arracha le bouchon de la bouteille et laissa l’alcool bruler sa gorge dans une caresse salvatrice. Voilà tout ce dont elle avait besoin. Un sourire en coin de dessina sur son minois alors qu’elle fermait les yeux en s’essuyant le menton. Par Uriz, cette boisson l’avait presque anesthésié. « Tu dédommageras notre ami de la pagaille que tu as mis, Kahveka ». Inutile de jeter un coup d’œil autour d’eux pour comprendre qu’il ne restait que de rares ameublement et les murs étrangement solides. « Tu vois, c’est toujours ce qu’il se passe lorsque tu me mets en colère ». Le ton était faussement empli de reproches. Ils se disputaient, certes, mais aucun des deux ne pouvaient nier prendre un certain plaisir à observer la rage de l’autre. Sans douceur, son pied s’écrasa contre son entrejambe avec la satisfaction d’une enfant. « Je pensais te trouver chez toi. J’aime peu te courir après, tu le sais pourtant ». Une deuxième rasade et déjà sa langue pourléchait ses lèvres avec délice.
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| | | Kahveka Ner'Val Do'Vehera
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| Sujet: Re: [ Sanguette ] Les ennuis, moins tu en as, plus tu en trouves. [L'Renor] Mar 25 Juin 2019 - 22:38 | |
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C’était en tout point d’un exquis réconfort de savoir que sa présence pouvait temporisé les élans vengeurs de son amie. Et qu’il pouvait les aiguillonner en même temps, mais le moment ne s’y prêta que bien peu. Leur étreinte s’estompa enfin, redonnant à nos deux drôles d’oiseau leur liberté respective et offrant au même instant, l’opportunité à l’assassin d’étancher sa soif d’une longue rasade de bière mousseuse. Il mima le même mouvement que sa mie, s’essuyant le bec d’un mouvement de l’avant-bras. Et tant qu’à y être, il calqua cette même mine amusée, étirant les lèvres en un sourire qui ne manquait pas d’amusement. Voilà un tableau qui avait tout pour lui plaire : elle, dominante et puissante, inspirant terreur et effroi à ceux qui la côtoyait et, le tout, dans un décor où régnait chaos et destruction. Une recette qui ne manquait pas de plaire au spadassin, vu les étoiles qui pétillaient dans ses mires.
« Payer pour ton foutoir ? Plutôt, il devrait te remercier. C’est plus accueillant que ce l’était avant ton arrivée. » Une boutade belle et bien lancée pour la Phor’dur, mais qui espérait voir susciter d’abord et avant tout une réaction au misérable tenancier. Le pauvre, les lèvres liées, s’en tint au secret et préféra ne pas piper le moindre commentaire. Il se contenta du simple fait qu’il respirait encore et dût s’en compter chanceux, car il ne devait sa survie qu’au simple fait qu’il savait remplir un verre d’alcool. Cette bouille illuminée de plaisir, qui planait sur cette vieille fresque qui lui servait de visage, se tordit toutefois lorsque son amie se servit encore de lui comme d’un podium.
Elle lui écrasa li-té-ra-le-ment les boules. Aussi bien vous dire que ce ne fût que pour la provoquer d’avantage, qu’il s’efforçait à préserver son air plaisantin.
« Certains ont vu comme tu étais coléreuse, mais moi, j’ai vu comme tu étais triste. » Ôsa Kah, rapatriant son attention dans le creux des billes incandescentes de son amante. Il eut bien conscience qu’elle ne s’en verrait guère enchantée, mais décida de la piquer tout de même. Il était ainsi fait, après tout. Même lorsqu’il avait les noyaux prisonnier d’un casse-noisettes.
Bien qu’elle fronça les sourcils, qu’elle plissa son joli petit nez et qu’elle emprunta un ton plus sérieux, il dût se rendre à l’évidence qu’il l’avait bien cernée, puisqu’elle libéra sa masculinité de son pied oppresseur. « On ne peut oublier le passé, Kahveka. Voilà tout. »
« C’est bien là que je me rends compte à quel point nous sommes près sans vraiment nous connaître. » Du moins était-ce normal en ce qui le concernait, puisque sa vie tournait autour du fait que personne ne le connaissait en toute exactitude. Et heureusement, or quoi il ferait un bien piètre membre de la Dotkha. Mais elle ? Pourquoi ne s’était-il jamais intéressé à l’ensemble de sa vie et non simplement celle qu’il connaissait depuis leur prime rencontre ?
« Ça doit être barbant à outrance, mais tu voudrais pas me raconter, dis ? » Lui demanda-t-il, tout en lui offrant de nouveau ladite bouteille poussiéreuse, retrouvant sitôt dit son air taquin habituel
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| | | L'Renor Crysto
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 728 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: [ Sanguette ] Les ennuis, moins tu en as, plus tu en trouves. [L'Renor] Jeu 27 Juin 2019 - 20:47 | |
| Elle attrapa la bouteille à la volée et laissa s’engouffrer dans sa gorge anesthésiée le liquide salvateur. Elle ne le quittait pas des yeux. Etait-il sérieux ? Lui qui n’avait jamais posé de question sur son passé, lui qui l’avait accepté entière malgré les silences lui demandait aujourd’hui quelques confidences. Pouvait-elle seulement lui refuser ? Une main ennuyée gratta l’arrière de son crâne, remuant sa crinière blanche avec malaise. Voulait-elle seulement en parler ? Elle souriait pour donner le change, mais son for intérieur se débattait avec rage. Elle hurlait silencieusement. Elle n’avait rien à cacher après tout, surtout à lui, mais elle n’avait jamais été à l’aise avec ses faiblesses. A coup sûr son amant ne la regarderait plus de la même manière, à coup sûr il se désintéresserait d’elle. Et puis, la Sanglante demeurait prudente. Il n’était jamais bon de se révéler autant, déjà qu’ils s’étaient bien trop compromis dans cette relation étrange et destructrice. Lui non plus n’avait jamais rien dit de lui, de ses affaires ou de ses ambitions. Il était plutôt taiseux. Maudis soit tu, Kahveka !. De l’attachement à la haine, de la certitude au doute, ses prunelles se voilaient et se dévoilaient à une vitesse folle. La lutte intérieure transparaissait par le nombre de gorgées qu’elle s’offrit, comme du courage liquide, espérant insidieusement que cela la paralyse tout à fait ; presque comme l’alcool mauvais qui brouillait les esprits.
Mais plutôt, comme une porte de sortie, une idée éclaira son minois perdu. Lorsque le contenant retrouva la table, près d’un quart avait déjà disparu. La surface liquide trembla, laissant quelques écumes esseulées sur les rebords crades, glissant peu après pour rejoindre le foyer assagit. Ses lippes échaudées se muèrent en un rictus malsain, alors qu’elle glissa une œillade au tenancier qui s’affairait déjà à remettre de l’ordre dans son établissement. Il ne poserait certainement aucun souci, craignant trop que les deux amoureux ne finissent la basse besogne. Cela n’aurait pas été la première fois. Un petit rire mutin emplit la pièce, de ceux qui ne trompait pas ; la Rose Noire avait bien l’intention de rendre cette soirée plus agréable.
« Cinq cent ans et voilà que tu te préoccupes de ma jeunesse ? Tu fais un bien piètre compagnon ». Elle ajouta à sa taquinerie une caresse de sa langue sur ses canines dévoilées. Il avait toujours été la proie de ses pulsions, de ses envies les plus sombres. Il incarnait à lui-seul la femme qu’elle était devenue. Et cela lui plaisait assez. « Jouons à un jeu, Kahveka. Tu sais combien ces conversations m’ennuient ». Son rire éclata de plus belle, franc et cristallin bien que ses yeux, eux, brillaient d’une toute autre lueur. « Tu veux, dis ? ». Sans attendre son reste, elle reprit de plus belle : « Chacun pose une question à son tour. L’autre doit y répondre sincèrement. Si jamais ne celui qui a interrogé suspecte un mensonge… ». Sans finir sa phrase, elle se pencha en avant pour tirer de la botte de l’assassin son couperet avant de laisser ses doigts curieux caresser la lame. « Il pourra faire ce qu’il veut à l’autre avec ceci ». Dans un gloussement, elle attrapa son col pour l’approcher un peu plus d’elle, allant jusqu’à son oreille pour y susurrer avec douceur. « J’espère qu’elle est enduite de poison, cela rendra le jeu encore plus… excitant ».
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