Des rencontres sur le chemin de Lante [PV Gorkim et Brynhild]

Il y avait de nombreuses choses dont on ignorait le poids avant d’y faire face. Mais un statut comme celui là ne s’abandonnait pas. Etre Thane était venu avec de la notoriété en tant que clan guerrier se battant aux côtés du roi et des grands clans du Zagazorn. Une victoire pour un clan obscure de Lante qui avait réussit à se faire remarquer, très surement grâce à la bouffée de fraicheur qu’avait apporté la jeune naine .
Mais la candeur de ce nouveau poste s’effaça rapidement sous la charge des responsabilités qui l’incombait désormais. Fort heureusement pour elle, la Louve pouvait compter sur le soutien de son père, ancien Thane. Il avait abdiqué de sa fonction en raison des évènements survenu quelques années auparavant. En effet, cette dernière campagne contre les peaux vertes et le dragon l’avait presque tué. Il voulait prendre une retraite bien mérité.

Brynhild faisait de fréquent voyage entre Lante et Kirgan dans le cadre de ses obligations. Chacun des retours la ramenait dans ses souvenirs, lorsqu’elle était revenu à Lantes, à pied, seule et sous la pluie. Désormais elle était escorté par deux de ses cousins devenu ses conseillers. Ils avaient des montures et le temps était clément. Tout du moins la plupart du temps.

Cela faisait des heures qu’ils chevauchaient et la fatigue commençait à s’en faire sentir. Raideur dans les jambes et le dos, la soif au gosier et le grondement de la faim dans le ventre. D’autant plus que le soleil tombait tranquillement  derrière les montagnes. L’heure était au repos.
Ils avaient prit pour habitude de s’arrêter dans ce petit village à une journée de belier de Lantes. L’ambiance y était sympathique et la bière était correcte.
Alors qu’ils arrivaient devant l’auberge, ils tombèrent sur le garçon d’écurie qui s’attelait à la tâche avec un bélier. Probablement un autre voyageur qui venait d’arriver.
La naine fit tomber deux pièces dans la maison du jeune dawi et poussa la porte de l’auberge.
L’ambiance enfumé du lieu signalait la fin de la journée. Les fermiers s’en venaient afin de se tremper le gosier et s’enfumer les poumons après une dure journée de labeur.

- Baruk Harald! Comme d’habitude! Et j’ai croisé le jeune Knut à l’extérieur, je lui ai confié nos montures.

- Baruk Brynhild… Thorfild et Manfred! Je vais sortir un fût supplémentaire connaissant votre cadence de jeune dawi….

D’un mouvement de mains, il les invita à prendre place quelques part dans l’auberge bondé.

- J’viens d’apporter d’la bière au dawi là bas, c’est la seule table qu’il me restait!

La Thane regarda dans la direction qu’avait pointé le tavernier. Elle doutait de la précision de son geste compte tenu qu’il se tenait sous le comptoir pour attraper un fût.
Il y avait en effet une table avec un dawi assit, devant une assiette et une mousse.
La naine se dirigea vers lui, deux choppe de bière à la main. Sans gène aucune elle s’installa en face de lui.

- Que fais un dawi, attablé seul dans une auberge de campagne? Tiens v’la du ravitaillement!

Brynhild fit glisser la pinte sur la table et plongea son regard dans celui du nain. Elle avait apprit à user du pouvoir du regard. Elle ne brisa le lien que pour boire une gorgée de sa bière.
Les deux coussins arrivèrent l’un chargé de bière et l’autre chargé des assiettes. Ils s’intallèrent tout autant sans gène que leur Thane.  Ils prirent place de part et d’autre de la naine alors qu’elle sortait une pipe de sa sacoche et commença à la bourrer.

Toujours sur les routes, toujours sur les chemins. Souvent même au travers pour atteindre plus vite la fin. Depuis les dernières années, Gorkim avait l’habitude de voyager entre Thanor et Lante. Les séjours dans les auberges étaient fréquents, même si parfois le nain dormait à la belle étoile lorsque le temps était clément. Le forgeron avait pris un goût particulier à rencontrer les nains et naines de passage dans les tavernes, découvrir leur personnalité et apprendre de leurs exploits et de leurs aspirations.

Lankag, le gakorth du forgeron, était lent mais garantissait généralement une cadence stable et maintenue. Mais il était blessé au pied depuis quelques jour, après une rencontre avec un chien-ours mal dressé… À chaque pas, il tanguait dans un mouvement sec et souvent irrégulier. Parfois, Lankag lançait quelques gémissements de douleur, comment pour supplier son maître de l’aider. Mais Gorkim ne pouvait pas faire plus que ce qu’il avait déjà fait pour sa monture. Le voyage ne pouvait pas durer beaucoup plus longtemps comme ça : il fallait trouver quelqu’un qui pourrait soigner le gakorth comme il faut.

C’est à l’auberge du Pied de sanglier qu’il s’était arrêté, quelque part à mi-chemin entre les deux cités du sud du Zagazorn. Il attacha Lankag à l’extérieur, sur le côté du bâtiment, alors qu’un nain s’accotait au mur pour laisser son corps rejeter le trop-plein d’alcool qu’il avait ingurgité.

L’énorme bête se coucha au sol, et après un long soupir ferma les yeux.

Gorkim ouvrit la porte. Une bouffée de fumée sortit immédiatement. Le grincement de la porte attira quelques regards, et après une toussée ou deux le forgeron alla demander une bonne bière. L’aubergiste la lui servit immédiatement et Gorkim s’assit au comptoir. Après une gorgée excessivement grande, il observa les lieux du coin de l’œil.

Il remarqua presque aussitôt un nain. Assis, au fond, en compagnie de trois autres personnes, le nain qu’il regardait lui rappelait vraiment quelqu’un, mais il n’arrivait pas à mettre un nom dessus. Il se forçait à réfléchir… Il ferma les yeux très fort, comme pour l’aider à chercher dans sa mémoire. Et soudain, il les ouvrit grand. Il pensait avoir trouvé. Serait-ce donc un Hargrund qui buvait au fond de la pièce ? C’était presque sûr, mais lequel ?

Gorkim pensa de plus belle, et après une minute il conclut que c’était bien celui auquel il pensait. Oui, c’était Thordril : les habits, la cicatrice sur le bras, l’arcade sourcilière dénudée… C’était bien le nain dont certains parlaient aux réunions du clan.

Le forgeron se leva et se rendit de manière très évidente à leur table. Il tira une chaise et s’assit.

- Baruk, Thordril !

Gorkim salua la naine et les deux autres nains présents à la table d’une manière plus courtoise, selon les bonnes manières du peuple. Il se retourna vers le Hargrund.

- Ça fait longtemps qu’on t’a vu par chez nous, cousin ! Alors, y'a quoi de nouveau chez toi ?

Il baissa le ton, se rendant compte qu’il venait presque de crier, et continua.

- T’as surement eu les nouvelles, mais y’a maintenant quelques années j’ai contacté ta sœur, le maître Geirral et les autres Hargrund de Lante. On a récupéré une superbe forge ! Enfin… elle est superbe aujourd’hui! Au début elle l’était pas vraiment !

Il poussa un petit rire.

- J’sais que t’aventures beaucoup, et je suis moi-même pas mal sur les routes, mais j’voulais savoir si ça te tentait de venir travailler avec n… nous… enfin, avec eux. La majorité du clan et moi sommes à Thanor, mais les affaires de Lante vont bien aussi.

Gorkim se tourna vers la naine, qui semblait être suivie des deux autres nains.

- Donc, à qui ai-je l’honneur ?

La naine sentait la tension qui s’était installée à la table et cela l’amusait énormément. Un léger sourire en coin apparut sur ses lèvres alors qu’elle attrapait de nouveau sa pinte afin de boire une gorgée quand retentit une nouvelle voix qui attira l’intention de l’inconnu.

Les deux dawis se connaissaient de longue date, enfin semblait-il. L’un bien plus cocasse que l’autre. Une raison supplémentaire que de sourire. Elle adressa un regard à ses deux cousins leur signifiant de changer de table et de la laisser seul avec les deux forgerons. Tout du moins, elle avait comprit qu’il s’agissait de leur profession au nom qu’ils avaient évoqué, Hargrund, au milieu de tout ce qu’il avait dit. Elle devait reconnaitre qu’il y avait deux genre de nains. Les bavards et grognons, des dawis en général fêtard, très ouvert en famille et avec leurs amis, mais avec des inconnus c’était autre chose. Puis les grognons… grognons. Ceux qui malgré tout étaient… taciturne et fermé.
Les nains étaient connu pour cette ambivalence de caractère bien que malgré tout bourru et têtu.

- Donc, à qui ai-je l’honneur ?

La Thane n’eut guère le temps de répondre que l’inconnu tapa du poing sur la table et prit la parole d’un air vantard. Elle eut une extreme envie d’éclater de rire. Elle n’arrive pas a saisir s’il était grincheux, malpoli ou peu locasse ou bien tout en même temps.

- D'vinez donc qui était aux premières loges de l'affrontement ?

- Pas la peine d’en dire plus, je ne pense pas me tromper en disant vous même. N’est ce pas?

Brynhild lui jeta un regard en coin, un brin mystérieux, rieur et sensuel. Il y avait une certaine satisfaction en elle que de répondre à ce grognon dawi. L’orgueil des nains étaient souvent sujet à débat durant les assemblés.
Elle se tourna vers le nouveau venu, Thordril.

- Brynhild du clan Odomar, vous êtes donc Thordril et… ? Je vous rejoins sur la qualité de la forge. Une jeune génération de forgeron assez prometteuse. Il y en a bien besoin avec les troupes que l’on a en place et en formation.

Elle avait omit avec intention de ne pas donner son statut de Thane. La guerrière n’aimait pas que son rôle soit définit en tant que tel. Elle était une naine, une guerrière, une fille et une femme tout en étant cheffe de son clan. C’était un casque supplémentaire qui ne lui avait été donné que très récemment.

- Cependant je serais enchantée d’entendre la suite de votre histoire…

La naine regarda le jeune nain d’un air provoquant, pas le mauvais provoquant, non, un provoquant plus amusant et évocateur. Ce nain avait l’air coriace et elle ne serait pas le seul à devoir faire plier. Elle voyait cela comme un entrainement pour les dawis bien plus âgée et plus têtue que ce nain issue d’un clan forgeron.