Rencontres et préparatifs [Brynhild]

1er jour de la 1ère ennéade de Karfïas – 2ème mois de l’hiver.
18ème année du XIème cycle.
Grand-Loge des Main-Ferme.

Le Kroak me regardait, un sourire sinistre déformant son visage immonde. Chacune de ses flagelles regorgeait du sang de mes camarades tombés au combat, leurs corps gisant ça-et-là dans le tunnel sombre. Son cri me paralysa alors qu’il s’avançait vers moi. La mort inéluctable qui m’attendait ne me faisait pas peur, et je songeai à ma défunte femme, Helda, que j’allais rejoindre, sous la protection de Brisséa. Je rendis son sourire au Kroak qui cracha son venin, brûlant ma peau, et tomba sur moi pour me dévorer. J’entendis le cri du Groman-Rik alors que les crocs du monstre se refermaient sur moi.

Je me réveille en sursaut, transpirant de tous les pores de ma peau. La lumière de la lune illumine ma chambre, tandis que les braises dans ma cheminée m’indiquent qu’il n’était clairement pas l’heure de se lever. Je soupire et sors des draps trempés pour m’approcher du sceau d’eau fraîche de l’autre côté de ma chambre. Je m’en asperge le visage deux fois avant de me relever, pour sortir de cette pièce suffocante. Dehors, j’aperçois la jeune barbe venu raviver le feu des chambres. Il me regarde, interloqué par mon réveil si tôt dans la journée – ou tard dans la nuit. Je hoche la tête avec un sourire, il me rend mon salut et entre en silence dans une chambre voisine. Je marche jusqu’à la porte qui mène à la cour et sors, repensant à ces dernières ennéades.

Ma petite virée dans les tunnels de Kirgan m’avait fait souffrir plus que je ne l’avais pensé. Les courbatures qui avaient suivi les jours suivants m’ont définitivement fait remarquer que je n’avais plus l’âge de me battre ainsi. Mon bras s’est tout de même vite rétabli, et j’avais pu rencontrer Thordril peu avant le départ des Main-Ferme. Nous avons causé de la suite et de la recherche du mogarium. J’étais un peu déçu qu’on garde ce nom maudit, mais Harald avait tranché. La crainte du courroux de Mogar était toujours très présente, bien que nombreux Dawis avaient choisi de ne plus le vénérer. Visiblement, ce n’était pas toujours le cas. Enfin… Thordril et moi avons choisi de nous séparer pour nous retrouver ici, dans la Loge. Il avait pour mission de chercher des informations pour savoir où creuser, alors que je devais m’occuper de préparer l’expédition. J’ai également eu la confirmation que Harald prévoyait d’envoyer des troupes pour nous aider dans cette fouille qui s’annonçait très difficile.

C’est au début de la 5e ennéade que je partis de Kirgan, accompagné de ceux qui m’avaient escorté. Nous repartîmes avec victuailles et outils pour tenir l’hiver et organiser la caravane. Après quelques jours de voyage, j’avais été très heureux de revoir les murailles de la loge. Rien d’extraordinaire ne s’était passé à l’Étreinte. Nos mines fonctionnaient toujours au maximum de leur capacité, mais mes maîtres mineurs n’avaient qu’une hâte : aller chercher du titane de nouveau. Ils en avaient plus qu’assez de gaspiller leur savoir et leur maîtrise sur des métaux si pauvres. Je me souviens encore de leur expression abasourdie lorsque je leur fis part de la mission royale qu’on m’avais confié. Le banquet qui suivit fut une étape importante chez les Main-Ferme. Tous savaient qu’allait se jouer dans les prochains mois l’avenir de notre clan.

C’est donc avec un grand enthousiasme que nous avons organisé l’expédition. Nous avons prévu une vingtaine de mineurs et nos cinq meilleurs guerriers, habitués des dangers des tunnels. Nous avons stocké et conservé dans une cave de quoi restaurer cinquante barbes pour 1 mois, et préparé diverses routes possibles de ravitaillement en fonction des indications que nous ramènerait Thordril. Une dizaine de charrettes transporterait tout ça, avec en plus tous les outils dont nous avions besoin pour creuser vite. Pioches et pelles en titanes, brouettes, parchemins et cartes, ainsi que quelques outils runés qui pouvaient trouver leur utilité. De mon côté, j’avais retrouvé dans les archives le savoir nécessaire pour extraire le mogarium.

Je rejoignis les cuisines et me versais une chope de bière et un quignon de pain avec un morceau de viande séchée. Je me restaurais ainsi puis rejoignis la sentinelle postée à son poste habituel, au-dessus de la porte principale. Nous bavardâmes quelques heures en attendant le lever du jour, puis je descendis rejoindre mon vieil ami Dailor, qui serait chargé de gérer toutes les affaires concernant l’Étreinte pendant notre départ. Nous fîmes un état des différents points importants à traiter. À priori, rien ne poserait problème avant la venue du printemps, et le commerce pourrait reprendre. Je le laissai donc ensuite et allais marcher sur les murailles de nouveau, profitant du soleil de midi éblouissant. C’était une belle journée, ce mois de Karfïas s’annonçait très doux. J’espérais seulement qu’il apporterait un terme à mes cauchemars. C’est alors que la sentinelle me héla, en pointant du doigt le flanc d’une colline.

« Braähm, regarde ça ! Une colonne de l’armée royale ! »

Je souris et lui dis de garder les portes ouvertes. Nous les attendions.

De grands changements avaient opérer sur le Zagazorn. Un nouveau roi, de  nouveaux traités, des découvertes et des "alliances" avec l'extérieur. Chaque jour menait progressivement vers la grandeur du royaume, flirtant avec l'éclatante époque. Nombreux furent ceux qui auraient aimé participer à ce renouveau, bien qu'à leur manière, chacun de leurs pas avaient porter le peuple nain à cette réussite.
Une réussite que l'ancien Thane avait à peine effleurer, mais à laquelle il aurait aimé participer. Depuis sa mort, rien n'était plus pareille pour la Thane des Odomar. Elle avait perdu son pilier, sa sagesse et ses conseils. Certes, elle les recevait d'autres parts, mais ce n'était pas là même que de les recevoir de son illustre père. Elle espérait laisser une aussi grande trace de son passage sur terre que son paternel.
C'est ainsi qu'elle avait multiplier les actions de son clan. A vrai dire, une prospérité certaine planait sur eux. De nombreux mariages avaient apporté des naissances, ainsi que l'apport de barbes au sein des rangs. De jeunes naines avaient décidés de suivre l'exemple de leur Thane et de rejoindre les rangs de l'armée Lantaise. Une initiative très bonne pour la renaissance de la citadelle.

Alors qu'elle était dans son bureau, relisant pour une énième fois les rapports des expéditions des mines de Mogarium. Elle savait qu'ils manquaient de barbes pour protéger les mineurs, et aussi surement de provision. Elle songeait de plus en plus, mais c'était une bonne idée que d'envoyer une quinzaine de barbe en plus pour eux. Elle s'y rendrait en personne afin de galvaniser ses troupes.
Elle reposa d'un jet brusque le parchemin sur son bureau et se reposa dans le fond de son fauteuil en soupirant, relevant les yeux vers le plafond. La naine resta quelques secondes de même avant d'entendre doucement frapper à sa porte. Elle se redressa et voyant l'avalanche de cire sur le pied de la bougie, se demanda qui pouvait bien venir aussi tard.
Etait-ce sa belle sœur? Elle avait tendance à lui apporter un plateau tard le soir pour qu'elle ne se couche pas affamé. Cette naine était la douceur incarner.
Brynhild lança un rapide oui et la porte s’entrouvrit. Sibris, une jeune naine venant de fêter ses 73 printemps entra timidement dans la pièce.

         - Sibris, que puis-je pour toi?

         - Une rumeur circule dans nos murs, parlant d'une expédition au Mogarium...

La Thane esquissa un sourire attendant la fin de sa demande. Elle pensait avoir parfaitement cerné ce que la jeune bavette allait lui demander.

         - J'aimerai m'y joindre!

Brynhild se leva et fit le tour de son bureau pour se mettre face à la jeune naine. Elle l'a regarda droit dans les yeux et pour faire durer le suspense, décida de caler son joufflu sur le bureau en croisant les bras et portant sa main droite sur son visage.
La jeune bavette l'a regardait anxieuse, se demandant si elle n'avait pas fait une énorme erreur de venir solliciter une faveur à sa Thane.

         - Ma foi, je n'y vois aucun inconvénient à ce que tu joigne l'équipe. Tu sera justement entouré de ton grand frère et ton père sera ...

Sibris lui sauta au cou de joie avant de la remercier sans discontinuer durant de long minutes.

         - Tu as le niveau, mais je refuse qu'il t'arrive quelques choses. Tu sera une des novices sur place et tu devra tenir tout l'hiver. Tu es bien sûre de toi?

L'excitation qu'éprouvait la jeune bavette rappelait à Brynhild ses premières expériences militaires. Sibris lui affirma sa volonté de fer de suivre les pas de sa Thane et sortit du bureau en trépignant d'impatience. Il y allait donc falloir qu'elle organise le départ avant l'hiver et le ravitaillement.
Elle suivit du regard la jeune naine dans le couloir et referma la porte pour retourner à son bureau commencer la liste des nains qu'elle enverrait dans le nord.

*****

Une quinzaine de nains avaient prit la route à dos de mouflons pour rejoindre la loge des Main-Ferme. Des chariots suivaient dix montures afin d'apporter des provisions pour l'hiver. Cela les ralentissaient mais le trajet serait toujours plus rapide ainsi. Une dizaine de jour leur feraient arriver à leur destination, s'arrêtant d'auberge en auberge pour passer des nuits reposantes et avoir des mouflons frais pour de longues journées de marche.
Sibris avait poser bons nombres de questions à sa Thane afin de trouver sa place dans le groupe de barbe. Mais la présence de son frère avait grandement apaiser les doutes des bavettes à son encontre. Elle semblait rayonner. Probablement car il s'agissait de sa première expédition, mais aussi de la première fois qu'elle quittait les terres de Lante. Ses attentes devaient être immense et ses rêves irréalisables. Cela faisait une moyenne sur l'espérance de l'équipe, les autres voulaient en découdre le moins possible afin de passer un hiver tranquille sans trop de cicatrices.

A l'issue de cette ennéade de voyage, ils aperçurent enfin les portes de la Loge. Une joie immense saisit les nains qui pensèrent enfin à trinquer le soir même avec leurs frères. Un bon repas digne de l'hiver.
Il était tout de même temps qu'ils posent un pied à terre. La démarche chaloupé des mouflons étaient agréable, mais après plusieurs jours de voyage, c'était un bonheur d'arrêter de tanguer durant quelques jours.

La Thane descendit de son bélier et s'étira de ton long afin de reprendre le contrôle de son corps après la matinée de cavalcade. Relevant les yeux, elle vit Braähm venir à leur rencontre.

         - Quel belle journée! On ne croirait pas que l'hiver est déjà là!

J’attendis que les voyageurs se rapproche pour les observer de plus près, et le soulagement me gagna. Une quinzaine de barbes armées jusqu’aux dents accompagnaient chariots et montures dans une organisation plutôt correcte. On nous avait donc confié de bons moyens pour la réussite de cette mission, ce ne serait probablement pas aussi difficile que ce que je pensais. Le soleil étincelait sur leurs armures qui amenaient des cliquetis à chaque pas de mouflon. Avec un sourire, je commençais à dévaler les marches qui menaient à la porte en crachant mes ordres.

« Qu’on prépare de quoi restaurer nos invités et leurs montures ! Par ma barbe, je ne tolérerai aucune faute d’hospitalité. Que le Thryng s’installe dans la salle des fêtes et nous attende. Et faites place dans la cour voyons, ils sont nombreux ! »

Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas reçu du monde comme ça, il fallait faire bonne impression. J’arrivais au sol et sortis de ma poche un parchemin froissé, que je m’efforçais de lisser un peu en le dépliant. C’était la missive que nous avions reçue peu de jours auparavant, nous prévenant de l’arrivée de la cohorte. Je pris la peine de le relire en diagonale avant de le ranger rapidement. Le groupe s’était arrêté à quelques mètres de la porte, j’allais donc à leur rencontre en affichant un grand sourire. La bavette qui s’était exprimée devait être la Thane que la missive indiquait.

« En effet ! Si le mois de Vérimios était plutôt sinistre dans ces montagnes, Karfias s’annonce bien plus clément. Espérons que ça dure, je n’aime pas creuser sous la neige, c’est mauvais pour mes vieux os ! J’me présente : Braähm, Thane du clan Main-Ferme. Vous voilà bien arrivés à notre Loge ! Vous devez être Brynhild Odomar ? Je suis ravi de vous rencontrer. »

Je la regardais des pieds à la tête et l’examinai rapidement en hochant la tête, en signe de respect. Ma foi, elle semblait très jeune, pour une Thane ! Le contraste entre nos âges était saisissant, et quelque chose me frappa : il était peut-être temps de réfléchir à mon successeur. Ces dernières semaines avaient été difficiles pour mon corps, et ça n’allait pas s’arranger. Qui sait si je survivrai à notre quête… Il fallait être prévoyant. Mon fils n’était certainement pas prêt à devenir Thane, aussi, la tradition de notre clan devrait changer pour cette fois. Et puis, il n’en avait aucune envie : il voulait partir à la guerre, se battre, et rejoindrait très certainement un autre clan, une fois qu’il aurait trouvé l’élue de son coeur. Il faudrait d’ailleurs que je lui en donne l’opportunité. Quant à ma fille, elle était trop jeune pour y penser. Non, il fallait étudier la question sérieusement. J’en parlerai au conseil des anciens avant de partir.

Je souris de nouveau à la Thane en face de moi et fit un geste pour les inviter à rentrer. Les soldats semblaient frais, mais visiblement contents d’être enfin arrivés.

« Nous vous avons réservé une place dans notre humble Loge, venez, entrez donc ! dis-je en haussant la voix, pour m’adresser au groupe entier. Les cuisines chauffent déjà, et dans peu de temps, vous aurez le plaisir de déjeuner copieusement. »

Je leur tournais le dos et rejoignis la cour en marchant vigoureusement. Un groupe de Dawis était prêt à recevoir les animaux pour les diriger vers nos enclos. Je vis Loöte en retrait qui avait les yeux rivés sur l’armure étincelante des soldats. Ou était-ce autre chose ? Je lui fis un signe pour qu’il se rapproche.

« Loöte, au lieu de bailler aux corneilles, va donc vérifier que tout s’met bien en place comme prévu, le temps qu’on accueille nos invités. »

Il me regarda avec une petite seconde d’hésitation.

« Oui père, tout de suite ! »

Et s’en parti courir vers la grand salle. Je secouai la tête pensivement et attendis qu’on débarrasse les arrivants de leurs montures pour les guider à l’intérieur.

La petite troupe de Dawis descendit plus ou moins rapidement de leurs montures et rentrèrent dans le bâtiment principal. La porte d’entrée en bois massif haute comme 4 nains avait pour but d’afficher la fortune des Main-Ferme, et autrefois donnait sur une salle où trônaient divers meubles de qualité et de tapisseries raffinées. Toutefois, la plupart des décorations avaient été revendues après le Voile pour assurer la survie du clan, et aujourd’hui la salle était relativement vide. Les murs en pierre grisée par le temps soutenaient tout de même une voûte construite il y a plusieurs siècles par les meilleurs bâtisseurs du Zagazorn. Il régnait dans cette salle une chaleur agréable et accueillante, et on sentait d’ici l’odeur alléchante de la viande qui grillait aux cuisines.

Brynhild retira sa coiffe et je restais bouche bée. Il était déjà rare de croiser des naines plus grande que moi, mais je ne me souvenais pas en avoir croisé une si jolie. Je bredouillai quelques mots puis secouai la tête en me reprenant. À la requête de la Thane, je pointais le mur le plus proche de nous, contre lequel étaient posés deux coffres. Il y avait également plusieurs portes manteaux et râteliers pour les armes fixés.

« Vous pouvez déposer tout votre attirail ici. Plus tard, vous pourrez les récupérer et les poser dans vos chambres si vous le désirez. En tout cas ça ne craint rien, il n’y a pas de crime en ces lieux. »

J’attendis que mes invités se débarrassent avant de les guider vers un couloir court qui menait droit dans la grand’ salle. Celle-ci avait gardé tout ce qu’elle avait d’imposante. L’architecture même de la pièce était impressionnante. On avait accroché çà-et-là divers reliques des âges passés : des armes et armures d’anciens Main-Ferme, des tapisseries qui montraient l’histoire du clan, et au fond de la salle, notre blason. Il y avait également plusieurs têtes d’animaux empaillées, tous plus dangereux les uns que les autres. Dans les profondeurs, on avait en effet croisé des bêtes meurtrières, et leur mort avait souvent apporté la gloire à ceux qui les avait occis. Il était donc normal de les avoir toutes conservées ici.

On avait installé des grandes tablées pour accueillir les arrivants, ainsi qu’une table plus petite un peu à l’écart prévue pour les décideurs. Mis à part les enfants et le conseil des anciens, ceux qui étaient présents à la loge en ce jour étaient principalement ceux qui avaient été sélectionnés pour l’expédition. Les Main-Ferme étaient déjà installés, et à notre entrée, le silence se fit peu à peu. J’invitais les nouveaux-venus à prendre place, et indiquai à Brynhild de me suivre pour rejoindre le Thryng et le maître mineur désigné pour partir avec nous, qui portait le nom de Jnordil. C’était un valeureux gaillard  d’un siècle et demi environ, à qui j’avais confié une mine, et qui aujourd’hui était la plus profitable de l’Étreinte. Il hocha la tête lorsque je m’installai près de lui. Deux des trois anciens du clan s’étaient assoupis, et Dailor, le Thane qui m’avait précédé, étudiait déjà nos invités de son regard sage et perçant.

J’attendis que tous prirent place avant de me lever pour prendre la parole.

« Mes chers amis, j’ai le plaisir de vous présenter les soldats qui nous accompagneront pour la quête que nous a confié Harald, Groman-Rik. Vous allez vivre ensemble pendant de longs mois, et vous allez devoir apprendre à vous faire confiance. Alors, quoi de mieux pour commencer qu’une bonne bière et un bon repas, pas vrai ? »

Des acclamations approbatrices retentirent de part et d’autre de la salle. Je frappai de mon poing la table devant moi pour continuer, alors que les chopes de bières étaient servies un peu partout. Je m’adressai cette fois à nos invités.

« Vous êtes les bienvenus en Haute-Virnée. J’ose espérer que notre humble loge satisfera votre séjour. N’hésitez pas si vous avez besoin de quoi que ce soit ! Ce sera beaucoup moins confortable là-bas, alors profitez donc de ces quelques jours de repos avant notre départ. Festoyez, mes frères. La gloire sera pour demain ! »

Je levai ma chope et en but une bonne moitié avant de me rasseoir, me délectant de cette bière qu’on avait commandé à Kirgan. Je n’étais pas très satisfait de mon discours, mais ce n’était pas bien grave : la nourriture et l’alcool qui suivait ferait l’unanimité. Je pris donc place à table en soupirant, avant de regarder la Thane droit dans les yeux.

« Brynhild, j’te présente Dailor, le plus vieux de nos anciens, et le seul qui est encore éveillé des trois, visiblement ! » J’accentuais ce dernier mot pour essayer de réveiller les deux autres, sans succès. À en croire le nombre de chopes sur la table, ils étaient là depuis un moment. Dailor leur rapporterait nos discussions plus tard, aussi ne m’attardais-je pas plus longtemps sur eux. « Et voici Jnordil, qui nous accompagnera dans les mines. C’est une brave barbe qui a le flair pour trouver les meilleurs filons. Lui et moi feront partie de l’expédition. »

Je lançais un regard dans la salle sur les différents soldats présents. L’ensemble était assez hétéroclite. J’aperçus mon fils en plein discussion avec un des soldats, qui lançait des regards qui se voulaient sans doute discrets vers une jeune Dawi assise non loin d’eux. J’interrogeai la Thane en levant un sourcil.

« Mais tu auras tout le temps de rencontrer tout ce petit monde dans les jours qui viennent. La missive indiquait que tu ne nous accompagnerais pas, mais j’ose espérer que tu restes au moins profiter de notre hospitalité ? »

Brynhild avait une philosophie particulière en ce qui s'agissait des petits plaisirs que la vie offrait. Ce qui importait réellement était la condition dans laquelle ce plaisir venait. En cet instant, et après des jours à braver les bourrasques hivernales, être à l'intérieur de la Loge, au chaud et ce pour plusieurs jours, sans avoir à reprendre la route le lendemain, était un plaisir incommensurable! Mais ce qui surpassait cela, était anodin, mais dans la situation, une libération certaine. La naine déposa sa sacoche dans un de coffre, et commença à défaire les attaches de son armure. La simple décompression de sa cage thoracique lui apporta une joie immense, très probablement car se serait la dernière fois avant quelques jours qu'elle ne l'a remettrait. Elle retint un râle positif et continua à défaire les attaches de son armure afin de la retirer entièrement. Il y avait encore une grosse épaisseur de lainage à enlever et elle ne ressemblerait plus à un bébé nain potelé.
Elle pouvait enfin respirer, et elle remarqua qu'elle n'était pas la seule à exprimer ce sentiment de soulagement. Ils étaient fier de leur armure, mais il fallait avouer que sur de long trajet, ce n'était pas le plus confortable.
Elle arrangea ses affaires dans le coffre, déposât son bouclier au pied du râtelier et ses haches sur ceux-ci. La Thane était prête à suivre Braähm, ou tout du moins suivre l'odeur de viande grillée qui lui arrivait au nez.

Ils étaient enfin tous prêt à suivre le Thane des Main-Ferme, celui-ci les guida jusqu'à une grande salle convertit en salle à manger. La cheminée fit rougir les joues des barbes rentrant dans la pièce. Brynhild observa l'architecture de la pièce. Ce n'était pas souvent qu'elle allait autant dans le nord, et ce n'était pas typique de Lantes ce genre de décor et de construction. C'était rafraichissant à voir. Dans tout les sens du terme évidemment. Ils s'installèrent autour de la table principale, alors que la naine se joignit à la table des chefs. De jeunes barbes apportèrent de la bière aux nouveaux venus pendant que la viande terminait de grillée dans les cuisines.

Alors que tous étaient installé confortablement, le nain responsable des lieux prit la parole pour un discours simple, mais concis. Ils levèrent leur choppe et trinquèrent avant qu'un silence prit place dans la grande salle. Tous avaient le nez dans la choppe et ne voulaient parler en cette instant. Une bonne bière revigorait l'esprit et le corps d'un nain. Mais après un tel voyage, c'était un pur bonheur que de sentir couler à flot ce doux nectar dans le gosier.

Braähm fit les présentations des autres têtes pensantes de la table, bien que deux d'entre eux semblaient profondément endormit. Cela n'avait probablement rien d'étonnant compte tenu du nombres de chopes aligné devant eux. Cela fit sourire la naine.Du coin de l’œil, Brynhild vu le thane regarder dans la direction de son fils qui discutait avec les barbes Odomars et qui jetait des regards à Sibris. Ah, ces jeunes barbes... le pauvre se verrait remercier sans vergogne par la jeune bavette qui ne rêvait que d'une chose, briller en tant que guerrière avant de songer ne serait-ce qu'un rencontrer une barbe à sa mesure. Pendant une seconde, elle constata à quel point cette petite lui faisait penser à elle étant plus jeune.

- Mais tu auras tout le temps de rencontrer tout ce petit monde dans les jours qui viennent. La missive indiquait que tu ne nous accompagnerais pas, mais j’ose espérer que tu restes au moins profiter de notre hospitalité ?

- Oui j'en avais l'intention. Après autant de temps à dos de bélier, j'ai plus dans l'idée de le dévorer que de le monter. La naine sourit avant de reprendre un air sérieux. Pas plus d'une énnéade en fonction de la météo. Je dois repasser par Kirgan pour faire un rapport au Groman-Rik avant de rentrer à Lantes et je ne sais pour combien de temps j'en ai...

La Thane reposa sa choppe et se focalisa sur sa mission. Il n'était pas le moment de pensée à Kirgan, ni même le poste d'Ongaraz qu'elle briguait à Lantes.

- Il me semblait normal que d'accompagner mes barbes dans leur périple... D'ailleurs il semblerait que votre fils regarde beaucoup Sibris. Une sacré bavette, elle ne vous décevra pas.

La viande grillée arriva sur d'immense plateau et Brynhild était des plus heureuses que de pouvoir manger un bon plat typiquement nain.

- Vous nous gâtez Braähm! Si ce n'est pas de l'hospitalité naine, je ne vois pas de quoi il puisse s'agir! Toujours est-il que j'espère que nous vous avons rapporté suffisamment pour tenir jusqu'à la fin de l'hiver.

J’acquiesçai aux paroles de la Thane. Le voyage de Lantes à la loge n’était en effet pas facile, et tout Dawi chercherait réconfort après un tel périple. Je notais le vouvoiement et me doutais que c’était la politesse et du respect qui l’indiquait sûrement. Ou peut-être était-ce coutume à Lantes ? En tout cas, Harald n’avait pas l’air choqué que je le tutoie lors de notre première rencontre. Certes, à notre porte, je l’avais vouvoyée, mais par ma barbe, nous buvions actuellement ensemble ! Lorsqu’elle évoqua Loöte qui observait Sibris, je souriai en soufflant par le nez.

« Depuis que sa belle l’a quitté y’a quelques années, il a plus regardé une autre bavette. Content de voir qu’il a enfin tourné la page ! »

Les paroles de Brynhild me flattèrent. C’était toujours très agréable d’entendre l’hospitalité de son clan louée.

« Mais voyons, rien de plus normal. Je dois t’avouer que ça fait plaisir de recevoir du monde. La loge va être plus active qu’elle ne l’a été depuis une éternité. »

Je bus une gorgée de bière pour terminer ma chope.

« Merci pour ces vivres. Avec ce qu’on a ramené de Kirgan, devrait y avoir suffisamment pour tout le clan et l’expédition. On a prévu de quoi tenir un bon mois, et des ravitaillements seront planifiés une fois qu’on aura enfin notre destination. On attend encore les informations de Thordril. Il ne devrait plus tarder. »

Le mineur Jnordil s’exclama alors. Sa voix rauque et forte surpassait facilement le brouhaha de la salle.

« J’n’en peux plus d’attendre. Ça fait des années qu’on a pas creusé une nouvelle mine. Les mineurs sont très excités, et moi aussi ! »

Dailor prit alors la parole. L’ancien était resté attentif à notre conversation en dégustant son repas. Si Jnordil regorgeait d’énergie, lui avait une voix plutôt fatiguée et tranquille. Pourtant, ses paroles n’avaient pas moins d’impact.

« N’oublions pas que le but est de trouver du mogarium. C’est pas une mine qu’on creuse, seulement un filon.
- Ouais, ouais… reprit Jnordil. Ce s’ra quand même probablement loin d’ici, et c’t’une aventure qui va nous décrasser un peu, nous les Main-Ferme.
- Certes, mais n’oublie pas qu’on sera là-bas pour le roi, pas seulement pour notre pomme. »

Je les laissai parler entre eux et me penchai vers Brynhild.

« Si ça te tente, on ira visiter une de nos mines demain. J’imagine que notre Grand-Roi sera rassuré lors de son rapport si tu vois comment on procède ici. »

Qu'il était bon de savourer un bon repas, typique et chaud, le tout arroser de bière. Peut être est-ce cela le bonheur. Un sentiment de simplicité, sans besoin de donner de l'énergie à l'accomplissement d'une tâche. Une salle emplit de nain, célébrant d'être arrivé à destination avec d'autres dawis.
Les mineurs étaient connu pour leur caractère fêtard et profiteur, tout autant que le fait qu'ils étaient têtu. De vrais têtes de pioches qui ne démordaient jamais de leur ambition. Leur compagnie pouvait être tout autant rafraichissante qu'agaçante. Mais pour l'instant, la naine se sentait amuser de leur compagnie.

Elle écoutait les paroles des nains de sa table pendant qu'elle savourait l’assiette devant elle. Son ventre qui grondait quelques minutes auparavant semblait être conquit. Le Thane des Main-Ferme se pencha vers la naine.

         - Je serai ravie de me joindre à toi pour une visite des mines. Je suis une novice en matière de pioche et de rocher. Mais ce serait un honneur d'en apprendre plus avec un maître! Je suppose que le Groman-Rik s'y connaitera bien mieux que moi je pense... La naine éclata de rire de bon coeur. Pendant que j'y pense, je vais te présenter celui qui sera en charge de mes barbes durant leur séjour ici. Elle appela son bras droit qui vint s'asseoir à ses côtés. Braähm voici Dwarthal, Dwarthal voici Braähm, thane des Main-Ferme et chef de ses lieux.

         - M'sieur, vous aurez pas à vos plaindre de moi, les poilus sont bien entrainé et ma bavette, Sibris nous fera honneur même si elle est encore novice! C'est la p'tite qui discute avec l'un des v'tres là!

Le nain avait tendu sa choppe au thane pour trinquer en guise d'enchantement. Brynhild avait toute confiance en ce nain qui avait été durant toute les batailles qu'elle avait mené. Toujours au côté de l'ancien Thane, et dévoué au nouveau. Il était excellent conseiller, mais il n'avait jamais désiré prendre le contrôle. Il préféré entrainé ses p'tits baveux et les voir devenir de fier guerrier.

         - Les autres auront le temps d'apprendre les subtilités de la mine, mais ils seraient astucieux que nous y allions ensemble avec Dwarthal.

Je venais de remplir ma chope en écoutant les propos de Brynhild lorsqu’elle me présenta son bras droit. Il me fit tout de suite une très bonne impression. Son allure prestante de soldat aguerri reflétait son expérience. Les bouts d’armures qu’il avait gardé cliquetaient à chaque enjambée, et il avait gardé une apparence plutôt soignée. Il marchait d’un pas assuré, ses gestes étaient précis et rien ne semblait être laissé au hasard. Il n’avait pas l’air d’avoir été assommé par l’alcool et la nourriture, ce qui était un bon point chez nous, les Main-Ferme – mais aussi dans tout le Zagazorn. Bref, c’était un officier, et à entendre ses paroles, il était quelqu’un de raisonnable : et donc pile ce qu’il nous fallait. J’accueillis ce nouveau venu à la table avec un sourire, et je tendis ma chope pour qu’elle cogne contre la sienne.

« Baruk à toi ! Nous avons beaucoup d’choses à nous dire. J’te présenterai aux cinq guerriers que j’ai choisi pour nous accompagner. Avec les soldats qu’vous êtes, on d’vrait avoir suffisamment de protection pour creuser en toute tranquilité ! »

Il était en effet nécessaire que les guerriers Main-Ferme se rapprochent de l’escouade entraînée. Si celle-ci était certainement plus organisée et plus efficace, les Dawis qui avaient grandi dans les mines connaissaient leurs dangers, et comment les gérer correctement. Je ne voulais pas qu’un Kroak fasse autant de dégâts à notre expédition que ce qui s’était produit à Kirgan quelques ennéades plus tôt. Mais je ne me faisais pas beaucoup de soucis : je faisais confiance à Harald pour son choix, et j’aurais très bientôt l’occasion de les observer à l’oeuvre.

J’acquiesçais avec un grand sourire.

« Ma foi, oui ! C’t’une bonne idée ! »

Je bus une grande goulée de bière et me léchai les lèvres. Quel bonheur, cette première rencontre était un véritable succès ! La salle était animée comme au bon vieux temps, et des souvenirs me revenaient de l’époque avant le Voile. Comme notre vie avait changé, en seulement quelques années… La discussion continua, alors que les deux autre Anciens se réveillaient. Nous parlâmes que peu de l’expédition, au final. L’heure n’était pas aux décisions, mais à l’euphorie d’un bon repas et de nouvelles rencontres. Je regardai mon fils qui bavardait maintenant avec Sibris, ils semblaient bien s’entendre. C’était réjouissant !

Au terme du dîner, j’eus l’agréable surprise d’entendre un discours de Dailor sur l’entraide entre Dawis, et sur la fraternité de notre peuple. Il avait dû le préparer, car les termes qu’il avait choisi firent mouche dans la plupart des coeurs présents. La salle se vida peu à peu et je pris congé de mes convives pour rejoindre ma chambre et me reposer. Les invités furent conviés à leurs appartements, qui se situaient dans un autre bâtiment, autrefois réservé aux voyageurs qui s’arrêtaient à la Loge. Il y avait six chambres avec quatre lits chacune, et le nécessaire pour se rafraîchir, avec un accès direct à des cuves d’eau propre. Ce n’était pas grand-chose, mais les soldats étaient habitués à bien pire ! On avait également préparé deux chambres dans le bâtiment principal, réservées aux invités de marque, qui feraient bien l’affaire pour Dwarthal et Brynhild.

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Les jours suivants s’écoulèrent paisiblement. La météo se dégradait peu à peu. Un vent très froid venant du nord nous força à porter fourrures et manteaux. Il n’y eut pas de banquet comme au premier jour, mais la nourriture s’écoulait à flot. Tout le monde profitait de ces quelques jours de répit avant le périple qui les attendait. Je vis les soldats de l’escouade royale et nos guerriers se rapprocher et la camaraderie s’installer. Je fis visiter notre mine la plus proche à Brynhild et Dwarthal dès le lendemain du banquet, où je leur montrai nos façons de procéder pour la recherche de métaux précieux, et pour le minage en lui-même. Je ne leur divulguai évidemment pas les secrets de notre clan, mais je grattai tout de même la surface de notre expertise. Et quelle expertise ! Pendant ces longs cycles, le clan avait acquis une maîtrise de la mine qui n’avaient que peu d’égal. Ce savoir était aujourd’hui gaspillé sur du métal de qualité inférieure, étant donné la pauvreté des ressources facilement accessibles autour de la Loge. Toutefois, ce ne serait pas long avant que nous ne choisissions de reprendre les mines du nord qui nous appartenait de droit. Après cette quête du Mogarium, nous aurions probablement la confiance du Groman-Rik, et nous pourrions quérir son aide pour la reprise du territoire, et c’était bien l’objectif final que j’avais en tête.

Brynhild, Jnordil, Dwarthal et moi nous réunîmes tous les quatre au cinquième jour de leur séjour. Je fus le dernier à arriver dans la pièce. Un feu était allumé dans la cheminée, et une odeur de bois fumant imprégnait l’espace. La salle était décorée de peintures de Dawis importants au sein du clan, mais aussi de certains anciens rois qui avaient eu une grande influence dans notre histoire. Une peau d’ours était fixée au-dessus de la cheminée, et ses yeux vides nous regardaient sinistrement. Je me dirigeai vers la table à laquelle ils s’étaient installés, et je posai une missive qui venait de me parvenir, avant de m’installer à leurs côtés. Je m’étais bien rapproché de Dwarthal et Brynhild ces derniers jours, j’avais une certaine confirance en eux. Aussi, c’est sans hésiter que je leur fis le topo de la situation.

« Bonjour à vous ! Thordril est en route, il devrait arriver dans moins de dix jours. Il nous faut revoir nos préparatifs et vérifier que tout est en ordre. J’ai vérifié, nous avons toutes les réserves qu’il nous faut pour un mois et demi d’expédition. Il faudra sans doute prévoir un ravitaillement, aussi il serait sage de prévoir une escorte pour le mois prochain. Brynhild, pourras-tu prévenir Harald de ce besoin ? »

Brynhild était, malgré tout, une naine raffinée. Elle était, certes, une guerrière mais elle n’en restait pas moins éduqué, sensible aux beaux et dans la recherche constante de la perfection.
A vrai dire, ce n’était pas difficile de savoir d’où cela venait. Lors de ses classes en tant que mercenaire en dehors du Zagazorn, elle avait dru faire face aux clichés que les hums avaient au propos des nains. Sale et ne prenant des bains d’une fois par an, alcoolique, rustre, sans intelligence, en sommes des bouseux pour reprendre leur terme. La future Thane avait décidé de réfuter chacune des accusations qui seraient porté contre sa race.
Elle avait toujours été d’une propreté indéniable, n’avait jamais eut une carie, sentant une odeur de vanille douce et apaisante, et se lavant à chaque jour. L’alcool était un autre sujet, préférant savourer les différents parfums et arôme que la nature lui donnait, elle avait développer une image de connaisseuse et non pas celle d’une soûlarde pilier de bar. Bien que la rudesse était un trait de caractère raciale, ce n’était pas parce qu’elle était froide et distante qu’elle ne faisait pas preuve de courtoisie d’éloquence et surtout de vivacité d’esprit. Nombreux était les notables qui l’avaient croisé et était resté bouche bée de son parler. La pointe d’accent nain était inévitable mais cela ne l’empêchait pas de briller par de belle parole et de belle poésie. Quant à l’intelligence soit disant inexistante, c’était bien au contraire que les nains se démarquaient, possédant des ingénieurs et des stratèges notables.
Beaucoup de savoir avaient été perdu, mais le peuple nain était en très bonne voie pour le retrouver et le dépasser.

Ainsi lorsqu’elle accédit aux mines, elle ne pouvait être qu’ébahit pour tant d’ingéniosité et de travail. Pour le commun des mortels, tout les nains vivaient sous la terre et savait reconnaitre tous type de roche et de minerais. Mais comment leur expliquez gentiment sans leur rappeler l’étendu de leurs bêtises que de nombreuses spécialités existaient dans le monde. Qu’il y avait des forgerons, des tonneliers, des fermiers, des paysans, des gardes de différentes compétences, des chasseurs, des marins, des potiers et j’en passe. Ce qu’elle avait apprit dans ses boyaux souterrains artificiels n’étaient qu’une infime partit de l’iceberg.
Avec ses connaissances supplémentaires sur l’extraction des minerais, la naine ne serait que plus encline à apprécier l’efficacité de ses armes et la longue chaine de nain qui l’avait apporter à sa main pour trancher des Gobis.

La visite n’avait pas prit longtemps, mais la naine avait profité des quelques jours qui l’a séparait de son départ pour donner quelques conseils de défenses aux mineurs. Si cela pouvait les aider à mener leur quête à bien et les faisaient entrer dans les bonnes faveurs du Groman-Rik, s’était toujours cela de prit dans l’attente de la reconquête du nord.

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Sibris passait son temps a essayé d’échapper à un jeune nain nommé Loöte. C’était le fils du Thane et aller savoir pourquoi il s’était amouraché de la jeune naine. Plus elle était froide et distante, plus il s’approchait. Mais quel était son problème à ce baveux??  Elle savait que les baveux étaient souvent bête durant leur jeune âge, mais pas dans un extrême pareil. Il avait tenter de l’impressionner en buvant beaucoup, en faisant un bras de fer avec elle pour lui prouver sa force, ne cessait de lui parler de ce qu’il ferait pour elle et sa beauté. Et le pompon pour la naine, la comparer à des minerais. Être mise en parallèle avec une pépite de fer n’avait pas le panache et le clinquant qu’une jeune guerrière éduquer pouvait espérer. D’autant plus que son modèle de Thane était célibataire endurcit.

*****

Brynhild avait apprécié son séjour dans le Nord. Le clan des Main-Ferme les avaient accueillit comme des rois. Il aurait été de mauvaise foi que de dire le contraire. Un profond respect semblait être né entre les deux thanes, ainsi qu’entre leur clan respectif. L’énnéade passé à leur côté lui suffisait largement pour entrevoir un bon hiver pour ses barbes, elle partirait donc le lendemain le coeur léger.
Elle buvait une bière dans la grande salle, accompagnée de Jnordil et Dwarthal, profitant de la chaleur dans l’âtre et la bonne compagnie, attendant que leur hôte les rejoigne, ce qu’il fit rapidement afin de lui demander une requête.

        - Bien sur, aucun problème, je tâcherai de veiller à ce que le convoi parte bien et rajouterai un peu de cette charcuterie Lantaise dont je te parlais il y a quelques jours! Ca te remontera le moral auprès du feu! La naine avait lever son verre. Dwarthal c’est tout bon pour toi?

        - Brynhild… J’l’aime bien lui, ça devrait allez comme un mouflon en course!

Rassurée par son oncle, elle se tourna vers Braähm et souleva de nouveau son verre pour trinquer à l’aventure qui commencerait après son départ.

La réponse de Brynhild me satisfit et je me relâchai en m’appuyant contre le dossier de ma chaise. La charcuterie dont elle m’avait vanté les mérites me mettait l’eau à la bouche, et j’avais hâte d’y être ! Le goût de l’aventure me prenait aux tripes. Je n’avais pas ressenti cette émotion depuis bien longtemps. Je me savais pourtant presque trop vieux pour parcourir les montagnes en quête de gloire, mais la Main-Ferme avait besoin d’y aller, et personne d’autre que moi ne pouvait accompagner nos fiers mineurs. Le jour du départ approchait à grands pas, nous n’attendions plus que Thordril.

J’allais répondre à la Thane lorsque son commandant me fit un compliment qui me fit sourire sincèrement. Je l’appréciais au moins autant qu’il ne me le rendait. Je lui accordais une grand confiance, et ses soldats m’avaient tous impressionné. Nous partions avec une escorte redoutable, et l’intelligence de leur chef n’y était pas pour rien. J’imitai les Dawis présents en levant également mon verre.

« À cette aventure qui, je le sais, sera suivie de très près par Brissea, Varri, et tous les autres. Nous allons trouver ce mogarium, et redorer le blason du Zagazorn. Pour le Groman-Rik ! »

Nos cris couvrirent le bruit de nos chopes qui s’entrechoquèrent. La Thane allait partir très bientôt, et nous allions terminer les préparatifs sans doute quelques jours après. Viendrait ensuite ce long voyage qui, je l’espère, se passerait sans trop d’encombres. Les montagnes n’allaient pas être clémentes en cet hiver rude. Il faudrait beaucoup de patience et de rigueur pour parvenir à avancer à un rythme régulier. La camaraderie s’était déjà bien installée lors de ces quelques jours, nécessaire à toute quête de cette envergure. Mon intuition me disait que tout allait bien se passer. Je l’espérais de tout mon coeur.