Sujet: Missive | Les maudits Dim 31 Mar 2019 - 10:09
Fin Barkios 12 : XI Printemps Sanctuaire de Kÿria d’Alëandir
Le culte de La Mère vivait de bien dures journées en cette première moitié de l’année, et sa plus haute autorité de chair était tout sauf exception. Des décisions avaient été prises, des décisions radicales, qui changeraient la face de la forêt, et son peuple commençait à peine à en comprendre l’étendue. Les adultes le moins anxieux venaient trouver un peu de quiétude au sein des Sanctuaires. Les Guides s’en allaient des lieux sacrés pour partir à la rencontre de ceux que l’inquiétude paralysait. Et les enfants… les enfants agités par le comportement de leur parents, ne comprenant pas exactement l’ampleur de ce qui se construisait autour d’eux perdaient pied. Et c’était là le rôle que s’était arrogé la Haute-Prêtresse : rassurer les Souffles les plus précieux et les plus fragiles ; les tout jeunes penseurs qu’il lui faudrait aider à reconstruire leur image d’une société sur le point de changer.
Alors elle avait négligé tout le reste. À raison diraient certains, à tort diraient les autres, mais elle soutiendrait fermement son choix avoir été le meilleur. À quoi pouvait bien servir un œil jeté aux doléances des anciens, s’il fallait pour cela sacrifier le futur ? Est-il sage de se tourner vers l’extérieur, tant que le chaos règne encore à l’intérieur ? Il aurait pu attendre longtemps encore, ce mystérieux courrier, s’il n’en avait pas été de la curiosité de la Taledhelle. C’est au cours d’une courte accalmie qu’enfin elle put s’autoriser à prendre un instant qui soit « pour elle ». Un instant qu’elle crut être pour elle, mais qui serait finalement dédié à un homme dont les frasques – pour ne pas dire autre chose – étaient entrées dans la légende.
C’est avec le cœur amusé donc que la Prêtresse se saisit d’une plume, et s’appliqua à répondre, dans toute sa simplicité.
Si ses souvenirs étaient exacts, d’abord Ardamir, puis directement Naélis, à défaut d’avoir été rédigé au plus tôt, son courrier voyagerait extrêmement vite. La Haute-Prêtresse en était convaincue, le Magistère du Firmament ne tarderait certainement pas à faire reparler de lui.
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Ombre fugace Maître de ton destin
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Nakor
Humain
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Sujet: Re: Missive | Les maudits Dim 31 Mar 2019 - 21:30
Ce fut lors d'une calme et douce après-midi, dans son bureau silencieux et seulement perturbé par le bruit de sa plume courant le vélin, qu'un déboulement effroyable se fit entendre avant que la porte ne s'ouvre et qu'un imbécile heureux s'effondre à même le sol en se prenant les pieds dans le tapis d'entrée.
"Lumineuse majesté céleste c'est Eric, je suis désolé de faire ainsi irruption dans votre bureau suprême mais une missive vient d'arriver du Sanctuaire de Kÿria et ... - Quoiiiiii? Et c'est seulement maintenant que vous me le dîtes!!! Donnez moi ça tout de suite pauvre fou. Pourquoi ne m'a-t-on pas dit plus tôt qu'Alfirin était rentré? - Mais ... puissance ultime, Alfirin n'est toujours pas rentré. - Quoiiiiii?"
Nakor laissa tomber la lettre au sol et saisit son secrétaire Eric par le col en le secouant comme un prunier tout en faisant des bruits étranges de vieux fou bougon.
"Mais où est-il? Comment la lettre a-t-elle pu arriver ici alors? Et pourquoi n'est-ce pas Alfirin qui l'a ramené ici? - Je ne ... - Je ne rien du tout abruti! Allez tout de suite me réunir tous les mages sensoriels présents à la guilde. Vous mènerez la troupe Eric. Retrouvez Alfirin. Et commencez par interroger les sorciers qui ont accompagné Alfirin à l'aller. Qu'ils vous indiquent où ils ont laissé leur camarade avant qu'il ne leur ordonne de rentrer sans lui. Je pensais qu'il attendrait la missive là-bas comme le pauvre hère qu'il est. Mais c'est peut-être pire que ça. Dépêchez-vous"
Vociféra-t-il à l'attention du jeune secrétaire humain qui était secoué par le vieux fou depuis plusieurs secondes déjà. Il partit en courant dans l'escalier sans demander son reste au Magistère qui referma la porte en la claquant avec une vigueur notable. Nakor prit alors le temps de souffler longuement avant de poser son regard sur le courrier au sol qu'il avait jeté dans la colère. Sa barbe masqué une partie de la lettre tant elle était abondante et garni. Mais on pouvait y lire une écriture subtile et fine. Il s'abaissa doucement puis ramassa la missive avant de lentement rejoindre son bureau et son siège sans même regarder où il marchait. Il n'avait pas quitté des yeux l'enveloppe comme s'il pouvait craindre déjà son contenu. Il la jeta alors sur son bureau et se tourna vers sa grande fenêtre. Qu'était-il arrivé à son acolyte Alfirin.
"Qu'ai-je encore fais? Je pensais que les elfes sylvains accueilleraient sans problème l'un des leurs même s'il a quitté la forêt voila plusieurs années. Qu'il pourrait alors aller saluer la Haute Prêtresse avant de lui donner mon courrier et j'ai été bien absolu dans mes ordres. Il a été refusé et a considéré avoir échoué ... et a suivis mes ordres et n'est pas revenu."
Nakor souffla longuement en hochant la tête de droite vers la gauche. Les différentes races de Miradelphia auront beau faire, il y aura toujours des divergences que même la plus incroyable des ouvertures d'esprit ne pourrait effacer totalement. Le vieillard était envieux de savoir ce qui était réellement passé par la tête d'Alfirin, ce qu'il avait ressenti par ce refus de ses propres frères de race, cette surprotection contre l'extérieur et ce dédain manifeste pour un sylvain d'origine qui n'avait jamais rien fait de mal. Se levant pour aller jusqu'à sa fenêtre afin de l'ouvrir en grand il parla à la nature
"Puisses-tu aller bien et vite revenir auprès des tiens mon ami. Ta famille est ici, avec nous."
Et Nakor pu voir partir à cheval, Eric et plusieurs sorciers de la guilde. Ils oeuvreraient au mieux. Il alla enfin jusqu'à son bureau et ouvrit doucement la lettre afin de la parcourir. Si quelqu'un avait été dans la pièce, il aurait presque pu voir le chapeau de Nakor se déconfire tant il fut étonné d'y lire ce qu'il y lisait. Puis relisant une deuxième fois pour être certain, il se mit à rire, de plus en plus fort, si fort qu'il vint frapper contre le dossier de sa chaise qui bascula en arrière et le fit s'écrouler dans un cri de stupeur. Ses pieds tapèrent dans le bureau et il roula sur le côté comme un pauvre vieux cinglé complètement sénile. Il se releva en s'agrippant à son bureau puis se remit sur sa chaise, replaça son chapeau correctement et caressa sa longue barbe blanche afin de lui donner contenance.
"Ces elfes ... ce qu'ils peuvent être ... sûr d'eux!"
Et il repartit à rire mais beaucoup plus calmement. C'est en saisissant son bâton qu'il vint donner un grand coup au dessus de lui, sur le plafond de son bureau en un endroit stratégique. Une plaque sembla se détacher alors qu'aucune fissure n'était apparente et une échelle coulissa jusqu'au sol. Il pu alors monter sur le toit de son bureau. En plein courant d'air, sous la puissance réconfortante de l'astre sol, il vint s'asseoir en tailleur. Sa barbe flottant au vent, son chapeau oscillant tranquillement de la pointe, il ferma de nouveau les yeux et concentra sa pensée en direction de la forêt d'Alëandir en espérant pointer vers le Sanctuaire de Kÿria. Il visualisa même le temple devant lequel il était passé à de nombreuses reprises au cours de ses visites. Il s'imaginait alors mentalement la Haute Prêtresse parler tout en écrivant sa missive. Elle lui demandait de s'abandonner à la méditation ... pensait-elle qu'il était à ce point fou qu'il n'avait pas, à maintes reprises, longuement et sérieusement médité sur ces événements, leurs conséquences mais surtout leur raison initial. Il reprochait donc un peu la réponse du sanctuaire qui ne faisait que lui donner pour conseil de faire ce qu'il avait déjà fait. Comme s'il était trop idiot pour y avoir pensé lui.
"Puis-je vraiment leur reprocher quelque chose en me mettant dans leur position équivalente? Ouverture d'esprit et acceptation. Aller mon vieux, on y retourne."
Et Nakor prit une grande et profonde inspiration en ne pensant d'abord plus qu'à la nature, la forêt et le Sanctuaire. S'enfouissant au très fond de lui-même, il laissa son esprit dériver et chassa petit à petit, toutes les pensées négatives qui pouvaient lui venir. Dés qu'une image lui venait, par un souvenir, un évènement, une sensation, il essayait de l'emplir de lumière et de la remplacer par quelque chose de positif et de chaleureux. Il se rappelait du dédains dont faisaient preuve les elfes envers les humains, il revoyait alors immédiatement ses amis elfes, les mains serrés, les accolades, les échanges et le bonheur d'avoir aidé, d'avoir été accueillis, d'avoir été aidé. Il se rappelait des rejets, il pensait à sa guilde, à Celindel et l'ouverture de l'Aurore, aux sylvains qui étaient là, aux sourires, aux soirées devant un feu à échanger sur tout et rien à la fois. Et petit à petit, là, hors du temps et de l'espace, plongé dans la magie, il repensa à sa discussion avec T'sisra, ce qu'ils avaient tenu tous deux comme discours, ses explications et la profondeur de la sincérité de ses propos. Sa conscience profonde de la folie de sa propre race, du danger qu'elle pouvait représenter, de son constant échec au fil des siècles à empêcher le mal d'agir mais il voulait aussi voir en chaque nouvel humain, la possibilité d'un être meilleur, plus ouvert, plus enclin à l'amitié interraciale et surtout, n'ayant pas à souffrir des horreurs commis par leurs ancêtres voilà plus de sept mille ans. Il avait pleinement conscience de la responsabilité des humains du passé, mais sept millénaires était une très longue période. Il fallait croire en l'avenir sous peine de ne jamais pouvoir complètement effacer la possibilité d'une nouvelle horreur. Un avenir plus chaleureux. Et c'est enfin lorsque seulement la lumière fut présente dans son esprit qu'il pu tenter de se laisser aller plus loin encore et faire le vide complet. Là, au sommet de la tour centrale de l'Aurore. Sa magie oscillait et vibrait de puissance sans qu'il n'y fasse attention et après un très long moment, il parvint à faire le vide et ne plus penser à rien. Il était difficile d'arriver à un tel état. Cela ferait-il dériver son esprit suffisamment loin pour que des bribes de réponses lui apparaissent? Cela lui donnerait-il l'idée d'un courrier à écrire en réponse ou justement, ne pas répondre. Il le verrait bien lorsque quelque chose viendrait le sortir de sa transe méditative profonde.
Nakor
Humain
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Sujet: Re: Missive | Les maudits Jeu 11 Avr 2019 - 12:49
En dehors du temps et de l'espace, entouré de couleurs invraisemblables, Nakor marchait sans but, sans même savoir s'il avançait ou reculait. Il errait là, aux confins du monde. Une tempête était en approche, on pouvait déjà sentir son souffle tourbillonnant mais sans aucune crainte, le vieillard avançait encore, sans jamais hésiter, sans plier. Et ce fut bien plus vite qu'il ne l'avait prévu que la tornade fondit sur lui comme un être affamé, envieux d'engloutir une petite chose qui ne représentait rien. Plongé dans un chaos de sons, de couleurs et d'émotions, la longue barbe blanche se protégea un peu le visage avant de regarder subitement tout autour de lui. En une fraction de seconde, les couleurs dansantes avaient laissé place à une forêt luxuriante, dense et inhospitalière. Des bruits de pas, de feuilles et de branches écartés pour enfin laisser apparaître le potentiel danger devant lui. Loethwil l'archimage élémentaire. C'est tout étonné et avec un léger hoquet de stupeur que le sorcier prit la parole
"Loethwil? Mon ami, allez-vous bien depuis ..."
Mais Nakor fut coupé dans son élan. L'elfe colossal tenta de lui fendre le crâne avec le tranchant de sa main droite. Il n'esquiva l'attaque que de justesse avant de reculer, sans comprendre
"Mais enfin ... pourquoi est-ce que ..."
Et c'est là que la sentence fut lâchée et qu'un grondement jaillit de la gorge de son ami elfique. Il venait de le traiter d'ennemi à l'aide d'un mot elfe entaché de force et de rejet. Dans le même temps, la marque sur le torse de Nakor se mit à brûler.
"Par tous les dieux du ciel! Encore? Attendez, arrêtez, écoutez moi Loethwil!"
Mais le puissant elfe donnait des tranchants à tout va. Nakor reculait et esquivait tout en se frottant le torse qui lui faisait mal au niveau de la trace laissée par la malédiction.
"Je ne suis pas un ennemi des elfes. Les humains ne sont plus les ennemis des elfes. Bien sur, ils l'ont été. Mais cette horreur condamnable à jamais, elle s'est produite il y a sept mille ans Loethwil. Même pour votre peuple immortel, c'est une longue durée. Imaginez ce que cela représente alors pour les humains. A cette époque, les Hommes ont été les seuls responsables de cet effroyable combat ... mais ils sont morts depuis si longtemps. Les descendants actuels que représentent les humains ne peuvent pas à porter le poids des actes maudits de leur très lointains ancêtres. Ils ne doivent pas oublier, ils doivent se souvenir pour ne plus jamais agir de la sorte et celles et ceux qui savent, doivent oeuvrer pour que jamais plus cela ne puisse se reproduire. Les humains sont vivaces, ont une durée de vie faible et vive dans leur immédiateté. Il y a donc de nombreux reproches à nous faire, c'est exact. Mais il y a aussi du bon dans les hommes. Ils ont prouvé par le passé, leur capacité à s'unir à d'autres peuples, pour un bien commun, pour se défendre contre un danger semblable. Chez les humains aussi, on peut trouver des gens bien, qui ne veulent aucun mal aux autres races de ce monde. Il n’y a pas eu de grande guerre entre elfe et homme depuis très longtemps du point de vu humain. On peut en effet dire que cela tient du miracle car les hommes sont déjà trop occupé à se pourfendre les uns les autres pour leur propre pouvoir et on peut penser que si ce n’était pas le cas, ils auraient déjà attaqué les troupes elfiques … "
Loethwil cessa ses attaques et Nakor tomba à terre, sur ses genoux, ses vieilles mains tremblantes et lui, plongé dans des souvenirs douloureux.
"N’essayez pas de m’apprendre à quel point mon peuple est faible et décadent. Pas parce que je ne veux pas l’entendre en me plaçant dans le déni … non … parce que depuis que je suis en âge de m’occuper d’autre chose que de moi-même, je parcours le monde des hommes et j’œuvre du mieux que je peux pour empêcher la folie et la soif de pouvoir des miens, de se répandre comme une maladie fortement contagieuse. Cela fait près de six cent ans que j’interviens auprès des petites gens comme des nobles … que je fais tout ce qui est en mon pouvoir et que j’échoue inlassablement … pas parce que je fais n’importe quoi, non … mais parce que les hommes sont ainsi fait : ambitieux, jaloux, impulsifs. On règle une situation, on ramène un peu de paix dans la Péninsule et là où l’on ne regarde plus, vient au monde un autre homme ou une autre femme qui va s’auto-alimenter en haine et finir par déchaîner les passions et la guerre pour voler le pouvoir à celui qui le détenait, les alliances vont se mettre en marche et c’est la Péninsule toute entière qui se retrouve à feu et à sang tous les dix ans au mieux. Pensez-vous que je l’ignore ? Pensez-vous que cela ne me ronge pas à chaque seconde qui passe ? Savez-vous seulement que par cette folie et par mes échecs lamentables, mes propres enfants sont morts ... que je les ai enterré de mes propres mains ... en creusant le sol tout en versant toutes les larmes de mon corps ... croyez vous que ... "
Nakor éclata en sanglot, transpercé par ses souvenirs douloureux, par la folie de son propre peuple et soudain, des bruits de sabots lointains retentirent et le vieux sorcier quitta sa transe méditative. Il vint essuyer les larmes qui coulaient le long de ses joues, tout là haut, sur le sommet de sa tour. L'astre sol avait décliné. Il ne savait pas très bien combien d'heures il était resté là, à méditer. Puis le bruit des chevaux le ramena définitivement!
"Alfirin!"
Est-ce qu'Eric et ses mages avaient retrouvés le sorcier elfe envoyé pour porter la missive à la Haute Prêtresse?
"Oui, il est là ... avec eux!"
Nakor souffla longuement, un grand sourire venant s'installer sur ses lèvres alors que le vent dissipait ses dernières larmes. Il retourna dans son bureau, encore un peu tremblant de ce qu'il avait vécu durant sa méditation. Il souffla longuement avant de se saisir de sa plume. Des bruits de pas dans l'escalier et une porte qui s'ouvre
"Maître suprême c'est ... - Oui je sais Eric, vous avez retrouvé Alfirin. Je guettais votre retour depuis le sommet de la grande tour. Je vous félicite et je vous remercie. Vraiment."
Nakor se leva et aller chaleureusement serrer la main et le bras de son secrétaire personnel. Ce dernier en resta bouche bée tant habituellement il se faisait rabrouer par un vieux Magistère bougon.
"Allez donc vous restaurer un peu. Vous transmettrez aussi ce petit courrier à notre ami Alfirin. Qu'il puisse ensuite expliquer les choses aux siens. Aucun secret ne doit exister entre moi et les membres de la Guilde. Quand cela sera fait, revenez me voir. Voilà longtemps que nous n'avons pas pris le temps simplement de discuter ensemble. Vous me montrerez vos nouveaux sortilèges aquatiques. - Je ... euuu ... je ... "
Eric souffla un grand coup, regarda Nakor dans les yeux, avec un immense sourire sur le visage
"Oui Magistère. Avec plaisir. - C'est parfait Eric. Lisez aussi le courrier en descendant l'escalier. Tout le monde doit savoir."
Le vieillard salua son secrétaire et retourna à son siège.
"Bien ... maintenant que tout le monde sera au courant de mes aventures dans la forêt et des raisons pour lesquelles je ne peux plus m'approcher, pour le moment, des elfes ... et bien, répondons à cette Haute Prêtresse."
Réfléchissant longuement, il écrivit ainsi puis s'occupa de faire envoyer le courrier par oiseau.
"Haute Prêtresse de Kÿria,
J'ai bien reçu votre missive. Je suis dans un premier temps heureux de l'avoir reçu. J'ai pu ainsi lancer des recherches afin de retrouver Alfirin Ithron, mage elfe de ma guilde qui avait disparu depuis. Il avait pour mission de vous présenter ce courrier mais il a été arrêté à la frontière de votre monde et s'est senti sali par l'échec et le rejet de ses propres frères. Le voilà sain et sauf.
Je suis triste ensuite car vous semblez être dans une situation inquiétante. Prendre la décision de fermer définitivement ses frontières sans plus être apte à reconnaître ses amis de ses ennemis est la preuve d'un mal profond et j'espère au peuple immortel la force de dépasser cette triste période. Soyez certaine que je n'hésiterai pas à mettre les forces de ma guilde en action si jamais vous pensiez avoir besoin d'une quelconque forme d'aide extérieure. Malgré les apparences, nous sommes et restons des amis.
Enfin je suis dubitatif quand à mon problème réel. La méditation a été, après les recherches, la première chose à laquelle je me suis adonné. Voilà six cent trente deux ans que je pratique cet art afin d'entrer en communion avec la nature et les forces vives du monde qui nous entoure. Mais malgré mes multiples répétitions, aucun signe, aucun message, pas même une piste. J'ai conscience de ce que j'ai fais, de ce qui a généré cette malédiction, des ravages causés dans l'ancien Linoin, du charnier d'Unvan, de la blessure que les humains ont crée. Mais je suis aussi conscient du temps qui passe, des sept milles ans qui séparent notre monde actuel de ces horreurs. Je suis conscient des faiblesses de mon peuple, de ses erreurs continues, des miennes, de mes échecs. J'en ai même douloureusement conscience. Cependant, les fautes d'un passé déjà lointain pour les elfes, sont pour les miens, presque un mythe tant elles sont anciennes. Aucun des humains vivant sur Miradelphia ne peut être considéré comme responsable de ce qui fut. Nous ne devons pas oublier, nous devons agir pour que rien ne se reproduise c'est certain. J'y veille du mieux que je peux. Mes moyens sont faibles, bien plus que ceux que vous décrivez à la fin de votre courrier.
Vos moyens sont, par contre, bien plus importants que ceux que vous voulez bien vous accorder. Je ne vous demande donc pas une grâce obtenue directement de la déesse. Je n'en ai pas l'audace. Je vous demande simplement l'indication d'un chemin plus éclairé à suivre que celui de la méditation. En effet, force est de constater que cette seule méditation ne suffit pas à ce que je puisse passer l'épreuve lancée par Kÿria.
Dans l'attente de vos prochains mots, je vous souhaite la force d'aider votre peuple à traverser son épreuve actuelle.
Nakor de Nisetis"
La lettre fut rapidement envoyée.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Missive | Les maudits Jeu 11 Avr 2019 - 17:59
Début Verimios 12 : XI Eté Palais du Trône Blanc
- Est-ce vraiment dépenser judicieusement notre énergie que d’essayer de faire entendre raison à un vieillard sénile ayant passé l’équivalent de dix vies à baigner dans son orgueil ? tu claques de la langue les yeux posés sur des documents représentant les tracés de vos routes forestières bardés de commentaires Ne vaudrait-il pas mieux que l’on se concentre sur l’accompagnement de nos frères et sœurs alors qu’ils se préparent à abandonner leurs foyers, leur héritage familial, une part de leur culture et des siècles entiers de souvenirs ?
- Qu’est-ce qu’une heure de perdue dans les années qu’il faudra pour qu’un véritable équilibre se réinstalle ? la Haute-Prêtresse te répond dans le plus grand des calmes Aran Lîn, vous ne pourrez pas passer votre règne à couver les vôtre. Ce n’est bon ni pour eux, ni pour vous. Quant à Nakor, il ne s’agit pas que de lui. Il s’agit aussi de la vision qu’ont les autres peuples d’Anaëh. elle attire ton regard, se tentant à t’apaiser du sien Et peut-être cette inquiétude peut-être vous paraît hypocrite venant de la Haute Représentante d’un culte voyant d’un mauvais œil l’influence que peuvent avoir les terres mortelles sur notre vie au sein de l’Œuvre, mais le fait est que nous ne sommes pas seuls en ce monde, et que si nous voulons nous concentrer sur, et protéger notre part, il est important que nous ne paraissions pas hostiles à ceux qui nous entourent.
- Vous avez raison. tu soupires et reprend d’un ton plus posé Puisse Sa Bienveillance me pardonner mon emportement. tu lèves un sourcil Mais j’avoue à avoir du mal à imaginer une approche qui se veuille parfaitement diplomatique. Pas que je veuille remettre en question la manière dont vous avez pu l’approcher, mais je crains qu’il ne soit pas de ceux capables de comprendre sans qu’on ne les mette face à la vérité tu marques unt courte pause de force.
- J’en suis tout à fait consciente. elle rit doucement C’est sachant parfaitement votre tempérament que je vous ai donné à lire cette missive.
- Votre Bienveillance… n’avez-vous pas été un peu dure ?
- Aran Lîn, vous le disiez vous-même : parfois il le faut. Je ne saurais me défendre d’avoir été prise par mes sentiments au cours de l’écriture de ma missive, mais n’est-il pas important que notre interlocuteur connaisse que nous sommes aussi doués de sentiments ?
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Sujet: Re: Missive | Les maudits Ven 12 Avr 2019 - 21:07
Nakor n'eut absolument aucun problème à reconnaître la voix affolée de celui qui semblait courir et hurler dans le même temps le long du grand escalier.
"Magistère! Magistère! Magist ..."
Tant précipité qu'il était, Eric, le secrétaire personnel du vieux magicien se prit les pieds dans le tapis et s'effondra au sol, devant le bureau antique. La barbe blanche hocha de la tête, de gauche à droite, en soufflant. Il prit la parole d'une voix douce et un peu amusé.
"Par tous les dieux Eric, combien de fois dois-je vous dire qu'une seconde de moins ou de plus pour venir jusqu'à moi ne changera pas la face du monde. Prenez donc un peu plus votre temps vous allez finir par mourir à la tâche. Que ferais-je ensuite sans vous?"
Le jeune garçon se redressa en souriant maladroitement, comme pour se cacher un peu de sa maladresse et sans rien dire. Il avait énormément progressé. Il n'affublait plus le vieillard de surnoms insupportables comme Grandeur Céleste, Majesté Divine ou toutes autres fadaises du genre. Il prenait confiance en lui, et encaissait enfin les attentions de l'archimage. Ces résultats avaient été obtenus par un léger changement chez le maître de la guilde. Il avait simplement prit le temps de parler avec lui, donner un peu de son temps, de son attention, de ses conseils et de sa bonhomie. L'effet était réel et surtout la preuve qu'en étant un peu moins bougon, Nakor pourrait aider les mages de sa guilde de meilleure manière. Il lui arrivait encore d'exploser, mais un peu moins en direction d'Eric.
"Deux missives arrivent de l'Anaëh, dont une du roi lui-même Magistère. - Du roi!"
Hurla Nakor en se levant comme un seul homme de son siège. Il allait enchaîner dans une série de jurons mais se retint et respira longuement avant de se rasseoir.
"Prenez place Eric, nous allons lire ensemble ces courriers. Vous m'aiderez à en rédiger les réponses si je perds pied après la lecture."
Le sorcier commença par la lettre de la Haute Prêtresse et il lu à voix haute. Il fit l'effort de garder son calme, de lire tranquillement et s'arrêta.
"Magistère? Vous allez bien?"
Eric s'inquiétait du silence de Nakor et craignait une nouvelle explosion furieuse. Les mots étaient durs et tranchant sans doute. Le jeune secrétaire avait envie de défendre son maître, le connaissant mieux qu'une femme elfe qui ne l'avait jamais rencontré, qui ne connaissait donc rien de lui si ce n'est les racontars qu'on entendait partout sur Miradelphia.
"Voyez-vous Eric, voilà pourquoi j'encourage toujours les mages de notre guilde à prendre la route et à aller aux abords des gens. Parler, échanger ... la discussion entre deux interlocuteurs intègre les sons, les intonations, les regards, les rires, la malice, le second degré. Les mots n'ont pas tant de pouvoir. Quoi qu'en réalité, si, ils ont ce pouvoir, mais celui qui écrit le message ne donne pas sa propre intonation aux mots, c'est le lecteur qui en décide. Le message final est donc détourné excepté à connaître réellement celui ou celle avec qui nous échangeons. N'oubliez pas cela mon enfant. - Maître, je ne l'oublierai pas mais qu'allez vous répondre? Il n'est pas acceptable qu'on s'adresse à vous ainsi et ... - Et quoi donc Eric? La Haute Prêtresse de Kÿria est une sage parmi les siens, en connexion très forte avec la nature et le monde elfe dans son ensemble. C'est une elfe jusqu'au bout des ongles. Je suis humain. Et cela crée une différence que finalement, nous ne pouvons pas réellement appréhender. N'oubliez pas cela non plus!"
Nakor fit claquer sa langue, donna une petite tape sur la joue d'Eric avant de prendre sa plume et de parler en voix haute pour dire ce qu'il écrivait. Le secrétaire, maître de l'élément eau n'en croyait ni ses oreilles ni ses yeux. Nakor ne trichait pas et semblait penser réellement ce qu'il écrivait.
"Haute Prêtresse de Kÿria,
Vous ne devez pas craindre que nous ne nous soyons pas compris lors de notre premier échange. Je vous le confirme, nous ne nous sommes pas compris. Mais je vais finir par prendre plaisir à lire votre plume, aussi vais-je me permettre de continuer notre échange épistolaire encore une fois au moins.
Lorsque je vous ai fais parvenir mon premier courrier, j'ai souhaitais me présenter à vous. Je n'avais pas la présomption de croire que vous saviez qui j'étais. Et j'ai orienté mes propos pour vous faire percevoir mon étonnement si ce n'est mon incompréhension dans ce que je vivais. Si j'ai contribué à des alliances, jamais je n'ai prétendu en être le seul et unique instigateur, si j'ai pris part à des combats, je n'ai jamais considéré avoir été le seul à y participer, je n'ai jamais voulu minimiser le rôle majeur de toutes les entités présentes en un même lieu pour mener à la réussite. L'absence d'une seule d'entre elle entraînerait forcément l'échec de tous. Le mien en tout premier lieu car je ne suis, au mieux, qu'un rouage usé. Si j'ai accompagné Loethwil dans sa quête c'est parce que j'espérais pouvoir tout mettre en oeuvre pour l'aider à en ressortir vivant. Je ne percevais pas la difficulté de la tâche c'est exact, je voulais juste aider un ami. Dans la forêt, je n'ai abattu aucun Eäla, j'ai simplement aidé à ce que les autres puissent les abattre. J'ai aidé à ce que la fureur de Loethwil, emporté par la magie de la Dissonance, ne vienne pas tuer ses camarades. Mon rôle n'a été que secondaire dans cette quête. Mais il me semblait important de vous indiquer ce que j'avais réalisé, ce que je croyais être une aide sincère auprès du peuple éternel et qui, par ma différence, a amené à une forme de blasphème auprès des vôtres et des entités qui veillent depuis des Cycles sur votre monde sans que je ne puisse le comprendre.
Je parle bien de différence, car c'est bien là qu'existe l'essentiel de notre incompréhension mutuelle. Dans la fureur du combat, alors que l'ensemble de mes amis étaient sur le point de mourir, j'ai pensé qu'il était opportun de rappeler à l'esprit gardien qu'aujourd'hui, sept mille ans après le terrible charnier d'Unvan, nos deux espèces n'étaient plus les ennemis qu'ils avaient été. Cela n'a jamais signifié, dans mon esprit, qu'il fallait minimiser ce qui est arrivé, ce qui à l'heure actuelle fait encore souffrir les vôtres, ce qui sans arrêt, ravive une affliction profonde et presque mortelle chez les sylvains.
Non, je sais que vos frères perdus hantent les vôtres et transpercent vos coeurs sensibles, je sais que les elfes, aussi éternels soient-ils, peuvent mourir s'ils ressentent de trop vives émotions dans une mélancolie que l'immortalité ne fait qu'amplifier. J'imagine à peine la douleur de voir les drows venir et revenir assiéger votre monde, l'horreur de devoir affronter celles et ceux qui sont les descendants de vos frères perdus, l'insupportable poids que cela fait reposer sur la chant sacré de la forêt et des esprits imprégnés d'un sang trop rare et cher. Tout comme vous ne pouvez comprendre ma peine à échouer sans cesse, ma peine à vivre le trépas tout en perdurant, ma peine à voir les hommes revenir sans cesse sur un cycle de destruction effrayant sans rien apprendre, je ne peux comprendre la peine profonde qui blesse vos coeurs. Mais si je ne peux la comprendre, je n'ai jamais considéré qu'elle n'existait pas, qu'elle était à négliger ou superflue. Je sais simplement qu'elle est puissante et que du point de vu humain, cette langueur qui peut vous saisir, ne se vit pas de la même manière. Le peuple humain, dans son immédiateté, dans sa durée de vie très brève, parvient à passer par dessus un passé trop douloureux. Ce qui est considéré comme une folie chez les autres peuples est en réalité une force pour les humains. Ils puisent dans leur fureur de vie pour avancer et c'est dans ma terrible maladresse que j'espérais pouvoir appliquer aux elfes, des méthodes humaines.
Puisse un jour, la déesse et le peuple elfique, avoir la force de me pardonner. Je vous remercie pour le temps que vous m'avez offert, si significatif et important et j'espère pouvoir, un jour, venir vous rencontrer en personne.
Nakor de Nisetis"
Le magicien ne pu retenir une larme qui vint former une petite tâche sur le courrier. Ce n'était pas une larme de tristesse, c'était une larme de partage, s'imaginant la peine qui pouvait être la leur, enfermés dans des émotions qui les dépassaient à ce point qu'ils pouvaient en mourir. Jamais le vieillard n'avait aimé l'injustice, la douleur et la peine que ressentaient les gens autour de lui. Il y était particulièrement sensible, il l'avait toujours été et imaginer qu'on puisse le penser insensible lui faisait mal. C'est Eric, incertain, qui vint briser le silence pesant qui s'était installé.
"Maître Nakor? Peut-être devriez-vous faire une pause. Vous dîtes souvent qu'un peu d'air frais ravive autant le coeur que l'esprit."
Le loquet de la fenêtre se souleva par magie, activé par le vieux fou
"Vous avez raison! Un peu d'air me fera du bien."
Et le vent s'engouffra dans le bureau pendant que la barbe blanche respirait à plein poumon.
"Il est temps de lire le courrier du roi des elfes. Je vais vous laisser le lire à voix haute, voulez-vous?"
Nakor se leva et alla jusqu'à sa fenêtre. Ce qu'il entendit le stupéfia! Il se demanda même si Eric n'avait pas sciemment rajouté quelques phrases. Comment pouvait-on justifier ces manières de la sorte alors que justement, avec ce procédé, le courrier était resté de longues ennéades sur un bureau sans que la Haute Prêtresse ne puisse s'en emparer et découvrir qu'une réponse fût attendu. Le vieux fou revint s'asseoir et s'empara du courrier pour le lire à son tour.
"Je conserverai ce courrier. C'est tout de même le premier échange que j'ai avec l'actuel seigneur des elfes. Vous reproduirez ce courrier pour qu'Alfirin puisse en avoir un exemplaire. Les mots du Roi l'aideront à apaiser son ressentiment. - Ho c'est une excellente idée Magistère. - Pas de flagorneries mon enfant. Il me faut maintenant lui répondre aussi. Et sans commettre de crime de lèse-majesté. J'en ai déjà commis assez comme ça en six cent trente deux ans."
Et Nakor explosa de rire. Il était agréable pour Eric de voir Nakor être ... Nakor! C'était même rassurant. Personne dans la guilde n'aimait voir le maître trop sérieux et solennel.
"Monseigneur Artiön Laergûl,
Je suis honoré de recevoir un message rédigé de votre propre main. Et surtout, je suis heureux d'y lire des mots à l'attention d'Alfirin Ithron, magicien de ma guilde et encore souffrant des récents événements. Il est certain que vos mots iront jusqu'à son coeur et panseront doucement sa plaie.
Merci.
Pour le reste, je conserverai précieusement votre missive et je n'oublierai pas de venir vous saluer Monseigneur, dès qu'il me sera donné moyen de renouer des liens d'amitiés sincères avec le peuple éternel. Je suis heureux d'apprendre que votre monde est solidement présent en Miradelphia et toujours ouvert à ses voisins.
Nakor, Magistère du Firmament"
Le vieillard rangea sa plume désormais sèche et roula lentement les parchemins. Eric s'en alla discrètement avec, dans le but de les faire partir au plus vite par oiseau. Il savait aussi que Nakor ne tarderait pas à plonger en transe méditative après ces fortes émotions et qu'il n'avait besoin de personne autour de lui. En effet, dès le départ d'Eric, le vieux fou se cala contre le fond de son siège, ferma les yeux et se laissa aller à la méditation. Encore remplis de tout un tas d'idées, des différences de considérations entre races, des écarts immenses existants, des liens ténus qui pouvaient exister au beau milieu de tout ça et à la folie d'une longue vie peut-être un peu trop remplie.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Missive | Les maudits Sam 13 Avr 2019 - 14:21
Mi Verimios 12 : XI Eté Palais du Trône Blanc
- Ma monture est rapide. tu acquiesces, résigné Ce ne serait finalement que l’affaire d’un petit détour.
- Je sais que sa réputation fait que vous ne le portez pas particulièrement dans votre cœur, mais en tant que Roi, seule votre parole peut remplacer celle des Cités.
- Et c’est exactement pourquoi cette rencontre m’inquiète. Je sais pertinemment ne pas être objectif, et je doute que cette fameuse malédiction m’autorise à mettre mes à-priori de côté.
- Vous êtes un Souffle fort Aran Lîn. Je vous fais confiance plus qu’à quiconque pour opposer une résistance. Quant à ce que le Magistère pourrait prendre en offense… et bien j’ai bien peur qu’il n’ait à s’y confronter un jour où l’autre. Qu’est-ce qu’une épreuve dont on a évité les tribulations ?
- Soit. tu acquiesces une nouvelle fois, faisant l’effort d’être plus convaincu Puisse le jugement de Votre Bienveillance s’avérer juste.
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Sujet: Re: Missive | Les maudits Dim 14 Avr 2019 - 13:07
Nakor était à bout de nerf, le chef de clan Zurthan, Gilgan, avait encore augmenté ses tarifs pour leur dernière commande. Il n'entendit donc pas les bruits de pas dans l'escalier et l'approche de son secrétaire. Les coups contre la porte firent lever les yeux du magicien barbu en lâchant
"Oui! - C'est Eric Maître, un courrier unique pour vous, de la part du temple de Kÿria. - Entrez!"
Les deux mots qu'avait prononcé Nakor étaient secs et durs. Le jeune Eric savait donc que le vieux seigneur des lieux était en colère et qu'il fallait y aller avec des pincettes. Cependant cette affaire de malédiction était prise très au sérieux au Firmament. Tous les elfes avaient été mis au courant et tout le monde s'était arrangé pour ne pas croiser le vieux sorcier. Aucun d'eux ne voulait ressentir un effet émotionnel négatif à l'égard de cet humain si singulier qu'ils avaient appris à aimer. Eric ouvrit donc la porte en montrant le rouleau et n'eut pas le temps de prendre la parole que Nakor se levait de son siège en frappant des deux poings sur le bureau
"Donnez moi ça et surtout, faite convoquer cet abruti dégénéré de Gilgan! S'il croit que je vais lui payer trois sous d'argent le kilo de ses maudits oignons frais, il s'enfonce la baguette magique du grand sorcier dans l'oeil! Pour qui me prend-il heinnnnnnnn? Pour le roi sous la montagne! Allez foutez moi le camp et que Gilgan aille faire avaler ses oignons frais à quelqu'un d'autre!"
La voix de Nakor avait gagné en amplitude et il ne faisait plus qu'hurler comme le vieux fou furieux bougon qu'il était. Tenir les comptabilités et le commerce n'était absolument pas quelque chose qu'il appréciait. Lui qui avait vécu dans la misère la plus absolu presque toute sa vie pensait toujours que tout était beaucoup trop cher. Eric parti donc en courant sans demander son reste. Une fois que le Magistère pu retrouver son calme et ses esprits, il fit couler un peu de thé dans une tasse et posa enfin les yeux sur le roula. Il le saisit donc avec vigueur et le déroula en brisant d'abord le sceau. La tasse de thé dans sa main gauche s'approcha machinalement de ses lèvres et s'arrêta à quelques centimètres.
"Quoi!!!!????"
Il se leva d'un bond en posant sa tasse de thé et tourna en rond jusqu'à trouver son calendrier.
"Par tous les dieux! Il me faut partir dés maintenant"
Il s'avança vers la porte de son bureau avant de s'arrêter net. Il recula d'un pas et plongea dans une profonde réflexion à voix haute
"Mais s'il subit de plein fouet les effets de la malédiction, il va me pourfendre de part en part. Comment allons nous pouvoir échanger ... pourra-t-il seulement entendre? Peu importe les mots que je prononcerai et la sincérité qui ira avec, tout sera déformé et ... "
Il souffla longuement en fermant les yeux. Il jeta un regard sur la marque infligée par la déesse, se tourna et avança vers sa grande fenêtre tout en fouillant dans sa manche puis se lança par dessus bord dans le vide tout en déclenchant ses pouvoirs magiques et en jetant devant lui une vieille étoffe lourde et jaune. Voilà qu'en quelques instants il était en partance pour le point de rendez-vous. En se hâtant, il y serait pour la veille de la date de la rencontre établie par la Haute Prêtresse. Il allait ainsi, sans s’y attendre, rencontrer bien plus vite que prévu le nouveau roi des elfes. Mais cela se ferait dans les pires conditions jamais imaginées. Y survivrait-il seulement ?