Toutes nos condoléances... au fait, c'est qui ? | Dante

<< Les cendres sont froides

Un parfum de nostalgie >>

été - 8e jour de la 4e ennéade de Karfias
Cité de Geresh

La décision de voyager jusqu'à Geresh avait été facile à prendre. Savoir comment ils pourraient retrouver les hommes chargés de ramener les corps et remonter jusqu'à ceux qui sauraient ou était la Princesse était une autre histoire, surtout s'ils ne voulaient pas attirer l'attention des eldéens.

Dans leur malheur, ils avaient quand même un avantage : ce n'était pas la première fois qu'ils mettaient les pieds à Geresh. La Révolte des Citrons Jaunes avait été une période faste pour eux. Ils avaient eu de quoi s'amuser sans que les autorités ou les familles ne pensent à s'inquiéter pour quelques couillons disparus. Ils avaient quelques entrées dans ce monde de pénombre que constitue la pègre facilement accessible : les auberges malfamées, les boutiques peu regardantes. Rien de bien dangereux, mais quelques entrées. Ils auraient pu passer par là, mais ils avaient trouvés une méthode à la fois moins risquée et plus directe. Ils iraient tout simplement demander aux différents temples s'ils avaient reçu une flopée de corps brûlés, qui les avait amené et où ils pouvaient les trouver. Utilisant encore une fois l'histoire du frère disparu sur le chemin et de l'inquiétude causé par le carnage vu sur le chemin.  

Troquant ses vêtements de voyages pour une tenue du crue achetée pour quelques sous dans une friperie, Cécilie avait à nouveau couvert ses cheveux et ses sourcils de noir. Si ses yeux céruléens et sa peau de lait attiraient toujours l'attention, au moins elle détonnait moins dans les rues vaanies. Pour sa part, Dante avait troqué sa multitude de teintes de gris pour une chemise écrue et des pantalons marines, Son bandeau de borgne cachant son œil marron, laissant le vert sorti. Les eldéens cherchaient un borgne brun, pas un borgne défiguré vert… Ca lui faisait étrange quand même de voir le monde par l'oeil de La Bête uniquement… Il préférait le sien…

Le premier temple avait été celui de Tari. Petit. Discret. Aucune nouvelle. Puis ce fut un temple de quartier dédié à Teiweon.

Ayant, en premier lieu montré ses respects à la déesse par une petite offrande, ils se dirigent ensuite vers une petite alcôve ou officie une novice à en juger par son jeune âge et la simplicité de sa tenue. S'approchant, par contre, ils reconnaissent une  Eldéenne… Prêtresse de Teiweon confirmée. Et d'ailleurs, ils l'ont déjà croisée… Elle leur a donné un ou deux citrons à déguster. En ayant pris le soin de se défroquer avant par contre...

-Aliénor... Tu la reconnait?

Il donne un coup de coude léger à sa compagne, puis montre la Sombre du regard.  

- Oui. " Mais elle n'aurait su dire si c'était un mal ou un bien. Ils devaient changer leur approche... Et prier pour que les échos de Sol'Dorn soient encore suffisamment mous pour ne pas leur poser de problème. A voix basse, elle glissa à son compagnon. " Nous ciblons le Capitaine de la garde de la princesse et nous voulons savoir s'il est mort pendant l'attaque ? "

D'un geste leste, Dante rabat ses cheveux dans l'autre sens pour recouvrir son œil brun. Il répond du même ton tandis qu'il change sa posture, se rapetissant d'un bon dix centimètres, reprenant la mimique perpétuellement grognonne de X'Andarin.

-Vite fais, bien fait. On étire pas la sauce et on se pousse aussitôt qu'on a notre réponse.

En même temps, la prêtresse se redresse et se relève, ses dévotions terminées. S'époussetant, elle se dirige vers les deux voyageurs.  

- Bonjour Akhasha. " lance la jeune femme en se mettant une main sur la hanche, campée et sûre d'elle. Un sourire entendu glisse sur ses lèvres lorsqu'elle ajoute nonchalamment " Comment vont les affaires ? ... Enfin les ouailles. "

Le visage enfantin de l'Eldéenne s'éclaira lorsqu'elle vit Aliénor. La jeune éphémère à la peau si pâle et aux yeux si bleus sous cette crinière noire est assez singulier pour qu'on s'en rappelle… Le mercenaire par contre, lui… Elle ne l'a jamais réellement regardé non plus. Il est toujours en retrait, discret. Les fois qu'elle a essayé de le regarder, il a résolument gardé l'oeil unique au sol, comme un esclave, refusant le contact visuel. Une telle humilité en sa présence lui a toujours plu.

Elle s'avance avec énergie vers Aliénor qu'elle étreint avec une affection non dissimulée.

-Aliénor! Tu es toujours aussi belle… Par Teiweon!!! Comment te porte tu?  
- Moins bien que toi visiblement. Les temps de paix te réussissent à merveille en fin de compte. " sourit l'humaine en lui rendant son étreinte. Se dégageant doucement, la prêtresse invite le duo à la suivre hors de la chapelle.

-Moi pas mal, la déesse moins… La paix donne moins de Flammes pour sa glaciale Etreinte. Pour moi, je savoure ces oasis entre deux hécatombes. Malheureusement, vous êtes venus pendant ces temps bénits pour les vivants où la finalité est plus douce et plus éloignée… Je n'ai pas de travail pour vous, désolée…
- Dommage, un petit supplément n'aurait pas été de refus... Mais pour tout te dire, on est déjà sur une affaire. " D'un geste sans équivoque, elle mima un la taille conséquente de l'affaire sur laquelle ils étaient. Se rapprochant imperceptiblement de la prêtresse, elle baissa d'un ton pour continuer. " Un membre de la garde privée de la Princesse Aerianna. " Elle appuya sa déclaration de deux ou trois hochements de tête face à l'eldéenne des plus placides. X'Andarin suivit, légèrement derrière, mais à portée d'oreille. Il était on ne peut plus silencieux et attentif.  

"-Il y a bien quelques Sombres morts de la garde de la Princesse Aerianna qui nous ont été amenés., ils … n'ont… pas pu être préparés convenablement par contre, il ne restait plus grand chose d'identifiable quand ils m'ont été déposés. Pour la majorité dans des sacs de jute,  je suis désolée de ne pas pouvoir être plus précise… J'ai des noms, mais je ne peux donner plus de certitudes. Zhak'Bar s'est bien attelé, avec ses Bêtes, à la destruction des corps. Vous cherchez quelqu'un en particulier?"

- Mieux vaut pas être trop précis. Ça évitera des soucis à ton ordre. Dit nous juste qui a fait le transport. S'il a laissé quelqu'un filer on le saura. Sinon c'est qu'il est soit mort, soit en service. D'ailleurs, la Princesse est revenue à Geresh après le soucis sur la route ?

Intriguée, l'Eldéenne eut cependant la prudence de ne pas demander dans quelle affaire la mercenaire avait en cours. Ce n'était pas de ses affaires… Si elle faisait un don subséquent à la valeur des informations  qu'elle avait recues.

-Le ramasseur de métal de Geresh, c'est lui qui nous les a amenés, et la Princesse a quitté notre cité pour Thaar depuis deux ennéades…  Tu m'intrigues, chère amie…  

Cécilie hocha la tête une fois de plus avec un sourire entendu. Évidement qu'elle était intrigué, il y avait de quoi. Mais il fallait croire qu'ils avaient fait meilleur impression que dans son souvenir parce qu'elle venait de leur offrir les infos dont ils avaient besoin sans même qu'ils n'aient à remonter plus haut. Peu importe comment la prêtresse était au courant, il savaient maintenant où elle était allé. La Princesse était à Thaar.

- Tu auras les détails quand on aura la prime. On se connait... autant éviter la concurrence. Le tronc est toujours à l'entrée ?

- Oui…

Akasha marqua un moment de pause tandis qu'elle regarda Aliénor intensément de ses prunelles sanglantes, sérieuse comme une papesse. Son ton s'assombrit un peu.

-J'ose espérer que votre prime ne concerne pas la princesse de Geresh…

- On est excentriques, pas suicidaires. "   répondit du tac au tac la jeune humaine. Vu les rumeurs qui couraient sur la Princesse, mieux valait ne pas tenter de choses stupides... Mais la question n'était peut-être pas aussi anodine qu'elle le semblait. Cécilie chercha à nouveau les iris de la prêtresse, curieuse. " Mais les personnes qui l'ont attaquée sur la route l'étaient peut-être ?

Songeuse, la Sombre porta une attention plus soutenue à l'homme… Les prunelles se plissèrent, essayant de l'évaluer soudainement avant de se reporter sur l'humaine.

- Peut-être était ce vous? Non?

- Non mais hey, faut arrêter de picoler en douce, hein. Tu crois que aurais besoin de te demander qui est mort ou si elle est rentrée si on avait tué la moitié de sa garde et qu'on l'avait mise en fuite ? On aurait eu qu'à la traquer. " L'expression de Cécilie se tordit, ennuyé. " Par contre si tu as des infos sur le traquenard dans lequel elle est tombée, ça m'arrangerait. Autant qu'on soit prêt si ça doit se reproduire. "

L'Eldéenne eut un léger rire.

-Il n'y a rien de concret, je ne le crains… Quand tu repassera, je t'invite, viens avec ton esclave… Tu pourra me raconter ce qui s'est passé.

- Avec plaisir. "

Et reporta de nouveau son attention sur l'homme qui fixait résolument le sol, imperturbable. as un bruissement délicat, Akasha s'approcha gracieusement de X'Andarin.

-Nous pourrions échanger aussi nos mâles en même temps que les nouvelles… Il me semble… Particulièrement docile. Et intéressant. X'Andarin le glorieux gladiateur, l'homme sauvage, si bien dompté qu'il ne lève plus les yeux… Enfin… l'oeil

Une petite main se leva, voulant tâter de cet éphémère qui ne relevait toujours pas le regard... Et s'arrête à une bonne encablure de son but. La poigne n'a pas beaucoup de force. En poussant, elle pourrait sûrement s'en débarrasser sans mal, mais sur son poignet, une main aussi fine que la sienne la serre au point d'en rendre difficile la circulation du sang.

- A-ha. " souffle l'éphémère en secouant légèrement la tête. " Je peux être prêteuse sur beaucoup de chose. Mais pas sur ça. " Les prunelles bleues se fixent droit dans celles de la prêtresse sans qu'elle ne la lâche, mais un sourire faux de conversation convenue lui coupe le visage en deux. " Je n'en ai pas encore fini avec lui et jusque là, personne, pas même toi ne posera la main sur lui. "

L'homme, immobile et soumis ne marque qu'une infime contracture de la mâchoire aussi qu'un rehaussement de l'oreille… Akhasha porte son attention sur le mâle, puis sur la jeune femme qui lui serre le poignet. Un sourcil étonné se hausse, suivit d'un deuxième tandis qu'une expression amusée envahit ses traits

 - Oh… Tu n'as pas fini de le dresser? Je pourrai m'amuser avec quand on se reverra?  

Demande t'elle, pleine d'espoir, comme si X'Andarin n'était désormais rien de plus qu'un vulgaire meuble sur lequel elle avait une envie particulière de se vautrer. Cécilie la tint quelques instants supplémentaires, impassibles, attentive, avant de la lâcher pour se remettre à marcher à son côté comme si de rien était.

- Tout dépend de l'état dans lequel il sera suite à tes forts utiles informations. "

La prêtresse a un léger sourire tandis qu'elles atteignent le parvis. Se tourne vers Cécilie pour lui poser un baiser suave sur la bouche, insinuant une langue fugace tandis qu'elle yeute un court instant le mâle… Y aura t'il réaction? Non?... Non… dommage… Mais qu'as t'elle pu lui faire?  

  -Je vous souhaite une quête fructueuse alors. Puissiez vous me revenir vite et en bon état.

Du coin de l'oeil, X'Andarin voit, X'Andarin sait…. Il se promet d'avoir son cuir à celle-là. Tout de suite si sa compagne décide que c'est maintenant... Mais elle ne va pas dans ce sens, bien au contraire.

- Et les poches pleines. " ricana Cécilie en faisant de l’œil à la sombre qui lui offre une expression douce et aguicheuse avant de les laisser partir.

Puis, sans tarder, ils s'éloignent comme ils sont venus, à travers les rues de Geresh, sans même passer par la case donation. Le premier coin de rue passée, l'expression légère de Cécilie se décompose en une colère froide. Elle se redresse, régalienne, et tire brusquement Dante à l'ombre d'un portique devant lequel ils passent pour le plaquer contre le mur et l'embrasser à pleine bouche. Avec un grognement sonore, il prit ces lèvres avec hargne, s'efforçant de ne pas lui faire mal avec sa possessivité. Hélas elle ne lui facilite pas les choses.

Singulier spectacle que celui d'un homme plaqué au mur, en train de se faire rouler une pelle passionnée par une femme plus frêle et plus petite que lui. Les grandes mains se perdirent dans les mèches d'encres. Il la laissa se défouler comme elle avait besoin, la laissa exprimer sa colère. Essayant de l'apaiser en un sens à coup de rude caresses et de ce fougueux baiser qui exprimait autant sa colère à lui qu'à elle… Elle était chanceuse la garce qu'ils soient en chasse… Quoique… Il arrache ses lèvres de celles de Cécilie, accroche le regard bleu, si bleu…

- On prend quelques heures pour s'en occuper?
- Oui.

Un souffle. Ce n'était pas sage, mais à quoi bon ?

- Ce soir, quand il n'y aura plus de fidèles. Elle attend notre retour, non ?
-Wais... Elle attend ton retour.

Parce qu'elle est autant en colère pour la façon qu'elle a eu de traiter son Chasseur que parce qu'elle l'a touchée, elle. Ce baiser volé, elle allait le payer au centuple. La jeune femme faillit cracher une insulte aux dieux que cette garce adorant tant, mais se retint. Dante n'aimait pas quand elle blasphémait. Alors elle gronda. Et ce grondement amena un sourire mauvais, retors à l'assassin…

- Elle n'aura même pas la joie de rencontrer sa Maîtresse.
- Elle ne le mérite pas. Elle veut un Baiser… On va lui en donner deux…

Même jour, 23 heures

Les derniers prêtres du jour quittent le temple… Akasha et une novice restent pour la nuit et pour maintenir les lieux saints ouverts pour les visiteurs nocturnes. C'est rare, mais ca arrive quelquefois… Comme tout les lieux de culte, le temple de Teiweon se doit d'être accessible en cas de nécessité. Les braseros flanquant l'Autel sont dûment alimentés, la novice est en train de récurer les sols tandis que la prêtresse officie seule la cérémonie nocturne… Il y a peu d'ouailles ce soir.

Il y a certes un vieil Eldéen et ses enfants dans les premiers rangs… Une demi un peu plus loin, seule… Akasha adore les officines nocturnes. C'est calme, c'est intime. Les paroles et les chants sacrés coulent de sa bouche avec une fluidité due à l'habitude. Une silhouette floue dans le dernier rang attire son regard, fronçant les sourcils, Akasha ne se laisse pas perturber. Ici, en Itrii'Vaan, pourquoi se sentirait elle menacée?

Sur la bénédiction finale, les ouailles se lèvent et quitte les lieux dans un silence révérencieux. Relevant les yeux, l'Eldéenne ne voit plus la silhouette de la ou du mystérieux dévot au dernier rang. Haussant les épaules, elle se dirige vers la sacristie pour se changer avant de vaquer à d'autres occupations. La novice, toujours en train de récurer le sol, s'incline devant elle avant de reprendre son travail.

Pour Akasha, X'Andarin et Aliénor sont très loin dans son esprit… Et pourtant, si elle savait. Une ombre se glisse le long des siège, vers la jeune servante de Teiweon. c’est Dante qui se faufile et se meut, avec l’aisance d’un courant d’air, pour neutraliser cette variable impromptue.

Un mouvement, un geste brutal, et il n’y a que le corps de la jeune novice qu’il retient afin qu’elle ne fasse pas de bruit en tombant, pour la trainer prestement entre deux rangées de bancs où il s'affaire à la mettre hors d'état de nuire. La voie est ouverte pour que Cécilie puisse approcher la cible comme elle le souhaite. Pour l'instant l'affaire est encore simple. Dans les même vêtements que l'après-midi, la dague de son père dans la manche, elle s'avance vers les premiers rangs en dévisageant l'Idole de la Dame aux Ombres. Sous prétexte d'en être fascinée, elle elle la provoque du regard, jouissant par avance du blasphème qu'elle est venue perpétré. Derrière elle, elle a tiré le verrou des grandes portes du temple. Ils ne peuvent plus sortir que par la salle ou attendent les corps après livraisons aux bons soins de la Voilée.

Alors l’homme se redresse et va cogner à la porte de la sacristie. Patiemment, regardant au sol, il attend que Akasha ouvre... ce qu’elle fait avec un bon moment de retard.... l’Eldeenne marque un moment de surprise devant l’éphémère

- Oui?


- Maitresse Aliénor demande audience immédiatement… Ici, prêtresse... elle a du nouveau...

Un sourire. Un coup d’œil balaie l'ensemble du temple pour se poser sur la silhouette aux pieds de la Déesse. Une attention plus appuyé sur l'éphémère à sa porte…

- Bien sûr... "

un sourire ou 'incertitude se partageait à la gourmandise vint ponctuer sa phrase. "Je termine et je suis à vous. Nous irons dans un salon. Ce sera plus confortable.


Les temples des morts étaient ainsi fait qu'un dédale de chambre, de salons et de recoins discrets permettaient de pleurer, prier et hurler en toute tranquillité. Les murs de pierre noire étaient régulièrement couverts de pans de tissus fin de toutes les nuances de gris. Derrière de tels obstacles, les gens n'étaient plus que des silhouettes, rapidement perdu dans cette ombre artificielle sans que la luminosité n'ait a être particulièrement faible.

Par contre, Dante a d'autres idées, d'autres projets pour la femelle et aller se cacher dans un salon quelconque n'en fait pas partie. Peut-être si elle avait été seule… Peut-être… Mais la novice cachée lui offre une opportunité qui réjouit particulièrement La Bête… Une chance qu'elle ne peut voir l'éclat marron de l'oeil unique.

-Pas tout de suite, M'dame... Elle voulait prier avec vous avant... Vous confier des secrets qui ne peuvent se dire que devant l'Autel sacré de la Voilée sauf votre respect...

Akasha Marque un moment d'immobilité infinie, surprise, certes… Déconcertée sûrement. C'est tout sauf orthodoxe. Elle a un moment de méfiance avant de se raisonner… Elle est dans le temple de sa Déesse, sur des lieux sacrés et la jeune femme présente s'est toujours montrée réglo. Que pourraient il lui arriver? D'un mouvement de tête impérieux, l'Eldéenne acquiesce, et l'homme s'efface devant elle. Dans un bruit de jupes, la prêtresse va aux côtés d'Aliénor et s'agenouille.

- Il n'est pas si courant de voir un humain s'agenouiller ainsi devant la grandeur de Teiweon…      
-Pourtant cette statue représente bien l'a superbe arrogance de cet être aux pouvoirs incommensurables...
- Elle est Déesse, je crois que ce travers est justifié . C’est à nous d’être Humbles... Après tout elle recueille nos Flammes lors de notre trépas.
- Pas toujours... " sourit l'humaine avec un sourire entendu. Encore fallait-il avoir une Flamme... Cécilie se plaisait à penser que c'était là ce qu'imaginait la prêtresse de son double sens... Et ça ne rendait l'affaire qu'encore plus excitante. Contrairement  à ces gens dont elle ne faisait que ce nourrir, cette femme... cette prêtresse était une douceur. Sa perte serait une rétribution au monde pour l'avoir créée puis rejetée. Un noble retrait à ces abjectes hordes moralisatrices, corrompues jusqu'à la moelle. Son sourire se fit plus large, sans doute un peu trop. " Mais je ne suis pas ici pour discuter théologie. Nous avons trouvé notre proie. Comme j'avais promis de revenir en ces lieux... "

Dante bouge un peu, à peine, mais assez pour attirer l’attention de la Sombre qui se retourne, les sourcils froncés, avant de retourner son attention sur Aliénor. Un sentiment fugace d’appréhension passe sur ses traits délicats tandis qu’elle repousse son instinct de fuite. Voyons, se morigène t’elle, il n’y a aucune raison d’avoir peur....

- Je vous pardonne, pour cette fois, ce blasphème... Dit la prêtresse d’une voix dure, avant de se radoucir, Et vous avez besoin de la bénédiction de la Voilée? Mais vous feriez mieux d’aller prier Tari... la grande Teiweon ne prête pas oreille aux humains.

Le rire grave et grincant de Dante se fait soudainement entendre.

- A-ah. Du calme, voyons. " rappelle l'humaine d'une voix ferme mais étrangement suave avant de revenir chercher des yeux les prunelles de la sombre qui avait sursauté. " Quand je vous disais qu'il était loin d'être dressé... Enfin j'ai conscience que Teiweon n'en a que faire de moi. C'est plutôt votre bénédiction que je venai chercher. " Elle se penche vers la prêtresse au visage juvénile, son maintien orgueilleux revenant au galop. " Votre proposition m'est restée en tête toute la journée... Vous aviez envie de lui, non ? "

Cette façon de parler de lui comme d’une marchandise... Pourtant, Dante ne bouge toujours pas, laissant Cécilie tisser sa toile. Pendant ce temps, il se prépare à encaisser... La Haine se porte bien,posant son rideau rouge devant ses yeux... Pourtant, il ne bouge pas d’un poil. Son excitation se traduit seulement par son rythme cardiaque qui descend. Il est l’appât. Il sent le regard dubitatif, méfiant de la prêtresse de cette pute de Voilée lui descendre le long du corps.

Mais Akasha hésite. L’avidité se le dispute à la méfiance dans ses yeux rubis

-Non, je m’en voudrais de ruiner ton dressage...

Cécilie inspire, son sourire se faisant plus satisfait, dominateur. L'index pâle de l'éphémère glisse sur la mâchoire de la drow pour ramener son regard sur elle.

- Et de moi ?

Elle ouvre de grands yeux et jette un regard vers la femme assise sur l'autel, tranquillement en train de soulever les objets de culte comme s'il s'agissait de vulgaires bibelots. Elle serre les dents. Sa vie. Sa foi. La rage lui brule au cœur aussi fort que la peur.

Soudain, elle part en courant vers la sacristie, au même moment, l'humain se met en mouvement… Partant au quart de tour, il la suit, la talonne… Les longs cheveux de la prêtresse volent devant lui comme la fine queue d'une comète. Elle est plus petite… Moins habituée aux efforts. Elle se dirige vers la porte… Y arrivera t'elle? Encore tremblante, elle vacille une fois. Elle reprend sa course… Dante la talonne sans ralentir, abaisse son point de gravité avant l'impact, se tourne juste dans l'angle requis pour un effet maximal.  Une épaule la frappe de plein fouet. Avec un grondement sourd, elle roule au sol et se relève de nouveau, faisant face.Emporté par son élan, Dante se réceptionne lui aussi en un magnifique roulé-boulé.  La sacristie... Elle n'a pas le choix. Les couteaux sacrificiels y sont rangés. Avec eux elle aura une chance. Une petite chance... Son esprit terrifiés se braque tout entier se cette possibilité, oubliant toute autre ruse.

Elle se lance à nouveau, hurlant pour se donner du coeur, prête à passer sous la garde de son adversaire pour atteindre la porte, toutes griffes dehors. Les lames de combats étincelles tandis qu'il prend une posture défensive, le temps de finir de se relever complètement. Se jetant sur lui à bras le corps, elle tente de le repousser au sol en le percutant de plein fouet, prenant le risque de sentir la morsure de ses lames pour avoir une chance de passer derrière lui et d'atteindre la porte. Quand il la voit faire, d'un coup de rein, il accompagne plutôt le mouvement de la femelle, se jetant sur le dos pendant qu'elle lui passe carrément par dessus. Il frappe sauvagement de sa lame, frappant le flanc en latéral, pour la pousser sur le côté et briser l'élan.  

Elle crie. De douleur cette fois. Son bras enserre la large coupure sur sa taille. L'os de sa hanche à arrêter la lame. La douleur pulse. Elle se rend compte qu'elle est au sol, allongée. Elle gémit en se trainant en avant tandis que son agresseur se relève tranquillement. Il joue peut elle se rendre compte. L'adrénaline coule à flots dans ses veines. Si elle ne bouge pas maintenant, elle crève. Elle crève ! Elle bondit vers la porte sans même savoir comment elle y parvient et entre dans le réduit sans tenter de pousser le battant, s'écroulant sur l'armoire dans laquelle sont rangées les athamés. Elle ouvre le battant, tire sauvagement sur le premier tiroir qui tombe sous ses doigts et plonge la main à l'intérieur.  

Un sourire dément aux lèvres, Dante apparait dans le cadre de porte mais n'entre pas dans la sacristie. Il ricane en la regardant se démener tout en léchant le fluide capiteux qui tache une des jumelles. Puis, narines évasées, il inspire profondément l'odeur capiteuse de la peur émanant de la belle-plus-si-belle que ça.

Sa main fébrile se referme sur le manche d'un long couteau à la lame sinueuse. Elle la tire et la brandit en avant des deux mains, appuyée contre le meuble, le coeur battant. Sa tête lui tourne. Le sang colle sa tunique mauve sur sa peau noire, mais elle ne s'en apperçoit plus. Avec une expression de haine pure, elle crache, dents serrées.

- Recule !

-Ta vie contre un Baiser.

Lui lance Dante tout de go, tenant le cadre de porte par sa seule présence, mince et délié, il n'est pas un colosse… A t'elle une chance?

-C'est tout ce que je veux... Embrasse-moi... Baise-moi si tu le peux...

Elle cille. Une fois. Deux fois. Elle approche. Un pas. Deux pas. Son couteau toujours en avant. Elle l'observe. Il prend encore une fois une position défensive, laissant le cadre de porte nuire à la prêtresse. Si elle attaque, elle ne pourra pas le faire de travers, juste de face.

- recule... " articule-t-elle bien moins sûre.
-Non... Mon baiser avant...

Répond il, imperturbable... la lueur inhumaine dansant joyeusement dans l'oeil vert-blanc. Il ricane encore, et c'est un son tout sauf agréable. Guttural, bestial.

La prêtresse le regarde, fébrile. L'esprit vide. Tout son être est révulsé. Elle baisse les yeux sur sa lame. Elle aimerait avoir la force de se la planter dans le cœur... Son estomac lui remonte dans la gorge. Elle est lâche. Elle en a la nausée. Elle le regarde lui. Cet humain. Cet éphémère armé et habitué au combat. Ses mains tremblent. Elle sent vaguement la douleur de son flanc. Tout lui parait lointain mis à part ce rejet total. Elle ne peut pas...

-Je suis une Bête, ca te dérange?

Akasha tremble. Ses bras tremblent. Ses jambes bougent, n'attendant que de pouvoir bondir avec toute l'énergie du désespoir. C'était lui ou elle. Akasha en avait une conscience douloureuse à présent. Elle pouvait se protéger maintenant. Elle pouvait atteindre l'entrée. Elle voulait s'en sortir. Elle voulait vivre ! Et il le percoit parfaitement... Et le sourire n'en n'est que plus large...

Elle baisse doucement sa lame, la gardant fermement dans une main, tremblant de tous ses membres, les yeux braqués sur l'humain. Elle met un genou à terre. Tombe plus qu'elle ne finit son mouvement, gémissant. C'est étrange, elle ne sent pas de larme couler sur ses joues. Elle a juste envie de se trancher la gorge.

Akasha s’approche de lui, à quatre pattes, et se redresse pour avancer les mains vers sa boucle de ceinture. Une expression de déplaisir traverse le visage abîmé de Dante. Il y a un bruit d'acier  qui résonne tandis que Dante  fait glisser une des jumelles au sol, loin, avant que sa grande main aux longs doigts ne se referme avec violence sur le poignet fin, pressant le point névralgique jusqu'à ce que la lame de la Drow  tombe au sol. D'un léger coup de pied, il la fait glisser elle aussi , avec la Jumelle... D'un geste brusque, il décroche la femelle de sa boucle de ceinture, l'enjoint à se lever.

-J'ai dit un Baiser, pas une pipe. Les animaux se font pas sucer... Un Baiser avec la langue et met y de l'entrain bordel... T'avais l'air pas mal plus enthousiaste cet après-midi... Et regarde moi dans les yeux.


Elle le regarde, effarée. Hébétée. Sa peau noire a virée au gris. Elle regarde ces yeux clairs qui la terrifie. Le contact de sa peau sur son poignet le fait hurler intérieurement. Loin. Trop loin. Elle est répugnante… Si elle savait comment son contact le révulse. Salope, hypocrite… Raide, attentif au moindre coup fourré, l'assassin ne quitte pas les yeux rubis. Savourant ce qu'il y lit… Parfait sale garce, comme ca on est deux à savoir c'est quoi être dégoûté… C'est moins plaisant quand on est forcé pour notre survis non?  

Doucement, elle pose la main sur l'épaule armuré de l'éphémère. Sous le plastron, la contracture épidermique de Dante se fait. Même avec tout ce cuir, elle lui fait mal. Il encaisse cependant avec le sourire sous ces mèches noires Elle est un peu plus petite que lui, mais pas de beaucoup. Sans essayer de dégager son bras de la poigne qui lui a fait lâcher son couteau, la sombre s'approche pour se coller à lui. Elle peut sentir,sous ses doigts, un infime soubresaut, mais il ne bouge toujours pas. Il pourrait être une statue de marbre noir que ca ne changerais rien.  Un fol espoir gonfle la poitrine de la femme. Elle le respire en même temps que son dégoût. Il la respire en même temps que sa Haine.  Elle se regarde plonger vers les lèvres de l'homme, les effleurant d'abord. La grande bouche ne réagit pas. Ou si peu. Un léger frémissement.  Elle coule un regard tremblant. Il ne bouge pas, la drow ne peut savoir comment elle le révulse. Elle note douloureusement la raideur de ses muscles de marbre et la silhouette derrière lui. Chaque détail se grave en elle, pourtant elle se sent extérieure, Accusatrice. Et cette nausée qui la prend aux tripes tout à la fois. Si seulement elle savait. Le vert et le miel s'imposent à elle. La juge, l'accuse… T'attends quoi? Semblent ils dire.

Alors Akasha  scelle leurs lèvres malgré ses tremblements. Le contact rêche. Elle se pousse à se faire plus appliquée. Elle aventure sa langue entre ses dents. Elle serre les paupières. Le goût de cet homme. Il goûte la cannelle et le sang… Son sang.  Elle le hait. Elle veut mourir. Doucement elle bouge sa langue contre la sienne, se fait aguicheuse, douce, puis entreprenante. Il ne bouge pas, il répond tout juste. Mais il lui a dit de gagner sa liberté. Elle voulait vivre. Alors elle se colle davantage à lui, le baiser devenant passionné.

Dans le dos du mercenaire, une autre paire de lèvres se pose sur sa nuque pour mordiller sa peau...

Le hérissement de la nuque, la façon qu'il a de se mouvoir, indique à Cécilie que Dante a parfaitement conscience de sa présence. Le bruit de l'acier retentit une nouvelle fois tandis que la Seconde Jumelle va rejoindre sa sœur au sol. Une poigne de fer s'abat soudainement sur la nuque de la Drow tandis qu'il se met à répondre au baiser d'Akasha de façon fort passionnée. De durs et raides sous ses doigts, elle peut sentir la décontracture soudaine des muscles. Sauf ceux de la main qui lui tient le poignet, et de l'autre qui lui tient désormais la nuque.

Un cri de peur est étouffé par les lèvres de l'humain. Cette fois les larmes viennent aux yeux de la sombre... Mais elle se raidit après une bref tentative de refus. Sa bouche, envahit par la volonté de cet homme ne bouge plus. Mais elle veut vivre... Alors elle lui répond. Elle tente de lui répondre en tout cas. Elle y met tout ce qu'elle peut. Tout ce qu'elle a. Son flanc lui fait de plus en plus mal. Dante jubile. En bon mouton, elle n'a pas compris l'avertissement de Zhak'Bar… Domine ou crève.

De leur côté, les mains de Cécilie glissent sur les hanches de son Chasseur tandis qu'elle se met sur la pointe des pieds pour atteindre sa jugulaire du bout de la langue, remontant vers son oreille. Le baiser se fait plus dur, violent. La grande main se referme soudainement sur la crinière blanche tandis que les dents de l'homme se plantent avec rage dans la langue aventureuse dans sa bouche. Akasha tente de crier à nouveau, donnant un bref coup pour se dégager. Les prunelles dépareillées se font victorieuses tandis que les dents se plantent plus avant dans la chair tendre de l'appendice buccal. De toute ses forces il se met en même temps à la tirer vers l'arrière par les cheveux. Un bref grognement indique qu'il recoit le coup et l'encaisse, mais il ne se laisse pas distraire, aiguillonné par les attentions de Cécilie dans son dos. Le sang envahit sa bouche. Capiteux fluide.

La prêtresse crie davantage, maintenant que ses lèvres ne sont plus scellées. Un cri aigre. Aiguë. La main qu'elle a sur l'épaule de l'humain se tend. Elle se débat et rue pour le faire lâcher. Une terreur sans nom aux tripes, elle lui griffe le visage de ses ongles longs... Du moins elle essai. La main tenant la nuque la lâche, pour aller s'occuper de ce mouvement intempestif. Reculant la tête, tirant sur la langue, le sang partout, l'assassin se met à faire un mouvement de cisaille avec les dents.

- Vas-y... " murmure une voix douce à son oreille, contrepoint curieux aux cris toujours plus éraillés.

La Prêtresse s'égosille, se noyant à moitié dans son propre sang. Dans un bruit écœurant, la langue finit de se détacher de sa propriétaire qui peut voir Dante commencer à mastiquer tranquillement. Savourant ses cris et sa terreur, sa douleur et l'anéantissement de ses espoirs de survis. Manifestement, et s'est parfaitement lisible sur sa sale gueule barbouillée de sang, il prend son pied. Il fait un croche patte à Akasha pour l'obliger, même si ce n'est pas vraiment nécessaire, à s'affaler au sol. Ployant le genou, lui tenant les poignets. Le menton plein de fluide vital, qui lui coule le long du cou et imbibe sa chemise, tache son plastron, les mèches noires sur le travers, dévoilant une tempe rasée, il la contemple. L'admire même… C'est tout simplement terrifiant. D'un geste lent, il la libère de sa poigne, comme un chat relâche une souris avec laquelle il joue. Les yeux mi-clos par le plaisir, Dante penche la tête de côté pour laisser à sa compagne un accès privilégié au spectacle et à sa jugulaire à lui.

Sans cesser ses baisers, Cécilie pose les yeux sur la chose qui répand son sang sur le sol en gémissant de douleur et de peur.

La prêtresse n'est plus. Plus qu'une boule de peur à l'état pur. Elle a mal. Elle n'a plus la force. Elle tousse. Elle crache. Elle bave. Les larmes roulent sur ses joues alors que sa langue atrophiée tente malgré tout d'implorer, la noyant dans son propre sang à chaque mouvement.

- Pi'ié.... Pi-kgh-ié...

Cécilie frissonne. Il peut la sentir contre son dos. Les yeux de glace jaugent la sombre, toujours aussi neutres, aussi froids, teintés seulement d'une satisfaction mêlée d'excitation. Elle rampe cette garce... Elle implore. La jeune femme aurait aimé pouvoir lancer une réplique cinglante, mais rien ne vient, elle a seulement ce magnifique spectacle et le contact de la peau de son amant. Pour faire bonne mesure, les mains de la musicienne remontent sur le torse de Dante, sa respiration se calquant sur les pulsations éthérées de son être.

La voix calme de Dante, malgré les frémissements de luxure que le toucher de Cécilie lui cause, est froide, professionnelle… Presque douce…  Il a des envies irraisonnables…

- Quoi? Pitié? Je ne comprends pas bien.

Se penchant un instant, il lèche langoureusement une coulisse de sang qui s'est échappé de la bouche sombre. Cécilie le laisse bouger, ses doigts glissant sur lui sans mal, sans former aucune contrainte. La prêtresse hurle à s'en arracher les cordes vocales. Ses dents rougies claquent. Elle pleure de plus belle et recommence à ânonner, comme s'il s'agissait d'une formule magique. D'une prière... Ce qui amène un autre rire de Dante tandis qu'il est éclaboussé par des gouttelettes de sang projetées partout par la force de ce hurlement. .

-Ta déesse ramasse la merde des autres... Elle récolte les Flammes en bonne bergère, qui te dis qu'elle les garde pas pour son quatre heures? ... Et moi... Et nous... Nous sommes les loups qui lui arrache ses moutons de la bergerie…  

Akasha  ferme les yeux. Son instinct se bat toujours, sans espoir de vaincre. Juste parce qu'elle n'est pas capable d'abandonner. Elle serre les paupières.

- 'Eweogh... Mère... ghe... ghrrh...  "

Dans un hoquet elle se plie comme elle peut en avant, son estomac se vidant du sang qu'elle avale à grandes goulées depuis plusieurs minutes. Son teint de cendre laisse apparaitre des marques de plus en plus sombres autour de ses yeux fous. Une odeur acide et cuivrée monte au nez de Cécilie, toujours près du bourreau, derrière lui, présente sans le gêner. Ses yeux de glace regarde la sombre souffrir. Regardent Dante la plier comme un brise une brindille. Sa main main passe dans sa crinière sombre.

- Elle est à toi... toute à toi... "  souffle-t-elle, fébrile. Elle pourrait la détruire en moins d'une minute. Elle pourrait la sentir se tordre et la déchirer de l'intérieur. Mais pour celle là, elle a envie de pire. " Que l'esclave rencontre sa chère maîtresse... Qu'elle sente le Néant s'infiltrer en elle et lui arracher jusqu'au souvenir de son existence. "

Et comme si elle lisait dans cet esprit double, la voix de la principale intéressée murmura contre leur lèvres :

- Porte moi sur l'autel. "  Ses yeux avides se perdent dans le brun et le vert. Désacraliser le moindre recoin de cet antre de perdition la fait vibrer comme rarement pendant une chasse. Le souffle court, plus court sous l’émotion , Dante se rétablit, enjambe le corps et s'exécute, prenant la Belle dans ses bras, la tachant du sang  qui le couvre, ce qui attise encore plus son désir. Arrivés à l'Autel, devant la statue de Teiweon en personne, il balaie les objets sacrés du revers de la main avant d'y déposer sa compagne. Détachant sa ceinture d'armes qui ne comporte en ce moment que Vicieuse, il la laisse à portée de main de Cécilie, au cas où, avant de la rejoindre sur ce lieu sacré d'entre tous, où officient les prêtres. Le fait qu'ils vont profaner, souiller cet endroit bénit des drows l'excite encore plus. Saccager leur croyances, les ramener à l'essentiel, foutre la merde entre Geresh et le Puy...

Tout ça est un bonus certes. Les cheveux sales et en batailles, à genoux devant elle, il s'incline moqueusement comme si elle était la grande Voilée en personne... Avant de s'en approcher comme un fauve, à quatre pattes sur le linge brodé. D'ailleur, le cercle noir de Teiweon se retrouve souillé d'une trace de main sanglante tandis qu'il embrasse de nouveau, fort passionnément Cécilie de Missède.

Appuyée d'un bras sur la pierre et le tissus doux, l'autre pèse sur la nuque de Dante. Sa puissance. Sa dangerosité. La liberté qu'il conserve. La domination qu'il assoit si facilement. Le sang sur son visage. Tout l'excite en lui. Ce que d'aucun jugerait comme le pire de sa personnalité, n'est qu'un amalgame d'autres qualités à ses yeux. Elle lui rend son baiser, passant la main sur les courroies de son plastron. La prudence ? Elle ne sais même plus ce que c'est. La mort, ils s'en jouent. Les règles, ils les brisent. Les dieux, ils les défient. Elle en est à fleur de peau, le regard luisant d'une flamme lubrique. Eux, et personne d'autre. Les questions sur la Bête et l'équilibre sont oubliés. Elle ne le sent même pas encore contre elle qu'elle a déjà l'impression de le voir unifié. La raison et la Bête allant d'un même désir commun. Comme au premier jour. Eux contre ce monde écœurant.

Mais contrairement à leur première nuit, maintenant, elle sait comment fonctionnent les attaches de l'équipement de son amant. A chaque geste sec, une courroie lâche. A chaque geste sec, l'homme frissonne de plus en plus. Les grandes mains s'impatientent sur la robe de la jeune femme. Il essaye très fort de ne pas déchirer ces vêtements malvenus... Ils vont en avoir besoin plus tard.

Enfin son plastron lâche prise et glisse sur le côté. Enfin la main de la jeune femme passe sous sa chemise, traçant des sillons vermillons sans même en avoir conscience. Elle ne lui facilite pas la tâche, ne reculant pas pour enlever ses propres vêtements. Elle descend dans son cou pour l'embrasser, encore et encore, remontant sa chemise au fur et à mesure de ses caresses, toujours appuyée sur l'autre main.

La lumière des braseros teinte Cécilie de reflets chauds. Et s'il se débat avec la robe, la frustration se double avec la couche de tissus indésirable qu'elle lui remonte sur le torse. Se redressant sur les genoux, il se débarrasse de ses bracelets de forces, de sa chemise.  

Des Bêtes... Ils sont des Bêtes et ils vont dévoyer cet endroit comme les Bêtes qu'ils sont.

Prenant sa compagne par la taille, l'embrassant sauvagement, il la soulève d'un bras, le temps de remonter ses jupes, dégager les cuisses pâles,baignées, iridescentes entre le feu et les ombres comme la plus divine des parures dorées. D'ailleurs, il ne peut résister à l'envie de les embrasser. Elle frisonne des pieds à la tête, lançant un regard à la statut qui les surplombe avant de retrouver entièrement son amant qui crispe et décrispe les doigts sur sa robe avec de moins en moins de retenue.

- Déchire la... "

Quittant les cuisses, Dante se réapproprie les lèvres pleines de la jeune femme tandis que, dans un craquement fort satisfaisant, il déchire le corsage, et repousse rudement le tissus, révélant la poitrine qu'il explore encore à pleine paume, le ventre plat. Le vêtement, rendu lâche par son impatience, lui laisse un accès privilégié à l'intimité de Cécilie, ce qui achève de le rendre fou de désir.

Avec une rudesse étrangement dépourvue de brutalité, l'homme assaille le corp offert de baiser et de suçons, descendant de plus en plus bas sur la peau de soie. Son amante caresse chaque once de la peau ravagée qui file sous ses doigts, plus pâle que le visage halé de n'avoir vu le soleil qu'une ou deux fois ses dix dernières années. Sa respiration reste suspendue au moindre geste de son amant. Il goûte bien à la liqueur intime de la Belle, mais l'un comme l'autre, ca ne fait qu'attiser encore plus leur désir réciproque.

Se redressant encore une fois, à genoux puis debout sur l'Autel, aggressif dans son impatience, Dante se débarrasse de ses bottes, puis de ses pantalons. Avant de plonger sans attendre sur Cécilie, l'envahissant et se faisant envahir par la soie de sa peau, l'odeur de ses cheveux fraichement teints. Le bleu de ces yeux hautains. Les Lamentations qui rampent paresseusement là où le sang qui le nimbait a souillé la peau pâle. La jeune femme a tout d'une déesse… Et tandis qu'à grand coups de vêtements déchirés il finit de l'extirper de son cocon de tissus, il lui murmure des mots sans suite, dépourvu de sens apparents.

Rien que le son de sa voix fait frissonner sa Ténébreuse, et il le sait, mais elle s'emplit de lui comme il s'emplit d'elle. Tout son être frémit et frissonne comme un instrument aux cordes trop tendues. Même les coutures inégales de son corps, ces cicatrices sans cesse renouvelées qu'elle est sensé connaitre sur le bout des doigts, elle les redécouvre avec avidité. Elle le veut tout entier, sans demi-mesure, sans délais. Elle voit sa propre peau marqué de tatouages sous le sang qu'il a posé sur elle. Elle n'y avait même pas pensé. Elle se laisse aller, les révélant dans toute leur macabre splendeur. Ce secret que seul lui connait dans son intégralité. Elle adore le regard qu'il pose toujours sur elle à ce moment précis. Une admiration pure. La reconnaissance d’une égale. L’amour étrange, unique, que lui porte Dante.

D'un mouvement fébrile, Cécilie attrape sa nuque pour le regarder dans les yeux, l'embrasser une fois de plus, se serrant contre lui, l'attisant de subtiles roulements de hanches. Comprenant cette invitation, l'accord tacite, il n'attend plus. Se glisse dans cette moiteur qui n'appartient qu'à lui. Un moment immobile, il savoure ce moment encore aussi intensément que la première fois, ne la quittant pas du regard, lui en elle, elle en lui eux contre le monde… Il frissonne, plein, repus, entier. Plein d'elle. Elle de lui. Ils sont un, tout est à sa place… La glace fond. Elle ressert sa prise sur lui, frissonnant avec lui. Une main descend au creux de ses reins, remontant le long de sa colonne en laissant trainer ses ongles sur son derme sensible. D'un mouvement de hanche plein et entier, il se fait subitement plus lent, langoureux, passionné. Adieu la petite vite. Les lieux sacrés, ce n'est pas fait pour communier? Elle peut bien faire les yeux doux la garce Voilée… Elle peut bien jalouser Cécilie, tellement plus parfaite qu'elle avec sa peau marquée des Lamentations… L'amant prend les courts cheveux noirs dans sa poigne, obtenant cette inspiration d'abandon si particulière de la part de la jeune femme. Il s'abrutit de baisers, noyant la tendre gorge sous ses lèvres. Mordillant tendrement la chair offerte avec confiance.

Leur union, à chaque coup de hanches un peu plus profond, un peu plus fort, est un défi... A tout les dieux. Ils défient la Vie, ils défient la Mort, ils défient les dogmes... Les moutons... Les chiens de Berger.

Tous ceux qui ne sont pas eux...

Sur le dos, seulement accrochée à son amant et prisonnière de sa poigne, le jeune femme crie rapidement son plaisir. Elle laisse un peu plus aller à chaque coup de rein. Elle les attendait empressés. Elle les ressent lents, francs et langoureux. Sa respiration se calque sur la cadence. Sur sa respiration. Son odeur, celle de l'encens, de la poussière, du sang et de la sueur. A chaque coup, son inspiration vrille dans les aiguës. Au dessus d'elle, la forme sévère de Teiweon l'observe, accusatrice. Elle sourit, se cramponant à lui, grondant de passion en essayant vainement d'accompagner ses mouvements pour lui rendre le plaisir qu'il lui offre. Serre les paupières pour contrecarré la brûlure de ses muscles faibles. Elle se fait plus expansive, plonge à nouveau ses iris dans celles de Dante. Elle s'y noie. Ils s'y trouvent.

Le temps s'écoule, futile dans ce parfait blasphème. Au fil des minutes, une fine pellicule de sueur empoisse la peau blafarde marquée de noir. Dante se fait de plus en plus brusque, la marque de ses dents délicatement se fait sentir, pas trop profondément. Le plaisir monte, toujours plus vif, menaçant. Le souffle et la voix de la jeune femme ne lui obéissent plus. Elle ne trouve qu'un regard pour lui ordonner... Et sa bouche pour le mordre à l'épaule, sans que le sang ne coule cependant, sa faible mâchoire n'ayant pas autant d'entrainement que son Chasseur meurtrier. Il lui rend l'attention, n'entamant la chair que pour que le sang perle, sang qu'il lèche consciensieusement, avec application.  Ils réaffirment leur liens. Le monde se rétrécit, ne devient qu’eux. Elle se tend entre ses bras. Une chaleur monte dans les reins de l'assassin, annonciateur du plaisir imminent, plaisir aiguillonné par les cris de plus en plus aigus de sa Ténébreuse qui atteint l'extase. Et dans un grondement sauvage, partagé, le monde explose en milles particules, en milles miettes. Se fragmente en ce moment d'éternité condensé en quelques secondes de perfection au goût  de sang. Dante ralentit lentement, répugnant à s’arrêter … Sans ne jamais la quitter des yeux.

Seul le bras qui l'enserre lui évite de s'écraser de tout son long sur le dos. La main tremblante de la jeune femme, repousse de longues mèches noires de devant son œil vert. Les yeux mi-clos, brumeux à cause de la vague qui l'a emportée, elle ne l'a pas non plus lâché. Elle est folle... Elle en a parfaitement conscience. Ce visage couvert de sang, elle le trouve magnifique. Ce regard dangereux est la chose la plus vraie qu'elle ait vue en ce monde. Et elle inspire ses soupirs désordonnés. A sa merci.

Frissonnante, le corps parcouru de quelques spasmes encore violents, elle ne s'accroche à lui que pour la forme. Enfin, elle parvient à prendre une longue inspiration. Les doigts qui dégageaient le mâle visage s'attardent maintenant sur sa joue. Les yeux mi-clos, il pousse son menton dans la paume de Cécilie et embrasse ces doigts qui ne lui font pas mal. Elle sourit, ne voyant que lui. Pourtant, sous lui, sous eux, la nappe est irrémédiablement ruinée. Comme s'ils en avaient quelque chose à foutre. Un grand sourire éclaire le sombre visage souillé de sang séché. Il étirerait le moment avec plaisir, mais justement, ce n'est pas le moment de le faire. Dommage. Il aurait bien aimé que Teiweon lui reluque encore le cul un peu. Qu'elle voit et juge… Pendant qu'elle le peut.

-On fait un grand feu de joie comme carte de visite?
- Ramasse tes affaires, je vais voir... s'il y a quelque chose... pour moi ... dans la sacristie... ? "  murmure-t-elle sans bouger. Ses joues sont encore rougies et ses yeux flous. Son ton même est plus interrogatif que qu'affirmatif. Son souffle bute sur certaines syllabes. Elle ne voulait pas mettre fin à leur étreinte malgré l'évidence de leur priorité.
-Je sais, moi aussi…

Il donne un grand et lent coup de rein qui la fait réagir au quart de tour, crispant tout son corps trop sensible... Elle ferme les yeux. Même les paupières closes, elle peut le voir sourire.

-... Ca me fait chier... Elle fait une très belle voyeuse Teiweon, tu ne trouve pas?
- Je suis sûre... qu'elle a apprécié le spectacle. " murmure la jeune femme avec un sourire mauvais, sa main glissant le long du cou et du torse de l'homme qui la laisse progressivement reposer en arrière.

Sur un dernier mouvement, s'enfonçant en elle à la limite de lui faire mal, Dante l'embrasse une dernière fois, écrasant de ses lèvres un pépiement d'oiseau. Puis il se retire, à regret. Se tournant, il adresse à la statue un geste grossier qui fait éclater Cécilie d'un rire cristallin, avant de descendre de l'Autel profané sous le double regard de la déesse et de sa Maîtresse. Il commence à se rhabiller tandis qu'elle roule sur la hanche, la tête appuyée lascivement sur un coude, le corps toujours bardé de ces tatouages aux couleurs ternes qui semblent bouger sournoisement dès qu'on les voit du coin de l'oeil.

- Les salles d'embaumement devraient pas être trop loin de la chapelle... De ce que je sais ca fait parti des lieux sacrés. Il devrait y avoir beaucoup... beaaauuucoup de linges, d'huiles et de résine... Fais toi belle ma Ténébreuse.
- Attend...

   Aussitôt qu'il coule un nouveau regard sur elle, sa propre main suivant la courbure de son corps, l'expression comblée de la jeune femme prend un accent plus dominateur. Elle l'observe de l'autel ravagé comme d'un trône de corruption. Elle s'y complaît , s'en délecte, s'en pourlèche les babines. Il y es sensible, la voir ainsi, Dante n’aurait pas cru que ca lui plairait autant. Elle est majestueuse. Il sent son coeur se gonfler douloureusement à ce spectacle. Parfaite. Cécilie est parfaite. Elle profite de ce plaisir rare, peut-être unique, même si sa posture manque toujours de souplesse. D'une main, elle lui ordonne d'approcher, son regard enchanteur le guettant sans ciller. Une expression amusée sur le visage ravagé il obtempère en singeant un aveugle dévot envers sa déesse. Elle cueille son visage sans bouger de son piedestal, s'autorisant encore une ultime bravade avant d'être obligée  d'abandonner ce fief.


- Souvient-toi de ce tableau pour moi, tu veux bien ? " susurre-t-elle. Elle sur l'autel ravagé. Le sang et les Lamentations colorant sa peau de marbre. L'odeur des corps. Le regard aveugle de la Déesse, ombre dévorante au-dessus d'eux. Langoureuse, elle caresse sa joue et vient l'embrasser sans empressement, comme un adieu au champ de vision de la statue qui les surplombe et un hommage à leur gloire de ce soir. Le silence de mort les entoure, paisible. Une paix simple l’envahit. Il est heureux. Simplement et entièrement heureux.

Puis elle le relâche, sans un mot de plus.  Le sourire simple de Dante l’accompagne, la caresse, la retient. Oui, il gardera ce moment de félicité pure bien à l'abrit dans sa mémoire.  

-  Je suis certain que les couleurs de la Voilée t'iront comme un gant. Je m'occupe de l'au revoir.

- Je ferai mon possible. "  lui lance-t-elle avant de le voir s'éloigner rattachant ses bracelets de force, son plastron posé, pas encore attaché.

En descendant à son tour de leur perchoir, Cécilie emporte avec elle la longue nappe d'ornement qui couvrait la pierre, s'essuyant avec avant de retrouver à tâtons la dague de son père dans les débris de ses vêtements.

Chaque minute compte, Dante finis de se rhabiller en route. Trouver les salles d'embaumements lui prend un dix minutes, foutre le bordel dans les jarres d'huiles, prenant ce qu'il aura besoin, puis  détruisant le reste, renversant le tout et éparpillant les linges funéraires un peu partout et ramener ce qu'il faut pour faire cramer la chapelle, ca lui prend quelques voyages et une bonne vingtaine de minutes. Rajoutons un autre vingt minute pour préparer les piles de sièges le long des murs, près des piliers de soutènement en bois massif, rendus secs par les années et bien les imbiber d'huile. Ca va brûler comme du petit bois. Au fur et à mesure de ses aller retour, il ramasse ses choses par miettes. Ses jumelles, sa cape, son arc… Il doit être environ deux heures du matin quand l'assassin a fini de tout mettre en place et regarde son arrangement, satisfait. Aucune chance que quiconque  éteigne les foyers à temps. Les salles d'embaumement aussi vont y passer.  Cette nuit est … parfaite… L'odeur d'huile d'embaumement est entêtante. Ca sent le mort… Zhak'Bar sourit.

Pendant ce temps, Cécilie prend le chemin du  réduit, quelques mètres plus loin et c'est avec une cruauté enfantine qu'elle s'amuse à ouvrir et vider jusqu'au moindre tiroir de tous les meubles présents. Elle n'a même pas jeté un regard au corps à l'entrée. Sans aucune considération pour leur côté sacré, elle touche les tissus, regarde les couleurs, inspecte les symboles... et empoche au passage deux couteaux dont elle a vu les descriptions dans des livres prêtés par Shyn'tae : des couteaux spécifiquement étudiés pour découper le corps de façon précise. Ça pourra lui être utile.  Elle a aussi profité du peu de temps qu'ils avaient pour retirer le sang de toutes les parties de son corps exposées avec une sorte d'alcool qui devait servir à certaines cérémonies, à défaut d'avoir trouvé de l'eau, et s'était soigneusement séchée avec le reste des linges sacrés. Avant de mettre la robe qu'elle avait choisie.  

Au final, c'est avec une robe de cérémonie noire en soie d’araignée qu'elle sort du petit repère, portant également un petit baluchon sous le bras. La tenue est - d'un point de vue drow - assez stricte. Son décolleté est presque raisonnable, flouté de façon à ce que des prêtresses de corpulences différentes puissent la porter, et la taille est ajustée au niveau des côtes et des hanches par des cordons qui laissaient de plus en plus voir la peau au fur et à mesure qu'on les relâchent. Heureusement, la jeune femme est plutôt menue depuis le temps qu'elle crapahute d'un bout à l'autre de l'Ithri'Vaan. Seules ses jambes sont difficilement oubliables. Fendue des deux côtés, les pans de la robes  laissaient volontairement voir les jambes de sa porteuse jusqu'en haut des cuisses. Hélas, elle n'a pas la peau noire, elle. l'effet qui aurait été ton sur ton chez une drow, elle peut l'oublier. Dante, manifestement, ne l'oubliera pas de sitôt.

Immobile, l'homme la regarde, approbateur. Toute de marbre et de jais, d'ivoire et d'ébène. De flammes et d'encres, sombre beauté infernale. Il s'immobilise, époustouflé. Il ne l'a jamais vue ainsi et la lueur dans son regard le laisse deviner. Il passait devant l'Autel pour se placer devant un des deux tas, prêt. Un cierge allumé dans une main, quelque bougies dans le creux du bras. Derrière lui, la statue de Teiweon est sombre, illuminée simplement par les braseros. Ainsi immobile, il pourrait ressembler à un marié attendant sa promise pour s'unir… Il n'est pas capable de parler, mais le sourire qu'il lui lance est éblouissant, tranchant avec sa figure sale. Elle lui sourit également, l'enchaînement de symboles devant lesquels il veille a quelques chose de grisant. Son compagnon la laisse s'avancer, savourant sans vergogne le spectacle qu'elle offre… Destinée à lui seul. Le sourire s'élargit.

- Tu devrais montrer tes jambes plus souvent… Ou plutôt non… Ca rendrais trop les hommes fous. Quoique elles sont à la hauteur de ta légende. Blague t'il.

Elle le regarde, un sourire orgueilleux au coin des lèvres, sans trop savoir quoi dire... Elle s'est avancée lentement pour profiter de son regard, mais elle n'a pas l'habitude de montrer ses jambes, c'est un fait... Elle ne porte même pas de pantalons. Un héritage de son ancienne vie qui la prend au dépourvu en cet instant. Et le fait qu'il ne soit pas un habitué des compliments ne doit pas aider non plus en un sens... Bien que le poids de celui-ci n'en résonne que plus. Ses tenues sont toujours assez sages au final, seules exceptions lorsqu'elle joue un rôle. Mais cette nuit c'est différent. A cet instant, elle est juste elle. Une version d'elle qui porte la robe la plus outrageuse qu'elle n'ait sans doute jamais porté en son propre nom... Et l'effet qu'elle produit est aussi dérangeant qu'agréable.

-  Raison de plus pour les garder pour toi... Hmmm... Je peux faire quelque chose ?

Dante se concentre sur la mission en cours. Il déglutit, avant de reprendre de son ton égal. Sans se départir de son sourire.

- Tu as toutes tes affaires?

- Et même un souvenir. " ajoute-t-elle, oubliant sa gêne en montrant le baluchon avant de prendre la bougie qu'il lui tend pour l'allumer à la flamme qu'il porte.[/color]

- Si madame veut bien foutre le feu au tas là pendant que je crame ce tas ci.... Et on arrête pour faire flamber la salle aux momies. On le fait en même temps. Sinon je risque de manquer de temps... Prête?

- A ton signal.

Un regard. Un sourire partagé. Et d'un même mouvement cérémoniel, ils allument chacun les draps huilés que l'assassin a disposé sur les bancs de manière à répartir les flammes. Les monceaux de bois rendus secs par les années, imbibés d'huile, prennent feu quasi instantanément. Dans la salle aux morts, juste avant qu'ils ne sortent, ce fut des tas de linges qui sont embrasés.

Même si le feu se propageait rapidement, l'assassin prit le temps de verrouiller derrière eux, scellant l'accès en fermant la porte de la même façon qu'on la crochète pour entrer. Quand ils s'éloignèrent discrètement, au plus profond de la nuit, il y avait, derrière eux, un temple dont les fenêtres commençaient à cracher de la fumer noire, toutes les portes verrouillées mystérieusement de l'intérieur.

Au lendemain matin, quand ils repassèrent pour quitter Geresh, ça brûlait encore.