Sujet: [Mare Noire] L'Orgueil des ignorants Mar 6 Aoû 2019 - 14:03
5er jour de la 9e ennéade de Karfias ~ été 17e année du XIe Cycle Un jour bien trop ensoleillé à Thaar
Pas un nuage n'encombrait le ciel et le soleil de midi ne tarderait pas à cuir les honnêtes travailleurs qui déambulaient dans les rues aux façades pâles de ce quartier populaire. Il n'y avait bien qu'eux pour braver le soleil au zénith plutôt que de cherchait l'ombre et le calme pour ne pas s'esquinter la santé. Tous les commerces étaient fermés, les étales repliés, les porteur d'eau envolés. Toute la faune colorée avait vidée les lieux, ne restait que les habitants dans l'urgence, les suicidaires et les voyageurs.
Des voyageurs, il y en avait d'ailleurs deux, qui remontaient le long d'une rue déserte. Au dessus de leur tête, quelques tissus séchaient sur des fils à linge accrochés entre les fenêtres, seul source d'un minimum d'ombre. Le soleil tapait déjà dur sur le crâne malgré tout. Ils passèrent devant l’hôpital Sainte Iselda, ce pseudo temple de Néera aux soins abordables pour les plus modestes, qui faisait parlé de lui dans les recoins malfamés de la ville. Puis ils continuèrent le long du grand bâtiment, observant les pancartes au dessus des échoppes de l'autre côté de la rue. Jusqu'à ce que Lyad tende le doigt vers l'une d'elles.
- C'est ici !
Un gros mouton en vue de profile souriait aux passants, coupé en deux, sa partie avant séparée de sa partie arrière par une sorte de pâquerette assez mal dessinée. Ce qui aurait du être blanc était gris sale. Ce qui aurait du être noir était d'un gris sale plus sombre. Mais au moins, la devanture aux petites fenêtres dont les volets fermés indiquaient l'état de repos de la boutique, était bien entretenue... Le seule soucis c'était l'odeur forte qui se dégageait de là. Et pour cause. Quelqu'un avait eu la bonne idée de résoudre le mystère en peignant un mot sur la porte de bois : Triperie.
En s'approchant l'odeur était d'autant plus forte. Qu'ils essaient de pousser la porte, ils se heurteraient à un verrou tiré. Mais lorsque Lyad, emporté par les quelques jours de liberté qu'il venait de connaitre, frappa quelques coups sur le battant, il y eu quelques mouvements diffus à l'intérieur... Quelques mouvement et ce qui ressemblait à un gémissement étouffé.
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Le Maître du Jeu s'adressant à Nehril... Les trois jours de voyage à cheval depuis Sol'Dorn se sont bien passés. Lyad était raide comme un clou sur sa monture et le temps était clément, rien de bien étonnant donc. Le premier jours, quelques rumeurs sur une tentative de sortie de la part de trois Dorniens vous ont collé aux miches, mais les eldens n'ont pas retrouvé votre trace. Plus qu'à prier pour qu'ils n'aient pas non plus retrouver la Concierge et ses drôles de protecteurs.
Peu à peu, Lyad s'est détendu à ton contact et s'émerveille pour un rien. Sur la route, tu as pu constater qu'il était curieux de tous - surtout des femmes - mais il garde toujours ce réflexe de te regarder avec ses grands yeux noirs apeurés quand quelqu'un d'autre fait quelque chose qu'il ne comprend pas ou lui pose directement une question. La fois où vous avez croisé un cavalier doeben un peu perdu, par contre, il est resté muet et les yeux baissés jusqu'à ce que tu te débarrasse de cette curieuse compagnie. Il garde également son bandeau quoi qu'il arrive, dans le sommeil comme dans l'éveil. Avare en détails sur sa vie à Sol'Dorn, il s'est découvert une passion certaine pour la bière dès votre première soirée ensemble.
Tu peux à ta convenance, décrire ou ellipser les trois jours de voyages. Tu peux avoir garder les chevaux jusqu'à l'intérieur de la ville ou les avoir laissé à une écurie.
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Nehril
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Sujet: Re: [Mare Noire] L'Orgueil des ignorants Mar 6 Aoû 2019 - 16:43
Le soleil culminait à l’horizon, trônant au-dessus des deux voyageurs harassés par le chemin parcouru. Le souffle du vent qui s’engouffrait bien trop rarement dans leurs vêtements, ne parvint pas à leur faire oublier la chaleur étouffante. Les murs de Thaar étaient finalement visibles après trois jours de voyage. Le mercenaire aux yeux d’argent était satisfait de la distance parcourue. Conscient des rumeurs qui avaient couru le long de la route, faisant état de quelques Doriens étant partis à leur poursuite, il n’avait guère souhaité prendre plus de pauses que nécessaire. De ce fait, ils avaient peu dormi, ne s’autorisant que de brèves haltes afin de soulager leur monture. De surcroît, seul un repas frugal les attendait à la nuit tombée. Nehril s'était refusé à allumer un feu pour réchauffer leur nourriture, jugeant plus prudent de prendre davantage de distance entre eux et leurs éventuels poursuivants. Un simple feu aurait pu suffire à dévoiler leur position à un Dorien particulièrement vigilant.
Avec le temps qui passait, le semi-elfe, qui était d’ordinaire d’un tempérament plutôt solitaire, se surprit à apprécier la compagnie du jeune Lyad. Le garçon était d’une innocence rafraîchissante, curieux, et semblait s’émerveiller sur des choses que Nehril peinait parfois à comprendre. Toutefois, sa présence était réconfortante même si le mercenaire ne le lâchait que rarement du regard par crainte qu’il ne commette une étourderie. Leur nombreuse conversation durant leur chevauchée lui permit de glaner quelques détails sur sa personne. Il apprit que Lyad était particulièrement avare en informations concernant son passé et que sa timidité envers les étrangers semblait quelque peu maladive. Il ne l’interrogea pas plus avant, prônant lui-même la sacralité de la vie privée et conscient que le jeune homme ne s’ouvrirait à lui que lorsqu’il aurait davantage confiance. Il fut néanmoins heureux de constater son goût certain pour la bière ambrée ainsi que, même s’il ne le montrait guère, pour les femmes.
Après avoir franchi les murs, Nehril choisit de laisser leurs montures dans une écurie non loin de l'établi d’un charpentier. Le bâtiment était quelque peu vétuste, mais le mercenaire paya grassement le palefrenier pour qu’il prenne soin de leurs bêtes. Quelques menaces supplémentaires suffirent à le convaincre de s’exécuter hâtivement et efficacement. Alors qu’ils approchaient de l’hôpital de Sainte Iselda, sur lequel Nehril darda un regard teinté de mépris, la voix de Lyad lui indiqua l’endroit qu’ils recherchaient. Le mercenaire suivit la direction que lui désignait le jeune homme et haussa les sourcils avec un air intrigué. Il parcourut avec des yeux froids la devanture de la Triperie. Le panneau de bois arborait une esquisse irrégulière aux couleurs ternes et Nehril ne nota aucun signe d’une quelconque activité habituelle malgré l’heure tardive.
Ils approchèrent de la porte et Lyad frappa. Quelques gémissements étouffés se firent entendre, ce qui mit aussitôt le mercenaire sur ses gardes. Tout signe d’affabilité déserta son visage et son regard devint glacial. Il poussa lentement Lyad sur le côté et tira sa dague.
— Ne bouge pas, ordonna-t-il en fracassant la porte du pied et en pénétrant dans la maison.
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Sujet: Re: [Mare Noire] L'Orgueil des ignorants Mar 6 Aoû 2019 - 17:17
Lyad resta dos au mur, à côté de l'entrée les yeux exorbités de terreur. L'odeur de tripaille était encore plus forte à l'intérieur. Mêlée celle du pain qui reposait sur le comptoir enfariné, de la tomate bouillant dans une marmite avec de l'ail et des autres herbes qui pendait du plafond, accrochés en grappes. Difficile de dire si c'était alléchant ou repoussant.
Tout le côté droit de la petite boutique était occupé par des caisses et des cuves d'eau. Juste en face de l'entrée, un comptoir délimitait l'accès des clients et des bocaux en terre cuite étaient alignés sur des étagères, juste derrière... Enfin ceux qui étaient sur l'étagère du haut étaient encore alignés. Ceux à portée de main étaient fracassés sur le sol, révélant des tâches de couleurs différentes en fonction des recettes et tournant au brunâtre aux endroit ou elles se rencontraient.
Derrière le comptoir, à droite des étagère et à gauche des premières caisse, une porte était ouverte sur un minuscule passage donnant sur une salle de laquelle s'échappait l'odeur de nourriture ainsi qu'une certaine chaleur. La cuisine sans doute. Difficile d'être certain cependant, car dans le passage, une forme humanoïde tentait de se recroqueviller sur lui en gémissant de douleur. Un homme. Un drow. A plat ventre. Sa chemise blanche est tâchée de rouge. Dans la pénombre, difficile de dire s'il s'agit de sang ou sauce tomate... Mais c'est bien une trace de coup de couteau qu'il a sur le flanc.
De la supposée cuisine jaillit un claquement sonore. Une porte ouverte à la volée.
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Nehril
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Sujet: Re: [Mare Noire] L'Orgueil des ignorants Mar 6 Aoû 2019 - 23:49
Nehril bondit dans la pièce, sa dague brandie devant lui, une expression féroce au visage. Rapidement son regard argenté repéra un homme affaissé au sol, recroquevillé dans une posture inconfortable. Ses sourcils se froncèrent. Il nota également sa chemise immaculée, désormais imbibée de sang, ainsi que ses faibles gémissements lui permettant d’en déduire que l’individu était encore en vie. Le mercenaire balaya ensuite la pièce des yeux, tentant de trouver des mécanismes cachés, des pièges dissimulés ou des portes dérobées. La salle était crasseuse et exhalait une odeur rance caractéristique des boucheries. De surcroît, de nombreux ustensiles jonchaient le sol, partiellement brisé, comme si une bataille acharnée s’était déroulée en ces lieux. Sa recherche préliminaire se révélant infructueuse, il s’élança en direction du drow blessé, repérant de ce fait une porte ouverte, là où supposait-il, l’éventuel agresseur avait pris la fuite. Il jeta un œil dans une venelle qui s’étirait au loin, mais nul signe de l’assaillant.
Nehril rengaina sa dague dans un claquement sec et enjoignit Lyad à le rejoindre. Il ne souhaitait pas avoir le garçon hors de sa portée. Il le prévint néanmoins de la scène qui l’attendait à l’intérieur. Se tournant vers le blessé, le semi-elfe examina sa blessure et grimaça. La blessure était profonde mais nette. Il fallait qu’il essaye de l’empêcher de se vider de son sang. — Qui êtes-vous ? Que s’est-il passé ici ? lâcha Nehril en arrachant un morceau de tissu pour nettoyer la plaie.
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Sujet: Re: [Mare Noire] L'Orgueil des ignorants Mer 7 Aoû 2019 - 3:33
L'homme gargouille, tente un vague mouvement de défense lorsque le mercenaire approche toutes lames dehors. Lyad se rue à l'intérieur dès que l'ordre lui est donné. Il ne s'arrête même pas face à la pièce ravagée ou au blessé et vient directement au côté du mercenaire, arrivant juste à temps pour entre le malheureux baragouiner.
- Hez...ak... An-guilles... "
Le blessé tenta d'articuler une syllabe de plus mais se noya dans une gerbe de sang et une toux douloureuse. Il n'était plus qu'à peine conscient, ses yeux roulant dans leurs orbites.
- Maître Hezrak ! C'est lui Messire Nehril ! C'est lui qui sait ou se trouve l'homme que je viens voir. " s'écria Lyad, inquiet au plus haut point.
Le mercenaire avait beau presser la blessure, elle continuait à couler à gros bouillon, collant de plus en plus aux mains du guérisseur amateur. L'entaille était trop profonde. Les viscères avaient des chances d'être touchés et qui savait les ravages que pourrait faire une cotérisation. La pression ne suffirait pas. S'il ne recevait pas de vrais soins dans les minutes à venir, il ne lui resterait bientôt plus assez de sang dans le corps pour que le reste fonctionne.
- Il faut le sauver ! Je ne sais pas ou est le Maître des Gobelins ! Il doit bien y avoir un guérisseur ! Un temple ! Quelque chose ?! " continuait le jeune homme, frôlant dangereusement l'état de panique.
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Nehril
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Sujet: Re: [Mare Noire] L'Orgueil des ignorants Jeu 8 Aoû 2019 - 16:02
Nehril jura, remarquant que ses mains et le tissu qu’il tenait se gorgeaient de sang. Il avait foi en ses capacités à panser des blessures et à cautériser des plaies, mais il n’était pas guérisseur. Il ne pouvait donc rien pour l’homme et son état se détériorerait rapidement. Lyad lui révéla son nom, ainsi que celui d’un certain Maître des Gobelins. S’il ne se trouvait pas dans une telle situation, il en aurait sûrement ri. Toutefois, le drow devait impérativement recevoir des soins. Et vite. Soudain, il se rappela l’hôpital de Sainte Iselda qu’ils avaient tous deux passé avant d’accéder à la Triperie. Même s’il éprouvait un certain ressentiment envers ce pseudo temple de Neera, Nehril su qu’il était son unique chance. Sa mission reposait entre les mains de ce drow. Et pour l’heure, il se mourrait.
— Aide moi à le soulever Lyad, grogna-t-il en passant le bras du blessé autour de ses épaules.
Lorsque leur prise fut suffisamment solide pour satisfaire le semi-elfe, ils firent quelques pas chancelants sur la vaisselle brisée qui jonchait le sol, puis s’habituant progressivement au poids de l’homme, ils accélérèrent. Ils sortirent de la Triperie, goûtant un air moins nauséabond que celui qui régnait à l’intérieur, et Nehril put respirer à nouveau à pleins poumons. Leur groupe attira le regard intrigué de certains habitants et quelques exclamations d’horreur fusèrent, mais le mercenaire poursuivit son chemin en direction de l’hôpital comme si de rien n'était. L'hôpital en lui-même, était un bâtiment robuste, imposant, de teinte presque terne, agrémenté d’ouvertures sur l’extérieur afin de faire pénétrer la lumière en son sein. Nehril ne laissa pas son regard s’attardait bien longtemps sur sa structure, préférant resté aux aguets dans la mesure où l’assassin du drow courait toujours en liberté. Ensemble, Lyad et lui franchirent les portes de l’hôpital et le semi-elfe se mit à s’écrier :
— Un blessé ! Un homme blessé ! Vite !
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Lucrétia
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Sujet: Re: [Mare Noire] L'Orgueil des ignorants Ven 9 Aoû 2019 - 8:35
« Sur la table vite ! La haute-prêtresse est en chemin. »
La voix de sœur Amélie trahissait sa panique. D’ordinaire, les gens venaient au dispensaire pour des maladies, pas pour des blessures mortelles ! La jeune fille conduisit le petit groupe dans une salle isolée du temple. Elle savait que la haute-prêtresse n’aimait pas faire étalage de ses pouvoirs de guérison de peur de créer un afflux sans précédent de blessés dans le temple, mais elle n’avait jamais refusé d’aider une personne dans le besoin. Elle espérait simplement que sa supérieure hiérarchique soit capable de soigner le pauvre homme avant qu’il ne trépasse.
Elle aida à porter le blessé afin de le placer sur la table recouverte d’un linge propre et attendit la haute-prêtresse tout en préparant le matériel de soins. Ses mains tremblaient et le blessé semblait en état critique. Douce Néera, où avait-elle mis les bandages ?!
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La haute-prêtresse déboula dans la pièce une minute plus tard et fit signe à sœur Amélie d’escorter le petit groupe hors de la pièce. Lucrétia n’avait jamais été très à l’aise à l’idée de faire étalage du don de la déesse devant des quidams : les gens eurent tôt fait de venir la voir pour le moindre bobo et elle ne souhaitait utiliser le don de la déesse qu’en cas d’extrême urgence ou que lorsque la médecine seule était insuffisante.
Elle ne s’attarda pas sur le groupe qui sortait de la pièce. Il y avait plus urgent à faire. La jeune femme se pencha sur la blessure de l’homme. Un drow. Voilà qui sortait de l’ordinaire ! La plupart des patients du dispensaire étaient des humains. Les drows avaient jusqu’à présent largement évité son sanctuaire, préférant leurs propres médecins.
Lucrétia examina rapidement la blessure de l’homme encore à moitié conscient. Ce n’était pas beau à voir : l’entaille était profonde et le flot de sang empêchait toute coagulation. Sans soins, il mourrait dans les prochaines minutes. Il n’y avait donc pas de temps à perdre. La prêtresse empoigna son médaillon et entonna une prière en vieux péninsulaire à la DameDieu afin de canaliser son don.
« Par la grâce de la Bienveillante … »
L’énergie magique commença à fluctuer vers son corps. Elle sentit la caresse de la déesse s’infiltrer dans ses entrailles et emplir son estomac puis son cœur d’une douce chaleur. Ses yeux vert s’illuminèrent tandis qu’elle tentait avec son esprit de transformer le don de la déesse selon ses desseins. La canalisation se passa en quelques instants : Lucrétia devenait chaque jour de plus en plus douée pour cet exercice et ses progrès étaient constants depuis son arrivée dans la cité. Elle continua à murmurer les louanges de la déesse et transféra d’une pensée le flux qui la parcourait vers ses mains.
Ses mains luirent d’une douce lumière. Rapidement, elle les appliqua au plus profond de la blessure, entachant ses mains de sang drow. Le blessé se contracta à mesure qu’elle transférait l’énergie magique pour réparer les tissus et les veines déchirés. Le processus allait prendre un peu de temps. Il fallait qu’elle maintienne sa concentration assez longtemps pour soigner complètement la blessure … Elle espérait simplement qu’il n’était pas trop tard.
Nehril
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Sujet: Re: [Mare Noire] L'Orgueil des ignorants Sam 10 Aoû 2019 - 0:43
Les muscles du mercenaire se détendirent lorsqu’il prit conscience que les prêtresses affluaient vers lui avant de s’emparer du blessé. D’un pas autoritaire, presque vindicatif, il les suivit, guettant parmi elles si un assassin s’y dissimulait. Finalement, ce qui semblait être la haute prêtresse de l’hôpital les renvoya d’un geste sec, signe qu’il leur fallait attendre dehors. Conscient que la vie du drow était entre ses mains, il obtempéra, mais non sans préalablement décocher un regard glacial à la femme qui lui indiquait la direction à suivre. Croisant ses yeux grisâtres, elle détourna aussitôt les siens avant de leur faire quitter la pièce.
Nehril plissa les yeux, l’air visiblement agacé. Il pivota en direction de Lyad.
— Ne troublons pas Sa Sainteté alors qu’elle soigne notre homme, lâcha-t-il sur un ton ironique. Nous aurons besoin de lui plus tard et récupérer un cadavre ne fait pas partie de nos plans.
Néanmoins, il était tout à fait hors de question pour lui de rester là alors que l’homme de l’autre côté de la porte était sans défense. De plus que pouvez faire de simples prêtresses si un assassin se ruait vers elle ? Lui réciter un chapelet de prière en espérant que cela suffise à le faire quitter la pièce en hurlant ?
Nehril renifla.
— L’homme qui compte sur l’aide d’un dieu mérite l’aide qu’il ne reçoit pas, grogna-t-il à l’attention de Lyad en fouillant la pièce des yeux.
Il remarqua une pièce qui jouxtait celle où la haute prêtresse se livrait à ses rituels de guérisons. Naturellement elle était fermée. Et gardé par une femme à l’allure taciturne. Nehril s’approcha d’elle.
— Bonjour grand-mère, fit-il avec un sourire affable, auriez-vous l’amabilité d’ouvrir cette porte avant que je ne l’éclate en mille morceaux ?
La vieille prêtresse ouvrit plusieurs fois la bouche avant de la refermer, n’en croyant visiblement pas ses oreilles. Repérant qu’elle serait fortement une petite clé en cuivre entre ses doigts parcheminés, Nehril la lui arracha sans ménagement avant de lui décocher un sourire.
— Merci. Ordre de la haute prêtresse bien sûr, elle a besoin de matériel de toute urgence.
Il inséra l’objet cuivré dans la serrure et fit signe à Lyad de le suivre en silence. Ses yeux s’accoutumèrent rapidement à la pénombre de la pièce et notèrent la présence d’un mobilier usagé, branlants, datant probablement d’une autre époque. Cette salle semblait faire office d’entrepôt. Nehril repéra ensuite un mince filet de lumière qui perçait une partie du mur immaculé et il s’en approcha avant de se hisser sur la pointe des pieds. De l’autre côté, il pouvait avoir un large plan sur la haute prêtresse et sur le blessé. Il parvenait même à discerner leur voix. Le mercenaire eut un sourire satisfait.
Nehril aurait pu attendre calmement dans la pièce d’à côté qu’elle ait fini ses soins avant de s’enquérir de l’état du blessé. Toutefois, il n’avait confiance en rien ni en personne. Et pour ce qu’il en savait, la haute prêtresse pouvait également être impliquée. À ses yeux, toute la ville était suspecte.
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Lucrétia
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Sujet: Re: [Mare Noire] L'Orgueil des ignorants Sam 10 Aoû 2019 - 22:13
La blessure se refermait peu à peu sous l’action des pouvoirs de Lucrétia. Elle sentait les tissus se recomposer un à un tandis que les flux magiques se dispersait dans le corps du drow. La haute-prêtresse se sentait de plus en plus à l’aise dans la manipulation du don de la déesse. Elle devenait chaque jour de plus en plus efficace dans cet exercice, même si elle n’appréciait jamais les conditions dans lesquelles elle devait les utiliser.
L’opération se passa correctement. Le corps du patient réagissait étonnamment bien à la magie divine. Elle s’attendait étrangement à ce que le corps du drow fasse un rejet de la magie de la DameDieu, mais ce ne fut pas le cas.
La jeune femme maintint sa concentration jusqu’à ce que la blessure soit totalement refermée et les tissus ressoudés. Une fois le sort terminé, elle entonna une nouvelle prière en maintenant fermement son médaillon avant de poser ses mains sur le patient. Il s’agissait d’un simple sortilège qu’elle utilisait régulièrement. L’idée était de diffuser les flux magiques tels des échos dans le corps du patient afin de déceler les éventuelles anomalies dans son corps. Cela lui permettait de vérifier rapidement l’état de santé d’un patient et notamment de repérer, par le retour des flux magiques, si elle avait manqué des chairs ou des vaisseaux sanguins à reconstruire.
Elle soupira. Il n’y avait plus rien à craindre. L’homme avait certes perdu beaucoup de sang, mais sa blessure était guérie et ses jours n’étaient plus en danger. Il lui fallait désormais beaucoup de repos et une riche alimentation afin qu’il puisse se rétablir. Pour l’instant, il était inconscient. La magie drainait n’était pas sans contrepartie et son corps avait lui-aussi été mis à contribution. Il arborait désormais une belle cicatrice.
La jeune femme s’assit au fond de la salle et attrapa un pichet d’eau et un verre. Elle but plusieurs gorgées et toussa. L’effort lui avait drainé pas mal d’énergie et elle avait besoin de s’asseoir un peu pour souffler …
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Sujet: Re: [Mare Noire] L'Orgueil des ignorants Dim 11 Aoû 2019 - 12:59
L'homme n'avait pas repris connaissance et visiblement, mais prêtresse était satisfaite et certaine de ses soins. Son cœur battait vite, brassant le peu de sang qui lui restait. N'était-ce pas suffisant ?
Dans son coin, Lyad regardait ses mains couvertes de sang, un plis soucieux sur le front et le regard choqué. Il en avait des traces sur sa tunique jusqu'au coude. Il ne savait même pas comment. Du sang drow. Du sang de celui qu'on l'avait envoyé trouvé. Il n'arrivait pas à en détacher les yeux. Les quelques phrases de Nehril le firent pourtant frissonner.
- C'est Blasphème et Vanité que de croire que les dieux sont là pour faciliter nos vies insignifiantes. Gloire à eux et Loués soient leur noms car ils ont la bonté de nous observer pour nous récompenser dans la mort. "
Il n'avait pas détourné les yeux de ses doigts rougis, mais son ton était inhabituellement assuré. Dur, même. Avec grand peine, il arracha son regard au sang pour regarder alentours, raide. Mais pas raide comme il l'avait été durant leur route face au cavalier. La tête droite, il coula un regard par en-dessous à Nehril, à la fois accusateur et craintif.
Lorsque le mercenaire s'éloigna, cependant, le jeune homme lui colla au train. Il ne savait que faire d'autre de toute façon...
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Sujet: Re: [Mare Noire] L'Orgueil des ignorants Sam 17 Aoû 2019 - 20:51
Nehril plissa les yeux alors qu’il balayait la salle du regard. Le rituel de guérison semblait avoir pris fin et la mine exténuée de la haute prêtresse laissait envisager que cela n’avait guère été une mince affaire. L’état du drow paraissait s’être stabilisé même si le mercenaire préférait rester mesuré dans ses analyses. De sa position, il pouvait à peine observer les traits du blessé au travers de la cloison derrière laquelle il se cachait. Jugeant que le temps de l’observation avait cessé, il sortit de la pièce, Lyad sur ses talons. Ce dernier se mit à proférer certaines phrases étonnantes et le semi-elfe marqua un temps d’arrêt avant de plonger son regard grisâtre dans le sien.
— Méfie-toi Lyad, marmonna Nehril en essuyant d’un geste les doigts maculés de sang du garçon. Le fanatisme est un monstre qui ose se dire fils de la religion. Sois celui qui l’occis à défaut d’en être l’incarnation.
Sans rien ajouter, il se détourna afin de se présenter face à la porte qui avait vu disparaître le drow. Il s’adressa à la jeune femme qui gardait la porte.
— Est-ce fini ? fit-t-il sur un ton peu amène. J’imagine que du repos lui serait profitable, mais je souhaiterais être à ses côtés lorsqu’il se réveillera.
Lucrétia
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Sujet: Re: [Mare Noire] L'Orgueil des ignorants Dim 18 Aoû 2019 - 22:57
Sœur Amélie, la novice du temple, tourna le regard vers le mercenaire, d’un air visiblement agacé.
« Messire, veuillez rester à l’écart. Nous sommes déjà bien aimables de nous occuper de votre blessé par les temps qui courent et c’est la haute-prêtresse elle-même qui se charge des soins. Vous pouvez lui faire une entière confiance. D’ici-là, veuillez rester calme sinon je vous ferai sortir du temple pour y avoir apporté vos armes … » La novice croisa les bras et prit un air contrarié. Malgré son jeune âge, elle ne supportait pas qu’on l’importune trop longtemps et encore moins que l’on se montre trop insistant envers la haute-prêtresse. La jeune fille espérait que l’homme et son compagnon se tiendraient tranquille le temps que Lucrétia finisse ses soins.
***
La haute-prêtresse sortit de la petite salle de soins quelques minutes plus tard, la mine plus pâle qu’à l’accoutumée. Sauver un drow de la mort était un exercice quelque peu éprouvant, même si elle devenait chaque semaine de plus en plus à l’aise dans l’exercice. Elle se pencha vers la novice et lui murmura quelques mots. Amélie partit tout de suite chercher Roland. Personne ne devait s’approcher de cette pièce jusqu’à ce que tout soit terminé. Il monterait la garde jusqu’à ce que Lucrétia en ai fini avec ces gens. D’un geste, elle fit signe au plus âgé de la bande de la suivre dans la petite salle, avec son jeune compagnon.
Le corps du drow gisait toujours sur la table. Il semblait hors de danger pour l’instant et sa respiration était calme ... faible certes, mais présente. Lucrétia s’adressa d’un ton calme au duo.
« Cet homme ne risque plus rien a priori. J’ai refermé ses blessures et son état semble stable. Il aura cependant besoin de beaucoup de repos. Quant à moi, j’ai besoin d’explications. Et je suppose que vous serez plus à même de me les fournir que lui, vu son état. Que s’est-il passé ? Et qui êtes-vous ? »
La haute-prêtresse croisa les bras. Il était hors de question qu'elle continue ses soins sans une bonne explication. Après tout, le duo venait dans son dispensaire requérir ses soins. En plus du paiement nécessaire à ce genre de service, elle était en droit d'obtenir une explication sur les activités de ces énergumènes !
Elle espérait leur tirer les vers du nez en attendant qu'Amélie ne revienne avec Roland. Elle se sentirait beaucoup plus rassurée si l'ancien gladiateur venait la soutenir ... au cas où cela déraperait. Attendant sa réponse, la jeune femme but une gorgée d'eau d'un verre qu'elle venait de remplir, l'air contrarié.
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Buté, le jeune homme ne dit pas un mot et sa mâchoire se serra, l'air sûr de lui... Mais il baissa tout de même les yeux pour ne pas soutenir le regard étrangement pâle du mercenaire, le laissant nettoyer ses mains. Cependant, il restait alerte. Plus qu'il ne l'avait été, même dans la rase campagne le lendemain de leur fuite de Sol'Dorn. Qu'une prêtresse s'adresse directement à lui ou tente de les toucher, l'un ou l'autre, et sa réaction serait surprenamment rapide.
Dans la petite sale de soin, il resta en retrait du mercenaire chargé de le protéger. Plus exactement, sa haute silhouette dégingandée se plaça à côté du drow inconscient, du côté de la table ou se trouvait la prêtresse. Tout dans son attitude et dans les regards méfiant qu'il lançait à l'humaine semblait montrer qu'il s'attendait à la voir fondre sur le blesser toute griffe dehors... Et la résolution dans son regard sous entendait qu'il était prêt à faire barrage de son propre corps pour éviter qu'un malheur n'arrive.
Tandis que l'humaine parlait à son accompagnateur, il ignorait superbement ses mots, même si certains auraient pu s'adresser à lui. Il tournait plutôt le peu d'attention qu'il ne dévouait pas à la surveillance du périmètre vers les yeux clos de l'homme. Des cheveux qui auraient du être d'un blanc pur lui arrivaient aux épaules. Son visage assez jeune aux pommettes saillantes était maculé de sueur et de sang sous lesquels ont devinait le bourrelet d'une vieille cicatrice en travers de son nez. Pas très grand pour un drow, il n'en était pas moins massif, d'une musculature saillante que bien peu aurait pu associer à un traiteur passant ses journées à remuer des tripes.
Une main sur son front, collée au bandeau qui ceignait toujours ce dernier, Lyad laissait ses lèvres s'agiter trop vite pour être parfaitement analysées, sans qu'elles n'émettent un son.
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Nehril
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Sujet: Re: [Mare Noire] L'Orgueil des ignorants Mar 20 Aoû 2019 - 0:53
Nehril claqua sa langue avec agacement lorsqu’il se fit réprimander par Sœur Amélie. Se retenant de lâcher une réplique cinglante, il préféra opter pour le silence, jugeant plus prudent de ne pas se mettre à dos le personnel hospitalier. La haute prêtresse ne tarda pas à faire son apparition. Le mercenaire la dévisagea ostensiblement, notant sa silhouette élancée et sa peau mate. Il planta son regard argenté dans ses yeux verts et remarqua les intonations chantantes qui accentuaient sa voix mesurée dont il ne parvenait pas à en trouver l’origine. Ses gestes étaient empreints d’une assurance certaine malgré l’éclat inquisiteur qui ornait ses yeux.
Nehril concevait le fait qu’il était nécessaire pour lui de se justifier auprès de la jeune femme concernant les circonstances qui l’amenait en ce lieu avec un blessé. Et qu’à défaut de lui fournir l’entière vérité, une histoire parcellaire pouvait convenir dans cette situation. Quant aux frais que l’hôpital était en droit de lui quémander, il espérait que la somme n’excéderait pas ses moyens plus que modestes. À la question de la jeune femme, il afficha un visage impassible, même si une certaine froideur était perceptible, et plissa les yeux avant de répondre :
— Je suis Nehril. J’ai découvert cet homme, baignant dans son propre sang à son lieu de travail après qu’il ait visiblement subi une agression. J’ai des affaires urgentes à mener avec lui.
Il haussa les épaules, ce qui fit crisser les mailles de son armure.
— J’espérais en apprendre davantage à son réveil.
Lucrétia fronça les sourcils. Si elle ne percevait aucune trace de mensonge dans les propos de l’homme, la situation était tout de même inquiétante. Et s’il avait été suivi ? Et si les assaillants du drow se trouvaient aujourd’hui autour du temple ? Certes, elle avait pour responsabilité de soigner quiconque se présentait aux portes du dispensaire, mais elle devait aussi protéger les résidents et les employés.
" Vous allez devoir attendre. Je crains qu’il n’ait perdu beaucoup de sang et qu’il ne soit pas en état de vous répondre pendant un moment."
La haute prêtresse entendit de l’autre côté de la porte les pas caractéristiques d’Amélie et de Roland. Ces derniers venaient de se poster devant la porte et jetèrent un regard inquiet à l’intérieur de la pièce. Un signe de Lucrétia leur fit comprendre qu’elle ne risquait rien et qu’ils pouvaient rester à l’extérieur.
" Messire Nehril. Êtes-vous certain que vous n’avez pas été suivi ? Savez-vous quoi que ce soit sur ses agresseurs ? Avaient-ils laissé une arme, un indice ? Enfin… quelque chose qui pourrait aider le Guet à mener une enquête."
Nehril secoua la tête, tâchant de se rappeler les détails précèdent sa venue à l’hôpital.
— Non, il ne me semble pas que l’assaillant ait laissé des indices visibles sur les lieux, répondit finalement le mercenaire. Avant de perdre connaissance, il a seulement bafouillé entre deux quintes de toux son nom, Hezak, ainsi que quelque chose à propos d’anguilles.
Il pivota en direction de Lyad afin qu’il confirme ce qu’il avait cru entendre.
— Son nom de famille peut-être ?
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Sujet: Re: [Mare Noire] L'Orgueil des ignorants Mar 20 Aoû 2019 - 1:15
Le jeune homme ne se tourna pas vers les deux interlocuteurs. Il s'était un peu plus penché sur le patient et jeta par dessus son épaule un distrait :
- Maître Hezrak. - Je vous demande pardon ?"
Lucrétia s'attarda un instant sur le jeune homme. Si elle l'avait pris pour un simplet de prime abord, un détail attira son attention. Ce dernier semblait pris de logorrhée, mais les mots qu'il prononçait se perdaient dans des murmures. La haute-prêtresse se tourna vers le mercenaire, l'air contrarié.
"Pouvez-vous demander à votre ami de ne pas s'approcher du patient ?
Mais sans laisser le mercenaire répondre, l'étrange jeune homme se tourna vers lui, inconscient de la quantité de sang de le blessé avait perdue.
- Messire Nehril. Je crains que quelque chose ne se passe pas bien... Le cœur de Maître Hezrak bat extrêmement vite...
- Comment ça ? Poussez-vous de là, je dois vérifier.
Lucrétia intima l'ordre au dénommé Lyad de s'écarter, mais le jeune homme résista, plantant son regard revêche dans celui de la Haute Prêtresse qu'il dominait de peu niveau taille.
— Un poison ? suggéra Nehril, un pli soucieux venant fissurer son masque d’impassibilité. - Impossible, je l'aurai senti pendant que je le soignais ! affirma Lucrétia.
Sans prêter attention aux paroles des uns et des autres, le jeune homme faisait barrage de son corps avec ferveur. Et il bataillait ferme pour ne pas laisser passer l'humaine !
- Vous ne le toucherez plus ! Vipère !
Lucrétia recula, prise par surprise. La situation devenait tout à coup compliquée. Elle cria vers la porte.
- Roland ! Amélie ! Venez immédiatement ! Nous avons un problème !" — Doucement ! grogna le mercenaire en voyant la jeune femme qui s’animait brusquement en appelant ses hommes.
Nehril savait que Lyad n’était pas une personne violente de nature. Il était curieux, profondément naïf, et les récents événements bien trop stressants pour son jeune esprit étaient la cause de cette situation. Il jugea la réaction de la haute prêtresse disproportionnée, ce qui aurait pour but d’alarmer davantage le jeune homme plutôt que l’inciter à recouvrer son calme. D'ailleurs, dès qu'il fut protégé par la présence rassurante de Nehril, Lyad respira un peu moins fort et ses mains commencèrent légèrement à trembler.
Entendant toutefois des bruits de pas précipités qui résonnaient de l’autre côté de la porte, le semi-elfe virevolta de manière à se placer entre la jeune femme et Lyad. Son expression s’assombrit et sa main frôla doucement la garde de son épée.
Le gardien du temple et la novice pénétrèrent dans la pièce fermée, l'air inquiets.
"Ecoutez, je ne vais pas le répéter une seconde fois. Soit vous vous écartez de cet homme, soit, au nom de la déesse, je vous jure que vous finirez vous aussi sur une table."
Ce n'étaient pas véritablement des propos qu'auraient du tenir une prêtresse de la DameDieu. Néanmoins, ces deux énergumènes étaient en train de pousser le bouchon un peu trop loin. Lucrétia aperçut Roland poser la main sur le pommeau de son épée et la jeune novice se mettre derrière lui, prête à appeler les secours.
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Nehril
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Sujet: Re: [Mare Noire] L'Orgueil des ignorants Mar 20 Aoû 2019 - 1:23
— Êtes-vous réellement une prêtresse ou n’en arborez-vous que le titre ? lança le mercenaire sur un ton réprobateur en réponse à la menace de Lucrétia.
Il pivota ensuite vers Lyad, posant une main rassurante sur son épaule. Le jeune homme le regarda par en dessous. Son angoisse était palpable au point d'en avoir l'air perdu, pourtant il était encore fermement campé sur ses jambes.
— Calme-toi gamin. Si la prêtresse ne fait rien dans la minute, ton homme mourra. Notre mission sera un échec. Réfléchis un peu, ne laisse pas tes émotions te priver de ta raison. Choisis dès à présent ou il sera trop tard.
Lucrétia regardait Lyad d'un air furieux. Mais le mercenaire avait raison, il valait mieux tenter d'apaiser la situation ... il en allait de la vie du patient. Si la jeune femme ne pouvait se permettre de rompre son serment de ne pas verser le sang dans le temple de la DameDieu, elle devait néanmoins faire tout ce qui était en son pouvoir pour soigner quiconque se présentait aux portes du temple. Et ce n'était pas un gamin qui allait l'en empêcher !
La jeune femme se mordit la lèvre inférieure. La décision dépendant du jeune homme. Voilà pourquoi elle détestait avoir des gens dans les pattes pendant qu'elle utilisait son don. Elle avait commis un impair en les faisant entrer avant que le patient ne soit rétabli.
- Je...
Le souffle court du jeune homme fut interrompu par une inspiration sonore juste dans son dos. Surpris, il sursauta d'un bon pas sur le côté en regardant les lèvres du sombre prendre de l'air... et sourire, les yeux toujours clos. Une seconde s'étendit... Puis l'homme respira de nouveau, produisant un son rêche. La situation semblait trop lourde à porter pour les frêles épaules de Lyad. La mission. Le drow. L'hérétique prêtresse. Le choix qui s'imposait comme le bond, il ne pouvait le prendre sous peine d'échouer. Alors il regarda désespérément Nehril, incapable d'accepter... Mais ne pouvant refuser non plus.
Les yeux du semi-elfe étincelèrent alors qu’il les plongeait dans ceux du jeune homme.
— Fais… moi… confiance, lâcha-t-il en accentuant longuement sur chacun de ses mots.
D’un geste lent, sans exercer une force quelconque, il essaya de lentement décaler le jeune homme du drow afin que la prêtresse puisse s’atteler à sa tâche. Tournant son regard vers le blessé, Lyad accepta de reculer, suivant pas à pas le mercenaire. Ses doigts se martyrisaient les uns les autres.
- Messire Nehril... " souffla-t-il sans oser lever à nouveau les yeux, attendant que la prêtresse et sa clique ne lui prêtent plus la moindre attention. " Si nous échouons, je le paierai de ma vie...
Une flamme furieuse et déterminée s’alluma dans le regard du mercenaire.
— Cela n’arrivera pas.
Cette fois, Lyad releva les yeux vers l'homme qui le tenait toujours par l'épaule. Il aurait pu être reconnaissant ou toujours aussi anxieux, mais il était surtout... étonné. Se tournant en direction de la prêtresse, Nehril lança sur un ton légèrement plus avenant.
— Hâtez-vous.
Dernière édition par Nehril le Jeu 5 Sep 2019 - 23:35, édité 2 fois
Lucrétia
Humain
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Sujet: Re: [Mare Noire] L'Orgueil des ignorants Dim 25 Aoû 2019 - 0:04
- Très bien.
Lucrétia s'agenouilla à nouveau pour invoquer la déesse. Deux prières devaient être faites : l'une pour découvrir la source du mal qui rongeait le drow, l'autre pour le purifier. La haute-prêtresse avait repris assez de forces pour pouvoir faire les deux dans la foulée sans trop puiser dans ses ressources. D'un geste, elle saisit son pendentif et commença à murmurer une prière en vieux péninsulaire. Il s'agissait d'un chant très ancien que tous les novices apprenaient durant leurs années au temple, qui louait la sagacité de la déesse et son don pour identifier ce qui tourmentait les Souffles. Utiliser ce chant était d'une efficacité redoutable : il était très efficace pour en appeler à la déesse sans trop exposer son propre corps aux énergies magiques ... comme les mailles d'un tissu venant enserrer la chair. Une canalisation rapide et nette !
Lucrétia sentit la caresse de la déesse fluctuer sereinement vers elle et guider sa main gauche. Rapidement, elle diffusa la présence de la Bienveillante dans le corps du drow afin de déceler les traces d'un quelconque poison et de pouvoir l'identifier. L'énergie sonda les vaisseaux sanguins et les chairs du drow, offrant à la prêtresse sa lucidité sous la forme d'un doux murmure à ses oreilles.
Dans le corps du patient, les troubles se faisaient nombreux... Plus que prévus. Ou était-ce sa nature drow qui était toujours un peu étrange comparer aux humains que la prêtresse soignait la plupart du temps ? Mais il y avait des choses dont elle pouvait être certaine. Tout d'abord, son cœur, qui battait de façon irrégulière et rapide. Le peu de sang qu'il avait dans les veines, suffisant pour le maintenir en vie sans grande marge de manœuvre, était fluide et ses muscles détendus. Le sourire qu'il affichait n'était pas du à un spasme... étrange.
D'ailleurs, l'homme commençait à articuler des syllabe gutturales, plongé dans une semi transe. Un délire sans doute... Mais pas de fièvre.
Les minutes s'égrainait tandis qu'elle sondait avec précision le corps de son patient, guidé par l'instinct supérieur que lui donnait la foi. Mais comme le savent les guérisseurs, pour tuer le mal il ne suffit pas de rééquilibrer les symptômes, il fallait le frapper à la racine. Encore fallait-il la trouver.
Un à un, chaque viscère s'avéra être sain et entier. Pourtant... Là. Sa respiration se faisait chaotique, sursautant de temps à autre. La sueur commençait à perler au front de la prêtresse sous l'effort de concentration que cela représentait en une seule fois. Et... Les yeux de son patient semblaient réagir étrangement. Enfin pas étrangement en tant que tel. Ce que lui renvoyait la magie était caractéristique de pupilles dilatées à l'extrême, bien plus qu'au repos.
Le même état que lorsque les belles dames du sud de la péninsule se mettaient quelques goutte de belladone dans les yeux pour les avoir plus profonds et plus brillants. Une plante toxique s'il en était, dont de hautes doses ingérées provoquaient troubles du cœur, de la respiration, des viscères et délires de toutes sortes, pouvant se rendre jusqu'à la folie pure.
L'étrangeté était qu'elle n'avait jamais vu de drow sensible à un poison si simple et qu'on murmurait qu'ils étaient totalement insensible à toute tentative d'empoisonnement à force d'ingérer tout un tas d'horreurs dans leurs rituels barbares... D'ailleurs n'était-ce pas cette profusion étrange qui aurait pu rendre le sang de son patient si difficile à percevoir comme souillé ? Ou la maladie venait-elle d'ailleurs ?
Lucrétia ne voyait pas d'autre solution à cet instant. Il fallait purger le corps du drow du poison et le placer dans un état catatonique en ralentissant suffisamment le fonctionnement de son corps pour stopper la propagation dudit poison. Tant pis pour l'interrogatoire, la vie de cet homme passait avant tout. La jeune femme entonna la seconde prière à la Bienveillante. Il s'agissait cette fois-ci d'une prière qui était réservée aux prêtres-guérisseurs qui avaient été bénis par le don la déesse et qui servait à purger le sang des poisons. Lucrétia ne savait pas quelle quantité il fallait immédiatement soustraire du corps du drow, mais elle espérait en enlever suffisamment pour que l'impressionnant système immunitaire des Sombres vis à vis du poison fasse le reste.
A nouveau, la magie fluctua en elle et elle sentit celle-ci crépiter à l'intérieur de ses mains. Cette fois-ci, il ne s'agissait pas d'une douce caresse, mais d'une forme de magie beaucoup plus agressive, visant à démanteler pièces par pièces les contaminations sanguines. Elle diffusa la magie à l'intérieur du corps du malheureux avant de commencer à se préparer pour lancer une dernière prière visant à ralentir petit à petit ses fonctions vitales pour le placer dans un état végétatif.
Elle sentit que l'opération se déroulait correctement. Petit à petit, une bonne partie du poison était purgé de l'organisme du malade. C'est alors que la jeune femme commença à canaliser à nouveau les flux magiques pour ralentir les fonctions vitales du patient. Cette fois-ci, il fallait être très prudent. Il ne s'agissait pas de déconstruire ou de réparer, mais de ralentir doucement le fonctionnement des organes sans les arrêter. Il y avait bien entendu un risque, celui de ne plus maîtriser les flux magiques, de les laisser s'emballer et de tuer le patient en lui faisant exploser le coeur ... ou de l'arrêter complètement. Fort heureusement, la haute-prêtresse n'avait pas volé son titre et ses talents. Même fatiguée, cela restait bel et bien dans ses cordes ! Lentement, mais sûrement, elle canalisa une dernière fois la magie et, confortée par la présence de la déesse, opéra devant les yeux des spectateurs un nouveau miracle dont la DameDieu avait le secret.
Nehril
Sang-mêlé
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Sujet: Re: [Mare Noire] L'Orgueil des ignorants Jeu 29 Aoû 2019 - 0:19
Nehril plissa les yeux lorsqu’il observa Lucrétia se redresser.
— Eh bien, lança-t-il en scrutant attentivement le visage de la jeune femme, comment cela se présente-t-il ?
"Empoisonnement. Cet homme a tellement de poison dans son corps que c’est un véritable miracle qu’il ait survécu jusqu’ici. J’en ai purgé une bonne partie et je l’ai plongé dans le coma en ralentissant ses fonctions vitales au minimum pour que son état n’empire pas. Il est stable pour l’instant, mais c’est un état précaire. Si vous voulez le questionner, je crois que c’est raté."
Les yeux du mercenaire flamboyèrent de colère. Son visage d’ordinaire pâle blêmit davantage, signe d’une rage sous-jacente. Il avait fait confiance en Lucrétia, et qu’avait-elle fait ? Endormir un patient ? Lui aussi était capable de plonger des hommes dans le coma et cela ne faisait pas de lui un prêtre.
— Par Tari, n’auriez-vous pu détecter le poison lorsque vous l’avez soigné ? asséna le mercenaire furieux. Ses mots tonnèrent comme l’orage et sa voix résonna longuement dans la pièce. Qu’escomptez-vous en le plongeant dans le coma ? L’exposer à la vue de tous en signe de votre échec ?
Nehril se détourna et lorsqu’il reprit la parole, il paraissait s’être calmé. Il ne servait aucun dessein de s’acharner sur ce qui avait été fait. À présent, il avait besoin de la prêtresse.
— Haute prêtresse Lucrétia. Cet homme est important. Adressez-vous à n’importe quelle foutue divinité, mais pendant qu’Hezrak dort, sommeillent en lui les réponses que j’attends.
Le regard du mercenaire se fit glacial, mais sa voix resta posée.
— Je ne vous gênerais en rien. Je protégerais seulement l’homme d’éventuels assassins. Je confie à nouveau sa vie entre vos mains. Ne nous décevez pas, ajouta-t-il, sa main se crispant près de sa cuisse.
Il se dirigea vers la sortie.
— Lyad ! J’ai à te parler. Suis-moi. — Je ne peux pas le laisser, messire…, murmura le jeune homme en gardant la tête baissée, voix éteinte. Parlez devant ces gens si vous le devez. Je m’en moque…
La lèvre supérieure de Nehril tressaillit, mais ce dernier ne laissa rien percevoir de son agacement. Il pensait qu’en le séparant quelque peu du blessé, il pourrait l’amener à lui révéler pourquoi il avait agi ainsi.
— Très bien, lui concéda-t-il en s’asseyant sur une chaise un peu plus loin pour laisser suffisamment d’espace à Lucrétia.
Lucrétia était de plus en plus excédée et fatiguée. Elle les aurait tous jetés dehors et dans les mains du Guet si la vie du drow n’était pas aussi suspendue à un fil. Dans la Péninsule, un outrage à la haute prêtresse ainsi que le fait de l’empêcher d’accomplir ses missions étaient passibles de cachot pendant plusieurs jours. La haute prêtresse jeta à un œil à Roland. Celui-ci n’avait pas dit un mot depuis son arrivée, mais elle percevait son agacement. Un mot, et tout ce petit monde étaient expulsés.
"Surveillez votre langage, vous êtes dans un temple de Néera ici, pas chez vos putains ! Je fais ce que je peux avec le temps et les moyens que l’on me donne. Cet homme est vivant, par la grâce de Néera. Vous m’avez demandé de le soigner, pas de le rendre présentable pour un interrogatoire. Donc désormais, fermez-la et contentez-vous de le surveiller. À moins que vous ne préfériez devoir vous expliquer avec le Guet ?"
Nehril accepta la remontrance d’un bref signe de tête. Il ne fit aucun geste en direction de son épée, car voir la tête de ce "Guet" roulait sur le sol n’était pas une très bonne idée pour l’inciter à lui venir en aide. Il n’était même pas certain qu’il s’en tire sans être blessé, voire pire. De plus, vu les traits tirés que la prêtresse arborait, le mercenaire suspectait que ses paroles cinglantes devaient être en partie le fruit de sa fatigue. Elle devait probablement lutter contre l’envie d’être terrassé par cette dernière. Elle était dans son hôpital, autant la laisser faire ce qu’elle pouvait. Il s’inquiéterait des conséquences par la suite. Ce n’est pas comme s’il avait d’autres choix de toute manière.
La jeune femme était exténuée. Elle dut s’asseoir sur une des chaises de la petite pièce pour reprendre son souffle. L’exercice de la magie était décidément très épuisant. Elle doutait de pouvoir continuer ce type de soins très longtemps sans une bonne nuit de sommeil. Elle ferma les yeux quelques instants…
Lyad, lui, s’installa à genoux près du corps endormi, le veillant comme le plus dévoué des parents proches que le drow aurait pu avoir. Il l’observa avec insistance pendant quelques instants avant de fermer les yeux, ses lèvres reprenant leur manège silencieux tant qu’on ne l’interromprait pas.
Nehril scruta le visage de Lyad, inquiet du comportement du jeune homme. Depuis qu’ils étaient entrés dans l’hôpital, il semblait s’être métamorphosé. Conscient que les choses ne s’amélioreraient pas s’il n’esquissait aucun geste pour y remédier, Nehril se leva et transporta sa chaise à côtés de Lyad.
— On peut parler un moment ? lança-t-il sur un ton tranquille.
La chaise émit un léger craquement en se posant près du jeune homme qui ne sursauta pas pour autant. Ses lèvres s’agitèrent encore une poignée de seconde, puis il toucha son bandeau du plat de la paume, fit le même geste sur le front du drow, et se tourna enfin du côté de son protecteur. Ses grands yeux noirs étaient de nouveau doux… quoiqu’ils aient quelque chose de triste. Une pointe de regret sans doute.
— Bien sûr, Messire Nehril.
Et donc qu’est-ce que c’est que ce bordel ? se retint de dire le mercenaire aux cheveux clairsemés d’argent. Même si ces mots lui brûlaient les lèvres, il préféra rester mesuré dans ces propos. Il ne fallait pas cabrer le jeune homme qui était déjà suffisamment angoissé.
— Hezrak ne va pas s’échapper, fit-il avec un sourire, pas la peine de le couver comme un œuf.
Il fit grincer la chaise lorsqu’il l’approcha plus près du jeune homme.
— Peux-tu me dire ce qui se passe ? Pourquoi une telle fixation sur cet homme ? Pourquoi as-tu réagi de cette manière face à la prêtresse ?
Il poursuivit aussitôt en se penchant légèrement vers Lyad, plongeant ses yeux gris dans les siens. Le jeune homme tenta de détourner le regard, mais il ne lui en laissa pas l’occasion.
— Tu es libre de ne pas me révéler l’entière vérité. Je ne te forcerais pas. Mais sache que si je dois te protéger, je dois en savoir plus à propos de toute… Il balaya la salle d’un geste dédaigneux de la main. Toute cette histoire.
— Je n’ai pas peur qu’il s’échappe, Messire. Je sais juste que… Qu’Elle peut l’apaiser à tout instant.En prononçant ses mots, il vint doucement caresser son bandeau du bout des doigts, au milieu de son front, comme il le faisait si souvent. Et si elle le guide dans l’Elginyrr ou — si le Père le veut — au Nahali, je m’éteindrai également. C’est dans l’ordre des choses.
Nehril haussa les sourcils. Entendre le jeune homme parlait de l’Elginyrr le laissa interdit un moment. Les choses s’éclaircissaient d’elles-mêmes. Lyad avait foi en les mêmes divinités que le blessé allongé à ses côtés. Il se souvint des propos qu’il avait soutenus lorsque le mercenaire lui avait fait part de l’inutilité relative des dieux et de la faiblesse des hommes à toujours quémander leur aide. Ces mots lui avaient paru étranges, mais il avait choisi de ne pas les relever. Toutefois une question persistait dans l’esprit du mercenaire : comment un jeune humain pouvait partager les mêmes croyances qu’Hezrak ? À supposer que ce dernier ait conservé sa foi envers les dieux de son peuple.
Un humain hein ? songea le mercenaire en fixant la mèche blanche qui ornait sa chevelure ainsi que sa peau basanée.
Il avait eu quelques doutes la première fois qu’il l’avait vu. Et cela pouvait mettre en lumière de nombreux points obscurs au sein de cette histoire. Les yeux de Nehril s’attardèrent ensuite sur le bandeau. Ce dernier ne le quittait jamais. Encore une coïncidence ? Il n’en était pas sur. Devait-il s’en ouvrir à Lyad ? Rien n’était moins sur. Nehril était un mercenaire, il ne devait pas s’attacher au jeune garçon. Sa tête devait demeuré froide et ses actions réfléchies. Pas de sentiment pendant les missions, c’était ce qu’il s’était promis lors de son premier contrat, lors du premier massacre qu’il avait perpétré. Et il était encore en vie à ce jour. Ce ne pouvait pas être une coïncidence.
Nehril poussa un soupir et tapota l’épaule de Lyad. Le jeune homme eut un vague sourire troublé et hocha la tête. Qu’importait ses réserves, il le protégerait.
— Si jamais Henzrak n’est pas disposé à te donner les informations que l’on cherche. Ce Maître-Gobelin… quelqu’un d’autre peut-il nous conduire à lui ?
— Il n’y a personne, Messire… Les yeux noirs du jeune homme s’égarèrent un moment sur le drow puis revinrent sur mercenaire avec hésitation, sa main vint saisir son propre col et la serrer avec angoisse.
Il s’était montré bon avec lui. Il ne l’avait jamais frappé, ne s’était jamais énervé et sans que le jeune homme n’arrive à savoir pourquoi, le vétéran avait même promis de le sauver. Il n’y croyait pas vraiment. Personne ne pouvait empêcher les choses de suivre leur cours. Mais le simple fait qu’il le lui promette ainsi de but en blanc… Il jeta un regard vers la prêtresse, mais elle n’avait aucune importance. Il ne voulait pas quitter le chevet de Maître Hezrak et il ne pouvait lui demander de partir. Alors… Mourir pour mourir… Peut-être pouvait-il au moins accomplir sa mission avant ?
La main sur le col de sa chemise se détendit un peu, et il se leva.
— Mais vous, vous pouvez peut-être savoir. Sur l’un de ses regards penauds mais plein d’espoir, il tourna le dos au mercenaire, sans se soucier des trois représentants du culte impie qui se trouvaient là. Il n’avait plus rien à perdre.
En quelques gestes tremblants mais résolus, il défit les attaches de sa chemise et la retira d’un mouvement ample, la laissant pendre sur son bras plié. Comme Nehril l’avait déjà vu, des tatouages cabalistiques à l’encre noire recouvraient son torse et son ventre. Mais ce que le mercenaire n’avait jamais vu, c’était son dos. Entre les omoplates du jeune homme et jusqu’au creux de ses reins, des mots Oliyans étaient gravés dans sa peau. Le style était désuet, défraichi. Certains termes étaient même à la limite de la compréhension.
Lucrétia avait suivi la scène avec attention, malgré sa fatigue. Elle s’était discrètement glissée dans le derrière le duo, profitant du fait que Roland et Amélie quittent la salle en faisant un peu de bruit pour se déplacer sans bruit et observer d’un air inquisiteur ce qui se passait.
Elle reconnaissait ce langage. C’était du vieil Oliyan. Lucrétia reconnaissait le style imbuvable du vieil Oliyan, qui se rapprochait du Vieux Péninsulaire qu’un scribe aurait écrit en tremblant et en bégayant. Le Vieux Péninsulaire, de par sa structure et son raffinement, était bien plus plaisant aux oreilles et aux yeux de la haute-prêtresse. Elle profita du fait qu’elle n’était pas repérée pour mémoriser le message gravé sur le dos du dénommé Lyad, avant de se redéplacer vers le corps inerte du drow.
Elle garda le silence. Il valait mieux qu’elle garde ses pensées secrètes en cet instant. Les inscriptions parlaient d’une "chose" capable de dévorer l’énergie vivante… si sa traduction était exacte. Rien qu’à l’oreille… cela ne sonnait pas comme quelque chose de foncièrement sympathique.
En tout cas, cela ne répondait pas au problème de l’agression du drow…
Les yeux du mercenaire se plissèrent alors qu’ils examinaient le corps du jeune. Mais qu’est-ce que c’était que ça ? Nehril resta silencieux un moment, ne comprenant pas dans un premier temps, puis son visage prit progressivement une teinte plus livide. Malgré tout, il parvenait encore à afficher sa perpétuelle expression impassible, plus par habitude que fruit d’un réel effort.
— Tu as une idée de ce qu’ils attendent de toi ? l’interrogea le mercenaire en faisant référence aux commanditaires de son contrat. — Je dois délivrer ce message à l’homme que m’indiquera Maître Hezrak, répondit docilement le jeune homme en passant à nouveau sa chemise. Je devais lui demander où était le Maître des Gobelins de la part de… Mais il s’arrêta brusquement en regardant la prêtresse se pencher à nouveau sur le drow. Je… Je devais seulement obéir au destinataire, ou rentrer.
Le mercenaire hocha la tête. Il ne pouvait s’empêcher de penser que cette affaire empestait un peu. Mais après tout, il avait accepté l’or et implicitement le contrat qu’on lui avait confié. Il n’avait nul mot à dire dans cette histoire… N’est-ce pas ?
Lucrétia se tourna et dit, non sans une pointe d’ironie :
"Et bien, mon cher, je crois que dans l’état dans lequel est ce fameux maître Hezrak, il vous sera plus simple de trouver le "maître des gobelins" par vous-même. Mais ça ne m’explique pas pourquoi il s’est fait transpercer le flanc et pourquoi son sang contient autant de poison !"
Nehril tourna son regard vers la prêtresse. Il ne l’avait pas senti approcher.
— Comme je vous l’ai dit, je n’en ai pas la moindre idée, fit-il plissant les lèvres. Lorsque je suis rentré dans son établissement il était déjà blessé et son assassin, enfui.
Il poussa un soupir et fronça les sourcils, cherchant visiblement une solution à leur problème.
— N’est-il pas possible de fouiller sa mémoire haute prêtresse Lucrétia ? s’enquit-il en frottant pensivement sa barbe noire. Avez-vous sous la main des mages de la vie talentueux ? Nehril laissa sa question résonner un moment avant de poursuivre, ayant apparemment une autre idée en tête. Vous m’avez dit que ce genre de poison était peu courant ?
Si la substance était si rare, il devait exister certains individus qui pourraient le renseigner en ville. Des marchands peu scrupuleux vendant des produits douteux. Si l’assassin s’était fourni à Thaar, il pourrait remonter jusqu’à lui en suivant la piste du poison.
— Ne connaissez-vous pas des individus susceptibles d’identifier ce poison ? poursuivit-il en posant une main sur le dossier de sa chaise. D’autres guérisseurs ? Herboristes ? Érudits ?
Lucrétia pouvait se charger d’identifier le poison en faisant jouer ses potentielles relations et de maintenir le drow en vie. Nehril quant à lui avait quelques contacts avec la pègre locale. Il pouvait le cas échéant essayer de glaner des informations pour voir si un nouveau poison ravageur avait été mis en vente sur le marché. Et à partir de là, trouver un antidote tout en mettant un nom sur leur fameux attaquant. De plus il ne fallait pas négliger l’habitation d’Hezrak. Peut-être des indices y avaient été dissimulés et avaient échappé à son attention. Les voisins, citadins, pouvaient également être une source d’information non négligeable. Même s’il avait des doutes sur la volonté de la prêtresse à l’aider, ce qui était compréhensible compte tenu du fait qu’il venait à peine de débarquer dans son hôpital et qu’il la traînait déjà dans sa sombre affaire sans lui demandait son avis, il s’en ouvrit à elle.
Lucrétia toisa Nehril comme s’il venait de dire une énormité. Lire les pensées !? Enfin ! Mais aucun guérisseur n’était capable d’un tel prodige. Et pourquoi pas se téléporter ou arrêter le temps ?! Même la magie avait ses limites et si la Bienveillante conférait à ses fidèles d’immenses pouvoirs de guérison, aucun d’entre eux n’était capable d’infléchir la réalité à ce point. Lucrétia faillit s’esclaffer mais garda sa retenue :
"Malheureusement non. Il n’est pas possible d’extraire les pensées de quelqu’un. Et en Ithri'Vaan, à moins de trouver un immortel versé dans la magie de la vie, vous ne trouverez personne de plus compétent que moi en matière de soins magiques… du moins, qui acceptent de soigner des inconnus sans réclamer une fortune."
Nehril hocha la tête comme s’il se doutait de sa réponse. Toutefois à ses yeux, il convenait de balayer toutes les possibilités, possible ou impossible. Combien d’hommes périssaient du fait de leur étroitesse d’esprit ?
Le ton de Lucrétia se voulait neutre. Elle était certaine qu’il existait des immortels dépassant largement ses compétences en matière de guérison, mais du côté des mortels, elle n’était pas peu fière de pouvoir affirmer qu’elle était la meilleure. Enfin… meilleure… faute de mieux dira-t-on, car dans la Péninsule, il existait de bien meilleurs manipulateurs du don de la déesse, beaucoup plus expérimentés. À Thaar, ce n’étaient pas les médecins qui manquaient cependant, mais les médecins vendaient leurs services à prix d’or et surtout, n’utilisaient pas la magie. Les meilleurs étaient attachés au service de la noblesse vaanie et des princes marchands. Difficile de les faire se déplacer pour deux inconnus louches et un drow blessé.
En revanche, il existait une personne, qu’elle avait sous la main, qui était capable de lui donner le plus d’informations possible sur le poison qu’elle avait découvert : Ludwig, l’herboriste du dispensaire. S’il ne lui avait que rarement parlé de son passé, Lucrétia savait qu’il n’était pas qu’un simple herboriste et qu’il s’y connaissait en poisons. Mais elle n’avait jamais poussé ses questions trop loin, de peur de le froisser. C’était un homme appliqué, sérieux et s’il y avait bien une personne capable de l’aider à cet instant, c’était bien lui !
"Je vais faire quérir maître Gamelin, notre herboriste. "
Lucrétia sortit quelques instants de la pièce et discuta avec Roland et Amélie qui l’attendaient. Elle demanda à Amélie d’aller chercher Ludwig puis donna des consignes claires à Roland concernant la sécurité du dispensaire. La haute-prêtresse avait le sentiment que si la nouvelle parvenait à l’extérieur que le drow avait survécu à son agression, il était probable que ses agresseurs tentent de s’en prendre à nouveau à lui, malgré l’interdit de violence qui devait régner dans le dispensaire de Sainte Iselda. Lucrétia n’était pas dupe : cette règle n’était qu’un garde-fou. Quiconque serait motivé pour faire un carnage dans le temple et s’attaquer au dénommé "maître Hezrak" outrepasserait largement les règles de la DameDieu. Heureusement que Roland et ses hommes étaient là.
Lorsqu’elle revint auprès de Nehril et de Lyad, ce premier lui expliqua ce qu’il comptait faire. L’idée de visiter l’habitation d’Hezrak semblait une très bonne première approche du problème. En revanche, pour la provenance du poison, mieux valait attendre l’expertise de son herboriste. Elle approuva l’idée et se porta volontaire pour les accompagner : après tout, c’était désormais son patient et elle devait en apprendre plus sur ce qui s’était véritablement passé… Et le message sur le dos de Lyad l’intriguait véritablement… Peut-être que toute cette histoire n’était pas un hasard et que la déesse la mettait sur la piste de quelque chose de sinistre à dévoiler…
Nehril hocha la tête avec raideur, étonné que Lucrétia n’ait décidé l’accompagner sur les lieux de l’agression. Était-ce réellement la bonne chose à faire ? Confier le corps du drow aux hommes de la prêtresse ? Le mercenaire n’en avait aucune idée. Toutefois il fallait raisonner de manière logique. Si l’herboriste était capable d’identifier le poison, leur enquête dans la demeure d’Hezrak ne serait qu’une perte de temps. En revanche, si ce dernier échouait, il leur restait la piste de l’assaillant pour tenter de lui tirer les vers du nez.
Nehril se moquait de la vie du drow. Pour lui, il pouvait très bien mourir après lui avoir divulgué ses informations. Seule comptait sa mission. Ses yeux se posèrent un instant sur Lyad, se plissèrent puis se détournèrent.
Reste concentré.
— Attendons de voir ce que votre herboriste en dit, proposa-t-il en croisant les bras.
Hélas, l’herboriste en question, après quelques heures de recherche, ne put leur apporter qu’une réponse : il ne connaissait pas ce poison. Soit il était nouveau sur le marché. Soit il n’était pas Vaani. Et dans les deux cas, débusquer ceux capables de le créer ne serait pas une mince affaire.
— Bien, fit le mercenaire lorsque Lucrétia le mit au courant. Allons dans un premier temps examiner la demeure d’Hezrak. Des détails nous seront peut-être donnés concernant la position du Maître Gobelin. Ses yeux croisèrent ceux de Lucrétia et il ajouta aussitôt. Ou des informations nous permettant d’identifier ce poison.
Pivotant en direction de Lyad, il s’exclama :
— On y va !
Dernière édition par Nehril le Jeu 5 Sep 2019 - 23:33, édité 1 fois
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Sujet: Re: [Mare Noire] L'Orgueil des ignorants Ven 30 Aoû 2019 - 14:45
Le Maître du Jeu s'adressant à son audience... A partir de l'hôpital, il suffit de remonter la piste des gouttelettes de sang sur la terre battue pour retrouver le chemin de la triperie. Quoi que ni Nehril ni Lyad n'aient sans doute besoin de ça. Le temps passé à l'abri des murs de pierre a permis au soleil de quitté son zénith. Si la température est encore étouffante, l'astre semble taper un peu moins fort sur les crânes des voyageurs.
A l'intérieur de la boutique, c'est le même spectacle qui vous attend.
Une petite pièce. Un comptoir en face de la porte. Des casses à gauche. Des bocaux brisés sur le sol. Une odeur écœurante. Une flopée de mouche règnent à présent en maître et bruissent dans tous les coins. La cuisine est chargée en marmites et en cuves d'eau. La porte de derrière est toujours grande ouverte. Et dans le passage étroit qui mène à la cuisine, une flaque de sang imbibe le plancher. A droite de la tâche rouge, un rideau ouvert laisse voire un escalier encore plus étroit que le minuscule couloir. Ses marches particulièrement raides, grincent jusqu'à une seconde pièce au premier étage, couvrant la boutique et la cuisine d'un seul tenant.
En haut, deux fenêtres donnent sur l'extérieur. Les volets des deux sont ouverts, laissant d'autant plus entrer la chaleur dans cette pièce organisée comme un lieu de vie. Là un grand lit double. Ici, une cheval, une sorte de petit bonhomme avec une épée et un morgal de bois gisaient en attendant sûrement qu'un enfant s'en serve pour inventer de nouvelles histoires. plusieurs malles. Des coussins rassemblés autour d'une table basse. Plus loin, un meuble alvéolé dans lequel sont entreposés de nombreux rouleaux de papier. Une bonne partie d'entre eux jonchent le sol et certains ont été écrasés. Le sol est intégralement couvert de tapis en tous genres. Près de la table, une pipe à eau a été renversée. Un peu plus loin, les vestiges d'un meuble en bois blanc qui devait être une sorte de commode se mêlent à des tapons de vêtements propres.
Vous êtes libre d'inspecter la maison comme vous l'entendez, dedans comme dehors. Décrivez vos investigations et les points auxquels vous faites attention. Des informations supplémentaires vous seront données au compte goutte.
_________________
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Nehril
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Sujet: Re: [Mare Noire] L'Orgueil des ignorants Jeu 5 Sep 2019 - 23:28
Pénétrant prudemment dans la maison d’Hezrak, Nehril désigna d’un geste du bras l’endroit où il avait trouvé l’homme.
— Son corps gisait ici, expliqua-t-il à l’attention de Lucrétia. L’assaillant… Il fit quelques pas en avant afin d’atteindre la seconde ouverture sur la rue. S’est enfui par là. Il a disparu avec une aisance qui me fait dire que ce n’était pas un amateur.
Ses yeux grisâtres balayèrent la pièce avant de repérer l’escalier étroit qui montait en spirale vers l’étage supérieur. Le mercenaire s’y engagea aussitôt et claqua sa langue lorsqu’il aperçut les parchemins qui jonchaient le sol.
— C’est à croire que l’on cherchait quelque chose, remarqua-t-il en se penchant pour les examiner. Ou peut-être souhaitait-on effacer ses traces…
Certains rouleaux sont déchirés, d’autres écrasés, mais en ouvrant les premier, il ne découvre qu’une longue liste de sommes d’argent, de poids, de recettes, de dates et de noms. Le Lardon. Le temple de Kiel. Le Temple d’Othar. Les Trois Sous. Monsieur Kesh'mar. Visiblement, il s’agit de livraisons récurrentes. Certains feuillets datent d’il y a plusieurs années. D’autres sont très récents… Et en regardant mieux au milieu des rouleaux déchirés, il y a aussi deux fragments de papiers qui ne viennent pas de papier roulé, mais d’un ouvrage relié dont quelques pages avaient été déchirées. Parcourues d’une fine écriture eldéenne, ici on pouvait voir une date. C’était quelques semaines auparavant. La trace d’une main mouillée avait fait baver l’encre, mais les questions phrases déchiffrables semblent indiquer qu’il s’agit d’un journal. Mais concernant quoi ?
La première page concerne visiblement une livraison de Kobolds qui avait été effectuée à l’atelier. Le rédacteur s’étonnait d’une telle marchandise — qui en effet n’avait rien de commun — mais confirmait que rien d’autre n’avait changé récemment. La seconde parlait d’une amie qui avait visité l’atelier et d’une assistante qui n’était pas très coopérative.
L’homme faisait donc partie d’un réseau plus vaste. Probablement le même que l’individu qui avait embauché Nehril. Ces informations, même si elles paraissaient intéressantes, ne l’aideraient en rien à retrouver l’assaillant. Des Kobolds, des Maîtres Gobelins, un tatouage mystérieux… l’affaire s’avérait bien plus complexe qu’il ne l’avait cru.
______________
Lucrétia pénétra dans l’antre d’Hezrak, avec une pointe d’inquiétude. Elle avait pris soin d’apporter avec elle une dague affûtée que lui avait confiée Roland ainsi que son matériel de médecine et de premiers soins. Si elle ne comptait pas se servir de cette arme, cela la rassurait de l’avoir avec elle… La dernière fois qu’elle avait failli s’en servir, c’était dans le Nid de Thaar. Elle frissonna à cette pensée : elle ne souhaitait pas revivre cette expérience et elle comptait sur le mercenaire pour jouer les gros bras si jamais les choses se mettaient à dégénérer.
Elle grimpa les escaliers pour suivre le mercenaire tandis que le jeune homme restait en bas. Si elle n’avait pas confiance en Lyad, elle sentait qu’elle pouvait placer sa sécurité dans les mains de Nehril. Du moins, pour l’instant. Le mercenaire lui montra les parchemins qui jonchaient le sol. Il était déjà en train de vérifier leur disposition et de les parcourir.
" Je vais voir en bas. Je veux comprendre comment l’agresseur est entré dans cette maison avant de savoir ce qu’il pouvait bien y chercher."
Le mercenaire lui adressa un bref grognement, ses yeux parcourant attentivement une liste de nom.
— Je vous rejoins une fois que j’en ai fini ici, lâcha-t-il distraitement en levant le regard vers elle.
Lucrétia redescendit pour examiner la porte de derrière, encore ouverte. Elle veilla à ne rien déranger et observa l’extérieur pour comprendre d’où l’agresseur était apparu et surtout, si la porte présentait des signes de fracture ou de crochetage. Lucrétia pensait que l’enjeu principal était de savoir à quel genre de voleur et d’agresseur ils avaient affaire… avant de savoir ce qu’ils avaient bien pu voler. Comment était-il entré ? Disposait-il d’une clef ? Avait-il crocheté une serrure, fracturé la porte ou attendu qu’Hezrak ouvre la porte ? Hezrak s’attendait-il à une venue ?
Dehors, l’arrière-cour était paisible. Une rue étroite partait en face et une autre, fine au point de n’être qu’une venelle, sur la droite. Un jeune homme métissé à la barbiche blonde et aux oreilles pointues poussait une brouette chargée d’amphores et de pelotes de fil vers une maison voisine.
La porte en elle-même n’avait rien d’extraordinaire. Du bois blanc, simple à briser quand on voulait vraiment entrer. Une barre permettait de la fermer de l’intérieur, mais l’attache n’était pas arrachée et la planchette de bois renforcée qui servait de verrou était simplement posée à côté.
S’il était bien sorti par là, rien ne permettait pour l’instant de prouver que c’était par l’arrière qu’il était passé. Il lui fallait des traces de pas, pour reconstruire la scène. Le seul moyen de savoir était de voir s’il n’y avait pas des traces dans la poussière ou si la trace de sang sur le plancher n’avait pas laissé de nouveaux indices… Et c’était autrement plus difficile à dire. La maison était plutôt bien entretenue. Le plancher, mis à part les quantités de tripes de sauce qui imbibaient désormais le sol, était balayé et ciré. Pas de trace de pas ensanglanté. La flaque de sang correspondait à la blessure dont la prêtresse s’était occupée : un saignement régulier qui avait dû créer une telle trace bien après le départ du coupable. Quant aux tripes… Que chercher dans cette masse pâteuse piquée de morceaux de terre cuite, où les odeurs fortes d’intestin étaient couvertes par l’ail, le citron, la tomate, le poivron et bien d’autres aromates ?
Déçue de ne rien trouver, la jeune femme enjamba la flaque de sang et partit dans la cuisine. L’odeur de la nourriture était encore présente. Elle observa rapidement la mise en scène de la cuisine. Le drow avait visiblement été surpris dans sa préparation puisque le pot en céramique était éclaté sur le sol. La nourriture sentait fort, mais Lucrétia n’arrivait pas encore à identifier de quel animal les tripes étaient issues. Elle se pencha sur le sol et avec un morceau de bois, commença à ausculter la bouillie infâme sur le sol. Avec un peu de chance, quelque chose était tombé à l’intérieur. Sinon, il allait falloir en conclure que le drow ne s’attendait pas à de la visite et a été surpris pendant la préparation de son repas.
À voir les étagères qui couvraient le mur derrière le comptoir, les bocaux étaient tombés de là. La dernière étagère, tout en haut, était encore lourdement chargée d’énormes bocaux similaires. Visiblement, le tripier créait des recettes que ses clients achetaient ainsi. L’étagère la plus basse avait été à moitié décrochée par un choc. Quelques taches de sang en ornaient le bord. Un combat avait eu lieu ici ou l’homme avait désespérément tenté de s’accrocher à son mobilier pour ne pas tomber dans la bouillasse graisseuse.
Les tripes au sol se mélangeaient pesamment en tache de couleurs diverses selon les recettes et virant au brunâtre lorsqu’elles se couvraient les unes les autres. Les pots brisés étaient clairement identifiables. Et là… Un poignard banal à double tranchant et à la poignée gainée de cuir empoissé de nourriture et de sang. Une arme en acier ne portant pas — comme toutes les armes légales devraient normalement en porter — le poinçon d’un forgeron. Une fois passer sous l’eau, dans une cuve de la cuisine, les premières observations de la prêtresse se confirmèrent : un poignard avec une lame en métal, au manche entouré de cuir et pas le moindre signe distinctif ou marque d’appartenance.
______________
De son côté, Nehril se leva et se mit à fouiller les différentes malles qui ne contenaient rien qui sorte de l’ordinaire, ainsi que l’armoire. Quelques vêtements pratiques. Certains très communs, d’autres taillés plus près du corps dans différents tons de gris et de noir. Seulement des affaires d’homme et deux ou trois vêtements d’enfants.
Il souleva ensuite les différents tapis afin de voir s’il y avait quelque chose de dissimulé dessous. Les premiers ne faisaient que couvrir les jonctions entre les tapis du dessous, donnant une épaisseur confortable sous les pieds. Puis, méthodiquement, il finit par atteindre le plancher. D’abord dans la partie la plus dégagée de la pièce, puis en déplaçant les coussins, la table basse, en roulant certains jusqu’à la part qu’il ne pouvait tirer de sous les meubles. L’entreprise était longue, lente et barbante. Le plancher égal. Toujours… Pendant un bon moment. Il marchait sur les lattes pour tester leur résistance, voir si elles cachaient quelque chose. Jusqu’à ce qu’il s’attaque à la partie près de la commode détruite. Là, sous les tissus, une latte grinça lorsqu’il y posa le pied. Il y avait un peu de jeu entre le morceau de bois et ses voisins.
Le mercenaire haussa les sourcils, mit un genou à terre et entreprit d’effleurer la planche du bout de ses doigts gantés. Il chercha une prise et une fois trouvée, il tenta de la retirer pour découvrir plusieurs carnets du même papier relié que ceux qu’il avait trouvés parmi les rouleaux. Sept en tout. Il semblait y avoir encore assez de place pour deux ou trois ouvrages du même format. Avec un geste qui trahissait son impatience, Nehril s’empara des premiers volumes et se mit à les feuilleter.
Des notes. Griffonnées. Des brouillons visiblement. Les informations qui s’y trouvent sont brutes. Quelques annotations ajoutent des commentaires et des pense-bêtes dans les marges. Quelques mots, horaires ou noms sont encerclés à la va-vite.
Et les pages défilaient ainsi, annotant des détails anodins des allées et venues de personnages riches dans un mystérieux atelier et de toutes autres activités liées à ce fameux "Il". À plusieurs reprises, ceux qui tenaient le journal avaient suspecté un problème avec leur couverture et expliqué comment ils avaient changé d’approche de façon particulièrement ingénieuse, pour pouvoir toujours surveiller la même personne, son atelier et une certaine assistante qui empêchaient visiblement les gens les moins importants d’importuner son employeur…
Nehril renifla et fronça les sourcils, tâchant de comprendre ce que lui apprenaient ces documents. Ses yeux se posèrent sur le croquis représentant le visage d’un drow. Était-ce cet homme qui semblait surveiller Hezrak ? Pouvait-il être l’assaillant de la triperie ? Le mercenaire grogna et rangea quelques papiers et le croquis dans un pli de sa cape.
Les marches craquèrent lorsqu’il se décida à rejoindre Lucrétia à l’étage inférieur. Le nom qu’il avait glané dans les journaux d’Hezrak, Lar'Sana, pouvait être une piste leur permettant d’y voir plus clair.
— Vous avez trouvé quelque…
Au moment où l’homme arriva au rez-de-chaussée, alors que la prêtresse était toujours du côté de la cuisine, le mercenaire repéra un spectacle fort étrange. Près de la porte d’entrée, Lyad était droit comme un piquet et silencieux comme une carpe. Il regardait craintivement une enfant drow qui ne devait pas avoir plus de 30 ou 40 ans. Au milieu de ses mèches blanches, la majeure partie de sa chevelure était encore d’un blond tirant sur l’ambre. Sur le seuil, ses grands yeux rouges vifs regardaient l’intérieur de la boutique sans comprendre.
Lucrétia
Humain
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Sujet: Re: [Mare Noire] L'Orgueil des ignorants Ven 6 Sep 2019 - 1:03
Le mercenaire s’immobilisa lorsqu’il repéra la silhouette de la drow. Ses sourcils se froncèrent puis d’un pas prudent, il se flanqua aux côtés de Lyad.
— Tu es l’assistante d’Hezrak ? l’interrogea-t-il en croisant les bras avec un air déterminé. Ce dernier a été attaqué, nous aurions quelques questions à te poser.
La voix du mercenaire la fit sursauter. - Mon frère a été attaqué ?! " glapit-elle en faisant un pas en arrière. " Ou est-il ? Qui êtes vous ?! "
— Il est entre de bonnes mains, répondit Nehril en éludant sciemment sa question. Blessé, mais sauf. Je suis Nehril, j’enquête sur l’attaque qui a eu lieu en ces lieux. Je suspecte les activités de votre frère comme lui ayant porté préjudice. Connaissez-vous la nature de celles-ci ou bien disposez-vous d’une quelconque information concernant la personne qui pourrait lui en vouloir ? Les yeux de la jeune fille s'écarquillèrent un bref instant... Puis elle tourna les talons pour tenter de détaler sans demander son reste.
Lucrétia sortit de la cuisine à ce moment là, le poignard à la main. Une dizaine de secondes plus tôt et elle serait passée pour une horrible meurtrière. Elle regarda Nehril d'un air pensif. Aucun indice sur la dague. Elle espérait qu'il ait trouvé des pistes plus intéressantes. Elle n'avait pas suivi le pseudo-échange entre la jeune fille et Nehril, mais le bruit l'avait attiré hors de la cuisine.
"Est-ce qu'il y a un problème ? J'ai cru entendre du bruit ..."
Le mercenaire s’élança aussitôt derrière la jeune drow, bondissant sur les pavés de la rue, avalant la distance qui les séparait comme un prédateur excité par l’odeur de sa proie. Il était hors de question de la laisser s’échapper. Les citoyens de Thaar se tournèrent sur son passage en lâchant des cris étouffés, ne comprenant pas ce qui l’enjoignait à les écarter ainsi de son chemin.
La drow était rapide, mais les années à écumer les routes avaient pourvu Nehril d’une meilleure forme physique. La course poursuite s’acheva quelques secondes à peine après que la sœur d’Hezrak se soit enfuie. La main du mercenaire s’abattit sur son épaule avec une telle force qu’elle la fit chanceler. Il lui balaya ensuite les jambes d’un solide coup de pied et elle s’effondra en poussant un piaillement aigu.
- Non ! Lâchez moi ou je crie ! Le Guet vous laissera pas faire !
Sans prêter attention à ses vaines contestations, Nehril la jeta sur son épaule et entreprit de faire le chemin en sens inverse. Il avisa Lyad et Lucrétia qui l’observait à l’ombre de la triperie et il les rejoignit d’un pas déterminé.
Il jeta la pauvre femme sur une chaise dans la cuisine en évitant une quantité non négligeable de morsures et après avoir vérifié que toutes les portes étaient verrouillées, il s’approcha d’elle.
— J’ose espérer que vous aviez une bonne raison de m’avoir fait courir ainsi, lâcha-t-il d’une voix glaciale en faisant craquer son cou avec un air menaçant.
- Et vous, qu'est-ce que vous avez fait à mon frère ?!
Assise sur l'extrême bord de la chaise comme si elle souhaitait déjà bondir sur ses pieds, la jeune fille fusillait à tour de rôle les étrangers qui se trouvaient là, des larmes au bord des yeux. Ses oreilles étaient aplaties contre son crâne comme celle d'un chat furieux.
Lucrétia soupira ... Si le mercenaire était très agile pour attraper les enfants, il n'était cependant pas très dégourdi avec eux. La haute-prêtresse rangea discrètement la dague dans son havresac et s'approcha de l'enfant avant de s'accroupir pour se porter à sa hauteur. Ses yeux verts plongèrent dans les siens et elle posa sa main sur celle de la petite et l'autre sur son médaillon.
- Qu'est-ce que vous faites ?!
Lentement, elle canalisa une partie du souffle de la déesse dans son corps et transféra les flux magiques dans la jeune fille afin de calmer ses muscles et sa respiration. C'était peu de chose, mais au moins, cela permettait de calmer le fonctionnement alerte du corps.
La haute-prêtresse sourit : "Ne t'inquiètes pas, ton frère est en sécurité et ses jours ne sont plus en danger. Nous l'avons transporté au dispensaire quand mes amis ici-présents l'ont trouvé blessé." Nehril grogna à cette annonce. Rien ne laissait supposer qu’elle était réellement la sœur d’Hezrak. Elle pouvait très bien être une espionne à la solde de l’individu qui avait blessé le drow. Le mal étant fait, il afficha une mine lugubre.
Lucrétia poursuivit en lui montrant la broche frappée des symboles de Néera et continua d'essayer de la rassurer d'une voix douce :
" Je m'appelle Lucrétia et je suis la haute-prêtresse de Néera. C'est moi qui me suis occupée de ton frère. Tu peux me faire confiance, nous trouverons ceux qui lui ont fait ça et nous les emmèneront devant le Guet pour qu'ils répondent de leurs crimes." Bon ... certes ... avec les deux gros bras pas très futés qui l'accompagnaient, les coupables avaient clairement plus de chances de finir découpés en rondelles dans une allée sombre ... mais bon ... les coutumes de Thaar ...
La jeune fille la regarda, méfiante. L’œil sec et le dos raide malgré la magie de la prêtresse, elle avait néanmoins arrêter de respirer à grands coups. L'intervention magique ne semblait pas l'avoir rassurer, bien au contraire, et le symbole divin la rendait scrutatrice. Mais elle regardait tours à tous chacun des trois visages et avait arrêter de paniquer. Elle semblait réfléchir intensément... Et s'arrêta après plusieurs passage sur Lyad et son bandeau.
- Toi. Y a quoi sous ton bandeau ? " gronda-t-elle comme un petit animal prêt à mordre.
- Euh... Le jeune homme regarda Nehril, ignorant superbement la prêtresse humaine, avant se reporter son attention sur la drow. Il porta la main à son crâne et retira son bandeau pour la première fois depuis que le mercenaire le connaissait, ébouriffant au passage ses cheveux d'encre à la mèche blanche. En plein milieu de son front, un disque noir uni était tatoué.
La gamine soupira, visiblement un peu rassuré, et remonta sa manche gauche. A l'intérieur de son poignet, une marque similaire était gravée dans sa chaire. Un simple rond d'un noir abyssal, à peine perceptible sur sa peau sombre. Lyad parut surpris mais ne dit rien et remit bien vite son bandeau en place tandis qu'elle se tournait vers la prêtresse sans recouvrir la marque, comme si un message y était gravé en toutes lettres.
- Ouais... Je suis au courant. Et si mon frère survit, c'est tout ce qui compte. On s'occupera de trouver qui a fait ça nous même. On a pas besoin de vous. Dites plutôt c'est pourquoi que vous veniez le voir. Le mercenaire haussa les sourcils, ses yeux scrutant attentivement le symbole qui ornait le front de Lyad avant de se tourner vers celui de la jeune drow.
— On cherche des réponses, grogna-t-il en réponse à sa remarque. Et plus particulièrement à propos d’un Maître Gobelin. Il jeta un regard en direction de Lyad qui confirma d'un signe de tête. Dans les grandes lignes c'était ça et il ne se sentait pas de reprendre son protecteur sur une particule oubliée. Nehril gardait toutefois sa main non loin de son arme. Les années passées sur les routes à se confronter à la racaille humaine avaient progressivement exacerbé sa paranoïa. D’autant plus que cette affaire semblait dissimuler quelques cadavres sous les tapis. Devait-il l’interroger sur le « nous » dont elle faisait mention ? Sur le mystérieux symbole qu’arborait le front de Lyad ? Comme à son habitude, Nehril resta silencieux. Même s’il en avait le désir, il ne pouvait s’empêcher de penser que moins il en saurait, mieux il s’en porterait. Mais pour la première fois, faire taire ses émotions était étrangement difficile.
- Que souhaitez vous savoir sur Maître Ranaghar ? " Elle fronça le nez face à la suspicion de l'homme d'arme. " Si c'est une inspection, tout est dans les journaux. Vous pouvez vérifier. Nous n'avons caché aucune information. "
Se souvenant de ce qu’il avait lu, il rétorqua aussitôt :
— Vous vendez des créatures pour une arène ? J’ai lu un journal qui mentionnait une transaction de kobolds…
Sa voix s’éteignit alors que ses yeux devenaient de minces fentes verticales en un miroir parfait de la jeune fille qui semblait de plus en plus suspicieuse :
— Ce Maître Ranaghar, qui est-il ? Est-ce l’organisateur de l’arène ? Où pouvons-nous le trouver ?
- Vous ne venez pas de leur part... Vous n'avez aucune idée de ce qui se passe ici. Qui vous a parlé du Maître des Gobelins ?!
— On m’a payé pour que je lui remette quelque chose, répondit-il avec un air agacé. Écoute gamine, poser des questions c’est bien, mais y répondre c’est mieux. Peux-tu nous expliquer ce qu’il se passe ici ? La jeune fille eu un sourire moqueur - plus bravache que sincère étant donné la posture recroquevillé qu'elle arborait toujours - lorsque ce qu'elle prenait pour un humain ou assimilé la traita de gamine. Elle détourna la tête vers Lyad qui acquiesça, aussi embêté qu'à l'accoutumée. Alors, hésitante mais sachant qu'elle n'avait de toute façon pas le choix, l'adolescente se ceintura de ses propres bras, dérobant à la vue le symbole du culte de Teiweon qui ornait son poignet.
- On vent pas de créature. Les Kobolds ont été livré à l'atelier de Maître Ranaghar Medel'hel, un orfèvre des soieries. Je peux vous donner l'adresse mais il ne doit jamais apprendre que mon frère et moi existons ou qu'on le surnomme Maître des Gobelins.
- ... Je pense que c'est le genre de choses que l'on peut te promettre. Donne nous l'adresse s'il te plait. Lucrétia avait suivi l'échange, mais ne s'était prononcée que maintenant. Ils allaient désormais pouvoir progresser et ce, sans qu'une seule goutte de sang ne soit versée. Pouvait-elle s'estimer heureuse de cette situation ?
La jeune fille observa avec insistance l'homme qui l'avait menacée, lèvres closes.
— Parle fillette, fit-il d'une voix légèrement moins acerbe. Où se trouve notre homme ? Je peux te garantir que nous ne lui voulons aucun mal. Ce serait même l’inverse. Alors, avec toute l'application du monde, elle leur donna tous les détails pour trouver la boutique de Maître Ranaghar, orfèvre renommé venant - disait-on - du Puy ou de Sol'Dorn.
Le mercenaire hocha la tête mais n’y pouvant plus, il posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis qu’elle avait commencé à parler.
— Si vous ne vendez pas de kobolds, qui sont appelés sous cette dénomination ? Nehril craignait de plus en plus que Lyad, le jeune garçon qui demeurait encore à ses côtés à cet instant, ne soit la marchandise destinée à être vendue. Le ferait-on combattre dans l’arène ? Il était déterminé à en savoir plus. La jeune fille le regardait, la bouche entrouverte, sans comprendre.
- Comment ça 'qui' ? Ce sont des kobolds. C'est juste pas nous qui les vendons... Nehril hocha la tête, mais ne cessa de dévisager la jeune femme. Il était certain qu’elle en savait bien plus qu’elle ne le laissait supposer. Toutefois avec un grognement, il se détourna d’elle pour croiser le regard de Lucrétia.
— Je vais voir ce Ranaghar, lui lança-t-il en fronçant les sourcils, visiblement préoccupé. Voulez-vous m’accompagner ?
- Mais bien entendu. Toute cette histoire m'intrigue et je veux en voir le bout !
Sa réponse lui arracha un sourire et il étreignit doucement le bras de Lyad.
— Alors on y va.
Ses yeux cherchant ceux de la drow il lui demanda :
— Ton nom ?
- Lar'Sana. Lucrétia dévisagea la dénommée Lar'Sana. Quelque chose ne collait pas du tout. Si cette dernière était bien la Lar'Sana des lettres ... qui était l'assistante dont ils parlaient dans leurs documents ? Si le "maître" semblait un personnage clairement identifié - le fameux Ranaghar -, la présence de l'assistante semblait plus que mystérieuse puisque celle-ci gravitait dans son entourage. Si Lucrétia, Nehril et Lyad n'étaient pas prudents, ils risquaient de se retrouver face à Ranaghar et une assistante dont ils ne savaient rien.
- Dit moi ... Lar'Sana. Que peux-tu nous dire sur l'assistante de Ranaghar ?
- C'est une harpie. " gronda l'adolescente, toute méfiance effacé pour un dédain si propre aux gens de son âge. " Un vrai chien de garde qui couve son maître adoré comme une poule. Remarque, pour ce que les Princes doivent la payer, elle doit aussi bien s'occuper de sa virilité que de sa boutique. " termina-t-elle en croisant les bras.
- Tu as parlé de Princes ... Quels Princes ? Pourquoi employer une assistante pour surveiller Ranaghar ? Est-il si important que ça ?
- Ha ! " Elle eut un petit rire goguenard. " Vous savez vraiment pas ou vous mettez les pieds, vous. Écoutez. Je veux pas d'ennuis avec mes employeurs, sinon c'est mon frère et moi qui en paierons le prix. Tout le monde surveille Ranaghar. La Dame Blanche lui a simplement offert un appui officiel. Son assistante Mivryna fait tourner sa boutique et filtre les gens qui veulent lui parler. Lui... " Elle désigna Lyad avant de croiser à nouveau les bras. " Il a quelque chose à lui donner visiblement. Vous avez pas besoin de creuser plus loin, sinon c'est pas un filon d'or mais de merde que vous allez trouver.
— La merde et l’or ont souvent tendance à se mêler fillette, lâcha brusquement Nehril qui était resté silencieux. Vos histoires de Princes et de Dame ne nous intéressent pas. Nous cherchions seulement à savoir où était notre homme, et c’est chose faite. Pour te remercier, voici quelques informations : ton frère succombe à un poison non identifié et demeure dans le coma. Tu ferais mieux d’ameuter les meilleurs guérisseurs que tu connais pour le soigner. Le mercenaire s’éloigna et fit signe à Lyad de le suivre. La peau noire de la fillette venait de tourner au gris. Sa gorge articula un " Non..." étranglé. Lyad hésita un instant et lui adressa un sourire timide avant de suivre son protecteur à l'extérieur. La jeune fille se leva d'un bond pour partir en courant vers le temple de Néera. Puisque la prêtresse lui avait dit qu'elle s'était occupé de son frère, c'est là qu'il devait se trouver... du moins c'est l'idée à laquelle son esprit vide s'accrochait.
Lucrétia épousseta les pans de sa robe et se releva, l'air visiblement contrarié.
" Vous auriez pu ne pas l'alarmer. Je ne tiens pas à jouer les nourrices !"
Elle soupira. La subtilité d'un ours dans un magasin de porcelaine ce Nehril ...