L'Engyl Sain | La Nouvelle Magie [PV Akiblaedÿl]

Julas de la 3e ennéade de Karfias
17e année du Onzième Cycle
Engyl Sain

À la frontière Nord-Ouest des contreforts de la Cité de Daranovar s’élève un nouveau bâtiment. Moitié creusé, moitié sculpté dans le pic rocheux marquant la chute de l’un des Grands-Lacs Daranovans dans le Rhym. Majestueux comme le sont toutes les bâtisses des monts Norns, malgré son apparence laissée volontairement brute. Portant à son flanc la mystérieuse silhouette au visage masqué de l’un de vos héros, que beaucoup aiment à associer à Dyarque, père du Peninor Angol, l’Engyl Sain, les Magies Nouvelles sont prêtes à accueillir sur ses flancs, en son antre, et sur les terrains qui l’entourent, les prochaines générations de mages amoureux des Hauts-Plateaux.

Spoiler:

Son pas claquait sur la pierre de granit polie du sol. Son visage sévère inspectait poutres, murs et plafonds pour la énième fois. Ses oreilles se tendaient au moindre son qui les attirât. Des voix, toujours. Parfois conversant au détour de l’un des nouveaux alambics, souvent hélant depuis les terrains en contrebas des ordres aux jeunes arcanistes de guerre. Maltlin ne souriait pas. Maltlin ne souriait jamais que trop peu. Pour autant aujourd’hui Maltlin était heureux. Heureux et fier.
Le nouveau Commandant de l’armée Daranovane voyait enfin les mages de guerre sous ses ordres en possession d’une infrastructure adaptée à leurs entraînements. L’élémentaliste, n’eut-il jamais véritablement connu l’envers des contreforts de Lanthaloran en avait au moins croisé quelques notables au cours de sa longue vie. Pour cette raison, il n’avait que la plus complète des confiances en les elfes de sciences avec qui les militaires partageraient l’établissement.

L’idée, par contre, que toute la partie scholastique du nouvel établissement ne soit pas représentée au Conseil par un de ses membres en personne… il avait plus de mal à s’y faire.

Que les mages, alchimistes, naturalistes et physiciens préfèrent éviter de perdre leur temps à des affaires politiques, il en convenait, mais si l’un d’entre eux devait s’y sacrifier, ne serait-ce pas pour le mieux ? Personne après tout ne pouvait mieux savoir ce dont ils avaient besoin que l’un d’entre eux, comme personne ne pourrait relater des besoins d’une Académie de mage de guerre que celui qui en avait formé et autant vu former que Maltlin. Il lui faudrait faire avec cependant… ce qui ne voulait pas dire qu’il ne pourrait pas s’assurer de la fiabilité de la personne…

Posté la tête haute, en digne militaire qu’il était, longtemps en avance, comme il en avait l’habitude, Maltlin gardait le côté du pont donnant sur l’entrée de l’établissement comme un dragon surveillerait son antre. L’heure à laquelle arriverait son invité serait à ses yeux aussi profonde de signification que sa manière de se présenter, sa manière de se tenir, sa manière de s’exprimer et la peine qu’il se donnait à écouter. Et s’il n’arrivait pas lui aussi en avance, le grand blond saurait à quoi s’en tenir.

- Akiblaedÿl ? question aussi implicite que rhétorique d’un soldat sachant très bien à qui il s’aderssait Maltlin Helchemyn main sur le pectoral, main dans le dos, il s’incline en une révérence Commandant des Armées de Daranovar et élémentaliste de guerre. Nous nous sommes déjà croisés à l’occasion des réunions du Conseil si je ne m’abuse. C’est moi qui serai votre hôte durant cette visite, si vous le voulez bien.

La grande cité aux établissements grandioses et blanchies n'en était que plus magnificente lors de l'Aube, alors que le soleil se levait et éclairait toute la splendeur de la Cité de Daranovar. Et le conseiller ne manquait jamais le levé du soleil; son moment préféré de la journée. La lumière dorée chaude du début de cet été en ce mois de Karfias venait plomber les structures glorieuses de la Cité dans un paysage sublime. Et il ne manquerait certainement pas l'Aube d'en ce jour particulier.  

En effet, il ne serait lui-même immiscé dans les affaires de ses confrères et de ses consoeurs sans que ceux-ci n'en ait le besoin ou la demande, les jugeant apte de parvenir à leurs objectifs sans que son humble personne n'ait à n'en prendre part mais il fut tout de même ravis lorsqu'il reçut l'invitation de se rendre au nouvel établissement digne du savoir des Lanthalorans nouvellement Daranovans. L'invitation ne stipulait pas précisément ce qu'on attendait de lui durant cette visite mais Aki se doutait fort bien qu'on ne l'invitait probablement pas par pure courtoisie. Également, il connaissait le nouveau Commandant des armées; une personne rigoureuse qui prends ses responsabilités au sérieux et qui n'en attends pas moins de ses confrères et ses consoeurs.

Vêtue d'une armure d'apparat confectionné par les brillants artisans de Lanthaloran revêtant les couleurs blanches, or et bleu de la Cité de Daranovar, non pas sans rappeler son temps de service en tant que Capitaine de la Cavalerie Lanthalorienne, bien que celle-ci soit révolu, le Conseiller demeurait un homme militaire. Il s'approchait du pont gardant l'entrée du tout nouvel établissement d'un pas calme et serein, son regard admiratif trahissait son visage de marbre alors qu'il n'était toutefois pas surpris de voir Maltlin prêt pour cette rencontre aussi tôt que le Conseiller l'était également. La lumière du soleil reflétait sur le blanc de l'enceinte dans une beauté qui s'imposait devant la forte impression que faisait tout autant les autres institutions de la Cité.

Son nom fut prononcé, mais il savait qu'il n'avait nul besoin de confirmer ou d'infirmer. Il ne détourna le regard de la merveille qui se trouvait au bout du pont que lorsque son collègue se présenta et s'inclina. Et le Conseiller lui rendit de sitôt sa salutation par la même. Je n'oublie jamais un visage, et votre réputation vous précède , Commandant. Je serai ravi que vous me soyez hôte et d'autant plus que d'être convoqué dans ce qui marque officiellement une nouvelle gloire pour nos deux Cités qui n'en forment plus qu'une.

Il s'adressait à son interlocuteur avec une assurance digne des militaires qu'ils étaient tout deux. Son regard ne quittait jamais celui de Miltlan lorsqu'ils échangeaient des propos, quels qu'ils soient. Bien que son visage de marbre était marqué de traits sévère, un très faible sourire fier se dressait sur son faciès. Il ne pouvait cacher l'honneur qu'il avait de participer à ce qui était pour lui le jour qui marquerait officiellement l'intégration de la culture Lanthaloranne à celle Daranovanne, ou mieux encore : La fusion des deux cultures.

Il entama le pas vers le pont, se dirigeant vers l'enceinte en invitant d'un geste de main subtil le Commandant à marcher à ses côtés et à débuter les discussions.

Ponctuel. Assez pour satisfaire l’élémentaliste. Propre sur lui, tout à son honneur. Tenant bonne posture, heureusement. Quelque peu présomptueux cependant. Les mains jointes dans le dos, Maltlin accepta l’invitation du Conseiller à prendre la direction de la bâtisse, prenant cependant garde au fur et à mesure de leurs pas de reprendre le commandement sur la marche. En tant qu’hôte c’était là son rôle, et en tant qu’hôte, il aurait espéré que son invité n’outrepasse pas ses prérogatives, mais le militaire était aujourd’hui d’humeur magnanime et s’était en conséquence décidé à ne pas s’en formaliser. L’excitation de découvrir une aussi jeune structure faisait cela chez certaines personnes. Il serait malvenu de sa part d’étouffer ce qui n’était probablement que le résultat d’une patriotique fierté.

- C’est une relative nouveauté que la présence de telles institutions dans l’enceinte de la Cité des Armes, et malheureusement, pour l’instant cela se ressent encore. l’élémentaliste baisse un instant la tête Aussi je tiens à vous prévenir dès maintenant que l’installation des laboratoires par exemple n’est pas tout à fait finalisée. Majorité des infrastructures sont utilisables, mais pas encore de manière optimale. à un embranchement, le mage invite son camarade à descendre en direction des plaines plutôt qu’à monter vers les salles d’études Le matériel nécessaire à l’entraînement des militaires étant cependant plus modeste, voilà par contre quelques mois que notre Académie de magie martiale est entrée en fonction.

Au bas des escaliers et aux pieds de la formation rocheuse s’étendaient de larges plaines herbeuses, bordées par l’eau du lac. Pas le moindre bâtiment visible sur l’étendue verte, car c’est dans le massif rocheux, à différentes hauteurs, qu’étaient creusées les salles où seraient enseignée la théorie, ainsi que les bâtiments d’utilitaire et de vie commune.

- Comme vous le savez, la journée des militaires commence très tôt. Nos bâtiments ont donc été concentrés du côté Est de la formation rocheuse afin de pouvoir profiter des tous premiers rayons. le mage désigne de la paume de la main des élèves en classe, visibles depuis l’extérieur L’entraînement martial lui est généralement concentré au cours de l’après-midi, lorsque la plaine profite un peu de l’ombre du massif. Mais bien sûr Maltlin laisse enfin échapper un sourire nos élèves ont quelque fois droit à l’exercice en conditions plus… rudes.

Conjurer leurs sortilèges  alors que le soleil d’été pèse sur la montagne, se reflète sur la pierre pâle et met au défi leurs sens ; garder contrôle de leur concentration quand plutôt que profitant de l’espace de la plaine, ils doivent composer avec les pentes escarpées des façades non aménagées de l’Engyl Sain ; braver les glaciales éclaboussures des cascades d’hiver, tout en livrant duel contre d’aguerris instructeurs… les jeunes sorciers de l’établissement avaient déjà connu des moments difficiles, mais n’en étaient jamais ressortis que plus forts.

- Pour cette raison d’ailleurs, même si nous ouvrons nos portes aux mages du Protectorat dès la fin de leur service militaire, nous restons assez réticents – bien que les demandes ne fusent pas – à accepter dans nos rangs des arcanistes d’autres Cités n’ayant pas passé les deux siècles et demi ou sans recommandation d’un mentor auquel nous pouvons faire confiance. La magie martiale, même avant d’être appliquée au combat, est une pratique dangereuse, et nous tenons à ce que nos élèves soient au moins au sein de l’établissement le plus en sécurité possible.

Pour autant, Maltlin ne le savait que trop bien, les occasionnelles graves blessures seraient inévitables. Lorsque l’on apprend à manier de telles quantités d’énergie avec une telle célérité, il est impossible de ne subir aucun dommage, et les accidents, s’ils sont assez contrôlés pour qu’en des Cycles d’existence, le Protectorat de Daranovar puisse compter sur les doigts d’une main ceux qui furent mortels, ne sont pas sans risquer de coûter aux étudiants leur aptitude à manier les arcanes.

- En tant que responsable, j’en fais ma mission. Maltlin hoche lentement la tête en direction de son interlocuteur Et j’espère qu’en tant que nouvel intercesseur je pourrai compter sur vous autant pour vous en faire l’avocat que le critique.

Depuis toujours, les mages de guerre avaient été précieux à l’Anaëh, et pourtant, lorsque s’étaient cimentées les Cités, et que le métal avait pris son importance actuelle dans la guerre, leur existence était devenue presque tabou aux yeux de nombres de Sylvains. Et pourtant avec les menaces sur l’Anaëh se faisant toujours plus pressantes, il devenait de plus en plus important que les Arcanistes prenant les armes ne soient plus de simples érudits s’étant un jour décidés à arpenter le terrain, mais de véritables militaires de carrière dont la force vient des livres.

Ne se priant aucunement pour se faire enjamber le pas, le Conseiller reprit sur lui de suivre les bienséances malgré sa fierté bien visible et l'hâte qu'il avait de voir la naissance et l'épanouissement de l'oeuvre devant lui. L'homme à ses côtés était toujours autant rigoureux que lors des Conseils ou ne serait-ce qu'à chacune des fois où ils se sont tous deux croisés. C'était à croire que la rigidité était son trait principal, mais ce n'était pas non plus étonnant venu d'un elfe Norn de la Cité des Armes. L'ex-Capitaine avait lui-même connu cette rigidité toute sa vie mais avait toujours su la parsemer de souplesse aux moments opportuns. Ainsi, il observait chaque détail qui se dressait devant lui, de la moindre sculpture jusqu'à la disposition des lieux et des chemins pour profiter de l'établissement.

Le militaire l'avisa que la nouveauté et l'unicité de cette institution résultait une certaine résistance qui se ressentait encore, il fallait être aveugle pour ne pas remarquer de que tels changements majeurs dans un peuple si traditionnel provoquaient parfois la réticence, chez les plus âgés particulièrement. Ainsi Akiblaedÿl se contenta de acquiescer. Puis on l'informa que la partie scientifique de l'institution n'était pas encore finalisé faute que les matériaux nécessaires étaient moins modestes que ceux destinés aux mages de guerre. Était-ce là le produit de la réticence au changement qui avait préféré voué d'abord les ressources nécessaire à une partie de l'institution plutôt qu'à l'autre ? À la partie qui reflétait davantage la culture Daranovanne plutôt qu'à celle de son ancienne voisine maintenant colocataire ?

- Que nous faut-il comme ressources pour finaliser les laboratoires ? Je me chargerai de faire en sorte que ces ressources soient fournies dans les plus brefs délais, si même devrais-je moi-même me rendre à la Capitale pour qu'ils nous soient octroyées. Il marqua une pause, observant les plaines et se dessinant déjà les différents entraînements que ces étendues vertes verraient. Et il revoyait ses propres entraînements de son tout jeune âge jusqu'au jour où il fut nommé Capitaine et que l'on entraînait tous les soldats à savoir se défendre contre les tactiques drows, contre leur magie et contre leur poison.

- Je consens que le danger est réel et vos précautions s'avèrent sages et justes quant à restreindre l'accès à nos effectifs suffisamment matures. Et encore, assurez-moi que le bâtiment possède une infirmerie ? La science pourrait également aider à ce que l'on diminue les conséquences des différents accidents. Mentionna-t-il envers son interlocuteur comme un désir commun de faire de cet établissement une institution unique, complète et reconnue dans toute l'Anaëh. Vous n'avez aucune inquiétude à nourrir en ce jour. Je fais de mon devoir de me faire l'avocat de cette institution dans l'étendu de L'Aduran et de faire en sorte qu'elle ne stagne jamais mais qu'elle soit toujours à l'avant-garde de la magie et de la science. Nos ennemis mortels combattent sur les champs de batailles avec des arcanes puissantes et détournées et nous devons être en mesure de les affronter sur tous les fronts. Qui plus est, la science peut également être militarisée, nous savons tous deux qu'elle a fait ses preuves et de la joindre à une magie de guerre ne peut que nous être bénéfiques.

Il posa son regard sur les élèves qu'on pouvait voir de l'extérieur, laissant un silence planer alors entre les deux interlocuteurs. Un silence qui se voulait chargé du plus grand des respects et d'une réflexion poussée quant au potentiel de ce projet et de tout ce qui demeurait encore à réaliser.

- À moins que vous n'ayez prévu me guider vers autre lieux d'abord, j'apprécierais voir où en sont les laboratoires, et j'espère également avoir la chance d'observer les élèves lors de leur entraînement au courant de ce jour. Enfin, vous êtes mon hôte, je vous suis.

Maltlin retint un soupir, garda son sang-froid et se contenta d’inviter Akiblaedÿl à le suivre auprès des cavités creusées dans la formation rocheuse. Après avoir esquivé bien trop de questions mal-à-propos à son goût au cours de sa présentation, Maltlin se voyait dans l’obligation d’y répondre, d’une manière ou d’une autre. Et il était toujours plus efficace de montrer que de dire.
Quelques marches d’escalier grossièrement creusées dans la pierre, une porte en bois, l’une des rares portes de l’édifice, et les deux elfes entraient dans une grande salle aux murs couverts de croquis d’anatomie. Là où des grimoires, pour certains très anciens, pour d’autres très récents, recouvraient certaines étagères, c’étaient des philtres, des potions, des huiles et des masques qui recouvraient les autres. Dans ce qui semblait être un aquarium posté à l’ombre flottaient mollement une poignée de sangsues, tandis que là où s’arrêtaient les bibliothèques s’alignaient deux rangées de brancards.

- Voici l’une des trois infirmeries de l’établissement. ne pas adopter un ton hautain devenait difficile lorsque l’on prononçait de telles évidences C’est celle-ci celle directement affectée à l’Académie militaire et donc la plus grande. Les deux autres sont pour l’une placée aux niveaux intermédiaires, et pour l’autre aux niveaux supérieurs. Dans tous les cas les trois infirmeries sont les premières bénéficiaires de l’expertise des anatomistes et guérisseurs travaillant dans l’Institut, et destinées à être les premières à profiter de leurs trouvailles, s’il y en a d’applicable, en matière de médecine.

Traverser une seconde porte les mena ensuite dans des galeries plus intérieures, baignées par le soleil grâce à des puits de lumière tant naturels qu’artificiels. Ici se déployaient deux nouvelles grandes salles, dont l’utilité était sans équivoque.

- Et pour des raisons évidentes, nous avons décidé de placer les dortoirs non loin de l’infirmerie.

Le pas de Maltlin s’accéléra quelque peu, seul élément s’il en était, qui trahissait son agitation. En vérité, en tant que mage de guerre vétéran, en tant que gradé de l’armée Daranovane, et surtout, en tant qu’elfe connu pour sa conduite extrêmement stricte, il avait été fait responsable de cette institution. Et en tant que responsable de cette institution, la seule idée que l’on puisse verbaliser face à lui qu’un lieu destiné à l’apprentissage de ce qui était probablement la plus dangereuse des pratiques martiales connues des elfes puisse être dépourvu d’une infirmerie le sortait de ses gonds. En tant qu’hôte le fait qu’on l’interrompe au cours d’une présentation pour poser des questions auxquelles la suite de la visite répondrait le sortait de ses gonds. Et en tant que personne rigide qu’il était, au final, le simple fait qu’on lui pose des questions avant qu’il ait terminé de parler lui était désagréable. C’était le genre de frasques qu’il pouvait pardonner aux inconstants comme Cìryon durant des échanges entre amis, mais pas à un représentant officiel. Et pourtant, égal à lui-même, il ne fit rien de plus que de mettre un pas devant l’autre à une vitesse imperceptiblement plus élevée.

- Maintenant, l’élémentaliste annonçait alors qu’ils atteignaient un nouvel escalier extérieur, à flanc de rocher nous nous dirigeons vers les laboratoires. Vous comprendrez mieux la difficulté de les fournir en matériel lorsque nous y serons.

S’il ne la comprenait pas déjà à la vue des plusieurs centaines de marche qu’il faudrait avaler avant le laboratoire le plus proche.

Le Conseiller réalisa qu'il posait beaucoup de questions, plusieurs d'entres-elles demeuraient sans réponse et il en venait presque à poser ses interrogations internes à voix haute. Il fut rassuré de savoir que les infirmeries étaient adaptés de façon si adéquate et bien qu'il sentit le ton hautain de son interlocuteur, il ne s'en démordait pas. Il avait appris à faire preuve d'une grande humilité et il savait que les réponses à ses questions devaient être évidentes mais c'en était pas moins pour lui un besoin important et l'apparence qu'il aurait de poser toutes les questions qui lui venaient à l'esprit ne l'importait aucunement. Il avait grandi dans une telle certitude de toute chose mais le voile l'avait rendu un elfe nouveau. Il acquiesça aux dires du Commandant car bien qu'il ne se souciait guère de ce qu'il pu paraître de par sa curiosité, il se souciait du bien-être des gens l'entourant et il sentait une certaine tension chez le militaire déjà trop tendu dans son état naturel.

Il s'arrêta un court instant devant les dortoirs, estimant le nombre de place qu'il y avait dans ceux-ci. Il marchait toujours d'un pas serein, presque trop calme. Il suivait le pas de son collègue et il aimait porter attention aux moindres détails, que ce soit dans la construction toute nouvelle, chez les gens qu'ils croisent potentiellement ou même chez son interlocuteur.

Un petit sourire aux lèvres lorsqu'il remarqua les centaines de marches devant lui. Il réalisait que le problème était bien moins grave qu'il ne s'inquiétait. Peut-être s'inquiétait-il trop. Alors qu'ils se dirigeaient vers les laboratoires, après avoir laissé un moment de silence, toujours en acquiesçant des propos du Commandant, le Conseiller prit finalement la parole.

- Les architectes sont toujours aussi pragmatique, c'est à leur honneur. Il marque une pause. J'aimerais revenir sur certains de vos propos, Commandant, si vous le permettez. Vous attendez de moi que je sois l'avocat et le critique de cette institution, l'ambassadeur si l'on puisse dire. Bien que j'ai mon idée de ce que de tels propos signifient et du devoir que j'ai à jouer face à cet établissement, les mots peuvent prendre plus d'une signification et les gens interprètent trop souvent. Je veux qu'on soit sous le même vent, alors qu'entendez-vous exactement et concrètement par avocat et critique ?

Sa voix était calme et chaude, tout comme sa démarche. Tout dégageait une certaine sérénité chez l'individu. Une sérénité légèrement en contraste avec la rigidité de Maltlin. Son regard se posait vers son interlocuteur. Oserait-il afficher un signe de son impatience ? Trouvait-il judicieux de s'assurer d'être sur la même longueur d'onde ? Ce n'est pas des considérations qui tracassait véritablement le Conseiller mais sa nature curieuse le lui faisait souvent s'arrêter sur ces détails ne l'affectent pas vraiment.

- Les qualifications de majorité des elfes que vous allez rencontrer ici font qu’ils seront inévitablement les premiers décideurs quant au devenir de la structure, et si Maltlin le dit comme s’il s’agissait d’une évidence, il tiens aussi à être sûr que son interlocuteur le réalise il s’agira au final pour beaucoup pour une part de se faire leur représentant auprès du Conseil et des autorités des autres Cités, et pour l’autre de leur apporter de porter un avis critique sur leur travail qu’ils ne pourraient pas forcément avoir d’un point de vue interne.

S’il les désignait à la troisième personne, dans une certaine mesure, Maltlin  s’incluait parmi ces personnes. Lui jouissait de son statut de Commandant des Armées, et en cela possédait sa place honoraire au Conseil. Pour ce qu’il s’agissait de communiquer avec les autres Cités cependant… il n’était pas de ceux qui aiment se déplacer en dehors des temps de guerre, et pas non plus de ceux qui s’autorisaient le voyage même durant leurs permissions. Combien même profiterait-il aujourd’hui d’une permission que sa charge de responsable de l’Engyl Sain serait certainement trop lourde pour qu’il se le permette. Et La Mère… La Dame Sauvage savait ô combien nombreux étaient les mages, jeunes comme moins jeunes, désireux de mettre leur art au service de la Protection de l’Œuvre, que les stigmas des autres Protectorats retenaient de se dévouer à ce qui était en réalité leur appel.

- Le plus difficile viendra sûrement le jour où vous serez amenés à représenter l’Institution auprès d’autres Protectorats. Pour tous les services que nous a rendus la magie de guerre à travers les époques, les Cités ont pour beaucoup toujours du mal à en accepter l’idée.

Sur ces mots les marches furent avalées, et ainsi quelque cinquante mètres plus en hauteur, les deux elfes se retrouvaient face au premier des laboratoires. Probablement le moins dangereux d’entre eux. Celui des naturalistes. Ici déjà se présentaient fièrement les alambics neufs, les larges bibliothèques taillées dans la roche, le bois et le métal, ainsi que les extensives collections de feuilles et de fleurs séchées, d’os, de graines et de pépins, côtoyant les quelques rares spécimens d’animaux sous alcool, tous des cadavres croisés à l’aune de sorties d’études, et soigneusement conservés pour éviter que leur état ne se dégrade encore plus. Et au milieu d’un fouillis de planches de dessin, un elfe à la chevelure folle et au regard légèrement renfoncé, mais à la mine profondément joviale.

- Heru Akiblaedÿl, voici Braig, notre naturaliste en chef.

- Nous n’avons jamais eu l’occasion de discuter, mais votre nom vous précède Akiblaedÿl. poing sur le cœur, main dans le dos, l’elfe s’incline Ravi de vous rencontrer. les yeux agiles du naturaliste dardent à gauche et à droite Alors ? Que pensez-vous de l’endroit ? Ce n’est pas aussi impressionnant que l’aile des alchimistes, mais tout de même !

Ce fut le second sourire de Maltlin, arraché cette fois par la passion palpable du biologiste pour sa science. Comme quoi, ce que disait Artiön de sa Lanthaloran de naissance était loin d’être faux. Ses habitants étaient des fous… mais c’étaient des fous attachants.

Son faciès exprimait son accord alors qu’il acquiesça aux propos du Commandant. Il allait de soi que les experts qui mettaient à l’oeuvre l’établissement étaient les mieux placés pour en connaître les besoins et idéaliser le potentiel devenir de ladite institution. Bien qu’il avait passé la majorité de sa vie dans une Cité ou la magie et la science étaient très importantes et qu’il avait littéralement grandi entouré de ces dernières alors que ses deux parents les pratiquaient, respectivement, il ne se serait jamais qualifié d’expert en ce domaine. En effet, son expertise notoire était dans les arts du combat, de la stratégie et de la guerre. Son vécu le plaçait toutefois dans une excellente posture pour un tel poste car bien qu’il ne connaissait que les bases des arts scientifiques ou arcaniques, il avait baigné dedans toute sa vie et ce bâtiment représentait en quelque sorte ce qu’était aujourd’hui devenu sa Cité. Dans la fierté qui l’habitait se glissa un élan de nostalgie pour la Cité tombé mais son enthousiasme n’en perdait rien.

- Nous voyons donc les choses du même oeil.

Le Conseiller aurait pu souligner encore l’honneur que cela lui faisait d’accepter de telles responsabilités mais ces mots avaient déjà été prononcés et il n’y avait aucune utilité à les répéter. Il réalisait toutefois qu’il devrait pousser ses connaissances à plus haute échelle. Il n’était certainement pas question qu’il représente un tel institut devant les autres protectorats, et particulièrement les membres du Chapitre Blanc, sans un savoir absolument approfondi en matière de magie et de science, ne serait-ce que théorique. Il n’allait certainement pas aborder cette conversation avec le trop fier Commandant mais Akibladÿl songeait déjà aux personnes qui pourraient l’accompagner dans de telles responsabilités. Il connaissait déjà l’histoire de la magie de guerre ou de la magie en général, mais pourquoi ne pas approfondir ses connaissances. Il prenait cette responsabilité très au sérieux. Il savait également que cette expérience ne pourrait que favoriser l'accomplissement de son désir de devenir protecteur. Bien qu'il ne le faisait pas pour cela, il n'en était pas moins conscient. Et c’est la vue du laboratoire qui le sortit de ses songes éternelles alors que son hôte le présentait au naturaliste responsable des lieux dans lesquels ils venaient de pénétrer.

“Nous n’avons jamais eu l’occasion de discuter, mais votre nom vous précède Akiblaedÿl. “

Était-ce son nom en tant que Conseiller qui le précédait, songea-t-il ? Ou alors les hauts faits militaires accomplis dans leur ancienne Cité à tous deux ? Il est vrai qu’Aki était à la hauteur des plus grands guerriers. Peut-être était-ce un ami de son père, alchimiste, et qu’il avait entendu parler de lui sans jamais le rencontrer ? Toutes ses questions sans grandes pertinences ont traversé l’esprit du Conseiller alors qu’il s’inclinait à son tour, le poing sur le coeur, pour en ressortir de son esprit alors qu’il relevait le torse dans sa posture initiale.

- Je suis enchanté de faire votre rencontre Braig. Je suis persuadé que nous aurons l’occasion de discuter à plusieurs reprises, en plus d’aujourd’hui.

Le naturaliste avait peut-être lu dans le regard du Conseiller alors qu’il lui demandait ce qu’il en pensait, car Aki avait déjà commencé à admirer les lieux. Sa main passait tout doucement sur la pierre de la bibliothèque en observant les différents livres. Il souria brièvement devant les plantes séchées, se remémorant les enseignements de son paternel sur l’utilisation de plusieurs d’entres-elles pour différentes choses. Il avait toutefois aujourd’hui davantage conscience que ces plantes séchés étaient une partie de la Symphonie dorénavant morte, mais il ne fit pas trop cas de ce sentiment qui vint l’habiter l’espace d’un infime instant, ce n’était pas le moment ni les lieux pour écouter la Symphonie, qui ne résonnait que si peu au sein de la Cité. Finalement son regard s’arrêta sur les cadavres de rares spécimens d’animaux conservés sous alcool.

- C’est fascinant… Un bref silence, sa main cessa de frôler la pierre de la bibliothèque. Il ramena toute son attention en direction de Braig. C’est un environnement excellent pour le naturalisme. J’espère que vous avez tout ce dont vous avez besoin. Sur quels projets travaillez-vous présentement ?

Dit-il en s’approchant doucement du responsable du laboratoire. Sa voix se voulait chaleureuse et un enthousiasme se lisait dans son minois alors qu’un sourire naissait progressivement sur son visage de marbre. La passion dont faisait preuve le scientifique pour son domaine de prédilection rendait Akiblaedÿl fier et d’autant plus heureux de pouvoir représenter ce projet.

Maltlin prit un peu de recul, laissant le Conseiller Lanthaloran et le naturaliste libres de converser sans gêne. Braig lui fut immédiatement pris d’un sourire presque enfantin, ses pieds lancés en direction d’une aire particulièrement désordonnée du laboratoire, et ses mains lançant une théâtrale invitation à le suivre à son nouvel interlocuteur. Un fouillis de croquis, de cailloux, et de carottes de terres dont seules les annotations écrites sur les bocaux pouvaient laisser envisager de l’utilité ou de l’origine.

- Ah ! l’elfe commence d’un ton enjoué N’en doutez pas, j’ai absolument tout ce qu’il me faut ici et plus encore ! Surtout que trouver une protection pour nos expéditions sur le terrain est plutôt aisé lorsqu’on partage un établissement avec la milice. J’avoue par contre que mes collègues et moi ne sommes pas beaucoup sortis dernièrement. En ce moment, ce sont les échantillons qui nous reviennent des frontières d’Annon qui occupent la majeure partie de notre attention, et jusque-là nous n’avons pas terminé nos études comparatives avec les essences présentes dans nos environs directs.

Le pas léger, l’elfe aux cheveux en bataille se saisit de deux échantillons de sol, qu’il observe longuement avant de présenter à l’ex-Capitaine, comme s’il devait y comprendre quoi que ce soit rien qu’à voir comme étaient empilées des couches d’humus auxquelles il n’avait probablement jamais fait attention.

- Saviez-vous par exemple, que la profondeur de la roche mère des sols d’Annon est particulièrement variable même sur une toute petite surface ? Et pourtant non seulement la végétation et le climat sont relativement uniformes, mais il ne semble pas y avoir la moindre logique derrière l’emplacement des affleurements ! Pas de traces d’événements géologiques ayant pu les rapprocher de la surface, pas de traces d’une source particulière d’érosion, et quant aux propriétés de la roche mère aux affleurements… ça je pense que les alchimistes et les mages vous en parleront mieux que moi. l’elfe se fige soudainement Mais je digresse, vous n’êtes pas venus pour m’entendre m’étaler sur nos embryons de recherches après tout. son visage trouve de manière tout aussi abrupte un profond apaisement Mes collègues naturalistes et moi-même sommes rarement en véritable situation de besoin. La partie la plus importante de notre travail se fait sur le terrain, et là-dessus, à moins que vous ne vouliez un jour nous accompagner, vous n’avez aucun contrôle. Pour le reste, pour ce que nous ne pouvons pas régler avec un fusain et un morceau de papier nous dépendons des autres domaines de recherche représentés. Les alchimistes pour certaines de nos analyses, les mages pour certaines expériences, les physiciens pour la confirmation de certaines de nos hypothèses… il suffit que les autres ailes soient en bonne santé pour qu’il en soit de même pour la nôtre.

Un hochement de tête de la part du scientifique fit entendre à Maltlin qu’il était temps pour lui de se rapprocher de ses deux comparses. Les choses étaient dites.

Le Conseiller écoutait les paroles du scientifique avec un grand intérêt. Il avait joint les mains à son dos alors qu’il suivait Braig tandis que ce dernier lui désignait les différents éléments sur lesquels il travaillait. Il se lança dans une explication poussée de sa plus récente recherche et Aki était captivé par le projet, il n’en saisissait que les bases et les grandes lignes mais son faciès démontrait son intérêt et il ne put s’empêcher un sourire amusé de compassion lorsque le scientifique reprit sur lui et revint au sérieux lui de même aux propos qui suivirent. Tout allait pour le mieux et les expériences s’en tenaient encore aux spécimens environnants. Tant que les autres ailes se portaient bien, celle-ci aussi se porteraient bien et ainsi les laboratoires dépendaient les uns des autres comme chaque partie d’un tout. Cela reflétait l’unisson de Daranovar.

- Eh bien, tout se porte pour le mieux. J’aimerais effectivement vous accompagner cela dit, ne serait-ce qu’une fois, lorsque bon vous semblera. Et si vous avez éventuellement besoin de mon attention sur quoi que ce soit, n’hésitez pas à me le demander.

Il hocha par la suite la tête en direction de l’hôte de la visite, en adéquation avec le scientifique, pour signifier qu’il était à ce que cette dernière reprenne. Il lança un dernier regard vers les différents éléments dont étaient jonchés les nombreux étalages. Il débuta donc la marche aux côtés du Commandant, prenant bien soins de lui laisser les devants.

- Je suis déjà impressionné, et la visite ne fait que commencer.

Une certaine curiosité naquit en lui concernant la disposition des différents locaux des écoles de magie et la façon dont les écoles seraient militarisé dans leur enseignement. Il laissa les songes planer dans son esprit alors qu’il suivait son hôte, écoutant toutefois les moindre propos que ce dernier aurait à lui dire.

La silhouette de Braig s’éloignant dans leur dos, le visage de Maltlin se referma à nouveau. Un nouveau plateau, de nouveaux escaliers, et encore plus, beaucoup plus de marche devant eux. La cadence du pas de l’élémentaliste s’était faite particulièrement soutenue, la direction de son regard en laissant aisément comprendre la raison. Le sommet de l’Engyl Sain serait la prochaine étape.

- Vous qui vous posiez la question de leur état, le mage marque une courte pause, le temps d’avaler quelques marches un peu grossières les laboratoires de Haute Alchimie sont notre prochain arrêt.

À chaque pas les plaines à niveau du lac s’écartaient un peu plus, et pourtant l’écart entre eux et leur destination semblait catégoriquement se refuser à réduire. Elle était immense, la formation rocheuse abritant l’Institution, et à se retourner pour constater l’altitude à laquelle ils se trouvaient, il commençait à devenir facile d’imaginer à quels problèmes se retrouvaient opposés les elfes désireux de fournir en matériel lourd ces laboratoires.

- Les laboratoires de Haute Alchimie sont certainement les lieux les plus dangereux de l’Engyl Sain. C’est pour cette raison qu’ils ont été installés au sommet du pic. C’est peut être une macabre réflexion, mais si l’une des expériences qui y sont menées venait à échouer, plus les laboratoires sont loin de l’eau, plus ils sont éloignés des points faibles de la structure rocheuse, et plus ils sont proches les uns des autres, plus les sinistres seront faciles à contenir. Maltlin pointe du doigt quelques constructions semblables à des miniatures de petites habitations Des mages sont installés aux alentours afin de pouvoir réagir en cas de dysfonctionnement. Le seul souci vient lorsqu’il faut réapprovisionner en matériel lourd. Les derniers alambics ne devraient être complètement installés que d’ici une poignée de mois. Mais ça, Caduvess en parlera mieux que moi.

Enfin, ils voyaient le sommet. Enfin, l’aile de la Haute-Alchimie se déployait dans toute sa magnificence. D’alambiqués alambics, dont les tuyaux étaient parcourus de substances multicolores. D’étranges odeurs se partageant l’atmosphère, les soupirs constants de récipients sous pression et les arcanes déplacées par les mages mêlant leur art aux essences infusées de magie collectées par leurs collègues.

- Vous voilà enfin ! une grande elfe de belle figure et à la sensuelle démarche s’approcha des deux hommes Heru Maltlin. Heru Akiblaedÿl. elle salue l’un après l’autre les deux nouveaux arrivés J’espère, cher conseiller, que vous n’êtes pas déçu par ce que vous avez en face de vous ! le sourire de la grande elfe laissait comprendre qu’elle au moins ne l’était pas le moins du monde Ici les mages de l’Institution nous aident à explorer les possibilités d’exploitations des matériaux naturels de notre forêt ayant passivement des effets sur la trame. C’est déjà un grand projet que le premier auquel nous nous attaquons, mais avec les informations que nous avons pu sauvegarder du premier Peninor Angol, nous espérons d’ici quelques temps être capables de rendre vie à l’Arche-Magie.

Le Conseiller écoutait chacune des paroles de son interlocuteur en prenant bien soins de ménager son souffle pour toutes les marches à monter. Il réalisait d’autant plus l’ampleur du travail que les elfes avaient déjà fait et ce qui restait encore à faire. Puis, à la suite de l’explication concernant la raison pourquoi ce laboratoire était au sommet et la façon dont était disposé les lieux pour prévenir les conséquences d’un accident, Akiblaedÿl ne sut répondre que d’un hochement de tête et que de ces quelques mots :

- C’est plutôt pragmatique et efficace.

Son intérêt se porta sur les lieux qu’ils voyaient finalement; sur les différents établis, les fioles, les différentes expériences de recherche et la magie que contenait certains de ces éléments. Il pinça les lèvres dans un air d’approbation puis se fit accueillir par ce qui semblait être la responsable des lieux que Maltlin avait nommé plus tôt. Il la salua puis porta son attention vers elle alors qu’elle lui mentionnait ce où en était la Haute Alchimie de l’Engyl Sain jusqu’à présent.

- C’est une excellente nouvelle. Le conseil sera ravi de l’entendre.

Il se surprit de nouveau dans ses songes, à se demander si un treuil serait suffisamment efficace pour monter les lourdes charge jusqu’au laboratoire, mais il n’en dit rien. Loin de lui l’intention de vouloir insulter les architectes des lieux qui étaient bien plus que compétent que sa personne en la matière.

- Bien que vu comment vont les choses, je doute que vous ayez besoin de mon aide pour l’instant - que ce soit en tant que Conseiller ou de par mes simples deux mains, n’hésitez pas à requérir de mes services. Il me ferait un grand plaisir de vous être utile au meilleur de mes capacités.

Après avoir offrit un sourire courtois envers Caduvess, Il croisa les mains à son dos et explora du regard le laboratoire. Bien qu’il n’était pas connu pour quelconques talents arcaniques ou scientifique, il avait toujours eue un intérêt pour ces domaines dans la Cité de Lanthaloran et il n’était pas rare de le voir aider son père sur différents projets. Il connaissait les bases de l’alchimie mais la Haute Alchimie dépassait largement ses compétences.

- Ah vous savez ! Deux mains ne sont jamais de trop ! le rire cristallin de l’alchimiste résonne Mais en réalité – même si ça peut paraître un travail ingrat - c’est surtout d’un messager que nous avons besoin. Notre travail à tous est très prenant, travailler avec les essences que nous utilisons nous force énormément de contraintes temporelles, et en conséquences nous n’avons et nous n’aurons mes collègues et moi pas toujours l’occasion de communiquer correctement avec l’extérieur. elle sourit, taquine Donc on s’arrange pour que l’extérieur garde contact avec nous. elle tourne la tête vers Maltlin, la mine désolée en avance Jusque-là, Maltlin aura supervisé le gros des travaux et nous aura représentés plus que correctement, mais au fur et à mesure que la structure prendra d l’importance, lui-même risque fort de se retrouver dépassé. Après tout, il accumule déjà les tâches de Commandant et d’instructeur en magie de guerre.

Et elle avait raison. Pour autant que Maltlin pouvait détester l’idée de partager cees tâches avec quelqu’un n’appartenant pas à la structure… majorité de ceux qui y appartenaient n’étaient soit pas aptes à la défendre dans des sphères politiques, soient manquaient simplement de temps pour le faire. Et lui, au fur et à mesure que sa charge de travail augmenterait, même avec un siège officiel au Conseil… il finirait par ne plus pouvoir correctement se faire l’avocat d’autant de causes.

- Pour l’instant, l’Institution est encore relativement jeune et sous la constante attention de nos autorités. Ce qui nous rend les choses encore relativement faciles. Mais donnez quelques années, les premières grandes difficultés logistiques et les projets qui s’accumulent ailleurs, et nous aurons besoin de plus de voix que seulement les nôtres.

Akiblaedÿl ne saurait jamais ce qu’il en coûtait à l’élémentaliste de l’avouer. Sa camarade alchimiste par contre, n’en était que bien trop consciente.

- Et tu sais que je te fais confiance, elle se rapproche de Maltlin, et lui pose les mains sur la poitrine mais aucun de nous ne pourra travailler correctement en s’épuisant à la tâche Nercënya.

Les lèvres de l’alchimiste et de l’élémentaliste se touchent et s’éloignent. Les mains de la Dame reviennent à ses hanches, et les regards se dirigent vers Akiblaedÿl.

- Nous ne pouvons que vous remercier d’avance pour vos services, heru Akiblaëdyl.