Une proposition qui nécessite discussions | Fabius

Oglicos de la Quatrième Ennéade,
34 de Karfias de l'An XVII du Onzième Cycle,
Domaine des Pengriffon, Baronnie de Hautval,
vers la fin de la matinée, avec Fabius.

Reold Var-Denborr
Maître des Marcheurs Austères

Après avoir reçu une missive importante de la part du Seigneur Fabius Pengriffon, l'Ordre des Marcheurs Austères est enclin à de houleuses discussions. Au début du mois, Korm Prédeaux, Hirluïn Andreüs et Spahi Royce sont revenus de leur chasse aux bandits, et ont ramené, en plus de la récompense prévue pour leur quête, une missive du seigneur Pengriffon les invitant à installer un sanctuaire sur son domaine. Mais, aucune information n'avait été donnée par écrit et c'est bien normal. Pour ces raisons, Reold Var-Denborr, Maître de l'Ordre et Isaiah Rodrisse, le Maître d'Armes, firent le déplacement jusqu'au domaine en question.

Si certains semblaient en joie à l'idée d'installer un sanctuaire au delà des frontières de Sainte-Berthilde et du Nord, certains se montraient plus dubitatifs. Un nouveau sanctuaire n'était pas synonyme de gloire, renom ou que savons-nous encore. Et ça, Reold le savait, tout comme tous les chevaliers. Il était le maître, et probablement le futur Grand Maître, et il voulait le meilleur pour l'Ordre, autant à court terme qu'à long terme. D'où ce déplacement jusque dans le Médian. Quelle marge auraient-ils ? Quel bâtiment mis à disposition ? Combien d'hommes ? Tant de questions auxquels il fallait des réponses, sans quoi la décision prise sera sûrement mauvaise.

Vers la fin de la matinée, Reold et Isaiah arrivèrent à destination. Un noble domaine assez grand, avec une ville relativement prospère qui, avec deux-trois infrastructures en plus, pourrait s'amuser à rivaliser avec les plus grandes seigneuries de la Baronnie. Pour l'instant, le récit des trois chevaliers qui étaient venus il y a peu était vrai. Le Maître des Marcheurs Austères entra en ville, confiant son cheval aux palefreniers. Isaiah fit de même et, une fois devant les gardes, Reold exhiba la lettre avec le sceau des Pengriffon sans dévoiler le contenu.

« Je suis venu voir votre Seigneur, rapport à ceci. Mon nom ne vous servira à rien. Dites-lui que le Meister der Strengen Wanderer est là avec son Waffenmeister. » dit Reold avec un demi-sourire. Il savait pertinemment que le garde ne sait pas de quoi il retourne et qu'il n'arrivera même pas à retranscrire ces mots des langues du Nord à son Seigneur.

Traduction :

Et ledit garde ne chercha pas à en savoir plus et les convia entrer à l'intérieur pendant qu'il ira rapporter à Fabius Pengriffon la présence de deux chevaliers nordiens. Dans l'attente et dans l'intimité, Isaiah, qui faisait partie des plus sceptiques à l'idée d'installer un sanctuaire aussi loin de chez eux, continua de donner son avis. Il était toujours comme ça : lourd. Lourd mais intègre à un point parfois peu imaginable. Il était contre ce nouveau sanctuaire, mais il le refusait pour une raison qui était maintenant celle de sa présence.

Isaiah Rodrisse
Maître d'Armes

Peu après, Perceval Gallick, le chef des gardes dont ont entendu parlé les autres membres de l'Ordre vint les chercher en annonçant que le seigneur était prêt à les recevoir. De ce qu'ils savaient, il n'était pas un chevalier. Reold et Isaiah le suivirent jusqu'à la salle du trône seigneuriale. Ils rencontrèrent enfin le fameux Fabius, qui occupait l'esprit du Grand Maître depuis quelques ennéades maintenant. Tout le monde était préoccupé, en vérité. Que cachait cette proposition ? Que cherchait-il à obtenir de l'Ordre ? Des questions qui avaient secoué les dernières réunions. Et Reold et Isaiah auront leur réponse aujourd'hui.

« Monseigneur Fabius Pengriffon. » Il s'inclina gracieusement. « Nous sommes ravis de vous rencontrer. Je suis Reold Var-Denborr, Chevalier et Maître de l'Ordre des Marcheurs Austères. Grossièrement, je suis le second du Grand Maître, qui ne se déplace plus depuis plusieurs années. Je viens accompagné de Sire Isaiah Rodrisse. » Ce dernier s'inclina à son tour, un peu moins gracieusement et le visage légèrement plus froid que son frère d'armes. « Qui est notre Maître d'Armes. Il gère les entrainements et met à l'épreuve ceux qui veulent rejoindre nos rangs. »

Même si tout cela ne serait plus ainsi dans quelques années, il était inutile de spéculer sur l'avenir. Oui Reold était voué à devenir le Grand Maître, et oui, Isaiah et Ormer avaient un destin commun que l'Ordre gardait secret pour l'instant. Il n'empêche que, actuellement, Reold n'était officiellement pas le dirigeant des Marcheurs Austères, quelque soit son rôle, sa réputation ou son influence.

« Vous avez rencontré Sires Korm Prédeaux, Hirluïn Andreüs et Spahi Royce il y a plusieurs ennéades, et je vous transmets leur amitié. Nous sommes venus vous rencontrer rapport à la lettre que vous avez fait parvenir par mes chevaliers. Avant de prendre une décision, mes frères d'armes avons tenus à discuter de cela avec vous. je m'excuse d'avance de ne pas avoir fait parvenir de courrier jusqu'à maintenant. »

J’y suis presque, encore un petit peu et çà va venir, il suffit que me concentre encore un petit peu et je vais y arriver. Je souffle comme un bœuf depuis maintenant cinq minutes mais rien ne sort, pourtant j’ai passé un temps fou à m’entrainer mais rien n’y fait, c’est toujours au moment le plus critique que j’ai un blocage. Je secoue la tête en signe d’incompréhension, il doit y avoir quelque chose que je fais mal, mais pour le moment je serais incapable dire ce que c’est.

J’abandonne finalement mon idée de créer une cage composée de miroir et qui pourrais m’aider à capturer des êtres vivants, et je sors de ma bibliothèque qui me sert également de salle d’entrainement pour tester mes capacités magiques. Je suis surpris de voir Perceval Gallick le chef des gardes, m’attendre à l’extérieur.

Perceval Gallick:

Comme il a l’interdiction d’entrer dans cette pièce, il a dû frapper à la porte, mais concentré comme je l’étais, je n’ai rien entendu. Il m’indique alors que le Meister der Strengen Wanderer est arrivé, accompagné de son Waffenmeister. Le pauvre ne comprend rien à ce qu’il dit et dans sa bouche, c’est plus une bouillie qu’autre chose, mais je commence à être habitué au patois local et je saisi ce qu’il veut dire.

Le problème c’est que je ne suis habillé pour les recevoir, je passe donc par mes appartements privés, où à l’aide de mon page Arthur, je porte la tenue sang et or de la famille Pengriffon.

Arthur:

Je suis enfin présentable et je fais rentrer mes invités, confortablement assis sur la chaise de mon père, l’unique mobilier à être gravé. Dès que les deux hommes rentrent, je vois que je ne me suis pas trompé et que j’ai bien en face deux moi, deux Marcheurs Austères manifestement de hauts rangs. Le plus âgé a un visage marqué par les combats, et semble diplomate, le second beaucoup plus jeune et qui est présenté comme le maître d’arme par le vétéran est plus sur la défensive, sans que j’en sache la raison.

Ils m’indiquent clairement la raison de leur présence et je ne peux m’empêcher de sourire à l’évocation des noms des trois chevaliers qui m’ont si bien aidé dans la gestion des réfugiés. Je commence tout d’abord par assurer mon devoir d’hôtes et leur demande, en leur montrant deux sièges en face de moi :

Le voyage a du être long et vous devez être fatigué, je vous en prie asseyez-vous, j’ai également préparé différents rafraichissement, tous légers comme me l’avaient demandé vos membres de l’ordre. C’est pour moi et mon domaine un honneur que vous ayez pris la peine de faire tout ce chemin pour me rencontrer.

Je prends alors une pomme dont je découpe un quartier avec mon couteau, afin de leur indiquer qu’ils peuvent suivre mon exemple sans gêne. Il y a également une grande carafe d’eau fraiche venant juste d’être tiré du puits. Bref, j’ai essayé au maximum de les mettre à l’aise, n’ayant pas l’habitude de gens aussi frugal.

Une fois que j’ai fini mon morceau de pomme, je reprends la discussion :

La lettre que je vous avais adressé était en effet fort simple, mais exact dans ses grandes lignes. Vos chevaliers m’ont fait grandes impressions, aussi bien dans le combat que leur rapport vis-à-vis de la population et nous avons des idées similaires sur bien des points comme la protection de tout le Royaume et non quelques terres et de tout faire pour la sécurité du peuple.

Je repense à la manière dont le combat contre les bandits a été rondement mené, par les guerriers de l’Ordre, ne laissant aucune chance à leurs adversaires et je continu :

A ma grande honte, ma seigneurie ne dispose pas d’assez d’homme pour assurer la sécurité de tous les voyageurs et autres marchands empruntant la route du Roi et chaque jour des hommes, des femmes et des enfants sont victimes d’exactions sur mes terres car je suis incapable de les protéger seul.

C’est en effet un gros point noir, malgré de nombreuses bandes de bandits exterminé, la richesse des convois marchands empruntant l’unique axe carrossable entre le Médian, le Sud et le Nord de la Péninsule attirent toujours la chienlit et je n’arrive pas à m’en débarrasser de manière définitive. Je reprends donc d’une voix où l’on peut percevoir ma détermination :

C’est pourquoi j’ai besoin de votre ordre, vous aurez un bâtiment adapté, l’autorisation de bâtir un lieu de culte pour le divin Othar et tout ce dont vous jurerez bon, mais je vous en prie, aidez-moi à faire ce qui est juste.

Ce n’est pas une supplication que je leur adresse, mais bien une proposition pour un véritable partenariat. J’espère que les deux chevaliers en face de moi, seront sensibles à mes arguments.

Reold Var-Denborr

Fabius les reçut par un repas léger mais complet, comme les chevaliers de l'Ordre les aimaient et l'avaient exprimé lorsqu'ils vinrent ici quelques ennéades plus tôt. Le seigneur Pengriffon fit part de ses intentions vis-à-vis de l'Ordre à Reold et d'Isaiah, connus à Sainte-Berthilde pour être de fortes têtes. Il est vrai que la lettre était concise. Étonnamment, le Seigneur se montra presque triste, comme s'il était aux abois et que les Marcheurs Austères étaient son seul salut. Quoi qu'il en soit, le Meister, comme on l'appelait si souvent pas son titre en langue nordienne, était venu pour obtenir des précisions. Il en eut quelques unes et, se connaissant, il savait que son doute ne sera jamais apaisé. Mais, Reold n'hésitera pas à refuser d'implanter un sanctuaire ici s'il n'est pas sûr que cela lui procurera de la satisfaction.

« Je comprends vos intentions, Monseigneur. Il est vrai que, en temps voulu, j'aimerais avoir un aperçu du bâtiment, si jamais il existe déjà. Sinon, il me faudra l'aide d'un architecte. Dans tous les cas, nous aimerions savoir si vous avez prévu quoi que ce soit, entre une bâtisse, un baraquement, un fortin ou que sais-je encore… Nous vous demandons cela afin de prévoir notre éventuel effectif. »

Reold tourna la tête vers Isaiah, pensant qu'il avait quelque chose à ajouter, et comprit rapidement que le sujet du bâtiment n'occupait pas beaucoup son esprit. En vérité, le Maître de l'Ordre ne plaçait pas plus d'importance sur le sanctuaire que sur d'autres détails, mais, en tant que représentant des Marcheurs Austères, il devait explorer le moindre détail de leur éventuelle présence ici. Lorsqu'il posa son regard marron sur son supérieur, Sire Isaiah haussa les sourcils de dédain avant d'accepter de poser ses questions qui le taraudaient.

Isaiah Rodrisse

« Monseigneur, le bâtiment n'est que l'un des nombreux points que nous voulons explorer. Est-ce que vous avez des chevaliers à votre service ? Celui qui dirigera ce sanctuaire doit obligatoirement être assermenté au moins envers vous ou votre suzerain. Si certains sont en âge de suivre une formation, je peux m'en charger, mais il faudrait qu'un chevalier accompli puisse prendre le commandement de ce lieu. »
« Nous aimerions éviter de placer le sanctuaire de Pengriffon sous l'autorité d'un chevalier Berthildois, car, en tant que tel, nous sommes tous sous l'autorité du Marquis de Sainte-Berthilde. Tous les chevaliers qui voudraient devenir des Marcheurs Austères ici devront prêter serment devant le Grand Maître ou un chevalier apte à adouber un initié de respecter chacune des règles régissant notre Ordre. »

Isaiah gloussa discrètement, car, un regard bref autour de la salle lui suffit à constater que le seigneur Fabius manquait de personnalités de sang bleu. Du moins, si certains l'étaient cela ne se voyait pas, comme pour Perceval Gallick. Celui-ci avait plus l'air d'un rustre de très basse lignée que d'un noble respectable, si toutefois il est un noble, ce qui, d'apparence, n'est pas chose sûre.

Les chevaliers des Marcheurs Austères tenaient quand même y aller progressivement et doucement. Harceler Fabius de questions n'était pas une bonne idée, d'autant plus qu'une telle manœuvre semblait avoir de l'importance pour les deux parties. Certes Fabius n'en disait pas plus que ses besoins de sécurité, et c'était suffisant pour que l'Ordre se mobilise, mais Reold sentait qu'il y a vait peut-être autre chose. Une chose que l'on ne demande pas ouvertement à un seigneur.

Plusieurs sujets sont donc sur la table, il y a d’abord le bâtiment, qui est assez simple à régler, mais le second est beaucoup plus complexe et je ne peux m’empêcher d’être surpris par ce que j’entends, sur la hiérarchie de l’ordre et les diverses allégeances. Je commence toutefois par le sujet le moins complexe, afin de me laisser le temps de réfléchir, je réponds donc à la première question de mes interlocuteurs :

Pour le lieu auxquels je pensais, il s’agit d’une ancienne ferme fortifiée, aujourd’hui abandonné suite à l’invasion gobeline car trop loin du château. Mes gens pourront la remettre en état selon vos indications. Je pourrais vous la montrez quand vous le voudrez.

Je me racle un peu la gorge, car nous allons débattre sur le cœur du sujet, et il me faut être complètement honnête avec un ordre qui vénère Othar le Coléreux et donc les combats et la franchise avant tout, c’est pourquoi j’utilise une voix calme et posée pour bien me faire comprendre de mes interlocuteurs :

Depuis la mort de mes parents, je suis le seul chevalier sur ce domaine. J’ai quelques cousins qui sont aussi chevaliers, mais ils vivent à Soltariel et je ne leur ai pas demandé de venir, même si certains serait sans doute capable de prendre le commandement, car ils disposent d’une certaine expérience dans ce domaine.

Je pense en mon fort intérieur que mon cousin Roland serait peut-être volontaire pour déménager, lui qui m’a déjà écrit qu’il s’ennuyait fort dans la capitale du sud. Mais avant de lui demander quoi que ce soit, je continue la discussion avec les deux membres des Marcheurs Austères.

C’est sans doute de ma faute, je pensais avoir compris la charte de votre ordre, que je me suis fait copier auprès d’un de vos sympathisants, mais de toute évidence je me suis trompé. Je pensais votre ordre indépendant d’un point de vue politique et mettant l’Ordre et le dieu Othar en premier lieu.

Je comprends donc la méfiance du plus jeune de mes invités, car si j’ai bien compris, pour ouvrir une nouvelle mission, il faut que je fasse venir un des chevaliers de ma famille, qu’il accepte d’entrer dans l’Ordre pour pouvoir gérer ce site, ce qui n’est pas une mince affaire. De plus, mettre un chevalier du Médian dans leur organisation est un grand pas et rien ne dit que mon cousin fera l’affaire. Et dans ce cas qu’arrivera-t-il ? Je reprends donc la parole :

J’avoue ne pas mettre attendu à ce genre de difficulté. Ce n’est pas la première fois que vous installez une nouvelle commanderie, je pense à l’exemple réussis de la cité d’Eyroles, comment avez-vous procédé là-bas ?

Je suis en effet curieux, et puisque nous sommes dans les sujets sensibles, autant y aller à fond pour démarrer de nouvelles bases, c’est pourquoi je pose une nouvelle question :

Les modes de vie sont différents dans le Médian et dans les provinces du Nord, je pense notamment aux respect d'intégralité physique des magiciens et les marchands ou même les voyageurs d’autres races, pouvez-vous me dire quelle est la position de l’ordre sur le sujet ?

Et voilà une bonne chose de faite ! Je sais que dans leur pays, les magiciens sont traqués, mais si j’arrive à les calmer et à leur montrer l’utilité de la magie dans les batailles, ils pourront peut-être changer d’avis sur les utilisateurs du Grand Art. Pour la protection des non-humains, ils sont juste importants pour le commerce et je ne peux pas permettre qu’ils soient touchés.

Je sens que la discussion va être longue, heureusement que nous sommes assis et qu’il y a de la nourriture !

Reold Var-Denborr

« Une ferme fortifiée ? Si elle peut accueillir plusieurs personnes, au moins cinq-six, cela sera parfait. L'avantage de la campagne c'est que nous pourrons toujours agrandir le bâtiment au besoin. » répondit Reold, en laissant fuir son regard sur Isaiah pour s'assurer qu'il ne désapprouverait pas sa réponse. « Je passerai quand même une petite visite sur les lieux pour prendre quelques informations, si vous me le permettrez, plus tard, Monseigneur. Cela n'urge pas. »

Si cette ferme fortifiée faisait l'affaire, ce serait un bon point pour la décision. Mais de nombreuses questions sont à éclaircir et rien n'est joué. Et, visiblement, la question des chevaliers sera plus difficile à régler. Fabius se prétend chevalier, mais il ne pourra pas tout gérer, et c'est bien normal. Il fallait trouver deux-trois chevaliers pour assurer les débuts du sanctuaire. Avec la formation, les choses iraient comme une roue infinie. Néanmoins, il fallait éclaircir l'esprit du Seigneur Pengriffon concernant la hiérarchie.

« Tous les chevaliers de l'Ordre se doivent de répondre à leur seigneur. Leur autorité domine celle du clergé et celle du Grand Maître. » répondit Reold aux interrogations de Fabius.
« Mais, si elles ne s'opposent ni à l'un, ni à l'autre, nos règles peuvent nous permettre de remplir nos devoirs sans que quelqu'un d'autre que le Grand Maître nous y autorise. C'est une nuance qu'apporte un Ordre à tout chevalier qui en rejoint un, quel qu'il soit. » ajouta Isaiah.
« Si les Ordres de Chevaleries se détachaient totalement de la politique, nul doute que les seigneurs en tout genre verraient cela comme une menace. Nous sommes autonomes et non indépendants : nous avons droit à certaines choses que des chevaliers non-affiliés à un ordre n'ont pas, et nous pouvons remplir nos devoirs sans qu'un seigneur nous y autorise. Pour le Culte d'Othar, il est notre allié, et accepte de nous octroyer des fonds, et, en échange, nous œuvrons en son nom et respectons ses dogmes et valeurs. De plus, certaines cérémonies lui sont dédiées. »

L'organigramme de la hiérarchie et de l'autorité est complexe et nombreux sont ceux qui n'ont pas tout saisi d'emblée. Hélas, les suzerains des chevaliers étaient au sommet de leur hiérarchie. Qui sait, cela pourrait changer un jour. En revanche, les choses étant ce qu'elles sont, elles n'ont jamais posé problèmes. L'Ordre faisait ce qu'il avait à faire, et on les laissait tranquille.

« En tout cas, le fait est que nous ne pouvons offrir le commandement d'un éventuel sanctuaire à un personnage non-assermenté. Cela dit, le devoir de vos cousins vis-à-vis de leurs seigneurs pourraient les gêner. Devoir être présent devant leur seigneur et gérer un sanctuaire, c'est rude, et ce surtout s'ils sont dans le Sud. » ajouta Isaiah, qui regardait Reold pour s'assurer qu'ils se comprenaient.

Quand Fabius vint à parler de l'Ordre à Eyroles, les deux Marcheurs Austères se regardaient. Visiblement, Spahi Royce n'avait pas précisé qu'il secondait le commandant dudit sanctuaire, aussi petit soit-il. Cela ne l'empêchait pas de venir à Sainte-Berthilde pour rencontrer ses frères, et à réaliser des quêtes au-delà de la ville portuaire du Marquisat. Des quêtes comme celle qu'il lui avait permis de rencontre ce seigneur que rencontraient à son tour Isaiah et Reold.

Isaiah Rodrisse

« Le seigneur d'Eyroles a accepté que ce sanctuaire soit installé dans sa ville. Son commandant est Sire Andran Straggen, qui vient lui-même de la ville en question et qui est très proche de son seigneur. Il est aussi notre Inquisiteur, et il fait souvent le voyage entre Sainte-Berthilde et Eyroles pour assurer ses fonctions dans les deux villes. Mais, il a un bras droit qui lui permet d'être plus tranquille lorsqu'il vient à Sainte-Berthilde. Ce bras droit exerce tous les pouvoirs sur le sanctuaire lorsque son commandant est absent. Le fait est que Sire Andran est souvent à Sainte-Berthilde. »
« Vous avez déjà rencontré son bras droit. Il s'agit de Sire Spahi Royce. L'un de nos meilleurs éléments. Et, il s'avèrera que le commandant d'un sanctuaire qui serait ici devra se rendre à Sainte-Berthilde pour être présent aux réunions. Il devra, lui-aussi, se doter d'un bras droit, lui aussi chevalier, d'ailleurs. »
« Certains de nos personnages, comme l'intendant ou le trésorier, ne sont pas des chevaliers. Mais les figures décisionnaires se doivent d'être des personnes adoubées. »

À peine eurent-ils répondus à la question sur le sanctuaire d'Eyroles que Fabius posa une question sur les différences entre le Nord et le Médian. C'était logique sans être logique. En effet, ce point ne semblait pas déranger Reold. Ce n'était pas entre le Médian et le Nord que les différences sont les plus flagrantes, mais elles existent, c'est bien vrai.

« La magie et l'esclavage ne sont pas légalement interdits, même si l'on évite de crier sous tout les toits que l'on est mage ou esclavagiste. En soi, nous ne chassons ces gens que lorsque l'on nous le demande. Cela reste assez rare, et nous ne sommes pas des chasseurs de sorcières, à moins que nous soyons un jour mandé pour le devenir. Nous ne fouillons pas chaque maison à la recherche d'un magicien à brûler ou d'un esclavagiste à abattre. »
« Pour ce qui est des autres races… je pense que nous attaquerons n'importe quel drow à vue… ils sont des ennemis après tout. Pour les autres, les nains, les elfes et parfois même les simples humains de couleur, nous leur conseillerons d'éviter le Nord car les gens ne sont guère très accueillants. Mais, tant qu'ils restent à leur place, nous n'interviendrons pas en leur défaveur. Nous protégeons la justice, et nous ne jugeons ni tuons ceux qui sont vraisemblablement innocents, qu'ils soient humains ou non. »
« Mais, à changement de région, changement de lois. Ici, dans le Médian, ce sera votre Suzerain qui prédominera. Ses lois. Les lois d'Hautval, donc. Tout ce qui est légal ici le sera pour chacun des chevaliers de l'Ordre qui serviraient pour un sanctuaire. Donc, si la magie est légale ici, le sanctuaire de Sainte-Berthilde ne pourrait ordonner au sanctuaire de Pengriffon de pourchasser un mage, fût-ce la magie illégale dans le Nord. Ce qui n'est pas le cas, pour être tout à fait exact. Mais c'est un détail, en l'occurrence. »

Cela faisait bizarre d'expliquer cela à un seigneur. Généralement, ils étaient peu à s'y intéresser de la sorte. C'était gênant, mais pas si désagréable. Après tout, s'ils voulaient tous voir un sanctuaire s'installer ici, il fallait que tout le monde soit d'accord et que les choses soient claires pour toutes les parties. Autant Reold pouvait refuser d'installer un sanctuaire ici, autant Fabius pouvait bien se rétracter si les choses ne lui convenaient pas.

Et voilà, c’est beaucoup plus clair ! Les chevaliers sont toujours sous la responsabilité de leurs seigneurs et en plus de l’ordre, ce qui peut donner lieu à des conflits d’intérêt de temps en temps. Mais c’est là une information précieuse et qui m’aide à comprendre le fonctionnement interne d’un ordre de chevalerie. D’ailleurs plus j’y pense, plus mon cousin Roland serait parfait pour ce rôle, je fais donc part de mon idée aux deux hommes assis en face de moi :

Je voudrais vous présenter Roland Pengriffon, un de mes cousins, adorateur du dieu Othar et chevalier actuellement au sein de ma famille à Soltariel. Il souhaite un peu plus d’action et je suis sûr de pouvoir convaincre le patriarche de la famille de le détacher de manière définitive dans mon domaine. Il pourra se présenter devant votre ordre, à Sainte-Berthilde très rapidement.

Je donne un peu de précision sur ce membre de ma famille, afin de leur présenter le personnage que je compte mettre à la tête du sanctuaire, s’ils sont d’accord :

Roland est un chevalier adoubé par mon grand-père, après avoir montré de grande capacité en combat, lors d’un tournoi. Il est adorateur d’Othar depuis tout petit, et j’ai rarement vu une personne aussi courageuse que lui. Il a maintenant trente ans mais n’a rien perdu de sa fougue. Il dirige régulièrement des patrouilles à la demande du seigneur de Soltariel et connait bien les différentes tactiques de combat.

Je ne leur dit rien à propos de son caractère, qui est assez difficile, ne voulant pas infléchir leur jugement. Le reste des réponses des Marcheurs Austères, me convient, aussi bien la partie sur le traitement des mages que pour le statut des étrangers. Je leur indique donc :

Je n’ai jamais vu un seul drow par ici, depuis mon enfance et je ne sais pas même si la notion de commerce existe dans leur société. Nous verrons bien, si un jour, nous sommes confrontés au problème d’un membre de leur race qui est pacifique.

Je m’arrête quelques secondes pour faire un inventaire de ce qui a été dit, et qu’il reste à faire :

Nous irons visiter le bâtiment que je vous destine ensemble, il n’est qu’à trente minutes de cheval d’ici. De plus je vous enverrai mon cousin le plus rapidement possible pour que vous puissiez examiner si ses aptitudes sont dignes de votre ordre. Maintenant que nous avons réglé la question de la hiérarchie, il reste parmi dans les points suivants, la question des finances et de la venue de l’église d’Othar.

Ce sont en effets deux sujets qui ont de l’importance, mais sur lesquels, je n’ai pas aucune idée de comment est-ce que l’ordre procède, je préfère donc interroger le Maître et son compagnon pour trouver ensemble une solution. S’il faut financer une partie des chevaliers qui seront présents, je pourrais le faire sur ma cassette personnelle, si c’est la totalité, je devrais sans doute devoir équilibrer mes comptes, mais cela reste faisable. Pour le temple d’Othar cela devrait être plus simple, d’habitude le type de bâtiment que ce culte construit n’est guère ostentatoire ni même couteux et devrait avoir toute sa place dans ma communauté.

Reold Var-Denborr

Apparemment, le seigneur Fabius avait quelqu'un apte à prendre le commandement d'un éventuel sanctuaire à Pengriffon. C'était déjà bien. Pour le renfort, Isaiah pourra former quelques garçons pour qu'ils deviennent chevaliers et qui sait, si le local est assez grand, il pourrait former des hommes d'armes. Une dizaine serait un bon début pour un Ordre qui n'a que des chevaliers pour membres. Avoir des soldats assujettis aux chevaliers serait excitant.

« Dans ce cas, qu'il vienne à notre rencontre. Nous l'interrogerons et nous saurons vite s'il est digne de porter nos couleurs et de commander en notre nom ou non. » acquiesça Reold, regardant Isaiah qui souriait comme s'il avait hâte de tester ses capacités.

Fabius leur proposa de visiter la fameuse ferme fortifiée qui pouvait devenir un sanctuaire pour les Marcheurs Austères. Il aborda la question des finances et de l'Eglise d'Othar, qui, bien que le Haut-Temple d'Othar n'était qu'à deux jours d'ici, il fallait bien un prêtre. C'était une promesse qu'avait faite Reold envers le Culte : tout sanctuaire disposera d'un prêtre d'Othar.

« Pour ce qui est de l'église, comme vous dites, nous disposerons une salle pour qu'elle devienne une chapelle dédiée à Othar, qui sera prise en charge par au moins un prêtre. Si vous voulez que le sanctuaire soit aussi un temple d'Othar, cela peut se faire mais il faudra voir grand, car nous tenons à garder une certaine intimité. »

Isaiah Rodrisse

« Et nos finances devront être gérées par un trésorier, qui peut être un chevalier ou non. Là aussi, nous espérons à une certaine intimité. Nous pouvons vous dire que la plupart de nos fonds sont issues du Culte d'Othar et, dans une moindre mesure, celui de Néera. Certains seigneurs font des dons, mais c'est plus rare. Mais votre domaine ne dispose pas d'un temple d'Othar ? Cela m'étonne, si je puis être honnête. Othar est très apprécié dans le Duché d'Erac… pour preuve ! Le Haut-Prêtre est eraçon, après tout. »
« Mais, nous pouvons aussi discuter de cela en chemin, si vous le souhaitez. »

Au moins, Reold savait qu'aucune décision ne sera prise dès aujourd'hui, de son côté. De toute façon, il n'aurait pu agir sans l'aval de ses frères d'armes. Leur avis était trop important à ses yeux. Certains refuseront, quelques soient les conditions, mais, trouver un consensus est un talent que maîtrise Reold Var-Denborr. Avec le temps, le Meister s'est perfectionné dans l'art de rassembler.

« Nous avons la journée pour régler le moindre détail, et Othar sait qu'il y en a de nombreux. Je vous propose de partir maintenant pour le bâtiment que vous avez prévu pour nous car, visiblement, de nombreuses choses dépendent de celui-ci. Qu'en pensez-vous, Monseigneur ? »

Je suis soulagé quand Reold Var-Denborr accepte de recevoir mon cousin, Roland Pengriffon. Pour le temple d’Othar assez grand pour accueillir une partie de la population, de toute évidence, ce n’est pas une condition pour une implantation, ce qui simplifie les choses. Il reste la partie financière qui a un peu été mise de côté, je pensais devoir mettre la main à la poche, mais il semble qu’ils seront auto-suffisants, et c’est une bonne nouvelle.

Mais le représentant a une idée bien en tête et veut absolument voir ce qu’il en est de la propriété que je compte lui allouer, je lui réponds donc :

C’est là une très bonne idée, je vous invite donc à me suivre.

Et je quitte la pièce accompagnée des deux Marcheurs Austères pour nous retrouver dans la cour où nos chevaux nous attendent et alors que je craignais d’avoir à nouveau à monter Guerre, mon étalon, je suis rassuré en voyant que les palefreniers ont sortit un autre cheval, beaucoup plus calme.
Nous sortons donc à seulement quatre, Perceval Gallick, le chef des gardes ayant insisté pour m’accompagner, et nous prenons la direction de l’ouest, où des nuages semblent s’amonceler, j’espère qu’il ne pleuvra pas.

Sur le chemin, je leur raconte la tragique histoire des anciens habitants :

Lors de l’invasion gobeline d'il y a quelques années, les hommes, femmes et enfants ont quittés leurs foyers pour trouver la sécurité dans le château des Pengriffons. Malheureusement, les paysans de cette ferme fortifié sont tous tombé dans une embuscade et pas un n’en a réchappé. La baronnie de Hautval était très occupé à contrer avec ses propres hommes, les envahisseurs, et ce sont les chevaliers des provinces du Nord qui ont permis avec leur grand courage, de repousser l’ennemi et ainsi sauvé tous les habitants de notre comté, à part les résidents de cette ferme fortifiée. Le plus triste dans l'histoire est que s'ils avaient attendus derrière leurs murs, ils seraient peut-être en vie, à l'heure actuelle.

Mon cœur se sert à l’idée que cette tragédie aurait pu être éviter si nous avions disposer à l’époque de plus de soldats et c’est une des raisons qui me pousse à tout faire pour assurer la sécurité des personnes qui sont sous ma protection. Nous arrivons enfin à l'endroit indiqué et pour me changer les idées, je me transforme en agent immobilier et je commence à décrire les différents atouts de cet endroit :

Comme vous avez pu le constater ce lieu est à trente minutes à cheval du château. Il y a une écurie, une étable, une très grande grange avec en plus une partie habitation, en tout une vingtaine de personnes habitaient ici. De plus, un puits vous permettra d’être indépendant pour l’eau, tout comme les terres alentours qui sont fertiles.

Je sens qu’il faut que je rajoute quelque chose, pour les convaincre et je continu donc sur ma lancé :

Vous serez bien sûr exempté de taille et autres taxes. Vous aurez également le droit de chasser.

Voilà, je pense avoir tout dit, et je suis prêt à les suivre dans l’enceinte s’ils en font la demande.

Ferme fortifiée:

Reold Var-Denborr

Les chevaliers et le seigneur quittèrent leur château pour se diriger vers la fameuse ferme fortifiée. Isaiah et Reold échangèrent de discrets signes de la tête comme si, pour l'instant et à leur égard, les choses se déroulaient bien. Un personnage un poil paranoïaque aurait pensé qu'ils avaient comploté un effroyable assassinat. Les choses étaient claires et la ferme fortifiée allait éclaircir ou assombrir de nouveaux points. Peut-être même qu'elle allait soulever de nouvelles questions. Isaiah et Reold montèrent sur leurs chevaux respectifs et partir en direction du bâtiment en question.

En chemin, Fabius raconta ce qu'il arriva aux anciens propriétaires. Glauque était le mot, même si de nombreuses familles avaient été décimées à cause de ces maudits gobelins. Dans la peur et la détresse, les paysans ont quitté leur foyer sans réfléchir et ils ont fini par être rattrapé. Quel sort cruel. Reold et Isaiah écoutèrent en silence le récit de Fabius, et ne cherchèrent pas à répondre. Le silence serait comme un hommage pour toutes ces victimes. Mais il fallait bien communiquer à un moment ou un autre.

« Une de nos nombreuses quêtes. Mais chasser les gobelins dans leurs montagnes seraient comme pourchasser un requin dans les profondeurs de l'océan. C'est la mort assurée. Et ils sortent rarement de leur montagne, et s'ils le font, ils le font en groupe. En bataillon, même. »
« En dizaine, minimum, oui. Mais ils ne jurent que pas le nombre, et, une fois hors de leur montagne, ils ne réfléchissent pas à une tactique. C'est leur point faible… avec les cavaliers. »

Après plusieurs dizaines de minutes de marche, ils arrivèrent à l'endroit voulu. Reold et Isaiah furent agréablement surpris car la “ferme” était plus grande que ce qu'ils avaient imaginé. Le Waffenmeister siffla d'un air impressionné. Oui, oui. C'était vraiment un beau bâtiment. Aussi esthétique que solide. Et puis, Fabius fit un bref descriptif de ce que le bâtiment pouvait accueillir. Les Marcheurs Austères écoutèrent.

Isaiah Rodrisse

« Vingt personnes ? Pour assurer le confort, nous nous contenterons de dix-quinze bonshommes. Le terrain est avantageux pour l'entrainement, et nous pourrions aménager une plaine spécialement pour les soldats, et donner le reste à des paysans. Pour la chasse, nous ne chassons que rarement mais cela n'est pas un détail important. »
« Ce logis est plus grand que celui d'Eyroles. J'en connais qui vont être jaloux. Ceci étant dit, il faut savoir si on peut aménager une chapelle un tant soit peu grande et solide. C'est très sympathique de nous exonérer des taxes, même si nous ferons sûrement des dons pour le Culte et pour vous. C'est dans notre nature. Par contre, vu la taille de l'endroit, il faudra plus d'un chevalier pour gérer tout ça. »
« Vu la taille, il est fort probable que l'on puisse installer une chapelle, même si elle ne sera sûrement pas la plus flamboyante. »

Reold descendit de son destrier et s'avança. Il palpa les murs et fit un bref tour autour du bâtiment. Il n'avait rien à redire, c'était du solide. Suffisamment, en tout cas. Le Meister n'aurait pas espéré mieux, et, il devait en convenir, Fabius commençait à le convaincre. Le bâtiment était bon, il avait un chevalier à disposition, même s'il fallait encore le tester. Cela viendra en temps et en heure, et il faudra rapidement l'entourer d'autres chevaliers. Au moins un.

« C'est une bonne bâtisse. Cela m'étonne qu'aucun culte ou même vous n'ai pas voulu le militariser. Nous devrions entrer à l'intérieur pour voir comment c'est organisé, pour voir s'il y a beaucoup de ménage à faire et autre. »

Je suis content que le bâtiment leur convienne, même s’il trouve un peu grand, il vaut mieux çà que le contraire, et si un jour, des chevaliers de l’ordre sont de passages dans la région, ils pourront sans peine les héberger. Ce que je n’avais pas prévu, c’est que les Marcheurs Austères ne chassent pas, ce qui est bien dommage car cela fait partie de mes activités préférées, surtout la chasse à cours, où à l’aide d’une dizaine d’autre chasseur et de meutes de chiens, on rabat quelques nobles animal comme des cerfs ou encore des sangliers, avant de les tuer à l’épieu.

Les rares fois où j’ai participé à une activité de ce genre, j’ai toujours beaucoup apprécié. Le domaine des Pengriffons dans le sud est vaste et compte quelques forêts pour réaliser ce type de chasse. Je me souviens que c’était surtout en l’honneur de marchands important que ma famille organisait cet évènement.
Je suis tiré de mes souvenirs quand mes invités souhaitent visiter l’intérieur ! Je connaissais dans le sud, un homme qui s’appelait Vincento Plazo et dont la profession était justement de faire visiter des biens toute la journée à des gens fortunée. J’avais toujours trouvé son travail fatiguant, car devoir tout expliquer à des gens qui ont beaucoup trop de critères doit être harassant. Heureusement, les gens qui souhaitent aujourd’hui inspecter cette demeure ne sont pas là pour me faire perdre mon temps car le site semble beaucoup les intéressés.

C’est donc en souriant que je leur réponds :

Mais bien sûr, si vous voulez bien vous donnez la peine d’entrer.

Je fais signe à Perceval d’ôter la lourde barre en bois qui empêche les curieux d’entrer et celui-ci s’exécute, faisant jouer ses muscles. Comme à mon habitude, je ne fais pas mine de l’aider, car je le gênerai plus qu’autre chose, et au bout de quelques minutes, l’entré est dégagé, et la porte s’ouvre sur une pièce remplie de poussière. Si j’avais su que les Marcheurs Austères auraient voulu la visiter, je l’aurai fais nettoyer par mes gens. Je vais donc me salir, et il faudra que je prenne un bain ce soir sans faute.

Je passe donc le premier et je vois que cette première pièce sert de poste de garde et qu’elle contient une porte permettant l'accès à la cour et un escalier en bois, encore en bon état qui permet de monter aux étages supérieurs. Le tout sent la poussière et j’éternue à de nombreuses reprises, faisant décoller de nombreux nuages de poussière. Je me dirige donc à grand partie vers la porte et j’entre ainsi dans une grande cour qui sert de point central à la ferme fortifié, avec les bâtiments alignés de part et d’autre.

Je suis plutôt content de ce que je vois, car aucune structure ne s’est effondrée et même les toits sont en bon état. Le puits est à côté de la grange, sans doute pour faire boire les bêtes, quand elles étaient encore présente, et je peux voir que l’eau est toujours claire, signe que la nappe phréatique n’a pas été touché.

Je me dirige ensuite vers la zone de vie des précédents habitants et je peux voir des assiettes cassées au sol, quelques vêtements abandonnées un peu partout, comme si on avait fait un départ précipité. Je remarque quelque chose qui me semble familier près de la grande cheminé et la prenant dans mes mains, j’enlève des années de poussière, me faisant tousser à nouveau, mais une fois cet objet nettoyé de ces années d’abandon, je peux voir une petite poupée en chiffon, devant appartenir à un des enfants qui jouaient dans cette pièce, avant de quitter pour toujours cet endroit et mourir des mains de repoussantes créatures.

Je me retourne vers les guerriers, tout sourire ayant disparu de mon visage et je leur dis :

C’est pour éviter que d’autres fermes soient dans le même état, que j’ai besoin de votre aide.

Reold Var-Denborr

Sur ordre de Fabius, son capitaine des gardes, Perceval, déplaça les barres en bois qui bloquaient l'entrée. Sûrement pour éviter les squatteurs. L'avantage cet endroit, c'est qu'il était plutôt tranquille. Le sanctuaire à Sainte-Berthilde est en ville, et l'activité bruyante des hommes s'entend à des lieues du sanctuaire. Ici, ce n'était pas du tout le cas, bien au contraire. Qu'ils chassent ou qu'ils fassent autre chose, cette plaine était paisible et agréable.

Une fois l'entrée dégagée, les chevaliers entrèrent en compagnie de Fabius et de Perceval. Isaiah laissa échapper un “pouah” de sa bouche dès qu'il sentit l'odeur de renfermé et qu'il contempla toute cette poussière. En effet, le bâtiment n'avait pas été nettoyé depuis un bon bout de temps. Mais Reold, lui, s'attarda sur les fondations, les murs, les cloisons et le toit qui, eux, tenaient toujours fièrement debout.

« Il y a une cour, un puits, et une écurie, c'est déjà satisfaisant. Je dois vous avouer que je ne m'attendais pas à ça. » remarqua Isaiah, qui rassembla les morceaux d'une chaise cassée au pied d'un mur.
« Oui, tu as raison, Isa'. Les pièces sont assez spacieuses, en plus de cela. La seule pièce manquante est une salle de bain, en somme. » soutint Reold.
« Et un bon coup de ménage ! Après, de nombreux meubles sont cassés, et la vaisselle aussi. Il faudra remeubler tout ça, même si certains ont juste besoin d'un fonçage et d'un cirage pour être pimpant. »

Isaiah Rodrisse

Pour un homme qui avait des a priori, Isaiah se montrait enthousiaste. Plus que durant le voyage, pour sûr. Reold vit Fabius en train de farfouiller on ne sait quoi, jusqu'à le voir souffler sur un objet maculé de poussière. C'était une petite poupée, et il avait le visage morose, désormais. Avec l'âge, le Maître des Marcheurs Austères avait appris à rester impassible, malgré tout l'altruisme qui animait son cœur.

« Je n'en demande pas moins, Monseigneur. Voire les plus humbles gens dans la détresse n'est pas aisé pour des hommes ayant soif de justice. » répondit le Meister d'une voix neutre.
« Dans tous les cas, le dernier problème reste celui des dirigeants de cet endroit. Vous n'auriez pas des jeunes garçons de sang bleu qui pourraient devenir écuyers ? Et aucun noble de votre entourage ne serait prêt à devenir chevaliers ? Pour la formation, je pourrais m'en charger. Mais, deux-trois chevaliers expérimentés pour gérer tout ça avant d'achever la formation de jeunes gens serait un bon point. »
« En effet, et je pourrais me charger de nous dégoter un prêtre. Mais je me pose une autre question. Les plafonds m'ont l'air bas. Cette ferme n'a-t-elle pas d'étage supérieur ? »

Ni Reold, ni Isaiah n'avait aperçu d'escaliers ou d'échelles même s'il ne s'était pas réellement attardé à ce détail. Ceci dit, personne ne crachera sur quelques pièces de plus. Plus il y en avait, plus le confort serait assuré et assurable. Et, les Marcheurs Austères n'avait pas de plan du lieu, donc il leur était encore difficile de se repérer même le temps fera son œuvre. Quoi qu'il en soit, ce lieu les satisfaisait.

Le sujet du dirigeant du lieu revient sur le tapis et j’espère vraiment que mon cousin Roland va faire bonne impression, dans le courrier que je vais lui envoyer, je lui demanderai d’emmener quelques écuyers, puis nous serons nombreux, plus la décision de créer une antenne de l’ordre ici, sera facile à prendre pour les chefs de l’ordre des Marcheurs Austères.

En attendant nous passons plusieurs heures dans la ferme fortifié, explorant tous les recoins, y compris l’étage dont nous avons finalement trouvé l’escalier permettant d'y accéder. Il y a même une cave à vin, mais qui n’intéresse absolument pas mes invités, ce qui est bien dommage. Nous finissons ainsi la visite, et je suis couvert de poussière, de la tête au pieds, j’en ai même dans les cheveux ! Mais les chevaliers qui m’accompagnent ont l’air satisfais, ce qui est le principal objectif de cette journée.

Sur le chemin du retour, nous voyons de nombreux animaux sauvages, qui semblent avoir perdu leur peur de l’homme et nous regarde passer avec curiosité. Il est étrange de voir à quel point la nature se remet vite du passage de l’homme. Les bâtiments que nous avons visités, si ils avaient été abandonné encore quelques années auraient été méconnaissable car la végétation aurais commencé à pousser et en l’espace d’une décennie, le lieu n'existerait plus.

C’est pourquoi les êtres humains doivent s’entraider à lutter contre de désordre et laisser ainsi une empreinte dans l’histoire comme on fait les autres races. Je réfléchis à cela tout le long du trajet, jusqu’à mon château, qui semble lui indestructible, alors que je sais très bien, avoir vu les forteresses du sud, qu’il pourrait être rayé de la carte en une journée en cas d’invasion.

Nous passons le reste de la journée en négociations et je lorsque le soir vient, nous avons enfin traité tous les problèmes liés à une implantation de l’ordre sur mes terres et ainsi trouvé un terrain d’entente. La suite ne dépend plus que de mon cousin et de ses compétences, il doit absolument montrer l’étendue de ses capacités pour faire partie de cet ordre d’élite.

Par respect, j’accompagne mes invités jusqu’à la frontière de mon domaine, au-delà s’étendant les marquisats de Nord, avec leur culture si particulière, où les magiciens sont chassés et les femmes déclassées. Pourtant, c’est aussi une terre qui est en première ligne et dont les habitants ont à de nombreuses reprises risqués leur vie pour que les terres du Médian et du Sud ne soit pas ravagées par la guerre.

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