[Mare Noire] Murs de ronce et Belle épine | Less

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5e jour de la 7e ennéade de Karfias ~ été
17e année du XIe Cycle
Soir du départ de la clairière

Leomenis arrive à pattes de velours  dans une clairière jouxtant une source d'eau fraîche. La lumière descend, teintant les feuillages d'une lumière écarlate. Il fera beau demain semble t'il. Haldren descend du dos du fauve qui lui en est reconnaissant. Après s'être abreuvé, il s'ébroue avant de sauter dans les frondaisons, pour aller chasser le souper....

Plus tard, autour d'un feu de bois au dessus duquel grille un lièvre, les deux elfes ne parlent pas. Illuminées par la lueur des flammes, les prunelles de mousses fixent Langue agile, une lueur dubitative dans le regard. Il ne parle pas et la druidesse respecte ce silence, n'étant guère loquace non plus. Après une nuit de repos, Haldren lui annonce tout de go qu'il a un moyen de locomotion plus rapide.

Lareless l'aurait pensé curieux, curieux de la nature, de la vision des Druides.  Non… Ses buts comme ses motivations lui sont inconnus. Elle ne fait que le regarder sans mot dire, sans aucun jugement, grinçant intérieurement des dents. Et il disparait, comme ça, sans aucun merci, information ou considération. Du moins de son point de vue à elle. Akhoraril a eu, au moins, la décence de la remercier même s'il ne l'a pas écoutée, elle en est certaine. La druidesse se demande ou l'Elfe des flots pourrait bien se trouver et s'il l'aiderait, lui.

Un pied se pose au sol. Une patte de velours se pose au sol… Leomenis disparait sans bruit dans les fourrés.

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6e jour de la 7e ennéade de Karfias ~ été
17e année du XIe Cycle
J1 - Lendemain de l'Appel, Sud d'Ardamir

Errant sans but apparent, la druidesse s'arrête dans divers endroits pour ramasser ce dont elle a de besoin. Un champignon soigneusement emballé dans de la fougère pour ne pas que ses spores hallucinogènes ne se répandent, plusieurs bouts de vignes de ronces, de lierres et de lianes. Et elle a eu la chance, pour elle, la malchance pour les elfes de pierre de tomber sur des dréatites qu'elle a faite fleurir et fertiliser pour en récolter les graines.



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7e jour de la 7e ennéade de Karfias ~ été
17e année du XIe Cycle
J2 - Quelque part au sud ouest d'Ostirion

Avec abnégation et précision, la druidesse se mit au travail. L'un après l'autre, elle repéra les sentiers de chasseurs et les sentes crées par les bêtes dans la forêt vierge de cette partie de l'Anaëh. Les tron de plusieurs mètre de diamètre et de plusieurs dizaines de mètres de haut formaient une catédrale dont la canopée regorgeait de vie bien plus que le sol si peu éclairé par le soleil. Un sol fertile aux besoins d'un Héraut en quête de protection.

Dans l'humus décomposé et le terreau ombragé, elle planta ronces, vignes, dréatites et clathres ombreux. A chaque fois qu'elle croise un point de passage, une fleur carnivore nait et les épines forment un goulot  dans lequel les clathres s'épendent. A chaque fois qu'elle n'en trouve pas, la végétation s'élève, grandit et grossit d'autant, crissant et chuintant dans cet excès de vie. L'Equilibre est rompu mais c'est pour un bien plus grand qu'elle opère.

Longtemps, elle marche et transforme son environnement, ne se reposant que le stricte nécessaire. Elle remonte, du sud au nord, croisant la grande Voie blanche, cette route de terre battue qu'entretiennent les enfants des pierres. Elle attend qu'une patrouille passe et la voie subit le même destin. Sur plusieurs heures, de route, ses bordures deviennent denses, impénétrables. Une un peu moins d'une heure, les clathres et les ronces poussent les voyageurs à s'approcher toujours plus d'un massif de dréatites aux odeurs enivrantes.

Plusieurs fois, des chasseurs sont venus. Plusieurs fois la druidesse s'est révellée à eux en tant que Héraut de l'oeuvre. A chaque fois, ils se sont retirés... avec plus ou moins de grace.



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4e jour de la 8e ennéade de Karfias ~ été
17e année du XIe Cycle

Au sud oued d'Ostirion, le fort d'Ardamir, la Symphonie portait l’écho d'une drôle d’œuvre. La Sylve se réjouissait ! Elle croissait ! Elle croissait !

Encore et encore !

Forte et dense !

Dense au point d'en avoir du mal à respirer...

Dense au point d'en avoir du mal à s'entendre...

Dense au point que les ronces et les lianes s'entremêlent et se serrent pour guetter la lumière et l'eau dont elles avaient besoin. L'eau que leur apporta une longue pluie drue le 9e jour de la 7e ennéade. Toute la journée et toute la nuit. Et encore un jour le lendemain. Comme si le monde apportait son aide à l'entreprise de celle qui avait ordonné cela.

Et à la fièvre de la croissance succéda la faim...


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Le Maître du Jeu s'adressant à son audience... Tu as réussi à mettre en place les pièges que tu préméditait, mais le prix n'est pas anodin.

Déjà, pendant ton exercice, il a fallu repousser quelques chasseurs curieux ou insistants. Comment t'en es-tu chargé ? Un jeune homme a même été happé par une dréatite affamée alors que tu était encore non loin. Méritait-il de mourir ou l'as-tu sauvé ? N'hésite pas à décrire la scène et à créer le PNJ du jeune chasseur et à l'affilier au clan d'Ardamir de ton choix (liste dans ce BG).

A la fin de ton entreprise, la difficulté se situait également autre part : tu étais épuisée. Aussi bien physiquement que mentalement. Faire a nouveau usage de magie te serait impossible avant un jour ou deux au prix de ta santé sur le long terme... ou même peut-être de ta vie. Tu avais également conscience que le sol sur lequel tu venais d'agir risquait de s'appauvrir à grande vitesse si les plantes ne mourraient pas rapidement pour venir le nourrir... a moins que d'autres êtres vivants viennent remplir ce rôle.

Place ton personnage à la fin de ce long travail fastidieux, au matin du 4e jour de la 8e ennéade.

... Je suis vivant ?

Voilà une première question bien singulière à se poser, et pourtant c'est bien celle que se pose le jeune homme avec la première once de conscience qui lui revient. Surnageant dans un demi sommeil, la peau mise à vif par des traces de suc et de sève, il a confusément mal... Donc il doit être vivant.

La seconde chose qui le frappe est cette Symphonie désaxée et encombrée.

Par réflexe, il cherche le Dévoreur au travers du murmure difficile de la flore et le monde s’apaise à nouveau. Alors seulement, il commence à se détendre et à envisager le reste.

Notamment le Pourquoi ?

Pourquoi était-il encore en vie ? Comment était-il passé de diné d'une dréatite à... Lui, sur le sol. Englué de sève et brulé par les sucs, mais bien vivant.

Après s'être passé une main sur le visage pour en retirer les restes de la plante, il ouvrit péniblement les yeux. Les ronces. La terre chaude. Il semblait être à peu près au même endroit ? Il passa une main dans ses cheveux colorés d'ocre rouge. Tournant la tête, il tomba sur la forme de cette intrigante femme, près de lui. Elle... L'avait-elle sauvée ? Elle semblait dormir encore. Son masque d'os couvrait la partie de son visage qu'il aurait pu voir.

Doucement, il se met à genoux pour approcher à nouveau de l'étrange elfe solitaire... ou du moins il essaie, tout son corps se mettant à gronder de mécontentement. Il gémit, à moitié assit. Se faire manchonner par une dréatite n'était pas particulièrement conseillé par les Aînés...

Et elle approche.

Le jeune homme reste immobile en la voyant bouger. Il a la curieuse impression d'être face à un gros félin... En beaucoup plus attirant. Mais il remarque vite que le simple fait de rester assit lui fait battre le cœur plus vite et embrume sa vision. La sensation de brûlure sur sa peau est de plus en plus inconfortable. Il se laisse retomber sur le dos avant quand le monde ne se mette à tanguer dangereusement.

- Lethwë, Tiris'Elmion des Lam'Nir. " souffle-t-il en plusieurs temps, respirant profondément, la tête reposant confortablement entre un carré de mousse fraiche et une touffe d'herbe. Il tâtonna un peu par acquis de confiance, mais son trident ne semblait pas près de lui. Il fallait croire que c'était véritablement une belle matinée pour les rencontres et pas pour autre chose.

Un nouveau bruissement dans les fourrés. La Symphonie est toujours égale à elle-même. Il n'y a personne alentour. Ni hostile, ni curieux. De loin, les échos d'un elfe solitaire se déplace dans vaguement dans cette direction, mais sans doute n'est-ce qu'un chasseur contournant le champ de ronce.

Le Noss prend quelques instants de plus pour ravaler la bile qui lui monte aux lèvres avant de tourner la tête vers l'étrange femme.

- Je suis venu voir ce l'Anaëh commençait à faire autour d'Ostirion. Mon clan est proche. Nous ne pouvions pas laisser les évènements des derniers jours sans réponse. " Il eut un rire, dévoilant au passage ses belles dents blanches. " Je ne m'attendais pas à tomber sur si belle Elgath... "

Autour d'eux, la Symphonie étranglée et brouillonne s'apaise. Certes, elle est toujours forte et criarde de son surplus de vie, mais la Faim, la colère, le manque et l'incompréhension fondent comme neige au soleil. Là, un murmure chante la douceur du soleil d'été. Ici une mélodie s'amuse du chant du vent entre les tiges épineuses des sacs de ronce. La voix retentissante d'un arbre millénaire rit de toute cette nouvelle vie à ses pieds.

Lethwë hésita un instant avant d'ajouter. " Merci de m'avoir sauvé Lareless. Je te dois la vie. "

Il ne connaissait pas les contes humains dont la femme parlait. Il ne savait pas ce que pouvait bien être une princesse. Mais il avait saisir l'amusement dans la voix de la solitaire. Il n'aurait pas du approché aussi furtivement. Il ne la considérait pas un instant comme responsable... Et pourtant, quand elle commença ses explications, il perdit son sourire charmant.

Elle était bel et bien une druidesse. Aussitôt, le jeune homme porta le poing à son cœur.

- C'est un honneur. " lança-t-il avec toute la force qu'il avait encore du fond de sa nausée.

Et elle était plus responsable qu'il ne le pensait à l'origine. Cette zone de barrage, c'était elle qui l'avait mis en place. Il déglutit, écoutant avec attention la façon dont la Sylve avait mis en garde son Héraut contre l'avancée des Taledhel, lorsqu'une silhouette blanche aux cheveux hésitant entre le bleu et le mauve se laissa tomber d'une branche basse.

Le trident de la jeune femme s'enfonça profondément dans le sol, sans une once de compassion pour les épaisses racines dans lesquelles il se ficha... Mais étrangement l'arbre auquel appartenait la racine continuait de chanter, enthousiaste et heureux comme jamais. La Symphonie s'égaillait, lumineuse... Mais rien ne laissait soupçonner la présence d'une troisième elfe. L'Anaëh observait, curieuse, la discussion du chasseur et de la druidesse.

Le chasseur allongé était juste entre les deux femmes, mais la nouvelle venue n'attendit pas un instant pour fondre sur son compère, se penchant jusqu'à ce qu'il puisse sentir son souffle sur sa joue, sans le toucher d'une quelconque façon. Les étranges yeux d'un bleu saturé se vrillèrent dans ceux de l'homme et elle demanda, oppressante.

- Tu n'as pas le droit de mourir.
- Je ne vais pas mourir. Je te le jure.
- Tu n'as pas le droit. Grand-père arrive.
- J'ai compris. Je ne mourrai pas. Promis... C'est promis. " répéta-t-il calmement.

Et comme elle était venue, l'intensité de la jeune femme disparut. Elle se laissa tomber près du protecteur de son clan, presque en tailleur. Les plante des pieds vinrent se coller l'une contre l'autre. Ses doigts se mirent rapidement a jouer avec ses orteils, pendant que son étrange regard vagabondait alentour... Pourtant, s'il croisa celui de la druidesse, il ne s'arrêta pas une seconde. L'avait-elle même vue ? Difficile à dire.

Le jeune homme, lui, semblait un peu plus tendu. Il reporta son attention sur la druidesse, visiblement contrit.

- Pardonnez nous. Elle fait partie de mon clan. Vous avez dit qu'il arriverait quelque chose de terrible si les enfants de pierre approchent d'Aduram. Mais ce serait quoi exactement ?
- Merci Lethwë. J'aime bien ici.

Une nouvelle venue et Lethwë semble subitement gêné. Qui est elle? semble se demander Lareless sous son masque d'os. Une pair, une amie, une sœur, une compagne? Grand-père arrive… Des oreilles de plus. Les yeux verts se plissent d'amusement devant l'air subitement gêné du mâle qui semble soudainement moins charmeur, étendu au seul entre elles deux. Le contraste entre les deux femelles est flagrant. Lareless de Bronze et d'os, l'inconnue se saphir et d'améthyste. La druidesse l'acceuille d'un hochement de tête accompagné de tintements de breloques d'os.

Belle matinée pour les rencontres… Je suis Lareless…

- Pardonnez nous. Elle fait partie de mon clan. Vous avez dit qu'il arriverait quelque chose de terrible si les enfants de pierre approchent d'Aduram. Mais ce serait quoi exactement ?


Il y a un moment d'immobilité absolue.

Écouter… Les vieilles pierres qui grincent…. Ecouter… Les feuilles qui bruissent...Ecouter l'eau qui danse et qui rit avec les rochers au milieu de son lit. Le valao somnole paisiblement tout contre le rocher chaud de Turmambal , dans le giron de Gingal, en train de méditer sur l'immuable protection de pierre. Sous nos pieds, la terre pulse de vie, cette vie éternelle… Elle sera quand nous ne seront plus, longtemps. Elle ne dépend pas de nous, mais nous aime et nous protège… Elle sera toujours là pour nous. Mais malgré sa force cet équilibre est fragile. Les fondations d'Anëh qui nous soutiennent, nous protège… Qui a tant et tant supporté au fil des cycles….

Mais soudainement, il n'y a plus de lumière. Plus d'arbre qui bruissent, qui rit de nous voir nous aimer sous ses branches… Plus que le silence de la pierre... et même encore… Le vide… Le danger… Un abîme qui va s'ouvrir sous nos pieds. La perte de tout. Tout ce que nous sommes. Notre identité, nos valeurs... plus que notre vie… Un abîme risque de s'ouvrir sous nos pieds. Il n'y a que cette phrase qui m'a été livrée clairement… Je crains pour notre avenir à tous.

« Les enfants des pierres ne doivent pas atteindre les frondaisons des Gémissants. »

La voix de la druidesse s'éteint doucement, ayant finit son récit.

Le jeune homme écouta attentivement, frissonnant par moment au son de ces explications évocatrices. Mais... Cela restait des mots. Et des mots bien compliqués au sens particulièrement profond pour un si jeune esprit. C'est le front plissé d'une ride d'inquiétude qu'il demanda après un bref silence :

- Mais... Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Je crains que s’ils se rendent en Aduram, qu’ils ne réveille ou n’emporte quelque chose qui sonnera notre glas. L’Anaëh n’a pas été explicite sur la nature du danger. Mais il est bel et bien là.

Malgré les paroles sombres et l'humeur craintive de la druidesse, la Sylve faisait preuve d'un parfait manque d'empathie et continuait à chanter, rire et regarder avec enthousiasme, contant les bienfaits de la vie alors même que le sol peinait à les nourrir et que le soleil n'arrivait pas à percer jusqu'aux entrelacs qu'avaient créés Lareless.

- Vous pensez que les fils des pierres vont faire quelque chose dans la forêt Perdue ? " murmura le chasseur don l'anxiété ne cessait de monter... Et se changeait visiblement en colère à voir la flamme qui s'allumait dans ses iris. Il reposa la tête droite, les yeux tournés par un ciel qu'il ne pouvait voir que pas tâches infimes à travers les feuillages. " Merci, Lareless. Nos chefs en seront informés. Le Commandant d'Ostirion nous écoutera s'il ne veut pas la guerre. Si vous voulez partir pour continuer votre œuvre, je comprendrai. Et le Premier sera là d'ici quelques minutes si j'en crois les Chants. "

De son côté, l'étrange jeune femme aux cheveux bleutés et au visage d'une beauté fragile s'était mise à chantonné à voix basse. L'air était simple, enjoué et répétitif. Une comptine sans doute. Mais en tendant l'oreille, les paroles qu'elle murmuraient étaient encore bien plus répétitives que la mélodie joyeuse.

- J'ai faim... J'ai faim! J'ai faim. J'aiii faim faim... J'ai faiiiim !

Lareless regarde l'étrange elfe de saphir et d'émeraude chantonner sa comptine… trouvant écho autour d'elle. Sous le masque d'os, les prunelles s'assombrissent d'une tristesse sans nom. Ce n'est pas la première fois que la druidesse se remet en question depuis le début de ce long et douloureux processus. En sept siècles, elle n'avait jamais eu à prendre de telles décisions. Même lors de la bataille des druides, ce fut un choix facile à faire.

La possibilité qu'Ostirion fasse la guerre au Lam'Nir par contre finit de l'acheveur. Sous le masque d'os, une simple larme coule. Elle pense à Langue Agile soudainement.

Si je peux demander une faveur?… Ca serait d'éloigner votre compagne d'ici le plus rapidement possible. Elle a faim… Elles ont faim… Ne lui donnez pas l'occasion de revenir ici. Je l'aime bien, je serais navrée que le Déséquilibre l'affecte plus avant. Avant de vous opposer à Ostirion, j'aimerais comprendre ce qui se passe… Je crois que ca serait le plus important. Parce que si le problème ne se règle pas à la source, je crois que ca sera aussi dommageable que si les gémissants étaient atteints.

Less aime être seule, aime sa solitude partagée seulement par les pies bavardes. En ce moment par contre, le fait qu'elle soit seule lui pèse atrocement. Elle devra nourrir bientôt son déséquilibre. Qui sait ce que ca donnera… Devront ils revenir et la tuer afin que tout s'arrête? Aura t'elle assez de volonter pour causer la mort de ce qu'elle a créé et rétablir l'équilibre des choses? Ce qu'elle fait en cet instant précis servira t'il à quelque chose? Ou tout ca, tout ce dommage, ces blessures, ca ne servira à rien?

Elle sent un lourd poid sur ses épaules.  

Avez vous besoin de ma présence en ces lieux?

Une larme coule... Et pour la première fois, la jeune femme aux cheveux violacés tourne son regard d'un bleu vif vers la druidesse.

Un être sensé aurait pu demander : Quel déséquilibre ? Après tout la Symphonie était paisible et sereine. Elle voulait sécher les larmes de la druidesse et s'étonnait de la voir si triste dans un si bel endroit. La terre est pauvre, l'air saturé, mais nulle plante ne le remarque.

Mais le jeune homme ne saurait faire une telle remarque à un Héraut d'Anaëh. En revanche, il sourit tristement.

- Pardonnez-moi, mais je ne peux vous promettre ni l'un ni l'autre. Je suis Tiris'Elmion de mon clan. Pas Chef ou Premier, ni même chamane. " Le cœur toujours au bord des lèvre et endolorit de la tête aux pieds à cause du suc, il fit tout de même l'effort de se redresser sur un bras pour lui sourire à nouveau, charmeur. " Mais ne vous en faites pas. Quoi qu'il se passe, ce sera notre choix. Ne vous laissez pas ronger. Vos yeux sont bien plus beaux lorsqu'aucune larme ne les brouille. " Prenant une respiration plus vive, il se laissa retomber avec un grondement retenu.

- Avez vous encore besoin de ma présence en ces lieux?
- ça ira, je vous l...
- Non. " interrompt soudain la jeune femme, les yeux vrillés dans ceux de la druidesse. Qu'on la regarde en retour ou non ne change pas le moins du monde son attitude. Sa petite langue rose passe sur ses lèvres avec appétit. " Il ne faut pas. " Et son regard étrange transperce la druidesse jusqu'à en caresser le Leomenis. Elle voit, sans retenue. Elle vient douloureusement gâter le doute, la culpabilité, la colère, la peur. Son regard vient les gratter d'un contact glacé.

En une seconde, elle attrape son trident et enjambe le corps de Lethwë, restant toujours dans une posture simiesque et souple, proche du sol. Son arme se plante avec violence près de la druidesse. Elle s'y appui, presque suspendu au niveau du visage masqué d'os. Pas une fois ses yeux ne cillent. Ses narines palpites. Une perversion malsaine suppure de ce visage féérique.

- Evala ! " lança le jeune homme, sa voix se faisant plus craintive que menaçante. Mais il ne tira même pas un frémissement à la jeune femme.

- C'est toi l'origine. " Et son regard lumineux trouve la honte et l'angoisse. Elle tire. Elle écorne. Elle gratte pour révéler tout ce que la druidesse cachait dans ses replis les plus immondes. Tout ce qu'elle ne voulait pas voir. Tout ce qui la répugnait et la révulsait en elle-même. Elle tire sur le voile qui les cache comme on tire une une vieille couverture usée. " Pourtant la Pestilence est si faible en toi... " Elle s'approche encore, penchant la tête comme un animal curieux, prenant le bras de l'étrangère dans l'étau de sa petite main.

La jeune femme ne comprend pas. Ou comprend-elle ? Elle sourit. Tente de s'approcher à nouveau de la druidesse. Plus elle est en colère, plus elle est coupable, plus la jolie fée semble heureuse et avide de sa présence.

Elle tend une nouvelle fois la main, son trident planté dans un monticule de mousse et ses deux dans ceux de la druidesse qui la repousse d'une main. Elle tire toujours sur cette ombre que la druidesse ne veut pas voir.

- Evala. Elle ne veut pas. Laisse là, je t'en prie. " tente le jeune homme essoufflé sans une once de résulta.

- Evala ! " un appel tonne de loin dans les fourrés. La jeune femme s'arrête de suite pour se retourner. Elle guette. Ses oreilles s'agitent. Elle empoigne le chasseur pour le remettre debout et le traine à moitié vers l'origine du son, sans mot dire, disparaissant dans la végétation dense.