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 [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor)

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T'sisra Do'ath
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MessageSujet: [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor)   [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor) I_icon_minitimeMar 6 Aoû 2019 - 23:52

Été, Panahos, quatrième ennéade de Karfias, an dix-sept, onzième cycle.


La noirelfe menait sa très vieille monture avançant à son rythme de croisière : c'est-à-dire lentement. Si la bourrique profitait de sa force retrouvée grâce à la nécromancienne, elle n’écoutait rien du tout et n’en faisait qu’à sa tête. Ainsi, le voyage fut un peu plus long que prévu, mais enfin, la daedhelle approchait des fortifications de l’Aurore.
Une fois de plus, on lui ouvrait les portes de cette fameuse guilde de mages. Une fois de plus, c’est Nakor qu’elle venait voir.
La noiraude se remémorait leur dernière entrevue. C’était d’ailleurs sur le rempart, en pleine nuit, qu’ils avaient discuté de forces que les dépassaient tous les deux. À cette époque, ils portaient sur leurs épaules le poids de malédictions bien différentes mais tout aussi contraignantes. Elle espérait donc que, tout comme elle, ce vieux fou s’était défait de ses tourments.

T’sisra reconnut tout de suite le palefrenier, ce dernier aussi d’ailleurs l'avait reconnue, et il l’accueillit avec un large sourire, entreprenant de mettre sa bourrique à l’abri du soleil dans l’instant. Si tôt fait, la daedhelle traversa la cour pour s’en aller franchir les portes de la tour.
Rien n’avait changé. L’intérieur était comme dans son souvenir, exactement comme la toute première fois qu’elle y avait mis les pieds en compagnie de ses anciens comparses, qu’elle venait alors à peine de rencontrer. Il lui sembla que tout ce qui attrayait à l’archimage ne subissait, au même titre que lui, plus l’emprise du temps.

- Bonjour, fit la daedhelle en inclinant légèrement le buste à l’attention de celui qu’elle reconnaissait comme étant « Jean », n’était-ce pas vous lors de ce dîner, il quelques années, qui aviez quitté la salle tout émotionné après ne pas avoir réussi à servir le thé de votre maître ?

La noirelfe en était certaine, c’était bien ce mage qui, à chaque fois que Nakor lui adressait la parole, sentait les larmes lui monter aux yeux et s’enfuyait une fois sur deux.

- Je suis venue voir Nakor, mais… Si vous ne vous sentez pas de le prévenir par vous-même, peut-être pourrait-on demander à quelqu’un d’autre ? Demanda-t-elle en voyant sa mine déconfite s’emparer de son visage. Non ?

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Dernière édition par T'sisra Do'ath le Mar 3 Sep 2019 - 16:09, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor)   [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor) I_icon_minitimeMer 7 Aoû 2019 - 21:15

Le jeune magicien continuait son apprentissage auprès des grands professeurs de la guilde. Cela faisait maintenant huit ans qu'il était membre et qu'il avait doucement grimpé les échelons, progressé sur le chemin de la maîtrise de la magie du vent et gagné en confiance en lui. Mais s'il y avait bien une chose qui faisait perdre tous ses moyens au pauvre Jean, c'était la présence du Magistère. Une telle aura, une telle puissance, un charisme qu'il rêvait de posséder un jour et un esprit aiguisé malgré les siècles. Une entité surprenante que Jean vénérait presque. C'est le vieil homme qui l'avait sauvé en Péninsule alors que ses propres parents étaient en train de le noyer comme le monstre qu'il était. La magie avait mauvaise réputation dans le monde paysan et ses capacités à manipuler le souffle faisait de lui une horrible créature maudite aux yeux de ses géniteurs. Depuis, il perdait ses moyens en présence de l'archimage pour des tas de raisons, en plus de sa timidité maladive. C'est donc en tremblant un peu que le sorcier répondit

"C'est bien moi Ma Dame ... c'était il y a longtemps ... j'ai grandi maintenant ... je vais aller chercher le Maître de la guilde."

Pendant qu'il parlait, il se passait machinalement la main droite le long de son bras gauche, comme pour se rassurer. Il partit avant de s'arrêter, de se retourner et de dire

"Ho ... je vous en prie ... veuillez rejoindre le hall des visiteurs. Vous connaissez les lieux. Sentez-vous comme chez vous."

Et le mage fila vers la tour centrale afin de monter les innombrables escaliers qui menait au bureau. Une chose terrifiante pour lui. Arrivé devant la porte, un brin essoufflé, il hésitait à frapper quand la voix du terrible Magistère se fit entendre

"Souffle court, hésitation à s'annoncer ... serait-ce donc vous Jean? Entrez!"

Le magicien ferma les yeux, souffla et entra chez son maître. Un bureau lourdement chargé en parchemins, des bibliothèques autour de la pièce circulaire, une fenêtre ouverte pour amener un peu d'air et au milieu, un chapeau pointu, une longue barbe blanche et entre les deux, le visage bonhomme d'un très vieux et puissant sorcier. Un long bâton sur la gauche du bureau. Tout était là. Nakor attendait que Jean parle. Ils avaient passé un peu de temps ensemble, Nakor donnant quelques conseils précieux sur la magie mais aussi et surtout sur ce que cela implique d'être mage, sur l'état d'esprit, le comportement, la capacité d'analyse, la maîtrise de ses émotions.

"Magistère du Firmament ... vous avez ... vous avez une visiteuse ... "

Puis le silence. Nakor qui pensait que cela démarrait bien, souffla avant de répondre

"Et? Qui bon sang d'imbécile! Qui vient me voir, qui me demande? Est-ce urgent? Est-ce une personne que je connais! Vous êtes stupéfiant d'inconséquence mon pauvre ami! Réveillez-vous Jean, réveillez-vous!"

Et au fur et à mesure qu'il s'énervait, Nakor se relevait de son siège. Bientôt il était entièrement debout et Jean se recroquevillait, mortifié.

"Vous venez là et vous restez là, sans rien dire, sans rien faire! Regardez-vous! Mais regardez-vous enfin! Combien de fois vous ai-je dis d'avoir de la contenance ... là comme ça ... de la contenance bon sang!"

Et il se passa alors ce que jamais Nakor n'aurait pu attendre. Jean répondit

"C'est la drow T'sisra Do'ath, elle vous attend patiemment dans le hall des visiteurs et ne semble pas pressée particulièrement ni souffrir d'aucune urgence."

Et il resta planté là ... mais les tremblements reprirent et il se détourna avant de partir en courant, en pleurs. Les bras en tombèrent au vieux fou

"Jean attendait ... "

Mais le pauvre hère était déjà loin dans l'escalier. Il avait sans doute dû user de tout son courage pour répondre au maître au beau milieu d'une tempête

"Comme quoi ... ça va finir par rentrer!"

Et Nakor s'empara de son bâton pour aller voir son amie drow T'sisra. Comment allait-elle? Avait-elle vaincu sa malédiction elle aussi? Leur dernière discussion lui revint en mémoire et cela afficha un long et sincère sourire sur son visage. Une fois aux abords du hall des visiteurs, il pu l'apercevoir et commença à parler dans son drow parfait

"Voilà quoi? Six ans que nous ne nous sommes vu ma chère? Quel plaisir! Vraiment!"

Il vint alors la saluer avec une accolade puis se rendit compte que si elle avait demandé à Jean de venir, c'est qu'elle lui avait parlé sans doute. Il se recula donc ensuite pour la regarder pleinement dans les yeux.

"Nous nous étions quittés maudits ... nous retrouvons nous tous deux enfin débarrassés de cela? Je veux tout savoir!"

Un petit rire tranquille et quelques elfes sylvains qui passèrent non loin d'eux sans que rien ne se passe. Un indice notable pour la drow. D'où revenait-elle? Comment avait-elle vécu ces dernières années depuis leur ultime rencontre? Nakor aurait vite des réponses. Il laissa libre choix à la drow de prendre place dans un salon privé ou de partir se promener dehors.


Dernière édition par Nakor le Sam 22 Aoû 2020 - 10:53, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor)   [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor) I_icon_minitimeMer 7 Aoû 2019 - 22:18

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T’sisra ne savait rien de la tempête qui se déroulait tout en haut de la tour. Une tempête que Jean finit par traverser comme un valeureux capitaine, tenant sa barre envers et contre tous les élements.
Entre temps, elle patientait tranquillement, assise sur une des chaises du hall où attendaient les voyageurs en arrivant. Du coin de l’œil, elle observait un vieux mage assis non loin d’elle, accroché à son bâton et pourtant assoupi. Faisant tout pour se retenir de rire, son attention fut bien vite accaparée par ce vieux bougon qui, une fois de plus, avait eu le malheur de faire pleurer Jean.

- Six ans, en effet. Répondit la daedhelle en se dressant sur ses jambes. Vous n’avez pas pris une ride. Moins non plus d’ailleurs. Plaisanta-t-elle en désignant son visage de l’index. Quant à ma malédiction, si vous vous êtes bien débarrassé de la vôtre, alors oui, nous sommes tous deux libérés de nos tourments.

La nécromancienne s’élança d’un pas leste et rejoint l’archimage pour lui poser une main amicale sur l’avant-bras.

- Je suppute donc que ces tourments sont aujourd’hui un passé révolu. Je suis heureuse d’apprendre que vous ayez pu surmonter vos épreuves Nakor. Quant aux miennes, il n’y a pas grand-chose à en dire, mis à part que j’ai eu la chance de rencontrer des personnes d’exception qui ont été d’un grand soutien. Sans mon ami Orso et le Haut-Prêtre du culte de Tyra, Ansèlme, je n’aurais très certainement pas pu mener ma tâche à bien. Sachez en tout cas qu’aujourd’hui, les choses sont apaisées et plus sereines.

La daedhelle se fendit d’un sourire, les yeux rieurs, et désigna d’un geste vague le hall de la tour, dans lequel les uns allaient et venaient, vacant à leurs occupations et leurs études.

- Cet endroit ne change jamais dites-moi. Comment se porte l’Aurore ? Et son magistère, qu’a-t-il à dire sur ces dernières années ? Tout va comme vous le souhaitez ?

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MessageSujet: Re: [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor)   [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor) I_icon_minitimeJeu 8 Aoû 2019 - 9:09

La drow avait l'air lumineuse et entendre sa voix fut un soulagement. Ils étaient bien, tous deux, débarrassés de leur malédiction. Une épreuve qu'ils avaient traversé chacun de leur côté mais de manière semblable : en recevant l'aide plus ou moins heureuse d'un autre. Et ils avaient fini par vaincre leur problème ce qui devenait alors une force supplémentaire. Nakor posa sa main par dessus celle de son amie venue du lointain et l'écouta, un grand sourire sur les lèvres. Il gloussa même quand elle parla de ride. A la fin de son intervention elle désigna le grand hall et posa une question très amusante. Le magistère s'avança de quelques pas pour se placer au milieu du hall et répondit avec son espièglerie habituelle

"Il faut croire que j'ai construit cette guilde à mon image!"

Et il se mit à rire avant d'inviter T'sisra à le suivre dans le grand couloir. Il avait finalement envie de prendre un peu d'air, mais souhaitait montrer quelques nouveautés à la drow avant.

"En effet, l'Aurore ne change pas beaucoup. C'est une vieille forteresse et ... je dois bien avouer que j'aime les choses qui durent ... qui perdurent même. Déformation personnelle sans doute! Il n'empêche, il y a six ans, il y avait encore quelques ailes du château qui n'avaient pas été rénovés par manque de finances et de main d'oeuvre. Quelques ennéades après notre dernière rencontre, j'ai obtenu de rencontrer le nouveau roi elfe. Il m'a fallu de longues tractations avec la Haute Prêtresse elfe mais j'ai fini par obtenir gain de cause. La rencontre et la discussion qui en a découlé ont été ... douloureuses. Mais j'ai entendu et je me suis fais un petit peu entendre ... un peu mieux comprendre. Voilà que le symbole maudit sur ma poitrine s'est transformé en cornes de sanglier, un vieux symbole des cités mères du Linoïn. Son effet s'est transformé aussi. Selon le discours que je tiens, les elfes peuvent sentir une forme de nouvel élan, un espoir ... un sourire succinct sur les lèvres. Stupéfiant n'est-ce pas?"

Le mage gloussa un peu avant de s'arrêter devant une bifurcation où deux grands escaliers permettaient de rejoindre l'aile Ouest et l'aile Est du château.

"Cette zone était autrefois interdite d'accès. Le sol des étages menaçait de s'effondrer. Nous les avons rénové et aménagé. Il s'y trouve maintenant deux grands dortoirs, des chambres privés pour nos mages qui montent en grade dans la guilde et surtout, le double de nos bibliothèques principales. J'ai pu faire copier la plupart de nos livres à l'intention de nos jeunes débutants. Ils peuvent donc à loisir travailler ici ou dans la bibliothèque principale. Nous commencions à être à l'étroit. Une fois ma malédiction levée, je suis retourné dans le monde, en quête de nouveaux pratiquants, de nouveaux partenariats. Et si les gens de la Péninsule préfèrent toujours ne pas avoir de mages dans leurs familles, ils ont compris l'utilité dont nous pouvions faire preuve. J'ai pu obtenir de gros contrats d'aide avec certains nobles. Nous avons participé à la construction de navires, aidés dans les champs pour l'irrigation et les grands labours, nous avons même aidés dans la construction de certains châteaux. Notre expertise architecturale s'est améliorée, nous avons recrutés de nouveaux membres encore."

Le mage s'arrêta de marcher lorsqu'ils se trouvaient devant les portes béantes de la bibliothèque Ouest. Ils furent salués par trois humains et deux elfes sylvains en grande discussion avant que Nakor termine

"Je peux donc affirmer qu'aujourd'hui, ma guilde ne survit plus. Elle vit! Il y a encore beaucoup de travail, chaque chose acquise peut ne plus l'être demain. Mais pour le moment, nous allons bien. Et pour tout vous dire, d'ici quelques jours, je vais partir pour le grand nord, je suis convoqué chez mes amis les nains. Par le roi lui-même. Je serai ainsi, secrètement pour le moment, le premier humain à remettre les pieds officiellement chez nos confrères des montagnes. Il faut que je puisse alors convaincre certains runistes de venir chez nous quelques temps. Pour partager encore!"

Nakor souriait tranquillement, comme perdu dans ses rêves d'union populaire dans une magie unifiée et acceptée. Il revint alors sur terre en demandant

"Mais vous T'sisra, comment allez-vous? Qu'avez-vous traversé ces six dernières années? Quels sont vos nouveaux objectifs?"

L'archimage avait réellement envie de savoir ce qu'elle était devenue et quelle suite voulait-elle donner à sa vie.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor)   [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor) I_icon_minitimeJeu 8 Aoû 2019 - 21:45

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T’sisra suivait l’archimage qui n’avait pas résisté à lui faire faire le tour du propriétaire tout en lui expliquant le pourquoi du comment ces choses étaient désormais ainsi.
Ci et là dans les couloirs, il lui semblait reconnaître un ou deux visages. La noirelfe saluait discrètement les mages croisant leur chemin.

- Stupéfiant, en effet. On pourrait presque dire que cette malédiction s’est transformée en bénédiction. Lui accorda la nécromancienne dans un sourire amusé. C’est très bonne chose.

Et Nakor continua de plus belle, faisant l’historique des ailes et des travaux en cours et à venir. Il était plus vieux et parcheminé qu’aucun homme, et pourtant il n'avait de cesse de rêver et avait encore et toujours des projets à concrétiser. Il n’y avait aucun doute sur le fait qu’il ait retrouvé sa joie de vivre.
Réellement intarissable, l’archimage lui faisait part de sa prochaine visite dans les contrée du Zagazorn et son souhait d’en apprendre plus sur les runes, au point d’espérer ramener quelques runistes dans son giron.

- C’est… Amusant. Commença T’sisra avec un léger sourire sur le visage. Après notre dernière rencontre, comme vous vous en doutez j’ai dû me résoudre à arpenter les terres des Hommes. Et, après tout ceci, j’ai continué plus haut vers le Nord, jusque dans les montagnes du Zagazorn.

T’sisra et Nakor revenait lentement mais sûrement dans le hall de la tour principale.

- J’y ai retrouvé mon père, Balir, c’est un nain, et ensemble nous nous sommes lancés dans l’exploration du Septentrion. Évidemment, nous avons dû nous faire discrets avant de les atteindre, mais une fois perdus dans les Hautes-Terres, nous nous sommes pleinement consacrés à notre tâche. Nous avions pour but de retrouver une cité perdue qui n’avait sa place que dans les mythes et légendes naines. Expliqua-t-elle en s’arrêtant au milieu du hall. Et nous l’avons trouvée. Ainsi, j'ai appris à connaître les nains mieux que je n'en avais jamais eue l'occasion. J'en ai rencontrés des dizaines, et parmis eux il y avaient des runistes. Alors... Quant à votre volonté de faire venir des ne serait-ce que quelques uns d'entre eux jusqu’ici, j’ai peur de vous décevoir, mais je ne suis pas certaine que cela soit vu d’un très bon œil, tant le secret autour des runes est un élément majeur de leur culture. D’autant que la perte de Kirgan, et vous le savez comme moi, a été un coup dur pour les runistes et par extension pour tout le peuple daw. Enfin... Nous verrons bien.

La daedhelle s’approcha de Nakor et baissa d’un ton pour ne pas être entendu d’autres mages.

- Pourrions-nous discuter un endroit plus calme ? Il y a certaines choses qui m’amènent et que je préfère ne pas dire tout haut.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor)   [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor) I_icon_minitimeVen 9 Aoû 2019 - 17:01

Ils discutait tranquillement et comme toujours Nakor était prolixe là où la drow écoutait avec gentillesse et un réel sourire sur les lèvres. Mais voilà que le vieillard avait assez parlé pour répondre à la simple question de son amie. C'était à son tour et elle enchaîna sur la remarque à propos des nains. Ils se rapprochaient doucement du grand hall d'accueil. Elle lâcha alors, là, comme ça, sans crier gare, une vraie bombe que Nakor ne pouvait retenir pas plus d'une demi milliseconde. Le père de T'sisra était un nain! Le Magistère s'exclama avec une surprise sans borne dans les yeux et la voix

"Quoiiiiiii!!!!????"

Mais il fut étonné lui-même par l'amplitude de sa voix et de la résonance contre les murs au point qu'il s'affaissa un peu sur lui en regardant dans toutes les directions comme un espion qui aurait peur de se faire prendre. Heureusement les quelques mages de passage étaient un peu loin et seuls quelques visages se tournèrent sans avoir compris ni ce qu'avait dit la drow, ni ce qu'avait dit leur maître. Nakor s'excusa d'un geste de la main et la discussion continua. A la deuxième révélation, ils étaient au beau milieu du hall et le mage s'exclama seulement dans sa barbe d'une voix quasi inaudible

"Quoi?!"

Une cité secrète! Cette femme était un sacré personnage, elle avait toujours des révélations ou des informations stupéfiantes à donner. Elle parla des runistes mais cela s'avérait inutile, Nakor était pleinement au courant et ce, depuis de nombreuses années. Elle demanda alors à s'isoler ... avait-elle des choses encore plus surprenantes à dire. Le vieillard allait défaillir si cela continuait. Prenant un air tout à fait innocent et naïf, il parla franc

"Ho ... mais je crois ne pas vous avoir encore montré mon bureau! Venez donc, il n'est qu'à quelques centaines de marches d'ici. Venez, venez."

Et le mage sautilla de plaisir, un grand sourire sur les lèvres. En devançant largement T'sisra, il commença à parler en disparaissant dans les escaliers.

"Les marches sont d'origines, elles sont un des trésors d'architecture de l'Aurore! Elles sont parfaitement régulières et ne coupent pas la vitesse de marche, ni en montée ni en descente. Voyez ces roches claires et fraîches, elles ont sans doute été charriées de la mer au pied du château, un travail d'excavation et de taille formidable. Admirez donc, on les croirait fraîchement posées. Stupéfiant hein. Ha, nous voilà au milieu de la montée! Attention, ici il y a des irrégularités sur les murs si vous vous appuyez dessus. Et voyez ... cela ne résonne quasiment pas! N'est-ce pas formidable. Je pourrai en parler des heures durant."

Nakor gloussait tout en parlant et sans perdre un seul instant sa respiration. Comme si monter ces innombrables marches n'était pas fatiguant. Une endurance notable pour la momie presque millénaire qu'il était. Enfin, ils arrivèrent devant le bureau du mage, une puissante porte en bois massif, irradiant de magie et sur les ordres du Magistère, celle-ci s'ouvrit pour laisser les deux entrer. Il invita d'un geste à prendre place dans un siège confortable, se posa tranquille dans son vieux fauteuil et mis sa main droite sur la théière posée là, sur son bureau lourdement chargé de documents. Des contrats, des promesses de vente, des reconnaissances de dettes, des tenues de compte, des rapport de leçon de magie, les progrès des mages et d'autres parchemins multiples et variées. Contre les murs des armoires en verre, certaines contenant des artéfacts étranges, d'autres des livres, d'autres des cartes. Comme par magie, de la fumée se mit à jaillir de la théière et de proposer dans la foulée

"Une tasse de thé?"

Attendant la réponse, il s'en servit une pour lui et se permit de retrouver convenance.

"Je suis très étonné par ce que vous venez de me dire en bas. Votre père est un nain! Voilà une union rare et qui explique bien des choses sur votre personnalité ma chère. Je suis heureux pour vous ... avoir pu recréer ce lien père-fille n'est pas rien! Mais plus surprenant encore ... une quête d'une cité perdue. De quelle légende s'agissait-il? Et cette cité ... était-ce une cité habité, renfermant des secrets à oublier ... et ... "

Puis Nakor souffla longuement et s'excusa

"Pardon ... je vous harcèle de question. Vous connaissez ma curiosité naturelle qui n'a jamais mauvais fond. Je vous écoute avec attention mon amie."

Et le mage but une longue gorgée de thé comme pour se calmer. De nouvelles informations, venues de contrées lointaines ... il n'en fallait pas plus pour que le vieux fou ne tienne plus en place. Des habitudes acquises sur des centaines et des centaines d'années ne se perdaient malheureusement pas comme ça. A une époque, il aurait continué de poser une douzaine de question avant de s'arrêter. C'était déjà un net progrès.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor)   [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor) I_icon_minitimeSam 10 Aoû 2019 - 23:57

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La noirelfe grimpait les marches de la tour en suivant l’archimage de près, quand bien même on ne voyait pas la fin de l'escalier, la combattante qu’elle était ne se laissait pas distancer. Et dans le même temps qu’elle l’écoutait, la noiraude souriait ne pouvant s’empêcher de revoir encore et encore la réaction de Nakor. S’il avait dû être un espion, il aurait très certainement été le plus mauvais d’entre tous. Ce vieil excentrique avait l’humeur versatile et des réactions parfois aussi étranges que disproportionnées.

En pénétrant les quartiers de l’archimage, les yeux de la noiraude s’étaient perdus sur les myriades de vélins et des livres entreposés, ou simplement étalés ci et là, puis, après qu’on l’ait invitée à le faire, elle prit place sur la chaise face au bureau. Acceptant avec amabilité le thé que Nakor servait, elle entendait son étonnement quant à sa parenté et encore plus lorsque cela concernait la cité perdue.

- Nous n’avons pas « recréé » de lien. Commença T’sisra en secouant doucement la tête. Je l’ai toujours connu, mon géniteur l’avait acheté alors que je n’étais qu’un nourrisson. Et en tant que nain, il avait pour tâche de s’occuper des armes et armures du domaine. Elle marqua une courte pause pour humer les vapeurs de son thé. Amandes ? Amandes. Et… En parlant d’armes, c’est aussi lui qui m’a forgée la mienne et il n’en existe aucun autre exemplaire.

La daedhel reposa sa tasse sur le bureau, avec une infime précaution par peur d’abimer un des rouleaux de vélin. De l’une de ses mains saisit le fourreau, de l’autre la poignée de l’arme, pour la tirer de quelques centimètres et révéler sa lame noire.

- Elle est parfaitement équilibrée. Quatre-vingt-dix centimètres de lame et quatre-vingt onze pour la hampe. On pourrait la catégoriser comme une arme d’hast, cependant elle se manie comme une épée. Conclut-elle renfonçant complètement la lame dans son fourreau. Étant unique en son genre, c'est donc une arme plus que très peu conventionnelle et cela à tendance à surprendre l'adversaire.

La noirelfe se fendit d’un sourire, et c’est les yeux rieurs qu’elle reprit.

- Mais revenons-en à vos interrogations. Tout ce que je puis vous dire, c’est que la Légende après laquelle nous nous sommes lancés était celle de Molgrunn. Un thane disparu durant le quatrième cycle, après la chute d’Ankorong. Alors non, la cité n’était pas habitée. Enfin… Elle l’était par une immonde créature que je ne saurais qualifier… La noirelfe se tapotait le menton de l’index en cherchant un qualificatif adéquat. Un démon des anciens temps, un reliquat des légendes passées. Elle a bien failli avoir raison de moi d’ailleurs. Et quant au reste, il ne m’appartient pas d’en faire étalage. Conclut-elle dans un sourire désolé.

La daedhelle se pencha légèrement vers l’avant, plongeant son regard dans celui de l’ancien, son sourire désolé devint alors malicieux.

- Mais vous vous doutez très certainement que je ne suis pas venue ici uniquement pour vous raconter mes aventures. Je suis à la recherche de réponses. Des réponses très certainement aussi vieille que vous l’êtes, voire plus.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor)   [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor) I_icon_minitimeDim 11 Aoû 2019 - 21:58

La drow semblait avoir jeté plus qu'un oeil à la pièce, c'était après tout l'antre du vieux Nakor, ce qui n'était pas rien. Ce dernier acquiesça, sa tasse entre ses mains, quand elle demanda le parfum du thé et glissa en hochant la tête

"Les meilleurs. De Daranovar! Torréfiés ici même."

T'sisra parla ensuite plus précisément de son lien avec le dawi dénommé Balir et elle montra la magnifique lame de son arme étrange. Le vieux sorcier déposa sa tasse sur une pile bancale de livres et approcha son visage. La lame semblait fine et extrêmement aiguisé tout en étant, il n'en doutait pas une seule seconde, d'une solidité incomparable.

"C'est une oeuvre d'art. Un sacré beau cadeau et ... qui vous ressemble! A être unique, arme unique aussi n'est-ce pas."

Nakor gloussa quelques secondes en reprenant sa tasse de thé qui n'avait miraculeusement pas perdu une seule goutte et écouta la suite des explications de son amie. La cité perdue datait donc d'un très vieux récit nain qui était, au fil des siècles devenu ni plus ni moins qu'un mythe quasiment totalement disparu. Mais une fois de plus, la jeune drow n'avait pas conscience que, lorsque l'on accumulait certains mots dans une même phrase, on pouvait faire exploser le Magistère assez vite et facilement, autant de fois que voulu. Elle parlait d'une cité secrète et oubliée, d'un horrible monstre qu'elle avait affronté et vaincu dans les profondeurs du monde et de secrets qu'elle ne pouvait pas révéler. Et pour couronner le tout, elle avait des questions sur quelque chose d'aussi vieux que le sorcier, si ce n'est plus! Nakor cracha tout le thé qu'il avait dans la bouche. Il eut heureusement le réflexe de tourner la tête avant. Ainsi, rien ne toucha T'sisra et aucun de ses parchemins non plus.

"Un démon des anciens temps dans une cité mythique perdu au coeur de la montagne! Mais c'est complètement fou!"

Nakor posa sa tasse désormais vide sur la table et continua, un peu plus calme et comme s'il était tout à fait normal d'avoir des changements d'humeurs aussi vifs et répétitifs.

"Cela fait plus de deux cent cinquante ans que je le martèle aux nains : ils creusent trop profondément dans la montagne. Personne ne sait quelles monstruosités se cachent dans le coeur du monde. Je suis heureux que vous soyez sauve mais vous vous êtes lancés dans une mission extrêmement dangereuse. J'ai toujours crains que ce genre d'excavation ramène à la surface une horreur que les nains ne parviendraient pas à contenir. C'est un peuple très puissant, fier et fort ... mais personne dans ce monde n'est invincible ... non personne!"

Nakor prit une longue respiration et souffla afin d'apaiser son rythme cardiaque. En réalité, c'était tout simplement une immense inquiétude, d'abord pour T'sisra qu'il avait appris à apprécier réellement. Ainsi, de savoir qu'elle s'était mise à ce point en danger l'avait frappé à vif. Et ensuite une inquiétude pour le monde de manière plus large. Aller fouiller trop loin dans les entrailles de la terre pouvait un jour, réveiller un fléau trop puissant pour être vaincu sans perte de vie massive. De quoi glacer les sangs du vieux papy gâteau! Enfin, d'un regard qui en disait long, il sembla tout de même très intéressé par ce qu'elle avait à demander, un regard de grand curieux invétéré qui ne pouvait résister longtemps, ni aux mystères ni aux réponses qui allaient avec.

"Pardon ... je m'emporte mais ... vous ne me ménagez pas T'sisra, ça non! Je suis un très vieil homme qui s'inquiète pour les gens qu'il apprécie ... voilà tout. Et maintenant, vous me dites que vous cherchez des réponses sur des choses qui sont au moins aussi anciennes que moi?"

Nakor se renfonça au fond de son siège, l'air songeur, tout à fait calme et beaucoup plus sérieux qu'il ne l'avait été jusque là.

"Vous ne viendriez pas jusqu'ici pour une histoire qui pourrait se régler facilement n'est-ce pas? Un problème qui vous touche personnellement? Un mystère qui vous mettra face au danger? Je vous écoute T'sisra en espérant pouvoir vous apporter des réponses."

Le moment était étrange, chacun jouant de ses effets. De quoi diantre allait-elle lui parler? Il restait calme et sérieux pour surtout, rester maître de ses émotions ce qui changerait un peu depuis l'arrivée de la drow à l'Aurore, ce jour.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor)   [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor) I_icon_minitimeMar 13 Aoû 2019 - 14:54

Été, Panahos, quatrième ennéade de Karfias, an dix-sept, onzième cycle.


La noirelfe retint un rire en l’entendant parler de la folie de nains quant aux galeries et aux profondeurs. Afin de le rassurer, elle glissa un petit mot à ce sujet.

- Je ne saurais dire si elle venait des profondeurs, peut-être a-t-elle toujours été là, tapie dans le Nord du monde connu ? Qui sait ?

Concluant d’un haussement d’épaules, Nakor en venait au sujet qui les intéressait désormais tous les deux, puisque la daedhelle était parvenue à piquer sa curiosité.

- Effectivement, si je suis venue c’est bien parce que vous êtes sans doute le seul à pouvoir me renseigner. Le ton de la noirelfe était devenu beaucoup plus sérieux, tout comme l’air qu’elle affichait. Lorsque nous sommes revenus des Portes de la Mort, il y a six ans, nous n’étions plus que quatre. Et là-bas, lorsque le rituel a été accompli, il s’est passé quelque chose d’étrange et d'inexpliqué. Elle marqua une pause, jetant un œil derrière elle comme pour vérifier que la porte était bien fermée. Il y a bien des choses dont je ne sais rien, et ce que j’ai vu et ressenti je ne parviens pas à l’expliquer. Lorsque que Grimeldha, c’est une naine, et moi-même avons soigné la missédoise, je l’ai sentie. Je l’ai sentie exactement comme lors de la nuit que nous avons passée ici, il y a six ans.

La noirelfe s’était penchée vers le bureau. Son air grave présageait de sombres nouvelles. Elle se demandait si l'archimage allait faire une descente d'organe, auquel cas, elle ne serait pas particulièrement surprise.

- Une force qui se manifeste lorsque l’on utilise la magie sur elle, ou qu’elle l’utilise sur nous. C’est presque une conscience, tapie dans l’ombre, toujours proche et pourtant hors de portée. Elle semble fonctionner exactement comme votre ombre qui jamais ne vous quitte, qui s’étend et se rapetisse selon votre position par rapport à celle du Soleil. Aussi, quand tout est parti à vau-l’eau, sa peau s’est encrée de symboles inconnus qui se sont estompés très rapidement.

T’sisra se pencha sur son sac, fouillant dedans pour en tirer son épais grimoire dont la couverture était, il fallait bien l’avouer, en piteux état. Ce bouquin avait parcouru le monde avec sa porteuse, de long en large et en travers. Il avait souffert des intempéries, de l’humidité et de la chaleur. Pourtant, malgré toutes ces péripéties, il était encore là, en un seul morceau.

- J’ai mis des années avant de d’avoir l’occasion de faire le rapprochement. Je peux me tromper, mais… La noirelfe ouvrit son grimoire par la fin, sur ces pages où elle avait pu copier quelques bribes de langages nisétien. J’ai l’impression que ça y ressemble. Je suis donc venue vous demander ce que vous savez de la magie nisétienne, tant cette magie est particulière, comment s’en protège-t-on ? Comment la combattre ? J’imagine qu’il me faudra étudier la langue, et à part quelques ouvrages trop récents malgré leur ancienneté, je n’ai rien trouvé de concluant.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor)   [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor) I_icon_minitimeMar 13 Aoû 2019 - 21:25

Nakor commença par froncer un sourcil. En effet, la drow devant lui était devenu bien plus sérieuse, elle parlait bas, se retournait souvent et semblait inquiète. Elle enchaîna ensuite les révélations sans que le Magistère ne la quitte des yeux. Ainsi donc, ce qu'il craignait depuis le départ prenait une forme plus horrible que celle à laquelle il avait pensé. Cela avait-il était un pressentiment issu de se son lointain passé? Un simple rejet par manque de sympathie qui, par pur hasard, trouvait une résonance ici. T'sisra parla d'effet retour lors de l'utilisation de la magie et de symbole qui apparaissaient. Sans pouvoir s'en empêcher, Nakor aussi fit tourner ses yeux autours de la pièce, dirigeant tout à la fin son regard sur une armoire en particulier puis sur son cher vieux bâton. Il ne craignait en rien qu'on l'entende ou que quelqu'un entre ... il craignait autre chose. De manière extrêmement étonnante, il n'y avait eu aucun bondissement, aucun saut d'humeur, aucun hurlement. La chose était trop sérieuse, trop dangereuse pour que Nakor se laisse emporter par les petites émotions dont il aimait faire usage pour entretenir sa réputation de vieux fou. C'était ainsi, une des rares fois où il investissait pleinement et totalement son rôle d'archimage. Une aura spéciale émanait alors du maître de la guilde, où jouaient en même temps son long et antique savoir et sa puissance magique inégalée chez les humains. Et voilà que la drow sortait de ses affaires, un très vieux grimoire pour en montrer quelques passages au magicien. Elle posa sa dernière question et un très lourd silence s'imposa dans la pièce. Le vieil homme avait ses yeux plantés dans ceux de T'sisra. Comme s'il hésitait à répondre, comme s'il réfléchissait déjà à chacun des mots qu'il allait prononcer afin de ne pas trop en dire, afin de ne pas mettre en danger sa jeune amie. Etait-il en train de la jauger? De mesurer jusqu'où elle pouvait se lancer dans une quête folle et presque perdue d'avance. Le temps s'étira au point que son interlocutrice aurait pu douter que Nakor avait entendu. Et juste avant qu'elle ne reprenne la parole, il se décida enfin, d'une voix bien plus grave qu'à l'accoutumé, là, en regardant les pages du grimoire devant lui.

"C'est bien du nisétien ... et si les symboles qui apparaissent sur le corps de cette femme sont identiques alors ... vous avez raison de vous inquiéter pour elle."

Il regarda encore étrangement T'sisra avant de se lancer.

"La magie nisétienne tient autant du mythe que l'histoire passée de cette partie de Miradelphia. Heureusement ou malheureusement pour nous, bien peu d'informations claires sont parvenues à nos civilisations actuelles. Lorsque je suis venu au monde, l'empire dragon n'était plus que l'ombre de lui-même et les grandes découvertes, les grands sorciers de Nisetis avaient déjà sombrés dans la folie et l'oublie. La grandeur des empereurs dragons ne tenait plus à grand chose et bientôt, la force des drows et des troupes de Tebirahc vinrent à bout de ce qui est aujourd'hui, un champ de ruine dangereux."

Nakor se leva lourdement, comme si ses six cents trente huit ans l'avaient rattrapé. Il ouvrit en grand la fenêtre afin que de l'air frais vienne purifier la pièce, comme pour faire disparaître au plus vite, ce qui allait être évoqué. Il alla jusqu'à une de ses armoires et fit quelques signes étranges avec ses mains avant que l'une des portes puisse coulisser. Il en sorti un vieux grimoire assez épais et revint à son bureau. Il laissa le livre fermé dans sa main gauche et le garda contre lui. Sa main droite se posa sur son vieux bâton et il accepta afin de révéler quelques secrets.

"Je ne peux pas vous dire grand chose de très précis et concret sur la magie nisétienne T'sisra, cependant je connais quelques informations ... des informations oubliées de tous. La magie qui vous intéresse n'était pas si différente de la notre aujourd'hui. Par contre, ils faisaient sans doute beaucoup plus appel aux artéfacts que de nos jours. Ils étaient des créateurs de sortilèges capables de se figer dans les objets pour de très nombreuses années. Les symboles nisétiens avaient certains pouvoirs ... les graver pouvait donner une capacité à des objets qui avaient subit un rituel particulier. Je crois, pour le peu que j'en sais ... mais ce n’est que mon avis … je crois que les sorciers de Nisetis étaient en quête d'une source infinie de pouvoir ... d'une source qui ne pouvait se tarir, qui perdurerait au fil des siècles. Mais ils ont été trop loin dans leur quête. Les sortilèges qu'ils ont mis en place, se sont retournés contre leurs créateurs. Et ils ont tous fini par sombrer dans la folie. Si l'ordre des mages de Nisetis a disparu au fil des siècles, c'est qu'il a dépassé certaines limites que le peuple, comme l'empereur dragon, n'ont pu accepter. Devenant sans doute une menace trop grande ... ils ont peut-être été pourchassés, tués ... ou que sais-je encore."

Nakor frissonna en imaginant une colossale chasse aux sorcières où les dragons et les armées luttaient avec férocité et monstruosité contre ceux qui les avaient soutenus, défendus, aidés dans leur développement. Mais ils avaient été trop gourmands sans doute. La magie avait un cruel revers cela semblait évident à l'archimage mais un excès de pouvoir menait souvent à l'envie d'en posséder encore plus. C'était dans le sang des sorciers. Ils étaient par nature curieux et souhaitait toujours en savoir plus.

"Je ne fais qu'émettre des hypothèses mêlées aux histoires que l'on me racontait petit ainsi que ce que j'ai pu décrypter dans les tunnels antiques de la cité en ruine de Nisetis. Enfin ... j'ai tout de même quelques arguments pour étayer mes hypothèses. En premier lieu, la curiosité infini qui frappe tout sorcier qui, au fil de son apprentissage, gagne en pouvoir. On souhaite toujours en savoir plus et ... il faut beaucoup de sagesse pour appréhender l'approche de limites qu'il ne faut pas dépasser, ni même approcher d'ailleurs. Et ... j'ai ceci!"

Et enfin, Nakor psalmodia quelques mots en nisétien ancien. Sans crier gare, sans attendre, le bâton magique s'activa en se couvrant de symboles nisétien puis le Magistère disparu entièrement sans laisser de trace. Il n'y avait plus aucun bruit, plus aucune odeur et plus aucune couleur provenant de Nakor. Il avait disparu. Et même la drow au regard, aux oreilles et au flair perçant ne pouvait capter quoi que ce soit. Comme si la vieille barbe n'existait plus. Puis il réapparu en coupant le sortilège.

"Ce bâton est un artefact ancien de Nisetis, que j'ai trouvé dans le tombeau d'un ancien empereur-mage de la cité dragon. Lorsque j'active ses trois mots de pouvoir, il me fait disparaître entièrement aux yeux du monde, il étouffe le moindre bruit que je peux émettre et aspire toute odeur émanant de ma personne. Pour se cacher ou prendre par surprise ... on ne peut imaginer mieux n'est-ce pas? Même un elfe se fait avoir. Un magicien attentif pourra ressentir une forme de pouvoir certes mais elle est facile à brouiller en amplifiant son aura suffisamment largement pour qu'on ne puisse en découvrir le centre. Ce sortilège est un sort de protection, il ne perturbe donc en rien son utilisateur. Par contre, j'imagine qu'ils ont aussi crée des sortilèges d'attaques ou de riposte. Si des symboles nisétiens apparaissent sur la jeune missédoise, on peut alors craindre un vieux sort ou un artéfact entré en sa possession qui agit sur elle ... sur son esprit peut-être. Qui la pousse à se comporter de sorte à survivre à certaines situations ou ... à obtenir quelque chose qu'elle désire secrètement ... les hypothèses sont multiples et le panel des possibles et quasiment infini T'sisra."

Il n'avait jamais parlait de tout ça, à personne. Il était l'un des rares experts de la magie de Nisetis sur Miradelphia. Mais en réalité, il ne savait presque rien. C'était dire le niveau de connaissance des gens sur cette antique civilisation, très secrète et oubliée de tous. Il émettait donc beaucoup d'hypothèses mais en combinant des brides infimes de savoir à ce que la magie était actuellement. Il lâcha son bâton et posa alors lourdement le grimoire sur son bureau.

"Ainsi, il faudrait d'abord vous assurez que les symboles qui couvrent cette pauvre folle sont bien nisétiens. Leur signification pourrait nous aiguiller sur ce qu'elle subit ou effectue inconsciemment ... en somme ... sur le but premier du sortilège. Mon bâton par exemple, est recouvert de trois mots qui se traduisent par "disparition" pour le premier, "complet" ou "total" pour le deuxième et enfin "monde" pour le dernier. Et son effet colle à ces trois symboles dans un certain sens. Il vous faudrait donc apprendre des rudiments de nisétien. Voilà les chroniques d'Arsanne IV, seigneur dragon du cinquième cycle. Ce livre raconte les manigances d'un homme de pouvoir qui arracha la couronne non pas par la force, non pas par la bataille ... non ... il parvint à obtenir le pouvoir par la ruse, la trahison, les poisons et j'en passe. J'ai passé de très nombreuses années à traduire cette longue histoire. Elle donne quelques indications chronologiques mais sur une courte période. Arsanne IV n'était pas un utilisateur de la magie, il craignait que les sorciers prennent ensuite le pouvoir à sa place. Si vous êtes assez assidue, ce livre vous permettra d'apprendre les bases du nisétien. L'histoire est écrite dans les deux langues. En nisétien d'abord puis sur les vélins plus récents, mon écriture qui traduit en langue humaine, l'intégralité du récit. C'est l'original, j'y tiens! Je vous le laisse donc pour le temps qui vous sera nécessaire."

Et le vieil homme se tourna pour observer la nature dehors, par sa fenêtre et le ciel recouvert de quelques nuages. Sans regarder T'sisra, il ajouta pour finir

"Vous risquez de vous lancer dans une quête irréalisable. Et pour vous et pour vos capacités. La magie nisétienne, sous cette forme est difficile à combattre. Il n'y a pas de contre sort évident ... les effets sont souvent directs, vifs et semblent cibler un objet précis. Si, en usant de contre sort, l'utilisateur est mis en danger, cela pourrait se retourner contre lui ... méfiez vous donc que le remède ne soit pas pire que la maladie."

La sentence finale était lourde à entendre. Et Nakor avait tellement parlé que T'sisra aurait sans doute de nombreuses questions. Il avait, tout le long de son discours, répété à de nombreuses reprises que ce n'était qu'hypothèses, théories et que c'était son avis personnel. Il ne prétendait pas tenir la vérité, mais craignait de simplement en approcher. Il avait, après tout, passé prés d'un siècles dans les tunnels secrets et les tombeaux de Nisetis, puis avait vécu plus de quatre cent ans dans les ruines lorsqu'il n'était pas en route au travers du monde. Il était donc comme rempli de Nisetis, de son atmosphère, de ses vestiges et peut-être donc un peu, de son lointain passé.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor)   [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor) I_icon_minitimeMer 14 Aoû 2019 - 12:37

Été, Panahos, quatrième ennéade de Karfias, an dix-sept, onzième cycle.


À bien y réfléchir, la noirelfe aurait préféré voir l’archimage devenir tout rouge et fumer par les oreilles, l’entendre vociférer en frappant des deux poings son bureau et l’écouter proférer des grossièretés à propos de ces histoires à dormir debout.
Cependant, rien de tout cela ne se produisit. Non, car cette fois l’archimage s’était mué d’un sérieux sans précédent. Pour la noirelfe, sa réaction était on peut plus inquiétante, aussi elle écouta religieusement ce qu’il avait à dire, et sans l’interrompre. Enfin… Jusqu’à ce que le vieux grigou s’amuse avec son bâton. À ce moment-là T’sisra s’était redressé dans sa chaise et sa mâchoire s’en était décrochée. L’explication quant au fonctionnement du bâton semblait si simple, peut-être trop. Et pourtant, elle n’était qu’à moitié étonnée.

Et le pire s’apprêtait encore à venir. Alors que des questions semblaient lui venir aux lèvres et que des théories se formaient dans son esprit, Nakor qui, observant calmement la nature au dehors, venait de lui infliger le coup de grâce.
Les épaules de la nécromancienne retombèrent, le dépit l’enfonça dans sa chaise, le bras appuyé sur l’accoudoir, sa main vint bien vite rejoindre son front ayant déjà parcouru la moitié du chemin. Et si, comme le disait le vieil homme, le remède était pire que la maladie ? Et s’il n’y avait déjà plus rien à faire ?

- Personne ne pénètre si facilement dans les ruines de Nisétis. Souffla-t-elle en se redressant sur sa chaise. Surtout de nos jours. Alors, Nakor, ce que vous venez de me dire, combien sont au courant ?

La noirelfe posait la question car elle avait un sentiment étrange, une intuition au plus profond d’elle. Un frisson lui avait parcouru la nuque alors qu’elle emboîtait les pièces d’une théorie fumeuse mais terrifiante.

- Ce que vous me dites de la magie nisétienne… Je peux me tromper, évidemment, mais cela fait écho au Façonnage. Commença par expliquer la noirelfe. Vous savez, cette magie dite « persistante » qui fait usage de gemmes et de joyaux pour y enfermer des sortilèges. En sachant ce que les sorciers nisétiens fabriquaient, et en voyant votre bâton par exemple, je me demande à quel point le Façonnage que l’on connait aujourd’hui n’est pas que le dérivé d’un ersatz de cet art oublié des Grands Sorciers de l'Empire Dragon ?

La noiraude posa la main sur le très ancien livre que Nakor se proposait de lui prêter. Si le Façonnage n’est qu’un héritage dévoyé et misérable des Grands Sorciers, alors ce qu’ils pouvaient faire eux, en leur temps, devait être exceptionnel. Et l’idée lui était ainsi venue, sans doute que la nécromancie dans laquelle la drow avait baigné toute sa vie facilitait ce genre de théorie, cependant l’interrogation était là.

- Vous avez évoqué l’hypothèse que l’ordre des Grands Sorciers nisétiens ait été réduit à néant par leur propre peuple. S’ils avaient fini par sombrer dans la démence et la folie, c’est on peut plus envisageable qu’ils aient été pourchassé et tué. Elle marqua une pause et leva les yeux vers Nakor qui emplissait ses poumons d’air frais à la fenêtre. Et si certains de ces Grands Sorciers, qu’on a stupidement cru mort, étaient en réalité devenus autre chose ? Croyez-vous qu’il soit possible que les plus grands façonneurs de ces temps anciens aient pu enfermer leur âme, ou bien un fragment de leur âme, dans un objet inanimé ? Cela va à l’encontre de ce qu’on sait en théorie, mais si l’on peut enfermer un sort dans une gemme, pourquoi n’auraient-ils pas pu enfermer une âme ou un fragment de celle-ci dans un objet inanimé ayant subi un rituel permettant à ce dernier de venir un réceptacle ?

La noirelfe se posait réellement la question. Cette sensation, elle ne l’oublierait jamais, elle avait senti cette magie par deux fois, une ombre presque consciente qui lui avait semblé « savoir » ce qu’elle faisait. Aussi, l’idée qu’il s’agisse d’une âme ou d’un fragment d’âme ayant appartenu à un sorcier de l’ancien temps ne lui paraissait plus si stupide que cela.

- Et avant toute chose. Je peux comprendre que la magie nisétienne soit considérée comme étant dangereuse et impie, mais je refuse de croire que le remède soit pire que la maladie. Appelez-ça de la candeur ou de la naïveté si ça vous chante, mais je pense que les nisétiens qui ont lutté contre les Grands Sorciers et leur démence, ont certainement dû compter parmi eux des gens de bien. Affirma la daedhelle qui ne pouvait se résoudre à baisser les bras aussi facilement. Regardez votre bâton, n’est-il pas la preuve qu’il existe des artefacts de cette époque qui ne soient pas corrupteurs ou empreint de malévolence ? Tout à un pendant, le courage n’existe que parce que la peur aussi, tout comme la vie et la mort sont indissociables et se permettent intrinsèquement, l’une et l’autre, d’exister. Il doit en aller de même pour la magie nisétienne, alors je pense, en tout cas j’ai envie d’y croire, qu’il reste encore des savoirs qui permettront de lutter contre ce qu’ils ont créé de plus mauvais.

Son regard revint à la couverture du livre et passa sur le bâton posé contre le bureau. Avait-il la même empreinte magique que ce qu’elle avait senti ? Probablement.

- Ce qui m'amène à ceci. Nakor, je suis… Rouge de honte de vous demander cela mais… Puis-je prendre votre bâton en main ?

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MessageSujet: Re: [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor)   [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor) I_icon_minitimeMer 14 Aoû 2019 - 21:31

Voilà que pour une fois, la jeune drow eu le souffle coupé et montra ouvertement son étonnement devant le petit tour de passe-passe de Nakor et de son bâton. Elle dont la langue était généralement bien pendue, n'avait émit le moindre commentaire. Cela donna l'occasion à Nakor de continuer ses longues explications. T'sisra était très clairement à l'écoute, profondément, avec attention et ne remettait rien en doute. Elle semblait même un peu étonnée d'en apprendre autant. Un silence pesant qui laissa le temps à chacun de se remettre de ses émotions puis la discussion pu reprendre. La nécromancienne s'intéressait d'abord au nombre. En se retournant vers elle, l'archimage fit une moue dubitative avant de répondre

"Je suis peut-être bien le seul homme en connaissance d'autant d'informations sur Nisetis. Les drows n'ont pas fait les choses à moitié sous les ordres de Tebirahc. La civilisation nisétienne a été annihilée totalement. Toute la cité a été dévastée, détruite par le feu et la guerre. Les ouvrages précieux qui auraient sans doute pu contenir les réponses à nos questions ont brûlé ... si tenté qu'il en restait sur cette forme de magie déjà rejetée par le peuple nisétien lui-même. Un peuple conquit et si terriblement vaincu est un peuple faible pour votre race. Et, rien de bon n'est à apprendre d'un peuple faible. Mon amie Y'Shahinn l'ancienne prime sorcière a pu me le confirmer : d'aussi loin qu'elle se souvenait, personne dans le Puys ne parlait nisétien et aucun livre n'a été conservé des différents pillages. Quand aux autres races, Nisetis n'échangeait rien avec l'extérieur. Ni avec les elfes, ni avec les humains ... "

Il y avait eu une hésitation dans le ton de Nakor depuis le début. Mais il n'en dit pas plus. Et sa compagne prit la suite. Si elle faisait suffisamment attention, elle percevrait un léger tremblement dans les mains de l'archimage. Comme si l'âge finissait par le rattraper finalement. Son visage se fermait lentement, le contour ridé de ses yeux ne montrant plus aucune forme de joie ou de sérénité, le regard plongé vers l'intérieur de lui-même.

"Le façonnage n'est qu'un faible héritage des tentatives folles des sorciers de Nisetis T'sisra et ... j'ai passé ma vie à craindre ce que vous évoquez. Durant des siècles, j'ai cherché sans relâche la trace d'artéfacts dont émanerait une forme odieuse et délirante de magie antique. Oui ... c'est une terrible possibilité. Mais je n'ose imaginer ce qu'un sorcier de Nisetis aurait dû faire pour séparer son âme en plusieurs morceaux et en insuffler une partie dans un artéfact. Des sacrifices sanguinaires, une folie interne réelle et pure, profonde ... et une immonde envie de perdurer par delà les âges en faisant fi de tout le reste."

Puis il parvint à planter son regard dans celui de la drow

"Et pour tout vous dire ... depuis le début, c'est exactement ce à quoi je pense lorsque vous me parlez de Cécilie et de son comportement. De ce qu'elle a fait, de ce qu'elle a entreprit de faire et de ce qu'elle a sans doute fait ensuite."

Voilà, la bombe était lâchée. Cela collait horriblement à toutes les descriptions et ce qu'il pouvait imaginer d'un tel objet maudit. Si cette magie avait véritablement existé, alors oui, il était bon pour le monde qu'elle ait totalement disparu. Cependant, si c'était ce qui frappait la folle de Missède, cela signifiait que justement, la disparition n'était totale. Ainsi, ce qui aurait dû être oublié ne l'était peut-être pas entièrement. Nakor n'avait pas voulu parler de cela. Comme si les mots prononcés à voix haute pouvaient donner matière et substance à une telle folie. Il n'avait pas voulu non plus alarmer trop fortement la drow. Cette dernière termina en parlant du bâton de Nakor, de possibilité et de sorciers qui, en leur temps, avaient du lutter contre tout cela. Elle ne percevait alors peut-être pas la portée de tout ce qui venait de se dire dans cette pièce. Les sorciers nisétiens étaient peut-être tous mort de cette confrontation. Mais, sans avoir le temps de longuement y réfléchir pour lui répondre, elle posa une question absolument inattendue.

"Quoi!?"

Nakor était tout étonné et eu un petit hoquet de surprise. Il la regarda d'abord, puis posa les yeux sur son ancien compère de voyage et revint à T'sisra. Il ne tremblait plus et semblait être redevenu le vieux fou habituel

"C'est-à-dire que ... et bien ... c'est un peu inhabituel. Je crois que personne d'autre que moi n'a posé ses mains dessus depuis au moins cinq cent ans."

C'était oublier tous les enfants qui, jouant avec le vieux bougre, avaient touché son bâton en tournant autour de lui pour le faire virer bourrique, que ce soit en traversant des villages ou lorsqu'il était le directeur de l'orphelinat royal de Diantra. En tout cas, une chose était certaine : il était le seul en ce monde à savoir activer le sortilège et le seul a s'en être servi sur ces cinq derniers siècles. Il hésitait donc à révéler son secret de fonctionnement. Comment fallait-il faire circuler son énergie arcanique, quels mots prononcer, avec quelle accentuation et dans quel ordre. Il se décida donc enfin.

"Vous comprendrez que, tout comme vous, il y a certaines choses que je préfère garder pour moi. Prenez le donc quelques instants mais ce que vous cherchez ne s'y trouve pas. Je ne vous dirai cependant rien de plus sur son fonctionnement."

C'était peut-être idiot, mais il souhaitait garder cela pour lui. De toutes les façons, ce que T'sisra cherchait n'était pas dans ce bâton. Il n'y avait aucune présence particulière dedans, aucun effet de commandement sur celui qui l'utilisait, aucune source interne de magie. C'était à l'utilisateur de dépenser un peu de son pouvoir pour activer les symboles magiques. Il tendit donc son bâton et s'attendait clairement au résultat. T'sisra invoquerait un peu de pouvoir pour comparer sa sensation à celle qu'elle avait vécu avec Cécilie. Et elle ne sentirait absolument rien de commun. Sans doute aurait-elle l'impression de ne tenir qu'un vieux bout de bois entre ses mains. Un bout de bois qui serait imprégné férocement de la puissance de l'archimage à force de l'avoir accompagné dans toutes ses batailles mais rien d'autre. Rien d'extérieur ou malveillant. Il lui faisait tout de même un grand cadeau en lui offrant de le tenir un peu. Il laissa donc T'sisra jouer avec un peu, avant de le récupérer et, ne pouvant plus vraiment retenir cette hésitation qui se faisait sentir depuis le début, les mains de Nakor se remirent à trembler. Bien plus fortement que précédemment. Il posa d'abord sa question à propos du bâton.

"Alors? Satisfaite?"

Puis, sentant qu'il fallait quand même le dire, il prit la parole

"Je ne vous ai pas tout dit ... il y a quelques années ... vingt ans peut-être ... avant que je ne rencontre Tebirahc en personne au beau milieu des ruines de Nisetis dans lesquelles j'ai vécu durant des siècles ... j'ai rencontré une femme ... métissée selon ses dires ... père drow et ... mère nisétienne! Elle ne parlait pas drow T'sisra ... du premier au dernier mot qu'elle a utilisé, elle m'a parlé en nisétien. Elle assurait avoir survécu à la destruction de l'ancien empire. Je n'avais pas entendu une autre personne que moi, parler cette langue depuis prés de six cent ans. Ainsi ... existe-t-il donc une forme de groupe de rescapés? Des gens qui savent ... qui ont une connaissance plus fine de Nisetis. C'est une possibilité. Est-elle encore vivante? Est-elle morte? Etaient-ils plusieurs? Je n'en sais rien et je n'ai jamais réussi à la recroiser. Nulle part."

Le mage était désolé, mais il avait longuement cherché à la retrouver, à de nombreuses reprises mais cela n'avait plus jamais rien donné. Il finissait même par croire que cela n'avait été qu'un mirage. Il ne voulait donc pas que T'sisra se lance dans une quête qui ne mènerait peut-être à rien sur les millénaires à venir. Passer sa vie à enquêter sur des chimères était une folie et surtout un gâchis de vie qu'il ne fallait pas réaliser. Il espérait vraiment ne pas en avoir trop dit.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor)   [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor) I_icon_minitimeVen 16 Aoû 2019 - 11:35

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Le poids des responsabilités venait de s'abattre sur ses épaules, désormais comme enchaînée à un rocher que la noiraude devrait traîner tout au long de sa vie. Cependant, l'archimage lui tendait son trésor le plus précieux, aussi elle écoutait ses conditions et se sentait bien obligée de la rassurer.
Ses mains glissèrent le long du bâton de Nakor. Elle comprenait parfaitement sa tension et son appréhension.

- Rassurez-vous Nakor, il est des choses qu’il ne m’appartient pas de savoir et je ne vous demanderai jamais de m'apprendre les secrets de cette arme. Ce que je cherche, c’est autre chose, une marque bien plus infime et discrète. Vous qui ne vous en êtes jamais séparé depuis plusieurs siècles ne le voyez peut-être même plus.

Les objets de ce genre étaient si rares et si particuliers, que malgré tout ce qu’on pouvait en dire, ils portait une trace, même infime. Une marque du passé d’une trame éternelle. La daedhelle se concentrait et rassemblait ses forces, cependant rien de semblable à ce qu’elle avait senti auparavant ne fut révélé. C’était ce qu’elle avait espéré, la confirmation de ses espoirs.

- C’est la preuve, Nakor. La preuve qu’il existe des réminiscences de cette civilisation qui ne soient pas empreintes d’un mal insidieux.

Et la noirelfe rendit prestement le bâton à son propriétaire légitime, et bien que discret, un sourire s’était dessiné sur son visage. Mais voilà que l’archimage fut pris, ou plutôt repris, de tremblements.
La révélation tomba comme une pierre jetée dans une marre. Dans un premier temps, la noirelfe n’avait rien dit, au contraire, elle prenait le temps de réfléchir à ce qui venait d’être déclaré. Puis, elle se redressa et contourna le bureau pour venir prendre les mains tremblantes du vieillard dans les siennes. T’sisra prenait la mesure de ce que tout ceci représentait pour la maître de l’Aurore.

- Et cette personne a-t-elle un nom ? Demanda T’sisra en serrant affectueusement les mains sans âges du vieil homme. Je m’étonne d’ailleurs que vous l’ayez crue sur parole, êtes-vous certain de la véracité de ses propos ? Ne pouvait-elle pas être simplement une érudite ayant voulu se jouer de vous ?

Le noirelfe marqua une pause. C’était une piste, plus que très mince. Mais ça en était une. Il y aurait certainement d’autres voies à étudier qui se découvriront d’elles-mêmes au cours de sa quête, cependant c’était un point de départ intéressant.

- La piste est très mince, mais c’est une chose que je garderai en tête lors de mes recherches. J’ose espérer que j’en trouverai de plus solides, mais c’est déjà un bon point de départ.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor)   [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor) I_icon_minitimeDim 18 Aoû 2019 - 19:52

T'sisra tenta de rassurer comme elle le pouvait, le vieux magicien sur l'utilisation de son bâton. Elle ne cherchait ni à le voler, ni à apprendre son fonctionnement. Elle cherchait autre chose et Nakor le savait. Mais cet artéfact était devenu une partie de lui-même au fil des siècles, comme un prolongement naturel de la carcasse décrépite de l'archimage. Elle chercha ensuite une note d'espoir après n'avoir rien ressenti de tel que ce qu'elle avait décrit plus tôt. En réponse, le maître des lieux hocha de la tête et finit par lâcher sa dernière information. La jeune drow eu la grâce incroyable de se lever et de prendre les mains de Nakor dans les siennes. Cela fonctionna plus que bien. Comme il lui avait déjà dit voilà quelques années lors de leur précédente rencontre, le sorcier avait vécu une vie difficile, son éternité amenant une forme de damnation et de souffrance répétée. Il avait alors passé plus de six siècles à aider les autres, donner son affection, son amour, son attention mais en échange, il avait eu à vivre seul, porter de lourds fardeaux et du fait de son apparence de vieux sage sur de lui, très peu de gens lui rendait l'affection qu'il distribuait. Et voilà que là, dans son bureau, une drow, pas une humaine ou une elfe, une drow! Une drow lui donnait un peu d'affection sincère, comme si elle percevait un peu la douleur du vieux fou et que tout à fait gratuitement, sans rien demander en retour, elle lui rendait un peu de chaleur. Les yeux bleus de Nakor se firent un peu plus intense là où, quelques secondes avant, ils paraissaient délavés et translucides. Il reprit alors sa contenance, se disant qu'il n'était finalement qu'un éternel imbécile de sentimental! Il prit une belle goulée d'air frais et reprit la parole, d'un ton plus sûr.

"Avez-vous connu Tebirahc Zaurahel? Lorsque j'ai rencontré la femme dont je vous parle, il était Gardien de Mogar. Ayant perdu la vue au sacrifice du dieu qu'il représentait sur Miradelphia, il avait acquis des pouvoirs surprenants. Une puissance incroyable évidemment mais aussi la capacité de voir par delà les apparences et les propos. Il pouvait détecter la vérité et ... prenez très vite ombrage si quelqu'un lui mentait ou se mentait à lui-même sans s'en rendre compte."

Nakor se souvint de leur terrible rencontre, il avait failli y rester parce qu'il avait tenu tête au puissant Gardien. Cela aurait vraiment pu mal tourner, mais heureusement, il n'avait été considéré que comme un cafard pas même digne qu'on l'écrase.

"J'ai d'abord rencontré cette femme prétendument venu de Nisetis, au beau milieu des ruines. Elle a cherché à me prendre pour un imbécile en se faisant passer pour la fille du dernier empereur de Nisetis. Elle était terriblement sûre d'elle, le regard acéré et vif, scrutateur. Et une menteuse invétérée, capable de vous dire les choses les plus folles sans ciller. Or, aucun membre de la famille royale de Nisetis n'a jamais été hybride. Son histoire était solide ... il y avait donc forcément une part de vérité dans ce qu'elle disait. Je ne connais donc pas son vrai nom et je suis persuadé, depuis la première seconde où nous avons échangé nos regards, que c'était une tueuse ou plus précisément, une espionne. A partir de là, on peut douter de chacun de ses mots. Mais c'était sans compter ce qui s'est passé ensuite."

Le magicien revint à son siège pour finir son discours, invitant T'sisra à faire de même.

"Une wyverne a hurlé dans le ciel quelques dizaines de minutes après notre rencontre, elle et moi. La monstrueuse créature était chevauchée par Tebirahc. Vous savez, n'est-ce pas, comment les hybrides sont considérés chez les elfes noirs. Il a donc presque craché son mépris aux pieds de cette femme mais il a écouté ce qu'elle avait à dire et il a confirmé tout haut qu'elle était une hybride, ancienne esclave au palais de l'empereur, lorsque Nisetis était encore debout."

Nakor donna un coup de paume sur son accoudoir avant de terminer ainsi

"Peste soit-elle! Je suis certain que c'était une femme dangereuse, à la profession tout aussi dangereuse. Elle sévit peut-être encore en Ithri'Vaan ou ailleurs. Ou, à force de ne pas trembler devant le risque, elle est morte, assassinée. Je n'ai jamais pu la revoir ... mais elle a crée en moi un doute, depuis ce temps ... et si des nisétiens avaient secrètement survécus? Si tous ces savoirs, que j'espère de tout mon coeur, perdus à jamais, sont encore là, quelque part ... prêt à être découvert de nouveau?"

Et à ce moment là, le regard de Nakor se fit dur, il s'avança un peu sur son siège et parla franc

"T'sisra ... je vous interdit de vous lancer dans une quête perdue d'avance et qui potentiellement, peut vous mener au devant de milles dangers. Promettez-moi de ne pas faire de trop grandes folies à propos de cette affaire!"

Il se recula alors, et lâcha

"Je ne voudrai pas perdre ma si chère amie drow dans cette histoire pour une jeune folle et quelques vieilles hypothèses fumeuses."

Se lancerait-elle à corps perdu dans cette histoire? Et pour faire quoi? Pour sauver une petite idiote d'humaine qui avait sans doute joué avec des artéfacts ou des puissances qu'elle n'aurait jamais dû prétendre pouvoir posséder. Si c'était bien un objet magique de Nisetis qui était à l'origine des problèmes de Cécilie, elle devait initialement être aussi, sans aucun doute, un terreau fertile. Une âme pure et sincère ne se fait pas aisément corrompre, même par un vieux sortilège perdu. Avait-elle résisté, avait-elle plongé? Le vieux sorcier avait des doutes sur le coeur de cette missédoise depuis le début et il préférait que T'sisra n'aille pas se mettre en péril pour retrouver la trace de choses dont, en réalité, on ne savait presque plus rien du tout. Si cette femme rencontrée dans les ruines était morte, alors Nakor était le dernier être vivant à avoir vécu à Nisetis sans en être un envahisseur. Il y avait, de plus, vécu des siècles durant, seul et isolé du reste du monde. Etait-il effectivement le dernier expert vivant de l'ancien empire dragon? Peut-être. Et il ne souhaitait pas que T'sisra, toute nouvellement initiée à quelques mystères de Nisetis, aille se jeter dans la gueule du loup ou pire, trouver un autre artéfact plus dangereux encore que celui qu'ils avaient tous deux imaginé à propos de Cécilie. Et oui, on ne se changeait pas, surtout après six cent trente huit ans, et quand on était un vieux papy gâteau inquiet, on le restait!
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MessageSujet: Re: [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor)   [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor) I_icon_minitimeLun 19 Aoû 2019 - 13:33

Été, Panahos, quatrième ennéade de Karfias, an dix-sept, onzième cycle.


Telle une véritable chape de plomb, le silence s’abattit dans le bureau de l’archimage dès qu’il eut terminé. La noirelfe s’était rassise après y avoir été invitée et n’avait interrompu Nakor à aucun moment, pas même lors de ses interdictions. Elle réfléchissait à ce qui s’était dit à l’instant, tandis que son index parcourait lentement sa lèvre inférieure. Il lui paraissait étrange de l’entendre de la bouche même de l’archimage et il lui fallait tout de même le mentionner.

- Le Gardien de Mogar, j’imagine que vous vouliez dire Uriz ? Demanda T’sisra en observant le vieil homme avec un air dubitatif. J’ai cru comprendre que certains courants de pensées, assez minime d’ailleurs, aiment à imaginer qu’Uriz et Mogar sont la même entité sous deux noms différents. Seulement… Ce ne sont que des courants de pensées religieux un peu à part. Je m’étonnais donc de l’entendre de votre part.

La noiraude se contenta d’un haussement d’épaules, balayant le sujet des dogmes d’un revers de la main comme on chasserait une mouche. Elle était autrement plus préoccupée par un sujet plus important à ses yeux que tout le reste.

- En revanche, il y a certaines choses qui me laissent perplexe à votre sujet. Commença-t-elle avec un sourire amusé et en pointant l’index vers lui, avachie dans sa chaise. J’ai la nette impression que vous avez été seul bien trop longtemps. Vous prétendez avoir beaucoup d’amis, mais je n’en crois pas un mot. Je suis certaine que bien des gens vous apprécient, et que vous les aimez tout autant en retour mais… Depuis quand l’amitié est-elle devenue synonyme de paternalisme pour vous ?

La noirelfe se redressa dans sa chaise pour mieux se pencher sur le bureau, ses mains vinrent chercher celles du vieux mage, et elle reprit avec un sourire affectueux :

- Je suis loin de savoir autant de choses que vous sur bien des domaines, mais j’en ai appris une durant toutes ces années de pérégrinations. C’est que chacun choisit ses propres combats, et que tout ce qu’un ami peut faire, c’est de conseiller, prévenir ou aider. Elle marqua une pause en s’enfonçant à nouveau dans sa chaise. Et lorsque tout va mal, nos amis sont là pour nous ramasser à la petite cuillère s’il le faut.

Se fendant d’un sourire discret mais bien présent, la daedhelle conclut un brin plus sérieusement.

- Je ne suis pas venue vous demander votre permission, mais bel et bien de l’aide. Vous vous doutez très certainement que, avec ou sans, je tenterai d’accomplir ce que je crois juste de faire. Je vais vous dire ce que j’ai dit à Cécilie, ici même à l’Aurore, il y a six ans. Elle marqua une nouvelle pause avant de reprendre. Ma façon d’être est ce qu’elle est, qu’on l’aime ou pas, j’opposerai l’horreur à la cruauté, je lèverai ma lame pour défendre ceux qui ne le peuvent pas et je tendrai la main à ceux qui en ont besoin. Il faut un mal pour en combattre un autre et c’est ce que j’ai choisi de faire.

Ses yeux se rivèrent dans ceux de l’archimage, il était clair que son choix était fait depuis longtemps et que rien ne la ferait changer d’avis.

- C’est aujourd’hui plus vrai que ça ne l’a jamais été. Je suis une nécromancienne. Ceux qui ne me connaissent pas me craignent rien qu’en l’apprenant, et à raison. Aujourd’hui, je me tourne vers des dangers anciens et malévolents. Et pour combattre un mal, parfois il faut lui en opposer un d’une autre nature.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor)   [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor) I_icon_minitimeMer 21 Aoû 2019 - 22:20

La jeune drow fit une allusion à des courants religieux de pensées et cela fit tiquer le vieillard comme si d'un seul coup, l'air s'était détendu et qu'ils étaient là, à philosopher.

"Non, j'ai dis Mogar comme ... Mogar le père des batailles, du panthéon des cinq grands dieux. Et je ne crois pas du tout, avec ce que ce dieu a fait à son propre peuple, qu'il ait quoi que ce soit de moins puissant que ce que les drows imaginent comme qualité dans leur Mogar ... leur Uriz ... les noms n'importent pas dans la croyance. A mon sens en tout cas. Néera, Nera, Tari, Tyra, Teiweon, Mogar, Uriz, Othar, Calimenthar, Briessa, Kÿria, Arcamenel ... c'est l'essence représentative du dieu qui importe pas son nom. Ou alors notre monde serait gouverné par une myriade de dieux créateurs ... déjà que cinq grands dieux ont suffit à mettre à feu et à sang notre pauvre monde lors du Voile ... "

Nakor fit alors les grands yeux et balaya l'air devant lui, chassant ces idées idiotes. Il n'aimait pas beaucoup la religion pour la soumission aveugle que cela demandait et pour le retour mortifère que les croyants avaient obtenu en échange, voilà quelques décennies en arrière. Mais voilà que la discussion continua et que l'archimage ne pu s'empêcher de donner ses inquiétudes et même une interdiction de se lancer sur un projet insensé. Il appréciait T'sisra, pour la sincérité de son coeur et ce qu'elle était, ce qu'elle pouvait faire pour ceux semblant en avoir besoin, sans condition. Elle fit alors des remarques légères, sans trop d'arrière pensées sans doute mais avec un fond piquant. Elle se pencha de nouveau sur le Magistère et termina son intervention en reprenant sa place, ses yeux rivés dans ceux du vieillard. D'abord très sérieux et sans sourire, la partie droite des lèvres de Nakor s'arqua un peu, comme un goût doux-amer dans sa bouche

"Je n'ai jamais dis avoir beaucoup d'ami ... je suis par contre, l'ami de beaucoup de monde."

La phrase semblait froide, dure et presque cruelle envers son propre énonciateur. Mais c'était terriblement vrai finalement. En étant un peu moins amer, simplement comme s'il énonçait des fait en s'en détachant, il continua

"J'ai décidé voilà longtemps d'apporter mon aide au monde, à ceux qui semblent, depuis mon point de vu, en avoir besoin. Sans concession, sans condition, sans attente de rien en retour. Sans attachement non plus afin de ne créer aucun lien d'amitié. Enfin ... j'aurai aimé y parvenir ... mais cela n'a jamais été possible. Pourtant, à chaque fois, c'est une féroce douleur qui, un jour ou l'autre, fini par m'enserrer le coeur comme s'il allait exploser. Amenant en moi, une pensée terrible ... une vision lointaine, seule et asséchante ... oui, desséchante même."

Et comme s'il s'était un peu éloigné et qu'il revenait subitement sur le support de son siège, il se mit à sourire, sans que personne ne puisse appréhender le long chemin qu'il avait emprunté pour en arriver là, ses mains solidement posées sur ses accoudoirs

"Et oui T'sisra! Et cela dure depuis plus de six vies d'hommes alors à mon âge ... on ne change plus beaucoup! Je suis un vieillard sénile qui dispense son affection sans la compter, avec toujours autant d'exagération et je m'inquiète plus que de raison. Beaucoup plus que de raison ... mais n'est-ce pas pour cela que je suis irrésistible!"

Et Nakor explosa de rire, un rire sincère, franc, sans concession. En effet, il pouvait changer radicalement d'humeur, cela n'était pas vraiment étonnant pour ceux qui connaissaient bien le vieux sorcier. Souvent, un mot, une pensée, une idée éveillait en lui des souvenirs pouvant ramener en lui de la joie, de la tristesse, de la colère. Pouvait-on vraiment vivre six fois plus longtemps que ceux de sa race sans subir quelques légers soucis de fonctionnement? Qui pouvait comprendre ce qu'il se passait dans son cerveau embrumé de mage humain presque millénaire. Il s'excusait à sa manière d'avoir été aussi loin dans son discours mais expliquait aussi pourquoi il ne pouvait en être autrement. Pendant qu'il finissait de bondir sur son siège en gloussant, il attrapa une bouteille de vin sous son bureau et la déboucha avant d'en faire couleur deux verres.

"Et bien moi, je vais vous dire une chose T'sisra ... ma façon d'être est celle qu'elle est, qu'on l'aime ou pas, j'opposerai la lumière aux ténèbres, je déploierai toute la fureur de ma magie pour défendre ceux qui ne le peuvent pas et je tendrai la main à ceux qui en ont besoin. Il faut un bien puissant pour combattre un mal effroyable et c'est ce que j'ai toujours fait."

Il leva son verre et trinqua. Il avait volontairement reprit les mots de son interlocutrice pour lui démontrer que chacun avait ses méthodes, que cela plaise ou non. Les accepter était le début possible d'une éventuelle entente, une amitié hypothétique, même si elle n'était pas partagé avec autant d'appréciation ou d'intensité dans les deux sens. Et ils n'étaient pas si différents sur ce point. Il lui avait demandé simplement de ne pas se lancer dans une quête perdue d'avance. Il fallait donc qu'elle se fixe un objectif raisonnable. Il savait bien qu'elle irait jusqu'au bout de ce qu'elle avait en tête, il la rappelait juste à un tout petit peu de raison. Il y aurait cependant toujours une différence majeure avec la drow : Nakor pensait que seul le bien pouvait vaincre les forces du mal. Un bien puissant, solide, capable d'aller jusqu'au bout sans être effrayé, sans lésiner sur les moyens, un bien qu'il essayait d'esquisser depuis de nombreux siècles. Et il venait de lui spécifier. Il continua alors :

"Comme vous le voyez, nous sommes plus proches que vous ne le pensez. Et je vous souhaite de pouvoir continuer pendant très longtemps à faire ce que vous décrivez ... cependant je voulais vous faire partager un tout petit peu de ma mince expérience à propos des quêtes comme celle ci ... j'en suis un grand spécialiste et elles peuvent vous faire perdre beaucoup plus qu'on ne l'imagine."

Et il bu son verre de vin d'une traite en pensant à toutes ces choses qu'il avait espérait pouvoir faire sans jamais y parvenir, à toutes les choses qu'il lui restait à faire et ne pu s'empêcher de penser à T'sisra et à Cécilie. C'était sa vie, celle qu'il avait appris à aimer malgré les difficultés, les problèmes, les horreurs, les soucis. Celle avec aussi, des grandes joies, des rires et de l'amusement. Cette vie qui finalement lui faisait pétiller les yeux et lui laissait un sourire énigmatique sur le visage.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor)   [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor) I_icon_minitimeJeu 22 Aoû 2019 - 13:17

Été, Panahos, quatrième ennéade de Karfias, an dix-sept, onzième cycle.


La noirelfe observait le liquide rougeâtre dans son verre. Elle avait le sentiment de ne pas avoir été comprise par le vieil homme. Aussi, elle affichait une moue dubitative.

- J’ai l’impression que nous ne nous sommes pas compris. Je ne fais aucun reproche à votre façon de faire ou de combattre tel ou tel mal, Nakor. Je tentais seulement de vous expliquer que je fais mes propres choix et que n’attends aucune approbation de qui que ce soit. Fit-elle sans daigner toucher au verre d’alcool. Au même titre que, si vous vous lanciez dans une bataille pour une quelconque raison, il ne me viendrait pas à l’esprit de vous l’interdire quand bien même je serai en désaccord.

Referment enfin sa main sur son verre, elle l’approcha de son nez pour le renifler avant de le reposer sur le bureau d’un geste lent et mesuré.

- Je ne bois jamais d’alcool, enfin… C’est extrêmement rare. Dit-elle avec un sourire en coin et le regard désolé. Quant au fait que nous ayons des similarités qui nous rapprochent, je n’en doute pas un seul instant. J’imagine que nos méthodes diffèrent fortement, mais je suis certaine nous avons bien des buts en communs.

La noirelfe prit dans ses mains le livre que Nakor avait proposé de lui prêter, ouvrant délicatement l’ouvrage pour en feuilleter quelques pages. Il va de soi qu’elle ne comprenait strictement rien à ce qui y était écrit, cependant les traductions et les annotations l’aideraient sans aucun doute dans sa tâche.

- Si je puis vous rassurer en revanche, concernant les amitiés, je pense pouvoir affirmer que personne sur Miradelphia ne peut réellement se vanter d’en avoir une foultitude. Si dans une vie entière, aussi longue soit-elle, on peut en compter une dizaine, c’est déjà très bien. Elle marqua une pause pour appuyer la suite, relevant les yeux du livre pour plonger son regard dans celui de Nakor. Vos véritables amis seront toujours là pour vous soutenir et ne vous abandonneront jamais, quels que soient vos épreuves et vos combats, parce qu’en définitive ceux qui vous aiment seront là, que ce soit lors de vos plus belles victoires ou lorsque vous devrez payer le prix de vos plus grandes fautes. Et même si vous deviez tomber et passer de vie à trépas, un ami, un vrai, aura toujours une place pour vous dans son cœur.

T’sisra referma le livre et le déposa sur ses genoux pour se pencher à nouveau sur le bureau, les yeux toujours plantés dans ceux de l’archimage.

- Et vous pouvez me compter dans les vôtres. D'ailleurs, si d’aventure vous passez par le Zagazorn, faites un détour par Fort-Garmin, quand je ne voyage pas, c’est là que je vis. Demandez « Hazkalkol », c’est ainsi que les barbes et le tresses m’appellent.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor)   [Terminé] Les maudits, six ans plus tard. (Nakor) I_icon_minitimeVen 23 Aoû 2019 - 20:46

Nakor hocha gentiment la tête quand la jeune drow prit la parole. Il entendait très clairement ce qu'elle disait et était plutôt d'accord. Lui, était par contre, du genre à interdire même si c'était sans grande conviction, même si c'était en sachant que la personne en face de lui le ferait. C'était sa manière de dire qu'il tenait férocement aux gens qui l'entouraient. Il ajouta alors, un brin amusé

"Pourtant, il y a bien des choses que l'on aurait mieux fait de m'interdire. Cela aurait-il changé quoi que ce soit? Non, effectivement."

Et le mage gloussa en regardant la nécromancienne flairer le vin comme si c'était un liquide étrange et inconnu. Comment pouvait-elle vivre chez les dawis sans jamais avaler une seule goutte d'alcool? Elle devait être vu d'un oeil bien étrange là bas. La discussion resta sérieuse avec des regards dubitatifs sur les pages du vieux livre puis une belle déclaration. Fugace certes, mais sincère. Et alors que le vieillard aurait pu répondre de belles choses, dire qu'il était plus qu'heureux de compter T'sisra parmi ses vrais amis, elle lâcha quelques informations sur son lieu de rencontre possible chez les nains en usant de deux adjectifs bien particuliers. Ne pouvant se retenir ne serait-ce qu'une seule seconde, il hurla sur son siège

"Les baaaaaaaarbes et les treeeeeeeeeesses!"

Et il explosa d'un rire tonitruant en frappant son accoudoir au point qu'il aurait pu céder à tout instant.

"Quelle fantastique image! J'adore! Aller tiens."

Et il tendit la main vers le verre de vin devant T'sisra pour l'avaler d'une seule traite. Il le reposa sur le bureau avec tant de violence que le verre se fissura et manqua d'exploser. Nakor se leva, ses deux mains posées sur son bureau

"Ma chère T'sisra, quel plaisir d'avoir une amie si fraîche et sincère que vous! Vous resterez gravé dans mon coeur à jamais. Haaaaaaa ce que vous êtes vivifiante! J'ai l'impression de n'avoir que quatre cent ans!"

Et il continua de glousser alors qu'on frappa à sa porte. Cela le stoppa net et un regard assassin se dessina sur le visage du vieillard. Qui osait donc venir le perturber alors qu'il était en train de rire et que toute forme de tension venait d'être oubliée, comme si les malédictions, Nisetis, Cécilie la démon et tout le reste n'avait jamais existé. Un silence lourd s'installa et le vieillard, sans dire un seul mot, avança jusqu'à sa porte. Il attendit encore quelques instant et avant que l'horrible pleutre qui se trouvait derrière ne puisse frapper de nouveau, Nakor ouvrit en grand l'entrée de son bureau avec une furie rare

"Qu'est-ce que c'est que ça! Qui vient me déranger en plein ...
- Ma ... Ma ... "

Et Nakor reconnut enfin le pauvre fou qui se trouvait là, en face de lui, effaré que la porte se soit ouverte sur son terrible maître. Le magistère lâcha donc avec tempête

"Jean!
- Maître je suis complètement désolé ... je ... enfin ... c'est que ...
- Non mais parlez bon sang d'imbécile! Qu'est-ce que vous attendez? Et vous ne pouviez pas vous annoncer plutôt que de frapper sans rien dire. Que cherchiez vous à faire ainsi hein? Me tuer peut-être? Me trancher la gorge dans l'ombre!
- Ho mais par tous les dieux Magistère ... jamais ... je ... mais non ...
- Taisez-vous! Non ... parlez! Qu'est-ce que vous venez faire ici? Mais secouez-vous!"

Et Jean, baissant la tête pour ne plus avoir à affronter le regard perçant du vieux fou, lâcha avec le peu de force qui lui restait

"Le roi elfe est là."

Pouvait-on là poser une bombe plus puissante pour faire exploser Nakor? Non! Se saisissant par les deux mains, du col de Jean, le vieux maître de la guilde secoua son secrétaire personnel comme un prunier

"Quoiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii?????!!!!!! Et c'est seulement maintenant que vous le dites espèce de dégénéré! Et depuis longtemps? Où? Quand? Commennnnnnt?"

Il lâcha alors Jean avant que sa nuque se brise et allait s'engager sans attendre dans l'escalier mais Nakor s'arrêta. Il recula en regardant T'sisra, comme si de rien n'était, comme si ce qu'il venait de se produire était absolument, tout à fait normal.

"Ma chère amie, me donnez-vous quelques instants que j'aille accueillir le roi Artiön? J'ai un dernier conseil à vous donner, avant votre départ, un vrai conseil cette fois, pas une recommandation. Prenez votre temps et rejoignez moi en bas."

Et le vieux sorcier fila. En effet, ils avaient tous les deux fait le tour de leur discussion et sans l'interruption de Jean, l'archimage aurait fait ses salutations à son amie drow. Avec cet intermède, cela donnait l'occasion à Nakor d'aller accueillir le roi elfe puis d'accompagner T'sisra quelques instants supplémentaires jusqu'aux portes de l'Aurore. Il faisait d'une pierre deux coups. En dévalant les marches de l'escalier, une idée étrange passa dans l'esprit du vieux fol : pourquoi diantre le roi des elfes venaient aux portes du Firmament?
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