L'Ombre d'un au revoir | Dante

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Au plus fort de l'été - 8e jour de la 7e ennéade de Verimios
16e année du XIe Cycle
Juste après l'entrevue avec Shyn'tae

Dans l'obscurité, Cécilie fait les cent pas. Le lieu de rendez-vous est le bon. Les affaires sont là. Frontière est paisible. La nuit semble normal. Mais elle ne supporte pas l'attente qui s'étire. Les lumière du gardien de cheval en périphérie de la ville-louée s'éteignent, et il n'est toujours pas là. Ses bras se referment autour d'elle, comme pour attraper à bras le corps la contenance qui lui reste et la fixée malgré son mauvais pressentiment.

Il n'est jamais en retard.

Sur ça il a toujours été pointilleux. Alors qu'il n'apparaisse pas, justement ce soir...

Malgré un fond de terreur glacée c'est surtout de l'agacement qui étreint la jeune femme. S'il s'en-tête encore il va les mettre plus encore en danger. Certes, elle a insisté pour voir Shyn'tae avant de partir, mais elle a fait au plus vite une fois les informations récupérés et la livraison faite !

En réalité, même si elle refusait de se l'avouer, elle avait parfaitement ce qui l'inquiétait... Il était là. Il les avait vu... Et il y avait de fortes chances pour qu'il ait mal pris l'au revoir de l'eldéenne. Elle ne l'avait pas repoussé et ça n'avait rien du arrangé. Mais elle n'avait pas à se restreindre pour lui ou à mentir parce qu'il était présent de toute façon ! Ils avaient toujours été clairs sur la question. Elle faisait ce qu'elle voulait. Il faisait ce qu'il voulait. Ils n'étaient pas jaloux ou possessifs. Et ce n'était pas un simple baiser qui changerait quoi que ce soit.

... Enfin elle espérait qu'il n'avait pas fait de bêtise tout de même...

Lorsqu'il apparut enfin, elle prit une grande inspiration... Et le regarda passer près d'elle sans un mot ni un regard. Il était à deux doigts d'exploser... Alors c'était à ce point ? Elle lui emboita le pas en silence, sans savoir quoi penser de tout ça. Mais après une dizaine de minutes à peine, la question la plus évidente s'était enfin imposée d'elle-même : un retard plus Shyn'tae seule en ville...

- Tu ne l'as pas tuée, n'est-ce pas ? "

Ce n'est pas le moment… Dante a repoussé cette scène loin, très loin. Ce n'est pas nécessaire de aire du sentiment quand leur survie immédiate est menacée… En lui ca s'agite par contre. Ce n'est pas la première fois que Cécilie embrasse quelqu'un d'autre que lui. Il ne les a pas tous tué…


Mais elle ne l'a pas repoussée…

Sous les frondaisons, l'assassin repousse sa capuche et baisse sa caqoule. Il veut être capable de bien voir, entendre et goûter l'air.

Combien de fois qu'elle a fricotée avec cette salope sans qu'il le sache?


Elle a aimé ca…

La question est, aussi, depuis quand?


Les drows, ces sales putes…

Paquetage au dos, l'assassin avance souplement dans la forêt. Depuis le temps qu'ils y sont, il connait les lieux par coeur. Il entend sa compagne le suivre, marchant dans ses traces.        


Tu as laissé tes Filles pour ca?

Tiquant, l'homme secoue la tête d'irritation. Alors qu'une question traverse l'air nocturne.

- Tu ne l'as pas tuée, n'est-ce pas ?

Dante ralentit le pas, avant de s'immobiliser tout à fait. Ce n'est pas le moment de faire du sentiment… Mais elle l'a touchée, lui a imposé un baiser… Et elle ne l'a pas repoussée...Elle… Cécilie voit son dos, imprécis dans les ténèbres ambiantes. La nuit leur est favorable, la lune leur offre juste ce qu'il faut de visibilité pour ne pas se casser la gueule.

Elle vient pas de lui demander ca non? Non? La voix grave claque, aussi glaciale que les yeux de la jeune femme…

Elle respire.

Il se rappelle à l'ordre. Elle est libre et lui aussi, ils font ce qu'ils veulent. Voir la main d'ébène d'une drow caresser ainsi la jeune femme… Elle le sait en plus qu'il n'aime pas ca, encore plus que ca soit une Eldéenne… Couteau… Et elle l'a fait pareil. Depuis combien de temps qu'elles sont amantes?


Tu penses qu'elles couchent ensembles depuis les jeux?

C'est pas le temps, avançons.

Répond Dante autant à la Bête qu'à Cécilie. La Bête qui, ravie de l'instabilité de son hôte, en rajoute une couche délicate…

Et dire que tu as ruiné une belle occasion d'ordalie truquée pour cette … femme…

Sachant ce qu'elle savait de son Chasseur, d'autre auraient sûrement eu peur de sa distance. De son ton glacial. De ses phrases courtes. Tout en lui indiquait une tension immense, prête à exploser. Il n'avait même pas daigné la regarder lorsqu'elle lui avait posé sa question, répondant de la manière la plus évasive possible. Et elle n'avait pas de doute sur le fait qu'il le faisait exprès pour l'agacer, ou même pour la blesser. Quoi qu'il ait fait durant ce retard, cela ne l'agaçait pas autant que ce simple fait. Elle le suivait vers elle ne savait où et les mots, les gestes, même les attitudes de son Chasseur était autant de coups de crocs.

- Au contraire. Il n'y aura jamais meilleur moment. " gronda-t-elle froidement sans se remettre en marche, ne prenant même pas la peine de croiser les bras sur sa poitrine. " Tu as quelque chose a dire. Alors dit le. "

Si c'était vraiment ça son problème, elle voulait l'entendre de sa bouche. Entêtée comme elle était, il était inacceptable qu'elle baisse la tête et la suive alors qu'il se comportait comme ça. Elle n'était plus un agneau dont les gens décidait du destin et du haut de sa vanité, elle était capable de faire demi-tour avec tous les risques que cela comportait. Mais surtout, elle rejetait en bloque la moindre once de culpabilité. Elle était libre. Il le savait. Alors elle n'allait certainement pas se comporter comme si elle était en tort. S'il n'était pas au clair avec tout ça, il devrait mettre les pieds dans le plat une bonne fois pour toute au lieu de la balader tout en la repoussant de la voix.

- Et regarde moi. "

- Au contraire. Il n'y aura jamais meilleur moment.  Tu as quelque chose a dire. Alors dit le.

Le froid dans son dos, l'arrêt des bruits de pas de sa Ténébreuse lui indique qu'elle ne le suit plus. Ainsi c'est donc ca, elle se cherche une excuse…

Il ralentit le pas et s'arrête. Dans la pénombre ambiante, il attend. Elle ne vient pas… L'assassin ne veut que la mettre en sûreté. Mais… Un frisson de mauvaise augure lui remonte le long de l'échine.

Tu pense que c'est un coup monté?

Dante doute… Pourquoi qu'elle ne le suit pas? Veut elle se débarasser de lui pour pouvoir être avec son amante? Pourtant, il a toujours cru qu'ils étaient un… Sur son arc, la grande main se serre… La scène se rejoue, d'abord  un toucher non sollicité auquel il a été répondu positivement… 

- Et regarde moi. 

Non… J'ai pas le temps. T'es libre de la retrouver… T'as toujours été libre, c'était pas la peine de me monter cette mise en scène pour me plaquer. Si tu voulais que je foute le camp de Frontière et de ta vie, t'avais qu'à me le dire. tu voulais qu'elle te touche... 

Le ton est froid, clinique, inhumain. Et la grande silhouette de reprendre son avancée… L'envie est forte de faire demi tour et d'aller tuer la drow, d'aller rechercher ses Filles, et pas nécessairement dans cet ordre… Une drow qui pleure après le départ d'une humaine. Bien oui…. Bien oui…  

Quel beau foutage de gueule quand on y pense. Cécilie savait parfaitement ce qu'elle faisait.

Au moins il ne s'entête pas à marcher droit devant en la plantant là. Il s'arrête, la main raidit sur son arc. Il refuse toujours de la regarder. Bon sang ! La jeune femme à les mâchoires douloureuses à force de les serrer.

La retrouver... Elle en resta pétrifiée. Il pensait vraiment qu'elle et Shyn'tae... ? Il pensait vraiment qu'elle aurait pu lui mentir là dessus ? Qu'elle aurait pu faire semblant jusqu'à monter une pareille mise en scène ? Et quoi quoi ? Le plaisir de le mener par le bout du nez ?

Elle ne lui avait jamais caché la facilité qu'elle avait à manipuler les attentes et jouer avec les émotions. C'est ce que l'Enchantresse de Missède avait fait pour se hisser au titre de baronne après tout, et elle avait épouser cette légende en restant en Ithri'Vaan. Elle se plaisait à voir des imbéciles danser dans sa paume lorsqu'elle le désirait. Mais pas lui. Ça n'avait jamais été le cas. Bien sûre qu'elle ne pensait pas à tout lui dire. Elle n'avait pas à lui faire de rapport précis et avec un passé comme le leur, les souvenirs étaient des trésors douloureux qu'ils partageaient au compte goutte. Ils étaient comme ça... ça lui convenait... Elle pensait qu'il avait confiance... Et le contraire lui serrait la poitrine.

Mais il y avait plus encore... Convaincu comme il l'était, il venait de lui certifier mine de rien qu'il n'avait pas touché à Shyn'tae. Il... Il la laissait simplement libre de la rejoindre si elle le désirait. Il pensait qu'elle était l'amante d'une drow, qu'elle lui avait menti et qu'elle voulait le quitter et il était près à s'effacer de sa vie sans un son. Sur une demande... Un simple mot.

C'était terrifiant.

C'était rassurant.

Les émotions que les quelques mots de Dante laissent sur leur passage sont aussi fortes que contradictoire. Angoisse. Soulagement. Passion. Colère. Douleur.

- Tu voulais qu'elle te touche... "

Et tout s'éclaire. Il est jaloux. C'est le fait qu'elle n'ait pas repousser les avances de l'eldéenne qui le met dans cet état. Le reste... Et bien le reste est sûrement en grande partie du à son emportement, même si elle est incapable d'en oublier le fond. Elle avait envie de lui hurler dessus qu'elle faisait bien ce qu'elle voulait de son corps, il n'y avait que lui qu'elle aimait. Il n'y avait que lui à qui elle était. Mais ils n'avaient pas le temps, en ça, il avait raison. Elle devait prendre sur elle pour ne pas s'emporter. Ses épaules redescendent d'un cran en un bref soupire.

- Sur le moment, oui. Et si tu veux vraiment mettre ton nez partout, oui, je lui ai rendu son baiser volontairement. Pendant une seconde, j'ai eu l'impression qu'elle tenait sincèrement à moi alors qu'elle sait parfaitement que je lui mens depuis des mois. C'était comme si... elle ne voulait pas que je parte. Et tu sais quoi ? ça m'a fait du bien. " Pourquoi lui dire ainsi ? Elle n'arrangeait rien du tout... Mais lui cacher n'arrangerait rien du tout non plus. Elle recommença a avancer à pas lents pour réduire la distance entre eux. Elle réfléchissait tout en parlant, trouvant des explication au fur et à mesure qu'elle construisait ses phrases... Et il n'allait pas non plus aimer ce qu'elle trouvait. " Quitter Frontière comme ça, ça me révolte... Je veux pas quitter la ville, Dante. Je trouve ça stupide de devoir partir et ça me... ça me met hors de moi. Alors je sais pas si je l'ai embrassée parce que je voulais que tu le vois, sur un coup de tête ou si ça m'a juste fait du bien de savoir que Shyn'tae était aussi triste que moi de me voir partir. Mais je l'ai fait et je ne devrais pas avoir à me justifier. Pas plus que je ne devrais avoir à m'excuser de faire ce que je veux de mon corps. Mais puisque c'est important pour toi... "

Sa main se glissa vers le bras de Dante pour s'y poser tout en passant devant. Elle avait parfaitement conscience de ce que son geste pourrait déclencher. Qu'il tente de la repousser et elle insisterait. Qu'il la saisisse, qu'il la morde, qu'il la frappe s'il osait, elle avait besoin de sentir son contact et de voir - même vaguement - son visage.

- Shyn'tae et moi, nous ne sommes pas amantes. Je n'ai jamais couché avec elle et je ne veux pas la rejoindre. Je la considère comme mon amie et mon alliée, mais ça s'arrête là. C'est avec toi que je suis maintenant, et c'est avec toi que je veux être. C'est pour toi qui je quitte Frontière. "

Une bassesse... Même pour elle. Les mots de son Chasseur continuaient à creuser leurs sillons en elle. Il repoussa son contact. Fourbe. Traitresse. Menteuse. Vicieuse. Indigne de confiance. Lache... Les choses n'avaient peut-être pas tant changées que ça depuis Missède et les rumeurs. Et puis avec ce qu'elle était capable de faire à d'autres, pourquoi pas lui en définitif ? Il n'approuvait vraiment pas sa façon de vivre...

Elle l'avait obligé à en parler. Elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même si elle avait gagné le gros lot.

Elle pouvait toujours se dire qu'il ne le pensait pas vraiment, mais elle doutait qu'il invente de toute pièce des choses qu'il ne ressentait pas. Certes, il était dans un état qui lui faisait sûrement exagéré beaucoup de choses, mais il n'y a pas de fumée sans feu comme on dit. Le mouvement qu'il fit pour se dégager, ne plus souffrir l'horreur de son touché, fut aussi douloureux qu'un coup de poignard dans le cœur... Et elle était sûrement une des rares personnes à pouvoir faire précisément la comparaison.

Putain... Incapable... Elle s'efforça de déglutir, la gorge sèche.

Peut-être était-ce simplement la fatigue et la tension qui l'empêchait de prendre du recule, mais elle n'avait qu'une envie : le planter là. Même pas pour retourner à Frontière, juste pour ne plus l'entendre. Aller directement à Thaar, se poser à la volière, prendre ses affaires et partir sans destination ni date de retour. Mais Shyn'tae le lui avait dit... Les drows savaient qu'elle était proche de l'Ombre et il seraient aussi content de mettre la main sur elle que sur lui. Alors elle serra les dents - encore - et accepta le joug. Comme avant... Et la bile lui montait aux lèvres rien qu'à cette idée. Elle s'attrapa les coude, ne cherchant plus à voir le visage de son compagnon. Pour avoir ce qu'on veut, il falait ravaler sa fierté.

Non... Rien ne changeait jamais vraiment en fin de compte.

- Je suis avec vous. " répéta-t-elle sans bouger, gardant un contrôle aussi parfait qu'elle en était capable sur sa voix et ses gestes. " Tu es plus important que Frontière, même quand tu te conduits comme un crétin, et tu le sais. " Elle n'arrivait pas à répondre à toute la gourme qu'il lui crachait au visage. Si elle parlait plus, elle allait encore plus déparé et ils ne pouvaient se le permettre. S'ils se faisaient chopé, peu importe qu'elle ait mal puisqu'ils seraient mort.

- Bon s...! Je t'ai dit qu'il n'y avait rien de prémédité. Il n'y a pas de Elle en particulier. " gronda-t-elle, essayant toujours de se contenir pour ne pas céder à la colère que faisaient monter la douleur et la rancune. Elle n'aimait pas la façon dont tout ceci tournait. Il se faisait prédateur, tournait autour d'elle comme s'il cherchait à la cerner, à la désorienter... A prendre l'ascendant.

Elle soutient son regard sans frémir. Volontairement proche, pour pouvoir la distinguer malgré l'obscurité, il reste hors de porté. Même dans une lumière si tamisée, elle a l'impression que ses yeux ne peuvent cacher à son Chasseur la colère qui flambe derrière la glace.  

- Cette fois ça suffit, Dante. Oui, je suis avec vous. Et je ne te donne pas le droit d'en douter. " Comment pouvait-il encore lui demander de le répéter. Comme s'il ne le croyait pas. Comme s'il refusait de l'entendre. " Tu me connais mieux que quiconque. Si tu n'as plus confiance en moi à cause d'un simple baiser c'est que - quoi que tu en dises - ça a beaucoup d'importance pour toi. Alors arrête de répéter que je peux coucher avec qui je veux si ça te met dans des états pareils. J'ai pris la décision de te suivre, mais je ne souffrirai pas que tu me traites en ennemis. Si ça te ne suffit pas, si tu doutes ou que tu me vois vraiment comme une catin vicieuse, une lâche cruelle incapable de se débrouiller seule et prête à te trahir à la première occasion, finit ton office. " Sur sa dernière phrase, sa voix avait légèrement tremblée mais son visage était plus froid et impérial que jamais. Sa main avait dégainer sa propre lame sans le quitter des yeux. La poignée du poignard trouva le chemin de la paume de son Chasseur avec une rudesse étrangement précise, inhabituelle pour elle. D'un coup sec, elle attrapa le poignet de son amant pour l'amener à hauteur de sa propre poitrine, prêt à frapper.

Elle ne voulait pas mourir... C'était stupide. Derrière la colère, une part de son esprit paniqué se tétanisa. Elle ne voulait pas mourir... Derrière la glace de ses yeux, l’intensité du brasier cachait une peur abyssale. Elle ne voulait pas mourir... Mais la main qui tenait Dante refusait d'éloigner l'arme.

Un silence. Une respiration retenue. Une hésitation qui la tue.

Et il la serre contre lui tandis que l'arc tombe au sol.

La courte lame échappe aux doigts de la jeune femme. Elle ne sait pas si elle tombe au sol ou si Dante la tient. Elle s'en moque. Elle n'arrive pas à savoir pourquoi elle a eu un tel geste... C'était stupide, dangereux et totalement disproportionné. Elle reste raide, mais il la serre toute de même contre lui. Elle a tout juste le temps de poser la main sur son épaule pour le repousser, mais la surprise rend son opposition inexistante. Il vient de reprendre chaque qualificatif, tranchant de la façon la plus pragmatique qui soit comme s'il pouvait découvrir que finalement, elle était bien une salope sans cœur prête à lui planter un poignard dans le dos. Ils n'avaient pas besoin l'un de l'autre... Mais elle en avait envie, elle.

Elle le fusille du regard, attendant le prochain coup sans être capable de se détendre malgré son étreinte.

- Allez, ca va le drama… " Comment ça le drame ?! Certes, elle avait peut-être un peu exagérer avec la lame, mais c'est lui qui marchait droit devant comme si elle n'était qu'un boulet à son pied et qui lui disait d'aller retrouver une soit disant amante !
- Je suis très sérieuse !
- Ça nous distrait et nous rend vulnérables.
- Mais tu ne réponds pas à ta propre question...

Sa voix vibre sur la fin de sa remarque. Elle ne va pas plus loin. Elle s'était dit qu'elle ne devait pas jeter le l'huile sur le feu. Elle s'était juré de rester raisonnable et de tuer la dispute le plus rapidement possible. Mais c'était plus fort qu'elle. Lorsqu'ils n'étaient pas en phase, c'était une part d'elle qu'on tentait d'arracher. Alors une remarque pareille laissée en suspend...

-Non, Tu ne nous trahiras pas… Ça va… " Il lui semble qu'il la serre plus fort. Sa voix grave se veut apaisante, même s'il ne va clairement pas bien. Il ne détourne pas les yeux cette fois... Ses yeux ternes... fatigués... ils le sont tous les deux. Lui plus encore qu'elle. Tendus... Le bras qu'elle avait posé sur son épaule l'enlace. Elle pose son front contre le sien, inspirant une grande fois. " Ça va... " répète-t-il encore un ton en dessous. Son bras le serre un peu plus. Très bien. Il est jaloux. Et alors ? Il veut encore d'elle... Elle ne voulait pas lui faire de la peine en vérité, mais elle ne voulait pas non plus s'imposer des limites qui lui paraissait dépourvues de sens. Elle aurait fini par le détester. Alors quoi faire de plus qu'enterrer la hache de guerre et peut-être d'en parler quand ils seraient plus en sécurité ? ... Ou de ne plus en parler du tout. La main qui avait été coincée entre eux lorsque son Chasseur l'avait tirée à lui agrippa le revers de sa cape, chiffonnant le tissus. Évidement, il le sentit sans mal, insistant une fois de plus. " Calme toi. Je m'énerve tu le sais, pourtant j't'ai jamais mordue que je sache.
- Jamais sans que je le veuille. " répondit-elle avec un rire de gorge tendu.

Elle relâcha un peu son étreinte et prit une inspiration un peu plus profonde pour dire... Dire quelque chose qui n'avait pas d'importance. ça aurait relancer le débat... Et puis... Non. Elle  souffla et posa un baiser sur sa joue lacérée pour celer les excuses qu'elle voulait lui présenter. Elle prit un instant pour respirer son odeur, le bras toujours autour de ses épaules, avant de le lâche totalement, hochant la tête.