Anodine rencontre à la Croisée ? [PV Akiblaedÿl]

Courant 6ème ennéade de Karfias, An 17

Dans de tels lieux, la singularité d’Anaëh s’affirme… Un tel carrefour, croisée de multiples chemins et routes d’importances sillonnant les bois, au cœur de ces derniers, aurait partout ailleurs accueilli au moins un relais de voyageur, une auberge, quelques commerces routiers soucieux de tirer profit de la manne que constitue un tel nœud vis-à-vis des voyageurs de tout horizon. Ici, rien de tel… Si l’endroit porte un nom, il conserve son caractère sauvage, inexploité, croisement central, il paraît n’être qu’une rencontre anecdotique des sillons artificiels tracés par les elfes.  

C’est là, tout du moins à proximité, profitant de la fraîcheur ombrageuse d’un grand arbre, écoutant le chant du Rhym non loin, que se trouve la petite bande, ayant abandonné la carcasse d’un cerf, duquel le dragon avait prélevé sa part avant de la laisser à disposition de la charogne.

Le Blanc paraît dormir, paisible, les ailes repliées contre lui, l’une venant couvrir sa gueule reposant sur l’une de ses pattes. Le dragonnier est adossé à lui, un carnet ouvert, quelques feuilles libres aux nombreuses annotations accompagnant des notes prises lors d’études et lectures de traités et réflexions sur l’Art, suggéré par son maître. Lui-même a les yeux clos, dans un état de méditation, son esprit vagabonde, effleurant les plus infimes sources de consciences alentours, encore qu’observateur, il conserve ses distances, ne cherche pas à influencer les existences voisines, sous la surveillance d’un dräke lui-même somnolant, le ventre gonflé par un récent festin fruité. Quelques jours auparavant, il était revenu en Anaëh après un séjour de près de cinq ennéades à Thaar, comme convenu, il poursuivrait dans la mesure du possible son apprentissage à mi-temps, pour satisfaire à la fois son souhait de développer ce talent mais aussi ce besoin impérieux de mouvement, de voyage, de ciel. Son maître avait apprécié tant ses progrès et la rigueur intacte dans les exercices imposés autant que sa discipline si loin, n’outrepassant aucune des recommandations et exigences en matière d’expérimentation.

Tout à sa contemplation, la vigilance alertée du dragon l’en ramène… Quelqu’un approche.

Cela faisait quelques jours que je séjournais en Alëandir. J’y faisais différentes recherches sur l’alchimie, la magie et l’Arche-Magie. Loin d’être moi-même mage, j’avais toujours été à l’aise avec les sciences, l’alchimie et l’herboristerie. De plus, mes récents mandats m’emmenaient sur ce chemin. Enfin, c’est ce qui m’amenait à la capitale et ce sont mes différentes recherches me guidait dans la forêt en quête de différentes herbes. Je désirais principalement refaire le plein d’Erboas mais si je pouvais dénicher une Draetite, je pourrais tenter quelques expériences.

Chaque fois que je m'aventurerais dans la forêt depuis que j’entendais la Symphonie, c’était particulier pour moi. Bien sure, je reçu les enseignements d’un druide, mais ce n’était que pour m’éviter de sombrer dans la folie en confondant ma personne avec la Symphonie.

Mon destrier Aube allait au pas à mes côtés alors que je me promenais avec ma petite faux. Je ne désirais pas prendre plus que ce que j’avais besoin. Et puis mon regard se perdit dans les feuilles et je sentais une excitation dans la forêt, ou une joie devrais-je dire. Tout semblait en harmonie, mais la forêt semblait apprécier quelque chose, une présence peut-être ? Tout ça n’était pas encore tout à fait clair et les plantes me faisaient bien sentir ce qu’ils voulaient que je sente. Bref, avant même que je ne m’en aperçoive, j’étais déjà près de la croisée des chemins.

Le Mirage d’Argent que j’avais comme compagnon animal poussa un sifflement et vint se poser à mon épaule, il vola en cercle ensuite plus loin devant moi. Il semblait m’indiquer la une présence mais ses signaux ne montrait pas un danger. Ou du moins peut-être pas un danger imminent ?

Je fis signe à mon cheval de rester sur place, je rangea ma petite faux à ma ceinture et m’avança vers la présence que mon Mirage d’Argent m’avait indiqué. Je semblais méfiant. Quand on avait connu les guerres, les conflits, les escarmouches et les embuscades des Noss, on préférait demeurer alerte. Je savais bien qu’il n’y avait aucune raison pour un tel conflit à ce moment mais je préférais ne pas prendre de chance. Je ne me faisais toutefois pas discret. Je portais une armure aux éclats de blanc et d’or ainsi qu’une cape d’un bleu royal. Mon attirail montrait mes hauts-faits militaire et généralement j’espérais que ce soit suffisant pour éviter les conflits. J’avais ma double-lame en main mais je la rangea lorsque je fus suffisamment près pour apercevoir l’individu coucher sur le dos d’une bête qui semblait somnoler. Je m’approcha un peu, était-ce un dragon ? Était-ce l’une de ces créatures rarissime que j’avais étudié dans les bibliothèques de Lanthaloran, avec un dragonnier ? Il semblait s’agir d’un dragon blanc, et il me semblait me souvenir que ces créatures n’aimaient pas tout à fait les créatures terrestres - moi et cet individu en l'occurrence. J’étais plus intelligent que de me mettre une de ces créatures à dos en lui faisant peur. Je m’assura qu’on m’entende approcher.

- Ce n’est pas tous les jours que nous faisons de tels rencontres. Me voilà agréablement surpris. J’ose espérer que je ne vous importune point, je me prénomme Akiblaedÿl et c’est la première fois que je vois un dragon de mes yeux. C’est un privilège.

Ce qui trouble la sieste digestive du dragon est un spécimen surprenant au regard du dragonnier : un soldat en armure, et à la qualité de ce qu’il porte, un gradé ? Non que ce détail ait une véritable importance pour lui, mais ça ne l’empêche pas de le noter mentalement. Mais tout de même… Voyager ainsi dans les bois, voilà qui est peu confortable, non ? Que craint-il ? Des prédateurs ? Des noss ? Il est vrai que les premiers n’inquiètent guère celui qui ne porte qu’une tenue simple et légère et confortable, aussi blanche que lui, aux motifs écailles soulignés d’argent, car le dragon qui l’accompagne en est un redoutable, lui-même. Quant aux seconds, forcé d’admettre qu’il n’a eu que de très faibles interactions avec ces derniers, il sait les tensions qui existent entre les deux populations, au point d’en venir à se battre ? Possible.

Sans qu’il ait à le réclamer, le soldat range ses armes quand il identifie ce qu’il a sous les yeux. Ce seul geste abaisse la tension qu’il perçoit à travers le lien. Sans craindre, le dragon ne soupe guère qu’on tire les armes à son encontre. Quelques instants, ces deux-là semblent partager une même attitude : comme une bête curieuse, il observe l’elfe, silencieusement. Qu’il se présente ramène quelque peu le dragonnier à la “raison”, et le voilà qui se lève, tranquillement, s’étirant avant de faire quelques pas vers le visiteur, sans se soucier des parchemins qu’il laisse dans l’herbe derrière lui, affichant un sourire chaleureux.

“C’est qu’il n’a pas du t’arriver souvent de passer par Alëandir ces dernières années, l’ami. Je suis Drystan, et voilà Pradias et Monarth, mes compagnons. Désignant successivement le dragon et le dräke comme on l’aurait fait de partenaires normaux. Et oui, il opte d’emblée pour une familiarité tout ce qu’il y a de volontaire. Rarement vu de tels atours chez un soldat, pour ma part… J’imagine que tu es quelqu’un d’important, non ?” Si il parle bien la langue des elfes, son caractère étranger ne fait aucun doute, sans toutefois qu’un accent s’affirme.